Portraits
- Léon TREMBLE, la mosaïste de passage à Séné
- Les Légionnaires Sinagots
- Auguste JANVIER, soldat de 14-18, Légion d'Honneur
- LE MOUSSU, Communard natif de Séné
- LE MEUT Emile, Général sinagot 1874-1949
- LE LAYEC, fils du boulanger devient Gouverneur
- LE ROY Roger 1925-2020
- Marguerite LAYEC, institutrice dévouée
- Ernestine MORICE, parcours de vie [1909-1999]
- Aimé CAPPE, instituteur libre...à bicyclette
- ALLANIOUX marin de dirigeable, 1887-1984
- François QUESTER : 1er Centenaire de Séné 1919
- Marie BENOIT, la boulangère résistante
Deux Sinagots échappent à leur exécution, 1944 2/3
Dans le cadre de l'instruction à l'encontre de Léontine LE LYONDRE épouse LAFOURNIERE, pour les faits de "Dénonciation de Patriotes à l'ennenmi", Robert MATEL fut entendu par le juge LE STRAT, en tant que témoin, le 7 décembre 1944. Tel fut sa déposition qui faisait suite au procès verbal du 10/9/1944 devant la gendarmerie.
LE TEMOIN:
Robert MATEL [24/4/1918 Lorient- 17/11/1971 La Rochelle] devient orphelin à la suite du décès de son père Julien Marie MATEL [15/8/1894 Pluvigner - 5/12/1918 Lorient]. Son père, blessé pendant la guerre a été réformé courant 1917. De retour dans ses foyers, âgé de 26 ans il se marie [date?] avec Marie Louise COUGOULAT qui lors de la naissance de son fils, déclare ne pas savoir signer. A sa mort, son père n'est pas déclaré "Mort pour la France".
Sa mère, Marie Louise COUGOULAT [trouver ses dates] se retrouve veuve avec un enfant à charge. Après l'Armistice, la vie doit être très difficile pour cette jeune mère, sans doute sans réel métier [elle ne sait pas signer]. La famille ne semble pas pour autant avoir "fait parler d'elle" avant le début de la guerre 39-45. Ainsi, plusieurs articles de presse révèlent des condamnations pour vol de Mme COUGOULAT, veuve MATEL.
Cette coupure de presse relate en janvier 1941, un vol de bouteille d'alcool par un certain Robert MATEL à Carnac. Mme Cougoulat habitait autour de Ploemel et Etel. La localisation et la rareté du nom Robert MATEL plaident pour lui attribuer ce délit.
A la veille du conflit, Robert MATEL est âgé de 26 ans, célibataire, et déclare travailler comme employé de chemin de fer à Landaul-Mendon. Comme beaucoup de Français de sa génération, il déclare avoir rejoint le maquis à l'été 1944 et appartenir au 1er Bataillon de Guer en tant que caporal. L'association des anciens résitants du Pays de Guer ne répertorie aucun résisitant au nom de Matel, mais tous n'ont pas fait reconnaitre leur actes dans la résisitance. Par ailleurs, comme il travaille sur le secteur de Landaul, on s'attend plutôt le voir au sein d'un bataillon de cette zone et non sur Guer, à l'opposé du Département. Sa participation à la résisitance reste à étayer. Ses soucis judiciaires en juin 1944 viennent discréditer son engagement dans la résistance.
En effet, à la veille de la Libération de Vannes, Robert MATEL, vient d'être condamné par le Tribunal Correctionnele de Nantes pour le vol de vélos. Que fait-il à Vannes en juillet 1944, loin de son lieu de travail? Ne devrait-il pas être en prison? Est-il en fuite?
Lors du procès, en mars 1945, il est détenu en vertu de ce jugement du Tribunal de Nantes qui le condamnait à 13 mois de prison pour avoir acheté 900 Fr un vélo volé. La peine parait aujourd'hui sévère, mais à la Libération, la pénurie de tout donne beaucoup de vlaeur au moyen de locomation qu'est le vélo. Il s'évadera de la prison mais sera repris comme le précisent ces coupures de presse de décembre 1946.
Après le procès et sa libération de prison, on perd sa trace. Son acte de naissance permet de retrouver son lieu et date de décès à La Rochelle en 1971.
SON TEMOIGNAGE:
"Je me nomme MATEL Robert, 26 ans, employé de chemin de fer, demeurant à Landaul-Mendon. Je confirme mes déclarations précédentes faites au cours des enquêtes officieuses.
1-Le dimanche 30 juillet 1944, vers midi, je me suis rendu chez dame LAFOURNIERE, tenancière du Café de la Belote, rue de Strasbourg à Vannes, pour avoir une explication avec elle et avec sa bonne. Jean LEGO m’avait dit la veille que la dame LAFOURNIERE avait vendu des patriotes.
Jean LEGO, 38 ans, est employé du Comité de Répartition des Boissons. Nous sommes en tant de geurre et de rationnement. Au sein de cet organisme il cotoie l'ensemble des débits de boissons de Vannes. Il témoignera lors du procès de Léontine LE YONDRE, épouse LAFOURNIERE. On y apprendra que sur ces indications, Robert MATEL se rend au café de 'La Belote" car selon LEGO, un cheminot lui a dit qu'on y dénonaçait les patriotes.
Je n’avais pas l’intention de l’abattre à cet endroit, chez elle, tout auprès de la gare et da la caserne allemande ; il y avait d’ailleurs un train d’Allemands en stationnement à la gare. Je voulais seulement emmener la dame LAFOURNIERE pour qu’elle soit interrogée par le Lieutenant ?
J’ai donc pris un vin blanc et j’ai laissé la dame LAFOURNIERE et sa bonne manger leur déjeuner puis j’ai demandé à la débitante de me suivre.
Simone PASCO: il s'agit de la bonne, employée de la débitante. Agée de 21 ans née le 18/1/1923 à Clermont sur Oise. Elle s'adonne parfois à de la prostitution. Elle contaminera un soldat allemand et finira à l'hôital pendant les journées du 30-31 juillet 1944. Elle en sera pas entendue lors du procès, retenue à l'hôpital de Rennes suite à son acocuchement. Son enfant nait le 5/3/1945 et décède à Mordelles le 10/8/1945.
Je lui ai dit qu’il ne faudrait pas qu’elle fasse un signe d’intelligence aux Allemands que nous rencontrerions car dans ce cas je pourrais faire usage de mon révolver. Je lui avais parlé de la pochette qui avait été trouvé en même temps qu’un papier portant la mention GICQUEL R. et je lui avais demandé ainsi qu’à sa bonne si cette pochette leur appartenait. Elles avaient toutes deux répondu négativement.
J’ai conduit la dame LAFOURNIERE au café de la Rabine, (actuellement le bar-restaurant L"Atlantique) j’ai attendu mon lieutenant LE FLOCH pendant environ 20 minutes, c'est-à-dire, plutôt que j’ai laissé la dame LAFOURNIERE dans le café pendant que j’allais chercher LE FLOCH au café des Colonies. A mon retour, j’ai dit à a débitante dans LAFOURNIERE qu’il fallait retourner chez elle pour voir à qui appartenait la pochette. De nouveau, j’ai demandé à la débitante et à sa bonne à qui appartenait cette pochette. Je supposais que le papier indiquant le nom de GICQUEL qui était joint concernait un patriote qui aurait été dénoncé. De nouveau, j’ai obtenu des réponses négatives.
J’ai alors invité la dame LA FOURNIERE à me suivre à la Madeleine, nous sommes entrés au café RUAULT. J’avais l’intention de faire interroger la dame LAFOURNIERE par mon lieutenant que je pensais trouver un peu plus loin dans le bois de Kerlhuern. Dans le café j’ai rencontré la dame RUAULT et MAHE que je ne connaissais pas encore. J’étais habitué à consommer au café RUAULT, qui était une maison de patriotes, aussi ai-je parlé à la dame RUAULT dans l’arrière cuisine, c’est sans doute ce qui a fait penser à ma prisonnière que la débit RUAULT était un débit de patriotes. C’est aussi, je suppose la raison pour laquelle la dame LAFOURNIERE a dénoncé la dame RUAULT.
Mme veuve RUAULT, né Marie Madeleine BRIERE [31/5/1891 Plescop-1/4/1952 Vannes] a épousé le 6/6/1922, Alfred François marie RUAULT dont elle a eu un fils Alfred né en 1923 qui témoignera. Veuve, elle est la tenancière du café de la Madeleine, au 46 avenue Hoche ou 4- Place de la Madeleine.
En quittant la café RUAULT, j’ai conduit la dame LAFOURNIERE dans le bois de Kerluherne ; je devais y retrouver mon lieutenant LE FLOCH. C’est pourquoi j’ai cherché dans le bois pendant un certain temps en faisant quelques détours. J’ai sorti ma mitraillette de sa cachette qui était trop près de la grande route, mais je n’en ais pas lmenacé ma prisonnière. Je l’ai seulement menacée de mon révolver. Celle-ci m’a alors affirmé qu’elle n’avait jamais vendu de patriotes et qu’elle n’avait rien fait de mal. Comme je n’avais pas d’ordre pour l’abattre, je l’ai laissé tranquille, puis je suis allé un peu plus loin pour cacher ma mitraillette dans un endroit moins exposé que celui dont je l’avais tiré.
J’ai fait une déclaration d’amour à la dame LAFOURNIERE pour avoir des relations sexuelles avec elle ; la dame LAFOURNIERE a accepté sans difficulté. C’est d’ailleurs elle qui m’en a parlé la prmeière. Elle m’a proposé également une somme d’argent sans en indiquer le chiffre mais j’ai refusé, je ne lui ai pas demandé 20.000 francs, contrairement à ce qu’elle a déclaré. Je suis revenu avec la dame LAFOURNIERE jusqu’à la Madeleine. Je suis resté route de Sainte-Anne dans un café pour attendre mon lieutenant et j’ai laissé la dame LFOURNIERE s’en aller. J’ignore ce qu’elle a fait par la suite.
Vers 18 heures, LE CAM et MAHE que j’avais rencontrés dans un café en ville, m’ont demandé si je voulais les accompagner au café de la Belote pour voir la blonde LAFOURNIERE afin de nous rendre compte « de la tête qu’elle faisait ». Aucun de nous trois n’était armé ; nous n’avions pas l’intention par conséquent de tuer la débitante. D’ailleurs nous pensions bien qu’il y avait des Allemands chez elle.
De fait, lorsque nous sommes entrés nous avons constaté que 5 Allemands se trouvaient au café de la Belote. Nous avons consommé un vin blanc chacun qui nous a été servi par la bonne mais nous n’avons pas entré ni proféré des menaces concernant la dame LFOURNIERE. A un moment donné nous nous sommes aperçus de la disparition de celle-ci. Nous avons alors réglé les consommations et nous nous sommes éloignés.
Je suis retourné au maquis de Camors tandis que mes deux camarades restaient faire la fête dans le quartier, ne se doutant pas que les gendarmes allemands étaient en train de les chercher. J’ai appris que MAHE et LE CAM avaient été arrêté peu après, près du pont de chemin de fer.
2-le lundi 31 juillet 1944 :
Le lendemain matin, je suis revenu de Camors. J’ai retrouvé en ville mon lieutenant LE FLOCH ainsi que LE LAN et son beau-frère DAGOUASSAT également patriote.
Vers 11 heures, je passais devant le café du Commerce avec DAGOUASSAT et LE LAN. LE FLOCH marchait devant nous à environ une vingtaine de mètres. A ce moment, une voiture allemande s’est arrêtée devant les marches qui conduisent à l’abattoir, auprès du garage Lambert.
Les lieux de l'arrestation : A l'époque la rue du Mené démarrait "en haut" près de la Place de la mairie et englobait donc l'actuelle rue Joseph Le Brix. A l'emplacement de l'annexe de la mairie, une ancienne conserverie REGAL avait laissé place au n°1 rue du Mené au garage Lambert & Dupré qui devint ensuite une concession Renault au n°7 rue J. Le Brix. Il y a toujours un petit escalier qui descend vers le parking en contre-bas. Sur cette photo, la façade du garage et à droite, on aperçoit la rampe de l'escalier qui descendait sur une rue qui menait tout droit vers l'ancien abattoir qui était situé à l'emplacement de l'actuel Palais des Arts.
M. LAUSDAT, représentant de matériel automobile pour le garage Lambert et Maître BROUSSEY, avoué rue Richemont, se trouvaient à l'entrée de ce garage. Mr LAUSDAT ayant assisté à la scène nous la décrit de la façon suivante:"Vers 11 heures, le 31 juillet 1944, une auto allemande se présente à notre garage. Elle est conduite par un officeir allemand, accompagné d'un adjudant. A peine a-t-elle stoppée, que ce dernier sort précipitamment de cette voiture et tire plusieurs coups de feu sur un cyclistte [Robert MATEL] descendant la rue Joseph Le Brix, celui-ci s'aperçoit du danger, se ramasse le plus possible sur son vélo et accélère pour éviter d'être touché. Vers le milieu de la rue du Mené, il reçoit une serviette de cuir, lancée par un autre allemand, qui cherche à le faire tomber. Il réussit à continuer sa route et à rejoindre la rue du Four où il fut cueilli quelques heures parès cette poursuite.
C'est à hauteur de l'hotel du Commerce et de l'Epée, qui fut tenu avant-guerre par Henri Ménard, le maire de Séné, qu'eut lieu l'arrestation des deux Sinagots, LE LAN et DAGOUASSAT.
[Retour au témoigange de Matel] Des officiers allemands sont descendus de l’auto ; presqu’immédiatement, ils ont tiré sur moi et mes camarades ainsi que sur LE FLOCH. J’ai été atteint de 4 balles dans la cuisse droite et la hanche. J’ai eu le bassin traversé. LE FLOCH a été atteint au ventre et j’ai appris qu’il était décédé peu après des suites de ses blessures ; mes deux autres camarades sont été fait prisonniers.
Le lieutenant LE FLOCH: beaucoup d'interrogations sur ce résistant.
Selon le caporal MATEL, il est son supérieur au sein de son bataillon de Guer. Les archives de la résistance du Morbihan sont disponibles sur site Mémoire des Hommes. On y trouve la liste des membres des 9 bataillons par secteur géographique. On y recence 19 résistants au nom de Le Floch avec leur date de naissance. Notre lieutenant LE FLOCH est-il un d'entre eux? Un certain Maurice LE FLOCH né le 21/5/1906, âgé de 38 ans à l'été 1944 est répertorié au sein du 9° Bataillon autour de la commune de Guer. [Vérifier son dossier au SHD de Vincennes]. A moins que le Lieutenant LE FLOCH ne soit le nom d'emprunt du résistant.
Le lieutenant Le Floch était-il présent dans la fusillade? LE LAN dit que MATEL ne trouve pas le lieutenant au rendez-vous au café de la Rabine ni au café des Colonies. MATEL lui dit que le Lieutenant Le FLOCH les précédaient rue du Mené au moment de la fusillade et fut tué. Les a-t-il rejoint?
Dans la fusillade, MATEL a-t-il vraiment blessé ou tué des Allemands? Les régistres de l'Etat Civil à Vannes ne montrent aucun soldat allemand mort le 31 juillet 1944 alors que certains sont répoertoriés lors des jourtnées du 4-5-6 août pour la Libération de Vannes.
Le Lieutenant LE FLOCH a-t-il été tué? MATEL l'affirme, comment le sait-il? Personne n'ira vérifier ce point avant le procès. On ne trouve mention d'aucun Français décédé ce jour là dans les registres. Si LE FLOCH avait été blessé et soigné dans un hôpital de la ville, il aurait eu connaissance du procès et serait venu témoigner. L'Etat Civil de Vannes indique un certain Joachim Joseph Marie Le Floch, natif de Riantec le 21/3/1903 et décédé à Vannes à l'hôpital militaire du Grador le 1/9/1944. Vérification faite auprès des archives militaires de Limoges, il n'a pas été admis le 31 juillet 1944 mais bien avant. On ne trouve aucune trace d'un décès d'un LE FLOCH sur le site Memerial GenWeb ni sur le site Mémoire des Hommes. L'assocation des anciens résitants du Pays de Guer ne répertorie aucun lieutenant LE FLOCH qui plus est, blessé ou mort à Vannes.
Lorsque l’automobile s’était arrêtée devant l’escalier de la rue de l’Abattoir, j’avais vu une femme habillée en militaire allemand en sortir puis descendre les escaliers. Cependant je n’ai pas pu distinguer très nettement ses traits puisque les Allemands m’ont visé aussitôt et que je me suis enfui à toute allure. J’ai crû que c’était la dame LAFOURNIERE sans que je puisse toutefois l’affirmer car j’ai dû m’enfuir précipitamment. [L'enquête démontrera que femme LFOURNIERE se traouvait alors à Auray]
J’ai réussi en m’enfuyant à abattre trois Allemands [abattre ou tiré sur 3 feldgendarmes ou exagération?] et j’ai atteint le quartier de la Petite Garenne où j’ai été rejoint par les militaires allemands. Ne voulant pas être fait prisonnier par eux, je me suis tiré une balle de révolver sous le menton. Auparavant, j’avais sauté dans une cour alors que je me trouvais au deuxième étage d’une maison. J’ai été fait prisonnier dans le jardin de l’hôtel du Bras d’Or. A cet endroit les Allemands m’ont frappé à diverses reprises puis ils m’ont conduit à la Feldgendarmerie rue de la Fontaine. [identifier le batiment et le n° de la rue]
Ils m’ont enfermé dans la chambre de torture où ils m’ont frappé et torturé pendant environ deux heures. La porte s’est trouvée ouverte à différents moments. J’ai vu la dame LAFOURNIERE passer dans le couloir à deux reprises différentes. Je suis certain qu’à ce moment elle m’a vu et reconnu.
Peu après la dame LAFOURNIERE a été introduite dans une autre pièce où j’avais la figure en sang ; les Allemands lui ont demandé si elleme reconnaissait pour être son agresseur de la veille. Elle a répondu sans hésitation affirmativement. Elle a ajouté que je « vendais » mon pays et qu’au contraire les Allemands défendaient la France ; Elle a dit également que je ne l’avais quand même pas tuée. J’ai ensuite été de nouveau battu et torturé pour que je donne le nom de mes camarades de maquis et de mon lieutenant mais j’ai toujours refusé de donner toute indication. J’ignore si la femme LAFOURNIERE est restée dans la salle lorque j’ai été frappé à la deuxième fois car je ne me rendais plus compte de ce qui se passait autour de moi.
Peu après, j’ai été emmené au Bois de Kerlhuern par les feldgendarmes dans une voiture automobile, il y avait trois autres voitures qui suivaient celle où je me trouvais. Les Allemands voulaient savoir où j’avais caché ma mitraillette.
Je n’ai jamais parlé aux feldgendarmes de LE ROUX ; je ne le connaissais d’ailleurs pas ; mon lieutenant n’était pas LE ROUX mais LE FLOCH. Je n’ai donc pas pu indiquer aux Allemands la ferme de Kergrains comme étant l’habitation de LE ROUX . Je n’ai pas non plus parlé de LE ROUX que je ne connaissais pas de tout, je le répète, à la dame LAFOURNIERE. La dame RUAULT connaissait LE ROUX mais c’est une bonne patriote et elle n’a certainement pas parlé de lui.
La ferme de Kergrain: la famille LE ROUX habitait au nord ouest de Vannes, au delà de l'actuelle zone Laroiseau, dans une ferme au lieu-dit Kergain non loin du bois de Kelhuerne. Marie Anne LE CAM, veuve LE ROUX, 57 ans, avait un garçon, Auguste LE ROUX né le 28/9/1917. La consultation de son dossier au SHD GR 16P 365.460, nous apprends que Auguste LE ROUX fut démobilisé à Auch le 18/8/1940. Rentré au pays, il reprend son travail d'ébéniste chez Danto Frères à Trussac Vannes. Résistant depuis le 13/10/1943, Il est dépositaire d'un dépôt d'armes et de munitions depuis décembre 1943 au 6 juin 1944. Le 6 juin est est nommé chef de groupe par le capitaine Gougaud. Il combat à Botségalo le 21/6/1944 puis prend part aux combats à Billiers le 14/9/1944 et ensuite sur le front de la Vilaine du 18/9/44 au 15/11/44. Engagé volontaire au 1er septembre 1944, affecté au 41° Régiment d'Infanterie, 3° Bataillon CA3 le 16/11/1944 après la dissolution du 1er bataillon des FFI.Démobilisé le 15/9/1945.
Le 31 juillet ; les Allemands ont obtenu de moi une seule indication : que les armes venaient de chez LE PAPE. L’adresse de LE PAPE ne m’avait pas été demandée fort heureusement d’ailleurs. C’est grâce à cela qu’ils m’ont laissé tranquille jusqu’au mercredi 2 août. A cette date, ils m’ont demandé quelle était l’adresse de LE PAPE car ils l’avaient retouvé disaient-ils et il avait avoué mais que son adresse avait été perdue et qu’ils l’avaient oubliée. Je leur ai alors répondu, qu’ils n’avaient pas besoin de chercher tant et qu’il n’y avait qu’un seul PAPE, le PAPE de Rome.
Je devais être fusillé le 4 août à heures 30 mais la ville a été délivrée quelques heures auparavant.
Lecture faite, persiste et signe approuvant la rature de treize mots nuls.
C'est par ce titre, dans son livre intitulé "1939-1945 La Wermarcht en Bro-Gwened, que Jean RICHARD nous relate l'histoire de l'épouse d'un marin sinagot qui fut assassinée en juillet 1944. Sans cet effort de mettre par écrit la mémoire de nos anciens, cette anecdote de l'Occupation aurait été oubliée...
Une femme tuée par une arme à feu, cela doit laisser des traces?
En cherchant sur le site des Archives du Morbihan avec le nom de son mari RIDAN et en se limitant au mois de juillet 1944, on trouve "bingo" un article qui rend compte de la mort de Anne Marie ALEXANDRE, femme du marin sinagot RIDAN de Kerdavid.
Il aura suffit d'un seul coup de révolver pour tuer Anne Marie ALEXANDRE épouse RIDAN, assise sur une chaise à son domicile dans le village de Kerdavid. On va en mairie chercher son acte de décès pour toujours vérifier les identités des personnes. Il nous apporte la précision sur l'heure dee l'assasssinat: 23H. Le commissaire intérimaire RUAULT fut dépêché sur les lieux. Le médecin militaire Jean Albert BLONDEAU [6/7/1876 Figeac - 4/2/1962 Vannes], ancien du 265° Régiment d'Infanterie de Vannes fit l'autopsie.
Que sait-on sur la victime?
Anne Marie ALEXANDRE [12/7/1917 Vannes - 22/7/1944 Kerdavid Séné] était la fille du couvreur puis ouvrier au télépgraphe, Léon Marie ALEXANDRE [11/4/1885 Vannes - 24/121954 Vannes]. Elle vient au monde alors que son père est mobilisé sur le front. Son père perdra son épouse Anne Joséphine GUEDO [1/11/1887 Vannes - 13/6/1939] et il se remariera le 8/3/1941 avec Marie Françoise AUDO. Elle avait une soeur, Odette ALEXANDRE, née après la démobilisation de son père. [11/5/1919-22/7/2006 Rebais-77].
Souffant de problèmes pulmonaires, son père Léon Aexandre est plusieurs fois en convalescence pendant l conflit.. Bléssé à deux reprises, il est gazé en octobre 1918. Est-ce à cause de ces années de guerre que sa fille, dans un jugement en date du 14 octobre 1930, sera "adoptée par la Nation"?[rechercher l'acte].
A l'âge de 23 ans, la jeune femme épouse un marin sinagot, Ernest Louis RIDAN [30/3/1912 Cadouarn - 10/2/1979] le 8 mai 1940 à Vannes. Il était le 3° enfant au sein d'une famille de de marins comptant 6 enfants: Ernest, 1912, Ange, 1908, Louis, 1910, Désirée, 1917, Robert, 1926, Jean André, 1929.
Ernest Louis RIDAN était décoré depuis 1937 de la Médaille d'Honneur de la Marine de Commerce. Il se remariera le 17/9/1946 à Saint-Port sur Gironde avec Odette Ida Taphanel.
Que sait-il pasé pendant l'Occupation?
Son époux, Ernest a été sans doute mobilisé en 1939, âgé de 27 ans. L'acte de mariage nous indique que lors d'une permission, le quartier maître chauffeur dans la marine vint à Vannes épouser Anne Marie ALEXANDRE. A-t-il été fait prisonnier? L'article de presse ajoute que la victime était "inscrite aux contrôles de la police des moeurs de Vannes" et avait reçue des menaces de mort. Il semble que la victime se soit donnée à de la prostitution, peut-être fréquenté les soldats allamends et doné ou divulgué par maladresse des informations sur les résistants sinagots à quelques semaines de la Libération.
Que sait-on sur l'auteur de ce réglement de compte?
Un dénommé "Bouboule" aurait tué d'un coup de révolver la traitresse de Kerdavid, le samedi 22 juillet 1944 vers 23H. Ce pseudonyme était fréquent pendant la guerre au sein des résistants. La rumeur courrait que femme Ridan allait dénoncer une quinzaine de jeunes Sinagots pour leur engagement dans la Résistance...Sur son acte de décès enregistre par René FAYET, le maire nommé par Vichy, aucune mention de sa mort violente.
Pour quelle raison en était-elle arrivé-là?
L'historien amateur qui s'intéresse à la Seconde Guerre Mondiale commence par résencer et relater les Sinagots Morts pour la France. Ensuite, il s'intéresse aux résistants bien répertoriés par le Service Historique de la Défense. Comment ne pas dès lors chercher si des Sinagots n'ont pas été déportés par les Allemands?
On se souvient de Louis et Anne Marie Enizan dont les parents étaient orginaires de Séné. A ce jour, trois autres Sinagots ont été identifiés comme déportés en Allemagne. Il s'agit de François LE RAY [23/11/1921 Vannes- 30/5/1990 Vannes], de Joseph SEVENO [4/8/1914 Séné - 28/12/1982 Concarneau]? d'Albert LE ROI [29/12/1912 - 31/5/1944 Paris] et d'Arthur GUELZEC [5/06/1914 Vannes - 21/12/1984 Séné]. Si les trois premiers furent libérés de leurs geôles allemandes par les Alliés, GUELZEC réussit à s'évader.
1-François LE RAY [23/11/1921 Vannes- 30/5/1990 Vannes],
Déportation : à la mémoire de François
Texte de Louis LE BOULICAUT, neveu de François LE RAY, paru dans le journal. L'auteur choisit de faire parler son oncle défunt en puisant dans les souvenirs des conversations qu'il eut avec lui.
Le 3 septembre 1939, à notre entrée en guerre, moi, François LE RAY, né le 23 novembre 1921 à Vannes, je vivais au Versa à Séné, chez ma mère, veuve depuis le 14 juillet 1928. Je travaillais comme plâtrier chez Botze, entrepreneur vannetais, rue du Roulage, où j’avais appris mon métier.
Pour conforter leurs installations chez nous, les ‘’Fridolins’’ entreprirent de fortifier les façades maritimes et je me suis retrouvé sur le chantier de la base sous-marine de Lorient.
Fridolin: Surnom donné aux Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale
Est venu ensuite le temps de l’application des accords franco-allemands relatifs au Service du Travail Obligatoire, le ‘’STO’’) en Allemagne. Après quelques visites de gendarmes français chez ma mère, je me suis ‘’réfugié’’ dans les fermes de la campagne vannetaise, pour échapper à ce ‘’STO’’.
Jeune inconscient, je me suis fait surprendre à Vannes le 10 décembre 1943, après le couvre-feu, par une patrouille de « Fridolins’’. Je m’étais attardé avec deux copains à l’entrée du porche donnant accès à une cour située à l’arrière de l’actuel bar-PMU de la rue du Maréchal Leclerc (ancienne rue du Roulage).
Pour m’arrêter, les ‘’Fridolins’’ m’ont coursé jusque sur le toit d’un immeuble voisin où étaient domiciliés mes deux copains. Le lendemain, mes deux copains et moi avons été transférés à Redon. Là-bas, nous avons eu à subir de nombreux interrogatoires très « musclés ». Puis ce fut le retour sur Vannes, à la prison Nazareth.
Le 13 mars 1944, on me poussait en gare de Vannes, au fond d’un wagon à bestiaux. D’instinct, je m’arrangeais pour être bloqué contre une petite ouverture, ce qui m’a permis, tout au long d’un atroce et interminable voyage, de bénéficier de l’air extérieur et de l’eau de pluie.
On nous a sortis brutalement de notre cage puante à Natzweiler et conduits à pied au camp de Struthof. Là, je suis devenu le matricule 103.479 et j’ai dû abandonner mes vêtements pour un léger pyjama rayé dans le sens vertical et deux semelles de bois munies de lanières…
C’est en mai 1945 que les Alliés ont rattrapé notre troupe de zombies, faible reliquat des déportés entrainés par les Boches fuyant Dachau à l’approche des Alliés. Les limaces et les escargots gobés pendant notre sinistre errance m’avaient permis de survivre encore une fois. Dans cet ‘’exode’’ celui qui ne suivait plus était massacré sur place et jeté en bordure du chemin.
Au Struthof, il y avait eu le froid, la boue, la neige, les degrés abrupts des escaliers à gravir ou à descendre en portant des pierres, la nourriture a minima de survie. Tout cela relevant d’une stratégie démoniaque destinée à nous briser et à nous conduire à petit feu vers la mort.
Après cette mise en condition, il y a eu, pour moi, Buchenwald, puis Dachau. J’y ai vu et subi tout ce que des cerveaux dérangés peuvent générer d’atrocités monstrueuses [..]
Toutes ces besognes étaient de notre ressort sous les coups de schlague généreusement distribués par des kapos sélectionnés parmi les droits communs les plus pervers. J’ai vu des enclos où l’on laissait mourir de faim des prisonniers soviétiques totalement privés de nourriture. J’ai vu des pendaisons et des décapitations à l’occasion de nos interminables appels quotidiens dans le froid, la boue, la neige, la chaleur, la poussière. Exécutions publiques, pour l’exemple, à la suite d’une simple esquisse de révolte ou d’une tentative de fuite. J’ai vu des phalanges tranchées, à la hache, toujours à l’occasion de nos rassemblements, pour un chapardage de nourriture, réussi ou tenté.
[..] J’ai du des réveils au petit matin, entouré de camarades morts pendant la nuit ; des injections de produits à expérimenter ; des compagnons se jetant sur les barbelés ou se précipitant vers les miradors pour trouver la délivrance par la mort ; des Boches venir en famille se promener les jours de fête devant nos barbelés. Je pourrais encore en rajouter mais est-ce vraiment nécessaire ?
Pour survivre, je me glissais le plus souvent possible, dans la corvée aux cuisines, où j’arrivais, à la dérobée, à laper dans les bidons d’eaux grasses.
J’ai retrouvé ma mère au Versa en Séné, au mois de mai 1945. J’avais 23 ans et j’étais très abîmé au moral comme au physique. Mes deux copains de la rue du Roulage ne sont jamais revenus.
Le 30 mars 1990, la grande faucheuse m’a foudroyé sur ma bicyclette rue des Quatre Frères Créa’ch à Vannes alors que j’allais, comme tous les jours, sur la tombe de mes parents, de mon épouse et de ma sœur.
Que peut-on ajouter à ce récit émouvant d'un jeune Sinagot soumis à la barbarie nazie?
François LE RAY nait au sein d'une famille originaire de Plaudren. Son père, Pierre Marie LE RAY épouse Marie MORICE, veuve de Jean Marie LE ROCH. Leur premier enfant, Marie Anne nait à Plaudren en 1911. La famille s'installe à Séné courant 1912 au Versa.
Sa fiche de matricule nous indique, que Pierre Marie LE RAY est mobilisé et blessé le 9/9/1914 à la cuisse gauche avec raccourcissement de la jambe, lors de la bataille des frontières. Passage à l'hôpital de Bourgueil puis à celui de Tours le 13/4/1915. Il sera renvoyé dans ses foyers.
La famille a acheté la maison à langle de Versa et de la route vers Bohalgo. Les ''Le Ray'' apparaissent lors des dénombrements de 1921 et 1926 établis au Versa. Ce trois pièces logent trois familles. Après guerre, il travaille à la forge de Kérino à Vannes. Il décèdera en 1928, victime du tétanos. Il laisse une veuve avec deux enfants, Marie Anne, 17 ans et François 7 ans. qui est sans doute scolarisé sur Bohalgo ou Vannes. A l'âge de travailler, François LE RAY est pris en apparentissage comme ouvrier platrier chez l'entreprise BOLZE, rue du Roulage à Vannes. Fin 1937, sa soeur ainée se marie et quitte le petit logis familial.
Quand la guerre éclate en septembre 1939, François LE RAY y travaille encore chez BOLZE. Trop jeune pour être mobilisé, il continue a travailler pendant les début de l'Occupation. La construction est à l'arrêt aussi se tourne-t-il vers Lorient, où les Allemands construisent la base de sous-marins. Son petiti-fils se rappelle qu'il réussit à voler un pistolet à un Allemand qu'il cachera dans son jardin à Séné. Quand le Gouvernement de l'Etat Français instaure le Service de Travail Obligatoire, le jeune LE RAY, ne répond pas aux autorités. Recherché par la gendarmerie, il se cache dans les fermes des alentours, à Balgan ou Bézidel. Comme il le raconta à son neveu, par maladresse, il se fait cueillir entant que réfractaires au STO. Il est arrêté lors d'une rafle rue du Roulage avec Robert GUILLO [17/02/1923 La Neuvilette 51-29/11/1944 Gotenhofen] et André EHANNO [9/06/1924 Vannes - 3/5/1945 Lübeck], déportés comme lui et non rentrés. On le soupçonne d'appartenir à un réseau de résistants et le voilà condamné à la déportation.
A son retour, il sera interrogé par la gendarmerie dans le cadre de la constitution de son dossier de déporté. Il déclarera: "Le 10 décembre 1943, vers 23 heures, je me trouvais rue du Général Leclerc à Vannes, lorsqu'au cours d'une rafle effectuée par la feldgendarmerie, j'ai été arrêté et conduit à leur bureau ru des Fontaines, d'où dans la même nuit j'ai été dirigé à la maison d'arrêt de vannes. Là, je suis resté une dizaine de jours puis transféré à Redon où après un séjour de trois semaines, j'ai été dirigé sur un camp de concentration à Natzwiller (Bas-Rhin) et par la suite sur différents camps de déportés politiques en Allemagne, notamment à Dachau. J'ai été libéré par les Américians au début de mai 1945 et je suis rentré dans ma famille le 16 du même mois. Si les Allemands ont maintenu mon arrestatin c'est je le suppose parce qu'ils ont découvert sur moi une fausse carte d'identité que je m'étais procurée pour éviter le service du travail obligatoire, auquel j'étais régulièrement astreint."
Arrêté à Vannes, il est conduit à Redon avant d'être incarcéré à la prison de Vannes du 10/1/1944 au 13/03/1944, comme l'atteste cet extrait des registre de la prison de Vannes. Il est embarqué dans un wagon à bestiaux en gare de Vannes pour Paris où le 6 avril 1944, son train redémarre vers le camp de concentration KL Natzweiler-Strudhof en Alsace à nouveau annexée au sein du III° Reich.
Après le débarquement et l'avancée des Alliés sur tous les fronts, les camps de concentrations sont peu à peu évacués vers l'intérieur de l'Allemagne. François LE RAY est évacué parès 3 mois passé dans le camp du Struthoh pour celui de Buchenvald et ensuite le camp de Dachau. Avant que les Américains n'arrivent, les Allemands fuient ce camp avec les derniers prisonniers encore valides, pour une dernière marche funèbre. Son convoi pédestre prendra fin intercepté par les Alliés.
Il revient sur Séné où il retrouve sa soeur, mariée depuis 1937 à Louis LE BOULICAUT (père), et sa mère.
Son état de santé est fragile. Cauchemars, crises de psychose, problèmes rénaux, sont répertoriés dans son carnet de santé. Il obtiendra sa carte de Déporté en 1947 n°029581 et bénéficera d'une petite pension qu'il n'essaiera pas d'améliorer malgré un état de santé précaire.
Il se marie vers 1953-54 avec Alphonsine PRONO à Ploeren. Il reprend des chantiers mais aura une vie professionnelle cahotique altérée par les séquelles de ses mois d'internement. Homme de constitution robuste, mais meurtrie par la déportation, François LE RAY vivra très chichement dans la maison familiale où il refusera l'installation de l'eau courante et l'arrivée de l'électricité, préférant sa lampe à pétrole. Il possédait un vélo pour ses déplacements. A ses heures perdues, cet ancien ouvrier du bâtiment allait chiner dans les décharges pour y récupérer des matériaux afin d'aménager son logis et son jardin. Lui et sa femme feront l'acquisition d'une mobylette qu'ils utiliseront que peu de temps;
Homme simple, solitaire et endurci par la déporation, il se confiera facilement à ses neveux quand ils eurent l'âge de comprendre, let qu'ils venaient rendre visites à leur grand-mère à Séné. Il leur racontait sa vie au camp, les sévices subis, le quotidien d'un prisonnier, les expériences faites sur les détenus et malgré tout sa chance d'en être revenu.
Il était assidu aux visites au cimetière, où reposent sa soeur et sa mère; c'est en allant à bicyclette se recueillir sur la tombe familiale qu'il décède, probablement d'une crise cardiaque, le 30 mai 1990. L'enterrement eut lieu dans l'intimité. Il fut inhumé dans la tombe familiale au cimetière de Boismoreau.
2- Joseph SEVENO [4/8/1914 Séné - 28/12/1982 Concarenau] AC 21 P 674-600
Joseph Louis Théophile SEVENO nait au bourg de Séné au début de la Première Guerre Mondiale. Son père, Vincent Marie [22/9/1878-28/7/1947] déclare alors la profession de second maître mécanicien, pour ce marin militaire engagé qui fera la Grande Guerre [voir au SHD de Lorient son parcours]. Selon l'acte de mariage de son fils, il était décoré de la Légion d'Honneur. Lors du dénombrement de 1921, la famille Seveno est pointée au bourg. Le grand-père Seveno n'était autre que le maréchal ferrant et forgeron du bourg.
Au dénombrement de 1936, Joseph Séveno est revenu à Séné et déclare la profession d'employé de banque. Il est ensuite clerc de notaire à l'étude de Maître Laudrin Prosper à Vannes avant la guerr et au début de celle-ci. [trouver son dossier de soldat]. Après l'Armistice il revient à Séné, il est alors âgé de 25 ans. Le site de la résistance su Morbihan nous livre ces éléments:
"Chaque lundi du mois d’avril 1942, des départs de détenus extraits des prisons de la Santé, de Fresnes ou du Cherche Midi étaient embarqués dans un train de voyageurs, pour être conduits sous la garde de Feldgendarmes vers la prison de Karlsruhe. Parmi les 6 détenus déportés ce 6 avril 1942, se trouvaient François ALLANO né le 23.01.1907 à Vannes et Joseph SEVENO, né le 04.08.1914 à Séné. Arrêtés pour détention illégale d’arme, vraisemblablement un fusil de chasse, ils ont été tous les deux condamnés à 5 ans de travaux forcés. De Karlsruhe, ils étaient transférés à la prison de Sarrebruck, puis à celle de Rheinbach et enfin à celle de Siegburg."
Dans on dossier, on peut lire qu'au cours d'une perquisition faite à son domicile à Séné les Autorités Allemandes on découvert un fusil de chasse qu'il n'avait pas remis à la Mairie. Comme François Allano, il est incarcéré à la prison de Vannes du 18/2/1942 à fin mars 1942. Il est ensuite trnasféré à la prison de Fresne. Dans un convoi de déporté il arrive en Allemagne où il est interné dans différentes prison : Sarrebruch, Trèves, Cologne, Manneheim, Lutwigshafen, Rheinbarch, Cologne et enfuin Siegburg.
Dans le camp de Siegburg, il cotoie le déporté résisitant G. Lepinard, qui reprendra son activité de marbrier à Vannes. Ils seront libérés par les Alliés qui ont établi plusieurs rapports sur l'état de cette prison et de ses détenus.
Un autre document conclut:"En résumé, la situation effroyable des détenus de Sieburg a été notifiée 2 jours après l'entrée des troupes américaines: Les mesures médicales prises par le Medical Corps vont enrayer le typhus. Les mesures humanitaires prises par le Major Scarborough vont permettre aux détenus d'attendre avec patience, la fin de leur quarantaine et leur évacutation."
Survivant après 3 ans de détention dans ces conditions effroyables, Joseph SEVENO subit une période de quarantaine avant d'être libéré le 10/4/1945. Il rentre en France. Il sera reconnu "déporté politique" par l'administration française.
Il se marie le 1/7/1947 à Vannes avec Antoinette MATEL et il déclare la profession de clerc de huissier; il réside à Séné. Il se remarie le 14/8/1958 à Concarneau avec Yvette DREAU. Il décède à Concarneau le 28/12/1982.
3-Albert LE ROI [29/12/1912 - 31/5/1944 Paris] dossier AC 21 P 476 519
Dans l'attente de la consultation de son dossier de victime de guerre au SHD de Caen, que sait-on d'Albert Louis LE ROI. Il nait au village de Langle. Son père est marin pêcheur. La famille est recensée au dénombrement de 1921, 1926 et 1931à Langle.
Le 27/1/1936, il se marie avec Reine LE FRANC [30/4/1918-26/10/1979 Eaubonne], dont il divorcera le 15/4/1940. Lors du dénombrement de 1936, le couple vit à Langle et accueille au foyer sa mère veuve. Avant guerre, il est marin de commerce. Pendant l'Occupation, sans travail, il se fait embaucher au port de Vannes; il vit alors à Arradon. Il revient sur Canivarch en Séné. Il est déporté en Allemagne au titre de travailleur requis le 18/12/1942. Il se retouve dans un camp à Srpochavel en Westphalie.
Il tombe malade en Allemagne où il contracte la tuberculose pulmonaire. Il rentre en France où il est accueillie par sa soeur Jeanne LE ROI au Blanc-Mesnil en région parisienne.. Il est alors quelque temps forgeron. Il est admis le 28/12/1943 à l'hôpital Saint-Antoine à Paris où on lui confirme sa tuberculose pulmonaire bilatérale (les deux poumons sont atteints). Il décède le 31/05/1944.
Arthur Louis GUELZEC [5/06/1914 Vannes - 21/12/1984 Séné].
Les parents d'Arthur GUELZEC se marient le 26/10/1912 à Vannes. Louis Marie GUELZEC est maçon de son métier. Il sera mobilisé en août 1914 au sein du 34° régiment d'artillerie. Tombé malade, il est admis à l'hôpital militaire de Rennes où il finira la guerre.
Ce n'est pas un mariage suffisamment solide en cette période de guerre. Le couple divorce en 1917. Marie Louise LE MOLGAT quitte le foyer et son fils est confié à son grand-père Jean Guillaume et à sa grande-tante. Après l'armistice, la famille quitte le 3 Rue de l'Etang à Vannes et gagne la petite maison rue des Vierges à Séné, où cohabient 3 gnérations comme l'indique cet extrait du dénombrement de 1921.
Cette maison et l'autre mitoyenne furent détruites pour faciliter l'accès à ce qui allait devenir la place Coffornic. Louis et son fils vivent à l'étage dans environ 20m² et le grand-père et sa soeur vivent au rez-de-chaussée. La famille Guelzec est recensée en 1931.Arthur, son père et sa tnate vivent sous le même toit reu des Vierges.
De la classe 1914, Arthur fait son service militaire vers 1934-35 au sein du régiment d'artillerie.
Il se marie en février 1935 avec Madeleine TOSTEN. Il est maçon comme son père. La famille s'agrandit de Louis, né en 1935 puis Christiane née en 1937.
Au dénombrement de 1936, Arthur GUELZEC est absent, il doit accomplir son service militaire. Son épouse Madelien TOSTEN veille sur son fils Louis et sur son beau-père Louis et sa soeur.
Quand la France déclare la guerre à l'Allemagne nazie, il rejoint le 35° Régiment d'Artillerie qui est posté en Belgique pour contrer une possible pénétration allemande qui se fera par les Ardennes. Cette armée du nord se replie sur Dunkerque pour aider à l'embarquement des Britanniques. Lors de la Bataille de la "poche de Dunkerque", le Sinagot Louis Désiré PIERRE [3/08/1913 - 2/06/1940] décèdera.
- Source wikipedia: le 35e Régiment d'Artillerie Divisionnaire (35e R.A.D.) fut crée le 1er janvier 1934, venant du 35e R.A.C. en garnison à Vannes dissous. Intégrée à la 21e DI le 10 mai 1940, sous les ordres du général Lanquetot. En juin 1940, le 35e R.A.D. est anéanti aux deux tiers protégeant l'embarquement des forces alliées à Dunkerque ( nom de code Opération Dynamo ). Après la Seconde Guerre mondiale, reconstitué en avril 1947 à Tarbes, il devient le 35e R.A.L.P.
Arthur GUELZEC est fait prisonnier et comme d'autres soldats, il est conduit à pied vers des camps en Allemagne. Le sien se situe à la frontière avec la Pologne annexée par le III° Reich.
[aller au SHD de Vincennes pour consulter son dossier GR 16 P 274043]
Selon sa fille, il réussira au bout de trois tentatives à s'évader et regagnera la France. Après sa seconde évasion, il est expédié dans le camp disciplinaire de Rava Ruska, aujourd'hui en Ukraine, à l'époque en Pologne. Il y restera du 5 mai 1942 au 24 décembre 1942. Ce séjour lui vaudra d'être reconnu comme Interné Résistant. De retour à son Stalag il travaille come couvreur pour les Allemands (en allemand dachdecker). A verso des photos communiquées à la famille, ce tampon en allemand où on lit : Gaprüft: vérifié et Dachdecker : couvreur).
Malgré une ambiance sportive, comme le montre ses photos prises dans le camp et envoyées en 1943 à la famille, Arthur GUELZEC orgnaise uen 3° tentative d'évasion fin 1943, début 1944.
Il s'évade du Stalag avec un camarade, Roger MORICE de Rennes [à identifier]. Ils marchent la nuit et arrivent à voyager cachés sous un train. Ils arrivent à Paris et regagnent la Bretagne.
Une fois à Séné, les Autorités Allemandes avertis de sa présence, le recherchent. Prévenu par la mairie de Séné , où Patern GUELZEC, le cousin de son père, est le secretaire de mairie, il quitte la maison rue des Vierges et se cache à Vannes au Pargo, chez sa tante Marie Vincente LE MOLGAT [28/5/1885-12/9/1968] mariée avec Louis Marie COURTOIS.
Rue des Vierges, les soldats allemands font une descente à la recherche du moindre indice trahissant la présence d'Arthur GUELZEC chez les siens, notamment des tickets de rationnement. Soldats casqués, mitraillette à la main, impressionnent les deux enfants, d'autant que leur mère est emmenée à la Commandatur de Vannes, place de la République. Elle sera libérée au bout de 10 jours grâce à l'appui de femmes allemandes chez qui elle était allée faire le ménage.
Après la Libération, il participe au déminage de Lorient pour lequel il suit des cours à Saint-Germain en Laye. Maçon comme son père, il fonde son entreprise qui comptera jusqu'à 20 ouvriers. Au début des années 1950, il achète 1.000 m² de landes à M. Noblan où il construit le hangar pour son enteprise puis une belle demeure toujours présente à Bel Air.
Il décède à Séné à quelques jours de Nöel 1984.
Article repris sur le site france-libre.net, écrit par M.Pierre OILLO. quelques rajout de wiki-sene. Original en pièce jointe.
JOSEPH PIERRE, TIMONIER SUR LE «CURIE»,
SOUS-MARIN DES FORCES NAVALES FRANÇAISES LIBRES
La famille de Joseph PIERRE [31/3/1924-22/4/212] est originaire de Séné où il est né le 31 mars 1924. La famille est pointée lors du dénombrement de 1926 et vit au village de Cadouarn. Tous les enfants sont nés à Séné. Joseph reprend le prénom de son frère mort nourrisson en 1923. Son père, marin-pêcheur à Séné va s'installer à l'Île d'Arz vers 1930 pour y exploiter des parcs à huîtres. Ses parents décèderont sur l'île aux Capitaines.
Dès son plus jeune âge, comme de nombreux jeunes originaires de cette île du golfe du Morbihan, il sait qu’il répondra à l’appel de la mer ; non pas comme marin-pêcheur mais qu’il s’engagera dans la marine marchande et voyagera à travers le monde. Il est d'abord mousse en août 1938 sur le Suzanne; Au début de 1939, Joseph n’a que 14 ans, quand il embarque comme mousse dans le port de Lorient sur un cargo charbonnier : l’Armenier.
La fiche d'inscrit maritime de Joseph PIERRE nous retrace précisément son parcours de marin. Le 3 septembre 1939 la France déclare la guerre à l’Allemagne. C’est la mobilisation générale. Son bateau étant réquisitionné, Joseph est trop jeune pour être mobilisé. Il est débarqué le 3 septembre et revient à l’île d’Arz en attendant de trouver un embarquement sur un navire de la marine du commerce. L’occasion se présente en janvier 1940.
Un poste de novice lui est proposé sur le « Shéhérazade », un pétrolier qui transporte jusqu’au Havre, de l’essence qu’il va chercher à Corpus Christi au Texas dans le Golfe du Mexique. En juin 1940, alors que le déchargement vient d’être terminé et que l’arrivée des Allemands est imminente, le « Shéhérazade » quitte Le Havre pour Brest puis Le Verdon à l’embouchure de la Gironde. C’est là que l’équipage entend l’un des messages du général de Gaulle qui appelle les Français pour leur demander de refuser le déshonneur de la défaite et poursuivre la lutte à ses côtés. Le pétrolier rejoint Casablanca. Après une escale d’une quinzaine de jours, il part pour New Orleans, port sur le Mississipi.
Prisonnier des Américains puis des Anglais
L’armistice ayant été signé par le gouvernement de Vichy, les relations avec les Etats-Unis doivent être réexaminées. Le pétrolier est mis sur un mouillage qu’il lui est interdit de quitter. Joseph Pierre et tout l’équipage du « Shéhérazade» sont consignés à bord. C’est un régime de semi-liberté, relativement souple qui va durer sept mois. Ils sont autorisés à aller à terre par petits groupes. Joseph aimerait bien rejoindre les Forces Françaises Libres mais aucune opportunité ne lui est offerte. Il se méfie de certains membres de l’équipage et des représentants français dans le pays car beaucoup sont restés fidèles au maréchal Pétain. Les relations commerciales ayant été rétablies entre les États-Unis et le gouvernement de Vichy, le « Shéhérazade » est autorisé à aller à Bâton Rouge, au nord de New Orleans, pour faire un chargement d’essence qu’il doit transporter à Casablanca. Nous sommes au début du mois de juin 1941. A environ trois jours des Bermudes, le pétrolier qui fait route vers le Maroc est arraisonné par un croiseur anglais et dérouté vers Hamilton au Canada. Tout l’équipage est interné dans un camp à terre.
Le 28 juin 1941, à 17 ans, Joseph Pierre rejoint la France Libre.
Dans la semaine qui suivit leur internement, les marins du « Shéhérazade » reçurent la visite du commandant Ortoli des Forces Navales Françaises Libres. Le sous-marin « Surcouf » qu’il commandait étant en réparation à Hamilton, il demanda à rencontrer ses compatriotes pour leur proposer de rejoindre les rangs des F.N.F.L. Sur les 42 hommes d’équipage, seulement 8 acceptent de poursuivre la lutte avec le général de Gaulle. Joseph PIERRE qui n’a que 17 ans, est l’un d’entre eux. Peu après, il embarque sur un navire F.N.F.L, le bananier « Maurienne ». Le 16 juin 1940, le bananier Maurienne a appareillé de Basse-Terre en Guadeloupe à destination de Brest. En mer, son commandant, le capitaine au long cours Yves Salaun capte le 18 juin la BBC et entend l’appel, malgré un message de l’amirauté des Antilles lui intimant l’ordre de rejoindre Bordeaux et un autre de celle de Casablanca le 22 juin, il met le cap sur Halifax où il arrive le 28 juin 1940 avec son chargement de bananes. Il n’y eut aucune objection de l’équipage à rallier la France Libre. Depuis son passage au FNFL, il ravitaille les îles anglaises des Bahamas et de la Jamaïque à partir des ports canadiens de Montréal et d’Halifax. C’est dans ce dernier port que ce bateau coule le 7 février 1942 à la suite d’un incendie accidentel. Pendant deux semaines, son équipage est hébergé au Seamen’s Club d’Halifax. C’est enfin sur un bananier norvégien que Joseph PIERRE voit son souhait de rejoindre la Grande-Bretagne enfin exaucé. Il embarque comme passager en direction de Liverpool.
En Angleterre
A peine débarqué, il est dirigé vers Londres et Patriotic School, lieu de passage obligatoire pour tous les étrangers qui arrivent au Royaume-Uni.
Patriotic Scholl à Londres
Les Anglais se méfient et craignent la présence d’espions parmi les arrivants. Joseph qui a déjà servi dans les Forces Françaises Libres n’y passa que 48 heures alors que d’autres qui avaient plus de mal à justifier leurs motivations ou qui paraissaient suspects y firent un séjour beaucoup plus long. Le bruit circulait entre ceux qui devaient subir les interrogatoires des services anglais, que desagents de l’ennemi détectés parmi les nouveaux arrivants avaient été liquidés.
En quittant Patriotic School, Joseph PIERRE est géré par l'administration française en Grande Bretagne,. Le bureau du CPL, la Compagnie de Passage à Londres l'enregistre officiellement le 29/4/1942 mais c'est la date de son engagement en mer du 5/6/1941 qui sera retenue.
Il est dirigé sur Portsmouth où se trouve le bateau dépôt « Arras » où il est incorporé dans les F.N.F.L. et reçoit son matricule portant le n° 6291 FN 41, et son paquetage. Il assiste à des raids de bombardiers allemands sur la ville et découvre le comportement admirable de la population anglaise. Il rejoint ensuite le HMS Royal Arthur à Skegness, un camp d’entraînement à terre de la Royal Navy situé au Nord Est de l’Angleterre. Pendant huit mois, jusqu’en mars 1943, il va recevoir une formation et un entraînement militaire complétés par des cours de timonier qui vont le préparer pour son futur embarquement.
«Où diable avons-nous mis les pieds ? »
A sa sortie de Skegness, Joseph PIERRE, reçoit son affectation. Il va embarquer comme timonier sur le «Curie». Ce sous-marin vient de sortir des chantiers Vickers Amstrong de Barrow in Furness.
C’est un sous-marin anglais du type «U» dont le premier, construit en 1936 était l’« Unity ». Mieux équipé que les sous-marins français des F.N.F.L, le «Curie» est doté des derniers perfectionnements : sondeurs à ultrasons, loch électrique, ASDIC (ancêtre du SONAR), radar permettant une détection à plus de 15 milles nautiques, dont l’écran était un disque d’une quinzaine de centimètres de diamètre.
En attendant la fin des travaux, l’équipage suit l’instruction propre aux sous-mariniers et découvre que pour servir à bord d’un sous-marin, chacun doit apprendre à vivre dans l’espace réduit qui lui est attribué, connaître avec précision les manoeuvres qu’il doit effectuer et aussi, qu’à bord, la polyvalence est de règle. En plus du second-maître Even, pour une attaque au canon, il fallait être au moins six hommes donc tous les hommes d’équipage furent initiés à la manoeuvre du canon de 76. L’instruction alternait avec des visites du bâtiment par petits groupes pour permettre à chacun de trouver ses repères et de s’habituer à vivre dans l’exiguïté d’un sous-marin. La longueur de 61 mètres était rassurante mais à sa partie la plus large, il ne mesurait que 4 mètres 85. « Comment allions-nous vivre dans un espace si réduit ? Claustrophobes s’abstenir ! ».
Le rôle d’équipage était complet en février 1943. Le sous-marin était placé sous le commandement du capitaine de frégate Mestre , nommé par le général de Gaulle. Les officiers et officiers mariniers avaient déjà servi dans les sous-marins F.N.F.L. Junon et Minerve mais dans leur presque totalité, les hommes de l’équipage découvraient ce type de bâtiment. De part et d’autre du kiosque, l’inscription P 67 était peinte en gris et le nom « Curie » figurait en lettres de bronze. Sur l’avant du kiosque, l’emblème du « Curie » dessiné par l’enseigne de vaisseau de 1°classe François A’Weng : un cerf qui charge au-dessus de la devise « A corps perdu », était en place mais le sous-marin était toujours anglais alors que l’envie de participer à la lutte était grande chez l’équipage qui avait hâte de prendre la mer.
Enfin, le 23 avril 1943, en présence de l’amiral Auboyneau qui a remplacé l’amiral Muselier à la tête des Forces Navales Françaises Libres, le sous-marin est remis au général de Gaulle, chef de la France Libre. C’est le capitaine de frégate Mestre, camarade de promotion de l’amiral Auboyneau qui est présent à la cérémonie.
Dès avril 1943, c’est sous son commandement que les essais et exercices commencent. Le lieutenant de vaisseau Pierre Sonneville, envoyé en mission en France afin de créer un réseau de résistance, venait de rentrer par lysander (avion monoplane) en Angleterre. Comme il a déjà commandé le sous-marin « Minerve », l’amirauté anglaise souhaitait le voir prendre le commandement du nouveau sous-marin qui allait travailler avec une escadrille anglaise. Le général de Gaulle ayant finalement donné son accord, le 10 mai, le commandant Sonneville embarquait sur le « Curie ». C’est avec lui que le sous-marin termine ses essais avant de partir le 29 juin 1943 pour une patrouille au départ de Scape Flow en direction du nord de la Norvège puis pour des patrouilles d’endurance qui duraient chacune deux semaines avant de revenir au mouillage dans le fjord la Clyde près de Glasgow. Le « Curie » et son équipage sont enfin prêts à effectuer la mission qui leur est confiée et à rejoindre la zone d’action qui leur est attribuée : la Méditerranée.
Le Curie opérera en Méditerranée
Le 20 août 1943, le sous-marin, accompagné par la « Minerve » appareille pour une destination inconnue. Peu après le départ, la « Minerve » est attaquée par erreur dans l’ouest de la Manche par un avion de la Coastal Command. Il y a trois morts sur le sous-marin et les avaries l’obligent à faire demi-tour. Après avoir patrouillé le long des côtes françaises de l’Atlantique, au bout de 21 jours particulièrement éprouvants, le « Curie » arrive le 10 septembre 1943 à Gibraltar. Il était temps car les vivres commençaient à manquer. Pendant les trois derniers jours du trajet, l’équipage ne disposait plus que de quelques boîtes de conserve et des biscuits de mer à se partager pour les repas. Surprise, dès l’accostage à Gibraltar, des sous-mariniers anglais, les bras chargés de pain frais, de fruits et même de bouteilles de vin attendaient le « Curie » qui allait faire partie de leur escadrille. Joseph Pierre et ses amis découvraient la solidarité qui existait au sein des équipages des sousmarins anglais.
Depuis le 3 août 1943, les Forces maritimes d’Afrique du Nord restées fidèles à l’amiral Darlan ont fusionné avec les Forces Navales Françaises Libres. Malgré cela, les contacts furent difficiles avec l’équipage d’un croiseur français qui faisait escale à Gibraltar. Joseph n’a pas oublié : « Dans les rues, certains pompons rouges de la marine dite« nationale » n’avaient pour nous que mépris, nous traitant de traîtres, de rebelles vendus aux Anglais. Alger fut notre escale suivante. Quel allait être l’accueil de nos compatriotes d’Afrique du Nord et surtout des marins qui, nous l’espérions, avaient enfin découvert qui était le véritable ennemi ?
Le 17 septembre 1943, le « Curie » accosta contre le «HMS Maistone », notre bateau-mère de la Royal Navy et de la 8° escadrille de sous-marins anglais à laquelle nous étions rattachés. Notre présence dans une unité anglaise était-elle à l’origine de la haine manifestée par ces marins français ? Ils avaient choisi la fidélité au vieux maréchal et accepté l’occupation de leur pays par une armée ennemie alors que nous avions fait le choix de suivre le général de Gaulle et de participer avec lui et les alliés, à la poursuite de la lutte pour que la France retrouve sa dignité.
A Alger, en ce mois de septembre 1943, il ne faisait pas bon porter l’insigne à Croix de Lorraine sur les quais du port. Notre premier maître mécanicien Guivarch en sait quelque chose puisqu’il fut molesté par des marins d’un contre-torpilleur. La présence à notre bord de trois marins anglais, un officier de liaison, le sub-lieutnant Cox, un radio, T. Wilson et un timonier, W. Wallace ne justifiait pas non plus ce comportement. Nous étions sur un sous-marin confié aux Forces Navales Françaises Libres pour la durée de la guerre, battant pavillon français et dont le mât de beaupré portait le drapeau à Croix de Lorraine de la France Libre.
Par contre nous fraternisions avec les Français Libres qui, depuis 1940, se battaient depuis la Syrie et le coeur de l’Afrique, eux aussi aux côtés des Anglais, et qui s’étaient distingués par leur courage lors des combats de Koufra, Bir Hakeim, Tobrouk, pendant les campagnes de Libye et de Tunisie.
Le commandant Sonneville écrira : « Le lendemain, les permissionnaires renoncent à aller à terre. L’atmosphère à Alger est irrespirable, faite de poussière, de pauvreté et de prétention » Par bonheur, cette première escale Algéroise fut très courte puisque six jours après son arrivée, le « Curie » allait appareiller pour sa première patrouille le long des côtes de Provence. Finalement, au fil du temps et des patrouilles, les relations vont s’améliorer, en particulier entre les officiers du Casabianca et ceux du « Curie » et le commandant Sonneville proposera au commandant L’Herminier de prévoir la nomination du Lt de vaisseau Chailley pour le remplacer. Il écrira : « cette désignation serait le symbole d’une fusion qui n’est pas encore faite dans les coeurs et serait la concrétisation d’un effort sincèrement voulu pour apaiser nos éternelles dissensions ».
Canonné par le croiseur « Montcalm »
Le 8 novembre 1943, le « Curie » part pour sa 5 ème patrouille en Méditerranée. Il se dirige vers le golfe de Gênes et navigue en surface au départ d’Alger. Vers 7 heures 45, alors qu’il est toujours en vue du Cap Matifou, il va croiser le « Montcalm » qui rentre de mission. Le commandant demande à Joseph Pierre qui est le timonier de quart de transmettre l’indicatif du sous-marin. Ce signal constitué de quatre lettres ou chiffres, changeait toutes les 24 heures et était connu de tous les bateaux français et alliés naviguant dans la zone concernée. Le «Montcalm» accuse réception puis demande la répétition de l’indicatif. C’est le second maître timonier Henri Toussaint qui le transmet et reçoit la réponse «Bien reçu» du Montcalm. A ce moment, le croiseur se trouve à 1,5 milles sur babord du « Curie » sur lequel flotte le pavillon français.
A la stupéfaction générale, le croiseur ouvre le feu et des gerbes d’eau apparaissent dans le sillage du sous-marin. En quelques secondes, alors que retentit le klaxon « plongée rapide », Henri Toussaint se précipite sur l’échelle de descente, suivi de l’enseigne de vaisseau François A’Weng, du Lieutenant de vaisseau Chailley venu se familiariser avec le bateau, de Joseph Pierre et du commandant Sonneville. Le sous-marin était déjà à 5 ou 6 mètres sous l’eau qui commençait à envahir la baignoire quand le pacha atterrit sur le plancher du P.C.
Au sein de l’équipage, l’incompréhension est totale. La sortie a été signalée à l’amirauté d’Alger et aucune erreur n’a été commise lors de l’envoi du signal d’identification. L’Italie a signé l’armistice et comme il n’y a aucun U–Boot allemand en Méditerranée aucune confusion n’est possible. D’ailleurs, à 1,5 mille de distance, à moins d’être totalement incompétent, il est impossible de confondre un sous-marin de construction anglaise naviguant
en surface et battant pavillon français avec un sous-marin allemand. Alors, pourquoi ? Incompétence aussi bien dans l’identification du sous-marin que du réglage du tir ?
« Nous apprendrons plus tard que 10 obus de 90, 23 de 40 et une centaine de 20 ont été tirés et par bonheur pour nous, aucun ne toucha le sous-marin. » Volonté délibérée de couler un sous-marin anglais mis à la disposition de la France Libre ? Cela montrerait, à un point encore jamais atteint, la haine et l’hostilité de certains officiers de la « Royale » restés longtemps fidèles à l’amiral Darlan et au maréchal Pétain. N’oublions pas que plusieurs d’entre eux, ont préféré saborder leurs navires à Toulon, le 26 novembre 1942, plutôt que de rejoindre les alliés et de participer àla lutte contre l’Allemagne nazie.
« La plus grande consternation régnait à bord du « Curie ».Nous l’avions échappé belle !
Nous savions que nous vivions une vie dangereuse. A bord, nous ne parlions jamais de nos familles, de notre passé, de notre avenir. Notre famille, c’étaient les copains de l’équipage ; notre passé avait débuté le jour de notre embarquement sur le « Curie » ; l’espérance de vie d’un sous-marinier allemand était de quatre mois. De combien de temps serait la nôtre ? Notre avenir, c’était l’instant présent. Tous, nous avions choisi de refuser la défaite, de poursuivre le combat et si nécessaire, de faire le don de notre vie pour que notre pays retrouve sa liberté mais nous n’acceptions pas de mourir sous les obus d’un croiseur français».
La tentation fut grande au sein de l’équipage de tirer ses torpilles et d’envoyer par le fond ce fleuron de l’ancienne flotte de Vichy. Si près de l’objectif, les quatre torpilles de 533 mm contenant chacune 450 kg d’explosif n’auraient laissé aucune chance au « Montcalm ». Bien que choqué, le commandant Sonneville garda son sang froid et décida de poursuivre sa mission entre la Corse et le nord de l’Italie. Il écrira : «Ou bien le responsable s’est laissé emporté par l’hostilité aveugle qui dresse encore beaucoup d’officiers de Vichy contre ceux de Londres, ou il a voulu nous faire une plaisanterie maisdans ce cas, sa première gerbe est tombée beaucoup trop près pour mon goût ». Il envoie un message au premier lord de l’amirauté dont dépend la 8° escadrille de sous-marins: « Je demande des sanctions immédiates s’il s’agit d’un acte d’hostilité délibéré de la part du « Montcalm ». Si cet incident désagréable est dû à une erreur, c’est à dire à l’incapacité du commandant, j’exige des excuses… »
Joseph Pierre qui n’avait pas encore connu le cauchemar des grenadages venait de vivre l’un des moments qui le marquèrent pour toujours : « Bien que les obus du « Montcalm » ne nous aient pas touchés, j’ai bien failli perdre la vie lors de cette canonnade. Le fil électrique de l’aldis est en effet resté coincé dans le panneau du sas, contraignant le commandant à rouvrir ce panneau en urgence. A deux ou trois secondes près, c’était le drame. Le système de fermeture automatique du panneau inférieur du sas protégeant le poste central aurait fonctionné. Le « Curie » aurait été sauvé mais le commandant Sonneville et moi aurions été condamnés. Je reverrai toujours le visage blême du commandant. Lui et moi savions que nous revenions de loin. « A notre retour à Alger, nous avons retrouvé avec plaisir les anciens des combats d’Erythrée et de la division Leclerc. Nous avons constaté que l’hostilité que manifestaient les Vichystes à l’encontre des Français Libres existait toujours mais surtout dans la marine. Après l’incident survenu lors de notre précédente sortie, le moral était plutôt bas. Une bonne nouvelle vint réconforter et réjouir l’équipage : notre pacha, le lieutenant de vaisseau Pierre Sonneville était promu capitaine de corvette. Notre mission suivante revêtit pour nous un caractère particulier car il s’agissait d’aller déposer dans le nord de l’Italie, sur une plage près de Gênes, trois spécialistes anglais du plastiquage qui devaient aller détruire un viaduc situé dans une vallée étroite inaccessible aux bombardiers alliés. La présence de nombreux champs de mines près de la côte empêcha le débarquement de l’équipe de sabotage. »
Le 18 novembre 1943, le départ du «Curie» en mission vers Toulon est retardé en raison des dynamos qui sont défectueuses. L’«Usurper», autre sous-marin anglais de l’escadrille, son voisin dans le port, part à sa place. Le « Curie » appareilla le lendemain « Dès le départ, nous sommes accueillis par le mauvais temps qui se transforma en tempête et rendit notre mission très inconfortable. Secoué pendant 17 jours, le « Curie » fut tout heureux de retrouver le port d’Alger où une mauvaise nouvelle l’attendait : l’«Usurper » avait sauté sur une mine et disparu avec tout son équipage.
Pendant nos escales, nous recevions parfoisdes visites comme celle de Louis Jacquinot, ancien député de la Moselle, commissaire à la marine dans le gouvernement provisoire d’Alger. Un autre jour ce fut un militaire portant l’uniforme américain sans aucun grade ni insigne, qui utilisait une canne pour se déplacer . Il nous salua d’un retentissant « Bonjour messieurs ! ». C’était Antoine de Saint-Exupéry, qui disparut quelques mois plus tard aux commandes de son avion. »
A Malte avec la 10° escadrille de sous-marins .
A la fin de sa sixième patrouille, le « Curie » rejoint la 10° escadrille anglaise dont la base logistique est à Malte, mais qui possède une base avancée dans l’île de la Magdalena, au nord de la Sardaigne. C’est là qu’il arrive le lendemain de Noël 1943. Des travaux devant être effectués sur un périscope et un entretien général s’avérant nécessaire, le « Curie » rejoint Malte et entre en cale sèche dans l’arsenal de La Valette.
« C’est pendant cette longue escale technique à Malte que le commandant Sonneville nous fit part de son prochain départ. Nous pensions tous qu’il allait être remplacé par son second, l’enseigne de vaisseau Jean-Pierre Brunet aussi c’est avec surprise et méfiance que nous découvrîmes le nom de notre futur pacha : le lieutenant de vaisseau Pierre-Jean Chailley qui était présent à bord depuis quelques missions et qui n’était pas un Français Libre. Après l’hostilité manifestée par les marins de la flotte française à Alger et l’agression délibérée du « Montcalm » ce ne fut pas de gaieté de coeur que l’équipage apprit la nouvelle ». Sur tribord de la baignoire du « Curie » était apposée une plaque de cuivre portant l’inscription « Pola 1914 ».
C’était dans ce port de l’Adriatique que le premier sous-marin portant le nom de « Curie » fut coulé par les Austro-Hongrois. Pierre Chailley, l’officier en second qui disparut avec son bateau n’était autre que le père du nouveau pacha. Une autre information vint aussi rassurer l’équipage et lui permettre de comprendre pourquoi c’était cet officier qui avait été choisi pour commander un sous-marin de la France Libre : Pierre-Jean Chailley était un ancien officier du sous-marin «Casabianca» qui s’était échappé de Toulon lors du sabordage de la flotte française. Le 1° février 1944, le lieutenant de vaisseau Chailley prend le commandement du « Curie ». Très rapidement, le nouveau commandant sut se faire apprécier et aimer de l’équipage. « Il était très humain et très proche de ses hommes. » Enfin remis en état et après les essais obligatoires au large de Malte qui devint sa base d’intervention en Méditerranée, le « Curie » reprit ses missions. Son rythme de travail fut établi à 13 jours de patrouille suivis de 13 jours à la base.
La vie à bord
Pendant la journée, le sous-marin naviguait en plongée puis, dès la tombée du jour, il s’éloignait à 10 milles des côtes et faisait surface jusqu’au lever du soleil. Ses batteries étant alors rechargées, il repartait en plongée dans son secteur de patrouille. La vie à bord était découpée en tranches de 4 heures. Ayant la spécialité de « Timonier de surface », le service de Joseph Pierre se déroulait principalement la nuit. Il était de veille dans la baignoire, côté tribord pendant 2 heures puis assurait 2 heures de quart, au central, à la barre de direction.
« Mon poste de combat était à la barre de plongée arrière. Le second maître Toussaint, également timonier était à la barre de plongée avant et pouvait rectifier une erreur d’assiette que j’aurais pu commettre. Au moment de l’attaque, le commandant devait garder constamment la vue au périscope aussi aucune erreur de profondeur n’était admise ». Sur le « Curie », tout était regroupé : périscopes, ASDIC, radar, commandes des moteurs, commandes de barres de plongée et de direction, manoeuvre des purges et des remplissages des ballasts et manoeuvre des pompes. Les officiers et les officiers mariniers avaient des couchettes individuelles qui étaient rabattues dans la journée. Ils avaient leur lavabo et leur W.C. Le long de la coursive, entre les deux portes étanches, se trouvait leur carré avec une petite table et un canapé de chaque côté.
Tout l’équipage était logé dans le poste avant. « Nous étions une trentaine de quartiers-maîtres et matelots à vivre dans un espace d’une trentaine de mètres carrés avec pour compagnes, arrimées, deux de chaque côté, les quatre torpilles de réserve, enduites d’une épaisse couche de graisse. Nos hamacs étaient disposés sur trois rangées sur toute la longueur. Ils étaient superposés et accrochés au plafond. J’ai eu la chance de me voir attribuer un hamac facile d’accès car il était situé en bas dans la rangée centrale ».
La cuisine, si l’on peut donner ce nom au petit local d’à peu près 1,50 m sur 1 m, était située près du carré des officiers. « Chaque jour notre cuisinier Pierre Faucon réalisait des miracles avec le peu de denrées dont il disposait. Un petit frigo nous permettait d’avoir des vivres frais : légumes et viande pendant trois jours de navigation. »
En plus du « dortoir », le « restaurant » se trouvait aussi dans le poste avant. Il n’y avait ni tables ni chaises. « Nous prenions nos repas assis sur un coffre de 3 mètres de long fractionné intérieurement en petits compartiments de 40X40 munis d’un cadenas, où chacun de nous rangeait son uniforme, ses chaussures, ses papiers et ses autres affaires personnelles Pour la boisson, de Skegness jusqu’à Alger, nous n’avons eu que du thé à boire. Le radio et le timonier anglais avaient la charge de le préparer dans un récipient d’environ 10 litres où tout était mélangé : eau bouillante, thé, lait et sucre. Chacun se servait en y plongeant son quart. On s’était fait à ce breuvage, personne ne se plaignait, mais pour beaucoup, le vin manquait. Pour la toilette, nous n’avions à notre disposition qu’une cuvette en inox contenant une dizaine de litres d’eau. Un peu d’eau sur la figure, (un débarbouillage comme disait ma grand-mère), lavage rapide des dents, pas de rasage et nous étions prêts à prendre notre service, en rêvant à la douche que nous prendrions en arrivant à terre. Nous vivions ainsi, imprégnés par notre propre odeur de transpiration et par toutes les autres effluves qui se dégageaient dans cette atmosphère confinée. Nous ne nous en rendions pas compte mais nous plaisantions en disant que dès l’accostage, après l’ouverture du panneau avant, à 50 mètres à la ronde, il n’y aurait plus aucun moustique, tous auraient péri, asphyxiés par l’odeur nauséabonde et les émanations qui s’échappaient de notre « cercueil de métal».
Les W.C. se trouvaient à l’autre extrémité du sous-marin, collés au servomoteur. Quand il fallait évacuer la cuvette, il fallait effectuer plusieurs manipulations successives et surtout ne pas se tromper dans l’ordre des manoeuvres sinon c’était la catastrophe pour le maladroit. Heureusement cela s’est rarement produit. Lorsqu’il fallait mettre les torpilles de réserve dans les tubes de lancement, c’était le grand chamboulement. Il fallait tout d’abord dégager le poste avant en enlevant les hamacs et les caissons puis, à l’aide de palans car les torpilles étaient très lourdes, il fallait manoeuvrer avec la plus grande prudence Mais tout était parfaitement réglé, jamais il n’y eut d’accident.
Au retour à la base, chacun avait une tâche bien définie. Joseph était chargé de l’entretien du matériel optique et plus particulièrement des périscopes qui devaient être nettoyés avec le plus grand soin avec des peaux de chamois. Il était aussi en charge des pavillons. Dès l’arrivée dans un port, à cheval sur l’étrave étroite du « Curie », il allait placer le pavillon de beaupré à Croix de Lorraine. Le pavillon national était hissé à la corne, juste derrière le kiosque. Le pavillon pirate était toujours à l’honneur dans la marine anglaise donc dans l’escadrille à laquelle était rattaché le sous-marin aussi, en haut du périscope de combat, flottait « Jolly Roger » sur lequel était représentée chacune de ses victoires. Pendant les jours d’escale, Joseph Pierre faisait aussi fonction de vaguemestre.
Le 20 mars 1944, le « Curie » arrive à la Magdalena, poste avancé plus proche de sa zone d’action fixée le long de la côte française. Le 28 à l’aube, deux torpilles sont tirées sans succès en direction d’un torpilleur qui navigue accompagné de deux vedettes rapides armées de grenades sous-marines. Le « Curie s’éloigne rapidement pour recharger les tubes lance-torpilles avec deux de ses torpilles de réserve. Le 2 avril le « Curie » fait surface et attaque au canon une vedette rapide qui choisit de prendre la fuite. Le 5, il est de retour à la Magdalena, îlot rocheux, inhospitalier où la seule distraction était la baignade quand la température de l’eau le permettait.
«Il ne nous reste plus qu’à prier Dieu, nous allons tenter de passer sous les torpilleurs !»
Le 16 avril 1944, le «Curie» est parti pour sa 8°patrouille. Le 20, depuis 6 heures 30 du matin, il est en plongée dans le secteur de Toulon, non loin de la côte et des champs de mines. Au périscope, il découvre soudain que deux chasseurs de sous-marins allemands sont très proches et se dirigent dans sa direction. Il a sans doute été repéré quelques heures avant, alors qu’il profitait de l’obscurité pour naviguer en surface.
« Nous plongeons rapidement à 60 mètres et faisons le silence complet. L’attaque est brutale. Dès 6 heures 30, l’enfer débute. Le bruit des grenades est infernal. On entend leurs sifflements lors de leurs descentes puis les explosions qui encadrent et secouent le bateau. Les chasseurs les lancent parfois par séries de quatre ou de six. A chaque explosion nous sommes terriblement secoués car ils nous ont parfaitement repérés. Nous sommes pétrifiés devant ce bruit infernal causé par l’éclatement des grenades si proches de nous. Il faut serrer les dents, s’enfoncer la tête dans les épaules et s’agripper à tout ce qui est accessible. On entend résonner sur la coque l’onde électromagnétique de l’écoute sous–marine de l’ennemi. Comme il fallait éviter le moindre bruit à bord, il était impossible de mettre les pompes en route pour maintenir l’assiette du bateau. Le commandant Chailley nous ordonna de nous déplacer sur l’avant. Les troisquarts de l’équipage se sont retrouvés assis par terre, les uns en face des autres. Nous restions ainsi, immobiles, impassibles, impuissants devant le danger que nous subissions, espérant que la prochaine grenade ne nous serait pas fatale. Comme nous, le timonier et le radio anglais étaient jeunes. J’ai entendu l’un d’eux qui appelait sa mère. Dans le bateau, les dégâts étaient importants : toutes les ampoules électriques avaient éclaté aussi nous étions en éclairage de secours. Poste radio et radar hors service. Au central, des cadrans avaient explosé. Vers 10 heures 30, à la suite d’explosions rapprochées qui avaient particulièrement secoué le sous-marin, l’homme de barre au poste central signale « avarie de barre ». Le « Curie » se mit à tourner en rond . Jean-Louis Gloaguen, quartier maître mécanicien était à son poste de combat au servomoteur. Il découvrit rapidement la cause de l’incident mais ne réussit pas à retrouver la clavette du gouvernail qui avait sauté de son axe. Il réussit à la remplacer par le manche de sa clé à volant et le gouvernail est revenu à zéro.
L’onde de pression d’une série de grenades pousse le sous-marin vers les profondeurs. Malgré les moteurs « en avant 4 », les barres de plongée « A monter toutes » et une pointe positive de 30°, le « Curie » coule. Le manomètre de profondeur fonctionne toujours :- 70 mètres, - 80 mètres, - 90 mètres, - 100 mètres. On entend des craquements dans la coque. Le commandant n’a plus le choix, il fait chasser l’eau des ballasts pour alléger le sous-marin. L’aiguille s’arrête. « En avant 2 » il faut s’éloigner sinon les chasseurs vont repérer les nombreuses bulles d’air qui vont éclater à la surface lorsqu’on va chasser l’air des ballasts pour éviter de faire surface et de se faire aborder ou canonner. A - 40, le « Curie » se stabilise. Les purges des ballasts sont ouvertes. Miracle ! aucune réaction de la part des bateaux allemands.
Une accalmie se produit. A genoux sur le parquet du poste central, le commandant étudie les trajets des torpilleurs qui tentaient de contraindre le sous-marin à se rapprocher dangereusement des champs de mines. C’est alors qu’il informe l’équipage de la décision qu’il vient de prendre :
« Il ne reste plus qu’à prier Dieu, nous allons tenter de passer sous les bateaux qui nous grenadent. » N’utilisant qu’un de ses moteurs pour limiter le bruit et à allure réduite, le « Curie » entreprend sa manoeuvre.
« Cela dura une heure mais pour nous, cela dura une éternité. Lorsqu’il entend le deuxième moteur qui se met en route, l’équipage comprend que l’espoir est revenu, que la manoeuvre de sauvetage a réussi. »
Une remontée à 12 mètres permet de voir au périscope les chasseurs de sous-marins qui avaient été rejoints par un troisième. Ils n’avaient pas détecté la fuite du sous-marin et tentaient toujours de le couler ou de l’envoyer dans le champ de mines. Hébétés, figés, se regardant sans rien dire les sous-mariniers comprirent qu’ils avaient frôlé la mort de très près.
« Il était grand temps que cela cesse car nous étions à bout de nerf. »
Par des manoeuvres désespérées mais parfaitement réussies, le commandant Chailley venait de sauver son bateau et son équipage. Il était digne d’être le pacha d’un sous-marin de la France Libre. L’autorisation qu’il donna un peu plus tard finit de convaincre les plus réticents. Il venait d’annoncer : « Autorisation de fumer » alors que cela était formellement interdit dans un sous-marin en plongée. Ce jour-là, nous avons reçu 83 grenades dont 60 entre 6 heures 30 et midi.
« Nous revenions de l’enfer. Ce grenadage, il faut l’avoir vécu pour se rendre compte du danger auquel nous étions exposés. Nous avions rendez-vous avec la mort, par bonheur elle n’a pas voulu de nous. Quand nous sommes arrivés à Malte, nous étions dans l’impossibilité de prendre contact par radio. C’est en Scott que nous nous identifiâmes auprès des escorteurs qui patrouillaient au large de La Valette.. »
Le 28 avril 1944, le « Curie était de retour à la Magdalena. Au cours de la patrouille suivante, le 12 mai, au large de la Ciotat, un chalutier armé allemand faisant fonction d’escorteur est repéré et attaqué au canon. Gravement endommagé, il coulera plus tard. Pour la première fois, notre mission nous conduisit au large de Port-Vendres et à proximité de la frontière espagnole.
« A la demande du commandement français du groupe de sous-marins de la Méditerranée, nous appareillons en direction d’Alger où nous arrivons le 29 mai. C’est pendant les quelques jours de repos que nous passons à Chréa dans l’Atlas non loin de Blida que nous apprenons le débarquement allié en Normandie. Le 6 juin, nous sommes rappelés à Alger où une cérémonie va se dérouler sur le croiseur Jules Verne avec remise de la Croix de Guerre au « Curie » et aux officiers et officiers-mariniers qui ont rejoint la France Libre en juin 1940. Le lendemain, le bateau reprenait la direction de la Magdalena. »
Le destruction des batteries de Port-Vendres
Lors de la 10° patrouille, le 21 juin 1944, il est près de 22 heures quand le « Curie » fait surface à 250 mètres de la jetée de Port-Vendres. Depuis plusieurs minutes, l’équipe des canonniers est prête à escalader l’échelle du kiosque. L’objectif est constitué par les batteries côtières du Cap Gros dont certaines sont en cours d’achèvement avec utilisation de pièces d’artillerie récupérées sur le croiseur « Strasbourg » après le sabordage de la flotte à Toulon. La surprise est totale chez l’ennemi.
Le premier obus fait mouche. Quatorze obus sont tirés pendant les douze minutes passées en surface. L’un d’eux atteint un dépôt de munitions qui explose. Trois des batteries sont détruites. Rapidement les canonniers regagnent l’intérieur du bateau. Sous les tirs de l’ennemi, le « Curie » part en marche arrière puis en plongée à 60 mètres.
L’accueil à Malte est triomphal. Trois étoiles blanches sont cousues sur le « Jolly Roger » pour matérialiser la destruction des trois batteries allemandes.
Le 18 juin 1994, la municipalité de Port-Vendres commémora le cinquantième anniversaire de l’attaque du 21 juin 1944. L’équipage du Curie fut invité mais seuls Joseph Pierre et Marc Deboos purent se rendre à la cérémonie. Ils furent reçus en héros par les habitants de Port-Vendres et les autorités civiles et militaires.
A cette occasion ils firent la connaissance de M. Honoré Prats. Le 21 juin 1944, avec un matelot, il était à bord du remorqueur « Sana » qu’il commandait et qui était chargé de la mise en place du filet métallique de protection qui interdisait l’entrée et la sortie du port. Il découvrit le sous-marin qui faisait surface et ouvrait aussitôt le feu sur la batterie du Cap Gros. Courageusement, il décida de retarder la sortie des vedettes rapides amarrées dans le port en bloquant l’hélice de son bateau avec le câble du filet. Il fallut aller chercher un chalutier pour dégager le remorqueur. Cette opération qui dura plus d’un quart d’heure permit au « Curie » de s’éloigner en plongée sous les tirs des pièces d’artillerie de la défense du port.
Le retour en Provence.
Le 3 août 1944, nouvelle victoire. Vers 22 heures, alors que le « Curie » est en plongée, un cargo allemand protégé par un torpilleur est aperçu à l’ouest de La Ciotat.
« Nous nous rapprochons de l’objectif et nos quatre torpilles sont tirées. Nous apprendrons plus tard que le cargo transportait des mines ce qui expliquait la violence de l’explosion. Une bande blanche est cousue sur notre « Jolly Roger ». Les mines étaient bien un danger que nous redoutions. A proximité de la côte et plus particulièrement des ports, les Allemands modifiaient sans cesse leurs champs de mines. Notre travail consistait aussi à repérer leurs tracés à l’ASDIC et à les faire figurer sur nos cartes. Il fallait travailler au plus près. L’opération était particulièrement dangereuse, surtout quand le sous-marin s’engageait dans une chicane du champ de mines comme cela est arrivé. Le commandant était alors obligé d’effectuer des anoeuvres délicates pour sortir du piège.»
« Nous sommes à la Magdalena le 15 août 1944 lorsque nous apprenons le débarquement des troupes alliées sur les côtes de Provence. Nous sommes envahis d’une joie immense et nous pensons que nous avons, nous aussi, apporté notre contribution à ce moment historique en transmettant les informations que nous avions recueillies en longeant ces mêmes côtes les jours précédents. Renseignements qui ont facilité l’approche des bateaux et le débarquement des troupes alliées à travers les champs de mines. Sur notre île, nous nous reposons et profitons de la température de l’eau pour nous livrer aux joies de la baignade, en attendant notre prochaine mission qui allait revêtir un caractère particulier puisque nous allions faire escale à Saint-Tropez. Quel allait être l’accueil de nos compatriotes?
Le 10 septembre, en fin d’après-midi, le « Curie » s’amarre au môle du Portalet. Nous n’attendions aucune manifestation délirante de la part de la population mais nous étions curieux de découvrir les réactions des premiers Français que nous allions rencontrer dans cette partie du pays enfin libérée de l’occupation allemande. Des enfants vinrent prudemment à notre rencontre et profitèrent du chocolat et des gâteaux secs que nous avions parcimonieusement prélevés depuis quelques jours sur nos rations puis ce fut l’inconditionnel admirateur du maréchal et des nazis qui arriva. Vêtu de son costume sombre et coiffé de son chapeau. D’un air supérieur, il nous fit remarquer que nous n’avions pas le droit d’arborer le drapeau français car nous étions des renégats au service des Anglais. D’autres combattants de la France Libre formés aux techniques des commandos auraient peut-être trouvé une réponse rapide à ces paroles blessantes et totalement déplacées. L’envie ne nous manqua pas d’envoyer ce guignol endimanché patauger dans les eaux du port. Nous évoquâmes d’ailleurs entre nous et à voix haute cette solution qui eut pour effet immédiat de voir le féal de Pétain et de la collaboration faire demi tour et s’éloigner aussi vite qu’il pouvait. »
L’arrivée à Toulon.
Appareillant dans la matinée du 12 septembre 1944, le « Curie » fut le premier bateau arborant le pavillon français à entrer dans le port de Toulon. Il accosta près de la préfecture maritime, contre un bout de môle où stagnait une couche de mazout si épaisse que Radium, le chien du bord, la confondit avec un quai. Il sauta pour y prendre pied et se retrouva paré d’une couleur noire qui nécessita plusieurs heures de toilettage. En fin d’après-midi, une escadre comprenant escorteurs et croiseurs vint mouiller dans la rade. Depuis, plusieurs de ces bâtiments ont revendiqué l’honneur d’avoir été le premier à entrer à Toulon. Le modeste « Curie » avec son pavillon bleu, blanc, rouge et son drapeau à croix de Lorraine, amarré au fond du port au milieu de sa nappe de mazout devait représenter peu de chose pour ces importantes unités de la marine nationale.
Nous avions idéalisé notre arrivée en France libérée. Les alliés qui avaient débarqué en Normandie étaient accueillis en libérateurs par une population enthousiaste. A Toulon comme à Saint-Tropez, nous ne perçûmes aucune joie particulière aussi ce fut sans regret, qu’après seulement trois jours d’escale, nous reprîmes la direction de Malte où nous retrouvâmes les autres sous-marins de notre escadrille : l’Upstart, l’United, l’Unswerving et l’Universal. Ce dernier fut quelques temps plus tard rebaptisé le Minesweeper (dragueur de mines) par les sous-mariniers de l’escadrille en raison de l’une de ses mésaventures : l’orin d’une mine s’étant pris dans l’une de ses hélices , comme il n’arrivait pas à s’en débarrasser, il la remorqua jusqu’à un port turc.
Départ pour la mer Égée.
Le sud de la France était libéré mais les Allemands étaient toujours présents en Méditerranée Le théâtre d’opérations du « Curie » allait changer et se situer dorénavant à l’est de Malte, dans le nord de la mer Égée. Les Allemands ayant posé de nombreuses mines entre les îles, le sous-marin passe illégalement dans les eaux territoriales turques, en surface la nuit pour recharger ses batteries et en plongée pendant la journée. Le 22 septembre 1944, le « Curie » quitte Malte pour sa 13° patrouille qui va se dérouler en Mer Égée. Il passe loin de Chypre toujours occupée par les Allemands et met le cap sur Castellorizo, une petite île grecque du Dodécanèse, proche de la Turquie, que des commandos anglais venus d’Égypte viennent de libérer. Le 26 septembre 1944, il mouille à Castellorizo,
Le 2 octobre 1944, W. Wallace, le timonier de liaison anglais aperçoit cinq navires qui se déplacent en convoi. Le «Curie» abandonne la poursuite de deux chalands pour se rapprocher des bateaux ennemis. Deux escorteurs encadrent un cargo et deux navires citernes. Pour se protéger des torpilles, les bâtiments changent fréquemment de cap. Les quatre torpilles sont lancées à quelques secondes d’intervalle et le « Curie » descend à 40 mètres pour se protéger du grenadage. Le cargo et un navire-citerne sont touchés et coulent rapidement.
En mai 2001, un neveu de Joseph Pierre s’est rendu en Grèce, dans le port de Glossa non loin du cap Pélion où il rencontra « Captain Kanaris », l’un des chef des partisans grecs qui luttaient contre les Allemands en 1944 et qui assista au torpillage le 2 octobre. Il se souvient d’un cargo, de deux bateaux armés, de trois bateaux coulés par le sous-marin et surtout d’une corvette qui a été touchée et qui est venue s’échouer sur les rochers du Cap Pélion. Avec ses partisans, Evangelos Yannopoulos, alias « Capitan Kanaris » surprit et attaqua l’équipage de la corvette échouée faisant une quarantaine de morts et trente prisonniers qui furent transportés et emprisonnés à Chypre.
L’escorteur de tête prend la fuite en protégeant le dernier navire-citerne tandis que l’autre escorteur part à la recherche des survivants. « Nous apprendrons plus tard que les deux bateaux coulés, le cargo « Assak » et le navire citerne « Berthe » étaient utilisés par l’Allemagne comme transports de troupes. Les torpilles magnétiques dont nous sommes désormais équipés se révèlent plus efficaces que celles dont nous disposions.» Après avoir rechargé ses tubes lance-torpilles, le « Curie » poursuit sa traque. Le lendemain, il est en surface quand il découvre deux cargos accompagnés d’un escorteur qui vont passer à moins de 800 mètres.
Plongée immédiate, « aux postes de combat ». Trois torpilles sont lancées. L’un des cargos est coupé en deux morceaux par l’explosion et coule en quelques minutes. A la suite d’une fausse manoeuvre, la quatrième torpille est restée dans le tube. « La base de Malte nous donne l’ordre de nous rendre dans l’île de Chios. L’escorteur ayant disparu, pendant la nuit, nous faisons surface pour secourir d’éventuels survivants du cargo. Nous naviguons parmi des débris qui flottent en surface mais ne trouvons qu’un radeau pneumatique portant de nombreuses taches de sang que nous récupérons et amarrons entre le kiosque et le canon. Alors qu’il a quitté les lieux du naufrage et qu’il longe en surface et à petite vitesse la côte turque, le « Curie » s’échoue sur un banc de sable non signalé sur la carte. Au bout d’une demi-heure d’efforts et en marche arrière, il réussit enfin à sortir de sa position délicate et à reprendre sa route pour Chios où il arrive le 5 octobre. « Avec l’aide de marins d’un escorteur anglais et après avoir placé notre sous-marin étrave en l’air et arrière sous l’eau, nous réussîmes à glisser la torpille hors du tube. La mise à feu n’était pas amorcée….ce dont nous nous doutions depuis la dernière utilisation car si cela avait été le cas, on ne parlerait plus du « Curie » en citant sa devise : « A corps perdu » mais en disant simplement « Perdu corps et biens ».
À Chios, Joseph Pierre commença à coudre trois bandes blanches correspondant aux trois navires coulés sur chacun des deux « Jolly Roger ». La couture n’était vraiment pas sa spécialité et ses copains de l’équipage, conscients de ses difficultés, lui demandaient d’accélérer ses travaux car il faudrait bientôt en coudre une bonne dizaine en plus.
C’est aussi dans cette île que son ami le quartier-maître mécanicien Jean-Louis Gloaguen put échanger deux paquets de cigarettes contre un cahier ce qui lui permit de continuer à écrire son journal de bord si précieux aujourd’hui pour retrouver avec précision le parcours du « Curie » pendant son périple en Méditerranée.
« En torpillant et coulant trois navires ennemis en 24 heures, nous venions de réaliser un fait d’armes exceptionnel dans l’histoire de la guerre sous-marine. Tous les sous-marins de la 10° escadrille et les équipages des bateaux présents à Malte étaient au courant de notre exploit. »
Le 13 octobre 1944, à l’arrivée à La Valette un peu avant midi, timonier tribord dans la baignoire, Joseph Pierre regarde avec fierté le « Jolly Roger » décoré de ses trois nouvelles bandes qu’il a hissé à bloc sur le périscope de combat.
«Jolly Roger »
Le pavillon pirate du sous-marin « Curie » a été
offert par Joseph Pierre au musée de la Résistance
Bretonne de Saint-Marcel situé dans le Morbihan,
près de Malestroit, sur les lieux-mêmes où s’illustrèrent
les parachutistes du bataillon S.A.S. du colonel
Bourgoin et les maquisards de trois bataillons
des F.F.I. lors des combats du 18 juin 1944.
La bande rouge représente le navire de guerre
allemand et les quatre bandes blanches les transports
de troupes et de matériel coulés par le
« Curie ». Les étoiles représentent les trois batteries
de Port-Vendres détruites au canon.
L’accueil est triomphal. Le captain S10,(commandant de la 10°escadrille de sous-marins), de nombreux officiers, les équipages d’une bonne vingtaine de bateaux et le personnel de la base HMS Talbot se sont rassemblés pour accueillir le sousmarin et le triple « Hip, hip, hip, hourra » qu’ils poussent tous en choeur, en l’honneur de l’équipage devait s’entendre bien au-delà de La Valette. Moment inoubliable qui faisait chaud au coeur et permettait d’oublier quelques instants les dangers que côtoyait chaque jour l’équipage du sousmarin. « Nous apprîmes quelques jours plus tard qu’il y avait eu de très nombreuses victimes parmi les équipages des bateaux coulés et les soldats allemands qui évacuaient les îles de la mer Égée vers Salonique. La présence de munitions au fond des cales contribua à alourdir le nombre des victimes. C’était la guerre…... c’étaient eux ou nous. »
Ce bâtiment ennemi gravement endommagé et mis hors de combat ne figure pas au bilan du « Curie ».
Après une vingtaine de jours de farniente à Malte, le « Curie » quitta HMS Talbot le 2 novembre 1944, les tubes lance-torpilles non approvisionnés. 1300 milles en surface à 11 noeuds et une plongée d’un peu plus d’une heure pour parcourir six milles dans les eaux territoriales turques et il arrivait à Chios où il se mettait à couple de l’escorteur anglais qui l’avait aidé à enlever la torpille restée dans l’un des tubes. C’est lui qui allait sortir de ses cales les huit torpilles qui allaient être transférées à bord du « Curie » en les faisant entrer par le panneau du poste d’équipage d’où elles étaient placées sur un chariot sur rails et transportées jusqu’au « dortoir » préalablement débarrassé de tout ce qui aurait pu gêner la manoeuvre. Quatre étaient introduites dans les tubes et les quatre autres étaient placées, deux de chaque côté, toujours enduites de leur épaisse couche de graisse « dont l’odeur allait accompagner nos rêves de vie au grand air lorsque nous serions installés dans nos hamacs. Nous n’aurons pas l’occasion d’utiliser ces torpilles. »
Retour à Malte
Le 9 novembre 1944, le « Curie » quittait définitivement la mer Égée et rejoignait Malte. La 10° escadrille rentrait en Angleterre. Les sous-mariniers du « Curie » participaient aux « farewell parties » organisées par leurs amis anglais. On ne quitte pas impunément des amis. La joie de retrouver son pays se mêlait à la tristesse d’avoir à quitter ceux qui avaient connu les mêmes risques et vécu les mêmes angoisses, enfermés à plusieurs dizaines de mètres sous la mer. Le 26 novembre, ce fut au tour du « Curie » de prendre le départ pour la Corse puis Toulon où le 29 il se mettait à couple du croiseur « Tourville » qui allait fournir le gîte et le couvert à Joseph Pierre et à tous les membres de l’équipage.
« En février 1945, nous participions à des exercices de détection de sous-marins. Nous sortions le matin et rentrions en fin d’après-midi. Alors que nous étions en plongée, plusieurs escorteurs dont « Le Fantassin », « Le Vigilant », « Le Sénégalais » et « Le Légionnaire » s’entraînaient à nous détecter. Exercices qui nous amusaient au début mais qui devinrent rapidement fastidieux. Le « Tourville» était le navire relais entre la préfecture maritime et les navires qui entraient ou sortaient de Toulon. Jean Diot originaire d’Étel et moi étions les deux timoniers du « Curie ». Astreints à faire le quart sur la passerelle du croiseur, nous étions chargés de transmettre en Scott et à bras les messages que la préfecture maritime adressait aux autres navires. Sur le sous-marin, nous n’avions pas eu souvent l’occasion d’utiliser ce genre de communication entre bateaux. Cela nous rappela notre entraînement de timonier que nous avions suivi, deux ans auparavant, à Skegness au Hms « Royal Arthur » dans le nord-est de l’Angleterre » C’est aussi en février, à Toulon, que tous les membres de l’équipage du « Curie » reçurent la Croix de guerre. Les mérites du sous-marin et de tous ceux qui venaient de participer à la lutte sous le pavillon de la France Libre étaient enfin reconnus et récompensés.
« Le 24 mars 1945, nous quittions Toulon. Après avoir fait escale à Oran puis Gibraltar, en convoi, avec plusieurs cargos et escorteurs, nous avons mis le cap sur l’Écosse.
Voyage vers l'Ecosse:
Le 14 avril 1945, en arrivant dans le Holy-Loch, une nouvelle fois, j’ai hissé notre « Jolly Roger ». Nous fûmes accueillis par un retentissant « Three cheers » en passant devant le « HMS Forth » qui fut notre premier bâtiment de base en 1943…….. La boucle était bouclée.
Le cauchemar que nous venions de vivre pendant tous ces jours en plongée dans notre cercueil d’acier nous avait profondément marqués. Le bonheur d’être toujours en vie, notre ami Wallace, l’Irlandais du bord, ne put s’empêcher de l’exprimer en laissant éclater sa joie peu après notre arrivée. Décoré comme nous de la Croix de guerre, il obtint l’autorisation de la porter ainsi que la fourragère sur son uniforme de la Royal Navy. Pendant une bonne dizaine de minutes, nous crûmes qu’il avait perdu la raison. Sous les regards surpris et incrédules des marins anglais des bateaux voisins, il parada sur le pont du « Curie », marchant au pas de défilé de la marine anglaise en pleurant toutes les larmes de l’Irlande. Nous revenions de l’enfer ! Je n’avais que vingt ans mais quel âge avais-je en réalité ?
Avant notre départ de Toulon, l’un d’entre nous avait aussi « pété les plombs ». Il s’agissait de l’un des plus anciens sur le « Curie », un quartier-maître de première classe qui fut appelé à comparaître devant un tribunal exceptionnel qui fut organisé à bord du sousmarin. Sans doute, profondément marqué par ses séjours sous l’océan, il n’avait pas compris qu’il allait falloir s’adapter à la vie sur le « Tourville » où la discipline et les règles à respecter étaient beaucoup plus strictes que sur notre sous-marin.
Certains pensèrent qu’il fut pris d’un accès de folie aussi soudain qu’imprévisible, imputable à l’évacuation brutale d’un stress refoulé pendant deux ans. Ce furent les circonstances atténuantes qu’évoqua son défenseur, le secondmaître timonier Henri Toussaint Il était reproché à l’accusé d’avoir attaqué «de façon fulgurante et tous azimuts», six matelots du «Tourville» qu’il avait mordus. Plusieurs sanctions furent demandées dont une mutation disciplinaire sur le « Montcalm » mais elle fut jugée trop infamante et rejetée. Le tribunal se contenta de prononcer la dégradation du coupable et le quartier-maître de première classe Radium se retrouva apprenti marin.
La réglementation anglaise interdisait la présence d’animaux à bord alors que les serins et les chiens étaient autorisés dans les sous-marins français pour détecter les gaz qui pourraient s’échapper des batteries. L’admission à bord de notre fidèle compagnon à quatre pattes, fox–terrier offert par Mrs Lindsay Carnegie, l’épouse du directeur du chantier de Barrow in Furness, avait été difficile à obtenir mais une dérogation fut accordée au «Curie», sous-marin anglais qui allait naviguer sous pavillon français. Notre ami Radium qui n’aboyait jamais à l’intérieur du sous-marin, qui était le seul chien capable de grimper à une échelle verticale, était un matelot exceptionnel.
Nous lui pardonnions la mauvaise habitude qu’il avait de montrer ses crocs à toute personne étrangère au « Curie ». Ce n’était d’ailleurs pas la première fois qu’il était sanctionné. Il montait en grade après chaque patrouille mais il rétrogradait régulièrement pour « comportements inconvenants» comme ce fut le cas lorsqu’il leva la patte pour arroser le périscope de combat.
Il craignait particulièrement les grenadages. « Au premier coup de klaxon, il fonçait au poste central. À plat ventre, les pattes en croix entre la barre de plongée arrière et la console Asdic, il s’oubliait avant même que les opérateurs aux écoutes ne signalent la moindre grenade. »
Le second-maître timonier Henri Toussaint était très attaché à Radium. C’est avec lui que partit le fox-scottish du bord. Il le suivit partout, même à bord du remorqueur que commanda plus tard son maître et un jour, il disparut en mer. Dans son livre « Le sous-marin Curie », Jean-Louis Gloaguen écrit qu’il est persuadé que ce ne fut pas une chute accidentelle : « Je pense qu’il a plongé pour aller chercher dans les profondeurs un sous-marin bleu marine dans lequel il avait tant d’amis ».
Témoignage de Joseph Pierre, recueilli par Pierre Oillo, délégué départemental du Morbihan de la Fondation de la France Libre.
Avec la complicité de Jean-Louis Gloaguen, camarade de combat de Joseph Pierre sur le « Curie ».
Photos : Joseph Pierre
Bibliographie
« A corps perdu » - Pierre-Jean Chailley,
« Le sous-marin Curie » - Jean-Louis Gloaguen
« Les combattants de la liberté » - Pierre Sonneville
Démobilisé après la victoire, Joseph PIERRE revient à Kervio sur l'Île d'Arz en Bretagne. Il se marie le 24/10/1945 avec Suzanne Marguerite Marie LE BIAVANT. Domicilié à Vannes (56), Joseph Pierre fut membre du Comité de Vannes-Pontivy de la Fondation de la France Libre dont il fut le porte-drapeau pendant de nombreuses années.
Certains de ces sous-mariniers comme Joseph Pierre et Jean-Louis Gloaguen furent présents sur le « Curie » pendant la totalité
de son activité au service des Forces Navales Libres. D’autres qui figurent sur le rôle d’équipage, quittèrent le bateau, pour raisons de santé comme Albert DUBOURG qui fut hospitalisé à Gibraltar et remplacé par Jean SARDELLA à Alger, ou d’accidents
survenus à bord comme ce fut le cas pour Jean DIOT qui fit une chute de plus de trois mètres en tombant du « Tourville »
sur le pont du « Curie » et fut hospitalisé à Marseille
La Bataille des Vénètes, par Jules César
Extrait de La Guerre des Gaulles, livre III - Traduction Biblioteca Classica Selecta
Soulèvement des Vénètes
Après ces événements, César avait tout lieu de croire la Gaule pacifiée ; les Belges avaient été défaits, les Germains repoussés, les Sédunes (peuple celte établi dans le Valais) vaincus dans les Alpes. Il partit donc au commencement de l'hiver pour l'Illyrie, (actuelle Albanie) dont il voulait visiter les nations et connaître le territoire, lorsque tout à coup la guerre se ralluma dans la Gaule. Voici quelle en fut la cause. Le jeune P. Crassus hivernait avec la septième légion, près de l'Océan, chez les Andes (près d'Angers). Comme il manquait de blé dans ce pays, il envoya des préfets et plusieurs tribuns militaires chez les peuples voisins, pour demander des subsistances ; T. Terrasidius, entre autres, fut délégué chez les Esuvii (dans l'Orne) ; M. Trébius Gallus chez les Coriosolites (Côtes d'Armor) ; Q. Vélanius avec T. Sillius chez les Vénètes (Pays vannetais).
Cette dernière nation est de beaucoup la plus puissante de toute cette côte maritime. Les Vénètes, en effet, ont un grand nombre de vaisseaux qui leur servent à communiquer avec la Bretagne (Grande Bretagne) ; ils surpassent les autres peuples dans l'art et dans la pratique de la navigation, et, maîtres du peu de ports qui se trouvent sur cette orageuse et vaste mer, ils prélèvent des droits sur presque tous ceux qui naviguent dans ces parages. Les premiers, ils retinrent Sillius et Vélanius, espérant, par ce moyen, forcer Crassus à leur rendre les otages qu'ils lui avaient donnés. Entraînés par la force d'un tel exemple, leurs voisins, avec cette prompte et soudaine résolution qui caractérise les Gaulois (les peuples celtes), retiennent, dans les mêmes vues, Trébius et Terrasidius ; s'étant envoyé des députés, ils conviennent entre eux, par l'organe de leurs principaux habitants, de ne rien faire que de concert, et de courir le même sort. Ils sollicitent les autres états à se maintenir dans la liberté qu'ils ont reçue de leurs pères, plutôt que de subir le joug des Romains. Ces sentiments sont bientôt partagés par toute la côte maritime ; ils envoient alors en commun des députés à Crassus, pour lui signifier qu'il eût à leur remettre leurs otages, s'il voulait que ses envoyés lui fussent rendus.
César construit une flotte. Coalition des peuples de l'Océan
César, instruit de ces faits par Crassus, et se trouvant alors très éloigné, ordonne de construire des galères sur la Loire, qui se jette dans l'Océan, de lever des rameurs dans la province, de rassembler des matelots et des pilotes. Ces ordres ayant été promptement exécutés, lui-même, dès que la saison le permet, se rend à l'armée. Les Vénètes et les autres états coalisés, apprenant l'arrivée de César, et sentant de quel crime ils s'étaient rendus coupables pour avoir retenu et jeté dans les fers des députés dont le nom chez toutes les nations fut toujours sacré et inviolable, se hâtèrent de faire des préparatifs proportionnés à la grandeur du péril, et surtout d'équiper leurs vaisseaux. Ce qui leur inspirait le plus de confiance, c'était l'avantage des lieux. Ils savaient que les chemins de pied étaient interceptés par les marées, et que la navigation serait difficile pour nous sur une mer inconnue et presque sans ports. Ils espéraient en outre que, faute de vivres, notre armée ne pourrait séjourner longtemps chez eux ; dans le cas où leur attente serait trompée, ils comptaient toujours sur la supériorité de leurs forces navales. Les Romains manquaient de marine et ignoraient les rades, les ports et les îles des parages où ils feraient la guerre ; la navigation était tout autre sur une mer fermée que sur. une mer aussi vaste et aussi ouverte que l'est l'Océan. Leurs résolutions étant prises, ils fortifient leurs places et transportent les grains de la campagne dans les villes. Ils réunissent en Vénétie le plus de vaisseaux possible, persuadés que César y porterait d'abord la guerre. Ils s'associent pour la faire les Osismes (tribu celte, Finistère), les Lexovii (tribu celte env. Deauville), les Namnètes (tribu celte env. Nantes) les Ambiliates (tribu celte, Vendée), les Morins (tribu celte, Pas de Calais), les Diablintes (peuple celte env. de Jublains, Mayenne) et les Ménapes (tribu celte,Flandres belges) ; ils demandent des secours à la Bretagne, située vis-à-vis de leurs côtes.
César répartit ses troupes dans la Gaule
Les difficultés de cette guerre étaient telles que nous venons de les exposer, et cependant plusieurs motifs commandaient à César de l'entreprendre : l'arrestation injurieuse de chevaliers romains, la révolte après la soumission, la défection après les otages livrés, la coalition de tant d'états, la crainte surtout que d'autres peuples, si les premiers rebelles demeuraient impunis, se remissent à suivre leur exemple. Sachant donc que presque tous les Gaulois aspiraient à un changement ; que leur mobilité naturelle les poussait facilement à la guerre, et que, d'ailleurs, il est dans la nature de tous les hommes d'aimer la liberté et de haïr l'esclavage, il crut devoir, avant que d'autres états fussent entrés dans cette ligue, partager son armée et la distribuer sur plus de points.
Il envoie son lieutenant T. Labiénus avec de la cavalerie chez les Trévires, peuple voisin du Rhin. Il le charge de visiter les Rèmes (près de Reims) et autres Belges, de les maintenir dans le devoir et de s'opposer aux tentatives que pourraient faire, pour passer le fleuve, les vaisseaux des Germains que l'on disait appelés par les Belges. Il ordonne à P. Crassus de se rendre en Aquitaine, avec douze cohortes légionnaires et un grand nombre de cavaliers, pour empêcher ce pays d'envoyer des secours dans la Gaule, et de si grandes nations de se réunir. Il fait partir son lieutenant Q. Titurius Sabinus, avec trois légions, chez les Unelles (actuel Cotentin, Manche), les Coriosolites et les Lexovii, pour tenir ces peuples en respect. II donne au jeune D. Brutus le commandement de la flotte et des vaisseaux gaulois, qu'il avait fait venir de chez les Pictons (dans le Poitou), les Santons (près de Saintes) et autres pays pacifiés, et il lui enjoint de se rendre au plus tôt chez les Vénètes, lui-même en prend le chemin avec les troupes de terre.
Difficultés de la guerre contre les Vénètes
Telle était la disposition de la plupart des places de l'ennemi, que, situées à l'extrémité de langues de terre et sur des promontoires, elles n'offraient d'accès ni aux gens de pied quand la mer était haute, ce qui arrive constamment deux fois dans l'espace de vingt-quatre heures, ni aux vaisseaux que la mer, en se retirant, laisserait à sec sur le sable. Ce double obstacle rendait très difficile le siège de ces villes. Si, après de pénibles travaux, on parvenait à contenir la mer par une digue et des môles, et à s'élever jusqu'à la hauteur des murs, les assiégés, commençant à désespérer de leur fortune, rassemblaient leurs nombreux navires, dernière et facile ressource, y transportaient tous leurs biens, et se retiraient dans des villes voisines. Là ils se défendaient de nouveau par les mêmes avantages de position. Cette manoeuvre leur fut d'autant plus facile durant une grande partie de l'été, que nos vaisseaux étaient retenus par les vents contraires et éprouvaient de grandes difficultés à naviguer sur une mer vaste, ouverte, sujette à de hautes marées et presque entièrement dépourvue de ports.
Leurs navires. Leur tactique
Les vaisseaux des ennemis étaient construits et armés de la manière suivante : la carène en est un peu plus plate que celle des nôtres, ce qui leur rend moins dangereux les bas-fonds et le reflux ; les proues sont très élevées, les poupes peuvent résister aux plus grandes vagues et aux tempêtes ; les navires sont tout entiers de chêne et peuvent supporter les chocs les plus violents. Les bancs, faits de poutres d'un pied d'épaisseur, sont attachés par des clous en fer de la grosseur d'un pouce ; les ancres sont retenues par des chaînes de fer au lieu de cordages ; des peaux molles et très amincies leur servent de voiles, soit qu'ils manquent de lin ou qu'ils ne sachent pas l'employer, soit encore qu'ils regardent, ce qui est plus vraisemblable, nos voiles comme insuffisantes pour affronter les tempêtes violentes et les vents impétueux de l'Océan, et pour diriger des vaisseaux aussi pesants. Dans l'abordage de ces navires avec les nôtres, ceux-ci ne pouvaient l'emporter que par l'agilité et la vive action des rames ; du reste, les vaisseaux des ennemis étaient bien plus en état de lutter, sur ces mers orageuses, contre la force des tempêtes. Les nôtres ne pouvaient les entamer avec leurs éperons, tant ils étaient solides ; leur hauteur les mettait à l'abri des traits, et, par la même cause, ils redoutaient moins les écueils. Ajoutons que, lorsqu'ils sont surpris par un vent violent, ils soutiennent sans peine la tourmente et s'arrêtent sans crainte sur les bas-fonds, et, qu'au moment du reflux, ils ne redoutent ni les rochers ni les brisants ; circonstances qui étaient toutes à craindre pour nos vaisseaux.
Victoire navale de Brutus
Après avoir enlevé plusieurs places, César, sentant que toute la peine qu'il prenait était inutile, et qu'il ne pouvait ni empêcher la retraite des ennemis en prenant leurs villes, ni leur faire le moindre mal, résolut d'attendre sa flotte. Dès qu'elle parut et qu'elle fut aperçue de l'ennemi deux cent vingt de leurs vaisseaux environ, parfaitement équipés et armés, sortirent du port et vinrent se placer devant les nôtres. Brutus, le chef de la flotte, les tribuns militaires et les centurions qui commandaient chaque vaisseau, n'étaient pas fixés sur ce qu'ils avaient à faire et sur la manière d'engager le combat. Ils savaient que l'éperon de nos galères était sans effet ; que nos tours, à quelque hauteur qu'elles fussent portées, ne pouvaient atteindre même la poupe des vaisseaux des barbares, et qu'ainsi nos traits lancés d'en bas seraient une faible ressource, tandis que ceux des Gaulois nous accableraient. Une seule invention nous fut d'un grand secours : c'étaient des faux extrêmement tranchantes, emmanchées de longues perches, peu différentes de celles employées dans les sièges. Quand, au moyen de ces faux, les câbles qui attachent les vergues aux mâts étaient accrochés et tirés vers nous ; on les rompait en faisant force de rames ; les câbles une fois brisés, les vergues tombaient nécessairement, et cette chute réduisait aussitôt à l'impuissance les vaisseaux gaulois, dont toute la force était dans les voiles et les agrès. L'issue du combat ne dépendait plus que du courage, et en cela nos soldats avaient aisément l'avantage, surtout dans une action qui se passait sous les yeux de César et de toute l'armée ; aucun trait de courage ne pouvait rester inaperçu ; car toutes les collines et les hauteurs, d'où l'on voyait la mer à peu de distance, étaient occupées par l'armée.
Dès qu'un vaisseau était ainsi privé de ses vergues, deux ou trois des nôtres l'entouraient, et nos soldats, pleins d'ardeur, tentaient l'abordage. Les barbares ayant, par cette manoeuvre, perdu une partie de leurs navires, et ne voyant nulle ressource contre ce genre d'attaque, cherchèrent leur salut dans la fuite : déjà ils avaient tourné leurs navires de manière à recevoir le vent, lorsque tout à coup eut lieu un calme plat qui leur rendit tout mouvement impossible. Cette heureuse circonstance compléta le succès ; car les nôtres les attaquèrent et les prirent l'un après l'autre, et un bien petit nombre put regagner la terre à la faveur de la nuit, après un combat qui avait duré depuis environ la quatrième heure du jour jusqu'au coucher du soleil.
Soumission des Vénètes
Cette bataille mit fin à la guerre des Vénètes et de tous les états maritimes de cette côte ; car toute la jeunesse et même tous les hommes d'un âge mûr, distingués par leur caractère ou par leur rang, s'étaient rendus à cette guerre, pour laquelle tout ce qu'ils avaient de vaisseaux en divers lieux avait été rassemblé en un seul. La perte qu'ils venaient d'éprouver ne laissait au reste des habitants aucune ressource pour la retraite, aucun moyen de défendre leurs villes. Ils se rendirent donc à César avec tout ce qu'ils possédaient. César crut devoir tirer d'eux une vengeance éclatante, qui apprît aux barbares à respecter désormais le droit des ambassadeurs. II fit mettre à mort tout le sénat, et vendit à l'encan le reste des habitants.
L'ordre national de la Légion d'honneur est l'institution qui, sous l'égide du grand chancelier et du grand maître, est chargée de décerner la plus haute décoration honorifique française. Instituée le 19 mai 1802 par Bonaparte, alors Premier consul de la République, elle récompense depuis ses origines les militaires comme les civils ayant rendu des « services éminents » à la Nation.(source: wikipedia)
Depuis sa création, wiki-sene à retrouvé le nom de 13 Sinagots décédés a qui l'ordre a décerné cette distinction. Qui étaient-ils et quels faits de gloire leur ont permis de recevoir cette décoration de la Nation?
En plus des 7 noms résencés dans la base "leonore", wiki-sene a établi une liste exhaustive des lauréats sinagots, dont certain font l'objet d'un article dédié.
Julien TREHONDARD [12/3/1816 Séné-5/2/1859 Séné], Chevalier de la Légion d'Honneur,
Jean Marie LE PEVEDIC [28/4/1844 Séné - 21/8/1913 Neuville], Chevalier de la Légion d'Honneur
Pierre Marie LE DOUARIN [24/1/1846 Séné - 13/8/1918 Rochefeort en Terre], Chevalier de la Légion d'Honneur
Jean Marie PIERRE [14/4/1864 Séné - chercher date décès], Chevalier de la Légion d'Honneur
Désiré Jean Marie BOCHE [21/9/1872 Séné - 26/2/1945 Vannes], Chevalier de la Légion d'Honneur
Mathurin Marie NOBLANC [4/4/1874 Séné - 3/4/1955 Lorient] Chevalier de la Légion d'Honneur
Emile Louis Marie LE MEUT [21/10/1874 Séné - 9/10/1949 Séné],Commandeur de la Légion d'Honneur
Vincent Marie Joseph SEVENO [22/9/1878 Séné - 21/7/1947 Séné] Chevalier de la Légion d'Honneur
Henri MENARD [19/5/1887 Cane - 20/1/1946 Villers sur Marne], maire de Séné, Chevalier de la Légion d'Honneur
François Marie LE LAN [26/1/1892 Séné - 5/6/1961], Chevalier puis Officier de la Légion d'Honneur
Auguste JANVIER [4/10/1892 Séné - 23/8/1958 Vannes], Chevalier de Légion d'Honneur
Hippolyte LAYEC [19/1/1901 Séné - 26/8/1965 Séné ], Commandeur de la Légion d'Honneur
Eugène ROBERT [6/8/1911 Nantes - 14/6/2003 Séné ], Officier de la Légion d'Honneur
Roger LE ROY [15/8/1925 Séné - 30/7/2020 Séné] Commandeur de la Légion d'Honneur
Jean Marie LE PEVEDIC [28/4/1844 - 21/8/1913 Neuville du Poitou], Chevalier de la Légion d'Honneur
Jean Marie LE PEVEDIC nait à Balgan d'une mère ménagère et d'un père préposé des douanes en poste à la casern des Quatre-Vents. Son dossier sur la base "leonore" nous apprend que se militaire de carrière est incorporé en 8/1865 au 8° régiment de ligne. Il devient par la suite voltigeur puis caporal en 1868, sergent en 1871. Pendant la guerre contre la Pruse, il est fait prisionier. A l'issu du conflit, il se réengage et atteint le grade d'adjudant. Il occupe un poste de "portier consigne", poste de sous-officier surveillant l'entrée d'une place-forte militaire, d'abord à Rochefort sur Mer puis à Blaye. Il décède à Neuville de Poitou en 1913.
Pierre Marie LE DOUARIN [24/1/1846 Séné -13/8/1918 Rochefort en Terre], Chevalier de la Légion d'Honneur
Pierre LE DOUARIN est né à Cressignan au sein d'une famille de cultivateurs. Conscrit en 1864, il est d'abord marin à Lorient sur plusieurs navires successifs. Il participe à la guerre contre la Prusse. En 1869 il est cannonier de 1ère classe. Après la conflit, il se marie le 12/10/1875 à Pluneret avec Jeanne Ribouchon. Il rejoint la gendarmerie, d'abord comme gendarme à pied, puis brigadier et en 1888 il devient maréchal des logis. Il dispose alors d'un poste dans le Finistère, notamment à Pont-Aven en 1896. Décoré de la médaille militaire en 1873, il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur le 30 décembre 1898.
A son départ de la gendarmerie, il bénéficie d'emploi réservé aux militaires retraite. Son acte de décès le 13/8/1918 indique qu'il est alors receveur buraliste à Rochefort en Terre.
Jean Marie PIERRE [14/4/1864 - chercher date décès ].
Jean Marie PIERRE nait au sein d'une famille de pêcheur de Montsarrac en 1864. Il effectue sa conscription entre 1883 et 1886. Puis il s'engage dans la marine. en renouvelant plusieurs fois un engagement de 3 ans. Le 29/12/1910, il reçoit la médaille militaire. Il a 23 ans et 3 mois de service pour l'Etat. Entre-temps il s'est marié à Séné le 10/4/1894 avec Joséphine Marie Mathurine NOBLANC. Le 11/7/1917, il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur.
Désiré Jean Marie BOCHE [21/9/1872 Séné - 26/2/1945 Vannes]
Désiré BOCHE nait au village de Cadouarn d'une mère ménagère et d'un père préposé des douanes.La famille est pointée en 1886 lors de dénombrement. Lors de son mariage à Séné avec Marie Perrine DANET, le 4/10/1898, il déclare l'activité de matelot torpilleur breveté. Il reçoit sa légion d'honneur au grade de Chevalier le 19/01/1922, il vit alors à Lorient. Il décède à Vannes le 26/2/1945.
Mathurin Marie NOBLANC [4/4/1874 Séné - 3/4/1955 Lorient]
Il nait à Kérarden au sein d'une famille de pêcheur, fils posthume de son père Julien. Lors de son mariage le 16/6/1900 à Lorient avec Marie françoise GUILLEMOT, il déclare être Quartier maître de mousqueterie de la flotte. Il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur le 15/1/1925.
Vincent Marie Joseph SEVENO [22/9/1878 Séné - 21/7/1947 Séné]
Lors du mariage de son fils le 1er juillet 1947, l'officier d'état civil de la ville de Vannes n'oublie pas de mentionner les décorations que le vieux marin sinagot a reçues: médaille militaire, croix de guerre et légion d''honneur.
Dans l'attente de consulter son dossier d'inscrit maritime au SHD de Lorient, que sait-on de Vincent Marie Joseph SEVENO?
C'est le fils de forgeron de Séné dont l'épouse tient un débit de boissons au bourg. A 20 ans, il est forgeron mécanicien. La profession évolue alors vers la mécanique. Il se marie le 8/10/1913 avec Marguerite LE FOL [5/10/1891 Vannes - 5/5/1977 Trégunc], couturière à Vannes. Il s'engage dans la marine militaire où il fera carrière comme marin chargé de la manoeuvre des torpilles.
La guerre éclate et l'ancien forgeron sinagot devenu torpilleur se fera remarquer jusqu'à être décoré. Après l'Armistice, il est nommé par décret maître torpilleur en janvier 1919.
Il s'éteint à Séné, quelques jours après ce mariage, heureux sans doute de revoir son fils revenu vivant de déportation en Allemagne.
François Marie LE LAN [26/1/1892 Séné - 5/6/1961 Vannes]
François LE LAN nait à Michot au sein d'une famille de paludiers. Il a un frère prénommé Adolphe [11/2/1893-19/3/1936], qui sera également mobilisé, blessé à deux reprises et fait prisonnier en Allemagne.
Vers 1912, avant la guerre, il déclare la profession de maçon. Il incorpore le 65° Régiment d'Infanterie le 8/10/1913. Il est se suite mobilisé lors de la déclaration de guerre contre l'Allemagne.
Lhistorique du 65° régiment nous livre le récit de son combat aux premiers jours de la guerre "Le 21, il prend contact avec les avant-gardes allemandes, à 20 kilomètres au nord de Bouillon et, le 22 août il est engagé dans la grande bataille livrée par la 4e Armée française, il reçoit le
baptême du feu à l’attaque des positions ennemies de Maissin. C’est l’époque des magnifiques charges à la baïonnette, où officiers et soldats affirment les splendides qualités de bravoure de la race. L’ennemi bat en retraite après de furieux combats corps à corps qui se prolongent fort avant dans la nuit. Mais le lendemain matin, l’ordre est donné de rompre le combat." François LE LAN est blessé par balle le 22/8/1914 Maissin, une plaie au bras droit. Le 27/10/1914, il rejoint son bataillon.
Le 4/8/1915 il est évacué pour une pleurésie.Il soigne sa maladie d'abrod à l'hôpital temporaire n°14 de Senlis. Ensuite à l'hôpital La Bucaille à Cherbourg, puis à l'hôpital n°88 de Querqueville puis l'hôpitaltemporaire La Broussais à Nantes.
Il rejoint à nouveau son corps le 5/11/1916 et passe au 91° Régiment d'Infanterie le 1/11/1916 puis au 65° le 29/12/1916. Le Régiment opère dans un secteur qui deviendra le "Chemin des Dames":
Retiré du secteur, le 65ème cantonne à Saint-Rémy Blanzy, au sud de Soissons, Aisne. Le lieutenant-colonel Prouzergue vient d’en prendre le commandement lorsque se déclenche l’offensive d’avril. Faisant partie d’une division de deuxième ligne, le régiment n’est pas directement engagé.Le 18 avril, le 65ème va prendre position au ravin de Moulins. Le 29, il relève en ligne un régiment de la division. Le 5 mai, attaque les positions allemandes dans le secteur de la Bovelle, avec mission d’atteindre les pentes nord du plateau qui domine l’Ailette.
Il est inutile de souligner la puissance des organisations ennemies en ce point du front : casemates bétonnées, tunnels profonds à entrées multiples, centres de résistance garnis de mitrailleuses et protégés par de nombreux réseaux. Tout cela occupé par des troupes d’élite
(4e régiment de la garde) qui dispose d’une artillerie formidable. A l’heure H (9 heures), le bataillon de Rochemonteix à droite et le bataillon Audran à gauche débouchent sous un feu d’enfer et, si les pertes ne diminuent pas l’ardeur de l’attaque, elles font que les objectifs ne peuvent être atteints qu’en fin de journée, après de furieux corps à corps. Des mitrailleuses et des prisonniers restent entre nos mains.
Au centre, un tunnel à trois entrées bétonnées gênait terriblement la progression. La compagnie Mercier, du bataillon de réserve, combinant son mouvement avec la compagnie Redier, réussit d’abord à faire échouer une contre-attaque, forte de deux compagnies, débouchant du tunnel ; puis, par enveloppement, à s’emparer de deux de ses entrées, faisant 60 prisonniers, prenant plusieurs mitrailleuses et un canon révolver. La nuit est tombée quand se déclenche brusquement sur le bataillon de Rochemonteix, très en flèche, une puissante concentration d’artillerie. Puis les troupes allemandes s’élancent à l’assaut. C’est, dans la nuit, une lutte épique qui s’engage, à la lueur des fusées et des
éclatements de grenades ; debout sur le parapet les hommes se battent avec une farouche énergie… A 23 heures, le calme revient, nos unités ont repoussé l’ennemi. Elles repousseront de même, à 3 h. 30, une attaque dirigée sur le même point."
Le secteur de la Bovelle est la partie orientale du saillant de Deimling, qu’il pousse encore plus loin en direction de l’Ailette : Les
soldats ont baptisé le lieu le « Museau de porc » de par sa forme. (Limité grosso modo par le tunnel de l’Yser à l’ouest et une ligne ferme de la Bovelle – Chemin des Dames à l’est. La ferme de Bovelle est aujourd’hui disparue, située à quelques hectomètres à l’est de Cerny-en-Laonnois. De septembre 1914 à avril 1917, la ferme est en zone allemande. Début mai 1917, les français arrivent à proximité de la Bovelle, les armées ennemies s’y opposant pendant de longues semaines, ce qui achève d’anéantir la ferme. Après la guerre celle-ci n’est pas reconstruite
Ce jour du 5/5/1917, le soldat François LE LAN est une seconde fois blessé par un éclas d'obus devant Paissy, au combat au cours duquel il s'est fait remarquer par son courage et sa bravoure. La bombe, lui provoque la fracture de la jambe droite et une contusion sur la jambe gauche. Il est évacué à l'hôpital temporaire Broussais de Nantes, puis à l'hôpital St-Stanislas de Nantes et sur celui de Rennes. Le 1/12/1917 il est proposé pour la réforme et renvoyé dans ses foyers.. Il sera amputé de la cuisse droite.
Après la démobilisation il se marie à Séné le 30/7/1919 avec Marie Isabelle RICHARD [30/1/1891-12/2/1962 Vannes], fille de paludiers à Michot, voisin des Le Lan. Son amie d'enfance s'occupera de ce soldat handicapé jusqu'à sa mort. François LE LAN s'installera avec son épouse à Vannes et sera commis administratif au Service des Pensions à Vannes.
Il recevra la Médaille Militaire puis la Croix de Guerre avec Palme. Il est nommé au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur par décret le 1er mars 1939 et élevé au grade d'Officier de la Légion d'Honneur le 18/8/1955. Il décède à Vanne le 5/6/1961.
En France, le 15 octobre 1576, un édit du roi Henri III vint instituer dans chaque baillage un messager royal pour le transport des procédures. Il leur était permis de charger également des lettres pour les particuliers et des marchandises légères. En 1672, « un service des voitures publiques connu sous le nom de Messageries Royales forma l'objet d'un monopole exercé par la Ferme Générale qui s'empare des droits postaux.
La poste royale arrive en Bretagne
En Bretagne, le pouvoir du roi de France se heurte à la résistance des Etats de Bretagne depuis son union à la France en 1532. Le coût de l’entretien des routes lui fait craindre de nouveaux impôts et de nouvelles corvées pour les paroisses. Les Etats de Bretagne tiennent tête à Louis XIII et à son ministre le Cardinal de Richelieu, puis à Louvois ministre de Louis XIV.
Cette attitude explique le retard pris par la Bretagne dans l’établissement de relais de poste. Jusqu’en 1666, sur les cartes géographiques des relais de poste, il y a en 623 à l’époque, la Bretagne fait tache blanche. La situation évolue à partir de 1666, quand Louis XIV ordonne «d’établir sur le champ des liaisons en sorte que sa Majesté puisse envoyer des ordres aux officiers de son armée navale et recevoir réponse. », notamment le port de Brest alors 1er port militaire en Europe.
La carte des relais de postes dressée en 1676 par les sieurs Samson, géographes ordinaires du roi, montre que seule la poste de Paris à Brest est établie ; entre Rennes et Brest on compte 11 relais. Le ministre Louvois établit un monopole des postes dont il confie la gestion à un fermier général moyennent finances, c’est une étape de plus vers le service public des postes. Les relais de poste tenus par les "maîtres de poste" restent sous la direction du roi. Par un arrêt du conseil du roi en 1738, une nouvelle impulsion royale est donnée à l’organisation des relais de poste en Bretagne. Il y est souligné, « que la province de Bretagne, se trouve privée des avantages que lui pourrait procurer l’établissement de la poste bien réglée dans les principales routes de la Province. » L’arrêt ordonne : "qu’il sera dorénavant établi dans la dite province de Bretagne des postes en tel nombre et dans tels lieux qu’il sera jugé nécessaire". Faute d’argent, les choses traînent. Il faut attendre 1756 et les années suivantes pour que le nouveau commandant en chef en Bretagne, le duc d’Aiguillon, lancent un véritable programme d’amélioration ou de création des grands chemins en Bretagne". (Source: La poste à Châteaulin des origines à nos jours)
La poste royale s'établit à Vannes
Le premier bureau de poste ouvre néanmoins à Vannes en 1644, Port-Louis (1664), Hennebont (1676), Auray (1700) et Lorient en 1720. (Source: Histoire de la Poste en Mobihan). On ne sait où se situait le 1er bureau de poste à Vannes. Tout au long du XVIII°s, le bureau changea à plusieurs reprises d'adresse. Il fut situé place des Lices. En 1845, le bureau a été transféré sur la port, place du Morbihan: "il est maintenant accessible aux voitures mais ce lieu est éloigné du centre". En 1870, le bureau est situé au n°6 rue Saint Vincent, juste derrière à droite après la Porte Saint-Vincent.
Il déménage ensuite à l'angle de la rue de la République et de la rue Thiers, avant 1900, dans un immeuble réalisé par l'artchitecte Le Fol: "le bureau était large de 15m et profond de 10m au maximum, 5 ou 6 guichetiers étaient de service même le dimanche". C'est aujourd'hui le siège du Crédit Agricole dans un bâtiment fortement remanié.
En 1913, les services de la Direction Départementale sont transférés au n°18 rue Emile Biurgault. Le 9 octobre 1958, le nouveau bureau de poste a été inauguré place de la République. (Source:Histoire de la Poste en Morbihan).
Les relais de poste
A ces débuts, les directeurs des postes encaissaient le prix de la lettre qu'ils réclamaient au destinataire. Les courriers à cheval acheminaient les dépêches d'un bureau à l'autre grâce aux relais de la poste aux chevaux. Le "Maître des Postes" prenait des chevaux et le cavalier ou postillon chevauchait les 7 lieues qui le sépraient d'un relai à un autre. Chaussé de bottes spéciales, renforcées pour résister à la chute de cheval, les fameuses bottes de Sept Lieues devenues magiques dans le Petit Poucet de Charles Perrault.
Toutefois, l'échange des premiers courriers et correspondances demeuraient l'apanage des plus dotés du Royaume, clergé, militaire et noblesse. Sur Séné, on peut imaginer que la famille Chanu de Limur, ou blien les recteurs tels Pierre LE NEVE (1673-1749) utilisaient la poste royale.
Dans ce "dictionnaire" daté de 1754, la paroisse de Séné de la province de Bretagne est répertoriée.
En 1758, Gilles LOISELEUR est titulaire du marché de Nantes à Vannes pour 6.000 livres par an. En 1770 et en 1779, il s'engage par bail à porter et rapporter les dépêches deux fois par semaines en passant par Pont-Château et la Roche-Bernard.(Source: Histoire de la Poste en Morbihan).
Venant de Nantes, la poste royale avait des relais de poste à Pont-château, La Roche-Bernard, Muzillac, Theix avant d'atteindre celui de Vannes, dont le dernier emplacement connu, sous le Consulat, était rue du Mené.
Séné conserve un vestige de cette époque où l'on se déplace beaucoup à cheval. L'actuel bar-brasserie Le Suroit est l'ancien relai de la Ville-en-Bois déjà figuré sur cette carte du XVIII°siècle. Sans doute une halte avant d'atteindre le relai de poste de Vannes. Dans le second bâtiment, on peut encore voir les crochets au mur auquels étaient attachés les chevaux. Situé au carrefour des routes vers le bourg de Séné, au sud, vers le village de Bohalgo au nord et vers Vannes à l'ouest, le relai sera rejoint par une forge de charrons et une auberge.
L'Établissement Général des Messageries (dit Messageries Nationales, Messageries Impériales ou bien Messageries Royales selon les périodes) est une compagnie française de diligences fondée en 1798. Elle a longtemps assuré les services postaux et de transport de personnes.
1835, on ne compte encore que le bureau de poste de Vannes, Auray et Sarzeau. Invention britannique, c'est en 1849 qu'est émis le premier timbre-poste français, à l'effigie de Cérès, déesse des moissons, à laquelle succédera le profil de Napoléon III en 1852. Dès lors c'est expéditeur qui paye les frais d'acheminement du courrier. La vente de timbre se diffuse déjà auprès des marchands de tabac.
Le développement d'un transport spécifique du courrier, régulier, s'accompagne également du transport de passagers, dans les fameuses malles-postes. Le mot malle donnera en anglais le mot mail qui nous est revenu dans le terme e-mail.
En mars 1854, un service en voiture desservant les bureaux de la Roche-Bernard, Muzillac et Vannes est créé. Un marché est passé avec la Compagnie des Messageries Impériale. Il sera supprimé en 1862. En janvier 1826, un service Nantes à Lorient, passant par Vannes et Hennebont avec pour titulaires successifs, Elie, sa veuve, puis la Cie de Messagerie Générales. En 1863, des boîtes mobiles sont installées sur ce service. En octobre 1862, un service en voiture de la gare au bureau à six ordinaires a été créé avec pour titulaire Gloux. (Source: Histoire de la Poste dans le Morbihan).
Par la suite, le développement de la poste suit celui des transports: diligence avec cocher, train avec personnel ambulant. Facteur distribuant le courrier en ville puis essor du nombre de facteurs ruraux, depuis leur création en 1832 pour desservir les communes de France, d'abord à pied puis à bicyclette. Viendra ensuite le temps des tournées en automobile, cyclomoteurs et véhicules électrique...
Le facteur rural à Séné
On retrouve trace d'un facteur rural affecté à la distribution du courrier sur la commune de Séné en 1880. Victor Marie GUILLO né le 28/12/1853 à Séné, est le fils d'un préposé des douanes et d'une ménagère. Cet enfant du pays sera choisi pour assurer les tournées de la commune. Il se marie le 26/8/1878 avec Marie Vincente TATIBOIT, qui est cabaretière à Vannes au 4 rue du Petit Couvent. Il déclare le métier de facteur lors de la niassance de leur premier enfant à Vannes en 1879. Sa carrière le conduira sur Ergué Armel près de Quimper avant de revenir sur Vannes. Il est en poste à Lorient en 1894 lors de la naissance de son enfant Victor Pierre. [retrouver date du décès].
Une recherche sur le site des Archives du Morbihan, presse ancienne numérisée, avec les mots clefs "facteur rural" montrent les nombreuses affectations de ces facteurs ruraux dans les communes de Theix, Elven, Arradon etc.. mais aucune pour la commune de Séné. On note des "facteurs ruraux" à Vannes sans doute chargés des tournées de courriers sur la commune voisine de Séné. Cette hypothèse semble probable car aucun des dénombrements de 1886, 1891 et jusqu'en 1921, ne mentionne la présence sur Séné d'un facteur. Ils résidaient sans doute à Vannes comme le facteur Victor GUILLO.
Cette coupure de presse de 1889 rend compte des délibération du Conseil Général du Morbihan. Un poste de facteur rural est créé pour Séné comme Arradon.
Depuis 1890, Séné compte deux boites à lettres dans la commune, au bourg et à Montsarrac, alors village en plein essor grâce aux salines, au port de Montsarrac, à l'usine d'extraction d'iode de la Gillardaie.
En mai 1890, suite à une lettre du Directeur des Postes pour supprimer la 2° levée de la boîte de Séné les dimanches et jours fériés, le Conseil municipal saisit cette occasion pour signaler à l'administration la régularité et l'exactitude avec laquelle le facteur local, le sieur MAURY, remplit ses devoirs et est d'avis de supprimer cette 2° levée.(Source Histoire de la Poste en Morbihan).
En mars 1896, les habitants de Brouel et de Falguérec demendent que le facteur n°7 qui dessert les villages du Berly Bras aux Quatre Vents, desserve également leurs villages car ils reçoivent leurs lettres à la fin de la tournée du facteur n°3 chargé de la levée de boîte, ce qui leur donne un retard d'un jour pour répondre aux lettres. La caserne des douaniers au Quatre-Vents était une grand utilisateur des services postaux.(Source Histoire de la Poste en Morbihan).
En août 1898, les habitants des villages de Cadouarn, Cariel et Canivarc'h sollicitent l'établissement d'une boîte aux lettres contre la maison Lefranc, buraliste à Cadouarn. Ceux des quartiers de Cressignan, Michotte et Moustérian demandent une seconde boîte au bourg pour remplacer celle qui a été déplacée dernièrement. (Source Histoire de la Poste en Morbihan).
Un bureau de poste à Séné:
Par décret du 12 avril 1898, l'ouverture d'une recette auxiliaire rurale des Postes est décidée pour Séné au 1er août 1898, comme l'annonce cet extrait du Bulletin mensuel des Postes et Télégraphe daté du 1er janvier 1898.
Où était situé à Séné ce premier bureau des Poste? Sur cette 1ère carte postale ancienne, on peut voir le départ d'un facteur à bicyclette et du courrier en malle-poste devant le siège de la Poste & Télégraphe d'Arradon. La 2° montre une vue de l'ancienne poste de Baden.
A cette époque le siège du receveur buraliste était situé sur la rue principale. Receveurs buralistes et personnel de la Poste & Télégraphe, faisaient parti du même Ministère. Il se peut que cette maison, aujourd'hui fortement remaniée, ait logé les bureaux du 1er bureau de poste à Séné, géré par le receveur aux contributions directes de l'époque.
Une cabine téléphonique à Séné:
En avril 1905, la conseil municipal de Séné donne son accord pour recevoir une cabine téléphonique dans la commune. Cette cabine de téléphone est à nouveau confirmée dans le Bulletin mensuel des Postes et Télégraphes de janvier 1906.
Cet autre extrait de du bulletin porte également sur la création d'une cabine à Séné en janvier 1914, à la veille de la Grande Guerre. La correspondance entre les soldats mobilisés au front et leur famille jouera un grand rôle dans la capacité de resistance du peuple français. Le Ministère de la Guerre s'appuiera sur un service efficace des Postes & Télégraphes pour acheminer les nombreuses Lettres de Poilus.[trouver une lettre de'un Poilus de Séné]
Les receveurs des postes à Séné : Tuffigo -> Allain -> Vedier -> Ledoeuff-> Bernard.
Au sortir de la guerre, Séné qui compte alors plus de 2500 hab accueille un receveur des postes, habitant la commune comme l'indique le dénombrement de 1921. Victor TUFFIGO [4/8/1888 Quiberon - 26/9/1932 Lorient] a obtenu son premier poste à Quiberon comme candidat civil en 1913.
Pour entrer dans l'administration , Victor TUFFIGO founrnit plusieurs pièces que l'on retrouve dans son dossier personnel aux archives du Morbihan. Il a ainsi obtenu son certificat d'Etudes Primaires le 20/7/1902 à Quiberon.
Pendant son service dans la marine, il est apprenti timonier à bord du Calédonien, sanctionné le 11/6/1909 par un Certificat de Bonne Conduite et de capacité. Ensuite il est timonier breveté sur le Jules Ferry, sanctionné le 5/4/1911. Il confirme ce poste à bord de l'Ernest Renan le 30/7/1912.
Le 3/5/1913 il se fait vacciner. Le 30/4/1913, la mairie de Quiberon lui adresse un certificat de Bonne vie & Moeurs. Le 3/5/1913, il postule par courrier pour un poste de facteur. Il reçoit un avis positif le 10/5/1913. Il entre dans l'administration le 1/11/1913 comme facteur rural à Quiberon. Il est mobilisé dans la marine en aourt 1914.
A l'issue de la Grande Guerre, il est Quartier Maître de manoeuvre [aller au SHD de Lorient]. Mis en congé illimité de démobilisation, il vit quelques temps à La Rochelle, où nait son fils Jean Victor [5/12/1918-31/7/1991], fruit de son union avec Anne Angélique LE DIVELLEC [date mariage?]. Il revient en Morbihan et il réintègre l'administration par un poste de facteur de ville. Il est ensuite nommé facteur receveur à Crach puis à Séné le 9/10/1920. Son second enfant, Victor Joseph [22/2/1922-30/12/1956 Lorient] nait à Séné.
Il sera muté à Lorient où le "marin-facteur" décède d'un accident à bord du streamer Guermor alors qu'il portait le courrier.
En mars 1922, la conseil municipal vote l'installation d'une boite à lettre à Langle.
Au dénombrement de 1926; Joseph Marie THOMAS [26/5/1893 Plougoumelen- xxx] occupe le poste de facteur des postes et vit au Gorneveze. En juillet 1922, quand nait sa fille Ange Julienne, la famille réside au bourg. Le receveur Tuffigo est témoin de la naissance.
Lors d'une tournée en mars 1933, Joseph THOMAS est victime d'un accident contre un automobiliste, à la Grenouillère, non loin de la forge de M.Raud. En 1936, il est pointé à nouveau à Séné avec sa famille.
Au dénombrement de 1931, Jean Marie ALLAIN [8/9/1891 Penestin - 6/3/1968 Missilac] est chef des PTT à Séné et en 1936, facteur receveur. D'abord cultivateur, il s'engage dans la marine. Pendant la guerre, il est à bord du cuirrassé "Patrie" puis du croiseur "Foudre". Il entre dans l'administration le 1/11/1919. Il épouse sa femme, Henriette ROY, à Mémomblet, Vendée en 1920.
Son dossier personnel, conservé au archvies du Morbihan nous donne ses postes successifs. Il fut nommé facteur rural à Férel (56). Puis il est facteur-receveur à Lanouée (56) quand nait sa fille Andrée en 1921. Il fut nommé à Séné courant 1924, avant de venir s'y établir et en octobre 1929, il obtint la médaille de bronze des PTT.(Source Histoire de la Poste en Morbihan). Son dossier de retraite est complet le 25/7/1941 et il se retire à Penestin.
Sur la photo montage ci-dessous, il figure avec sa femme à droite, il baisse la tête, distrait par le chien, il est aux cotés d'un couple (non identifié) et de sa fille Andrée qui passe le bras au cou de son fiancé ou époux, Raymond Théodet. A droite toujours devant la devanture défraichie de la poste, en compagnie de sa fille. (Source famille Théodet)
Sa fille unique Andrée [9/7/1921 Lanouée - 23/10/2021 Coubert 77] reviendra dans les années 2010 à Séné en pélerinage sur les lieux de son enfance. Elle a été accueillie dans par le gérant du restaurant Ar Gouelen, maison qui était alors le siège de la poste à Séné. Sur cette photo l'écriteau au dessus de la porte: POSTES SENE TELEGRAPHES-TELEPHONES
Le document ci-dessous daté d'août 1938, montre la signature d'un bail par le maire Henri MENARD avec la poste, lui permettant sans doute de continuer à occuper ce bâtiment communal ou qui le devint à cette époque. [à creuser]. On sait que la commune de Séné l'a vendu sous le mandat Carteau vers1992 .
Pendant la guerre, Paul Eugène VEDIER [20/4/1915 Chatillon 53 - 28/2/2004 Cholet] est nonmé facteur-receveur à Séné comme en témoigne cet extrait de l'acte de naissance de son fils daté de 1943. A sa naissance, son père était 'courrier à pied" à Chatillon sur Colomont (53).
De 1950 à 1967, Pierre LE CLECH [29/9/1907 - 19/8/1994] est facteur auxiliaire à Séné. Ce Vannetais a épousé le 18/8/1931 Véronique Marie Louise LE DOUARIN, la fille du buraliste de Cadouarn. Engagé militaire en poste en Indochine, il gagne le Tchad et l'Armée Française d'Afrique du Nord et participe au débarquement en Normandie. A la Libération, il ne souhaite pas repartir en Indochine et fait valoir ses droits à la retraite. Le Gouvernement réserve des postes dans la fonction publique aux retraités de l'armée. Il obtient le poste de facteur à Séné vers 1950. Sur la photo ci-dessus, on le voit à bicyclette dans la rue de Cadouarn. En 1962, à quelques années de sa retraite, il est pointé avec sa famille par l'agent du recensement.
Son fils Marc, qui remplaçait de temps en temps son père l'été se souvient:"nous vivions à Cadouarn. A ses débuts, le receveur-distributeur allait chercher le courrier à Vannes. Devenu receveur, c'est mon père qui allait chercher le courrier. Il y avait alors 3 facteurs à Séné qui opéraient 3 tournées bien rôdées. Mme LOTODE se chargeait de la tournée de la côte; Mme MORIO faisait le bourg et mon père assurait la tournée de la Grenouillère et du Poulfanc. Les dernières années, il a laissé son vélo pour la mobylette".
Au départ en retraite du receveur VEDIER, Aline LE DOEUF.[13/4/1923 Plougoumelen - 7/11/2009 Auray] est nommée sur Séné. La famille Le Doeuf est originaire du Finistère. Le père Christophe Le Doeuf était facteur rural au Bono où il se marie avec une fille de Baden. Les PTT recrutent des femmes et sa fille Aline deviendra receveur des postes. Après un poste à Monteneuf (41) elle revient en Bretagne sur Séné. Elle apparait au recensement de 1962 à côté de la famille Le Normand et Guillonnet qui tenaient respectivement une ferme au bourg et l'hôtel du Golfe. En effet, à cette époque, le bureau de poste est toujours situé place de l'Eglise. Elle quittera Séné pour Rochefort en Terre puis Etel où elle finira sa carrière célibataire.
La distribution du courrier ne se fait plus à pied par le facteur rural; la bicyclette permet l'embauche de femmes en tant que factrices comme l'illustre cette vieille photographie où deux Sinagotes enfourchent leur vélo pour répartir le courrier, peut-être Mme Le Lan épouse Lotodé et Fernande Noblanc épouse Morio.
En effet, au dénombrement de 1962, Mme Marie LE LAN [7/7/1898-16/1/1977], veuve de Pierre Marie LOTODE [7/7/1895-8/1/1967] est pointée au Purgatoire comme préposée aux P&T.
Jean Yves FILY, neveu de Mme Le Doeuf débutera sa carrière professionnelle dans les PTT. En 1967, il succède à Pierre LE CLEC'H. Il a pour collègues Mme LOTODE et Fernande NOBLANC-MORIO. En retraite sur Erdeven, il se souvient de ces années:" je débutais par une remise des télégrammes reçus dans la nuit. C'était des télégrammes des marins sinagots qui informaient leur famille et épouse de leur arrivée au port du Havre. Celles-ci pouvaient alors se préparer pour aller chercher leur époux de retour de mer."
Le courrier était apporté de Vannes par un gars d'origine maghrébine, fort sympathique, sunommé "Tarzan". Il revenait le soir chercher le courrier à la fermeture de la poste. "Avec le courrier du matin, j'enfourchais mon vélo ou ma mobylette pour ma tournée sur les villages de Montsarrac, Cressignan, Moustérian et je revenais à la poste chercher le courrier à distribuer sur la presqu'île. Les tournées étaient longues et ml'occupaient jusqu'à 17 heure le soir sur les chemins de la commune".
A l'époque les facteurs amenaient dans leur sacoche l'argent des mandats postaux, les retraites des marins notamment. Il se souvient:"il ne fallait pas se tromper de famille quand il y avait des homonymies. La caisse de retraite nous y aidait. Il était coutume d'ajouter au nom du pensionné, son surnom pour éviter les erreurs. Ainsi Marianne Le Hitouze était accolée du surnom Marianne Huit Sous!. J'allait même jusqu'à porter leur retraite aux marins sur leur bateau à Port-Anna".
A partir de 1968, la distribution se fait en voiture depuis Vannes et la poste à installé de nouvelle boites aux lettres regroupées pour réduire le temps et faciliter la distribution du courrier. Dans cette vielle coupure extraite du bulletin paroissial, l'Abbé Le Roch, nous rend compte du changement pour la postière Fernande NOBLANC épouse MORIO [15/10/1919-13/2/2017].
Sa fille Isabelle se souvient:" ma mère a fait ses tournées en Solex sur la majeure partir de son temps à Séné. Elle avait deux lourdes sacoches pleines et une grande sacoche en bandoulièree. Elle le faisait par tous les temps. Le courrier arrivait d'abord à Séné livré puis avec l'évolution du changement de classement du bureau de poste, elle allait à Vannes faire le tri puis revenait faire sa tournée à Séné. A Vannes, elle a intégré une équipe 'dune cinquantaine de facteurs, quasiment tous des hommes. Le métier commençait juste à se féminiser. Elle a terminé sa carrière après un accident de circulation sur son temps de travail à Vannes".
Au début des années 1970, la poste est transférée près de la mairie et occupe alors l'aile gauche de l'ancienne école communale aux côtés de "L'Inscription Maritime". On parle encore de Poste et Télécommunications.
A partir de 1973 et jusqu'en 1987, Victor BERNARD [10/9/1931 St-Pol de Léon - 4/4/2002 Vannes] était le receveur des poste de Séné. Lors de son décès en 2002, Francis POULIGO lui rendit hommage dans le bulletin municipal.
Sur cette vue aérienne, on note le changement de logo de ce qui est devenu La Poste en 1990.
En avril 1992, sous la mandat de Marcel Carteau, le siège actuel de La Poste est contruit et il sera inauguré en novembre 1992. Sur la photo, la petite fille qui porte le coussin et la clef n'est autre que la petite-fille du receveur Victor BERNARD.
Après son départ en retraite, se souvient son gendre, Jean-Yves LAUNAY, c'est M. PLOT qui le remplace. Ensuite une femme originaire de Gourin lui succède [Mme JOSSO?].
A partir de 9/2002, Laurent NEVEUX en provenance de la poste du Bono, devient alors Chef d'établissement à Séné. En juin 2005, Bruno NIO lui succède (photo Le Télgramme 11/6/2005): "L'agence de la commune dispose de deux guichets permanents, tenus par Pascale Launay et Martine Tanguy. Florence Mélandre est chargée de l'assistance commerciale, tandis qu'un conseiller financier, M. Robin se tient également à la disposition du public".
Nombreux sont les Sinagots à se souvenir de Pascale LAUNAY [10/5/1961 - 17/6/2016], qui avait gravi les échelons à la poste de Séné. Malheureusement, elle tombe malade et décède prématurément en juin 2016.
Après le dernière réorganisation de La Poste, Bruno NIO occupe les fonctions de Directeur de Secteur. Basé à Saint-Avé, il gère un ensemble de bureaux de postes, soit en "pleine propriété de l'entreprise" soit par convention avec des commerces ou avec des communes. Les facteurs qui assurent les levées des boites à lettres de la commune et la distribution du courriers sont rattachés au centre de tri de la zone du Prat. Les facteurs distribuent par des tournées distinctes, le courrier et les colis.
A Séné, il y a toujours un bureau de poste avec aujourd'hui une unique employée. Le postage du courrier peut se faire au bureau de poste du bourg et dans les nombreuses "boites à lettres" dissiminées sur la commune.
Notre commune dispose de "vraies boîtes" aux lettres jaunes en fonte, à la poste du bourg, à Moustérian, en face le tabac-presse du bourg, près de la ruelle du Recteur, sur le parking d'Intermarché au Poulfanc, à côté du tabac-presse du Poulfanc. Celui de Cadouarn en est dépourvu.
Il compte aussi, accolées aux boites "cidex" des boîtes jaunes" où le client peut déposer son courrier à conditions d'en connaître le prix de l'affranchissement. Sinon, direction la poste du bourg de Séné ou pour le Poulfanc, le centre de tri de la zone du Prat. Le site boite-lettre.fr en recence 46 sur notre commune.
Philatelie : notre commune semble n'avoir fait l'objet que de ce seul timbre.
Contrairement à Pont-Aven ou au Faouët, les rivages du Golfe du Morbihan n'ont pas séduit un grand nombre de peintres jusqu'à très récemment. Nous ne disposons pas d'un nombre important de tableaux, d'huiles ou d'aquarelles s'inspirant de la petite mer et encore moins de Vannes ou de Séné. Aussi il convient de s'attarder sur les rares artistes qui ont posé leurs chevalets sur les côtes Vénètes.
Aux côté des Jean FRELAUT qui illustra plusieurs aspects de la vie des Sinagots on doit citer également le peintre américain Trafford KLOTS qui nous a légué des tableaux peints sur les rivages de Séné.
Biographie:
Trafford KLOTS nait en 1913 à Rome où ses parents séjournent. C'est le fils du peintre américain Alfred KLOTS [Saint-Germain en Laye 25/7/1875 – 17/2/1939] qui voyagea en Europe avant de se poser à Rochefort en Terre.
Ce peintre et son père sont issus d'une famille américaine de Baltimore, état du Maryland, côte ouest des Etats-Unis, qui pratiquait le commerce de la soie. Le père révéla très tôt son talent artistique. Ce jeune peintre suivra l'essentiel de sa formation à New York avant de venir vivre à Paris en 1901. C'est alors qu'il tombe amoureux de la Bretagne. Il achète le Château de Rochefort en Terre ou plutôt ce qu'il en reste.
Le château est en ruines et seules les écuries avaient été transformées en habitation au XIX° siècle. Par étapes successives, il le fera revivre et il deviendra son château en Bretagne. En 1918-1919 il ouvre sa demeure à la Croix-Rouge américaine, ce qui en fait un centre de convalescence pour soldats, ce qui lui vaudra de recevoir la Légion d'honneur après la guerre. Mécène volontaire, Alfred s'intéresse également à la mise en valeur du patrimoine local. En 1913, il institue un concours annuel qui fera du village l'un des plus fleuris de France. Cet américain adopté par les Rochefortais locaux est décédé en 1939 à Bali.
Trafford KLOTS est le fils du portraitiste Alfred Partridge KLOTS et Agnes Boon KLOTS.Trafford Klots a passé beaucoup de temps en Europe avec ses parents, notamment le village médiéval de Rochefort-en-Terre en Bretagne où ils établirent une colonie d'art. De 1927 à 1929, il fréquenta l'école des Roches et écrivit à ses parents ses études et ses activités, mais il n'était pas très érudit, et ces lettres comme celles écrites de Gilman L'école de Baltimore, 1929-1932, a décrit sa piètre performance dans tout sauf dans l'art. En 1932, il s'inscrit à la British Academy à Rome, et entre 1933 et 1935, étudie à Londres à la Shaw School. Après avoir quitté Gilman en 1932, Trafford s'inscrit à l'automne 1932 à la British Academy à Rome, et à de 1933 à 1935, était un étudiant à l'école Shaw à Londres.
Pendant une grande partie de sa jeunesse, il était à Rochefort-en-Terre avec ses parents et après la mort de son père en 1939, a poursuivi le travail de promotion de la région comme une colonie d'artistes. Il se consacre également à la peinture.
En 1940, lorsque la guerre éclate, il crée le Fonds américain de secours aux Bretons, avant de s'engager comme officier dans l'armée américaine. En 1944, de retour à Rochefort en Terre, il retrouve intact le Château et ses collections sauvées grâce au dévouement du gardien. Trafford Klots sera fait chevalier de la Légion d'honneur par la France. Après la Seconde Guerre mondiale, Trafford Klots et sa femme, Isabel [16/1/1917-8/8/2013] ont restauré la propriété de Rochefort-en-Terre et ont travaillé ensemble à cet effort jusqu'à sa mort en 1976.
Depuis 1987, le Château est une propriété du Département du Morbihan. En 1989, après la mort de Traford, sa femme, a créé l'Alfred & ; Programme de résidence d'artiste à la mémoire de son mari et de son beau-père. Le programme est administré par le Maryland Institute College of Art. En mai 2007, le Maryland Institute College of Art a organisé une exposition mettant en vedette les participants au programme de résidence d'artiste du Château Rochefort en Terre. Des documents documentant la vie de Trafford Klots sont dans la Maryland Historical Society.
Trafford KLOTS, témoin de la vie des Sinagots:
Squalle senne : Bourrasque: une vue du littoral de Séné
Fishermen coming in at Sene
Retour de pêche à Séné: on identifie la cale du Badel
Port Anna
Pêcheurs faisant sécher leur filets : on identifie le village de Cadouarn
Workman on the pier:
on reconnaitla cale de saint-Armel avec en fond la côte de Moustérian
Les dictionnaires sont bien utiles pour expliquer ce qu'étaient les vieux métiers d'autrefois...
Receveur buraliste. Préposé de la régie chargé de recevoir les déclarations des redevables et de percevoir les droits. Si l'on ajoute 8 676 facteurs ruraux, 1 000 agents de bureaux de distribution des lettres, et 8 840 receveurs buralistes des contributions indirectes, le personnel des finances se compose de plus de 80 000 agents (Vivien, Ét. admin.,t. 1, 1859, p. 176).
Cette définiton, extraite du dictionnaire en ligne du cnrtl.fr, reprend une citation, elle même extraite d'un ouvrage intitulé "Etudes Administratives" publié en 1859 et traitant de l'administration française de l'époque. Son auteur Alexandre François VIVIEN [3/7/1799-7/6/1854] eut droit à une 3° ré-édition posthume.
L'extrait page 176 donne les effectifs du Ministère des Finances de l'époque qui regoupe les agents des Contributions Directes, les Perceptions, les agents de l'Enregistrement et du Timbre, les agents des Forêts,les agents des Douanes dont de nombreux "actifs" étaient présents à Séné, les agents des Contributions Indirectes, les agents des Postes, de la Monnaie, les Facteurs Ruraux, les employées des Bureaux de Distribution des Lettres, les Receveurs Buralistes des Contributions Indirectes.
Aux côtés des paludiers qui produisaient du sel dans les marais salants à Séné, cohabitait l'administration des douanes. Suivant leur importance, les casernes abritaient un brigadier, un sous-brigadier qui encadraient plusieurs prépoasés des douanes. A la caserne des Quatre-Vents, officiait un receveur des douanes dont les tâches devaient être de payer les soldes des agents des douanes et de recouvrir les taxes sur la commerce du sel.
L'Administration Fiscale était également présente à Séné avec ses receveurs buralistes.
En 1861, le Receveur Buraliste des Contributions Indirectes de Séné est Gervais LAYEC comme l'indique sa mention sur l'acte de décès de son épouse Anne LE GARGAN [2/4/1809 St-Avé-19/9/1861-Séné]
Au dénombrement de 1841, Gervais LAYEC [31/10/1808-St-Avé- 4/3/1895 Vannes] déclarait déjà la profession de "marchand de tabac". L'Etat avait le monopole de la vente de tabac par le receveur buraliste. Lors de la naissance de son 4° enfant en 1849, il déclare la profession de "Débitant de Tabac". M. LAYEC décèdera à Vannes à l'âge remarquable de 86 ans. Le nom de "Receveur buraliste" semble apparaitre à partir du Second Empire [1851-1870]. Les mots buraliste et bureau de tabac sont parvenus jusqu'à nous.
Eb 1873, le bureau des débits de tabac est constitué pour assurer la gestion des parts des redevances sur les débits de tabac de première classe et emploie des receveurs buralistes de première classe.
En 1874, le receveur buraliste s'appelle Felix Louis RONDOUIN [ca 1817 Carentoir-17/5/1883 Séné] comme l'indique cette mention sur l'acte de décès du Sinagot Le Meut. La famille Rondouin nous a laissé de "belles" tombes au cimetière de Séné.
A son décès le poste de receveur buraliste de Séné sera occupé par la garde maritime. Jean Joseeph CHAMPETIER [27/12/1816 Chandolas - xxx] est un ardéchois devenu gendarme maritime. Marié à Brest le 19/2/1849 avec Marie Jeanne NICOLAS [17/7/1820 Guingamp - 24/8/1856 Nantes], il est veuf et père d'une fille mariée le 22/10/1873 quand il déclare être garde maritime à Séné. Il conservera la fonction de receveur buraliste à Séné jusqu'en 1885, date à laquelle son nom apparait comme témoin de mariages à Séné.
Vers les années 1890, le Receveur buraliste désigne un emploi souvent réservé aux anciens combattants, ou victimes de guerre, à la fois commerçant qui vendait du tabac monopole d’état, et qui perçevait les taxes sur les alcools et leurs transports (contributions indirectes).
Au dénombrement de 1886, on note que Mathurin SEVIN [21/12/1838-1/12/1901] ancien brigadier de gendarmerie à Cléguérec, est receveur buraliste à Séné. On connait bien Sevin qui sera un candidat malheureux aux élections muncipales de 1901 et mourra d'une étrange noyade la même année. A son décès un certain LAURE en poste à Radenac est nommé sur Séné comme l'indique cet extrait de Ouest Eclair daté de septembre 1902.
Le dénombrement de 1901, nous donne Vincent Marie COCARD, marin en retraite et marchand de tabac installé à Montsarrac. Le métier de receveur buraliste va se détacher de la vente de tabac au profit de comerçants.
Au dénombrement de 1906, Théophile Eugène LE BRAS [10/12/1860 Brest - xx ] est en poste à Séné. Natif de Brest, cet ancien maréchal des logis au 28° Régiment d'Artillerie de Vannes a épousé Marie Perrine JEHANNO [4/2/1858 Vannes- xx ] cabaretière à Vannes, veuve de Jean Marie LE FOL [21/12/1859 - 2/11/1892], cabaretier.
Dans l'annuaire du Morbihan de 1913, LE BRAS a sa mention aux côtés des personnages importants de Séné. Le Bras restera buraliste à Séné jusqu'au moins 1921 quand il est encore pointé lors du dénombrement. Si on s'attarde un peu on note que la vente de tabac est répartie entre le receveur buraliste et la cabaretier Jean Louis LE DOUARIN de Cadouarn.
En 1926, le recensement nous indique que Patern LE GUELZEC [28/12/1885-27/16/1950], est alors le buraliste de Séné.
Au recensement de 1931, il est secrétaire de mairie. Il semble que le poste de receveur buraliste ait été supprimé entre-temps. La mairie a embauché Le Guelzec après avoir remercié un certain Michel JOSEPH qui occupa ce poste quelques mois.
D'ailleurs, les bureaux du receveur buraliste étaient situés non loin de la mairie à l'actuel n°5 de la place de la mairie. Cette maison, fortement remaniée, fut le siège du receveur buraliste, puis à sa fermeture, il devint le café Allano, dans les années 1960, l'atelier du réparateur de vélo Balacon avant de devenir la siège de la première Caisse d'Epargne de Séné et aujourd'hui, une annexe de la mairie.
Après guerre, l'administration fiscale se ré-organise et la commune de Séné perdra son receveur buraliste. Elle n'accueillera pas de perception municipale comme d'autres communes.
Les bars-tabacs d'aujourd'hui, qui ornent leur carottes sont les "héritiers" de cette administation fiscale née sous Napoléon.
Lors de ce recensement de 1926, Jean Louis LE DOUARIN [11/8/1874-26/3/1948], installé à Cadouarn à l'emplacement actuel bar-tabac "Aux Joyeux Sinagot", déclare également l'activité de débitant de tabac. Sa fille, Marie Louise LE DOUARIN [16/10/1902-4/12/1973] épouse Jouan « Marie Lechat, reprend le bar-tabac d'env. 1932 à 1948. Ensuite, sa soeur . Véronique LE DOUARIN [3/7/1911-12/11/1990] reprendra le bar-tabac Les murs échoieront à son fils,Marc LE CLECH, dont le père Pierre LE CLECH fut facteur axiliaire à Séné.
A partir des années 1950, le bar-tabac de Cadouarn au n°51 Rue du Moulin, sera tenu ensuite par une succesion de gérants cafetiers-buralistes. Il prendra le nom de "LES JOYEUX SINAGOTS » en 19xx.:
Mme JUHEL (mère de Maurice) 1956 (2 ans); ??? LE REST frère de Simone LE REST; Simone LE REST (1929-2017) épouse d’André LE ROY; Guy et Françoise LE DEVEDEC;.
Jean Pierre CONAN repris le commerce en 9/2000. Depuis 9/2009, la bar-tabac de Cadouarn "Aux Joyeux Sinagots" est tenu par les buralistes Nathalie PILTE et Eric MAUNY. En mai 2022, Fatima et Georges CORREIA ont repris l'établissement du village de Cadouarn.
La cission entre les activté fiscales du receveur buraliste et la vente de tabac et cigarette affectera ausi le bourg de Séné. La bar des Robino tenu par "Tante Bélie" a du récupérer dans les années 1925-1930 la vente de tabac.Mme Maggio se souvient: "la Tante Bélie vendait du tabac "à la coupe" et aussi du tabac à rouler. Quand elle a arrêté, la vente de tabac a été confiée à l'Hôtel Restaurant Guillonnet et ensuite Marie-Claire a récupéré la vente de tabac.". L'actuel bar-tabac du bourg, Le Séné Marin" est l'héritier du receveur buraliste Gervais Layec.
Un troisème bar-tabac de Séné naitra au Poulfanc. L'ancien café de la Veuve Penru, puis de Lucien PENRU, deviendra un hotel-bar-restaurant sur la route de Nantes. Son héritier, le tabac-presse Arze, dispose d'une licence de buraliste officiellement depuis.
Au 1er juillet 2022, la famille Arze cède l'entreprise à la société Le Pourquoi Pas basée à Vannes de Lucie Brunet et Jean Charles Logeais qui reprend le tabac-presse Le Poulfanc.