Histoire Tome 1
- Epiceries, marchés et grande distribution 3/3
- Epicières à Séné dans l'entre deux guerres 2/3
- Epiceries, merceries, rouenneries 1/3
- Séné, fleurs, floriculteurs, fleuristes, flore
- Le SUROIT, un bicentenaire au Poulfanc
- Restaurants & hotels sinagots
- Les moulins Sinagots, par l'Abbé LE ROCH
- Histoire des bouchers à Séné
- Le moulin de Cantizac
- Séné et ses moulins
- On cultivait autrefois la vigne à Séné? par l'Abbé Joseph LE ROCH
- Histoire de boulangers au bourg
- Histoires de boulangers à Cariel
- Histoire de boulangers à Cadouarn
- Histoire de boulangers à Kerarden
- Histoire de boulangers au Poulfanc
- Le choux de Séné...et de Lorient
A la lecture des articles sur les boulangers, on comprend qu'il s'est agit de la première profession de commerçant bien structurée dans les villages et le bourg de Séné. Ensuite viendront les bouchers charcutiers. Les deux premiers volets de ces articles consacrés aux épiceries ont montré que Séné comptait avec des marchands de toiles, les rouenneries, ancêtres des voileries modernes et des merceries apportant tout le nécesaire aux nombreuses couturières de la paroisse. Epiceries, merceries sont d''abord une activité de femmes, parfois des soeurs associées, une femme veuve en situation d'attente, des femme âgés en complément de retraite. Ces commerces se transmettaient souvent au sein de la famille. Ce monde du "petit commerce" va être bouleversé par le développement de la grande distribution.
Avant la guerre, Pascaline LERAY [2/4/1898-23/12/1977], mariée à François LE DOUARIN, rachète l'épicerie "Janvier" à la famille Robino. Sur cette photo, elle porte la coiffe devant son commerce.
Dans les années 1950, elle refait la façade de son épicerie et accueille la première pompe à essence au bourg (lire Histoire de Pascaline LERAY et l'Histoire des garagistes).
Vers 1948, les soeurs QUESTER reprennent l'autre épicerie du bourg tenue par les soeurs SAVARY, qui était située près du forgeron DAUBER et de l'église. Elles sont pointées lors du dénombrement de 1962. Elles resteront épicières jusqu'en 1986.
Au village de Langle, dans les années 1960, Marguerite LE BARO, déjà épicière avant guerre, aidée de sa vieille tante Marie Louise LE GREGAM, tient l'épicerie située au 17 rue de Langle. "Les dernières années, l'épicerie était à l'enseigne SPAR" se souvient L. Le Doridour. "Elle cessera son activité au cours de l'année 1985. Elle y proposait de la mercerie, des fruits et des légumes, du vin," rajoute le Sinagot fin connaisseur de sa presqu'île.
Pendant quelques années, la rue de Langle comptait avec le café-épicerie "Chez Lucie" fermée vers 1955. Au 1 rue de Bellevue, la Café de la Pointe fut aussi un temps café-épicerie, tenu par Alice JACOB. Il ferma vers 1958. Tout comme l'épicerie de Margot toujours à Bellevue fermée vers 1963. L'arrivée des tournées des camions dépiciers ambulant a sans doute contribué à la réduction du nombre de cafés-épcieries.
Au village de Cadouarn, au 44 rue du Moulin, Marie LE FRANC, couturière en 1936, crée son épicerie-café en 1937 qu'elle tiendra jusqu'en jusqu'en 1972. "La partie à gauche de la maison, qu'elle détenait de sa mère, fut réhaussée d'un étage au début des années 1950 à l'emplacement d'un appentis. C'était son habitation et à droite son commerce de plain-pied" se souvient L. Le Doridour. Ensuite cette habitation restera comme café-débit de boissons.
Toujours à Cadouarn, Armanda LE GREGAM contina quelques années sa petite épicerie au n°3 rue des Algues. Noëmie DANET tenait une peite mercerie à Langle. Sur la presqu'île des femmes de pêcheurs étaient aussi des vendeuses de coquillages ou de crevettes, comme Célestine DANET ou Marie LE DORIDOUR.
Au bourg, Pascaline LE RAY part en semi-retraite. Elle cède l'épicerie du bourg mais conserve la vente de carburant. La pompe est déplacées rue de Bel-Air en face son logement. L'épicerie est reprise par Marius COSTA et Jocelyne JUBIN, épiciers charcutiers, puis Odette BRIERE.
A côté de ces "vraies" épiceries, pour rendre service à une population clairsemée dans ses villages, Séné compte encore avec des cafés-épiceries. En 1962, un café-épicerie à Kérarden est tenu par Mme LE DERF-M. Le GALLIC, à Montsarrac M. GIANNERINI tenait un café-épicerie; un autre à Kergrippe par M.QUESTER-Mme LE BIDRE; un autre encore à Cadouarn par M. LE MEITOUR.
Ce tissus d'épiceries et de café-épiciers etait complété par les tournées des commerçants des environs. Jean Richard se souvient : "à cette époque, la magasin de l'enseigne rennaise, l'Economique, située rue Saint-Vincent de Vannes, faisait des tournées avec une camionette dans le bourg et les villages de Séné".
Dans le film réalisé par Bernard MOISAN en 1964, on voit route de Nantes, une camionette COOP proposer son épicerie aux habitants.
Il y avait pour autant route de Nantes, à quelques pas de la station ANTAR, une épicerie qui deviendra ensuite un bar. A cet emplacement on trouve aujourd'hui le bâtiment Pôle Emploi. Non loin de là, la famille CORBEL-LE ROCH tenait son restaurant-bar-épicerie mitoyen de la station ESSO.
Un grand changement intervient en mai 1976. Séné accueille son premier supermarché à l'enseigne Intermarché. La patron du groupement, Jean-Pierre LE ROCH, a des liens familiaux avec la famille Corbel-Le-Roch qui tenait l'épicerie-auberge route de Nantes. Son cousin, Michel PENEL, qui deviendra conseiller municipal à Séné, est alors le directeur du magasin bien située entre la Route de Nantes et la rue du Verger, à l'emplacement du dépot de carburants de Pedrono.
En 1982, la Zone d'Activité du Poulfanc voit le jour. Le supermarché Intermarché déménage et accroit sa surface de ventes. A ses côtés les autres enseignes du groupement renforcent l'offre commerciale. On reconnait sur la photo aérienne daté d'avril 1985, à gauche, la construction de l'hotel du Rohu avec ses terrains de tennis. Le petite cube abrite le premier restaurant Restaumarché. Le long de l'avenue de Gelpolsheim, on devine l'emplacement de la station service.
Au bourg, Bernard SERAZIN reprend l'épicerie de Pascaline LERAY en 1972. Fin 1974, il démolit la vieille épicerie Janvier-Robino-Leray. Entre les mois de janvier et mai 1975, il reconstruit l'habitation telle qu'elle est encore aujourd'hui.. Dès 1974, il dispose d'un camion Peugeot rallongé avec une ouverture latérale.
"Je faisais des tournées et disposait dans mon camion, un Peugeot rallongé, pour la vente d'épicerie, de viande et de crèmerie. Une large offre pour me distinguer de mes concurrents. Car je n'étais pas seul pour visiter les villages de Séné. Il y avait le charcutier Le Magueresse de Vannes; le Familistère de la rue Thiers et la camion "L'Economique" de la rue Saint-Vincent. Je me suis gagné ma clientèle. J'avais une tournée du Bourg vers Montsarrac et une autre du bourg vers Port-Anna. Parmi mes clients, des clientes, pêcheuses à pied et je devais caler mes tournées sur les heures de la marée. Si la pêche avait été bonne, elles m'achètaient beaucoup. A partir de 1983, pendant la saison estivale, mon épouse tenait une épicerie à Sarzeau. Au total nous employons 25 personnes sur deux magasins. J'ai arrêté l'activité en 1993."
L'épicerie de M. SERAZIN résiste au développement de la grande distribution au Poulfanc. Elle adopte un temps le nom de SUPER MAG 56 pour contrer la création d'un centre comercial au bourg de Séné. Puis en juin 1989, l'enseigne VIVAL. L'activité cessera en 1993. De ces années à battre la campagne sinagotes, ce natif de Saint-Marcel, restera épris de notre commune. Il s'est installé à Port-Anna à la retraite. Son ancienne épicerie sera occupée par des restaurants successifs avant d'accuillir une agence immobilière.
L'arrivée de la Grande Distribution:
Séné, comme la France entière n'échappe pas au développement de la Grande Distribution. En février 1988, le nouveau Centre commercial des Lilas est créé place Penhoët à Séné. En octobre 1988, l'enseigne COMOD ouvre son magasin. Vers 1990, le centre commercial accueillera la boulangerie de Claude GERGAUD de Cariel et pendant quelques temps une poissonnerie.
Au Poulfanc, route de Nantes, à l'emplacement même de l'ancien Intermarché. le groupement Les Mousquetaires ouvre en juin 1993, un magasin de hard discount NETTO.
Son concurrent allemand, n'est pas en reste. Profitant d'une législation accomodante, l'enseigne de hard-discount, LIDL ouvre un magasin presque mitoyenne du NETTO en janvier 1994.
En lisière de Séné, un nouveau centre commercial est crée à Vannes dans le quartier de Tohannic qui accueile l'enseigne CHAMPION.
A la suite du rapprochement des Comptoirs Modernes avec le groupe Carrefour, le supermarché COMOD au bourg adopte l'enseigne SHOPI.
Plus tard, le groupe Carrefour, qui a fusionné avec son concurrent Promodès, rationnalise le nom de ses enseignes. Le supermarché Champion de Tohannic adopte le nom respectif de CARREFOUR Market et le SHOPI de Séné bourg prend le nom CARREFOUR contact en octobre 2011.
Le développement des commerces continue au Poulfanc, sur un axe très passant. En juin 2003, au Parc de Rohu, Route de Nantes, l'enseigne de produits surgelés PICARD ouvre un magasin à Séné.
Entre mai 2013 et avril 2014, Séné a compté même avec un U-DRIVE de l'enseigne SUPER-U.
En mai 2022, un nouveau supermarché "hard-discount" de l'enseigne allemande ALDI s'intalle route de Nantes dans l'extension de la ZAC du Poulfanc, dites Les Quais de Séné. Séné comptait alors 3 discouters: NETTO, LIDL et ALDI.
Les nouvelles formes de consommation:
En 2018, de nouvelles cellules commerciales sont disponibles au pied des nouveaux immeubles du quartier "Coeur de Poulfanc". Patrick RENARD ouvre un magasin spécialisé dans les produits surgelés BIO, LE RENARD GIVRE. Un bail sans doute élevé, l'absence de parking font que l'entreprise ferme au bout de 18 mois. A l'automne 2021, il sera remplacé par l'agence de la Caisse d'Epargne qui déménage du bourg vers la Route de Nantes.
Surfant sur l'engoument du "manger local", plusieurs agriculteurs et artisans ouvrent en 2019, l'enseigne LE LOCAL BIO au n°7 de la rue d'Alsace après avoir été un temps situé rue d'Irlande.
La zone d'activité du Poulfanc ne cessera de s'agrandir pour accueillir de nouveaux commerces. En avril 2017, un nouveau projet commercial "Les Quais de Séné" accueille ses premières enseignes dans de nouvelles cellules commerciales.
Ces dernières années des "épicerie" d'un nouveau genre se sont établies à Séné au Poulfanc,. Courant 2020, DAY by DAY avait ouvert près de la Banque populaire et proposait des produits en vrac, sans emballages, une nouvelle manière plus "écolo" de remplir ses placards. En janvier 2023, ce magasin fermait au Poulfanc.
Au 3 rue de Lorraine, en face les ateliers d'Emmaüs, la COOP des VENETES propose une nouvelle manière de consommer.
Depuis novembre 2022, Le Cellier d'Alba offre un choix d'épicerie fine sur la place Penhouët au bourg.
Pour autant, comme un peu partout ailleurs, l'essor des grandes surfaces a fatigué une part des consommateurs. Si des camions-magasins visitaient les villages de Séné après guerre, Séné a-t-elle accueilli des marchands ambulants qui dressaient leur étals sur la place du bourg? C'est à la rentrée 1995, qu'un marché extérieur voit ou revoit le jour à Séné. Il se tient Place Floresti. En avril 1998, on compte une édition le vendredi matin et le dimanche matin.
Le 30 avril 1999 a lieu le premier marché avec ses exposants proposant des produits BIO, le vendredi en fin d'après-midi.
A partir de 2003, une association est fondée et gère ce marché BIO désormais situé Place de l'Eglise.
En janvier 2023, la marché BIo de Séné fêtait un peu à l'avance ces 25 ans.
Demain, le nouveau quartier "Coeur de Poulfanc" forte de ses nouvelles populations pourrait accueillir Route de Nantes, un nouveau marché, à quelques pas de la Maison des Habitants?
5 Les épiceries à Séné dans l'entre deux guerres : (sources : dénombrements de 1921, 1926, 1931 et 1936)
Aux villages de Langle et Cadouarn
On retrouve à Cadouarn Marie Michelle SAVARY et son épicerie en 1921 et 1926. En 1931 et 1926 ses deux soeurs Anne et Perrine lui succèdent dans un commerce au bourg, "fuyant" sans doute la concurrence du "clan" LE GREGAM.
En effet, à Cadouarn et Langle les 2 épiceries sont gérées par des membres de la famille Le Gregam.
En1921, les soeurs, Marie Mélanie et Marie Louise LE GREGAM tiennent le commerce de Langle où elles font sans doute de la vente de toiles et tissus couplée à de l'épicerie. Elles sont à nouveau pointées à Langle en 1931.
En 1926, à Cadouarn, Marie Vincente PIERRE, âgé de 82 ans et sa nièce, Marie Anne LE GREGAM, tiennent une épicerie et vendent également du tissus aux marins pêcheurs et aux coutières.
En 1931, elle sont rejointes par leur petite nièce, Armanda Marie Josépèphe LE GREGAM encore présente avec sa tante en 1936.
En 1936, leur parente Marguerite LE BARO a repris l'épicerie de Langle à ses tantes. Elle est épaulée par ses cousines Marie LE GREGAM (née en 1878) et Marie Louise LE GREGAM (née en 1887). Marguerite conservera après guerre l'épicerie qui était située au 14 rue de Langle.
Vraisemblablement, il n'y a eu qu'une épicerie à Langle que les épicières de la famille PIERRE-LE GRGRAM-LE BARO ont occupé.
Au village du Ranquin :
Angèle NOBLANC; âgée de 58 ans, déjà pointée lors du dénombrement de 1901, a reouvert une épicerie en 1926.
Au village de Cariel :
Il dispose d'une boulangerie; on retrouve l'épicerie de Marie Françoise JOUANGUY en 1921.
En 1926, Marie Françoise JOUANGUY, âgée de 69 ans est épaulée par sa fille Mélanie JOUANGUY.
En 1936 Mme JOUANGUY est établie sur la village de Langle et n'est plus épicière.
Au village de Montsarrac :
Les soeurs Jeanne Marie LE GREGAM et Marie Louise LE GREGAM, cousines des Noblanc et LE GREGAM, sont épicières en 1921.
Au bourg de Séné :
En 1921, la vieille épicière Jeanne Louise JOUAN, âgée de 66 ans, célibataire, est encore épicière et s'occupe de sa petite nièce.
La famille Robino-Janvier a tissé sa toile. Jean Marie ROBINO est boucher; sa soeur Jeanne Marie ROBINO, dite "tante Bélie", est restauratrice, épaulée par une enfant de l'asssistance, Jeanne Suzanne BAUDERO; elle a logé le peintre André Mériel-Bussy. Son autre soeur, Anne Marie Françoise ROBINO, veuve de Guillaume JANVIER, âgée de 55 ans, épaulée d'une enfant de l'assistance, Madeleine LAURE, gère l'épicerie du bourg.
Cette situation perdure au bourg de Séné comme nous l'indique le dénombrement de 1926. Sur la photo ci-dessus, on reconnait devant l"épicerie "Janvier", le maire Ferdinant ROBERT qui porte un chapeau melon; un douanier reconnaissable à son uniforme avec une double rangée de boutons et bien sûr les commerçantes sur le perron et à la fenêtre. En 1937, l'épicerie "Janvier" sera reprise par Pascaline LE RAY.
En 1931 et 1936, les soeurs SAVARY sont épicières au bourg. Après guerre, leur commerce sera repris par les soeurs QUESTER.
D'autres "paires de soeurs" vont tenir une épicerie au bourg. Les soeurs NOBLANC sont sans doute mercières au bourg en 1931, alors que leurs cousines LE GREGAM sont épicières et le resteront également en 1936.
Le bourg de Kérarden compte quelques années avec Marie Mathurine GUEGAN [8/8/1878-7/3/1957], veuve de Jean Marie LE DERF, qui est cabaretière-épicière, jusqu'à son remariage le 1/2/1927 avec Théodore Mathurin Marie NOBLANC. Sa fille, Marie Anne LE DERF, tiendra également un café-épicerie dans les années 1960.
Au nord de Séné, à la Grenouillère :
En 1921, sur la route de Nantes, la famille CORBEL, originaire de Bignan est établie comme commerçante, et tient à la fois une épicerie et une auberge. Les villages du Versa, de la Grenouillère, de Saint Laurent Limur ou la Poussinière se développent. Le passage sur la route de Nantes amène des clients à l'épiceire-auberge qui se situait à l'emplacement de l'actuel restaurant L'Entre Deux.(La position des ouvertures et de la petite cour à gauche n'a pas changé).
Ils restent fidèles au quartier de Séné où on retrouve la famille de commerçants et restaurateurs en 1926, 1931, 1936.
Pendant la guerre de 39-45, l'approvisionnement des populations sera fortement perturbé. Sous l'Occupation, comme partout ailleurs les tickets de rationnement sont instaurés. Les pêcheurs de Séné atténuent les difficultés par leur prises de poissons tout comme les cultivateurs avec leurs producitons agricoles.
Au temps jadis, dans une société à la fois paysanne et maritime, on produit localement presque tout ce dont a besoin la communauté de cultivateurs, de paludiers et de pêcheurs : le blé pour le meunier; le sarrasin pour la bouillie; les volailles pour le potage dominical; le cochon et le sel pour la charcuterie; le choux et les légumes de saison au potager; poisson frais et crevettes à volonté. Quels sont les autres besoins?
1-Les premiers épiciers de Séné...
Le dénombrement de 1841, nous indique la présence de quelques commerces. Bien sûr les boulangers, un boucher, un marchand de tabac et un marchand de fruits comme le montre l'extrait ci-dessous.
Perrine CONAN, veuve de Guillaume LE FRANC, vient de perdre son second mari Louis NICOLAS dont elle eu une fille Jeanne Marie NICOLAS. A la mort de son père, Jean Joseph CONAN, elle accueille sa mère Louise EHANNO et déclare l'activité de marchande de fruits au bourg de Séné.
Cet extrait d'un acte de mariage de 1859 entre Jean Louis LE GREGAM, maître au petit cabotage et Rosalie EVENO, nous indique que la jeune mariée et sa mère Marie Jeanne COLENO sont épicières à Séné. Tout comme Marie Françoise EVENO, sa soeur, qui se marie le même jour, avec Sylvestre NOBLANC. [Lire Histoire des Noces]
Plus de 25 ans plus tard, l'annuaire du Morbihan de 1886, nous donne les noms des commerçants établis à Séné : un boucher, des boulangers, un briquetier, des marchands de tissus pour la voile des bateaux des pêcheurs et pour les nombreuses couturières de Séné qui confectiennet les habits de tous les jours et du dimanche. On ne s'étonnera pas de la présence de deux merceries qui vendent les boutons et le fil à coudre. On décompte également 3 épiceries et un négociant.
On retrouve la famille de Paul ROBIN, au dénombrement de 1886. Le négociant vend des légumes et des engrais à la Grenouillère. Que fait cette famille originaire de Poitiers à Séné?
Au bourg, on retrouve l'épicerie tenue par Rosalie EVENO, et son mari, Jean Louis LE GREGAM, désormais maître de cabotage , aidée par deux de ses filles, Marie Louise et Marie Rose.
Marie Anne LE GALLES, la soeur de l'ancien maire, Vincent Pierre LE GALLES, est mercière épaulée dans sa tâche par deux nièces, Marie Françoise NOBLANC et Marie Julienne LE GALLES.
Le village de Cadouarn compte avec deux commerçantes. Paterne GREGAM, épicière qui vend aussi des tissus (rouennerie) aux nombreux marins pêcheurs pour la confections des voiles rouges; c'est en quelque sorte l'ancêtre des voileries actuelles. Marie Vincente PIERRE, épicière, loge sa cousine Marie Anne LE GREGAM, répertoriée en lingère mais qui pourrait également vendre des tissus comme indiqué sur l'annuaire. Marie Vincente PIERRE a arrêté la pêche suite à la noyade de son père et de sa soeur en 1865.
Comparaison de l'annuaire et du dénombrement : il reste à identifier les merceries de M. Le Franc et S. Noblanc, l'épicerie de Veuve J. Noblanc.
Cinq ans plus tard, en 1891, le dénombrement de la population pointe plusieurs commerçants. Au bourg, une marchande de tissus, Jeanne Louise JOUAN, dont le nom est déjà répertorié dans l'annuaire de1886.
Toujours au bourg, on retrouve Jean Louis LE GREGAM qui vient de perdre son épouse Rosalie EVENO et sa fille Marie Rose. Il a pris l'épicerie en main, épaulé par ses filles Marie Louise et Marie Célina.
Quelques part au bourg, sa belle-soeur Marie Françoise EVENO et son mari, Sylvestre NOBLANC tiennent un commerce. Pas très loin d'eux, Anne DANET est "revendeuse".
A Cadouarn, Paterne GREGAM, âgé de 73 ans, tient toujours son commerce de tissus avec l'aide d'une jeune domestique.
Au dénombrement de 1901, on compte 9 familles d'épiciers à Séné et chaque gros village a son épicerie. Au bourg, l'officer du dénombrement fait figurer côte à côte 3 familles de commerçants aux activités complémentaires : Jeanne Louise JOUAN, épicière ou plutôt vendeuse de tissus et rouennerie; Marie Françoise EVENO, veuve de Sylvestre NOLBLANC est mercière; L'ancien maître de cabotage Jean Louis LE GREGAM, après 10 ans en tant qu'épicier, suite au décès de son épouse, Rosalie EVENO, déclare désormais l'activité d'ostréiculteur. Ses filles Marie Louise et Marie Celina ont repris l'épicerie de leur mère.
Toujours au bourg, les soeurs COLENO, cousines des EVENO? sont aussi épicières
Encore au bourg, Julienne GUYOT est épicière, activité qui sied à cette veuve avec 4 enfants sous son toit. Son aîné, épicier, Patern LE CORVEC deviendra maire de Séné. Après guerre, ce commerce, situé place de l'Eglise, ne sera plus qu'un café.
Egalement au bourg, Pierre ALLANO et sa seconde épouse Marie Louise SAVARY sont épiciers. Il reprendront la boucherie du bourg qui se situait place de l'Eglise.
Au village du Ranquin, Angèle NOBLANC est épicière;
Au village de Cadouarn, Marie Louise JOUANGUY est épicière;
Au village de Langle, Prudence NOBLANC est épicière;
Au village de Montsarrac, Louise LE DIGABEL, épouse en seconde noce de Jean LE ROUIC, est épicière dans ce gros village de Séné, où le port et les salines font vivre de nombreuses familles.
2-L'arrivée des épiciers "professionnels" :
En 1906, au village de Langle, on retrouve Prudence NOBLANC établie comme épicière; ce village de pêcheurs compte aussi avec l'épicerie de Marie Augustine LE BLOHIC.
En remontant vers le bourg, Marie Françoise JOUANGUY est épicière à Cariel. Il s'agit de la soeur de Marie Louise JOUANGUY qui a sans doute arrêté d'être épicière au décès de son second mari, Vincent DORIOL après 5 mois de vie commune...
C'est au bourg que l'on compte pas moins de 5 épicières. On retrouve Jeanne Louise JOUAN, âgée de 53 ans et épaulée par sa nièce.
Chez les Le Gregam-Eveno, il y a du changement. Le père Jean Louis LE GREGAM, âgé de 70 ans, a la double activité d'épicier et de cultivateur. Ces filles sont devenues couturières.
Car la concurrence entre épiciers est nombreuse au bourg. Aux côtés de Patern Marie LE CORVEC et de sa femme, Jeanne Louise SEVIN, qui deviendront mareyeurs après guerre, il semble que 2 épiciers plus "professionnels" se soient établis au bourg de Séné.
Hippolyte TABARY est déjà épicier à Noyalo, losqu'il se marie avec Marie Louisa LE DUC. C'est la soeur du soldat Joseph LE DUC, natif de Séné, Mort pour la France pêndant la 1ère Guerre Mondiale. Leurs enfants naitront à Sarzeau, où déjà TABARY était épicier. Cependant, les Tabary-Le-Duc laisseront leur épicerie au bout de quelques années, face à la concurence des Janvier-Robino et iront s'installer à Vannes comme nous l'indique l'extrait de sa fiche de matricule.
3-L'arrivée des Robino-Janvier du bourg :
Lors de son mariage en 1885 avec le marin Guillaume JANVIER, Anne Marie Françoise ROBINO est boulangère chez son père, installé à Montsarrac. Elle est allée sans doute aider sa tante Marie Louise LE DIGABEL qui est aubergiste-épicière à Montsarrac.
Au alentour de 1902-1905, Les Janvier-Robino reprennent la boucherie de Mathurin ALLANO au bourg, pour y ouvrir une épicérie. Sur cette vieille photo de famille, on reconnait la deventure de l'épicerie. La maison de pierres à gauche, était la maison Simon, qui sera détruite pour laisser place à la nouvelle mairie. Sur la carte postale ci-dessous, il s'agit du commerce à gauche au premier plan, avec une devanture.
Guillaume JANVIER est natif de Kerbors dans les Côtes du Nord. Son père Guillaume était marin sur les lignes transatlantiques. Il décèdera de la variole à l'hôpital BlaksWells de New-York, alors qu'il était embarqué sur le "Pereire". Quelles raisons poussèrent le jeune Guillaume à venir sur Séné? Est-il venu régulièrement au port de Montsarrac livrer des pains de soude? On en saura plus si on trouve sa fiche d'Inscrit Maritime. Au dénombrement de 1886, la jeune famille est présente au village de Montsarrac. Guillaume est marin au long cours.
4 Les épiciers avant la Grande Guerre
Lors du dénombrement de 1911, on retrouve au bourg l'épicerie de Jeanne Louise SEVIN, épouse de Patern CORVEC qui est cabaretier. La double activité cabaretier-épicier était assez fréquente.
Toujours au bourg, Jeanne Louise JOUAN déclare l'activité d'épicière. Elle semble ne plus vendre de tissus. Cette activité de rouennerie est désormais assumée Emeline Maria Angelina NOBLANC et sa soeur Marie Françoise Anastasie NOBLANC, cousines de Marie Célina LE GREGAM et Marie Zenaïde LE GREGAM qui continuent l'épicerie familiale.
D'autres cousines, Jeanne Marie LE GREGAM et Marie Louise LE GREGAM sont aussi épicières.
Jeanne Marie LE NEZET et sa jeune soeur Marie Vincente LE NEZET sont également à la tête d'une épicerie.
On aura noté que les épiceries, merceries et rouenneries sont surtout tenues par des femmes. Jeune, veuve ou mariées, le commerce est une activité féminine. Bien que ces commerces n'aient pas a priori de fonds de valeur, à part la valeur du stock, comme pour les fours des boulangers, il y a une "transmision" au sein des familles.
Au bourg, Anne Marie ROBINO, qui a perdu son mari Guillaume JANVIER en 1906, ajoute à son activité d'épicière, celle de rouennerie, vendeuse de tissus pour les voiles des bateaux.
Enfin sur Cadouarn, Marie SAVARY est également épicière.
Bientôt va éclater la guerre. La famille BOCHE de Bilherbon verra ses 6 garçons mobilisés dont 2 mourront au combat. Leur plus jeune frère était garçon épicier à Vannes avant d'être mobilisé avec la classe 1916.