Portraits
- Léon TREMBLE, la mosaïste de passage à Séné
- Les Légionnaires Sinagots
- Auguste JANVIER, soldat de 14-18, Légion d'Honneur
- LE MOUSSU, Communard natif de Séné
- LE MEUT Emile, Général sinagot 1874-1949
- LE LAYEC, fils du boulanger devient Gouverneur
- LE ROY Roger 1925-2020
- Marguerite LAYEC, institutrice dévouée
- Ernestine MORICE, parcours de vie [1909-1999]
- Aimé CAPPE, instituteur libre...à bicyclette
- ALLANIOUX marin de dirigeable, 1887-1984
- François QUESTER : 1er Centenaire de Séné 1919
- Marie BENOIT, la boulangère résistante
Guerres & Batailles
La bataille des Vénètes, par Jules César
La Bataille des Vénètes, par Jules César
Extrait de La Guerre des Gaulles, livre III - Traduction Biblioteca Classica Selecta
Soulèvement des Vénètes
Après ces événements, César avait tout lieu de croire la Gaule pacifiée ; les Belges avaient été défaits, les Germains repoussés, les Sédunes (peuple celte établi dans le Valais) vaincus dans les Alpes. Il partit donc au commencement de l'hiver pour l'Illyrie, (actuelle Albanie) dont il voulait visiter les nations et connaître le territoire, lorsque tout à coup la guerre se ralluma dans la Gaule. Voici quelle en fut la cause. Le jeune P. Crassus hivernait avec la septième légion, près de l'Océan, chez les Andes (près d'Angers). Comme il manquait de blé dans ce pays, il envoya des préfets et plusieurs tribuns militaires chez les peuples voisins, pour demander des subsistances ; T. Terrasidius, entre autres, fut délégué chez les Esuvii (dans l'Orne) ; M. Trébius Gallus chez les Coriosolites (Côtes d'Armor) ; Q. Vélanius avec T. Sillius chez les Vénètes (Pays vannetais).
Cette dernière nation est de beaucoup la plus puissante de toute cette côte maritime. Les Vénètes, en effet, ont un grand nombre de vaisseaux qui leur servent à communiquer avec la Bretagne (Grande Bretagne) ; ils surpassent les autres peuples dans l'art et dans la pratique de la navigation, et, maîtres du peu de ports qui se trouvent sur cette orageuse et vaste mer, ils prélèvent des droits sur presque tous ceux qui naviguent dans ces parages. Les premiers, ils retinrent Sillius et Vélanius, espérant, par ce moyen, forcer Crassus à leur rendre les otages qu'ils lui avaient donnés. Entraînés par la force d'un tel exemple, leurs voisins, avec cette prompte et soudaine résolution qui caractérise les Gaulois (les peuples celtes), retiennent, dans les mêmes vues, Trébius et Terrasidius ; s'étant envoyé des députés, ils conviennent entre eux, par l'organe de leurs principaux habitants, de ne rien faire que de concert, et de courir le même sort. Ils sollicitent les autres états à se maintenir dans la liberté qu'ils ont reçue de leurs pères, plutôt que de subir le joug des Romains. Ces sentiments sont bientôt partagés par toute la côte maritime ; ils envoient alors en commun des députés à Crassus, pour lui signifier qu'il eût à leur remettre leurs otages, s'il voulait que ses envoyés lui fussent rendus.
César construit une flotte. Coalition des peuples de l'Océan
César, instruit de ces faits par Crassus, et se trouvant alors très éloigné, ordonne de construire des galères sur la Loire, qui se jette dans l'Océan, de lever des rameurs dans la province, de rassembler des matelots et des pilotes. Ces ordres ayant été promptement exécutés, lui-même, dès que la saison le permet, se rend à l'armée. Les Vénètes et les autres états coalisés, apprenant l'arrivée de César, et sentant de quel crime ils s'étaient rendus coupables pour avoir retenu et jeté dans les fers des députés dont le nom chez toutes les nations fut toujours sacré et inviolable, se hâtèrent de faire des préparatifs proportionnés à la grandeur du péril, et surtout d'équiper leurs vaisseaux. Ce qui leur inspirait le plus de confiance, c'était l'avantage des lieux. Ils savaient que les chemins de pied étaient interceptés par les marées, et que la navigation serait difficile pour nous sur une mer inconnue et presque sans ports. Ils espéraient en outre que, faute de vivres, notre armée ne pourrait séjourner longtemps chez eux ; dans le cas où leur attente serait trompée, ils comptaient toujours sur la supériorité de leurs forces navales. Les Romains manquaient de marine et ignoraient les rades, les ports et les îles des parages où ils feraient la guerre ; la navigation était tout autre sur une mer fermée que sur. une mer aussi vaste et aussi ouverte que l'est l'Océan. Leurs résolutions étant prises, ils fortifient leurs places et transportent les grains de la campagne dans les villes. Ils réunissent en Vénétie le plus de vaisseaux possible, persuadés que César y porterait d'abord la guerre. Ils s'associent pour la faire les Osismes (tribu celte, Finistère), les Lexovii (tribu celte env. Deauville), les Namnètes (tribu celte env. Nantes) les Ambiliates (tribu celte, Vendée), les Morins (tribu celte, Pas de Calais), les Diablintes (peuple celte env. de Jublains, Mayenne) et les Ménapes (tribu celte,Flandres belges) ; ils demandent des secours à la Bretagne, située vis-à-vis de leurs côtes.
César répartit ses troupes dans la Gaule
Les difficultés de cette guerre étaient telles que nous venons de les exposer, et cependant plusieurs motifs commandaient à César de l'entreprendre : l'arrestation injurieuse de chevaliers romains, la révolte après la soumission, la défection après les otages livrés, la coalition de tant d'états, la crainte surtout que d'autres peuples, si les premiers rebelles demeuraient impunis, se remissent à suivre leur exemple. Sachant donc que presque tous les Gaulois aspiraient à un changement ; que leur mobilité naturelle les poussait facilement à la guerre, et que, d'ailleurs, il est dans la nature de tous les hommes d'aimer la liberté et de haïr l'esclavage, il crut devoir, avant que d'autres états fussent entrés dans cette ligue, partager son armée et la distribuer sur plus de points.
Il envoie son lieutenant T. Labiénus avec de la cavalerie chez les Trévires, peuple voisin du Rhin. Il le charge de visiter les Rèmes (près de Reims) et autres Belges, de les maintenir dans le devoir et de s'opposer aux tentatives que pourraient faire, pour passer le fleuve, les vaisseaux des Germains que l'on disait appelés par les Belges. Il ordonne à P. Crassus de se rendre en Aquitaine, avec douze cohortes légionnaires et un grand nombre de cavaliers, pour empêcher ce pays d'envoyer des secours dans la Gaule, et de si grandes nations de se réunir. Il fait partir son lieutenant Q. Titurius Sabinus, avec trois légions, chez les Unelles (actuel Cotentin, Manche), les Coriosolites et les Lexovii, pour tenir ces peuples en respect. II donne au jeune D. Brutus le commandement de la flotte et des vaisseaux gaulois, qu'il avait fait venir de chez les Pictons (dans le Poitou), les Santons (près de Saintes) et autres pays pacifiés, et il lui enjoint de se rendre au plus tôt chez les Vénètes, lui-même en prend le chemin avec les troupes de terre.
Difficultés de la guerre contre les Vénètes
Telle était la disposition de la plupart des places de l'ennemi, que, situées à l'extrémité de langues de terre et sur des promontoires, elles n'offraient d'accès ni aux gens de pied quand la mer était haute, ce qui arrive constamment deux fois dans l'espace de vingt-quatre heures, ni aux vaisseaux que la mer, en se retirant, laisserait à sec sur le sable. Ce double obstacle rendait très difficile le siège de ces villes. Si, après de pénibles travaux, on parvenait à contenir la mer par une digue et des môles, et à s'élever jusqu'à la hauteur des murs, les assiégés, commençant à désespérer de leur fortune, rassemblaient leurs nombreux navires, dernière et facile ressource, y transportaient tous leurs biens, et se retiraient dans des villes voisines. Là ils se défendaient de nouveau par les mêmes avantages de position. Cette manoeuvre leur fut d'autant plus facile durant une grande partie de l'été, que nos vaisseaux étaient retenus par les vents contraires et éprouvaient de grandes difficultés à naviguer sur une mer vaste, ouverte, sujette à de hautes marées et presque entièrement dépourvue de ports.
Leurs navires. Leur tactique
Les vaisseaux des ennemis étaient construits et armés de la manière suivante : la carène en est un peu plus plate que celle des nôtres, ce qui leur rend moins dangereux les bas-fonds et le reflux ; les proues sont très élevées, les poupes peuvent résister aux plus grandes vagues et aux tempêtes ; les navires sont tout entiers de chêne et peuvent supporter les chocs les plus violents. Les bancs, faits de poutres d'un pied d'épaisseur, sont attachés par des clous en fer de la grosseur d'un pouce ; les ancres sont retenues par des chaînes de fer au lieu de cordages ; des peaux molles et très amincies leur servent de voiles, soit qu'ils manquent de lin ou qu'ils ne sachent pas l'employer, soit encore qu'ils regardent, ce qui est plus vraisemblable, nos voiles comme insuffisantes pour affronter les tempêtes violentes et les vents impétueux de l'Océan, et pour diriger des vaisseaux aussi pesants. Dans l'abordage de ces navires avec les nôtres, ceux-ci ne pouvaient l'emporter que par l'agilité et la vive action des rames ; du reste, les vaisseaux des ennemis étaient bien plus en état de lutter, sur ces mers orageuses, contre la force des tempêtes. Les nôtres ne pouvaient les entamer avec leurs éperons, tant ils étaient solides ; leur hauteur les mettait à l'abri des traits, et, par la même cause, ils redoutaient moins les écueils. Ajoutons que, lorsqu'ils sont surpris par un vent violent, ils soutiennent sans peine la tourmente et s'arrêtent sans crainte sur les bas-fonds, et, qu'au moment du reflux, ils ne redoutent ni les rochers ni les brisants ; circonstances qui étaient toutes à craindre pour nos vaisseaux.
Victoire navale de Brutus
Après avoir enlevé plusieurs places, César, sentant que toute la peine qu'il prenait était inutile, et qu'il ne pouvait ni empêcher la retraite des ennemis en prenant leurs villes, ni leur faire le moindre mal, résolut d'attendre sa flotte. Dès qu'elle parut et qu'elle fut aperçue de l'ennemi deux cent vingt de leurs vaisseaux environ, parfaitement équipés et armés, sortirent du port et vinrent se placer devant les nôtres. Brutus, le chef de la flotte, les tribuns militaires et les centurions qui commandaient chaque vaisseau, n'étaient pas fixés sur ce qu'ils avaient à faire et sur la manière d'engager le combat. Ils savaient que l'éperon de nos galères était sans effet ; que nos tours, à quelque hauteur qu'elles fussent portées, ne pouvaient atteindre même la poupe des vaisseaux des barbares, et qu'ainsi nos traits lancés d'en bas seraient une faible ressource, tandis que ceux des Gaulois nous accableraient. Une seule invention nous fut d'un grand secours : c'étaient des faux extrêmement tranchantes, emmanchées de longues perches, peu différentes de celles employées dans les sièges. Quand, au moyen de ces faux, les câbles qui attachent les vergues aux mâts étaient accrochés et tirés vers nous ; on les rompait en faisant force de rames ; les câbles une fois brisés, les vergues tombaient nécessairement, et cette chute réduisait aussitôt à l'impuissance les vaisseaux gaulois, dont toute la force était dans les voiles et les agrès. L'issue du combat ne dépendait plus que du courage, et en cela nos soldats avaient aisément l'avantage, surtout dans une action qui se passait sous les yeux de César et de toute l'armée ; aucun trait de courage ne pouvait rester inaperçu ; car toutes les collines et les hauteurs, d'où l'on voyait la mer à peu de distance, étaient occupées par l'armée.
Dès qu'un vaisseau était ainsi privé de ses vergues, deux ou trois des nôtres l'entouraient, et nos soldats, pleins d'ardeur, tentaient l'abordage. Les barbares ayant, par cette manoeuvre, perdu une partie de leurs navires, et ne voyant nulle ressource contre ce genre d'attaque, cherchèrent leur salut dans la fuite : déjà ils avaient tourné leurs navires de manière à recevoir le vent, lorsque tout à coup eut lieu un calme plat qui leur rendit tout mouvement impossible. Cette heureuse circonstance compléta le succès ; car les nôtres les attaquèrent et les prirent l'un après l'autre, et un bien petit nombre put regagner la terre à la faveur de la nuit, après un combat qui avait duré depuis environ la quatrième heure du jour jusqu'au coucher du soleil.
Soumission des Vénètes
Cette bataille mit fin à la guerre des Vénètes et de tous les états maritimes de cette côte ; car toute la jeunesse et même tous les hommes d'un âge mûr, distingués par leur caractère ou par leur rang, s'étaient rendus à cette guerre, pour laquelle tout ce qu'ils avaient de vaisseaux en divers lieux avait été rassemblé en un seul. La perte qu'ils venaient d'éprouver ne laissait au reste des habitants aucune ressource pour la retraite, aucun moyen de défendre leurs villes. Ils se rendirent donc à César avec tout ce qu'ils possédaient. César crut devoir tirer d'eux une vengeance éclatante, qui apprît aux barbares à respecter désormais le droit des ambassadeurs. II fit mettre à mort tout le sénat, et vendit à l'encan le reste des habitants.
La Bataille des Vénètes, par l'Abbé LE ROCH
Cer article reprend mot pour mot et avec les illustrations d'origine, l'histoire des Vénètes telle qu'elle fut raconté par l'Abbé Jospeh LE ROCH dans le bulletin paroissial de Séné.
2.- L'ANTIQUITE
Un Génocide : L'extermination des Vénètes par Jules César,
en l'an 56 avant l'ère chrétienne.
COMMENT PERIRENT EN MASSE
LES VENETES D'ARMORIQUE....
Il est, dans l'antiquité gréco-latine, trois peuples qui ont connu le même destin tragique et se sont vus, dans les mêmes conditions rayés de la surface de la Terre et des lumières de l'Histoire. Ce sont, les Troyens, les Carthaginois et les Vénètes. Trois, sous les coups des Grecs ; Carthage et Vannes sous ceux des Romains ... Pour toutes les trois, la chute fut soulignée par le même acte des vainqueurs : la destruction à ras du sol et la dispersion des survivants sur les divers marchés d'esclaves de la Méditerranée.
Et pour les trois peuples, l'horreur de la suppression méthodique fut aggravée par un raffinement de cruauté : ce sont les vainqueurs, et les vainqueurs seuls, qui ont écrit l'histoire des vaincus.
Par conséquent, un drame sur un drame. Imaginez le compte-rendu d'un procès criminel de cour d'assises raconté par les seuls témoins à charge, voire même par les seuls auteurs et complices du crime.
Telle fut l'affreuse aventure que vécurent Troyens, Carthaginois et Vénètes et dont ils moururent à la fois de mort physique et de mort intellectuelle.
L'affaire des Vénètes est pour vous une question de famille : ces gens là étaient de notre sang, ils parlaient la langue celtique qui, aujourd'hui réfugiée en Bretagne française et en Cornouaille anglaise, était alors celle de tous les Gaulois nos aïeux, et ils sont morts pour avoir, à l'Ouest des Gaules, préféré la liberté à l'asservissement, la vie et la mystique des Celtes à l'administration, sous chaines dorées, et au polythéisme matérialiste de la Paix Romaine.
Ceci se passa voici quelque deux mille trente ans. Ces vaillants armoricains du Morbihan, descendus dans la mort collective, personne ne pleura sur leur tombe géante ni ne célébra leur sacrifice, pour cette raison tragique qu'en ce pays vaincu il ne resta personne. Ainsi le voulut le dur, le froid, le sec César.
Cette férocité eut sa cause en ceci : envahisseur du pays de la Petite Mer, Jules César, accoutumé à être toujours le Victorieux, sentit là, avec épouvante, chanceler à la fois sa fortune et celle de Rome. Il eut peur, et trop visiblement, pour son orgueil et sa sécurité. Donc, des ennemis, qui avaient vu César trembler, n'avaient plus le droit de vivre à la lumière du jour. A ce crime, une seule expiation : la mort pour tous, sans distinction d'âge, ni de sexe. Et pour mieux sceller à jamais l'immense tombe du peuple Vénète, c'est César lui-même qui, parlant en témoin oculaire à charge, s'est donné à lui-même seul le droit d'écrire, pour la postérité, l'histoire, vue à sa façon, de ces jours de terreur, de ruine et de mort.
Depuis deux mille ans, c'est dans les "Commentaires de César", intitulé: "La Guerre des Gaules", que les écoliers apprennent ce chapitre de l'histoire de France, leur pays. Chapitre jugement qui accuse et, sans aucune contrepartie, qui rend un arrêt, de partialité tout-à-fait criante.
Martyrs, le mot n'est pas trop fort. Et ce qu'il y a de plus curieux, c'est que les pièces du procès de réhabilitation de ces martyrs se trouvent dans les écrits mêmes de l'homme qui a ordonné, conduit et raconté le massacre. César a cru régler le sort sanglant du peuple qui lui avait tenu tête. Or, pour trouver la vérité et rétablir la Justice, c'est en lisant entre les lignes de cette tragique et partiale oraison funèbre, que l'on peut ressusciter le drame véritable.
Le Morbihan ou petite mer intérieure
Parmi les tribus gauloises, ce fut vraiment une des plus nobles que celle de ces Armoricains si merveilleusement logés d'une manière amphibie dans les îles, sur les côtes et dans les méandres du Morbihan. Une petite mer qui n'était peut-être pas absolument pareille à ce qu'elle est aujourd'hui ; là-dessus, archéologues, géographes et océanographes ne sont pas d'accord. Il est fort possible que la violence et la force des marées alternatives, certains séismes et des glissements de vasières aient modifié plus ou moins partiellement la physionomie de la région dans les détails. Mais, dans l'ensemble, le texte descriptif de César s'applique fort bien à ce dédale marin dont Gwen la Blanche, devenue
l'actuelle Gwened : Vannes, aurait été la capitale, régnant sur les villes de tout le pays desservi par les vaisseaux des chefs d'escadres Vénètes.
Villes et Vaisseaux Vénètes
Seulement, tout de suite, une précision s'impose. Les mots "villes" et "vaisseau" ne doivent point tromper et faire surgir dans l'imagination les cités auxquelles nous sommes accoutumés et les navires dont les silhouettes nous sont familières. Les villes Vénètes étaient de simples bourgades fortifiées, que leur installation sur les unes ou les autres des centaines de terres émergées du golfe, rendait à peu près inexpugnables. En effet, .en ces gites ressemblant aux constructions des époques lacustres, il n'y avait jamais assez de profondeur d'eau pour que des navires ennemis, surgis de la haute mer, puissent remonter jusqu'à accoster ces bourgs insulaires établis sur des promontoires. Par contre, il y avait toujours trop d'eau, remplacée à marée basse par des vases molles, pour que des envahisseurs venus de la terre puissent approcher à pied sans se noyer ou s'enliser". Quand aux vaisseaux, ces bâtiments étaient de grandes et solides hourques tenant admirablement la mer, coulant peu, très bien voilées en peaux souples et que la solidité de leurs coques en chêne permettait d'échouer sans aucun mal sur la vase. C'était un peu le genre des sinagots actuels qui sont leurs descendants.
Les habitants.
Quant aux habitants, c'étaient vraiment "les fils de la mer". Le mot signifie tout en vérité. Vivant comme les gros oiseaux marins, qui nichent sur des cailloux ou rochers semi-émergés et planent ou plongent le reste du temps pour rapporter la pêche au nid, les Vénètes ont été certainement parmi les plus admirables matelots de l'Antiquité. On peut placer leur installation dans le Morbihan vers les années 1000 ou 800 avant le Christ. Et pendant le demi-siècle qui va de l'an 600 aux années 56 et 54 avant le Christ, ils furent littéralement les Rois de la Mer.
Jusqu'où sont allés les capitaines Vénètes ?... Il est impossible de le dire, puisque les documents écrits ou graphiques n'existent pas. Mais, sans se tromper, on peut être sûr qu'ils battirent l'estrade à travers les mers septentrionales, remontèrent la Manche et la Mer du Nord, connurent la Norvège, les Détroits et la Baltique d'où ils tiraient l'ambre jaune. Certains pensent qu'ils ont fait mieux encore et prononcent le nom de l'Amérique. A ce haut-fait rien d'impossible. Les drakkars vikings qui touchaient régulièrement l'Islande, le Groenland, Terre Neuve et le Labrador vers l'an 1 000 n'étaient pas plus forts que les sinagots Vénètes des origines. Ces pêcheurs de Paimpol qui, vers 1 430 et 1 450, allaient régulièrement à Terre Neuve et Jean Coëtanlem de Saint Pol de Léon qui, subventionné par Louis XI, passa au Canada vers 1485 - 1490, un bon demi-siècle avant Jacques Cartier, n'avaient pas des bateaux plus forts non plus.
L'amitié de cordiale confiance qui unit longtemps les Vénètes aux caboteurs Carthaginois venant charger régulièrement de l'étain aux Sorlingues est caractéristique : "qui se ressemble s'assemble". Or, ils se ressemblaient beaucoup en tant que matelots finis et explorateurs hardis, les Vénètes et les gens de mer de Carthage. Ils se ressemblaient tellement que lorsque l'amiral punique Himilcon vint à mourir au comptoir carthaginois installé en l'actuel Sarzeau, il voulut être inhumé en terre Vénète ; son tombeau est encore là, à la butte 'de Thumiac qui porte témoignage de cette lointaine amitié.
Ils tenaient si peu à la terre, ces Vénètes, que les hommes n'y demeuraient que le temps d'escaler, de se ravitailler et de repartir ; si peu, que lorsque de l'Est arrivèrent des rumeurs inquiétantes concernant des soldats étrangers qui auraient pénétré sur le sol gaulois, les Vénètes n'y prêtèrent que petite attention. A ce qui se passait sur la pleine terre, ils préféraient ce qui se passait sur la pleine mer où ces envahisseurs, des terriens montés à pied de l'Italie, seraient bien incapables de les suivre.
Cette indifférence ne fut point particulière aux Vénètes. Le caractère celte est ainsi fait que l'individualisme l'emporte toujours sur le raisonnement. Si, dès la première minute, les tribus ou nations gauloises avaient fait bloc contre les légionnaires de César, la Gaule n'aurait jamais été conquise. Au lieu que le Proconsul, aussi fin diplomate que bon homme de guerre, a vaincu en détail des tribus dont chacune, par égoïsme et jalousie, se réjouissait du malheur des armes arrive a sa voisine, sans comprendre que ce serait son tour le lendemain. César dans -son ouvrage "La guerre des Gaules" constate lui-même que ces di visions lui ont livré le pays tout entier en lui permettant d'y introduire des ferments de discorde, grâce aux éléments actifs de sa "Cinquième colonne", et de créer partout l'aide adroite de nombreux "collaborateurs". Naturellement, il n'emploie pas ces mots modernes, mais il expose les faits de telle manière que nous n'avons qu'à transposer les termes pour retrouver les mêmes périls que nous avons connus en des temps plus récents.
Ce fut ainsi que le Proconsul procéda vis-à-vis des Vénètes.
Le guet-apens :
La troisième année de la campagne des Gaules au cours de leurs déplacements rapides à travers le pays les Romains arrivèrent aux frontières de l'Armorique. Et César députa auprès du Sénat de Vannes des envoyés, chargés d'une mission aux termes assez alambiqués qui se résumait finalement ainsi : le Général romain offrait aux Vénètes son amitié, à la condition que ceux-ci accueillissent des troupes romaines qui s'installeraient autour du Morbihan. C'était en fait une proposition d'occupation militaire librement acceptée. Comprenant l'astuce diplomatique, et persuadés que la grande forêt centrale de Bretagne formait sur leurs arrières une protection efficace, tandis que la flotte était toute prête à embarquer tous ceux et celles qui voudraient reculer devant l'approche des légions, les Vénètes refusèrent tranquillement cette offre vraiment un peu trop claire.
Alors, César en fit une deuxième : les troupes de Publius Crassus, campées en Anjou, avaient besoin de ravitaillement; et la récolte en Armorique avait été fort belle. Les Vénètes consentiraient-ils à recevoir des marchands romains qui viendraient acheter chez eux sur place, céréales et bestiaux? Ceci, avec un échange d'otages, dont la présence, de part et d'autre, assurerait la loyauté de la tractation. L'offre fut acceptée. Des Vénètes partirent pour le camp angevin de la septième légion, tandis que Titus Silius et Quintus Vélanius allèrent s'installer, en matière de garants chez les armoricains. Peu après, César exigea le retour de ses envoyés, tout en imposant aussi le maintien des otages armoricains d'Angers. C'était un traquenard, un piège tendu sous les pieds des Vénètes. La querelle éclata aussitôt ; c'est ce qu'escomptait César. Apprenant que leurs compatriotes, d'otages étaient devenus des prisonniers, les armoricains retinrent les deux Romains par représailles ; et le Proconsul les accusa immédiatement d'avoir violé de droit des gens. En vain, les Vénètes affirmèrent-ils qu'ils laisseraient repartir les deux Romains aussitôt qu'on leur rendrait leurs amis. César fait la sourde oreille et arrêta tous les Vénètes qui se trouvaient en Anjou pour leurs affaires et, à marches forcées, jeta son armée sur l'Armorique.
Confiant dans sa force, le Romain croyait n'avoir à faire qu'une simple promenade militaire; il fut vite détrompé. Et lui-même explique dans ses "Commentaires" que les légionnaires, empiégés dans les vasières qu'ils voulaient franchir à pied sec, se voyaient exposés sous la pluie de projectiles lancés des remparts, englués dans la boue molle où ils étaient noyés par le retour des rapides marées montantes. Arrivaient-ils par hasard à escalader un rempart? Les légionnaires voyaient toute la population sortir par la face opposée, s'embarquer sur les navires et cingler vers une Île voisine, en ne laissant aux assaillants que des maisons vides, encerclées par le flot.
La promenade militaire devenait une guerre d'usure avec des pertes cuisantes, tandis que les soldats maugréaient contre tout : les pluies, les brumes les changements de marées, les tempêtes et même les "pierres levées" qui leur semblaient des dieux inconnus et maléfiques.
Tenace cependant, César parvint juqu'à Dariorigum ou Dartoritum qui est devenu Locmariaker et y installa son camp. Véritable camp de la Misère dans la boue, le froid, le vent du large, les ouragans d'hiver ...
En fait, le Proconsul, pris au piège ne pouvait plus ni avancer, ni reculer ; il se sentit perdu. Si à ce moment, les autres tribus gauloises étaient venues à l'aide des Vénètes, César et ses troupes ne seraient pas sortis vivants de cette souricière et la Gaule eut été sauvée de la Romanisation.
Malheureusement, les intrigues romaines avaient fait tache d'huile.
Des tribus du Centre, aucune ne bouge et, au contraire, les tribus de la côte sud de la Loire, jalouses des Vénètes, commirent le crime inexpiable de se mettre au service de César pour lui fournir les seules armes capables de combattre les Vénètes : des bateaux et des marins.
Le combat maval
Pendant que lui et ses fantassins grelotaient dans la boue de Locmariaker, César avait envoyé chez ces tribus, de la Loire à la Bidassoa, Décimus Brutus avec ordre de rallier des navires, de les encadrer de galères romaines montées de la Méditerranée et de venir le délivrer, le sortir de l'impasse. Conduite par des pilotes 8antons et Pictons, cette flotte disparate arriva un beau matin en face du goulet du Morbihan, et aussitôt, manqua de périr sous les yeux de César qui, cette fois, eut réellement peur. Car, en ordre de bataille, l'escadre des plus gros navires Vénètes, hauts sur l'eau et de pesante masse, se déploya en traversant le goulet du Morbihan et se rua sur les divisions de Brutus. Devant cette sortie imprévue, l'Amiral romain, perdant la tête, commençait à jeter ses navires à la côte, aux pieds de César, préférant s'échouer que comtattre. Et l'armée romaine, serrée autour de ses aigles et de son chef, eut le sentiment qu'elle était perdue sans recours.
Mais à ce moment, la mer trahit les Vénètes marins au profit des terriens de Rome et de leurs auxiliaires, traitres à la cause gauloise. Le vent tomba il se fit calme plat. Les grosses hourques vénètes ne pouvaient manoeuvrer qu'à la voile ; elles se mirent à dériver par le flanc. Décimus Brutus alors, reprenant courage et ayant sous ses ordres dix navires contre un des Vénètes, les jeta successivement à l'abordage de chacune des citadelles flottantes immobilisées, dont, avec des faux emmanchées ; il parvint à trancher les cordages et à abattre le gréement.
A partir de ce moment, et malgré la défense enragée des équipages Vénètes qui ne pouvaient, faute de vent se porter au secours les uns des autres, ce fut un égorgement sans nom. Les légionnaires romains, embarqués sur les vaisseaux de Brutus, attaquèrent séparément chacun de ces pauvres navires comme des radeaux. Se mettant à vingt contre un, ils massacrèrent les équipages vénètes les uns après les autres, sous les yeux horrifiés des populations accourues sur la côte de Sarzeau, tandis que, de l'autre rive du goulet, montaient les acclamations et les sonneries de trompes des fantassins de César. Toute une suite d'heures atroces. Navire pris après navire pris, le feu achevait l'oeuvre des glaives ; morts, mourants, blessés et survivants brûlaient ensemble comme des torches, cependant que les égorgeurs romains, passant aux bâtiments, poursuivaient sauvagement leur atroce besogne, toujours écrasant sous le nombre chaque équipage ainsi assailli séparément.
Quand enfin le soir tomba, la grande flotte Vénète de deux cent vingt voiles, massacrée et incendiée en détail, n'existait plus et les buccins, autour de la tente de César, sonnaient le salut aux vainqueurs, cependant que les derniers des vaisseaux vénètes achevaient de brûler et de couler tas avec leurs équipages de morts et de mourants.
Le Proconsul s'était jugé perdu ; il avait eu peu. Ses soldats avaient leur Général inquiet et tremblant. Aussi César fut-il impitoyable aux survivants du peuple vaincu. Et il eut le triste courage de résumer en ces termes son verdict de vainqueur impitoyable dans ses "Commentaires", où il parle toujours de lui à la troisième personne : "César fit mourir tout le sénat et vendit le reste du peuple à l'encan".
Epouvantable vengeance à froid contre les vieillards, les femmes et les enfants de ceux qui auraient été •les vainqueurs de la Louve Romaine si le vent ne les avait pas trahis et livrés à leurs adversaires, au moment où ils allaient sauver la Gaule en abattant le conquérant, pris au piège de sa propre conquête. Et tandis que les corps des marins vénètes s'en allaient rouler aux abimes de l'Atlantique, les tristes survivants de ces familles décimées et de cette nation rayée de la vie gauloise partaient en longues colonnes lamentables vers l'Italie, où les trafiquants d'esclaves allaient les disperser aux enchères sur tous les marchés de chair humaine, épars de Rome à Babylone.
Sous le grand soleil d'été, sous les brumes froides d'hiver, le pays vénètes n'était plus qu'un désert. En fait, la Gaule, divisée contre elle-même, était dès lors perdue. Car, il ne faut pas s'y tromper, la défaite des Vénètes contenait en germe, malgré le sursaut de Gergovie la capitulation d'Alésia, de même que dix huit cents ans plus tard, la défaite de Trafalgar allait contenir en germe, malgré le soleil d'Austerlitz, la défaite de Waterloo.
Honneur au marin TREHONDART, par Raoul de Navery, 1859
En fouillant sur le site Gallica-BnF et avec quelques mots clefs de recherches bien choisis (on ne divulguera pas lesquels) on finit par trouver, avec un peu de chance et d'attention, les références d'un livre de l'écrivain, Eugénie-Caroline Saffray, dite Raoul de Navery [Ploërmel 21/09/1829 - La Ferté-sous-Jouarre 17/05/1885].
Ce recueil intitulé Récit consolants, publié en 1860, rasemble des nouvelles et des anecdotes, dont une, nous dresse le portrait d'un marin sinagot. Découvrons qui il était. [Texte original enrichi et illustré].
Les habitants de Dinan ont pu remarquer en se promenant dans les rues de la ville, un matelot aux allures martiales, dont la poitrine est toute constellée de décorations. Ce noble champion de nos armées navales se nomme Julien TREHONDART [12/3/1816-5/2/1859]: c'est un enfant de notre vieille Bretagne, né à Séné, près de Vannes, comptant 33 ans de navigation [mousse à l'âge de 9-10 ans], 11 au services de l'Etat, et 42 ans d'âge. [texte écrit en 1858 à son retour de Crimée]
Fils aînée d'une pauvre veuve chargée de neuf enfants, Julien TREHONDART voulut de bonne heure aider sa mère et il embrassa la carrière maritime.
Sa mère, Marie NOBLANC [16/9/1787-16/12/1848] était mariée à Julien TREONDART [12/10/1784-20/6/1832] et la famille vivait de la pêche à Montsarrac. Après son mariage en le 20/1/1814, elle eut 8 enfants, dont deux morts en bas âge.
En 1835, à 20 ans, il était reçu maitre cannonier à bord de la Jeanne d'Arc; en 1836, il passait en la même qualité à bord de Vénus, commandant Dupetit-Thouars, faisant preuve en tous lieux d'un ardent courage.
Navire Le Vénus : Une frégate de 52 canons type Vénus (1823 - 1846) construite à Lorient à partir de février 1820. Mise à flot le 12 mars 1823, elle participe la même année au blocus de Cadix. En 1824, elle fait campagne au Sénégal, en Guadeloupe et à Saint Pierre et Miquelon. En 1825, 1827 et 1828, elle est aux Antilles. En 1828, elle part de Brest à Toulon, puis est à Navarin et dans l'archipel grec, et rentre à Brest l'année suivante. En 1830, elle retrouve la Méditerranée pour l'expédition d'Alger, armée en flûte. Refondue en 1824, elle effectue du 29 décembre 1836 au 29 juin 1839 un voyage autour du monde (Valparaiso, Callao, Honolulu, Kamchatka, San Francisco, Marquises, Tahiti, Australie, Bourbon, Ste Hélène) sous le commandement du CV Abel Aubert du Petit-Thouars (1793–1864). De retour en France, elle servira comme école des apprentis canonniers à Toulon (1840-41), avant d'être condamnée en septembre 1846, elle sert alors de ponton-dépot de charbon à Gorée sous le nom d'Utile. (Caractéristiques : 52 x 13 m ; 10 nds ; XVIII.24 + XXII.caronades.24 + II.18).
[vérifier aux SHD de Lorient si Trehondart est de cette expédition]
Quand la guerre d'Orient éclata (en 1853) Julien TREHONDART était déjà décoré de trois médailles de sauvetage (deux médailles d'argent et une médaille d'or, décernées en 1845, 1846, 1851), récompenses conquises au péril de sa vie, en retirant plusieurs individus des flots et des flammes.[incendie dans des bateaux équipées de chaudières à charbon] Il s'embarqua pour la Crimée avec trois de ses frères, courageux comme lui, dont deux sont morts aux tranchées à ses côtés, devant Sébastopol.
Sur sa fiche d'inscrit maritime, on note qu'il effectue plusieurs mission sur des navires de la marine impériale. Il embarque en mars 1854 sur l'aviso vapeur Le Tonnerre; puis sur le Liamone; il est ensuite sur la corvette Le Chaptal et sa dernière mission est effectué sur Le Donawerth.
Le Donawerth
Les registres de l'état civil de Séné font apparaitre 3 garçons Trehondart : Julien, Pierre Marie [21/9/1817 - marié en 1847 - ??] et Jean Marie [6/10/1824-26/4/1859] décèdé à bord de La Sané le 11 mars 1856 sans doute de maladie et son corps jeté à la mer....(Lire l'article sur la guerre de Crimée). Pierre Marie a dû être mobilisé en Crimée ( aller véfieri au SGD de Lorient).
Julien TREHONDART s'est battu comme un lion : il a reçu onze blessures, a deux fois été prisonnier. Il est rentré il y a huit mois en France avec la croix de la Légion d'Honneur, la Croix de l'Ordre de Medjidié, la croix d'Isabelle d'Espagne, la croix de Saint-Grégoire Le Grand, une ceinture d'honneur en or et ses trois médailles. Les quatre frères Tréhondart [il ne serait que 3 selon l'état civil de Séné], nous a-t-il dit, possédaient entre eux vingt-quatre décorations. C'était une famille de héros.
Les décorations : la Légion d'Honneur est stipulée sur son acte de décès. Le sultan Abdulmécit 1er créa la Croix de Mejjidié largement isnpiré de la Légion d'Honneur Française. La croix Isabelle d'Espagne, la Catholique est un ordre institué en Espagne en 1815 par Ferdinand VII, pour récompenser ceux qui avaient défendu ses domaines d'Amérique.[rechercher ]. L’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand est une décoration accordée par le Saint-Siège (Vatican), à titre civil ou militaire. Fondé le 1er septembre 1831 par le pape Grégoire XVI en l'honneur du pape Saint Grégoire. [rechercher] Ces deux décorations pourraient être liés aux sauvetages auxquel TREHONDART s'est illustré...
A la fin de la campagne de Crimée, il reprend la navigation sur la Victoire Rosalie avant de "rentrer au pays de Séné" où il devient pêcheur sur l'Impératrice Eugenie.
Un des regrets de TREHONDART est de ne pas savoir lire. "Ah s'écriait-il un jour en présence d'un des plus célèbres officiers de la flotte, si j'avais su lire et écrire comme vous, monsieur, j'aurais voulu devenir amiral comme vous!..."
Julien TREHONDART se maria à Séné le 20 juillet 1841 avec Julienne LE GREGAM [27/152/1819-25/9/1880] dont il eu au moins 3 enfants : Pierre Marie (1842), Jeanne (1844) et Louise (1847). L'article ci-dessus nous relate que lui et sa fille Marie Jeanne TREHONDART [5/6/1844-9/3/1859] périent en mer à cause d'un coup de vent le 31 janvier 1859 près de La Garenne et Montsarrac. Le corps du père fut retrouvé le 5 février près de la Garenne et celui de sa fille, le 9 mars près de Brouel.
Si Julien ne savait pas lire, il ne savait non plus nager comme un grand nombre de marins de cette époque.
Perdre la vie en Algérie, 1955
Le monument aux morts à Vannes dédié aux soldats morts en Afrique du Nord répertorie 3 noms de soldats nés à Séné.
A Séné, une petite plaque a été rajoutée au monument aux morts de Séné avec pour titre : Algérie et seulement deux noms, LE CAM Georges et LE CLERECQ Pierre. Il manque à l'appel, Marcel LE GOUEFF, natif de Séné.
LE GOUEFF Marcel [4/12/1929 - 1/12/1955]
Pierre Marie Louis LE CLERCQ [19/12/1936 - 19/09/1958]
Georges Marie LE CAM [22/08/1930 - 21/05/1959]
Qui étaient ces trois Sinagots et dans quelles circontances ont ils perdu leur vie pendant la guerre d'Algérie ?
Du temps de l'Algérie française, la territoire est divisé en départements comme le montre la carte.ci-dessus.
A la limite sud de ces départements, la chaine de montange de l'Atlas qui en Algérie va d'est en ouest des Monts Ksour au Djébel Amour et aux Monts des Aurès.
Au sud de ces montagnes, le désert du Sahara algérien regroupe les département de Saoura et des Oasis.
LE GOUEFF Marcel [4/12/1929 - 1/12/1955]
Le site genweb précise l'identité de Marcel LE GOUEFF. Il est Maréchal des Logis chef et il perd la vie à El Kseur en Kabylie. Son corps sera inhumé au cimetière de Boismoreau, tombe Div 16, rang 3, n°14 partie B2.
Son acte de naissance nous indique qu'il nait à Moustérian. Son père est couvreur et sa mère couturière.
Une consultation attentive du dénombrement de 1931 permet de repérer la famille LE GOUEFF. Marcel LE GOUEFF père a épousé le 27/11/1928 Renée Marie NOBLANC. la famille est établie à Moustérian où trois générations cohabitent.
Le SHD de Pau a communiqué le dossier militaire de LE GOUEFF. Que nous apprennent ces documents?
Alors qu'il déclare la profession d'étudiant, Marcel Le Goueff qui réside à Vannes, s'engage pour 3 ans en décembre 1947 et rejoint l'intendance militaire et le 2° Escadron du train où il devient maréchal des logis. En juin 1949, il par de Marseille vers Saïgon.et rejoint le centre d'instruction du train. En décembre 1950, il renouvelle son engagement au sein du train au Laos. Il rentre à Marseille en novembre 1951. En décembre 1953 il se réengage. Le 9 juin 1955 il embarque à Marseille pour l'Algérie sur le Ville de Tunis. Il est affecté à la 17° Unité de protection rurale à El Kseur en Kabylie.
Le lendemain de son décès, la sous-lieutenant Visse rédigea un rapport. Une quinzaine d'hommes protègent une ferme viticole. Après la relève de minuit, vers 1H30, la sentinelle entend du bruit au magasin de paille. Le chef LE GOUEFF et ses hommes se postèrent derrière une fenêtre donnant sur la terasse. LE GOUEFF fut le premier à sortir sur la terasse et reçu un coup de fusil de chasse à la tête. Une mitrailleuse fut installée à la fenetre et des tirs échangés avec les rebelles qui s'enfuirent. Le calme revenu LE GOUEFF était décédé. Il sera resté 6 mois en Algérie.
Pierre Marie Louis LE CLERCQ [19/12/1936 - 19/09/1958]
Le site "Mémoire des Hommes" nous donne quelques informations pour démarrer notre recherche sur le soldat LE CLERECQ mort en Algérie au sein du 588° Bataillon de Marche du Train (BMT ou BT).
Les dates permettent de retrouver ses actes de naissance et de décès à l'état civil de Séné.
On y apprend que Pierre Marie Lousi LE CLERECQ nait au sein d'une famille de cultivateurs établis au village de Gornevez.
Son acte de décès nous donne quelques informations sur les circonstances de sa disparition le 19/09/1958 à l'âge de 23 ans à Garet Bent El Khass, ville de Brezina, commune de Geryville.
Geryville, aujourd'hui El Bayadh est située à 370 km au sud-est d'Oran, aux portes du Djebel Amour. La ville abrite une garnison et pendant la guerre le 588° Bataillon de Marche du Train.
L'Etat Signalétique et des Services de Le Clercq nous indique qu'il est appelé le 7/1/1957 pour faire son service militaire. Il embarque à Marseille le 10/01/1957 sur le Ville d'Alger. Il débarque à Oran le 11/1/1957. Il est affecté au 588°BT le 10/5/1957. A la fin de sa période le 1/5/1958, il est maintenu sous les drapeaux compte tenu des évènements.
Les "BT" auront un rôle essentiels dans un pays 4 fois plus étendu que la France. Le "train" regroupe des régiments chargés de la logistique militaire.
"Le 30ème Régiment d'infanterie est créé en début 1956 avec des rappelés. C'est son deuxième bataillon qui débarque en Algérie le 27 juin 1956 et s'installe dans la région de BOUFARIK pour rejoindre en juillet le secteur de GERYVILLE (aujourd'hui El-Bayadh).
Le 1er novembre 1956 par changement d'appellation du 2ème Bataillon du 30ème Régiment d'Infanterie, est créé le 588ème Bataillon du Train. Il est destiné à opèrer dans le Djebel Amour et à surveiller une vaste zone où circulent 10 000 nomades.
Ses effectifs vont passer de 700 à 1 000 soldats dans une compagnie de commandement, d'appui et de services, 4 compagnies de combat. Ses officiers en plus de leurs missions habituelles exercent souvent les fonctions d'officiers S.A.S..
Les opérations contre les bandes rebelles sont continuelles et il est relevé au moins 50 opérations importantes avec des morts dans les deux camps. Les Tringlots combattent plus de 2 ans dans des conditions climatiques très dures sur un terrain difficile.
300 gradés et soldats du 588ème Bataillon du Train, le 1er janvier 1958 rejoignent le 30ème B.C.P. qui va étoffer ses effectifs en les incorporant.
Le 588ème B.T. est dissous le 31 décembre 1958 à GERYVILLE. 1958
Le Bataillon a perdu au combat 32 tués et 41 blessés.
La mention Djebel Amour est gravée dans son insigne."
Parmi les soldats tués du 588°BT figure Pierre LE CLERECQ, qui perd la vie dans une embuscade, tué par le fellaghas (Source Jean&Jacques%Richard).
Le doosier militaire précise :
Son acte de décès précise le lieu : Garet Bent El Khass. Il s'agit d'une colline de 803 m d'altitude au sud de Brezina comme nous l'indique cette carte satellite. mapcarta.com
Les paysages y sont grandioses entre Monts Ksour et Djebel Amour.
Georges Marie LE CAM [22/08/1930 - 21/05/1959], quinze jour en Algérie
Georges Marie LE CAM est né au sein d'une famille de cultivateurs à Ker Anna au bourg de Séné.
La famille apparait au dénombrement de 1931.
Il était militaire de carrière enggé en Algérie. L'acte décès du soldat LE CAM nous indique qu'il est tué à Oued Mehafir, lieu-dit dans la commune de Brezina El Abiod, dans les Monts Ksour, sans préciser son régiment et les circonstance de son décès.
Plus...
Cinq Sinagots en Indochine
Au cours de son règne, Napoléon III aura adopté une politique étrangère mélée de guerres et de conquêtes qui aboutiront à donner à la France un véritable empire colonial assis sur les 5 continents. La Troisième République continuera l'expansion territoriale des colonies.
En Asie du sud est, la France finira par réunir au sein de l'Indochine Française différents territoires comme le résume très bien cette carte.
Depuis la prise de possession de la Cochinchine, du Amman, du Tonkin, pendant l'unification de ces territoires avec le Cambodge et le Laos et jusqu'à la guerre d'Indochine, des soldats Français seront sur ces théâtres d'opérations.
Parmi eux, 4 soldats de Séné. Leurs récits racontent chaucn une période de la présence française en Indochine qui finira dramatiquement à Dien Bien Phu [11/1953-05/1954] et sera scellée par les Accords de Génève (mai 1954).
Qui étaient ces 4 Sinagots partis en Extrème Orient et dans quelles circonstances ont-il perdu la vie ?
Patern MONTFORT [13/11/1840 - 14/03/1863]. Un Sinagot en Cochinchine;
Felix TIFFON [7/04/1901 - 19/06/1932] Tiffon se heurte aux premiers communistes
Pierre Marie JOLLIVET [30/1/1905 Séné - 4/7/1945 Saïgon] Sinagot "Mort pour la France"
Maurice PENFORNIS [24/03/1920 - 13/03/1946] : Décède de maladie
Armel Ange Joseph LENORMAND [17/09/1925 - 26/05/1948] Sinagot mort pour la France en Indochine
Patern MONTFORT [13/11/1840 - 14/03/1863]. Un Sinagot en Cochinchine
L'aventure coloniale sous Napoélon III a amené loin de leur ville ou de leur village, bien des Français de cette époque et parmi eux, le Sinagot Patern MONTFORT [13/11/1840 - 14/03/1863].
Son acte de décès occupe toute la page du registre de l'état civil numérisé par les Archives du Morbihan. La mention "Cochinchine" attire l'oeil de l'historien local. On a envie d'en savoir plus sur le destin de ce Sinagot.
On apprend à la lecture de l'acte que Patern MONTFORT est matelot de 3° classe sur le vaisseau Duperré mais qu'il est détaché à la Direction du Port de Bariah en Cochinchine. Comme d'autres Sinagots de sa classe, ce fils de paludier de Brouel a été mobilisé dans la marine.
(A faire vérifier sa régistre maritime à Lorient)
Le Duperré est un vaisseau de 74, comme le Marengo ou le Ville de Marseille. Ce modèle a été commandé à 120 exemplaires, tant il était excellent. Construit en 1813 sous le nom de Couronne, il prendra le nom de l'Amiral en 1849. En 1854, il participe aux en opérations en Mer Baltique, bombardement de Bomarsund, (Lire Guerre de Crimée) puis voyage en Crimée en tant que transport. En novembre 1859, il est armé en hôpital flottant à Toulon. Il appareille de Toulon pour la Chine, en janvier 1860. En décembre 1860, il est aménagé en navire-hôpital à Chefou en Chine. En mars 1863 il mouille au large de Saïgon. Il aurait été le siège de l'Etat Major de la Marine avant la prise de la Cochinchine...
Depuis le traité de Saïgon, signé le 5 juin 1862 entre le dernier empereur précolonial de l'Annam, Tu Duc [1829-1847-1883] et des représentants de Napoléon III [1808-1852-1873] la France occupe Saïgon, l'archipel de Poulo Condor où elle établira un bagne, et trois provinces méridionales qui seront connues sous le nom de Cochinchine. Ce traité sera confirmé en 1863.
Toutefois, la pacification ne s'est pas faite sans combattre. Ainsi cet article du Courrier de Bretagne daté du 1er octobre 1863 nous parle d'une rébellion à Go Cong. Dans cet extrait du livre Histoire de la Cochinchine française de Prosper Cultru, on peut lire qu'une insurection eu lieu pas très loin de Baria en février/mars 1863.
Patern MONTFORT est affecté à terre au sein de l'administration du port de Baria. On lit sur l'acte, qu'il décède à l'Hôpital Maritime de Baria à l'âge de 23 ans le 14/03/1863, sans que l'on sache si il est mort lors des derniers combats à Go Cong ou peut-être de maladie dans cette zone lacustre propice aux maladies contangieuses.
Vue du débarcadère à Baria 1918
Felix TIFFON [7/04/1901 - 19/06/1932] Tiffon se heurte aux premiers communistes
L'acte de décès de Felix TIFFON se remarque dans le registre de l'état civil. A sa lecture on comprends que Félix TIFFON, soldat de 2° classe au sein de la 15° Compagnie du 10 ° régiment d'Infanterie Coloniale, est décédé à Vinh Ben Thuy, ville au nord de l'Indochine dnas l'ancienne province du Tonkin.
On recherche l'acte de naissance dans le registre numérisé des Archives du Morbihan. On y apprend qu'il est né à la Croix Neuve à Séné. Son père est alors paludier et sa mère ménagère. On retrouve la famille TIFFON lors du dénombrement de 1906. Elle compte 3 enfants et accueille sous son toit les grands-parents.
Au dénombrement de 1921, la famille est resserrée autour des parents, du jeune homme Félix et de sa soeur, Louise. L'ainée a dû se marier et quitté le giron familial.
A l'âge de 31 ans, Félix TIFFON est en Indochine. Ce n'est plus un conscrit mais un militaire de carrière en poste à Ha Tinh, ville au sud de Vinh Ben Thuy où réside la garnison de son RIC. Les villes de Ha tinh et Vinh Ben Thuy sont battis autour de citadelles.
Vue de la citadelle de Vinh en 1927
Le 10° RIC qui avait été dissous le 31/12/1914 pour se fondre dans le 9° en pleine 1ère Guerre Mondiale. est reconstitué depuis le 1/08/1931 en Indochine. En effet, depuis quelques mois, la guérilla communiste qui s'est constitué autour de Nguyễn Sinh Cung, le futur Hô Chi Minh, souhaite le départ des colons et organise les opérations contre les troupes françaises autour dela ville de Ha Tinh, comme le rapporte ces deux articles d'époque.
L'acte de décès retranscrit en France n'indique pas les circonstance du décès de Felix TIFFON. A-t-il été victime de ces combats contre la guérilla ?
Il décède le 19/06/1932 dans la ville principale de Vinh Ben Thuy. La Seconde Guerre Mondiale va éclater. Les revendications des peuples constitutifs de l'Indochine vont être mises en sourdine d'autant que le territoire va être occupé par les troupes japonaises....
Pierre Marie JOLLIVET [30/1/1905 Séné - 4/7/1945 Saïgon] Sinagot "Mort pour la France"
Le soldat JOLLIVET est né à Séné au Petit Poulfanc d'un père manoeuvier, Joachim Mathurin JOLLIVET né le 3/2/1864 à Sulniac et d'une mère ménagère, Marie Josèphe JULIO née à Ambon le 6/1/1874.
En 1906, la famille JOLLIVET est bien pointée par le dénombrement au Poulfanc en Séné où plusieurs frères Jollivet sont descendus de Sulniac pour travailler au Poulfanc. Pierre Marie JOLLIVET se marie à Vannes le 19/9/1931 avec Simone Alexandrine Anne VISAGE [Saint-Nolff le 6/4/1911 - 2008 Merlevenez]. Il déclare alors la profession de camionneur et réside au n°5 de la rue Boismoreau à Vannes. Il est sans doute employé par les transporteurs installés route de Nantes à Vannes et Séné [lire histoire de Duclos Penru et des routiers de Séné].
Son parcours nous fait pensé à un militaire de carrière. En 1945, il est incorporé au sein du 16° Régiment d'Infanterie Coloniale basé à Quinhen dans l'Amman en Indochine française, actuelle Quy Nhon au Viet-Nam. Son dossier 21 P 279345, transmis par le SHD de Caen, nous indique que le soldat de 1ère classe JOLLIVET, ien poste au "Dépôt de Transition de Saïgon, est admis à l'hôpital le 28 juin 1945. On lui diagnostique une "tuberculose pulmonaire bilatérale et enterite tuberculeuse", imputable au service au sein du 16 ° Régiment d'Infanterie Coloniale basé en Indochine. Il décède le 4 juillet 1945 à l'Hôpital Graal de Saïgon situé au 14 rue de la Grandière.
Depuis le "coup de force " des armées japonaises, la France de Vichy n'exerce plus de fait l'Autorité sur les colonies d'Indochine. L'armée japonaise opère une violente répression sur tous ceux qui remttent en cause son autorité et notamment les troupes françaises alors en poste en Indochine. Beaucoup sont contraints de fuir, sont arrêtés et emprionnées dans les geôles japonaises ou il ssont martyrisés, torturés et pour beaucopu fusillés.
Au moment de son décès, l'Hôpital Graal est occupé par les forces japonaises. Certes, le soldats JOLLIVET n'est pas mort au combat mais de tuberculose comme de nombreux Poilus de 14. Contre qui la France se bat alors en Indochine? Les nationalistes Vietnamiens? Non ! La France résiste contre l'armée japonaise, armée d'occupation de l'Indochine Française. D'ailleurs, son dossier militaire comporte la mention 39-45, affectant son décès non aux guerres de colonisation, non à la guerre dite" d'Indochine" visant à lutter contre le Viet Min, mais bel et bien à la Seconde Guerre Mondiale.
Pierre Marie JOLLIVET est en quelques sorte une victime du Japon impérial et fascite, comme d'autres l'ont été de l'Allemagne nazie. Il est déclaré "Mort pour la France", mention inscrite sur son acte de décès.
Maurice PENFORNIS [24/03/1920 - 13/03/1946] : Décède de maladie
L'acte de décès de Maurice PENFORNIS apparait bien clair sur les registre de Séné. L'aurait-on oublié ?
Son existence de combattant en Indochine nous est confirmée par le site Mémoire des Hommes.
On apprend que Maurice PENFORNIS, né à Priziac le 24/03/1920 est Second Maitre Canonnier au sein du Régiment Blindé de Fusiliers Marins basé à Cholon près de Saïgon. Il s'agit d'une unité amphibie prévue pour les débarquements.
Le R B F M en Indochine:
- Opérations en Cochinchine (Saïgon)
- Bassin du Donaï (prise de Tan Uyen) dans la région de Bentré
- Transformation en régiment amphibie d'assaut
- 6 mars 1946, débarquement au Tonkin,
R B F M en baie d'Along débarquement quelque peu problématique
- Sécurité d'Haïphong en baie d'Along et de Hanoï
- Delta du Mékong et presqu'île de Camao
En Mars-Avril 1947, le RBFM est regroupé au Cap Saint Jacques et après une prise d'armes d'adieu, embarque pour la France, il arrivera à Toulon le 16 Mai et sa dissolution intervient le 20 Mai 1947. Le 7 juillet 1947, le régiment est cité à l'ordre de l'armée de Mer et son drapeau reçoit le CG des TOE avec palme.
Source http://cdojaubert.canalblog.com
Le soldat PENFORNIS a-t-il contracté une maladie infectieuse dans les zones lacustres du delta du Mékong ? Il décède de maladie à l'hôpital d'évacuation Cho Quan de Cholon le 12 mars 1946.
Avant son départ en Indochine, il vivait à la Grenouillère en Séné. Il était le marie de Rosalie Marie Perrine LEROY qu'il avait épousé à Séné le 27/01/1945. Son nom apparait sur le monument de Lauzach mais ni à sa commune de naissance Priziac ni à Séné.
Armel Ange Joseph LENORMAND [17/09/1925 - 26/05/1948] Sinagot, mort pour la France en Indochine.
Le site "mémoire des Hommes" répertorie les soldats français "Morts pour la France". Il faut un peu de patience pour passer en revue les fiches relatives à la guerre d'Indochine. On finit par repérer une fiche d'un soldat né dans le Morbihan dans la ville de "Seine".
L'acte de naissance d'Armel Ange Joseph LENORMAND nous indique ses parents habitent rue Bailleul à Paris 1er. La future maman passe sa grossesse chez sa mère, Marie Louise LE GREGAM, veuve GIRARD. Elle acouche à Séné le 17/09/1925.
On le retouve plus difficilement dans les dénombrements. En 1926, Armel LENORMAND vit chez ses grands-parents à Séné, Joseph Yves GIRARD et son épouse.
Joseph GIRARD était le secrétaire de mairie à l'époque à Séné et occasionnellement le correspondant du journal Ouest Eclair. Le 20/08/1924, il a marié le même jour ces deux filles, dont Elisa Marie Henriette GIRARD qui épouse Joseph Marie LENORMAND, garde républicain en poste à Paris II° rue de la banque,n°12. Fils de militaire, Armel LENORMAND fera également une carrière militaire qui le conduira en Indochine en 1948. Il a 25 ans.
Il est en poste comme brigadier au sein de la 153° Compagnie du Quartier Général ou 153° CQG à My Tho en Cochinchine, sud Viet-Nam. L'extrait de Mémoire des Hommes indique qu'il décède d'un accident. La transcription de son acte de décès est fait dans le département des Deux Sèvres,plus exactement la commune de Cerzay.
Le site GenWeb ne répertorie pas le nom de Armel LENORMAND et le Mémorial de Maizière en Gatine ne reprend pas le nom du soldat. Un nom voisin apparait sur le mémorial de Lauzach : "LE MORMAND A." C'est surement notre Sinagot.
Le Service Historique de Caen a ouvert le dossier d'Armel LENORMAND. On y apprend qu'il fut inhumé au cimetière européen de Mytho tombe n°225. A la demande de sa famille, son cercueil fut rappatrié en France puis restitué le 12 septembre 1950. La consultation des registres de la paroisse de Séné permettent de confirmer son inhumation le 14/09/1950 à Séné.
Certes, son acte de décès fut retranscrit sur la commune de Cersay (79), dernier domicile connu de ce militaire dont le régiment était basé dans les Deux-Sèvres.
Cependant, Armel Ange Joseph LENORMAND, était natif de Séne, il est mort pour la France à Mytho (décret du 15/12/1948), et surtout il fut inhumé à Séné.
Son nom eput être inscrit au monument aux mort de Séné à côté de celui de Penfornis sur une plaque dédiée aux morts en Indochine.
3°DIC pasant un bac sur un affluent du Mékong
L'aventure mexicaine des Sinagots 1863
Les archives départementales ont numérisé les registres d'état civil de Séné. Leur parcours attentif permet de mettre la main sur des documents singuliers comme les actes de décès de 5 Sinagots. Cette liste est complétée par l'étude des registres d'inscrit maritime au SHD de Lorient.
Vincent RAUD [8/06/1837 - 22/07/1861], marin
Louis ALLOH [20/06/1838 - 27/07/1862], marin
Vincent Mathurin LE ROY [15/05/1840-9/03/1863] marin
Patern DANO [21/04/1837 - 22/04/1863]
Pierre Marie RICHARD [6/09/1838 - 25/07/1863]
Vincent SIMON [26/10/1838 - 7/11/1863]
Qu'ont en commun ces 6 Sinagots ?
Vincent RAUD [8/06/1837 - 22/07/1861]
Vincent RAUD est né à Montsarrac le 8/06/1837. Son acte de naissance nous indique que son père est marin. Son acte de décès fait état de son décès à Mariel sur la côte nord de Cuba le 22/07/1861 alors qu'il était matelot de 2° classe à bord du brick Le Mercure.
Un site spécialisé sur la marine de Napoléon III nous renseigne sur les mouvements du Mercure. Le bateau est affecté depuis janvier 1859 à la flotte des Antilles. En juin 1859, il mouille devant le port de Sacrificios près de Veracruz au Mexique. En décembre 1859 il est à Fort de France puis à Saint Domingue avant de passer par Port au Prince en Haïti. Il fait route à nouveau vers Veracruz au printemps 1860.
Les aller/retour entre les bases françaises dans les Antilles et les bases espagnoles sont fréquentes pour alimenter l'effort de guerre en terre mexicaine.
La transscription du décés ne dit pas de quoi est mort le marin RAUD. Toutefois son décès à l'hôpital de Mariel nous fait penser à une maladie, sans doute el vomito negrro ou fièvre jaune qui a sévit au Mexique pendant ces années de guerre.
Louis ALLOH [20/06/1838 - 27/07/1862]
Selon son acte de décès retranscrit par Mathurin LE DOUARIN maire de Séné en 1863 sous le Second Empire, Louis ALLOH est décédé le 27/07/1862 à l'hôpital de Vera Cruz, ville portuaire du Golfe du Mexique. On y apprend qu'il était matelot de 3° classe embarqué sur l'Amazone, fregate-hôpital de la marine française., mouillé à cette période à Sacrificios près de Vera Cruz. La zone est marécageuse et insalubre.
Vue de Veracruz vers 1865
Embarquement sur l'Amazon à quai à Cherbourg. Appareillage le 2-2-1862 pour amener de l'artillerie à Vera-Cruz (Mexique). Il stationnera jusqu'au 20 août comme navire-hôpital
Cet article de presse du Courrier de Bretagne, daté du 27/09/1862, nous apprend que l'Amazon finira par être autorisé à rentrer en France après avoir subi une épidémie de "vomito negro". Le "vomito negro" est le nom local de la fièvre jaune à cause des vomissements de sang noir que provoque cette terrible maladie virable transmise par les moustiques.
La matelot ALLOH est donc décédé de fièvre jaune à bord de l'Amazon. Ce navire, de la classe Hermione, était arrivé en mai 1862 dans le port de Vera Cruz pour y débarquer plus de 1000 soldats du 99° Régiment de ligne et du 9° Régiment d'Artillerie allant renforcer le corps expéditionaire français.
En effet, Napoléon III, Empereur des Français, a décidé d'imposer au peuple mexicain, un nouveau monarque en la personne de Maxilien de Habsbourg et sa femme Charlotte. Depuis son indépendance de l'Espagne et la guerre contre les Etats Unis d'Amérique, le Mexique est en proie à l'instabilité politique. En juin 1861, le Mexique suspend le réglement de sa dette. Napoléon utilise de prétexte pour mettre un pied au Mexique, d'autant que les Etats-Unis sont empétrés dans leur guerre civile (Guerre de Sécession). Cependant, face à la résistance des Mexicains, unis contre l'envahisseur, le recours à la force est nécessaire pour matter les patriotes....Une coalition réunit la Belgique, l'Autriche, l'espagne, l'Angleterre et la France dans un débarquement de troupes au Mexique. Cependant, l'Espagne et l'Angleterre se retirent quand les visées françaises apparaissent au grand jour....
La France peut compter sur sa marine de guerre bien armée, outil diplomatique fort utile aux ambitions impériales (colonisation de l'Algérie, de la Cochinchine).
L'Armada française - L'Illustration 1862
Louis ALLOH, né le 20/06/1838, fils d'un marin de Kerarden, comme d'autres jeunes de sa classe, se trouve enrôlé à 22 ans, dans ce qu'on appellera "l'Aventure mexicaine" et qui tournera au fiasco diplomatique et militaire...
Vincent Mathurin LE ROY [15/05/1840-9/03/1863]
Les registres du SHD de Lorient permettent de repérer sa fiche d'Inscrit Maritime du jeune Vincent Mathurin LE ROY. On comprend que le marin de Séné est rentré d'un voyage au Mexique à bord de la Ville de Bordeaux et qu'il est décédé le 9 mars à l'höpital maritime de Brest. Il est décoré à titre posthume.
Un site spécialisé dans la flotte de la marine impériale confirme le voyage au Mexique de la Ville de Bordeaux.
Aux côtés de marins, d'autres Sinagots font leur devoir de soldats en terre mexicaine.
Patern DANO [21/04/1837 - 22/04/1863]
Patern DANO, né le 23/04/1837 à Cano, est voltigeur au sein du 1er Bataillon du 95° Régiment de ligne. Lui aussi sucommbe de maladie, une "diarrhé chronique", le 22 avril 1863 à l'hôpital temporaire d'Amazoc de Mota près de la ville mexicaine de Puebla.
Voltigeur : Dans son sens militaire, le voltigeur est un fantassin porté en première ligne par un cavalier qui le prend en croupe. Plus généralement, le terme désigne les unités d’infanterie légère d’une compagnie d’élite destinée à agir en tirailleur en avant de la ligne d’un bataillon.
Lors de la guerre du Mexique, la ville de Puebla sera l'objet de plusieurs batailles. Le 5/05/1862 la ville est prise par le général mexicain Ignacio ZARAGOZA. Les Français reprennent la ville en mai 1863 et les troupes de Porfirio DIAZ la reprennent définitivement le 2/04/1867.
Prise de Puebla en mai 1863 par la légion fraçaise peinture de Jean-Adolphe Beaucé (1818-1875)
Pour soutenir le siège de Puebla, un convoi de ravitaillement et d'argent est parti de Veracruz. Afin de le protéger, 60 fantassins de la Légion partent à sa rencontre. La 3° Compagnie de la Légion est attaquée au village de Cameron de Tejeda par 2.000 mexicains. Réfugiés sans une hacienda, malgré un héroïque combat, les 6 derniers légionnaires se rendent à l'ennemi ...à court de munition. Cette bataille est toujours célébrée au sein de la Légion Etrangère.
Deux autres soldats de Séné décèdent lors de la campagne sur Puebla.
Pierre Marie RICHARD [6/09/1838 - 25/07/1863]
Pierre Marie RICHARD nait le 6/09/1838 à Michot au sein d'une famille de paludiers. Enrôlé dans l'armée, il est grenadier au 51° Régiment de Ligne. Il décède le 25/07/1863, non au combat, mais comme la plus part des soldats français de maladie. Son acte de décès retranscrit à Séné indique une mort des suites de la dysenterie à l'hôpital militaire de Puebla installé dans la bourgade de Los Gosos.
1862 1867 Volontaires en marche au mexique, Charles Dominique LAHALLE 1833-1909
Vincent SIMON [26/10/1838 - 7/11/1863]
Lors de la retraite des armées, le soldat Vincent SIMON contracte la "vomito negro" et décède de fièvre jaune le 7/11/1863 près de Cordoba au sein de l'hôpital militaire. Vincent SIMON était fusilier à la 3° Compagnie du 1er Bataillon du 7° Régiment de Ligne. Natif du bourg de Séné, d'un père meunuisier et d'une mère ménagère. Lui aussi accompli son service militaire sous les armées de Napoléon III.
Après le retrait des Britanniques et des Espagnol de la coalition et sous la pression diplomatique des Etas Unis d'Amérique qui ont mis fin à la guerre de Sécession en 1865,, les armées françaises doivent se replier et Napoléon III oublier ses prétentions sud-américaines. L'Empereur éphémère du Mexique, Maximilien est fusillé par les républicains mexicains le 13 juin 1867. La capitale Mexico tenu par les royalistes tombera aux mains des républicains et la République des Etats Unis du Mexique sera proclamée.
ALLANO et CONAN en Campagne en Italie, 1859
Fort d'une marine importante, d'armées fournies en soldats grâce à la conscription obligatoire, allié à l'Angleterre depuis la Guerre de Crimée, Napoléon III peut envisager de remodeler l'Europe et d'agrandir le territoire national.
En 1859, avec le Royaume de Piémont-Sadaigne, il lance une Campagne militaire en Italie qui aboutira à la création du Royaume d'Italie et à l'annexion de la Savoie et du Comté de Nice au territoire métropolitain de l'Empire Français.
Les troupes françaises et sardes vont affronter les armées de l'Empereur d'Autriche-Hongrie dans le nord de l'actuelle Italie en Lombardie. Parmi ces nombreux soldats, deux Sinagots identifiés, Joseph Marie Anne ALLANO [1/11/1836-31/07/1859] et Marc CONAN [17/12/1835-25/8/1859]
ALLANO et CONAN survivent à la Bataille de Solferino
Il faut de l'attention pour repérer son acte de décès qui résume très bien les circonstances de sa mort lors de la Campagne d'Italie en 1859.
On apprend que le soldat ALLANO, est natif d'Elven mais domicilié à Séné. Il est fusilier au sein du 91° Régiment d'Infanterie de Ligne, dans la Ière Compagnie du 2° Bataillon, matricule 8880.
Le 91° régiment du 1er corps d'armée participera à différentes batailles dont celle de Solférino le 24 juin 1859.
« Prenant comme objectif la tour de Solférino, le 91e refoule les tirailleurs ennemis. Le sous-lieutenant de Guiseuil venait de planter le drapeau du régiment sur le terrain conquis lorsque l'arrivée des réserves autrichiennes arrête les progrès de nos troupes. Le porte-drapeau tombe grièvement blessé ; le drapeau, brisé par la mitraille, est ramassé par le sous-lieutenant Tollet qui est aussitôt frappé à mort. Le brave sergent Bourraqui, dit "La Guerre", prend des mains du mourant le précieux trophée mais il est blessé à son tour. Une lutte corps à corps avec les Autrichiens s'engage autour du drapeau qui est enfin sauvé grâce au dévouement des quelques hommes qui l'entouraient »
Notre Sinagot ne meurt pas "tué à l'ennemi" mais de fièvre typhoïde le 31 juillet 1859 dans un des nombreux hôpitaux temporaires établis dans la province de Brescia. On comprend à la lecture de ce rapport de Antonio Fappani, que les blessés de toutes nationalités sont amenés dans différents bâtiment spoublics réquisitionés. Un tri est effectué selont les cas et l'églisde de san Antonino récupère les soldats atteint de maladies infectieuse dont 42% morurent et pamri eux, le soldat ALLANO dont le décès est enregistré par les autorités locales.
Les armées en campagne établissent des hôpitaux temporaires près des champs de bataille. Celle de Solférino à laquelle le régiment d'ALLANO et CONAN ont été engagés, occasionnera un très grand nombre de blessés. Henri DUNANT lancera quelques temps plus tard la Croix Rouge...
Comment expliquer la transcription de son décès sur les registres de Séné ? Joseph Marie Anne ALLANO a suivi ses parents et son frère, bouchers de métier; qui se sont installés au bourg de Séné.
A cette époque, la mention "Mort pour la France" n'esiste pas encore. En 1915, Honoré ALLANO, son neveu, sera blessé aux Eparges et mourra lui aussi dans un hôpital temporaire, près de Verdun, des suites de ses blessures.
CONAN, meurt après la paix de Villafranca,
Marc CONAN [17/12/1835-25/8/1859] nait à Séné au village du Versa. Son père Yves CONAN [8/8/1807-12/9/1880 St-Avé] est natif de Saint-Avé. Son père se marie le 19/7/1830 à Séné avec Jeanne Louise LE DOUARIN [15/2/1810 Séné-13/2/1875 St-Avé], et déclare la profession de laboureur et vivre à Saint-Patern à Vannes. Sa mère quant à elle, est native de Cressignan en Séné au sein d'une famille de laboureurs.
Le lieu de naissance des 10 enfants de la famille Conan, permet de suivre son lieu de vie et de travail. Les deux premiers enfants naissent à Vannes. Tout d'abrod, l'ainé, Marc CONAN puis viennent Vincent CONAN [7/6/1838-7/4/1865], qui sera condamné au bagne pour un assassinat. Viennent ensuite Jeanne Marie [4/9/1840-1840], Marie Louise [2/12/1841-1842] et encore Jeanne Marie [20/12/1842-??]. La famille est pointée au dénombrement de 1841 au Versa.
Ensuite la famille gagne Saint-Avé où naissent Jean Marie [11/1/1846-29/9/1904 qui sera carrier; Jean François [4/8/1848-19/7/1870 qui sera laboureur et Marie Anne [7/2/1851-??]. On note au passage la forte mortalité infantile qui affecte les enfants de la famille Conan.
L'acte de decès de Marc CONAN nous indique que le soldat, Sinagot de naissance, résidait à Saint-Avé avant de s'enroler dans le 37° Régiment de Ligne, matricule 6204, 1er bataillon, 2° compagnie. Ce régiment a participé aux bataille de Magenta et de Solferino. Le soldat CONAN décède comme le soldat Allano, de fièvre typhoïde dans un hôpital de Pavie (collège). Il s'agit du Collège Borromeo qui fut requisionné pour abriter plus de 1300 soldats français qui retournent en France:
29 [luglio] Si cominciò a levare dal locale del Collegio i pagliericci, ed altri oggetti di spettanza del Comune – e si spera che tra pochi giorni verrà totalmente sgombrato il Collegio.
Agosto 3 Il locale del Collegio viene oggi occupato come caserma da più di 1300 Francesi che ritornano in Francia – così si credeva nei primi giorni, in seguito da molti indizi parve che questa truppa debba pur fermarsi in Italia. Infatti, a tutt’oggi 16 agosto nessuna disposizione per la partenza, anzi. (Source : site du College Borromeo)
Après la bataille de Solférino, le 24 juin, les Autrichiens perdent la Lombardie au traité de Villafranca signé le 12 juillet. Ce sera le début de l'Unité Italienne. Nos deux sodats sinagots décèderont à l'été 1859 et ne verront pas les conséquences de leur bravoure. Le 24/3/1860 le Traité de Turin rattache le Comté de Nice à la France et la Savoie, revient dans le giron nationaL
Le 22 avril 1860, les habitants approuvent à une écrasante majorité leur rattachement à la France. À Nice, on compte 25 743 oui, 160 non et 5 000 abstentions. En Savoie, 235 non et une poignée d'abstentions sur 130 000 votants.
Au nord des Alpes, la Savoie est divisée en deux départements : Savoie et Haute-Savoie. Au sud, le comté de Nice est réuni à un morceau du département du Var, avec le fleuve Var lui-même, pour former le département des Alpes-maritimes (le département du Var se réfère depuis lors à un fleuve qui lui est étranger).
Pour la "petite histoire", Vannes accueillera des prisonniers des armées austro-hongroises comme nous le relate cet article du 20 juillet 1859. Ils sont conviés à assister aux courses de Vannes à l'hippodrome de Cano.
Guerre de Crimée 1853-1856
Le monument aux morts de Séné honore les soldats de notre commune morts pour la France au cours de la 1ère et de la 2de Guerre Mondiale. Les premiers monuments aux morts ont cependant été érigés après la guerre contre l'Allemagne, en 1870, comme celui au cimetière de Boismoreau à Vannes édifié en 1872.
Il semble que notre commune de Séné n'ait pas eu à souffrir la perte d'un soldat au cours de ce conflit qui amena à la chute du II° Empire et à l'avènement de la III°République. Pour autant, tout au long du règne de Napoléon III, de 1852 à 1870, des "appelés du contingents" et des militaires de carrière sont "morts pour la France"( Lire Guerre du Mexique).
Ainsi une consultation attentive des registres de l'état civil, on arrive à repérer des noms de Sinagots décédés pendant la Guerre de Crimée "qui opposa de 1853 à 1856 l'Empire russe à une coalition formée de l'Empire ottoman, de la France, du Royaume-Uni et du royaume de Sardaigne. Provoqué par l'expansionnisme russe et la crainte d'un effondrement de l'Empire ottoman, le conflit se déroula en Crimée autour de la base navale de Sébastopol, mais aussi en Mer Baltique. Il s'acheva par la défaite de la Russie, entérinée par le traité de Paris de 1856".(Source Wikipedia).
Pour amener les soldats en Crimée, la marine impériale compte de nombreux bateaux. La Sémillante coulera au large de Bonifacio. Marins péris sur la Semillante, marins morts de maladie ou au combat, la Guerre de Crimée emportera pas moins de 16 soldats de Séné.
Jean Louis LE DORIOL [7/07/1935-13/06/1854]
LEROUX Pierre [25/07/1828 - 12/08/1854]
DANET Marc [12/10/1821 - 17/08/1854]
LE FRANC Julien [13/05/1830 - 6/09/1854]
LE DORIOL Patern [10/05/1831 - 21/10/1854]
LE DORIDOUR Pierre François [23/07/1832 - 26/11/1854]
LE DERF Lousi [4/03/1832 - 29/01/1855 ]
La Sémillante :
DANET JEAN FRANCOIS [16/10/1819- 16/02/1855]
LE GREGAM GUILLAUME [21/06/1821-16/02/1855]
PIERRE GUILLAUME MARIE [16/12/1822-16/02/1855]
CARIO ALEXIS [15/10/1826-16/02/1855]
LE GREGAM JEAN MARIE [25/05/1835-16/02/1855]
CHAPON Jacques [6/12/1835 - 3/03/1855]
MORIO Jean Marie [18/02/1831 - 6/04/1855]
Vincent NOBLANC [24/07/1834 - 2/04/1855]
RIGUIDEL Vincent [15/09/1827 - 20/05/1855]
TREHONDARD Jean Louis [6/10/1824 - 11/03/1856]
Jean Louis LE DORIOL [7/07/1935-13/06/1854]
Le jeune LE DORIOL âgé de 18 ans se trouve à bord de la Sémillante dans la mer Baltique. Le même bateau qui sombrera au large de Bonifacio. Il décède à bord alors que la Sémillante se trouve au mouillage au large de l'île Furusung en Suède. Il était le seul garçon du marin Jean Pierre Le Doriol de Monsarec. Il avait deux soeurs, Olive [1838-1842] morte en bas âge et Anne [1840-1869] qui sera condamnée pour infanticide.
LEROUX Pierre [25/07/1828 - 12/08/1854]
Pierre LEROUX est né à Séné, au village de Montsarrac le 25 juillet 1828. Son père est patron de chalouppe et sa mère ménagère. On retrouve la famille LEROUX sur le registre de l'Etat Nominatif des Habitants de Séné de 1841. Guillaume LE ROUX est décédé le 30/11/1838, sa veuve exerce la profession de débitante de vin, aubergiste. Deux filles et deux garçons composent la famille.
L'acte decès de Pierre LEROUX nous indique qu'en août 1854, il est matelot de 3° classe sur le navire "Ville de Marseille" mouillé au large de Balchik ville portuaire de Bulgarie sur la mer Noire, alors possession de l'Empire Ottoman.
La France et l'Angleterre, après des siècles de guerre et de rivalités, se sont alliés et ont déclaré la guerre à la Russie le 27/03/1854. La France achemine ses troupes grâce aux nombreux bateaux de la marine impériale. Le Ville de Marseille appareille de Toulon le 31/03/1854 pour la presqu'île de Gallipoli sur le détroit des Darnanelles à Constantinople (aujourd'hui Istanbul) puis poursuit dans la mer Noire.
Le Ville de Marseille est un vaisseau du type 74c, conçus par Sané, qui ont été commandés à 120 exemplaires, tant ils étaient excellents; En 1850, la marine en compte encore cinq en service. (Source dossiermarine.org);
Le regroupement de la marine française a lieu à Varna, port de Bulgarie en quelques encablures de Balchik. Un conseil de guerre se tient à Varna le 19/05/1854 qui devient la base arrière des opérations. Le 1/07/1854, une grande fête a lieu à Balchik pour célébrer la réunion de deux escadres. Le 9/07/1854, on signale les premiers cas de choléra à Varna.
L'acte de décès transcrit à Séné, n'indique pas la cause du décès. Le choléra et d'autres maladies emporteront un grand nombre de soldats pendant la Guerre de Crimée.
DANET Marc [12/10/1821 - 17/08/1854]
L'acte de décès de Marc DANET se repère bien dans les registre numérisé. Le texte est bien plus long que pour un décès "normal".
A sa lecture on comprend que Marc DANET était marin sur la navire le VALMY et qu'il est décédé en mer au large de Kavarna le 17/08/1854. Une recherche sur Google permet de situé le port de Kavarna en Bulgarie, au nord de Bichik et Varna. Une recherche sur un site spécialisé dans la marine de Napoléon III permet d'ne savoir plus sur le Valmy.
VALMY : Dernier trois-ponts non motorisé de la Marine, construit sur plans de Leroux. Il sera construit à un seul exemplaire, bien que 5 aient été mis en chantier. E, 1854-1855, le Valmy particpe aux opérations dans la Mer Noire au sein de la 2° escadre.
Marc DANET est matelot de 3° classe à bord du Valmy. Fils d'un marin pêcheur de Moustérian et d'une ménagère.
Sa fiche de matricule au Service Historique de la Défense nous indique qu'en date du 27/05/1854 il embarque sur Le Valmy.
Il décède du choléra à bord du Valmy le 17/08/1854 sans que l'on sache si le corps fut jeté à la mer ou inhumé à terre.
LE FRANC Julien [13/05/1830 - 6/09/1854]
Les Britanniques et les Français ne dépêchent pas seulement leurs marines et leurs troupes en mer Noire. Un autre front est ouvert dans la mer Baltique. Le 8 août 1854, les troupes françaises débarquent à Åland, archipel au large du Grand Duché de Finlande alors sous domination russe.
Elles assiègent et bombardent la forteresse de Bomarsund, durant huit jours avant de pouvoir l'occuper. Bomarsund est une forteresse construite en 1832 par la Russie.
Avant leur départ, les Français détruisent complètement la forteresse. Après la guerre, l'Angleterre et la France exigent que les îles soient démilitarisées. Lors du traité de Paris de 1856, les Russes s'engagent à ne pas fortifier l'île.
Parmi les navires qui composent la flotte française envoyée sur la front balte, la frégate L'Algérie. Parmi les marins embarqués sur L'Algérie, le matelot de 1ère classe Julien LE FRANC. Au mouillage au sud de l'archipel des Aland à Ledsund, il décède le 6/09/1854, sans que l'on sache si le corps fut inhumé à terre ou jetté à la mer.
L'acte de naissance de Julien LE FRANC nous indique que son père etait marin et sa mère ménagère et que la famille vivait au village de Moustérian. Julien Pierre, Françoise Anne Marie sont leurs enfants.
LE DORIOL Patern [10/05/1831 - 21/10/1854]
L'acte de décès de Patern LE DORIOL nous apprend qu'en octobre 1854 il est à bord de la frégate Néréide. Il s'agit d'une frégate du modèle 24 jaugeant 2300 tonneaux avec un équipage moyen de 470 hommes (200 en transport), dites de 24 pour désigner le calibre de leur armement principal en livres.
Depuis la déclaration de guerre en mars 1854, Néréide effectue des rotations entre Toulon et la Mer Noire. Le 21 octobre 1854, La Néréide fait escale à MILO, île des Cyclades en route vers Gallipoli et Constantinople.
Patern LE DORIOL est né le 10/05/1831 au village de Cariel d'un père pêcheur et d'une mère ménagère. La famille apparait lors du recencement de 1841.
A l'âge de 23 ans, Patern LE DORIOL est matelot de 3° classe sur le Néréide quand sévit une épidémie de cholera. Il décède à bord du navire sans que son acte de décès stipule une inhumation sur l'île de Milo ou une rejet du corps à la mer.
Le choléra est une toxi-infection entérique épidémique contagieuse due à la bactérie Vibrio choleræ, ou bacille virgule, découverte par Pacini en 1854 et redécouverte par Koch en 1883. Strictement limitée à l'espèce humaine, elle est caractérisée par des diarrhées brutales et très abondantes (gastro-entérite) menant à une sévère déshydratation. La forme majeure classique peut causer la mort dans plus de la moitié des cas, en l’absence de traitement (de quelques heures à trois jours).(wikipedia)
LE DORIDOUR Pierre François [23/07/1832 - 26/11/1854]
Pierre françois LE DORIDOUR nait à Cariel le 23/07/1832. Son père est marin pêcheur et sa mère ménagère. Il a du embrasser la carrière maritime comme mousse puis novice et matelot avant de se retrouver matelot de 3° classe dans la flotte impériale de napoléon III. Il est à bord du vaisseau Napoléon quand il part pour la Crimée.
Au début du conflit avec la Russie, le Napoléon prend part à l'expédition de Crimée dans la 2ème escadre. Il y fera beaucoup de remorquages dont celui du "Ville de Paris".
En 7-1854, il stationne dans le Bosphore.
En 10-1854, il participe au débarquement de Yalta, et au bombardement de Sébastopol.
Le marin Pierre françois LE DORIDOUR est-il blessé ? contracte-t-il une maladie ?
Il est confuit à l'hôpital français de Thérapia à Constantinople situé dans le quartier français près de l'ambassade. On retrouve les dates de son séjour à l'hôpital de Therapia dans les registres conservés auprès des Archives Nationales de l'Outremer. Il y est resté 34 jours avant son décès le 26/11/1854.
L'information de son décès parvient à sa commune de naissance Séné où il est retranscrit le 13/07/1855.
LE DERF Louis [4/03/1832 - 29/01/1855 ]
L'acte de décès retranscrit à Séné nous indique que Louis LE DERF était embarqué sur le navire Marengo, comme Jacques CHAPON, mais à cette époque, est alors en "subsistance" sur un autre frégate, le Pandore.
Son acte de naissance daté du 4/03/1832, indique que ces parents sont laboureurs au village de Michot. La famille nombreuse des "Le Derf" apparait bien en 1841 lors du dénombrement. Il n'est pas né dans une famille de marins et il a du se lancer dans cette carrière tardivement puisqu'il est aprrenti marin sur le Marengo à près de 23 ans.
Le Pandore est au mouillage au large d'un port, d'une ville nommée "CALCHE" dans l'acte de décès. Ce lieu pourrrait être le quartier de Constantinople, Chalcedon en grec. Le document l'indique pas la cause de la mort du jeune apprenti marin et si le corps fut inhumé à terre ou bien jeté à la mer.
Naufrage de la Sémillante :
DANET JEAN FRANCOIS [16/10/1819- 16/02/1855]
LE GREGAM GUILLAUME [21/06/1821-16/02/1855]
PIERRE GUILLAUME MARIE [16/12/1822-16/02/1855]
CARIO ALEXIS [15/10/1826-16/02/1855]
LE GREGAM JEAN MARIE [25/05/1835-16/02/1855]
Partie pour amener des troupes et de l'armement depuis l'arsenal de Toulon vers la Crimée, la Semillante a fait naufrage au large des îles Lavezzi dans le détroit de Bonifacio en Corse, le 15 février 1855. Prise dans une effroyable tempête, l'ensemble de son équipage et des soldats embarqués périrent en mer dont le commandant de frégate Jugan. 773 hommes étaient à bord de la Sémillante. 560 corps reposent dans les deux cimetières de l'île Lavezzi.
La presse de l'époque fit part de la grande émotion partagée dans tout le pays. Des communes du Morbihan furent concernées par la disparition d'un soldat ou d'un marin comme l'évoque cet article de presse daté du 4/03/1855. Peut-être un Sinagot figure-t-il parmi les victimes du naufrage de la Semillante comme l'évoque Jean-Richard dans son ouvrage "Si Séné été conté".
La réponse se trouve dans le registre des Inscrits Maritimes au Service Historique de la Défense à Lorient comme l'a bien compris Ddidier@Trehondart. Saluons son travail au SHD de Lorient. Il a créé une table nominative des marins de Séné facilitant ainsi la recherche.
CARIO Alexis [16/10/1826 - 15/02/1855]
Ainsi on découvre qu'Alexis CARIO natif de Séné était embarqué sur La Semillante et qu'il fit naufrage le 15 février 1855. Son extrait de naissance nous indique qu'il avait un frère jumeau qui mourut le jour de sa naissance. Son père était journalier au village de Langle et la famille est bien recensée en 1841. Elle habite Bellevue.
DANET JEAN FRANCOIS [16/10/1819- 16/02/1855]
Natif de Moustérian, Jean François DANET est bien recensé avec sa famille au dénombrement de 1841. La famille vit de la pêche.
GREGAM Guillaume [21/06/1821-16/02/1855] - GREGAM Jean Marie [25/05/1835-16/02/1855]
La consultation des extraits de naissance permet de se rendre compte qu'il s'agit de deux frères embarqués sur la Sémillante qui périrent en mer. On retrouve la famille au dénombrement de 1841.
PIERRE Guillaume Marie [16/12/1822-16/02/1855]
Malgré ce naufrage dramatique, la guerre continue en Mer Noire.....
CHAPON Jacques [6/12/1835 - 3/03/1855]
Jacques CHAPON est né à Séné, au village de Montsarrac le 6/12/1835. Son père Jean Louis est marin pêcheur. La famille de cing enfants apparait en 1841 sur l'Etat Nominatif des Habitants.
A l'âge de 20 ans en mars 1855 il est matelot de 3° classe sur le navire Marengo, également de type 74. Le Marengo quitte le port de Kamiesh sur la presqu'île de Crimée pour la France le 22/02/1855.
En effet, les armées françaises ont débarqué en Crimée et établit leur port dans la "ria" de Kamiesh au sud de Sebastopol.
Une logistique s'est mis en place entre Kamiesh, Varna, Constrantinople et Toulon. Les blessés sont notamment rappatriés dans les hôpitaux militaires à Constantinople. Sur sa route vers Toulon, le Marengo fait une halte à Constatinople, en mars 1855 et dépose des soldats malades ou blessés à l'hôpital de Thérapia, quartier de la ville. Le 10 mars il appareille vers Toulon.
Panorama de Constantinople vue de Uskudar 1854 Carlo Bossoli (1815-1884)
Jacques CHAPON décède quant à lui à l'hôpital de Thérapia le 3 mars 1855 comme nous l'indique son acte de décès retranscrit à Séné sans toutefois indiquer la cause du décès. (Les archives de l'Outre Mer ne dispose pas du registre de Thérapia pour l'année1855.)
MORIO Jean Marie [18/02/1831 - 6/04/1855]
Pendant les hostilités, une logistique sanitaire a été mise en place pour évacuer, acheminer et soigner les blessés et malades dans des hopitaux en terre ottomane comme Constantinople. D'autres malades ont pu être rappratriés en France.
L'acte de décès de Jean Marie MORIO indique qu'il était hospitalisé à l'hôpital Maritime de Saint Mandrier, en face le port de Toulon. Il y décède le 6/04/1855 à l'âge de 24 ans.
L'acte mentionne qu'il était matelot sur le Rolland, Aviso, Corvette à vapeur de 1ère classe, ex-yacht impérial.
1-6-1853 : rebaptisé Roland - classé corvette - départ pour Mer Noire.
1853-54 : il prend part à l'expédition de Crimée dans la 2ème escadre.
24-6-1854 : entre dans Varna (Bulgarie).
22-5-1855 : départ pour la 2ème expédition de Kertch (Ukraine)
Ainsi, on peut avancer que Jean Marie MORIO était du voayge qui conduisit le Rolland vers Varna. A son retour, il sera soigné (sans doute de choléra) à l'hôpital de Saint Mandrier où il décède le 6/04/1855.
La famille MORIO était de Cadouarn comme nous l'indique l'Etat Nominatif des Habitants de 1841.
Vincent NOBLANC [24/07/1834 - 2/04/1855]
L'acte de décès de Vincent NOBLANC retranscrit sur Séné ne permet pas avec certitude de dire qu'il fut marin sur un vaisseau qui particIpa à la Guerre de Crimée. Pour autant nous avons quelques "présomptions". Il décède à l'hôpital maritime de Toulon. Il est alors matelot de 3° classe, sans que l'on chasse le nom de son dernier bateau, il est âgé de 20 ans.
RIGUIDEL Vincent [15/09/1827 - 20/05/1855]
L'acte de décès de Vincent RIGUIDEL, né d'un père maçon au bourg de Séné et d'une mère ménagère, nous indique qu'il est mort à l'hôpital de Nagara, port de Constatinople située sur la rive asiatique. On y apprend qu'il était grenadier au 26° Régiment de Ligne du 3° Bataillon n°2755 dans l'Armée d'Orient. Les régiments de ligne prendront le nom de Régiment d'Infanterie pendant la 1ère Guerre Mondiale).
L'historique du 26 Régiment de Ligne (26°Régiment d'Infanterie) nous indique qu'il a participé au siège de Sébastopol et essuyé de lourdes pertes le 18/06/1855. Le siège de Sébastopol prendra fin en septembre 1855 , mettant fin aux ostilités.
Vincent RIGUIDEL est rappatrié par bateau à Constantinople. Il entre à l'hôpital militaire de Nagara le 15/04/1855 et y décède le 20/05/1855 de dysenterie. L'article ci-après évoque l'ouverture de l'hôpital de Nagara à Constantinople.
TREHONDARD Jean Louis [6/10/1824 - 11/03/1856]
On retrouve au SHD de Lorient la fiche d'inscrit maritime de ce marin sinagot avec la mention "décédé à bord de la frégate à vapeur Le Sané".
Après quelques recherches sur Internet, on finit par apprendre que la frégate Le Sané opère depuis 1854 sur le théâtre des opération en Mer Noire. En octobre 1855 elle force la passe de Otchakoff et prend la forteresse de Kinburn.
Son fait le plus notable est d'avoir transporté entre le 12 et le 24 février 1856, Méhémet-Emin Aali-Pacha), grand vizir de l'Empire Ottoman, (1815-1871). qui fut plénipotentiaire au congrés de Paris et signa pour son pays le 30 mars 1856 le traité qui mit fin à la guerre de Crimée.
Au cours de ce voyage, un marin sinagot est à bord de la frégate Le Sané.
Jean Louis TREHONDARD [6/10/1824-11/3/1856] était né à Montsarrac comme nous l'indique son acte de naissance et le dénombrement de 1841. Il décède à bord de La Sané le 11 mars 1856 sans doute de maladie et son corps jeté à la mer....C'était le frère de Julien TREHONDART [1816-1859] héros de la Guerre de Crimée et Chevalier de la Légion d'Honneur. (lire article dédié).
La première guerre d'Algérie, 1830-1847
Quand on évoque la guerrre d'Algérie, on pense bien sûr à la guerre de décolonisation qui se déroula de 1954 à 1962, et qui aboutit à l'indépendance du pays. Pendant ces 8 années de conflit, fait de guérilla, de violences et de représailles, les gouvernements français successifs mobilisèrent des appelés du contingent aux côtés de militaires engagés. Parmi eux, trois Sinagots perdirent la vie. (Lire page dédéiée). Après l'indépendance, les colons français et européeens installés en Algérie depuis plus de cent ans furent rapatriés en France...
La colonisation de l'Algérie avait débuté sous la Restauration Française mais son origine remonte aux guerres napoléoniennes. Pour nourrir ses armées, Napoléon achète à crédit du blé produit dans la plaine de la Mitija, près d'Alger alors sous domnination turque. Le bey turc, sorte de préfet autonome de l'Empire Ottoman, vit à Alger et amasse un véritable trésor gràce la piraterie barbaresque qu'il organise pour son compte en Méditerranée.
Napoléon déchu, le bey d'Alger reclame le paiement de la dette au consul de France à Alger qu'il finit par giffler d'un "coup d'éventail" lors d'une entrevue. Trois ans plus tard, le Roi Charles X, désireux de redorer son blason, trouve ce pretexte pour partir s'emparer d'Alger et de son trésor.
Le 14 juin 1830, une véritable armada française composée de plus de 100 navires de guerre et 500 bateaux de commerce, débarque sur les plages de Sidi Ferruch. Le 4 juillet, la ville d'Alger tombe aux mains des Français. Le trésor est découvert mais la Révolution éclate en France et Charles X abdique. Louis Philippe qi lui succède n'en récupèrera qu'une partir le reste se perdra dans les poches des armateurs, de militaires et d'intermédiaires....
Ecouter : https://www.youtube.com/watch?v=sT3A8MO8PjM
La conquête des territoires s'imposent progressivement. Pour lutter contre la résistance des populations, les troupes françaises pratiquent la guerre de la terre brulée, chassent et pourchassent les familles arabes et berbères jusque dans des grottes que l'on enfume. A bien des égards, ces pratiquent militaires d'un autre âge, seraient aujourd'hui qualifiées de "crimes de guerre".
Il faudra toutefois 7 ans d'un conflit fait de razzias et représailles pour obtenir la rédition du chef algérien Abd El Kader le 23 décembre 1847.
Cependant, dès 1833, le capitaine Lamoricière a mis sur pied dans la province d’Alger un premier «Bureau arabe», composé de militaires connaissant la langue, la religion et les coutumes du pays. Ces officiers allaient de village en village établir des liens avec les «indigènes », écouter leurs doléances et gagner leur confiance. Cette nouvelle approche permit de pacifier la région qui accepta la présence française et l'afflux des colons, qui s'intensifia avec l'arrivée des républicains fuyant le Second Empire de Napoléon III.
Parmi les Français envoyés en Algérie durant ces années de guerre, sans doute un grand nombre de marins mobilisés lors du débarquement à Sidi Ferruch et des soldats enrolés dans divers régiments et unités. Grâce aux registres de décès, nous avons la trace de quatre d'entre eux qui perdirent la vie des suites de combats mais surtout de maladie contractée lors de cette guerre coloniale :
Jean Pierre Théodore AUVRAY [7/03/1805, 16 Ventose An XIII - 1/02/1836]
Julien EVENO : [13/09/1795, 27 Fructidor An III - 2/10/1837]
Pierre Marie CADORET [23/04/1815 - 2/10/1843]
Pierre Marie LE GALLIC [16/03/1820 - 6/03/1845]
Jean Pierre Théodore AUVRAY [7/03/1805, 16 Ventose An XIII - 1/02/1836]
Ce Sinagot est né à Barrarach au temps du calendrier révolutionnaire. Son père est douanier au poste de Langle. Son acte de décès nous indique qu'il est chasseur dans la 2° Compagnie du 2° Bataillon au sein du 17° Régiment d'Infanterie Légère de la 3° Division établie en Algérie. On lit qu'il décède à l'hôpital d'Oran le 1er février 1836 sans doute de maladie, à l'âge de 25 ans. Son origine familiale (père douanier), sa fonction militaire, chasseur, pourraient faire penser à un jeune militaire engagé..
Julien EVENO : [13/09/1795, 27 Fructidor An III - 2/10/1837]
La chaine administrative sous la Monarchie de Juillet fonctionne bien. Depuis l'Algérie, les autorités militaires parviennent à adresser au maire de Séné le l'époque, Vincent ROZO, l'information du décès du sergent EVENO Julien, voltigeur au 3° Bataillon du 23° Régiment de ligne de la 3° Division, engagé en Algérie.
Voltigeur : Dans son sens militaire, le voltigeur est un fantassin porté en première ligne par un cavalier qui le prend en croupe. Plus généralement, le terme désigne les unités d’infanterie légère d’une compagnie d’élite destinée à agir en tirailleur en avant de la ligne d’un bataillon.
On lit qu'il entre le 29 septembre 1837 à l'hôpital temporaire de Guelma et y décède le 2 octobre, à l'âge de 42 ans sans précision sur l'origine du décès mais sans doute la maladie. Julien EVENO était natif de Kernipitur où ses parents étaient laboureur, agriculteurs propriétaires. Son âge et son grade nous indiquent qu'il était sans doute militaire du rang.
Pierre Marie CADORET [23/04/1815 - 2/10/1843]
Louise CADORET obtient le 13/05/1869, du Tribunal Civil de Vannes, le jugement par lequel son oncle Pierre Marie CADORET est reconnu comme mort en Algérie. Cet acte permettra sans doute de régler la succession.
On lit sur la transcription du jugement, que Pierre Marie CADORET incorporé au sein du "1er Bataillon d'Infanterie Légère d'Afrique", fut tout d'abord déclaré déserteur car il manquait à l'appel le 2 ocotobre 1843, de retour d'une expédition. On apprend que les Autorités avaient publié un décret d'ammnistie, qui suggère que un certain nombre de soldats avait dû déserter le théâtre des opérations. Sans nouvelle du soldat Cadoret, malgré ce décret, le jugment enterine le décès du Sinagot pendant la dite expédition.
Pierre Marie CADORET était natif de Bouedic d'un père journalier. Il disparait donc en Algérie à l'âge de 28 ans.
Pierre Marie LE GALLIC [16/03/1820 - 6/03/1845]
On comprend à la lecture de l'acte de décès de Pierre Marie LE GALLIC, retranscrite par le maire de l'époque Pierre LE DOUARIN, que le Sinagot est mort de maladie en Algérie. Fusilier à la 3° Compagnie du 2° Bataillon au sein du 2° Régiment d'Infanterie de Ligne, il entre à l'hôpital militaire de Constantine le 21 février 1845 et y décède le 6 mars 1845, d'un pleurite double avec épanchement (maladie pulmonaire) à l'âge de 25 ans.
Ces quatres exemples reflètent bien les causes de décès des militaires engagés lors de la conquête de l'Algérie. Au plus fort des combats, la France compta environ 100.000 hommes en Algérie. Après 17 ans de combats nécessaires pour venir à bout de la résistance, le bilan humain est très lourd tant au sein des populations civiles, que chez les militaires français, qui pour la plus part moururent de maladie, dysenterie, fièvres, typhus, malaria et choléra.
Cependant, malgré la rédition d'Abd El Kader, les heurts ne disparurent pas pour autant. Périodiquement, des révoltes éclataient, durement réprimés par les forces françaises...
En 1954, les attentat de novembre allait réveiller le sentiment national algérien.