Lorsqu'on arrive au centre ville de Séné, par la rue de la Fontaine, on ne peut pas loupper la fresque murale montrant le portrait d'une mamie qui vous accueille avec son sourire chaleureux.
Le Télégramme en date du 13 avril 2017, nous raconte l'origine de cette fresque singulière inaugurée le 9 avril 2017 en présence de Luc Foucault, maire,d'Hervé Pellois, député du Morbihan, d'Anne Phelippo-Nicolas, maire adjointe en charge de la culture, et de nombreux Sinagots, et des enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants d'Ernestine MORICE.
Une autre grande photo mosaïque était visible sur le mur du rond-point qui articule la rue du Verger et la route de Nantes au Poulfanc avant l'avancée des travaux.
Pendant plusieurs mois, durant l'année passée, dans les quartiers, villages, écoles, commerces, et lors des événements associatifs, les habitants ont croisé l'un des photomatons numériques installés sur la commune et se sont photographiés. 3.400 clichés ont été ainsi collectés par Jacques Morvan, de l'association « Opération Joconde » chargée de la construction finale d'un portrait-fusion."
Mais qui était exactement Ernestine MORICE, désormais immortalisée dans cette fresque photographique?
Ernestine MOREL nait au village de Bellevue le 9 novembre 1909. Son grand-père François Marie MOREL [1849-1895] périt en mer en 1895. Son corps fut rendu par la mer au large de Saint-Pierre de Quiberon.
On ne s'étonnera pas de savoir que le père d'Ernestine, Julien Marie MOREL [21/04/1878-28/10/1956] est marin pêcheur lors de son mariage en 1901 avec Angèle Marie PIERRE [30/04/1874-26/04/1913], qui s'occupera d'une famille nombreuse comme nous l'indique le dénombrement de 1911.
Ernestine est le 4° enfant de cette famille de pêcheurs. qui est endeuillée en 1913 avec le décès de leur maman, Angèle PIERRE. Jean Marie MOREL se remariera quelques mois plus tard avec Véronique LE ROY [23/09/1899-14/07/1957] , dont il aura un 1er enfant Julien Marie avant guerre.
Pendant la Première Guerre Mondiale; Julien Marie est appelé à combattre sur le front. Il sera blessé au combat comme en témoigne sa fiche de matricule. L'ancien combattant reviendra à Séné affaibli par sa blessure.
Au sortir de la guerre, en 1918 comme l'indique le registre de l'école de Bellevue, Ernestine arrête sa scolarité et aide sa mère aux taches du foyer. L'extrait de naissance d'Ernestine nous apprend qu'en 1921, elle est "adoptée par la Nation". Le foyer perçoit ainsi une aide de l'Etat, car le père est un blessé de guerre.
Comme l'indique le dénombrement de 1926, la famille s'est aggrandie et compte 6 enfants sous le même toit. La famille a dû s'installer quelque temps sur Vannes où nait Léonie.
Ernestine, dévouée à ses frères et soeurs, attendra l'âge de 28 ans pour se marier le 1er juin 1937 avec Patern MORICE [11/04/1909-19/03/1976].
De cette union naitront deux enfants, l'aîné, Jean Jacques [2/6/1943-27/9/1990] et Marthe [26/3/1938-20/10/2008].
Le 31 décembre 1950, la chapelle de Bellevue est inaugurée et fort naturellement, le recteur Poezivara confit les clefs à Ernestine MORICE dont la maison est sise en face le nouveau lieu de culte sinagot.
Femme de matelot, mère au foyer, Ernestine travaille en saison dans une usine de sardine à Quiberon. A la retraite, lorque son fils s'installera pêcheur à Séné, elle ira vendre du poisson pour compléter ses modestes revenus. Sa petite fille se rappelle que son oncle la déposait sur une cale à l’Ile d’Arz ou sur une cale de Arradon. Elle vendait son poisson chargée sur une brouette...
En 1976, Ernestine perd son mari, Patern MORICE. Malgré une reversion de veuve, Errnestine doit se mettre à la pêche à pied pour compléter ses revenus. Elle part à marée basse sur l'estran de Langle et de Boëdic, son île préférée.
Si en semaine elle porte un petit bonnet, pour aller au marché à Vannes ou participer au club Vermeil, elle se couvre d'une belle coiffe vannetaise. Lors de la Fête de Port-Anna, elle s’endimanche et son sourire généreux retient l'attention des photographes.
En 1980 FR3 fait un reportage sur les derniers marins de Séné à l’initiative du recteur Joseph LE ROCH. C’est la seulle femme admise dans le café de Bellevue. Cette première apparition télévisuelle va faire sa renommée.
Dans les année 80, Ernestine emmène ces petites filles sur Boëdic lors de pêches à pied mémorables. La scène interpelle le photographe @Plisson qui l'immortalise à la pêche, dans son potager et la met en scène sur la barque du bateau de son fils..
Au cours de cette décennie, le très regardé magazine de FR3,Thalassa, lui consacre un reportage. La légende s'installe et Ernestine se prêtera volontiers au jeu des média sans trop rien savoir à l'époque de son "droit à l'image"...
En avril 1987, le journaliste Pierre BONTE lui consacre également un reportage dans son émission. Dans les années 80, à l'initiative de la Région Bretagne,Ernestine enregistrera également des chansons en français. En 1987, Ernestine participe à l'inauguration du foyer-logement au bourg, comme d'autres femmes vetues de la traditionnelle coiffe vannetaise.
Cette autre photographie la montre lors de la Fête de Port Anne en 1988.
En juin 1990, elle participe au fêtes du jumelage avec Donegal, comme en témoigne cette autre photographie extraite du bulletin municpal.
Ernestine MORICE en compagnie de Patern RICHARD
En septembre 1990, le décès accidentel de son fils Jean Jacques lors d’un retour de pêche, sera surmonté par l'arrivée dans la famille de son premier arrière petit-fils.
Après quelques mois d’hospitalisation, Ernestine décède le 24/10/1999 des suites de la maladie d’Alzheimer à l'hôpital de Saint-Avé.
Lors de ses obsèques, Jean Richard écrira ce petit poème en sa mémoire.
Rendue célèbre par le petit écran, elle a été photographiée de multiples fois lors d'apparitions publiques à Séné, Ernestine MORICE savait porter la coiffe vannetaise comme d'autres dames de Séné. Toutefois, son charisme, tel qu'il se ddégage des photos ou des films, et sa gentillesse ont contribué à sa célébrité locale. Elle est devenue une figure emblématique de la commune et mérite à ce titre le nom d'une rue de Séné et une fresque murale au bourg.