logo

Le territoire de notre commune Séné est une presqu'île coudée entre les rivières de Vannes et de Saint Léonard, avec une pointe aujourd'hui nommée Port-Anna, hier Bellevue ou Langle. Cette géographie particulière a dessiné des rétrécissements sur chacune des deux rivières, le passage de Montsarrac à Saint-Armel et le goulet de Conleau entre la presqu'île de Langle à Séné, le village de Moréac en Arradon et l'île de Conleau à Vannes. Ces deux étroits canaux d'eau salée étaient prédisposés à accueillir des embarcations pour en assurer la traversée régulière et offrir aux populations un raccourci maritime.

Carte de 1882 : la digue de Conleau figure ainsi que les "Gois" pour atteindre Boëdic et Boëd, tout comme le Pont Lisse et la cahute de garde de Barrarach.

1882 Conleau Langle

Yannick ROME raconte dans son livre intitulé "Le passage de Saint Armel à Séné" l'histoire d'une communication maritime entre Vannes et la Presqu'île de Rhuys passant par le territoire de Séné. Le passeur permet un raccourci pour les laboureurs et les éleveurs se rendant à Vannes les jours de marché. Conscientes de l'importance du service rendu, les autorités sous l'Ancien Régime et jusqu'à aujourd’hui vont organiser l'activité de passeur sur le Domaine Maritime qui sera soumise régulièrement à adjudication.

Mais qu'en est-il de l'autre "passage" du goulet de Conleau? Qui furent les "petits passeurs" de Langle? Que peut-on apprendre des archives à leur sujet ?

De la digue à la cale...

S'il est difficile de dire à quand remonte les premiers passeurs de Barrarach, nous avons cependant une trace de la construction de la cale en bas de la butte de Bellevue.

Source Inventaire DRAC : Un rapport des Ponts et Chaussées de 1885 signale l´existence à la Pointe de Barrarac´h d´une mauvaise cale en pierres sèches construite par les habitants. Deux inscrits maritimes assurent la traversée et entretiennent sommairement l´ouvrage pour le passage des piétons de la presqu´île de Séné vers l´île de Conleau et Vannes.

Dans l'ouvrage intitulé "LA BRETAGNE  CONTEMPORAINE" illustré par des dessins de Félix Benoist, un des auteurs qui visitent notre commune écrit : "Le touriste qui préfère l'aspect d'un beau site à celui de vieilles ruines, devra se rendre, par le bourg de Séné, au village de Gornevez et à la chapelle d'Ozan, au sud-est du bourg. De là, prenant la direction de l'ouest-nord-ouest, par les villages de Cadouarn et de Langle, on arrive, en face de Moréeac et de Conlo, à une colline formant promontaoire et du sommet de laquelle l'oeil embrasse tout le basin de Vannes e une grande partie du Morbihan. On descend à la côte par un escalier creusé dans le flanc nord de la montagne, et l'on trouve, à l'extrémité d'une jetée, un petit bateau qui vous transporte à la côte du Grand Conlo" qui nous indqiue qu'il y avait une activité de passeurs sans doute épisodique entre Bellevue et Conleau.

En 1895, la cale est entièrement remaniée et restaurée pour une dépense totale de 3 900 francs, dont les deux tiers financés par l´Etat, 1 000 francs par le département et 300 francs par la commune, et prend alors sa forme actuelle. En 1968, afin de permettre le chargement du fret vers l´île d´Arz, le service des Ponts-et-Chaussées construit une nouvelle infrastructure quelques dizaines de mètres plus à l´est, et abandonne cette cale.

De l’autre côté du goulet, à partir de 1876, les nouveaux propriétaires de l'île de Conleau, François ROUILLE et Jean Baptiste PAVOT font faire réaliser une digue en dur afin de faire de Conleau une destination touristique. [Lire l'article sur l'histoire de Conleau]

Conleau n'est accessible alors qu'à marée basse et le lieu arboré offre une belle plage connue sous le nom de Grenouillère.

Conleau Grenouillere vers 1900

Une piscine d'eau de mer est aménagée; Un café est construit sur la promenade ainsi qu’un casino à l’emplacement actuel de l’Hôtel le Roof et du Café de Conleau. Près de la petite cale, on construit un bistrot, l’actuel « Corlazo ». On installe sur les bords de la plage des cabines de plage. Les régates se développent de part et d'autre du goulet. On construit une estacade en bois qui sera remplacée plus tard par la cale en pierre toujours présente, pour permettre aux voyageurs de débarquer à toute heure

Conleau Nouveau café   Conleau Vannes piscine XIXs.jpg 

Vue de Conleau avec le nouveau café, les cabines de plage et sur l'eau dans sa barque un passeur ou une passeuse ?

conleau 3

1890 juin Casino Conlmeau FETE  

1895 mai Conleau Regate

Dès lors, cette digue qui rattache Conleau au continent, offre aux Sinagots du fond de la presqu'île de Langle, une possibilité de raccourci pour aller jusqu'à Vannes pour peu qu'un bateau les fasse passer sur l'autre rive.

9 A2

Dans l'autre sens, ces aménagements amènent des visiteurs à Conleau. Ces derniers peuvent être tentés de gagner la butte de Bellevue ornée de sa patache des douaniers, de sa croix et offrant un beau point de vue sur le goulet de Conleau. 

10 img489

 Conleau Bellevue Croix

  Conleau Guérite Bellevue

Pour améliorer la desserte entre Langle et Conleau, une vraie cale est contruite en 1895, sous le mandat du maire Jean Marie LE REBOURS, ancien adjoint qui succédait à François SURZUR démissionnaire pour raison de santé, élu républicain, sans doute l'initiateur du projet.

L'inventaire des monuments de Bretagne dresse une description de la cale : "L´ancienne cale du passage de Barrarac´h mesure 38 m pour une largeur de 2,5 m. L´ensemble est réalisé en beaux moellons de granite soigneusement assemblés. Elle a subi une réfection sur une trentaine de mètres et son extrémité a été exhaussée d´un mètre. Un escalier de trois marches a été aménagé au musoir et un terre-plein de 5 m de côté a été accolé à la cale pour servir de lieu de dépôt pour les marchandises.

Barrarach cale

La construction de la cale de Barrarach va accélérer le cours des choses et permettre aux marins de Séné et de Vannes d'organiser un service de passage entre les cales de Moréac, de Conleau, de Barrarach et vers les îles de Boëdic et d'Arz...

FRAD056 09FI 260 1073 001

Les Loiseau et Ridan, bateliers à Séné...

La consultation attentive du dénombrement de 1886, permet de repérer une famille qui déclare l'actvité de batelier. La famille de Joseph LOISEAU est installée à Langle. Né à Elven  le 1er janvier 1821, il est descendu sur la côte et a épousé le 24 août 1856, Françoise LE FRANC, né le 19/11/1829 à Langle au sein d'une famille de pêcheurs. Les "Loiseau" seront passeurs à Séné pendant trois générations.

1886 LOISEAU Langle battelier

Malheureusement le dénombrement de 1886 est incomplet. Celui de 1891 nous donne le noms de deux autres familles de "bateliers".

A Cadouarn, Perrine NIO a perdu son mari, Vincent Pierre LE MAY et à la naissance de sa fille Zélie en 1888, la mention enfant posthume est indiquée sur l'acte de naissance. Le couple était pêcheur et pêcheuse à Cadouarn. La veuve va changer d'activité comme nous l'indique le dénombrement de 1891. Elle est batelière à l'âge de 37 ans. Cette nouvelle activité semble plus adaptée à la charge de cette jeune veuve avec 3 enfants. Au dénombrement de 1901, elle et ses filles désormais grandes sont toutes pêcheuses.

1888 LE MAY papa décédé

1891 Mme NIO veuve LE MAY batelière Cadouarn

Une autre famille de bateliers vit à Moustérian en 1891. Les Ridant ou Le Ridan seront passeurs pendant trois générations : Mathurin RIDANT, sa fille Marie Julienne RIDANT et la cousine de sa fille Pascaline MIRAN, épouse de P'tit Jean.

1891 Mousterian LE RIDANT Batelier

La consultation de la presse numérisée des Archives du Morbihan permet de retrouver des articles de presse où les noms des premiers passeurs apparaissent. Ainsi, ces articles de 1896 et 1897 nous indiquent que l'essor de l'activité de passeurs concerne tout le Golfe du Morbihan. Les débuts sont parfois tragiques car ces marins ne savent pas tous nager !

1896 1897 Noyade Passeur

Les Morio défendent leur activité...

Un autre article du Courrier des Campagnes daté du 15 mars 1896, relate un savetage au crédit du passeur dénommé Morio.

1896 Morio Conleau sauvetage

 

Au dénombrement de 1886 à Séné, une famille MORIO est recensée. Jean Louis MORIO ne déclare pas encore l'activité de passeur. Il faudra attendre le dénombrement de 1901 pour que le métier de passeur soit revendiqué.

1886 Morio x Lhote marin Séné

1901 Barraach MORIO Passeur

Jean Louis MORIO est né le 5 février 1849 à Montsarrac. Son père est marin et sa mère ménagère. Il se marie le 13 avril 1873 à Séné avec Marie Anne LHOTE, née à Baden le 28/09/1848, et installée à Montsarrac comme tailleuse.

Jean Louis MORIO était le frère de Sylvestre Louis MORIO, engagé dans la marine, et qui fit le tour du monde sur l'Astrée. En 1896, à l'âge de 47 ans, Jean Louis est donc passeur à Barrarach.

1899 05 21 rixe

Cet article du Nouvelliste du Morbihan, daté du 21 mai 1899, nous rapporte une rixe entre les familles MORIO et LE GUIL qui se disputent la clientèle. La concurrence est rude sur le goulet de Conleau ou pas moins de 14 passeurs et passeuses sont en activité. Un autre compte rendu publié dans le Progrès du Morbihan, indique que Marie Julienne RIDANT fut témoin de la scène.

1899 05 27 Ridant témoin rixe

Une cale en dur est annoncée pour remplacer l’appontement de bois à Conleau dès mai 1899 et sera sans doute construite courant 1901.

1899 05 5 Cale Conleau

13 A11

Rivage de Bellevue, en face Conleau, un passeur à gauche avec trois passagers

Cependant il va perdre "sa charge" en cette fin du XIX°Siècle......

Un article du journal L'Arvor daté du 19 mai 1899, nous rapporte une rixe entre les familles MORIO et LE GUIL qui se disputent la clientèle.

1899 LE GUIL MORIO castagne

  1899 05 17 Morio Le Guil passeur

Au delà de l'anecdote, le second article qui commente le procès qui s'en suivit, nous informe de l'origine de la rivalité en les Morio et les Le Guil.

On comprend que le propriéraire de l'ïle de Conleau a retiré à Jean Louis MORIO et ses deux enfants, le soin d'assurer le passage entre les deux rives. Quel était la réglementation de l'époque de cette activité de transport sur le Domaine Maritime? Les Morio sont amers car ils ont été remplacés par les Le Guil établis sur l'île de Boëd. Le journaliste ajoute que 14 passeurs (parents et enfants) cohabitent entre Conleau et Langle.

Photo : Passage de Conleau à l'Angle

Passage Conleau à lAngle

Les Le Guil s'imposent comme passeurs...

François LE GUIL [1792-1865] natif de Berric s'est établi avec sa famille comme jardinier pour le compte du propriétaire de l'île de Boëdic. Il vient à Séné avec ses 3 garçons : Julien [1822-1904], Jean-Pierre [1832-   ] et Jean-François [1825-1885] qui se noiera en traversant à la barque le chenal entre Langle à Boëdic. 

1885 04 25 Boedic noyade

Vers 1897, Charles PANCKOUKE, propriétaire de l'île de Boëdic fait contruire une cale en dur.  Julien Marie, un des enfants de Jean-Pierre LE GUIL sera passeur pour relier notamment Böedic à Conleau. 

Au dénombrement de 1901, on retrouve la famille de Jean-Pierre LE GUIL installée au bourg de Séné. Cependant leur fils Jean Marie, né le 17/05/1878, qui finit son service militaire et Julien Marie, né le 2/04/1873, qui est installé comme passeur à Conleau ne figurent pas sur le resencement.

1901 LE GUIL pèer mère Bourg

En effet c'est Julien Marie LE GUIL, né le 2/04/1873, qui se lance dans l'activité de passeur au retour de sa conscription vers 1894-95. Il croise tous les jours ou presque Marie Françoise LOISEAU, de 7 ans son ainée, née le 4/02/1866 à Séné. La fille du vieux passeur Joseph LOISEAU [1821-1895] a soulagé son père ces dernières années et finit par le remplacer à son décès en 1895. Elle n'a pas vu les années passer.  Chacun sur son canot, on se croise, on discute. Les deux passeurs de Séné finissent par s'épouser le mardi 1er mai 1900. Le muguet a dû fleuri cette noce maritime. Le jeune couple s'établira à Conleau comme nous l'indique le dénombrement de 1901.

1901 LE GUIL Conleau Vannes

 

Le jeune couple s'installe dans une barque aménangée, un "camping-boat",  près du cabaret de Conleau, l'actuel bar Le Corlazo.

Vers 1900 LE GUIL barque aménagée

 

1900 ca LE GUIL bateau couchette

 

1900 ca LE GUIL barque Conleau

La communauté de passeurs cohabitent cahin caha comme en témoigne cet article de presse daté de mai 1900 et celui de L'Arvor de d'août 1905. Les familles Loiseau, Morio, Le Guil exercent le métier de passeurs entre Conleau et Langle.

 1900 05 27 Passeur Conleau noyade 

 1905 4 aout Loiseau passeur 

Courant août 1905, François Marie LOISEAU récupère sur son canot « Travailleur » deux personnes qui allaient se noyer. Il reçoit en septembre 1906 une récompense du Ministère de la Marine. Le "Travailleur" fut le dernier sinagot construite par Julien Marie MARTIN, charpentier de marine à Kerdavid.

Cet autre article du Phare de Bretagne, daté de novembre 1905, semble confirmer que le propriétaire de l'île de Conleau, à cette époque M. Laporte, autorise le passeur à accoster sur son île. Julien JAN sur son cotre "La Victoire" est aussi passeur entre l'île d'Arz et Conleau.

1905 Jean Lulien passeur Ile dArz

  1906 juin LOISEAU décoré sauvetaur

1906 Morrice passeur noyée

Cet article de presse indqiue de Jeane Louise LE BLOHIC [12/1/1854 - 1906] était passeuse entre Conleau et Séné et se noya dans le goulet. Le dénombrement de 1906 nous indique que le couple LE GUIL LOISEAU s'est installé à terre au plus près de la cale de Barrarach. En effet, les voilà parents d'un petit garçon, Jean Marie née le 16/02/1903.

1906 Barrarach Passeur Le Guil

Au village de Langle, Marie Mathurine LE DRESSAY [28/4/1879-22/5/1963] déclare l'activité de passeuse. Elle confirme cette profession lors de son mariagge le 14/1/1908 avec Alexis LE DORIDOUR, veuf depuis le 26/12/1901 de Louise MORIO.

Un autre couple de passeurs vit non loin au village de Langle. Il s'agit de François LOISEAU et de sa femme Marie Louise LE ROY qui déclare l'activité de passeuse. François et Vincent sont les enfants de Joseph Pierre LOISEAU. Ils ont chacun épousé une fille de Patern LE ROY. Vincent à épousé Jeanne Marie le 11/10/1887 et François, Marie Louise, le 25/101898.

1906 Bellevue Passeur LeRoy

Rixe à Conleau, LE GUIL cogne dur...

Cet article de L'Arvor daté d'avril 1906 nous apprend que LE GUIL cogne dur. Il écoppe d'une amende 16 francs pour s'être bagarré avec M. Jamet manoeuvre chez Laporte, le propriétaire de l'île de Conleau. A la faveur de cet article, on notre que Jean Louis MORIO est toujours passeur et qu'un certain Jan, est également passeur.

1906 Le Guil tribunal

On ne sait lequel des frères LE GUIL a cogné. En effet, Jean Marie est aussi passeur à Conleau. D'ailleurs, il est victime d'un vol en mars 1907 comme le rapporte le journal Le Courrier des Campagnes. 

1907 LE GUIL victime dun vol

16 img493

Cette même année, Jean Marie LE GUIL épouse le 21 octobre 1907 Marie Josèpje MORICE qui déclare le jour de son mariage le métier de passeuse. 

1907 LE GUIL x MORICE passeuse

Marie Jo MORICE est la fille de feu Jeanne Louis LE BLOHIC [1/1/1854-12/9/1906, épouse MORICE Pierre Louis, qui était déjà passeuse à Conleau. Cette dernière se noya en traversant le goulet comme nous le relate cet article de presse.

 1906 Morrice passeur noyée

1911 NOBLANC marin passeur LE DOUARIN Sage femme

L'article qui suit relate le sauvetage du patron Aimé BOQUET et de son fils grâce à l'inverventioncourageuse des passeuses  Marie Josèphe LE GREGAM et Jeanne Marie DANET de Séné.

1910 Sauvetage Boquet Passeuses

Au dénombrement de 1911, Julien Marie LE GUIL et sa femme Marie Françoise LOISEAU déclarent l'activité de passeur et passeuse. Son frère, Jean Marie LE GUIL déclare le métier de marin aux cotés de sa femme Marie Josèphe MORICE. François LOISEAU déclare l'activité de passeur aux côtés de sa femme Marie Louise LE ROY.  Jean Vincent NOBLANC [12/4/1840 - xx], le mari de la sage-femme Elmina LE DOUARIN déclare l'activité de passeur à Cadouarn.

Ce dénombrement confirme l'activité de passeur de Jean Pierre MIRAN et de son épouse Marie Julienne RIDANT qui sera connue sous le surnom de "Comenon".

1911 Miram x Le Ridant passeur

21 A5 Copie

Pour ses 95 ans, en 1969, le bulletin paroissial, Le Sinagot, fera un article sur la doyenne de Séné. Elle décèdera en janvier 1973 à tout de même près de 100 ans !

 « C’est aussi l’âge de notre doyenne, à Séné, Mme  Vve MIRAN, de Canivar’ch. Bon pied, bon œil, elle a bien l’intention de franchir les 5 années qui la sépare de ses 100 ans ! « Si Dieu le veut ! » comme elle dit. Et pourtant, Dieu sait si cette brave Sinagote en a vu de toutes les couleurs depuis près d’un siècle ! Ayant effectué durant 52 ans le métier de « passeur » à Conleau (le passage, dit-elle, coûtait alors 1 sou ! mais …il y avait les palourdes ! ») Elle pourrait dire long sur la vie pénible des Sinagots du début du siècle…Faudrait-il conclure comme la chanson… : »Le travail, c’est la santé ! En tous cas, tous les Sinagots vous souhaitent un BON ANNIVERSAIRE, Madame Miran, et une BONNE SANTE ! ».

18 1969 08 30 Mme Miran née LE RIDANT 5 01 1973

19 Collection H.Laurent CONLEAU passagère barque

 A la veille de la Première Guerre Mondiale, plusieurs familles vivent de l'activité de transport maritime. Le métier de passeur n'est pas sans danger comme nous l'indique cet article du Courrier Morbihannais d'aout 1913 ou Julien LE GUIL faillit perdre la vie.

1913 LE GUIL Julien rescapé

20 img494bis

21 cpa leroy passeuse

Les cinq Marie rament sur leur canot.....

Après guerre l'activité de passeur et passeuse reprend comme nous l'indique le dénombrement de 1921. Les femmes constituent le principal effectif de la profession bien ancrée à Séné.

Marie Josèphe MORICE, 43 ans, épouse LE GUIL Jean Marie déclare être passeuse; Marie Françoise LOISEAU, 55 ans, et son marie Julien LE GUIL sont tous deux passeurs à Barrarach; Marie Louise LE ROY, 51 ans, dit être passeuse et son époux François LOISEAU dit être pecheur, tous deux vivent au Meniech; Marie Julienne RIDANT, 47 ans et Jean Pierre MIRAN sont tous deux passeurs et vivent à Canivar'ch. La benjamine,  Marie Louise DANET, 35 ans, déclare être passeur aux côtés de son marie Francis MORIO marin.

22 Ile Boedic

La communauté des passeurs de Langle est endeuillée au début de l'été 1923. Julien Marie LE GUIL tombe à l'eau et meurt sans doute d'hydrocution. 10 ans plus tôt déjà il faillit mourrir noyé.. Sa veuve Marie Josèphe et P'tit Jean continuent leur métier...

1923 Le Guil Julien noyé

 1926 LOISEAU x LE ROY et LOISEAU x GREGAM

 Au dénombrement de 1926, on retrouve à peu près le même effectif de passeurs et passeuses.  Pascaline MIRAN en épousant le 13/09/1927 Jean Marie LE GUIL, rejoindra la communauté de passeurs de Langle à Conleau. Bien que mariée à Louis LOISEAU depuis le 20/04/1914, Marie Josèphe LE GREGAM ne déclare pas encore l'activité de paseuse mais de pêcheuse.

Photo :Pascaline MIRAN mariée LE GUIL sur sa barque

PASSEUR Pascaline MIRAN LE GUIL BIS

24 Loiseau François Marie Passeur

En novembre 1931, François Marie LOISEAU qui exerce l'activité de passeur tombe à l'eau comme nous le rapporte cet article de presse. Il décède le mois suivant. Son frère Vincent,  âgé de plus de 70 ans, exerce encore l'activité et accompli encore un sauvetage comme nous l'indique cet article de presse de 1933 et en 1935.

1931 nov passeur Loiseau  1931 Loiseau François Marie décès

 

Photo : passagers débarquant à la cale de Conleau

Conleau cale pierre débarquement

1932 1935 Loiseau sauvetages

 

25 Joseph LEROY Passeur

Joseph LEROY

26 P1010038

René Dosité NOBLANC

27 Séné vieux pecheurs 5

Emile Morin a reconnu Jean-Louis Loiseau dit « Grillu » sur cette carte postale

28 A10 Copie

Emile Morin a reconnu Marie Jo Loiseau sur cette photo

C’est la famille de Vincent LOISEAU qui perpétuera l’activité de « batelier » initiée par leur aïeul Joseph Pierre LOISEAU. En premier lieu, la belle-fille, Marie Josèphe LE GREGAM [1890-1990] qui finira centenaire, épouse de Louis Marie LOISEAU [né le 4/10/1888] dit "Louis Ho" à bord du canot « Mon Rêve »; Jean Louis LOISEAU [1891-1977], son frère  surnommé "Grillu" à bord du misainier « Liberté » grand rival de son cousin Joseph LEROY [1888-1981] dit « Desbins », si bien qu’on les surnommait « Pôle Sud » et « Pôle Nord » (Source C.Rollando). René NOBLANC assurera également pendant sa retraite de marin, l’activité de passeur.

29 Le passeur LARZUL

Mme Joncour, institutrice à Bellevue, ses deux enfants,

les grands-parents de Quimper sur la barque de Louis Marie Loiseau,1942

Le développement des transports rendra moins nécessaire un service régulier entre Langle et Conleau. Dès les années 1920, un bus relie la presqu’île de Langle à Vannes. Après guerre, les Sinagots se dotent de voitures automobiles….

L’activité de passeur survit grâce aux régates mais celles-ci se déplaceront sur l’Ile d’Arz puis vers Port Navalo. Le tourisme prendra le relais.

Dès lors, le métier de passeur ne sera plus qu’un complément pour des pêcheurs de la presqu’île et le métier se « motorise ». Ainsi Emile NOBLANC [1916-1981], fils de René NOBLANC, fera le passeur à la rame entre Barrarach et Conleau et des trajets en mer sur son bateau « Mon rêve » puis sur « L’En Avant »,  entre l’île d’Arz et Conleau, notamment pour transporter les marins de commerce.

30 Emile NOBLANC original

1938 LE GUIL subvention de Vannes

Le métier s’éteindra avec la disparition de la troisième génération de passeurs et passeuses dans les années 1980.

Parmi les plus « célèbres » passeurs, Jean Marie LE GUIL [1903-1983] dit P'tit Jean depuis la cale à Barrarach dite cale à P'tit Jean, et sa femme Pascaline MIRAN [1903-1983] continueront de nombreuses années l'activité de passeur à la rame, notamment avec leur misainier "Geneviève et Denise" du nom de leurs deux filles.

La ville de Vannes a nommé une "petite rue" Jean Marie Le GUIL dans le quartier de Conleau en mémoire du "petit passeur". Lors du recensement de 1961, l'employé retiendra comme profession, navigateur côtier !

1961 LE GUIL Jean navigateur cotier

Texte de Joseph LE ROCH, recteur de Séné 1968-1980

Une médaille pour 50 ans de bons et loyaux  services...je l'ai rencontré sur la route de Port-Anna, à l'heure où, au foyer, l'épouse prépare le repas...

Béret sur les yeux, caban, sabots, il avait cette démarche "chaloupée" de ceux qui passent plus de temps à bord d'un bateau que sur "le plancher des vaches". Silhouette familière, non seulement aux Sinagots, mais à de nombreux Vannetais, à d'anciens groupes de grand Séminaristes ensoutanés -prêtes maintenant..et pas bien loin de Port-Anna !- dans lesquels j'étais "agrégé". Qui, en effet, de près ou de loin, ne connaît pas "P’TIT JEAN", le passeur de Conleau? Depuis 53 ans - c'est du précis - sa vie s'est pratiquement passée à Conleau.

S'il a connu les SINAGOTS" à voiles brunes et, pendant quelques années, franchi régulièrement aux beaux jours le goulet pour promener le touriste sur le golfe, il s'est surtout contenté de relier la rive vannetaise à Moréac en Arradon, ou Port-Anna en Séné...Juste en face la Plage? Cela n'a rien d'un voyage au long-cours, et les seuls écueils du trajet ne sont constitués que par les nombreux yachts amarrés à cet endroit. Il pourrait l'accomplir les yeux fermés. Mais, seul maître de la plate avec son chargement de passagers, en a-t-il parcouru des milles, toujours à force de rames !...

32 le guil jEAN mARIE

Jean Marie LE GUIL, né à Conleau le 16 février 1903, a connu les grands espaces que seuls les océans peuvent offrir. Embarqués à Brest pour le service militaire, il a séjournée trois ans en Chine et au Japon, à bord du croiseur-cuirassé "Jules Ferry". Souvenirs à goût d'aventure. Usés et que l'on ne raconte plus..., sauf à la fin d'un copieux repas de familial ou de rares fois en compagnie des gars "de la classe". Qu'on ne se trompe pas !, ce sympathique passeur, il a succédé à son père. C'était bien ainsi ! Vous comprenez : j'ai soixante sept ans, et je continuerai à faire le passeur, tant que je pourrai. Qu'est-ce que je ferais à la maison ?  J'étouffe entre quatre murs. Je ne gagne pas d'argent. Juste pour mes frais. Mais ça me fait plaisir. Je vois des tas de gens? Ils me connaissent. Et j'ai mes copains. Tant que je pourrai tirer sur les rames !..

Notre compatriote vient de recevoir la "reconnaissance" de sa fidélité à "la mer" : un diplôme : "LE MINISTRE DE LA MARINE MARCHANDE A JEAN MARIE LE GUIL, MATELOT, EN RECOMPENSE DE SES BONS ET LOYAUX SERVICES", et une médaille au ruban tricolore. On les lui a remis il y a quelques mois. Il en est fier à juste titre. Mais qu’importent les honneurs ! Ceux-ci n'empêcheront pas notre ami de rejoindre fidèlement son poste, et de toujours rendre service : FELICITATIONS ! Mr Jean LE GUIL, Pardon ! P'TIT JEAN : Tu nous donnes une rude leçon de courage et de fidélité !

33 Gaby conbleau

Documents :
Coupure de presse : Archives du Morbihan.
Extrait de dénombrement ville de Séné : Archives du Morbihan
Extrait de dénombrement ville de Vannes en 1901 – Archives municipales
Carte géographique 1882 : Institut Géographique National
Plan de Conleau : service du patrimoine – Ville de Vannes

Bibliographie :

Passeur, Passages et passagers du Golfe du Morbihan Camille Rollando avril 1999 Société Polymathique
Le Passage de Saint-Armel Séné
Yannick Rome - Liv Editions
Le passage de l’Île aux Moines
Guillaume Mongeon, - Editions Cheminements.
La Pays de Séné – Emile Morin - Editions Sutton
Le Golfe du Morbihan, Album de Gens de Mer
Edition Hengoun.

Passeurs familles full

passeur Cahute douanier Barrarach

 

 

 

Il y en a des marins de Séné disparus en mer ou morts pour la France, à toutes les époques. Les familles de pêcheurs de Séné, les fils de maîtres de cabotage établis à Séné, étaient des recrues prédestinées à servir dans la "Royale" avant de rentrer au pays.

Il a est ainsi de Vincent Marie NOBLANC [17/12/1842-5/12/1863]. Son acte de décès est plus long que les autres dans le registre des décès de l'année 1864. On s'y attarde, on a envie d'en savoir plus sur les circonstances de sa mort.

NOBLANC Couronne mort Séné

On apprend à la lecture de l'acte de décès, que Vincent Marie NOBLANC est décédé dans le naufrage de la chaloupe de la frégate La Couronne à Cherbourg le 5 décembre 1863. L'administration de Napoléon III fonctionne bien. L'acte a été transcrit le 14 janvier 1864 à Séné. Que s'est-il passé ce jour là à Cherbourg ?

Vincent Marie NOBLANC était né à Moustérian le 17 décembre 1842 dans une famille de pêcheurs. En 1855, à l'âge de 13 ans, il commence le métier de pêcheur comme nous l'indique sa fiche d'incrit maritime. En 1863 il passe sous les drapeaux d'abord à Lorient puis sur Brest et Cherbourg. Il embarque quelque temps sur le Saône puis il est affecté le 18/09/1863 sur la frégrate La Couronne, vaisseau école des canonniers et timoniers.

NOBLANC Couronne Fregate

La Couronne est le premier Trois Mâts dont la coque est cuirassé de fer. Il fonctionne à la voile et à la vapeur, une chaudière à charbon alimentant un moteur. 

Dimensions 80.85 x 16.70 x 7.80 x 9.70 (C) m

Déplacement 6.428 T

Vitesse12.77 n

Effectif 570 h - en école de canonnage :  1.200 h

Propulsion :

Vapeur : machine horizontale à bielles renversées Mazeline (2 cylindres : d = 2,08 m ; c = 1,27) - chaudière Indret 8 corps 32 foyers950 chn, 2900 chi  - 1 hélice à 6 ailes de 5.80 mcharbon :  650/1000 t

Voilure : 1621 m² (3 mâts carré)

 

 

La poursuite des recherches sur la presse numérisée par les Archives du Morbihan permet de retrouver un article de presse d'époque qui éclaire sur les circonstances du naufrage. Le nom de Vincent Marie NOBLANC apparait bien dans la liste des marins noyés et inhumés à Cherbourg.

NOBLANC chaloupe Couronne Argus

Journal de Vannes du 12 décembre 1863 : "Un évènement affreux vient d'attrister la ville de Cherbourg. Le mercredi 2 décembre, à trois heures du matin, l'Argus, navire du commerce de Granville, s'échoua à l apointe N.O. de l'île Pelée. Le temps était horrible. En entendant les cris de désespoir de l'équipage, le commandant de la frégate cuirassée la Couronne, mouillée dans le nord de l arade, fit mettre à la mer le grand canot du bord monté de dix-huit hommes et commandé par M. Fernand de Besplas, lieutenant de vaisseau. No sbraves marins se portèrent avec un dévouement admirable au secours de l'Argus, et, après des efforts inouïs, parvinrent à le relever.

Pendant qu'ils en opéraient le sauvetage, le drirecteur des mouvements du port envoya sur les lieux le petit vapeur de rade la Navette, qui donna la remaoruqe à l'Argus et au canot de la Couronne. Il était huit heures du matin, lorsqu'un coup de vent furieux et instantané se déclara, cassa les remorques et rejeta au large le navire de commerce et le canot de La Couronne. La mer était terrible, acune force humaine ne pouvait lutter contre elle. Le canot, emporté par le vent et par le courant près du Cap Levi, se brisa sur les rochers de Fermanville; M. le lieutenant de vaisseu de Besplas, qui commandait, et les marins qui le montaient ont péri, à lexception de trois d'entre eux qui avaient été mis à bord de l'Argus. L'équipage de ce navire a été sauvé; M. Deslandes, son capitaine a seuil péri.

En apprenant cet événement, S. Exc. le ministre de la marine a envoyé l'un de ses aides de camp, M. Dumas, auprès de M. de Besplas, père du jeune officier, qui habite les environs de Mantes, pou rlui exprimer toute la part qu'il prend à sopn malheur. M. le contre-amiral de La Roncière le Noury, chef d'état-major du ministre, est parti hier au soir pour Cherbourg.

Cet événement affreux a produit la plus profonde impression, et la ville entière doit assister aux obsèques de l'officeir et des marins victimes de leur courage et de leur dévouement.  M.le lieutenent de vaisseua de Besplas était un officier d'un grand mérite et d'un coeur excellent. Sa mort excitera, dans la marine, les regrets le splus vifs et le splus profonds -- A. Renauld."

On apprend que le 2 décembre 1863, le navire de commerce, L'Argus, s'est échoué sur l'ïle Pelée, en baie de Cherbourg à cause du temps exécrable qui régnait sur la Manche. Afin de sauver son équipage, le commandant du navire de la marine impériale, La Couronne, qui se trouve au mouillage en baie de Cherbourg, donne l'ordre à une chaloupe de porter secours.

NOBLANC 1866 Cherbourg Sauvetage ARGUS

18 marins courageux prennent la mer avec une chaloupe qui parvient à hauteur de L'Argus. La Navette, un vapeur du port de Cherbourg, (la SNSM de l'époque), se porte également à sa hauteur. Le vapeur met à la remorque la chaloupe et L'Argus. On comprend que l'équipage de L'Argus, à l'exception du capitaine Deslandes, monte sur le vapeur ainsi que 3 des marins de la chaloupe. Le sauvetage semble réussi, quand la tempête fait céder les remorques et la chaloupe comme L'Argus sont rejetés au large. Entre temps, le capitaine Deslandes est monté sur la chaloupe avec 15 autres marins. Ils luttent contre une mer en furie, dérivent et leur chaloupe finit par se briser sur les rochers du cap Levi.

Les archives du département de La Manche ont retrouvé dans le fonds du Tribunal de Commerce et maritime de Cherbourg, un rapport du nommé Lubert, second du sloop "L' Argus".

NOBLANC Tribunal LARGUS

La lecture de cet acte nous apprend que 'L'Argus était parti du Havre à destination de Granville avec diverses marchandises dans sa cale. Le 1er décembre, il atteint Barfleur puis dans la nuit, il tente de gagner le port de Cherbourg. Vers 11 H du soir, un épais brouillard l'empêche de voir les feux et à 1 H du matin, il s'échoue sur l'île Pelée où il reste accroché jusqu'à 9 heures du matin (2 décembre).

Les secours viendront; l'équipage sera sauvé; le capitaine de L'Argus a participé au sauvetage de son équipage et est monté sur la chaloupe, liant son sort à celui de la chaloupe dans la tempete...

15 des marins dépêchés par La Couronne perdront leur vie au large du cap Levi, dans la chaloupe qui portait secours à L'Argus. Parmi ces marins, Vincent Marie NOBLANC, marin de Séné âgé de 21 ans. Comme l'indique son acte de décès à Cherbourg, son corps ne sera retrouvé que le 5 décembre, date officielle de son décès.

1863 12 05 Noblanc Vincent Marie DECES

 Le Petit Journal 9 décembre 1863 : Nous avons annoncé avant-hier, d'après une dpêche particulière de Cherbourg, que les obsèques des courageux naufragés de la Couronne avaient eu lieu samedi avec une grande solennité.  Les journaux de Cherbourg nous apportent des détails sur cette triste cérémonie.

Les corps avaient été déposés dans une des alles de l'hôpital de la Marine transformée en chapelle ardente. Le cortège parti de l'hôpital à onze heures et demie, est arrvié à midi à l'église de la Sainte-Trinité. Il se composait des clairons de l'infanterie de marine, d'un peloton de gendarmerie maritime; d'une section d'artillerie maritime, d'une compagnie des équipages de la flotte, d'un demi-bataillon d'infanterie de marine avec le drapeau etla musique du régiment; de M. de Barmon, capitaine de frégate, second de la Couronne, et M. Boucher-Rivière, aide-major général; du clergé de toutes les paroisses de la ville.

Puis venaient les dix-huit cercueils, recouverts du pavillon tricolore et portés par des marins de la flotte et parmi eux le cercueil du lieutenant de vaisseau de Besplat, sur lequel étaient déposés les insignes de son grade et se décorations;

Un clergé de deuil, composé des aumôniers de la flotte et de la marine; M. le capitaine de vaisseau Penhoat, commandant la Couroone, et son état-major; M. l'amiral Roze, majoir général, préfet maritime par interim; M. Bordez, sous-préfet; M. Asserlin, président du tribunal; M. Ludé; maire, précédant un immense cortège d'officiers appartenant aux différents corps de la marine; l'état-major du navire confédéré  le Georgia; M. Théologue, colonel du 18° de ligne, et tous les offciers de son régiument, etc..

Des détachements d'artillerie et d'infanterie de marine et des équipages de la flotte, sans armes. La marche était terminée par un demi-bataillon d'infanterie de marine. des troupes de toutes armes formaeinr la haie, et sur tout le parcours du cortège se pressait une foule silencieuse, tête nue, les larmes aux yeux. Depuis huit heures du matin, la frégate cuirassée la Couronne tirait un coup de canon de demi-heure en demi-heure. Tous les navires de l'Etat et les bâtiments de commerce, en rade et dans le port, avaient leur pavillon en berne et leurs vergues en pantenne.

Après le service funèbre, le cortège s'est remis en marche dans l'ordre qeu nous venons d'indiquer jusqu'au cimetière. La population en rangs serrés témoignait de sa douleur par son attitude consternée. Au moment où les cercueils ont été déposés dans la terre, M. le contre-amiral Roze, majour général de la marine, qui remplissait les fonctions de prefet maritime par interim, a prononcé le dicsours suivant:"

Deux autres discours ont été prononcés; l'un par M. Barlez, sous-préfet, l'autre par M. le capitaine de vaisseau Penhoat. Après les dernirs honneurs militaires rendus aux victimes inhumées côte à côte, la foule vivement impressionnée s'est retirée silencieusement.

Voici, d'après la Vigie de Cherbourg, les noms des victimes du naufrage de l'embarcation de la frégate la Couronne, dont les cadavres ont été retourvés et inhumés le samedi 5 décembre.|[figure Noblanc Vincent Marie]. Il rste encore à retrouver les corps de treize marins, dont voici les noms. [  ]. Deux matelors seuls ont échappé au désastre, le snommés Olivier et Rebillard, qui après avoir trouvé les meilleurs soins chez les habitant du hameau de Percy, où ils avaient été d'abord recueillis, ont pu être transportés à Cherbourg. Ces matelots sont maintenant hors de danger. La population de Cherbourg, vivmeent émue du triste spectacle de ces obsèques, a spontanément ouvert une souscription pour venir en aid eaux familles des malheureuses victimes du devoir accompli.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quand l'historien local discute avec les anciens de la presqu'île, à la recherche de vieux faits divers à raconter, on se rappelle l'histoire d'une rixe entre voisins qui a mal tourné dans les années 30. Un certain GREGAM ou LE GREGAM qui aurait été tué par un étranger à Séné en marge d'une beuverie familiale chez les ALLANIOUX. Il n'en faut pas plus pour partir à la recherche de documents pour authentifier ce récit et bien sûr le relater précisement.

En consultant la presse ancienne numérisée par les Archives du Morbihan, en utilisant les mots clefs "Allanioux" ou "Gregam", on finit par trouver des articles d'époque qui nous relatent la rixe qui survint à Cadouarn en 1929. 

1929 05 grégam victime

 Cet autre article daté de juin 1929, nous livre d'autres détails sur les circonstances de la mort du Sinagot.

1929 06 01 Rixe Grégam

Enfin, cet article d'octobre nous donne un compte rendu du jugement au Tribunal de Vannes.

1929 10 12 grégam victime

Afin de dresser le récit précis de cette mort tragique, on commence par établir l'identité des protagonistes en consultant les registres d'Etat Civil et on se déplace aux Archives du Morbihan pour consulter le compte rendu de l'audience du 9 octobre 1929.

1929 10 09 Tribunal Guillard Allanioux

Que nous apprennent ces documents ?

Le 28 avril 1929, un dimanche selon le calendrier, une réunion de famille a lieu chez Pierre Marie ALLANIOUX [13/01/1879-2/09/1933] et sa femme Angèle LE FRANC.

Les "ALLANIOUX" comme nous l'indique le dénombrement de 1921, sont un couple de pêcheurs qui vivent à Cadouarn et ont pour voisins la famille LE GREGAM et PIERRE, également pêcheurs.

1921 Cadouarn Protagonistes Rixe

Leur fille Lucienne Marie ALLANIOUX, âgé de 24 ans, est revenue vivre chez ses parents. Elle s'est marié en 1924 à Séné, avec Maxime LE GOUEVEC, aussi tout au long de la procédure, est-elle appellée ALLANIOUX femme LE GOUEVEC, jusqu'au divorce obtenu par ce dernier le 23/01/1930. Maxime LE GOUEVEC, son époux, natif de Clichy, comme nous l'indique son acte de mariage, était alors livreur rue de Roulage à Vannes. Comment le couple s'est-il séparé? 

1924 Mariage LE GOINVEC livreur

Ce dimanche 28 avril 1929, Maxime n'est pas là. Lucienne ALLANIOUX, vit avec son amant, un certain André Julien GUILLARD, militaire, né le 9/02/1900, à Gravigny dans l'Eure, où il se marie le 29/06/1921 avec sa Madeleine Geneviève Saint-Gilles.

La fiche de matricule nous dit que André Julien GUILLARD, à l'âge de 20 ans, exerçait la profession de charretier. Durant sa conscription, il participe à la "Campagne en Pays Rhénans" (l'occupation de la Rhur par les Français). En janvier 1924, le soldat GUILLARD s'engage dans les armées et rejoint l'Indochine en novembre 1925 où il contracte une maladie. Il est réformé par le Commission de Réforme de Vannes en février 1929. Il perd son épouse le 21/04/1927. 

Resté à Vannes, par hasard, le militaire, veuf, y fait la connaissance de Lucienne ALLANIOUX, dont le juge au cours du procès dira d'elle qu'elle est "une ivrognesse qui se livre à la prostitution".

Ce dimanche 28 avril 1929, les convives ont bu, un peu trop. ALLANIOUX, père, a trouvé un poignard dans la poche de GUILLARD et l'accuse de vouloir attenter à sa vie. Sa fille tente en vain de lui arracher le poignard. Les 3 protagonistes se retrouvent devant leur maison. Lucienne ALLANIOUX grandement éméchée, commence à jeter des pierres sur les voisins accourus, alertés par le bruit et les cris.

Julien Marie LE GREGAM [22/02/1883-15/05/1929],  est marié à Marie Mélanie LE FRANC depuis 20 ans. Il est le père de 5 enfants, dont le dernier Paul.

1926 Cadouarn famille LE GREGAM x LE FRANC

Il rentre chez lui  et reçoit un projectile. Une bagarre éclate entre GUILLARD et LE GREGAM au cours de laquelle il est blessé par un coup de pierre sur le crane. Il décèdera selon le registre d'Etat Civil retranscrit à Séné, le 15 mai à l'Hôpital de Vannes, des suites d'une meningo-encephalite, infection de sa blesure au crane, selon l'autopsie pratiquée par le Docteur Monnier.

Le témoignage de Julien BOUQUET [25/02/1900-6/03/1971] qui parvint a stopper la rixe, sera accablant pour Lucienne ALLANIOUX. Comme nous l'indique sa fiche de matricule, BOUQUET est entré dans les Douanes après sa conscription dans la marine.

1920 BOUQUET Julien douanier

Il est ce jour-là sur Séné où réside sa soeur Marie Anne BOUQUET [29/04/1903 -   ] qui s'est mariée à xxx Ange Marie LE GREGAM. Sa soeur fera partie des plaignants lors du procès.

1929 10 Guillard Appel

Parmi les autres passants agressés par les couple ALLANIOUX-GUILLARD, figure leur voisin Julien PIERRE [2/11/1868-   ]

Le Tribunal correctionnel de Vannes condammera Lucienne ALLANIOUX, femme LE GOUEVEC à 4 ans de prison et 10 ans d'interdiction de séjour dans le Morbihan, peine qui sera confirmée en appel, où s'est pourvu André Julien GUILLARD.

1929 10 Allanioux Appel

Malgré le témoignage de BOUQUET, GUILLARD s''obstinait à ne pas reconnaitre les coups sur LE GREGAM. Sa peine fut ramené à 1 an d'emprisonnement et son interdiction de séjour fut levée. Etabli à Vannes, il se remarie le 16/07/1930 avec Mme Marie Philomène BUREL, veuve depuis 1929. Maxime LE GOUEVEC, une fois obtenu son divorce de Lucienne ALLANIOUX, seremariera en septembre 1930. Quant à Lucienne ALLANIOUX, elle refera sa vie en 1956.

Epilogue : en aout 1930, Pierre Marie ALLANIOUX sera condammé à 8 jours de prison pour avoir effrayé le petit orphelin, Paul LE GREGAM. Il aura une fin de vie tragique (lire article).

1930 08 21 SENE Allanioux Paul

 LE GREGAM GUILLARD gene

 

 

 

 

La presse numérisée des Archives du Morbihan recèle des informations intéressantes sur le passé de Séné. La recherche par des mots clefs judicieux permet de trouver des articles qui illustrent la vie des Sinagots au siècle dernier. Ainsi, cet article de l'Avenir du Morbihan daté du 11 décembre 1926.

KERIO 3 jumelles naissance

Il nous apprend la naissance de triplés chez la famille Kério du village de Langle à Séné.

Le journaliste indique que la famille compte désormais 13 enfants. Le bonheur semble régner au sein de cette famille nombreuse, dont le chef vit de la pêche, comme la plupart des habitants de Langle de l'entre deux guerre...

Marie Hyacinthe KERIO, est né à Plumergat le 5/06/1886. Les Kério sont originaires de Grand Champ et se sont établis à Séné à la fin du XIX°siècle. Ses parents étaient agriculteurs à Gornevez, comme nous l'indique le dénombrement de 1901.

KERIO famille 1901

Après l'école, le jeune Hyacinthe choisira de devenir pêcheur. Il débute mousse le 24 mai 1902 sur son premir canot la "Belle Rose" puis le canot St Patern et le canot St Cado. Il devient novice sur le "Margarita" et enfin matelot en juin 1905 sur le Rouanez er Mor. Il effectue sa concription de juin 1906 à avril1910.  Il passe par les 3° et 5° Dépôts et officie sur le Couronne, le Charles martel et le Henri IV. A son retour il s'établie au village de Cadouarn. 

A Séné, il est patron de la chaloupe Fleur de Marie.

Léonie LE DORIOL nait à Cadouarn le 21/09/1887. Comme nous l'indique le dénombrement de 1911, c'est l'ainée d'une famille de 8 enfants. Son père est marin pêcheur et sa mère marchande de poissons. A la veille de son mariage, âgée de 24 ans, elle aide sa mère comme son frère ainée travaille avec son père à la pêche.

KERIO 1906 LE DORIOL x BOCHE Cadouarn

A son retour du service militaire, Hyacinthe épouse Léonie à Séné le 9 mai 1911. Le jeune couple fonde une famille. Les registres de l'état civil et les sites de généalogie nous indiquent que la famille KERIO a cependant perdu deux enfants en bas âge, pendant la guerre de 14-18 : Hyacinthe [1915-1915] et Ferdinand [1916-1917]. Son statut de père lui évite sans doute des postes très exposés pendant la guerre. Il est affecté dans les Bataillon des Patrouilles de la Loire et de la Bretagne et il est démobilisé en juillet 1919.

KERIO Le Doriol Léonie

Léonie Le Doriol

La famille KERIO apparait au complet au dénombrement de 1926 établie au village de Langle. En 1925, Hyacinthe fait construire un nouveau bateau de pêche auquel il donne le nom de "Léonie ma chère"!

KERIO famille 1926

A la veille de la naissance des 3 jumelles, la famille compte déjà 7 enfants et non 10 comme le rapporte le journal. Les autres enfants sont sans doute des domestiques. La situation particulière de cette famille nombreuse interpelle une lectrice abonnée au Nouvelliste. A la veille de Noël, la Baronne de Lagatinerie adresse un courrier au journal que celui-ci relaie avec un gros titre mobilisateur :

KERIO Baronne Nouvelliste 

En effet, cette naissance de triplés n'est pas anodine pour l'époque.  Avant les progrès de l'hygiène et de la médecine, il arrivait souvent que les jumeaux ne survivent pas où qu'un seul d'entre eux arrive à l^'age adulte.  Quel sera le devenir des trois jumelles Kerio ?

Mais le bonheur familial des KERIO va être terni par un drame quelques semaines plus tard...

KERIO décès Léonie 1927

"Après le joyeux carillon du baptême des trois jumelles, ce fut le glas funèbre qui tomba sur la campagne de Séné" Ouest Républicain

Cet autre article du Ouest-Républicain, nous apprend la mort de Mme KERIO. Léonie,  la mère courage, qui a accouché 10 fois entre 1912 et 1926, ne se remets pas de la naisance de ses 3 dernières petites filles. Epuisée d'avoir tant donner la vie, elle décède le 2 février 1927 à l'âge de 40 ans !

Comment le pêcheur KERIO, devenu veuf à 41 ans, va-t-il faire pour concilier la pêche et s'occuper de ses 10 enfants ?

La grand-mère Le Doriol est mise à contribution. La solidarité familiale va prendre le relai mais pas qu'elle !

Cette situation familiale ne laisse pas insensible  le journal Ouest Républicain qui lance une souscription auprès de ses lecteurs, comme nous l'indique l'article suivant qui nous apprend que la famille KERIO, non seulement éleve ses enfants, mais a accueilli également un neveu orphelin ! Le jeune Ange PIERRE [1910-1992] a perdu son père en mer [lire le récit des marins charbonnier PIERRE] et sa mère, Marie Julienne KERIO, la soeur de Hyacinthe. 

L'article est bien écrit et le résultat ne se fait pas attendre. Les dons affluent d'un peu partout dans le Morbihan. Le 12 mars 1927, L'Ouest Républicain rend compte à ses lecteurs du résultat de la souscription qui rapporte 2479 francs. 

Mais je journal ne s'arrête pas là !

KERIO LOuest Républicain

KERIO Ouest Eclair mobilisation

Kerio Souscription 12 mars 1927

Le 7 avril 1927, dans ces colonnes, le journal relate une viste faite aux orphelins KERIO.

Lire l'article complet ci-dessous qui décrit très bien le quotidien d'une famille de pêcheurs à Langle.

Le journaliste revient voir la famille KERIO pour informer les donateurs du "bon usage" qu'a été fait de leur argent.

KERIO Ouest Eclair visite

 A la faveur de cet article Marie Hyacinthe KERIO remercie les donateurs :

KERIO remerciement Kerio

 "Et Dieu aidant, de les voir tous grands un jour à venir".

Les années ont passées. Le sort des jumelles KERIO est tombé dans l'oubli. Que sont-elles devenues. Le bon lait acheté pour les allaiter a-t-il fait d'elles des enfants en bonne santé, arrivés à l'âge adulte ? Que sont devenues les trois jumelles de Léonie ?

Les registres d'état civil de Séné,on l'espère, vont nous donner des indications sur leur vie ? Leurs naissances sont bien inscrites : trois KERIO à la queue leu leu, nées le 4 décembre 1926.

KERIO 3 filles 1926 Etat Civil

Les extraits de naissance comportent bien des mentions marginales. Elles ont vécu. Toutes sont arrivées à l'âge adulte. Les dons des souscripteurs, la mobilisation de Ouest Républicain, la solidarité familiale, le labeur de Hyacinthe KERIO ont bien oeuvré.

1927 11 Photo Kerio

On ne sait si l'ordre d'inscription à l'état civil respecte leur venue au monde...

Adrienne Marie Célestine s'est mariée à Pluneret, le 18 août 1947, avec Albert Louis LE LAN et par la suite elle a été adoptée par la famille Bauché de Sainte Anne d'Auray le 22/07/1953.

Marie Thérèse s'est mariée à Pierrefitte, département de la Seine (aujourd'hui Seine-Saint-Denis), le 16 avril 1950 avec André Aristide René MAURICE.

Léonie Marie Ange a épousé à Vannes, le 11 avril 1947, Guy Jean ALKERMANN.

Quant à Hyacinthe KERIO, son souhait de voir grandir ses enfants a été exaucé, Le marin veuf se remariera le 14 mai 1955 avec Anne Louise METAIRIE. Il décèdera le 25 avril 1970 à Dangam, à l'âge de 84 ans.

 KERIO avril 1927 Orphelin Visite

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La consultation méthodique des registres de l'etat civil peut se révéler interessante pour "l'historien local", notamment les régistres de décès. On guettera les mentions marginales ou les transcriptions d'un jugement laissant présager une mort particulière et peut être un récit à raconter.....

Tel est le cas de l'acte de décès de Louis Sylvestre MORIO que l'on peut consulter sur le site des Archives Départementales du Morbihan.

MORIO Sybille mort 1870

On y apprend que ce marin de Séné, Louis Sylvestre MORIO est mort en novembre 1870 alors qu'il était sur le bateau "Le Sybille", armé à Toulon. On a envie d'en savoir plus. Qui était-il ? Quel a été son périple ? D'où venait Le Sybille.

La consultation de son acte de naissance nous indique qu'il est né le 2 janvier 1847 au village de Montsarrac dans une famille de pêcheurs. Il a 23 ans lors de sa disparition sur le Sybille.

La Sybille ayant été armée à Toulon, on s'adresse au Service Historique de la Défense de Toulon pour solliciter quelques données sur ce navire et le marin MORIO. Celui-ci communique des pièces qui précisent les informations de l'acte de décès.

Ainsi, le journal de bord du Sybille nous indique que Sylvestre MORIO est mort le 9 novembre 1870 à l'hôpital de bord du navire et que sa dépouille fut immergée en mer le lendemain à 6 heures. On note qu'il ne faisait pas partie de l'équipage du Sybille mais qu'il était sur le bateau en tant que passager.

MORIO journal de bord Sybille

Le journal des mouvements du Sybille nous relate le périple effectué par ce navire. Il est parti de Toulon  en janvier 1870, a fait escale aux îles Canaries avant de traverser l'Atlantique et d'atteindre le port brésilien de Bahia. Ensuite, il a gagné Nouméa en Nouvelle Calédonie. Sur sa route du retour vers la métropole, La Sybille fait une longue escale à Papeete à partir du 17 juillet 1870 jusqu'au 4 août.

MORIO Sybille Papete

Un autre document du Sybille nous indique qu'avant d'embarquer à Papeete, le marin sinagot MORIO était en poste sur un autre navire, l'Astrée. C'est à Tahiti que MORIO change de bateau le 4 août 1870 pour gagner la France plus rapidement. On pressent que son état de santé le pousse à rejoindre la Métropole au plus vite.

MORIO Sybille décès

Jusqu'en 1870 la France vit sous le Second Empire. Louis Napoléon Bonaparte après son coup d'état de 1852 est devenu le 2° Empereur des français. En septembre 1870, la défaite de Sedan face aux Prussiens scellera la fin du régime. Les lois de l'époque condamme nombre de citoyens au bagne. La Sybille avait dans ses soutes environ 200 bagnards à destination de la Nouvelle Calédonie. Le bagne de Nouméa abritait alors environ 2.600 bagnards.

MORIO sybille 1869

 

MORIO pénitencier noumea

 

Mais notre Sinagot n'était pas marin sur le Sybille. Il avait embarqué sur un autre navire, l'Astrée.

Quand a-t-il embarqué sur l'Astrée et que faisait ce bateau à Papeete en août 1870 ?

Cette fois rendons nous au SHD de Lorient consulter la fiche d'inscrit maritime de Louis Sylvestre MORIO.

Celle-ci  nous indique que dès l'âge de 10 ans, le jeune Sylvestre MORIO est embarqué sur le Sainte Anne pour du "bornage". (à expliquer). Le jeune Sinagot a très tôt le goût de la mer !

MORIO Sylvestre Inscrit 2 

A partir de février 1865, à l'âge de 18 ans il embarque sur le "Sylvestre Marie". Il reste fidèle à ce bateau jusqu'en mai 1868 quand il doit effectuer sa conscription de marin. La fiche d'inscrit maritime porte une précieuse mention.

MORIO 1868 1870 sur lAstrée

"Levé à sa demande le 19 mai 1868 bien qu'ayant deux frères au service". On comprend qu'à l'âge de 21 ans en 1868, Sylvestre MORIO a deux frères déjà engagés sous les drapeaux. Il peut donc ne pas effectuer sa conscription. Cependant le jeune marin a soif d'aventure. Depuis l'âge de 10 ans qu'il a les pied sur un pont de bateau !

Il s'embarque sur l'ASTREE le 1er Juin 1868 au départ de Lorient.

Que nous apprend Internet sur la frégate l'Astrée ?

Frégate l'Astrée

MORIO LAstrée CDT Miot
   La frégate mixte l’Astrée a été sortie de l’anonymat par la découverte, dans une malle familiale, d’un journal personnel du lieutenant de vaisseau Ange Edmond Bourbonne par son arrière petit fils Louis Bienvenüe. Ce journal était accompagné d’un album de plus de 100 photos d’escales qui se sont révélées avoir été prises, pour la plupart, par Paul Emile Miot.

MORIO Paul Emile MIOT bis

   Mise sur cale à Lorient en 1845 sur plans de l’ingénieur Legrix, l'Astrée ne fut mise à l’eau que le 24 décembre 1859: entre temps, sa coque avait été rallongée de cinq entre-axes de sabords (16,40 m), son avant et son arrière modifiés (plans Sollier), pour recevoir une machine à vapeur de 600 chevaux nominaux et ses 6 corps de chaudières. Dotée d’un puits d’hélice et d’une hélice relevable, sa coque en bois est habillée de plaques de cuivre dans ses oeuvres vives; elle a un gréement de frégate complet (gréement dormant en torons de fil de fer zingué), elle fut armée en transport de troupes en 1862 lors de la guerre du Mexique (Lorient – Fort de France – Vera- Cruz et retour).

De 1863 à 1866 elle fit partie de la station navale du Brésil et de la Plata (Capitaine de vaisseau Jouslard, contre-amiral Chaigneau). A Rio de Janeiro elle reçut l’empereur du Brésil Pedro II (gravure de Lebreton).

De 1868 à 1871, elle porta le pavillon du contre amiral Georges Cloué, commandant la station navale du Pacifique. Celle-ci se composait de la frégate mixte Astrée, des avisos La Motte-Picquet et d’Entrecasteaux et du transport la Mégère. 

L’Astrée était commandée par le capitaine de vaisseau Peyron, futur contre amiral et ministre de la marine. Le capitaine de frégate Miot était chef d’état-major de l’amiral. Il s’était déjà distingué lors de campagnes à Terre-Neuve en faisant de la photographie. Il en laissera des collections (Musée de l’Homme de Paris, Archives du Canada, Archives de la marine de Vincennes, collections particulières Jean-Yves Tréhin, Serge Kakou, Louis Bienvenüe).

Après escales aux Canaries, à Saint Vincent du Cap Vert, à Montevideo, elle passa par le canal de Magellan et les canaux latéraux de Patagonie, où elle s’endommagea la quille et l’étrave sur une roche. Suivent ensuite des escales sur les côtes d’Amérique du Sud. Au Pérou, à Callao, on répara les dommages sur le dock flottant. C’est ensuite Panama, San Francisco (visite de l’amiral américain Farragut). L’etat major visite le fort d’Alcatraz et ses canons géants. On fait escale ensuite à Esquimalt Bay (île de Vancouver, Colombie Brittanique), puis c’est à nouveau San Francisco, et enfin Papeete.

Notre "aïeul" sinagot Sylvestre MORIO, a donc fait tout ce long périple, débarqué lors de toutes ces escales et visité tous ces ports ! C'est sans doute le premier Sinagot avoir mis pied à terre en Afrique, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Océanie. Quel voyage !


L’Astrée y séjourne trois mois à Papeete. Paul Emile Miot prend de nombreuses photos. Bourbonne devient le « tayo » d’Ariiaué, le futur Pomaré V « …en connaissant mieux mon nouvel ami, je découvris chez lui un bien grave défaut, mon cher tayo est un ivrogne, plusieurs fois nous l’avons ramené couché dans le fond de la voiture… » Visite et séjour à Atimaono, à la plantation Steward. Cloué complète l’hydrographie de la côte entre la Pointe Vénus et Papenoo, on précise les contours du « Banc de l’Artémise », où Laplace endommagea sa frégate en l’échouant, en avril 1839.

Pendant le séjour de l’Astrée se place l’épisode « La Roncière » : «Le Commissaire Impérial La Roncière, demi-frère de l’amiral La Roncière Le Noury, convaincu de détournements et turpitudes diverses, est évincé et lui et ses complices sont embarqués sur la frégate à voiles l’Alceste le 17 novembre 1869 pour être jugés en
France » (*).

L’Astrée reviendra encore à Tahiti, en revenant des Marquises. Elle séjournera à Papeete du 22 juin au 1° septembre 1870. Aux Marquises le "reporter" MIOT prend des photos :

1870 fatu hiva femme à bord du bateau

1870 nuku hiva taiohae bay marquise

C'est ici que s'arrête le voyage de Sylvestre MORIO sur l'Astrée. Lors de cette escale à Papeete, il embarque le 4 août sur la Sybille pour regagner la France. Déjà deux ans que le marin sinagot fait son tour du monde. L'Astrée quant à elle continue son périple...

L'Astrée au mouillage à Papeete :

MORIO palais pomare papeete Paul Emile Miot 1869

Pendant le second séjour, Papeete reçoit la corvette russe Almaz (Diamant), la corvette américaine Resaca, la frégate à voiles Sibylle, les avisos d’Entrecasteaux et La Motte-Picquet. Le transport la Mégère part pour la France, le transport à voiles le Chevert arrive de San Francisco et annonce à la colonie l’état de guerre entre la France et la Prusse. Le 15 août 1870 l’Astrée reçoit la reine Pomaré. Le même jour a lieu une course de pirogues. L’Astrée quitte définitivement Tahiti le 1° septembre 1870.

MORIO Pomare lV 1869 70 Paul Emile Miot

Elle navigue le long des côtes d’Amérique du Sud, dans une inaction qui pèse sur l’équipage, sans rencontrer de navire de guerre prussien ni sans arraisonner de navire marchand. Elle rentre en France le 21 janvier 1871 depuis Valparaiso, passe le cap Horn, relâche à Dakar et arrive à Lorient le 8 avri 1871.

Elle est définitivement désarmée le 27 du même mois. Elle figure encore sur la liste de la flotte de 1877 à « bâtiments maintenus provisoirement auxquels on ne travaillera qu’au fur et à mesure des besoins ».Elle est rayée des listes à la fin de la même année et restera comme ponton, rasée, la guibre enlevée révèlant une étrave droite, jusqu’à sa démolition en 1923. Depuis 1913, elle s’appelait « ponton magasin n°2 », son nom ayant été donné à un sous-marin. Elle servit à Lorient comme ponton-caserne et comme poste d’armement de la direction du port.Elle a une importante voie d’eau en 1911.

Elle est vendue à M. Ferrand, de Vannes, pour la somme de 96.213 f. Le 17 février 1923 elle quitte Lorient pour St Nazaire, remorquée par l’Audax, pour sa démolition définitive.

Louis Sylvestre MORIO, à l'âge de 21 ans a préféré faire le tour du monde que de rester à Séné. Il contractera sans doute une maladie lors de ce long périple autour du monde.

Des photographies de l'Astrée témoigne de ce voyage. Est-il sur une de ces photographies ?

MORIO LAstré equipage curé

MORIO LAstrée Etat major

 

 

 

 

 

 

Maire de Séné de la Révolution à 1870


Sous l’ancien régime, à Séné, le recteur était l’officier de l’état civil qui enregistrait les baptêmes, les mariages et les sépultures dans sa paroisse. Après la Révolution, le gouvernement a repris ces fonctions qui ont été dévolues aux maires des nouvelles communes.

Le recteur en poste à Séné avant la Révolution était Guillaume JALLAY :
« Guillaume Jally, de Saint Patern, heureux au concours du 10 février 1750, fut pourvu par le pape,le 23 mars et pris possession de sa cure le 11 mai. Décédé au presbytère à l’âge de 73 ans, le 14 décembre 1789, il fut inhumé le 15 dans le cimetière, auprès de son prédécesseur (Pierre Le Nevé). Jusqu’à la construction de l’église, on voyait encore sa tombe. »
Source Camille Rollando.

Jallay assure une dernière sépulture le 28 décembre 1788. Avant la nomination d’un nouveau recteur à Séné, plusieurs curés ou prêtres assurent l’intérim, si on se réfère aux signatures en bas des registres paroissiaux. On note les noms de LE BAIL, MOGUEN, LE PRIOL et LE GUEZEL .

A partir de janvier 1790, le nom de Pierre COLENO apparaît en tant que recteur.

«Pierre Coléno, de Billers et curé de Plescop. pourvu par l’évêque le 17 décembre 1789, il en prit possession le 18. Sans que nous sachions ce qu’il devint pendant les mauvais jours, il disparut en septembre 1792. Maintenu à la tête de sa paroisse après le Concordat, il prêta serment entre les mains du Préfet le 15 octobre 1802. Il mourut en 1822. »
Source Camille Rollando.

Les signatures en bas des actes paroissiaux indiquent que Pierre Coléno est assisté d’autres ecclésiastiques comme Le Bail, Tual, Le Toullec.

Le 2 août 1792, Pierre Coléno est encore recteur.

Le 30 Août un certain Julien Le Dû, qui deviendra maire, et Pierre Coléno signent ensemble un acte d’état civil.

BENOIST marc transition 1792

Le 30 août 1792 on note que Marc BENOIST signe un acte en tant que maire de Séné.

 LISTE DES MAIRES DE SENE DE 1792 à 1870

Marc BENOIST : 9/1792 – 12/1792 [8/10/1750 - 20/06/1813] Laboureur - Moustérian

Julien LE DU : 1/1793 à 7/1800 [ 27/05/1749 - 26/08/1826] Laboureur - Bourg.

Vincent LE LUHERNE : 7/1800-9/1804 [5/04/1759 Kerbiscon - 18/05/1832 Surzur] Laboureur - Kerbiscon

Gervais EVENO : 11/1804 – 6/1807 [15/07/1754 -         ] Laboureur - Kernipitur

Guillaume LE CLAINCHE : 7/1807 – 12/1814 [3/10/1763 Elven - 30/11/1814 Séné] Laboureur - Saint-Laurent

Vincent MAIGRO – 1/1815-9/1815 [28/01/1773 - 5/8/1849 Vannes ] Aubergiste - négociant - Brigadier

Hyacinthe LAURENT : 9/1815-4/1824 [6/03/1778 - 24/04/1823] Laboureur à Kernipitur.

Joseph LE RAY : 1/1825-9/1830 [19/09/1768 - 29/12/1849] Laboureur Michotte

François CALO 9/1830 – 2/1835 [25/09/1789 - 25/08/1856] Paludier. Kerfontaine

Vincent ROZO : 2/1835 – 3/1844 [ 25/07/1796 - 19/03/1844] fournier (boulanger). Cariel

Pierre LE DOUARIN : 5/1844 – 8/1848 [1/07/1806 - 14/02/1854 ] Gouavert - Laboureur

Mathurin LE DOUARIN 8/1848 – 5/1871 - [6/01/1803 - 2/05/1871] Laboureur - Ozon

 1789 prise de bastille

La Révolution - 1ère République - Directoire

Une histoire des maires et des municipalités ne peut vraiment commencer qu’avec la Révolution, puisque c’est le 14 décembre 1789 que la première loi municipale est votée. Désormais, toutes les assemblées d’habitants, quelle que soit leur importance, ont la même organisation municipale, avec un maire et des conseillers élus à leur tête. Le 22 décembre, 44 000 municipalités sont mises en place en France (autant que de paroisses). En 2017, on répertorie 35416 communes en France dont 126 outre-mer.

Certains dirigeants révolutionnaires (les constituants) auraient préféré des regroupements de communes, cependant, les représentants des communautés villageoises les obligèrent à respecter chacune des anciennes paroisses. On doit parler désormais de « communauté d’habitants » et non de paroisse, mais les habitudes étant là, l’usage du nouveau terme fut certainement long à être tout à fait adopté. La nouvelle législation consacre la démocratisation des nouvelles municipalités, certes limitée par les règles étroites du suffrage censitaire* qui reste de règle, car pour être électeur, il faut payer un impôt au moins égal à trois journées de travail (soit environ 3 livres). Les plus pauvres sont, par conséquent, écartés : autant dire que les électeurs ne sont pas nombreux dans les communes. L’électeur est déclaré « citoyen actif ». Les élus doivent payer un impôt au moins équivalent à dix journées de travail. Les membres du conseil étaient divisés en deux échelons : les notables, dont le nombre variait de 6 à 42 suivant la population de la commune, et les officiers municipaux, aux nombre de 3 à 21. Ces officiers composaient le corps municipal, élément actif et permanent du conseil général de la commune. L’agent municipal (ou maire) est, en principe, élu pour deux ans (les changements politiques étant souvent répercutés automatiquement jusque dans les communes) et il ne pourra être réélu qu’après une attente de deux ans. Il existait aussi un procureur de la commune, élu dans les mêmes conditions que le maire, chargé de requérir l’exécution des lois. Le corps municipal pouvait siéger en tribunal de simple police : dans ce cas, le procureur syndic remplissait les fonctions d’accusateur public. Il avait, par ailleurs, voix consultative dans toutes les affaires. Cette organisation fonctionna jusqu’en 1795.

Pendant la Terreur, les conseils municipaux comme les districts se montrèrent les organes actifs du gouvernement révolutionnaire, aussi la constitution de l’an III les supprima-t-elle et ne laissa, dans chaque commune rurale, qu’un agent municipal avec son adjoint.

1790 : Les premières élections municipales eurent lieu en février 1790. Le maire fut ensuite immédiatement installé après le grand rite de la prestation de serment. La loi du 19 avril de 1790 stipule : « Lorsque le maire et les officiers municipaux* seront en fonction, ils porteront pour marque distinctive, par dessus leur habit, une écharpe aux trois couleurs de la nation, bleu, rouge et blanc, attachée d’un nœud, et ornée d’une frange couleur d’or pour le maire, blanche pour les officiers municipaux, et violette pour le procureur de la commune ». En 1791, les gardes champêtres font leur apparition, et à partir de cette date, et au moins jusqu’en 1851, maires et officiers de la garde nationale feront régner la loi - bien souvent « leur loi »

Le maire est un roturier, les nobles se cachent à l’étranger, et ceux qui sont restés sur leurs terres cherchent à se faire oublier. Les bourgeois prennent maintenant leur place. La « maison commune », où « mairie », n’existe pas vraiment encore dans les villages et il faudra attendre 1884 pour qu’elle soit obligatoire. Le lieu de réunion et de délibération du conseil municipal est le plus souvent l’auberge.

21 juin 1791 La fuite de Louis XVI s’arrête à Varennes. 

1791 : Le premier renouvellement des municipalités a lieu en novembre 1791.

Avec les dangers extérieurs et intérieurs, un nouveau régime s’installe et la révolution se radicalise en septembre 1792 ; le roi est déchu et la république proclamée.

1792 : Le second renouvellement a lieu en novembre 1792, le suffrage universel* est désormais la règle. Le serment est le suivant : « Je jure d’être fidèle à la nation et de maintenir de tout mon pouvoir la liberté, l’égalité ou de mourir à mon poste ». Le maire prend de plus en plus de pouvoir : délivrance de « certificats de civisme », de « certificat d’indigence » permettant d’échapper à certains impôts, mais il est très rare qu’il meure à son poste... De ce fait, il est respecté, il est obéi, mais soulève parfois la colère et la haine. C’est lui qui lit les textes de loi, soit en chaire à l’église, juste avant la messe, soit devant la porte de l’église à la sortie de la messe. Ses rapports avec le curé se dégradent au moment de planter l’arbre de la liberté, celui-ci prenant bien souvent l’emplacement d’une croix....

                                1795 Maire costume     1790 Président municipal maire

xxxxxx VVVVVVV : 02/1790-8/1792 

????

Marc BENOIST :  [8/10/1750 - 20/06/1813] Moustérian - Laboureur  9/1792 – 12/1792 = 3 mois

Marc BENOIST qui signe un acte d'état civil et appose la mention "maire" en septembre 1792. Il est le fils d'un charpentier de marine de Moustérian. Il épouse à Saint-Patern à Vannes le 20/10/1787 Marguerite OILLIC. Sur son acte de décès, il est mentionné la profession de laboureur et une demeure à Moustérian. Son arrière petit-fils, Eugène BENOIT, sera également maire de Séné à la Libération.

BENOIST Marc signature

Un renouvellement a lieu durant l'An II, soit fin 1793.

En décembre 1793 (frimaire an II suivant le calendrier républicain*), un décret rend l’école obligatoire, gratuite et laïque dans chaque commune. Néanmoins, les petites communes ne sont pas suffisamment riches pour acheter ou construire une maison pour l’école, comme pour la mairie d’ailleurs. Les « communautés d’habitants » deviennent désormais « communes » et un « agent national » est nommé par le gouvernement pour surveiller les élus. Cette charge d’agent national restera jusqu’en avril 1795.

Début 1795 (an III de la République), le renouvellement des municipalités suit la chute des conventionnels et l’arrivée des thermidoriens. Ces derniers, par la constitution qu’ils instaurent le 22 août (5 fructidor) de la même année, enlèvent toute influence des municipalités en les regroupant dans des municipalités cantonales. Chaque commune élit dorénavant un agent municipal qui participera à la municipalité cantonale. Les maires passent dorénavant sous l’autorité des « présidents des municipalités cantonales», les seconds étant élus par l’ensemble des hommes du canton. Le président des municipalités cantonales est assisté d’un «commissaire du Directoire », nommé par le pouvoir central. Les parents d’émigrés sont exclus du pouvoir local. 

Julien LE DU : [ 27/05/1749 - 26/08/1826] Laboureur - Bourg. 1/1793 à 7/1800 = 7 ans

Le premier acte de Julien LE DU est daté du 16 nivôse An I, soit le 5 janvier 1793. Il signe en tant qu’Officier Public de la Municipalité de Séné.

LE DU Julien Officier Public

Par la suite sa signature évolue pour adopter les terme de Secrétaire et greffier à partir de mai 1800.

LE DU Julien Secretaire Greffier

Julien LE DU est né le 27 mai 1749 au bourg de Séné. Il se marie le 17 février 1784 à Noyalo avec Françoise Le Lagadec. Il décède au bourg de Séné en 1826.

 

Consulat et 1er Empire 1799-1815

Le coup d’état du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799) amène Bonaparte au pouvoir. Celui-ci maintient provisoirement les municipalités de canton et les élus doivent prêter un nouveau serment : « Je jure d’être fidèle à la République une et indivisible, fondée sur la liberté, l’égalité et le système représentatif ». Cependant, trois mois plus tard (le 28 pluviôse an VIII = 17 février 1800) une nouvelle loi municipale est instaurée et change complètement le système d’instauration des maires. Cette nouvelle loi allait dans le sens de ce que réclamaient les paysans qui tenaient à avoir dans leur commune leur propre conseil municipal et leur maire, mais elle devenait beaucoup moins démocratique puisque l’élection du maire, appliquée en 1790, était supprimée à partir de la constitution du 22 frimaire an VIII (13 décembre 1799), celui-ci est dorénavant nommé. Maires et conseillers deviennent donc des fonctionnaires de fait (sans rétribution), choisis sur une « liste de confiance », par le Premier consul* pour les communes de plus de 5 000 habitants, par le préfet pour les autres. La « liste de confiance » est établie dans chaque commune par élection. Elle comprend le dixième des électeurs. C’est le retour des notables : la « liste de confiance » devient d’ailleurs très vite une « liste de notabilité ». Cependant, dans les petites communes, au-dessous de 1 000 habitants, ce sont en majorité des paysans, bien que les notaires soient recherchés par les préfets pour leurs capacités à la rédaction et à l’élocution. Néanmoins, le maire ne peut pas être totalement ignorant et doit au moins savoir lire et signer.

La seconde grande loi municipale (celle du 28 pluviôse = 17 février 1800) classe les communes en cinq catégories : au-dessous de 2 500 habitants, de 2 500 à 5 000 habitants, de 5 000 à 10 000 habitants, de 10 000 à 20 000 habitants, au-dessus de 20 000 habitants. L’appellation de maire revient, il remplace celui d’agent municipal*. Le maire est assisté d’un adjoint. Les officiers municipaux* deviennent des conseillers municipaux.

Le 17 ventôse an VIII (8 mars 1800) un arrêté oblige les municipalités en place à faire l’état du mobilier et des registres communaux. En mai-juin, maires et conseils municipaux des entités communales de moins de 5 000 habitants sont nommés par le préfet. Le maire, nommé pour trois ans, prête serment devant l’ancien agent municipal* et l’adjoint prête serment devant le maire.

À compter du 2 pluviôse an IX (22 janvier 1801) le maire est chargé seul de l’administration de la commune et les conseillers ne sont consultés que lorsqu’il le juge utile. Le maire exerce ce pouvoir absolu jusqu’en 1867.

 

Vincent LE LUHERNE : [5/04/1759 Kerbiscon - 18/05/1832 Surzur] Laboureur -  7/1800-9/1804 = 4 ans

Vincent Le LUHERNE signe un premier acte le 9 juillet 1800, soit le 20 messidor de l’An VII.
A partir du 4 brumaire de l’An XII, soit le 26 octobre 1804, son adjoint Le Bras signe les actes.

Il est né le 5/04/1759 à Kerbiscon à Séné où son père est laboureur. Il se marie à Saint-Avé le 9/02/1781 avec Perrine LE BERRIGAUT. Il décède à Surzur au village de Lambré le 18/05/1832. 

1804 Empire

Gervais EVENO :  [15/07/1754 -    ] Laboureur - Kernipitur - 11/1804 – 6/1807 = 3 ans

Gervais EVENO signe un premier acte en tant que maire de Séné le 17 brumaire de l’An XII, soit le 8 novembre 1804. Il restera en poste jusqu’en juin 1807. Il nait au village de Kernipitur et son père est laboureur. Il se marie le 24/02/1778 avec Françoise LE CLAINCHE.

(acte de décès pas trouvé !)

Guillaume LE CLAINCHE:[3/10/1763 Elven - 30/11/1814 Séné] Laboureur - St-Laurent - 7/1807 – 12/1814  = 7 ans

Guillaume LE CLAINCHE succède à Eveno. Natif d'Elven, il devient Sinagot par mariage avec Laurence Le Brec le 18/08/1789. Il décède le 30 novembre 1814 à l’âge de 51 ans. « L’adjoint faisant pour le maire », Vincent LE LAN assure l’intérim.

Vincent MAIGRO – 1/1815-9/1815 [28/01/1773 - 5/8/1849 Vannes ] - 1/1815-9/1815 = 8 mois

1773 MAIGRO Vincent SENE Cano

Il est né au sein d'une famille de cultivateurs de Cano comme nous le confirme son acte de naissance qui indique que son parrain était Vincent LE LUHERNE, ancien maire de Séné . Les registres de l'état civil montrent que Vincent MAIGRO commence à signer des actes en janvier 1815 jusqu'en septembre 1815. Il sera le dernier maire de Séné sous le règne de Napoléon.

Il se marie avec la Vannetaise Marie France Le THIESE [20/11/1793-14/1/1830] dont il aura plusieurs enfants. Lors de la naissance de Felix Victor (19/1/1812-28/10/1838) qui deviendra brigadier au 11° régiment de Chasseurs à Bourbon Vendée (La Roche sur Yon), il déclare la profession d'aubergiste au bourg. Quand nait son fils Philippe (25/5/1814), il déclare la profession de négociant en vin et en tabac et réside au bourg. Puis viendra Vincent (14/4/1818) et Anne Marie (12/10/1824). Il est alors cabaretier au Poulfanc, puis Marie [ca 1829 -25/6/1850]. Quand son épouse décèede en 1930, il est brigadier aux Ponts & Chaussées. Lors du mariage de sa fille Elisabeth en 1840, il déclare être retraité militaire; A son décès il est mentionné qu'il est sous-officier en retraite.

1824 Maigro cabaretier Poulfanc

La Restauration 1815-1830

1815 Louis XVIII et Charles X

Lors de la première Restauration* (avant le retour de Napoléon de l’île d’Elbe, le 1er mars 1815), Louis XVIII ne touche pas à l’institution municipale napoléonienne. Les nouveaux préfets s’empressent de désigner des maires royalistes. Cependant, avec le retour à l’Empire (les Cent-Jours*), paraît le 20 avril 1815 un décret réinstituant, pour les communes de moins de 5 000 habitants, la vieille loi de décembre 1789, c’est-à-dire l’élection au suffrage censitaire* des maires et des conseillers. Les élections ont lieu en mai 1815 et les maires, ainsi élus, n’auront que quelques jours de pouvoir puisque le mois suivant voit la défaite de la Grande Armée à Waterloo, l’exil de Napoléon à Sainte-Hélène et le retour de Louis XVIII.

C’est le début de la seconde Restauration*. Les maires écartés en mai sont rétablis dans leur fonction, mais le renouvellement est fixé à l’année suivante : 1816. Le pouvoir instaure la nomination des maires et des conseillers municipaux. L'entrée en charge donne lieu à une cérémonie d'installation

LAURENT Ecusson République

Hyacinthe LAURENT :  [6/03/1778 - 24/04/1823] Laboureur à Kernipitur - 9/1815-4/1824 = 9 ans

Hyacinthe LAURENT est nommé maire de Séné. Son acte de mariage daté du 26 pluviose An X (16/02/1802) nous indique qu'il est laboureur à Kernipitur, sa femme Marie Jeanne Boursicaut est du village de Saint-Laurent. Il décède le 24/04/1823 à Kernipitur et l’adjoint Dagoral assure l’intérim.

Son père Mathurin était natif de Locminé et s'est établi à Séné où tous ses enfants sont nés. La famille Laurent donnera par trois fois un maire à Séné. 

Joseph LE RAY : [19/09/1768 - 29/12/1849] Laboureur Michotte - 1/1825-9/1830  = 5 ans et 8 mois

Joseph Guillaume LE RAY nait dans une famille de laboureur à Michot. Pendant le mandat de Vincent LE LUHERNE, il est son adjoint. Ses premiers actes d’état civil en tant que maire apparaissent en janvier 1825. Il s'est marié le 22 Vendimaire de l'an VI soit le 17 octobre 1797 avec Marie lE ROUX. Son dernier acte de décès est daté du 24/09/1830.

LE RAY adjoint 20 prairial An VIII bis

 

Révolution de 1830 -  Monarchie de Juillet 1830-1848

En effet, la Révolution de 1830 s'accompagne d'une épuration massive. Le nouveau régime craint de ne pouvoir compter sur le dévouement d'hommes liés à la Restauration. Ainsi, des préfets et des sous-préfets sont destitués. Le ministre de l'Intérieur, envoie des commissaires dans les départements. Ils reçoivent l'ordre de remplacer provisoirement tous les maires.

1830 delacroix laliberteguidantlepeuple

François CALO  [25/09/1789 - 25/08/1856] Paludier - Kerfontaine - 9/1830 – 2/1835 = 4 ans et 5 mois

François CALO est nommé par le préfet dans l'attente des nouvelles élections. Ses premiers actes signés datent de fin septembre 1830. Qui est-il ?

Les archives du Morbihan nous apprennent que François CALO ou Caloch est né au bourg le 25 septembre 1789. Son père Pierre et sa mère Marie PALUD sont paludiers. Il se marie le 18 février 1813 à l'âge de 24 ans avec Marie Richard, fille de paludier installée à Michot. Lors de son décès à l'âge de 68 ans le 25/08/1856, il etait toujours paludier à Kerfontaine.

La loi sur l'organisation municipale du 21 mars 1831 transforme profondément la vie politique communale : les conseillers municipaux sont désormais élus. Le conseil municipal est renouvelé par moitié tous les trois ans. A titre transitoire, pour les élections municipales de 1834, le sort désigne la moitié des conseillers sortants.

Pour voter aux élections municipales, il faut être âgé d'au moins 21 ans et faire partie des contribuables les plus imposés aux rôles des contributions directes de la commune. La liste des électeurs est dressée par le maire, assisté du percepteur et des commissaires répartiteurs et mise à jour, chaque année, entre le 1er janvier et le 31 mars. Les contribuables sont inscrits par ordre décroissant en fonction du montant de leur imposition. La liste est affichée. Les conseillers municipaux sont choisis parmi les électeurs communaux et doivent être âgés d'au moins 25 ans. Ils sont élus pour six ans.

Cependant, le nouveau régime monarchique prévoit que le maire et l'adjoint des communes de moins de 3000 habitants sont nommés par le préfet au nom du roi. Ils sont obligatoirement choisis parmi les membres du conseil municipal. Ils doivent être âgés d'au moins 25 ans et résider dans la commune, ils sont nommés pour trois ans.

1830 Monarchie de Juillet

1831 : Lors des premières élections municipales de la Monarchie de Juillet, qui ont lieu en novembre 1831, François CALO reste maire de Séné.

1834 : Aux élections de1834, une moitié de conseillés, tirés au sort parmi ceux élus en 1831, sont renoluvelés. François CALO est à nouveau désigné maire.

 Quelle décision prend le préfet en février 1835 ? Vincent ROZO succède à François CALO qui décèdera en 1854 au village de Kerfontaine.

Vincent ROZO : [ 25/07/1796 - 19/03/1844] fournier (boulanger). Cariel - 2/1835 – 3/1844 = 9 ans et 1 mois

Vincent marie ROZO nait au village de Cariel. Son père est fournier, c'est à dire boulanger. Lors de son mariage avec la fille du charpentier Mlle ROZO, il est également fournier à Cariel.

1837 : Elections d'une moitié de conseillés, Vincent ROZO est reconduit par le Préfet dans sa fonction de maire. 

La loi sur l'administration municipale du 18 juillet 1837 définit les attributions des maires et des conseils municipaux. Le maire administre seul la commune. Il agit sous l'autorité, sous la surveillance de l'administration préfectorale. Il propose le budget. Il gère les propriétés de la commune. Il souscrit les actes de vente et d'acquisition. Il passe les adjudications des travaux communaux. Il dirige les travaux communaux. Le maire est chargé de la police dans sa commune et peut prendre des arrêtés et nomme, avec l'approbation du conseil municipal, le garde champêtre. Le conseil municipal vote le budget. L'achat, la vente, l'entretien et l'affectation des propriétés communales doivent faire l'objet de délibérations. Même chose pour les travaux à entreprendre : démolitions, grosses réparations, constructions. Le conseil municipal examine chaque année les comptes du maire. Il donne en outre son avis sur les questions relatives au culte et à la bienfaisance. Les séances des conseils municipaux ne sont pas publiques. Les délibérations se prennent à la majorité des voix. Elles sont inscrites, par ordre chronologique, dans un registre coté et paraphé par le sous-préfet et sont signées par tous les conseillers présents à la séance. Les délibérations sont contrôlées par l'administration préfectorale.

1840 : Elections d'une moitié de conseillés. Le Préfet reconduit Vincent ROZO.

1843 : Elections d'une moitié de conseillés. Le Préfet reconduit Vincent ROZO qui décède le 19 mars 1844. Son adjoint René Marie Simon assure l'intérim de mars à mai 1844, date des prochaines élections. Sur son acte de décès, on peut lire que sa fonction de maire a été inscrite par son adjoint.

 ROZO Vincent marie décès

Pierre LE DOUARIN :  [1/07/1806 - 14/02/1854 ] Laboureur - 5/1844 – 8/1848

Pierre LE DOUARIN est nommé par le Préfet et signe ses premiers actes dès mai 1844. Il nait en 1806 au village de Gressignan, il se marie le 7/10/1828 avec Marie COURET et décèdera au village de Gouavert en 1854.

1846 Elections municipales en 1846 pour la moitié des conseillers. Pierre LE DOUARIN est reconduit par la Préfet.

 

Révolution de 1848 -  2° République 1848-1852 - Second Empire : 1852-1870

La II° République est proclamée le le 25 févier 1848. Le décret du 3 juillet 1848 ordonne le renouvellement intégral de tous les conseils municipaux. Pour voter, il faut avoir 21 ans et être domicilié depuis au moins six mois dans la commune. Pour être élu conseiller, il faut avoir 25 ans et être domicilié dans la commune ou, à défaut, y payer des impôts. Les dimanches 30 juillet et 6 août 1848 ont lieu les premières élections municipales au suffrage universel. Le maire et l'adjoint ne sont plus nommés par le préfet mais choisis par le conseil municipal et pris en son sein.

1848 Revolution

Mathurin LE DOUARIN 8/1848 – 5/1871 - [6/01/1803 - 2/05/1871] Laboureur - Ozon

1848 Après les élections d'août 1848,  Mathurin LE DOUARIN  est élu par le Conseil Municipal. C'est le demi-frère de Pierre LE DOUARIN, l'ancien maire.

Que sait-on de lui ?

Il nait le 17 nivôse de l’An XI, soit le 6 janvier 1803 à Séné comme nous l'indique son acte de naissance. Son père est sa famille sont laboureurs au village d'Auzon.

Au cours de son mandat, un fait divers tragique nous rappelle qu'il y avait un moulin à vent à Cadouarn. On peut lire sur cet article que le jeune Félix Terrrien, dont l'acte de décès figure bien au régistre de Séné, a succombé à ses blessures en jouant près du moulin de Cadouarn en ce mois de juin 1851.

LE DOUARIN 1851 06 26 MOULIN CANO ENFANT

Mathruin LE DOUARIN restera maire pendant la très courte II° République [24/02/1848 - 2/12/1852]. Il sera maire de Séné lorqu''est organisée la première élection du Président de la République au suffrage universel direct. Louis Napoléon Bonaparte est élu lors du scrutin des 10 et 11 décembre 1848 dès le premier tour. Mathruin LE DOUARIN restera maire de Séné pendant toute la durée du Second Empire proclamée le 2 décembre 1852.

1852 2d Empire haussman

1851 Les élections municipales de 1851 ont été ajournées. La loi du 7 juillet 1852 ordonne le renouvellement intégral de tous les conseils municipaux. Le maire et l'adjoint ne sont plus élus par le conseil municipal mais nommés par le préfet qui peut les choisir en dehors du conseil municipal. La Deuxième République avait fait des maires et adjoints des représentants du peuple, ils redeviennent des fonctionnaires, des agents de l'Etat. En les nommant, le régime entend mieux les contrôler et les soumettre à son autorité.

1852 Les élections municipales ont lieu en août 1852. Dans les communes qui comptent moins de 2500 habitants, le scrutin se déroule sur une journée, un dimanche. Les conseillers municipaux sont élus au suffrage universel. Chaque conseiller jure, en levant la main droite, d'être fidèle au président et d'obéir à la Constitution.

La loi sur l’organisation municipale du 5 mai 1855 abroge la loi du 21 mars 1831, le décret du 3 juillet 1848 et la loi du 7 juillet 1852. Dans les communes de moins de 3000 habitants, le maire et l’adjoint sont nommés par le préfet, au nom de l’empereur. Ils doivent avoir au moins 25 ans et être inscrits, dans la commune, au rôle de l’une des quatre contributions directes, c’est-à-dire qu’ils doivent être imposables. Ils ne perçoivent aucune rémunération. Le maire et l’adjoint peuvent être pris en dehors du conseil municipal. Ils sont nommés pour cinq ans.

Les conseillers municipaux sont élus au suffrage universel. Ils doivent avoir au moins 25 ans. Les conseils municipaux sont renouvelés intégralement tous les cinq ans. Les élections municipales se font au scrutin de liste. Il s'ensuit des élection à l'été 1855.

1855 : nouvelles élections

1860 : nouvelles élections

1865 : nouvelles élections : 

En novembre 1870, après la défaite de Sedan et la proclamation de la III° République, Pierre Marie LAURENT, petit-fils de Hyacinthe Laurent lui succède.

Mathurin LE DOUARIN décèdera Séné au village d'Ozon le 28/05/1871.

 

 

Quand il accède au poste de maire en 1907, lors des élections partielles qui suivirent le décès de l'ancien maire Louis LAURENT, Joseph LE MOUELLIC ne savait pas que son mandat durerait 12 ans...

Comme d'autres maires de Séné, il n'était pas natif de la commune mais de Saint-Aignan près de Pontivy où il nait en 1866, au sein d'une famille de laboureurs. Sa fiche de matricule nous indique qu'il fit sa conscription en novembre 1887 pendant trois ans, au terme de laquelle il devint caporal instructeur, après avoir fait l'Ecole Militaire des Andelys.

Son acte de naissance mentionne la date de son mariage, à Theix, le 10/09/1901 avec Marie Cécile LE CORNO. Sur son acte de mariage, on lit sa profession de brigadier de gendarmerie en poste à Elven. Il a 34 ans. 

Au dénombrement de 1906, il vit au Poulfanc en Séné avec sa femme et deux enfants nés à Elven en 1902 et à Vannes en 1904. L'examen des actes de naissance de ses enfants indique qu'il est toujours brigadier.de gendarmerie. Par contre, le dénombrement de 1906 reproduit ci-dessous, nous indique qu'arrivé à Séné, il s'emploie au négoce de cidre. La famille emploie une jeune domestique, Mlle ROZO.

3R LE MOUELLIC famille 1906

Joseph LE MOUELLIC a donc quitté la gendarmerie. Cette information est indiiquée dans sa fiche de matricule. Il est mis à la retraite proportionnelle le 12/05/1903. L'acte de naissance de son 2° garçon en 1904 mentionne bien qu'il quitté la gendarmerie et vit rue Saint Nicolas à Vannes.

3R LE MOUELLIC 1904 Retraite

Un article daté de 1907, pendant la campagne électorale, nous donne les raisons de cette démission alors qu'il n'a que 47 ans. Joseph LE MOUELLIC a des convictions! Alors que la loi de 1905, dite de séparation de l'Eglise et de l'Etat, entre en vigueur, le brigadier Le Mouellic, catholique, ne se voyait pas expulser les "Congrégations".

3R LE MOUELLIC congrégation

  3R LE MOUELLIC brigade gendarmerie  

3R LE MOUELLEIC Cidre amateur

Il doit donc trouver une nouvelle activité pour compléter sa retraite. C'est à Séné, entre 1904 et 1906, qu'il s'établit négociant en cidre sur la route de Nantes au Poulfanc.Le Mouellic est un Sinagot fraichement installé loin du bourg et pourtant il va devenir maire !

Il bénéficiera lors de la campagne électorale du soutien affiché et revendiqué du journal L'Arvor" qui est fier d'avoir fait le maire, comme le montre cet article du dit journal.   

   3R LE MOUELLIC LARVOR 1907 08

 3R LE MOUELLIC 1907 04 SEVINN

Avec le soutien de la presse, il vient de battre au scrutin majoritaire à deux tours, Joseph SEVIN, le fils du malheureux candidat battu par Gachet et décédé dans d'étranges conditions..(Lire article sur Gachet). Séné est un "petit village" et le fils SEVIN revait-il de revanche électorale ?

En avril 1907, avec le soutien de l'Arvor, Joseph LE MOUELLIC est élu conseiller muinicpal et devient maire de Séné. Aux élections municipales des 3 et 10 mai 1908, il est réélu.

Pendant ce mandat, une nouvelle école privée voit le jour, la future Ecole Sainte-Anne comme en témoigne cet article de presse daté de 1910.

3R LE MOUELLIC 1910 09 24 Séné Ecole libre Ste Anne création

  3R LE MOUELLEIC Ecole privée

Aux élections municipales des 5 et 12 mai 1912, Joseph LEMOUELLIC est réélu.

Cet article de presse de décembre 1912 restitue quelques décisions prises en conseil municipal et l'actualité du moment.3R LE MOUELLIC 1912 12 01 Conseil municipal

Perte de bestiaux : ce point laisse à penser à une épizzotie ou bien à une calamité agricole qui sévit en 1912.

Les Grandes Noces : elles rappellent que Séné eu pendant de longues années, à l'exceptiondes années de guerre, et jusqu'aux années 30, une tradition de grandes noces accompagnées de banquet.Lire article à ce sujet.

Conseil Muncipal : On choisit les répartiteurs des impôts. On révise les listes léectorales en vue des prochaines élections de 1916. Le conseil signale le mauvais état de la digue de Bilherbon. Cette digue qui délimitait un polder de terres agricoles, reliait la pointe du Bil à La Villeneuve et protégeait des terres aujourd'hui situées tout autour de l'ile Mancel. La digue se rompit 2 fois, en 1926 et 1937. On attribue une subvention à Mme Hervé, sage femme et on prend en charge l'assurance de l'Ecole de Langle.

La quiétude de Séné va être perturbé le 1er août 1914 avec l'Appel de la Mobilisation affiché en mairie. Lire les pages consacrées aux Poilus de 14-18.

3R LE MOUELLIC Mobilisation Générale 1914

  3R LE MOUELLIC caserne Bourdonnaye

Les premières classes sont mobilisées et rejoignent leur casernes, notamment le 116°RI de Vannes ou leur dépot à Lorient. 118 soldats de Séné, natifs ou domiciliés à Séné perdront la vie au front, en mer ou à cause d'une maladie contractée pendant le service. Une trentaine de soldats sinagots seront inhumés à Séné. Il s'est agit de soldats atteints de tuberculose qui "eurent la chance" de finir leur jours chez eux.

Pendant ces années de guerre, LE MOUELLIC ne célébra que quelques noces donc celles de soldats du front rentrés au pays pour épouser leur fiancées.

En 1916, le Gouvenement reporte sine die les élections. Joseph LE MOUELLIC, ne récule pas devant ses responsabilités. Il est reconduit en tant que maire de Séné.

Le glas a du sonner plusieurs fois au clocher de l'église de Saint Patern. Les registres des décès ont recueillis les détails sur les disparitions des soldats morts au front. Actes de décès signés de Joseph LE MOUELLIC. Comment parvenait l'information aux familles ?

En fin de son dernier mandat, Joseph LE MOUELLIC qui avait célébré tant de mariages mémorables, avait inhumé tant de poilus "Morts pour la France" aura a célébrer le premier centenaire attesté à Séné, le sieur François QUESTER qui fêta en avril 1919 ces 100 ans. Lire article dédié.

3R LE MOUELLIC famille Le Petit Poulfanc 1931

Retiré des affaires municipales, Joseph LE MOUELLIC continua avec ces enfants son négoce de cidre et il s'éteignit le 16 septembre 1933 au Poulfanc. Au dénombrement de 1931, on peut voir que sa fidèle domestique Mlle ROZO est toujours à son service.

 

 

 

 

 

 

Histoire des maires de Séné sous la III° République.

Le maire tel que nous le connaissons aujourd’hui est le résultat d’une lente « maturation » législative. Au fil du temps, son mandat s’est allongé en même temps que ses fonctions ont évolué de simple administrateur local, relais du Préfet et de l’Etat à celui de véritable élu local autonome.

Aujourd’hui, un maire est avant tout un urbaniste qui adopte un Plan Local d’Urbanisme. Le « PLU » est la loi « fondamentale » locale qui sert de fil conducteur à l’action municipale. L’autre rôle important du maire est d’être un animateur local en charge du « vivre ensemble » au travers des associations subventionnées et des services publics locaux dédiés à l’enfance, à la jeunesse et aux seniors.

Bien sûr, il reste un aménageur qui décide des équipements et des investissements dans les réseaux.

Hier, les chemins vicinaux puis l’adduction d’eau potable, puis l’électrification et l’assainissement. Aujourd’hui l’ADSL et la fibre optique.

Avant guerre les premières écoles, la premières mairies, puis viendront les équipements sportifs et culturels…

A la révolution, il s’est substitué au clergé pour gérer l’état civil et avec l’instauration du suffrage universel, les premières listes électorales, et avec le service militaire, les listes de conscrits. Il a reçu des pouvoirs de police pour nommer, hier, un garde champêtre et aujourd’hui gérer un effectif de policiers municipaux.

Avec l'essor de l'intercommunalité, son périmètre d'action va encore évoluer...

3R République

A partir des registres d’état civil, des dénombrements et de la presse d’époque que peut-on apprendre sur les maires de Séné de la III° République ?

Un tas de choses sur les péripéties de la vie municipale à Séné. Je vous laisse les découvrir. Lire également les articles consacrés à Jean Marie GACHET, Joseph LE MOUELLIC à Ferdinant ROBERT.

 

LISTE DES MAIRES DE SENE pendant la III° République 1870 - 1945

Pierre Marie LAURENT :1870 - 1871 et de 1876-1881 - Laboureur [20/10/1836 - Kernipitur - 7/04/1886 Vannes]

Séné compte 2702 habitants en 1871.

Vincent Pierre LE GALLES : 1871 -1876 - Cultivateur [3/09/1821 Cariel - 3/05/1893 Cadouarn]

Séné compte 2849 habitants en 1876.

François SURZUR :1881-1894 - Gendarme en retraite - Propriétaire [29/11/1813 Surzur - 18/01/1896 Séné]

Séné compte 2918 habitants en 1891.

 Jean Marie LE REBOURS : 1894 1896 - Cultivateur [3/03/1836 Cariel - 6/09/1896 Cariel ]

Séné compte 2703 habitants en 1896.

Jean Marie GACHET : 1896 - 1901 - Meunier [7/05/1836 Saint Nolff - 19*/03/1901 Séné]

Séné compte 2742 habitants en 1901.

 Louis LAURENT : 1901 - 1907 - Cultivateur [4/04/1863 - Kernipitur - 1/03/1907 Kernipitur]

Séné compte 2860 habitants en 1906.

Joseph LE MOUELLIC : 1907 - 1919 - Négociant en cidre, ancien brigadier de gendarmerie

[30/11/1866 Saint Aignan Pontivy - 16/09/1933 Poulfanc]

Séné compte 2820 habitants en 1911 et 2440 après la 1ère guerre mondiale en 1921..

Ferdinand ROBERT : 1919 - 1928 - Retraité des Douanes [23/01/1850 Quiberon - 30/03/1937 Moustérian]

Séné compte 2540 habitants en 1924.

Patern LE CORVEC : 1928 - 1929 - Serrurier - Commerçant [8/02/1880 Bourg -   ]

Henri MENARD : 1929 - 1941 et 1944 - 1945 - Cuisinier, Hotelier [20/05/1887 Caen - 20/01/1946 Villers sur Marne ]

Séné compte 2091 habitants en 1936.

René FAYET : 1941 - 1944 - Ingénieur - Ancien Combattant [21/01/1888 Brest - 29/11/1967 Séné ]

Séné compte 2029 habitants en 1946.

 

La 3° République commence après la défaite de Napoléon III à Sedan et s’achève à la Libération en 1944.

Après la proclamation de la République le 4 septembre 1870, succède le Gouvernement de Défense Nationale. Cependant, la période révolutionnaire de la « Commune de Paris » oblige les Autorités à organiser des élections municipales qui ont lieu en novembre 1870, alors même que la guerre continue et que le siège de Paris par les Prussiens a commencé. Le décret du 24 septembre 1870, donne aux préfets de la III° République le soin de nommer les maires parmi les conseillers municipaux élus.

1870

A Séné, en novembre 1870, LAURENT Pierre Marie est nommé par la Préfet et succède à Mathrurin LE DOUARIN maire en poste depuis 22 ans, soit depuis la Révolution de 1848 !

En pleines négociations d’armistice avec la Prusse, la République naissante cherche ses institutions. L'Assemblée élue à Bordeaux en février 1871 discute rapidement un projet de loi municipale. La loi du 4 avril 1871 prévoit que les maires (sauf dans les grandes villes) seront élus pour 3 ans par les conseils municipaux et non plus nommés par les préfets.

1871
Aux élections municipales des 30 avril et 15 mai 1871, LE GALLES Vincent Pierre est élu maire pour 3 ans. Il va construire une mairie et une nouvelle église.

Vincent LE GALLES [3/09/1821 – 3/05/1893] est né à Cariel au sein d’une famille d’agriculteurs. Il restera célibataire jusqu’à son décès à Cadouarn en 1893. Son foyer est recensé au dénombrement de 1886. Il vit entouré de 3 domestiques.

3R LE GALLES famille

"En 1871, un nouveau cimetière est créé, qui libère un vaste espace autour de l'église. Le conseil de la fabrique (instance de gestion des biens de l'église à Séné), autour du recteur François Jourdan et du maire Vincent Pierre Le Gallès, est d'accord pour ébaucher un projet de reconstruction." (Source Camille Rollando). 

Selon le rapport du 9 novembre 1873, la première mairie de Séné est batie pour la somme de 9.000 frcs. (Source Emile MORIN). Elle était sise à l'emplacement de l'actuelle salle des fêtes.

Le 24 mai 1873, les députés retirent leur confiance à Adolphe Thiers. Les Royalistes portent au pourvoir le maréchal Mac-Mahon. La loi du 20 janiver 1874 redonne au pouvoir le droit de nommer tous les maires, sans obligation de les choisir parmi les conseillers municipaux. Les majorités au parlement vacillent. Les élections municipales, fixées au mois d’avril 1874, sont reportées à l’automne 1874 et les préfets sont invités à « changer autant de maires qu’ils le jugeront utile ».

En juillet 1874 le premier projet de nouvelle église proposé par l'architecte du département Maigné est rejeté par le conseil.(Source Camille Rolando).


1874
Aux élections municipales des 22 et 29 novembre 1874, LE GALLES Vincent Pierre est réélu.

En 1876, le second projet de nouvelle église porté par l'architecte du Fretay est approuvé mais n'aboutit pas.

Le 5 mai 1876, une circulaire ministérielle prescrit le retour des maires évincés en 1874. En attendant le vote d’une loi définitive, les députés annulent celle de 1874 et rétablissent la loi d’avril 1871. La loi du 12 août 1876 rétablit des élections des maires et adjoints dans toutes les communes sauf les chefs-lieux de département, arrondissement, cantons où ils étaient nommés par le Président de la République et choisis dans le conseil municipal.
Les prochaines élections normalement prévues en novembre 1877 seront repoussées à janvier 1878.

En 1877 la maire démolit l'ancienne église. (Source camille Rollando). En août 1877, l'architecte parisien Deperthe, contacté par le recteur Georges Le Buon, propose à l'évêché un nouveau projet. En décembre 1877 le marché est conclu.

1878
Aux élections municipales des 6 et 13 janvier 1878 LAURENT Pierre Marie est élu pour 3 ans.

Pierre Marie LAURENT [20/10/1836 Kernipitur – 7/04/1886 Vannes], tient sa "revanche" électorale. Il avait été nommé en 1870 comme maire. Cette fois, il est élu au sein du conseil municipal.
La famille Laurent est établie depuis plusieurs générations à Kernipitur. Son grand-père Hyacinthe Laurent a été maire de Séné pendant la restauration de septembre 1815 à avril 1824. L'acte de naissance de Pierre Marie nous indique qu'il nait lui aussi à la ferme de Kernipitur. Au dénombrement de 1886, on note que que la famille Laurent semble aisée avec sous son toit, 3 domestiques et le filleul. 

3R Laurent veuve Le Floch famille 1886

 

En mars 1878, a lieu la pose de la première pierre de la nouvelle église.

Le 30 janvier 1879 le président mis en minorité démissionne. Jules Grévy est nommé Président de la République par l'Assemblée Nationale (Sénat et Chambre des Députés).

1881
Aux élections municipales du 23 Mai 1881, le candidat républicain, François SURZUR est élu.

François SURZUR n'est pas natif de Séné mais de ...Surzur au sein d'une famille de laboureurs. Son acte de mariage avec Marguerite Langle à Séné en 1844 nous indique qu'il est alors gendarme à Bignan. Il sera maire de Séné pendant 13 ans ! Au dénombrement de 1886, la famille de François SURZUR est établie à Séné. M. le maire est à la retraite de gendarme, sa femme est ménagère et le foyer loge la belle-mère, un "gagiste" et un domestique.

3R SURZUR François Famille 1886

En juillet de 1881, l'usine chimique de la Garenne, anciennement les Ets La Gilardaie, devenus la société Ouizille, cessent leurs activités, comme nous le rapporte cet article de presse.

3R SURZUR 1881 07 08 Dissolution usine varech

Cette activité de production de potasse et d'iode à partir du varech récolté en mer avait fait la prospérité du quartier de la Garenne et Kerarden. On avait aménagé une cale à La Garenne pour faciliter l'activité de l'entreprise.

Pendant son premier mandat de maire, la loi du 28 mars 1882 introduit l’élection des maires et des adjoints par le conseil municipal (sauf pour Paris, le maire ne sera élu qu’à partir de 1977). Le mandat est fixé à quatre ans.

La loi du 5 avril 1884 sera la la loi dite « la grande charte républicaine de la liberté municipale » qui constitua une véritable charte de l’organisation municipale dont plusieurs éléments existent encore aujourd’hui. Cette loi affirme le principe de l’élection des maires par le conseil municipal et reconnaît l’autonomie communale. L’article 61 de la loi précise : « Le conseil municipal règle par ses délibérations les affaires de la commune ». Communes et départements acquièrent ainsi le statut de collectivité territoriale. De plus, la loi du 5 avril 1884 favorisa la construction de mairies-écoles. Les communes doivent désormais fournir le logement des maîtres et le matériel scolaire. Les crucifix disparaissent des locaux scolaires.

1884 - 1888 - 1892 

En 1884, aux élections municipales des 4 et 11 mai, ces nouvelles dispositions entrent en vigueur. A Séné François SURZUR est réélu pour 4 ans. Aux élections municipales des 6 et 13 mai 1882, François SURZUR est à nouveau réélu.

En septembre 1887, a lieu la consécration de la nouvelle église par l'évêque, le recteur Georges Le Buon en présence du maire François Suzur et de l'architecte Desperthes (Source Emile Morin).

3R SURZUR Eglise bourg

    3R Surzur Tombe

Aux élections municipales des 1er et 8 mai 1892, François SURZUR est réélu pour son 4° mandat. En France c'est la ras de marée du camp républicain qui contrôle les 2/3 des municipalités.

1896 Surzur necro

Cependant, il tombe malade et décède le 18/01/1896. Etrangement, sa tombe existe toujours au cimetière communal. En fin mandat, il est remplacé par son adjoint, en janvier 1894.

Jean Marie LE REBOURS.[3/03/1836 Cariel - 6/9/1896] 

Durant son mandat,la cale de Barrarach est construite. Cet aménagement rendra de nombreux services aux Sinagots et permettra l'essor des "petits" passeurs.

La cale de Barrarach : Eléments d'historique (Inventaire région Bretagne)
Datation(s) principale(s) : 4e quart 19e siècle
Datation(s) en années : 1895
Justification de la (des) datation(s) : daté par source
Commentaire historique : Un rapport des Ponts et Chaussées de 1885 signale l´existence à la Pointe de Barrarac´h d´une mauvaise cale en pierres sèches construite par les habitants. Deux inscrits maritimes assurent la traversée et entretiennent sommairement l´ouvrage pour le passage des piétons de la presqu´île de Séné vers l´île de Conleau et Vannes.

En 1895, la cale est entièrement remaniée et restaurée pour une dépense totale de 3 900 francs, dont les deux tiers financés par l'Etat, 1 000 francs par le département et 300 francs par la commune, et prend alors sa forme actuelle. En 1968, afin de permettre le chargement du fret vers l´île d´Arz, le service des Ponts-et-Chaussées construit une nouvelle infrastructure quelques dizaines de mètres plus à l´est, et abandonne cette cale.

Source photo Emile MORIN

3R LE REBOURS Barrarach


1896 - 1900

1901 Jean Marie GACHET maire

Aux élections municipales des 3 et 10 mai 1896, Jean Marie GACHET, est élu. Natif de Saint Nolff, meunier au moulin de Cantizac, Gachet gagne la confiance des Sinagots. Il est réélu au cours d'une campagne électorale singulière face au trésorier buraliste Mathurin SEVIN Lire article qui lui est consacré. 

Au niveau national, en 1900, on dénombre 24 832 municipalités républicaines, 153 nationalistes, 8 519 conservatrices. Les républicains gagnent plus de 1 000 municipalités. A Paris, la tendance est inverse puisque les nationalistes dominent. A Séné également puisque la liste Gachet est réélue.

http://www.wiki-sene.fr/histoire-de-sene/chroniques/item/388-gachet-sevin-adversaires-jusqu-a-la-mort-1901.html

Cependant, Jean Marie GACHET décède le 19 mars 1901. Son adjoint ALLAIRE assure l'intérim de mars à mai 1901. Lors de ce scrutin partiel, Louis LAURENT, fils de l’ancien maire, Pierre Marie LAURENT, remplace Jean Marie GACHET pour les 3 ans restant.

Louis LAURENT est installé à Kernipitur avec sa famille de 5 enfants qui emploie deux garçons de ferme et un domestique.

3R aurent Kernipitur Famille 1901b

Cet article de presse nous livre la composition du conseil municipal élu dès le premier tour. Elle permet de se rendre compte que la liste balaye les principales professions à Séné. Sur 21 noms, il y a 7 cultivateurs, un charpentier, deux propriétaires (fonciers), un marchand de sel et un paludier, un boulanger, un courtier en bestiaux, deux marins dont un retraité et un maître de cabotage. Le fils du maire décédé, Jean Marie Désiré GACHET a rejoint la liste conservatrice.

3R LAURENT election 1904

Sous son mandat, le conseil municipal refuse l'ouverture d'une école publique de filles. Le Prefet passe outre et l'école ouvre à Moustérian comme nous l'indique cet article de presse d'octobre 1902.

3R LAURENT Ecole filles Moustérian

1904 - 1907

En décembre 1904, une loi attribue à la municipalité le service des pompes funèbres : transport du corps, fourniture du cercueil, des tentures et du personnel chargé de l’inhumation : les attributions civiles du curé étant définitivement supprimées. Les seules ressources de la municipalité sont les impôts locaux, directs ou indirects : centimes additionnels, taxes… Restent les subventions du conseil général ou de l’État. Le maire dénombre les habitants, les électeurs, les conscrits, les étrangers et les pigeons-voyageurs…

(Source http://blisetborn.free.fr).

Sous la mandat de LAURENT est réalisé la cale au Badel.

3R LAURENT 1904 Badel adjudication  

3R LAURENT Badel

Aux élections municipales des 1er et 8 mai 1904, Louis LAURENT est réélu. Cependant il décède en mars 1907 tout comme son conseiller Vincent Marie ROZO. Selon le journal L'Arvor, plus de 2.000 personnes assistèrent à leurs funérailles!

3R Laurent funerailles 1907 avril

 
3R Laurent Rozo décédés 1907

Une élection partielle a lieu et l'ancien gendarme, Joseph LE MOUELLIC est élu le 14 avril 1907.

En 1906, entre en vigueur la loi de séparation de l’Église et de l’État.

Pendant l'intérim assuré semble-t-il par l'adjoint Patern SIMON, eu lieu l'inhumation au cimetière de Séné du marin LE DORIOL tué lors de la catastrophe du IENA.

1907 - 1908 - 1912 -1916 

Aux élections municipales des 3 et 10 mai 1908, Joseph MOUELLIC  est réélu pour la première fois. Le négociant de cidre qu'il est devenu, installé au Poulfanc le sera une deuxième fois aux élections du 5 et 12 mai 1912. Il sera le maire des Sinagots et des Sinagotes pendant toute la durée de la Première Guerre Mondiale. En 1916, les élections municpales n'ont pas lieu et les maires sont reconduits. Après l'armistice, les nouvelles élections sont anticipés en novembre 1919.

En août 1910 est inauguré l'école primaire laïque rue Principale au bourg, bâtiment occupé aujourd'hui par l'ecomusée. Lire article sur LE MOUELLIC Joseph.

1919 - 1925 - 1929

A peine sortie de 4 ans de guerre, le pouvoir s'attache a revoir les règles des élections. La loi du 18/10/1919 fixe un calendrier des élections municipales, cantonales et sénatoriales. Les conseils municipaux seront élus jusqu’en mai 1925. Les scrutins sont fixés pour les 30 novembre et 7 décembre 1919

Ferdinand ROBERT est élu pour 6 ans. Le brigadier des douanes en retraite à Moustérian avait déjà affronté LE MOUELLIC en 1912. Il sera réélu aux élections les 3 et 10 mai 1925 pour un mandat ramené à 4 ans Cependant, Ferdinand ROBERT démissionne en 1928 sans doute pour des raisons de santé

1928

Une élection partielle est organisée en 1928 et Patern LE CORVEC est élu pour un an.

Patern LE CORVEC connait bien la vie municipale à Séné. Il est né à Séné le 8/02/1880 et il déclare à ses 20 ans sur sa fiche de matricule la profession de serrurier. Malgré sa classe, il sera mobilisé lors de la campagne contre l'Allemagne en 1917 et 1918. Voisin des SEVIN, il se marie le 15/11/1904 avec la fille du regreté candidat radical, Mathurin SEVIN, noyé à Cantizac.  Sa femme devient épicière et lui cabaretier. Il a pour beau-frère, Jospeh SEVIN, candidat malheureux contre le maire LE MOUELLIC aux élections partielles de 1907.

Par ailleurs, comme nous l'indique le dénombrement de 1906, il a vécu près de la soeur de l'ancien maire Vincent LE GALLES, C'est tout naturellement qu'il figure sur la liste de Ferdinand ROBERT et après la démission de ROBERT, qu'il est élu maire. 

3R LE CORVEC 1906 SEVIN famille Bourg

Nous disposons d'une photo de Patern LE CORVEC qui assiste comme de nombreux convives aux noces mémorables de Xavier LE PENRU et Lucienne BENOIT le 2 septembre 1930.

3R LE CORVEC noces

En 1928, Patern LE CORVEC inaugure la nouvelle mairie voulu par son prédécesseur. Soucieux des marins de la presqu'île il fait réaliser avec ses propres deniers une petite digue dite "Pont Corvec" qui relie le village de cariel à la cale du Badel, toutjours visible de nos jours.

3R LE CORVEC Badel Cariel

A l'approche des prochaines élections en 1929, le legislateur qui a "vu les avantages" d'un mandat de 6 ans entre 1919 et 1925, porte la durée d'un mandat de maire à 6 ans, durée toujours en vigueur de nos jours.

1929 : Henri MENARD, un maire moderne à Séné

Le nom d'Henni MENARD apparait dans le livre de Camille ROLLANDO "Séné d'Hier et Aujourd'h'ui ". On lit également son nom en bas des actes de décès sur le régistre d'état civil de Séné. Il y a bien eu un maire au nom de Henri MENARD, dont la patronyme ne sonne pourtant pas breton...

On en déduit qu'il remporte les élections du 5 et 12 mai 1929 et est élu pour un mandat porté à 6 ans. Il sera réélu en 1935, lors des élection des 5 et 12 mai comme en témoigne cet article de presse. Il s'est entouré de l'ancien maire Patern LE CORVEC.

3R MEANRD 1935 réélectionUn autre article de presse des archives du Morbihan daté de juillet 1932 permet de mieux identifier notre "homme"..

3R MENARD maire hotel 1932

On y apprend que le marie de Séné est bien Henri MENARD, qu'il est aussi propriétaire de l'hotel du Commerce et de l'Epée à Vannes rue du Mené. C'est une personnalité locale, un notable qui accueille dans son établissement la cérémonie pour le départ du Prefet.

Cette information est corroborée par un autre article de presse daté de juillet 1937 qu nous apprend que l'hotelier a fait faillite et nous donne le nom de son épouse Germaine Louise BRIARD.

3R MENARD Briard faillite 1934

Tout laisse à penser que Henri MENARD vivait à Vannes, puisque son nom n'apparait pas dans les dénombrement de Séné de 1926. La consultation des registres du dénombrement à Vannes pour 1926 (ici reproduit) et 1931 nous en donne la confirmation.

3R Menard 1926 Vannes

La consultation des archives du Calvados permet de retrouver l'acte de naissance de Henri MENARD et sa fiche de matricule. Il nait à Caen le 20 mai 1887 et son père est cuisinier. Sa fiche de matricule classe 1907 nous apprend qu'il choisit égalment le métier de cuisinier qui le conduira à devenir hotelier.

On y lit qu'à l'âge d'accomplir sa conscription est vit à New-York !

3R MENARD New York Cuisinier 1907

Henri MENARD s'est donc lancé dans l'hotellerie ce qui le conduira à la tête de l'hotel du Commerce et de l'Epée à Vannes.

3R MENARD Hotel

Cet établissement à quelques pas de la mairie de Vannes est sans doute un lieu où les notables du département se réunissent. Il a certainement tissé des liens avec des "électeurs sénatoriaux" du Morbihan. Comment est-il arrivé à briguer le mandat de maire de Séné ? Il est certain que cette aura locale séduira les agriculteurs, les marins pêcheurs et la majorité des électeurs de Séné puis qu'ils voteront majoritairement pour lui à 2 reprises.

L'annuaire téléphonique de 1932 nous indique qu'il réside bien à Séné au château de Saint-Laurent.

3R MENARD tlépéhone 1932

Cependant, Henri MENARD ne saura pas concilier vie publique et bonne gestion d'un hôtel. Il est en faillite en 1937. Sa femme demande une séparation de bien et son acte de naissance mentionne un 2° mariage. Si il n'est pas heureux pour sa propre union, en tant que maire il en célèbre d'autres et notamment, il marie en 1930 Xavier LE PENRU à Louis BENOIT et pose pour une photo lors de ces noces mémorables.

3R MENARD Noces Le Penru

1930 mairie Menard

Ces quelques articles de presse donnent un aperçu de l'action d'Henri MENARD pendant ces années d'entre deux guerre. Le premier nous indique de la mairtie de Séné, décidé par Ferdinand ROBERT en 1924 sera inauguré en 1930 et que cette même année la fée électricité arrive à Séné; le second relate un meeting aérien à l'hippodrome de Cano; le troisième nous décrit la fête de Séné en août 1932 et le tdernier montre que Henri Ménard avait soin de faire rayonner sa commune avec par exemple l'organisation d'une conférence agricole en février 1937.

3R MENARD electricite et mairie

1930 mairie employe Menard

Sur cette photo datée de 1930 [Collection J. Danielo] l'ensemble des employés municpaux posent aux côtés du maire Henri MENARD, deuxième en partant de la gauche.

3R MENARD 1931 Aviation

3R MENARD fete Séné aout 1932

  3R MENARD Conférence Agricole février 1934

En mars 1933, Henri MENARD est promu Chevalier de la Légion d'Honneur.

1933 Menard Legion Honneur

Au mérite aussi de la municipalité dirigé par Henri Ménard, la poursuite de l'électrification, comme nous le rappelle Camille Rollando : "Tout d'abord l'électrification du village 'de Montsarrac) vers 1934. Jusque là, l'éclairage se faisait à l abougie, la lampe "pigeon" et les lampes à pétrole (à pied ou à suspension). Tout à basculé d'un seul coup. Il suffisait de tourner un bouton et tout resplendissait". 

Au cours de  1937 a lieu la deuxième rupture de la digue Lorois. Les terres autour de l'ile Mancel sont innodées. Le temps de réfléchir à sa reconstruction et se fut la guerre. A la Libération, le projet ne sera pas repris.

Durant la magistrature de Henri MENARD, la route vers Vannes passant sur la digue de Cantizac est construite (Source Emile MORIN).

1940 Etat FrançaisLeMatin 11juillet1940

Le 3 septembre 1939, la France déclare la guerre à l'Allemagne qui vient d'envahir la Pologne....

Le 26 septembre 1939, le gouvernement Daladier substitue, par décret, l’autorité du préfet à celle du maire. En novembre, il dissout les conseils municipaux communistes et révoque leur maire. Un an plus tard, le gouvernement dirigé par le maréchal Pétain, modifie autoritairement les institutions et décide, le 16 novembre 1940, que les maires seront nommés dans les communes de plus de 2 000 habitants et qu’ils choisiront eux-mêmes leurs conseillers municipaux, confirmés ensuite par le préfet. Séné est concerné par ce retour au système de 1815…

C’est en 1942 qu’une indemnité est accordée au maire, indemnité réclamée depuis 1891 par les socialistes.  A Séné,le Préfet du Morbihan choisit René François FAYET, né à Brest le 21/01/1888.

1941 Maire FAYET

C'est un ancien combattant de la grande Guerre, ingénieur de fomation, cité pour son courage pendant la campagne contre l'Allemagne. Il finira ces jours à Séné, le 29/11/1967. Sa nomination fait réagir les Sinagots. Dans son ouvrage, "Les maires du Morbihan" (1929-1959), le professeur Christophe RIVIERE écrit :

'Lorsque l’on analyse la carrière politique des maires nommés sous Vichy, on peut constater que 29,56 % de ces derniers sont révoqués ou démissionnent avant la fin de leur mandat. Il est intéressant de relever ici que parfois, les populations contestent la légitimité de ces notables imposés par Vichy et réaffirment leur soutien aux élus désignés par le suffrage universel. Par exemple, à Séné, dans l’arrondissement de Vannes, Henri Ménard, maire radical élu en 1929, est remplacé sur ordre de la préfecture en mars 1941. L’installation de son successeur, René Fayet se passe mal car, lors de la première séance, 4 conseillers municipaux émissionnent en protestant contre la façon dont les nouvelles nominations ont été faites. L’ensemble du Conseil municipal, à majorité radicale, est en effet remanié au profit d’une très nette majorité de républicains URD. Un article du Nouvelliste de Bretagne souligne même que des groupes de Synagots se rassemblent pour exprimer leur mécontentement."

En 1944 à la Libération, Henri MENARD est rétabli dans ses fonctions. Il finira par quitter le Morbihan et finira ces jours à Villers sur Marne le 20/01/1946.

A suivre : Les maires de Séné depuis la Libération.

 

Depuis la Révolutiion, 35 maires se sont succédés pour des mandats plus ou moins longs et des fortunes diverses....

Sous la III° République à cheval entre le XIX° siècle et le XX°siècle, le maire de Séné était Jean Marie GACHET, premier magistrat de 1896 à 1901.

Jean Marie GACHET est né à Saint Nolff le 7 mai 1836 où son père tient le Moulin de Quaradec. Il se marie avec Marie Louise MARTIN et vient s'établir à Séné où il reprend le moulin de Cantizac, pratiquement détruit par un incendie. Gachet reconstruit le moulin et l'équipe d'une chaudière à vapeur dans la maisonnette attenante. Ainsi, le moulin n'est plus tributaire des marées, d'autant que l'étang de Cantizac commence à s'envaser....

Son fils aîné, Jean Marie Désirée nait à Cantizac en 1867 et on peut ainsi dater son arrivée au bord du Golfe à cette époque. A la mort de son père, il reprendra un temps le moulin mais fera faillite en 1907.

GACHET Extrait 1836

Moudre la farine des cultivateurs de Séné; produire la farine de sarrasin; écraser le grain pour les bestiaux; ces activités permettent à GACHET de tisser des liens avec les cultivateurs, les éleveurs, les boulangers et la population de Séné.

La famille GACHET ne vit pas au moulin, la maisonnette sert de chaufferie, mais sa famille est installée à Keravelo comme nous l'indique le dénombrement de 1896 et emploie trois domestiques.

GACHET Keravelo famille 1896

Les affaires tournent bien et la famille a déménagé au bourg comme nous le rapporte le dénombrement de 1901. Elle a acquis des terrains à la Fabrique de Séné (paroisse) et a fait bâtir une belle demeure toujours visible place Coffornic.

Gachet maison Coffornic

GACHET famille 1901

Son moulin construit sur la digue de Cantizac est un raccourci pour aller à Vannes, emprunté par grand nombre des administrés.

Aux élections municipales de du 3 et 10 mai 1896, Jean Marie GACHET se lance dans les municipales. Son frère cadet Mathruin [10/12/1844-31/12/1880] n'a-t-il pas été maire de Saint-Nolff  de 1878 à son décès ? Candidat sur la liste conservatrice, il est élu maire pour 4 ans. Pendant ce mandat, GACHET réalise de nombreux travaux largement subventionnés par le Conseil Génréal du Morbihan. C'est fort justement que M. le maire met en avant son bilan dans la presse en mai 1900, à la veille des élections où il brigue un second mandat. (Article complet enpièce jointe)

GACHET Travaux 1er mandat

Avec la réparation et l'élargissement de la chaussée de Cantizac, il change la physionomie de Séné. Peu à peu, ce nouvel axe va être privilégié dans la relation avec Vannes au détriment de la route historique qui passe par le Pont d'Argent, Keravelo, Kernipitur et sa croix pour descendre la rue de Séné (actuelle rue Monseigneur Tréhiou) vers le port de Vannes. On le lit, Gachet s'attache à améliorer la voirie de Séné mais également à pouvoir en eau les villages de la commune et soigne ses électeurs pêcheurs qui constituent la majorité de la population de Séné.

Le candidat de l'autre camp est Mathurin SEVIN, trésorier buraliste. Lui non plus n'est pas natif de Séné mais d'Arradon où il nait le 21/12/1838, son père est cordonnier. Le dénombrement de 1896 nous présente sa famille. Il est marié et a deux enfants et l'aîné est étudiant, chose remarquable pour l'époque. Lui aussi de part ses fonctions est au contact avec la population de Séné.

GACHET Sevin famille 1896

Mathurin SEVIN a un curriculum vitae pour défendre le camp radical et républicain. Ancien Soldat, SEVIN a participé à la conquête ratée du Mexique par Napoléon III. Il devint gendarme en poste à Cléguérec où ses enfants naîtront. Il fut mis à la retraite anticipée comme on peut le lire dans cet extrait de journal pour avoir participé à une réunion républicaine en civil!

3R GACHET SEVIN nécrologie

Les deux candidats sont en fait "étrangers" à la commune pour reprendre un terme méprisant aujourd'hui mais utilisé à l'époque....Séné montrera dans l'histoire sa capacité à élire à plusieurs reprises un maire non natif de la commune....

Un bon clivage gauche-droite se met en place entre un entrepreneur et un employé. Le duel électoral s'intensifie avec le concours de la presse. L'Arvor soutien Gachet et le Progrès du Morbihan, Sevin. Ces coupures de presse d'époque nous montrent que le combat est rude et tous les coups semblent permis pour égratigner la réputation et nuire à son adversaire. Les lois de diffamation viendront plus tard. Le contexte national de l'Affaire Dreyffus exacerbe le débat local.(Lire l'article en vitrine)

 GACHET SEVIN Instit   GACHET Sevin fonctionnaire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au terme d'une campagne intense, Jean Marie GACHET est élu au premier tour de ce scrutin majoritaire à deux tours. Certains de ces co-listiers sont en ballotage.

GACHET élection ballotage

3R GACHET entre deux tours

Mathurin SEVIN ne sera pas maire de Séné, mais l'histoire ne s'arrête pas là. Jean Marie GACHET décède la première année de son second mandat le 19 mars 1901. Son adjoint Joseph ALLAIRE assure un intérim comme le montre les actes de décès signés sur le registre de l'état civil. Aux élections partielles de mai 1901, Louis LAURENT, fils de l'ancien maire, Pierre Marie LAURENT, cultivateur à Kernipitur est élu maire, sur sa liste un certain Jean Marie Désirée GACHET, le fils du meunier et maire.

En décembre de cette même année 1901, un fait divers tragique, clos définitivement le combat GACHET-SEVIN.

3R GACHET SEVIN décès 1901 12 04

GACHET Sevin mort noyade

Selon cette coupure de presse et son acte de décès, on comprend que l'ancien gendarme, devenu buraliste, a réussi à acheter des concessions d'huîtres. Mathurin SEVIN, alors âgé de 61 ans, sort dans la nuit du dimanche 1er décembre 1901 et se dirige vers Cantizac où il possède une cabane depuis laquelle il surveille sa concession.

A une heure tardive, un individu ivre lui demande de l'aider à passer sur Vannes sur la pointe de Rosvellec. SEVIN le monte sur sa barque et tous les deux tombent à l'eau. Le soudard s'en tirera sain et sauf mais SEVIN se noye. Sa femme deviendra ostréicultrice pour subvenir au foyer. 

Mais l'histoire ne s'arrête pas là son fils et sa fille continueront le combat de leur père.....

Revenir àla page sur les maires de Séné sous la III° république :

http://www.wiki-sene.fr/histoire-de-sene/chroniques/item/389-les-maires-de-sene-sous-la-iii-republique.html

 

 

 

Les archives en ligne du Morbihan permettent de mener des recherches dans la presse d'avant guerre qui a été numérisée. Le choix judicieux de mot clef permet de retrouver des articles de presse parlant de l'actualité de Séné.

Ainsi, en tappant le mot "POULFANC", très corrélé à notre commune, et avec un peu de patiente et d'attention, ont peut tomber sur des articles de presse comme celui-ci, daté du 22 novembre 1921.

MARTIN Batignolles obsèques

Mlle Martin suppose une jeune fille non encore mariée; le Poulfanc sous-tend qu'elle habitait sans doute au Poulfanc à Séné; la catastrophe des Batignolles nous indqiue que la demoiselle Martin est morte lors de cet accident ferrovière.

Qui était Mlle Martin, comment a-t-elle disparu et qu'allait-elle faire à Paris ?

L'article de presse nous conduit à vérifier son inhumation à la paroisse de saint Patern de Vannes. Le registre nous indique qu'une certaine Anastasie MARTIN décédée le 6/10/1921 a été inhumée le 17/10/1921 à Saint-Patern. 12 jours d'écart, le temps de rappatrier le corps.. Son père s'appelle Louis Martin et sa mère Marie DUVAL. Le registre mentionne que la personne est âgée de 22 ans, soit une année de naissance en 1899.

Le courrier de Pontivy dans son édition du 9 octobre 1921 annonce cette terrible catastrophe qui s'est produite le 5 octobre 1921. Les informations concordent.

MARTIN 1921 10 09 Courrier Pontivy

La consultation méthodique du dénombrement de 1921 permet d'identifier un certain Louis Marie MARTIN établi comme aubergiste au Poulfanc à Séné.

MARTIN Famille Le Poulfanc Aubergiste 1921

On n'y voit point de Anastasie mais une Marie Ange née à La Trinité Surzur. La consultation des registres de naissance de cette commune permet d'identifier le nom de sa mère.

MARTIN Marie Ange 1901 Extrait

Il s'agit de Marie Françoise DUVAL. Il pourrait s'agir de la bonne famille car le patronyme "Duval" n'est pas très commun en Bretagne. Cette Marie Ange est née en 1901. S'agirait-il de la soeur cadette de la victime? On poursuit la consultation des registres de naissance pour décourvir une Anastasie née en 1899!

 MARTIN Marie ANASTAZIE 1899

Ainsi Marie Anastasie MARTIN, fille de Louis Marie MARTIN (Sulniac 5/02/1866) et de Marie Françoise DUVAL (11/06/1872 Surzur) est née à La Trinité Surzur le 28/03/1899, a vécu à Séné au Poulfanc et est décédée lors de la catastrophe des Batignolles le 5 octobre 1921, officiellement le 6 octobre 1921.

Ces parents, tous deux cultivateurs au village de Kerbossen en Surzur,  s'étaient unis à Surzur le 9/05/1894 où leur fille aînée est née le 5/10/1894. La petite Joséphine apparait au dénombrement de 1911 à Séné. Anastasie et Marie Ange ainsi que leur père n'y figurent pas. Leur mère décède le 8 juin 1913 à l'hôpital mlixte 1 rue de la Loi à Vannes et son décès sera retranscrit sur Séné.

MARTIN DUVAL Françoise Cabaretière 1911

On ne retrouve pas les Martin au dénombrement de 1906. La famille s'est sans doute établie au Poulfanc entre 1906 et 1911 comme caberetière et aubergiste comme l'indique les autres dénombrements.

Quand Louis Marie MARTIN perd sa fille Marie Anastasie, il est déjà veuf depuis 1913. Il mariera à Séné ses deux autres filles, Joséphine, le 20/01/1920 avec un certain Louis Marie PERRIGAUD, gendarme et Marie Ange, le 8/10/1929 avec Ange Marie RIDAN, pêcheur au village du Ranquin.

On le retrouve encore au dénombrement de 1926, vivant seul et aubergiste au Poulfanc. Il tenait l'auberge de la Villambois, aujourd'hui, le bar le Suroit..

MARTIN famille 1926

Qu'allait faire Anastasie MARTIN à Paris en ce mois d'octobre 1921 ?

Allait-elle voir un parent établit en région parisienne ? Est-elle allé chercher du travail en région parisienne ? Allait-elle voir son fiancé ?

Son extrait d'acte de décès communiqué par la ville de Paris nous éclaire un peu.

MARTIN Marie Anastasie MORT

Sa lecture est difficile, mais on arrive à lire que Marie Anastasie MARTIN est déclarée décédée le 13 octobre par des employés du 2 Quai de l'Archevéché à Paris. Il y avait à l'époque une morgue derrière la cathédrale Notre Dame. Fermée avant guerre, elle semble donc avoir été réouverte pour héberger les corps de la catastrophe des Batignolles.

MARTIN La morgue 1913

On apprend de son acte de décès, que Marie MARTIN exerçait la profession de lingère et résidait au 2 rue de la Station à Puteaux. Elle rentrait donc chez elle ce mercredi 5 octobre 1921, sans doute après son travail de lingère quelque part dans Paris....

MARTIN Puteau rue Station

Les articles de presse nous indiquent que le train n°332 de 17H48 au départ de Saint-Lazare pour Versailles Rive Droite a été tamponné sous le tunnel par le train n°253 qui se dirigeait vers la gare de Moulineaux (aujourd'hui la ligne de tram-way T2). Cependant ces deux lignes passaient par Puteaux, si bien qu'on ne sait dans quel train Anastasie MARTIN était montée.

La catastrophe des Batignolles aura un grand retentissement en France. Des obsèques nationales auront lieu à Paris.

MARTIN Obsèques Notre dame   MARTIN 1921 Le Petit Illustré

 

 MARTIN cata 1

MARTIN cata 2

Comme le relate très bien l'article du Ouest Eclair en pièce jointe, un train au départ de la gare Saint-Lazare s'est immobilisé sur la voie dans le tunnel pour réparer une rupture d'accouplement. Un second train a emprunté la même voie et a tamponné le train à l'arrêt et crevé la réserve de gaz qui allimente l'éclairage du train. On dénombra une trentaine de morts dont un enfant et Marie Anastasie MARTIN, domiciliée à Séné.

MARTIN Batignolles Verdict

Le procès aboutira à inculper deux employées des cheimns de fers. Les autorités décideront d'éliminer des trains la présence de gaz et on décidera de supprimer le tunnel des Batignolles. Encore aujourd'hui, on peut voir en contre-bas de la rue de l'Europe les voix de chemins de fer à l'air libre partant de la gare Saint-Lazare.

MARTIN tranchée Batignolles DPS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Page 22 sur 37