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Article repris sur le site france-libre.net, écrit par M.Pierre OILLO. quelques rajout de wiki-sene. Original en pièce jointe.

JOSEPH PIERRE, TIMONIER SUR LE «CURIE»,
SOUS-MARIN DES FORCES NAVALES FRANÇAISES LIBRES

La famille de Joseph PIERRE [31/3/1924-22/4/212] est originaire de Séné où il est né le 31 mars 1924. La famille est pointée lors du dénombrement de 1926 et vit au village de Cadouarn. Tous les enfants sont nés à Séné. Joseph reprend le prénom de son frère mort nourrisson en 1923. Son père, marin-pêcheur à Séné va s'installer à l'Île d'Arz vers 1930 pour y exploiter des parcs à huîtres. Ses parents décèderont sur l'île aux Capitaines.

PIERRE Joseph Marie né en 1924 Cadouarn

PIERRE parents

Dès son plus jeune âge, comme de nombreux jeunes originaires de cette île du golfe du Morbihan, il sait qu’il répondra à l’appel de la mer ; non pas comme marin-pêcheur mais qu’il s’engagera dans la marine marchande et voyagera à travers le monde.  Il est d'abord mousse en août 1938 sur le Suzanne; Au début de 1939, Joseph n’a que 14 ans, quand il embarque comme mousse dans le port de Lorient sur un cargo charbonnier : l’Armenier.

PIERRE bateau inscrit

La fiche d'inscrit maritime de Joseph PIERRE nous retrace précisément son parcours de marin. Le 3 septembre 1939 la France déclare la guerre à l’Allemagne. C’est la mobilisation générale. Son bateau étant réquisitionné, Joseph est trop jeune pour être mobilisé. Il est débarqué le 3 septembre et revient à l’île d’Arz en attendant de trouver un embarquement sur un navire de la marine du commerce. L’occasion se présente en janvier 1940.

 Sheherazade petrolier

Un poste de novice lui est proposé sur le « Shéhérazade », un pétrolier qui transporte jusqu’au Havre, de l’essence qu’il va chercher à Corpus Christi au Texas dans le Golfe du Mexique. En juin 1940, alors que le déchargement vient d’être terminé et que l’arrivée des Allemands est imminente, le « Shéhérazade » quitte Le Havre pour Brest puis Le Verdon à l’embouchure de la Gironde. C’est là que l’équipage entend l’un des messages du général de Gaulle qui appelle les Français pour leur demander de refuser le déshonneur de la défaite et poursuivre la lutte à ses côtés. Le pétrolier rejoint Casablanca. Après une escale d’une quinzaine de jours, il part pour New Orleans, port sur le Mississipi.

PIERRE surlesheherazade

Prisonnier des Américains puis des Anglais
L’armistice ayant été signé par le gouvernement de Vichy, les relations avec les Etats-Unis doivent être réexaminées. Le pétrolier est mis sur un mouillage qu’il lui est interdit de quitter. Joseph Pierre et tout l’équipage du « Shéhérazade» sont consignés à bord. C’est un régime de semi-liberté, relativement souple qui va durer sept mois. Ils sont autorisés à aller à terre par petits groupes. Joseph aimerait bien rejoindre les Forces Françaises Libres mais aucune opportunité ne lui est offerte. Il se méfie de certains membres de l’équipage et des représentants français dans le pays car beaucoup sont restés fidèles au maréchal Pétain. Les relations commerciales ayant été rétablies entre les États-Unis et le gouvernement de Vichy, le « Shéhérazade » est autorisé à aller à Bâton Rouge, au nord de New Orleans, pour faire un chargement d’essence qu’il doit transporter à Casablanca. Nous sommes au début du mois de juin 1941. A environ trois jours des Bermudes, le pétrolier qui fait route vers le Maroc est arraisonné par un croiseur anglais et dérouté vers Hamilton au Canada. Tout l’équipage est interné dans un camp à terre.

PIERRE Maurienne

Le 28 juin 1941, à 17 ans, Joseph Pierre rejoint la France Libre.
Dans la semaine qui suivit leur internement, les marins du « Shéhérazade » reçurent la visite du commandant Ortoli des Forces Navales Françaises Libres. Le sous-marin « Surcouf » qu’il commandait étant en réparation à Hamilton, il demanda à rencontrer ses compatriotes pour leur proposer de rejoindre les rangs des F.N.F.L. Sur les 42 hommes d’équipage, seulement 8 acceptent de poursuivre la lutte avec le général de Gaulle. Joseph PIERRE qui n’a que 17 ans, est l’un d’entre eux. Peu après, il embarque sur un navire F.N.F.L, le bananier « Maurienne ». 
Le 16 juin 1940, le bananier Maurienne a appareillé de Basse-Terre en Guadeloupe à destination de Brest. En mer, son commandant, le capitaine au long cours Yves Salaun capte le 18 juin la BBC et entend l’appel, malgré un message de l’amirauté des Antilles lui intimant l’ordre de rejoindre Bordeaux et un autre de celle de Casablanca le 22 juin, il met le cap sur Halifax où il arrive le 28 juin 1940 avec son chargement de bananes. Il n’y eut aucune objection de l’équipage à rallier la France Libre. Depuis son passage au FNFL, il ravitaille les îles anglaises des Bahamas et de la Jamaïque à partir des ports canadiens de Montréal et d’Halifax. C’est dans ce dernier port que ce bateau coule le 7 février 1942 à la suite d’un incendie accidentel. Pendant deux semaines, son équipage est hébergé au Seamen’s Club d’Halifax. C’est enfin sur un bananier norvégien que Joseph PIERRE voit son souhait de rejoindre la Grande-Bretagne enfin exaucé. Il embarque comme passager en direction de Liverpool. 

PIERRE matelot dans les FNFL

En Angleterre
A peine débarqué, il est dirigé vers Londres et Patriotic School, lieu de passage obligatoire pour tous les étrangers qui arrivent au Royaume-Uni. 
PIERRE Royal Victoria Patriotic Building

Patriotic Scholl à Londres

Les Anglais se méfient et craignent la présence d’espions parmi les arrivants. Joseph qui a déjà servi dans les Forces Françaises Libres n’y passa que 48 heures alors que d’autres qui avaient plus de mal à justifier leurs motivations ou qui paraissaient suspects y firent un séjour beaucoup plus long. Le bruit circulait entre ceux qui devaient subir les interrogatoires des services anglais, que desagents de l’ennemi détectés parmi les nouveaux arrivants avaient été liquidés.

PIERRE CPL Londres

En quittant Patriotic School, Joseph PIERRE est géré par l'administration française en Grande Bretagne,. Le bureau du CPL, la Compagnie de Passage à Londres l'enregistre officiellement le 29/4/1942 mais c'est la date de son engagement en mer du 5/6/1941 qui sera retenue.

PIERRE centre de Skegness

Il est dirigé sur Portsmouth où se trouve le bateau dépôt « Arras » où il est incorporé dans les F.N.F.L. et reçoit son matricule portant le n° 6291 FN 41, et son paquetage. Il assiste à des raids de bombardiers allemands sur la ville et découvre le comportement admirable de la population anglaise. Il rejoint ensuite le HMS Royal Arthur à Skegness, un camp d’entraînement à terre de la Royal Navy situé au Nord Est de l’Angleterre. Pendant huit mois, jusqu’en mars 1943, il va recevoir une formation et un entraînement militaire complétés par des cours de timonier qui vont le préparer pour son futur embarquement.

PIERRE six marins Skegness

«Où diable avons-nous mis les pieds ? »
A sa sortie de Skegness, Joseph PIERRE, reçoit son affectation. Il va embarquer comme timonier sur le «Curie». Ce sous-marin vient de sortir des chantiers Vickers Amstrong de Barrow in Furness.

Curie vue b

C’est un sous-marin anglais du type «U» dont le premier, construit en 1936 était l’« Unity ». Mieux équipé que les sous-marins français des F.N.F.L, le «Curie» est doté des derniers perfectionnements : sondeurs à ultrasons, loch électrique, ASDIC (ancêtre du SONAR), radar permettant une détection à plus de 15 milles nautiques, dont l’écran était un disque d’une quinzaine de centimètres de diamètre.

Curie vue a

En attendant la fin des travaux, l’équipage suit l’instruction propre aux sous-mariniers et découvre que pour servir à bord d’un sous-marin, chacun doit apprendre à vivre dans l’espace réduit qui lui est attribué, connaître avec précision les manoeuvres qu’il doit effectuer et aussi, qu’à bord, la polyvalence est de règle. En plus du second-maître Even, pour une attaque au canon, il fallait être au moins six hommes donc tous les hommes d’équipage furent initiés à la manoeuvre du canon de 76. L’instruction alternait avec des visites du bâtiment par petits groupes pour permettre à chacun de trouver ses repères et de s’habituer à vivre dans l’exiguïté d’un sous-marin. La longueur de 61 mètres était rassurante mais à sa partie la plus large, il ne mesurait que 4 mètres 85. « Comment allions-nous vivre dans un espace si réduit ? Claustrophobes s’abstenir ! ».

PIERRE De Gaulle CURIE

Le rôle d’équipage était complet en février 1943. Le sous-marin était placé sous le commandement du capitaine de frégate Mestre , nommé par le général de Gaulle. Les officiers et officiers mariniers avaient déjà servi dans les sous-marins F.N.F.L. Junon et Minerve mais dans leur presque totalité, les hommes de l’équipage découvraient ce type de bâtiment. De part et d’autre du kiosque, l’inscription P 67 était peinte en gris et le nom « Curie » figurait en lettres de bronze. Sur l’avant du kiosque, l’emblème du « Curie » dessiné par l’enseigne de vaisseau de 1°classe François A’Weng : un cerf qui charge au-dessus de la devise « A corps perdu », était en place mais le sous-marin était toujours anglais alors que l’envie de participer à la lutte était grande chez l’équipage qui avait hâte de prendre la mer.

CURIE devise

PIERRE De Gaulle Auboyneau Curie

Enfin, le 23 avril 1943, en présence de l’amiral Auboyneau qui a remplacé l’amiral Muselier à la tête des Forces Navales Françaises Libres, le sous-marin est remis au général de Gaulle, chef de la France Libre. C’est le capitaine de frégate Mestre, camarade de promotion de l’amiral Auboyneau qui est présent à la cérémonie.

PIERRE Curie remis De Gaulle

Dès avril 1943, c’est sous son commandement que les essais et exercices commencent. Le lieutenant de vaisseau Pierre Sonneville, envoyé en mission en France afin de créer un réseau de résistance, venait de rentrer par lysander (avion monoplane) en Angleterre. Comme il a déjà commandé le sous-marin « Minerve », l’amirauté anglaise souhaitait le voir prendre le commandement du nouveau sous-marin qui allait travailler avec une escadrille anglaise. Le général de Gaulle ayant finalement donné son accord, le 10 mai, le  commandant Sonneville embarquait sur le « Curie ». C’est avec lui que le sous-marin termine ses essais avant de partir le 29 juin 1943 pour une patrouille au départ de Scape Flow en direction du nord de la Norvège puis pour des patrouilles d’endurance qui duraient chacune deux semaines avant de revenir au mouillage dans le fjord la Clyde près de Glasgow.  Le « Curie » et son équipage sont enfin prêts à effectuer la mission qui leur est confiée et à rejoindre la zone d’action qui leur est attribuée : la Méditerranée.

CURIE vue 1

Le Curie opérera en Méditerranée
Le 20 août 1943, le sous-marin, accompagné par la « Minerve » appareille pour une destination inconnue. Peu après le départ, la « Minerve » est attaquée par erreur dans l’ouest de la Manche par un avion de la Coastal Command. Il y a trois morts sur le sous-marin et les avaries l’obligent à faire demi-tour. Après avoir patrouillé le long des côtes françaises de l’Atlantique, au bout de 21 jours particulièrement éprouvants, le « Curie » arrive le 10 septembre 1943 à Gibraltar. Il était temps car les vivres commençaient à manquer. Pendant les trois derniers jours du trajet, l’équipage ne disposait plus que de quelques boîtes de conserve et des biscuits de mer à se partager pour les repas. Surprise, dès l’accostage à Gibraltar, des sous-mariniers anglais, les bras chargés de pain frais, de fruits et même de bouteilles de vin attendaient le « Curie » qui allait faire partie de leur escadrille. Joseph Pierre et ses amis découvraient la solidarité qui existait au sein des équipages des sousmarins 
anglais.

Depuis le 3 août 1943, les Forces maritimes d’Afrique du Nord restées fidèles à l’amiral Darlan ont fusionné avec les Forces Navales Françaises Libres. Malgré cela, les contacts furent difficiles avec l’équipage d’un croiseur français qui faisait escale à Gibraltar. Joseph n’a pas oublié : « Dans les rues, certains pompons rouges de la marine dite« nationale » n’avaient pour nous que mépris, nous traitant de traîtres, de rebelles vendus aux Anglais. Alger fut notre escale suivante. Quel allait être l’accueil de nos compatriotes d’Afrique du Nord et surtout des marins qui, nous l’espérions, avaient enfin découvert qui était le véritable ennemi ?

Le 17 septembre 1943, le « Curie » accosta contre le «HMS Maistone », notre bateau-mère de la Royal Navy et de la 8° escadrille de sous-marins anglais à laquelle nous étions rattachés. Notre présence dans une unité anglaise était-elle à l’origine de la haine manifestée par ces marins français ? Ils avaient choisi la fidélité au vieux maréchal et accepté l’occupation de leur pays par une armée ennemie alors que nous avions fait le choix de suivre le général de Gaulle et de participer avec lui et les alliés, à la poursuite de la lutte pour que la France retrouve sa dignité.
A Alger, en ce mois de septembre 1943, il ne faisait pas bon porter l’insigne à Croix de Lorraine sur les quais du port. Notre premier maître mécanicien Guivarch en sait quelque chose puisqu’il fut molesté par des marins d’un contre-torpilleur. La présence à notre bord de trois marins anglais, un officier de liaison, le sub-lieutnant Cox, un radio, T. Wilson et un timonier, W. Wallace ne justifiait pas non plus ce comportement. Nous étions sur un sous-marin confié aux Forces Navales Françaises Libres pour la durée de la guerre, battant pavillon français et dont le mât de beaupré portait le drapeau à Croix de Lorraine de la France Libre.

CURIE drapeau FNFL

Par contre nous fraternisions avec les Français Libres qui, depuis 1940, se battaient depuis la Syrie et le coeur de l’Afrique, eux aussi aux côtés des Anglais, et qui s’étaient distingués par leur courage lors des combats de Koufra, Bir Hakeim, Tobrouk, pendant les campagnes de Libye et de Tunisie.
Le commandant Sonneville écrira : « Le lendemain, les permissionnaires renoncent à aller à terre. L’atmosphère à Alger est irrespirable, faite de poussière, de pauvreté et de prétention » Par bonheur, cette première escale Algéroise fut très courte puisque six jours après son arrivée, le « Curie » allait appareiller pour sa première patrouille le long des côtes de Provence. Finalement, au fil du temps et des patrouilles, les relations vont s’améliorer, en particulier entre les officiers du Casabianca et ceux du « Curie » et le commandant Sonneville proposera au commandant L’Herminier de prévoir la nomination du Lt de vaisseau Chailley pour le remplacer. Il écrira : « cette désignation serait le symbole d’une fusion qui n’est pas encore faite dans les coeurs et serait la concrétisation d’un effort sincèrement voulu pour apaiser nos éternelles dissensions ».

French Cruiser Montcalm 19 N 48988

Canonné par le croiseur « Montcalm »
Le 8 novembre 1943, le « Curie » part pour sa 5 ème patrouille en Méditerranée. Il se dirige vers le golfe de Gênes et navigue en surface au départ d’Alger. Vers 7 heures 45, alors qu’il est toujours en vue du Cap Matifou, il va croiser le « Montcalm » qui rentre de mission. Le commandant demande à Joseph Pierre qui est le timonier de quart de transmettre l’indicatif du sous-marin. Ce signal constitué de quatre lettres ou chiffres, changeait toutes les 24 heures et était connu de tous les bateaux français et alliés naviguant dans la zone concernée. Le «Montcalm» accuse réception puis demande la répétition de l’indicatif. C’est le second maître timonier Henri Toussaint qui le transmet et reçoit la réponse «Bien reçu» du Montcalm. A ce moment, le croiseur se trouve à 1,5 milles sur babord du « Curie » sur lequel flotte le pavillon français.
A la stupéfaction générale, le croiseur ouvre le feu et des gerbes d’eau apparaissent dans le sillage du sous-marin. En quelques secondes, alors que retentit le klaxon « plongée rapide », Henri Toussaint se précipite sur l’échelle de descente, suivi de l’enseigne de vaisseau François A’Weng, du Lieutenant de vaisseau Chailley venu se familiariser avec le bateau, de Joseph Pierre et du commandant Sonneville. Le sous-marin était déjà à 5 ou 6 mètres sous l’eau qui commençait à envahir la baignoire quand le pacha atterrit sur le plancher du P.C.
Au sein de l’équipage, l’incompréhension est totale. La sortie a été signalée à l’amirauté d’Alger et aucune erreur n’a été commise lors de l’envoi du signal d’identification. L’Italie a signé l’armistice et comme il n’y a aucun U–Boot allemand en Méditerranée aucune confusion n’est possible. D’ailleurs, à 1,5 mille de distance, à moins d’être totalement incompétent, il est impossible de confondre un sous-marin de construction anglaise naviguant
en surface et battant pavillon français avec un sous-marin allemand. Alors, pourquoi ? Incompétence aussi bien dans l’identification du sous-marin que du réglage du tir ?
« Nous apprendrons plus tard que 10 obus de 90, 23 de 40 et une centaine de 20 ont été tirés et par bonheur pour nous, aucun ne toucha le sous-marin. » Volonté délibérée de couler un sous-marin anglais mis à la disposition de la France Libre ? Cela montrerait, à un point encore jamais atteint, la haine et l’hostilité de certains officiers de la « Royale » restés longtemps fidèles à l’amiral Darlan et au maréchal Pétain. N’oublions pas que plusieurs d’entre eux, ont préféré saborder leurs navires à Toulon, le 26 novembre 1942, plutôt que de rejoindre les alliés et de participer àla lutte contre l’Allemagne nazie.

« La plus grande consternation régnait à bord du « Curie ».Nous l’avions échappé belle !
Nous savions que nous vivions une vie dangereuse. A bord, nous ne parlions jamais de nos familles, de notre passé, de notre avenir. 
Notre famille, c’étaient les copains de l’équipage ; notre passé avait débuté le jour de notre embarquement sur le « Curie » ; l’espérance de vie d’un sous-marinier allemand était de quatre mois. De combien de temps serait la nôtre ? Notre avenir, c’était l’instant présent. Tous, nous avions choisi de refuser la défaite, de poursuivre le combat et si nécessaire, de faire le don de notre vie pour que notre pays retrouve sa liberté mais nous n’acceptions pas de mourir sous les obus d’un croiseur français».

La tentation fut grande au sein de l’équipage de tirer ses torpilles et d’envoyer par le fond ce fleuron de l’ancienne flotte de Vichy. Si près de l’objectif, les quatre torpilles de 533 mm contenant chacune 450 kg d’explosif n’auraient laissé aucune chance au « Montcalm ». Bien que choqué, le commandant Sonneville garda son sang froid et décida de poursuivre sa mission entre la Corse et le nord de l’Italie. Il écrira : «Ou bien le responsable s’est laissé emporté par l’hostilité aveugle qui dresse encore beaucoup d’officiers de Vichy contre ceux de Londres, ou il a voulu nous faire une plaisanterie maisdans ce cas, sa première gerbe est tombée beaucoup trop près pour mon goût ». Il envoie un message au premier lord de l’amirauté dont dépend la 8° escadrille de sous-marins: « Je demande des sanctions immédiates s’il s’agit d’un acte d’hostilité délibéré de la part du « Montcalm ». Si cet incident désagréable est dû à une erreur, c’est à dire à l’incapacité du commandant, j’exige des excuses… »
Joseph Pierre qui n’avait pas encore connu le cauchemar des grenadages venait de vivre l’un des moments qui le marquèrent pour toujours : « Bien que les obus du « Montcalm » ne nous aient pas touchés, j’ai bien failli perdre la vie lors de cette canonnade. Le fil électrique de l’aldis est en effet resté coincé dans le panneau du sas, contraignant le commandant à rouvrir ce panneau en urgence. A deux ou trois secondes près, c’était le drame. Le système de fermeture automatique du panneau inférieur du sas protégeant le poste central aurait fonctionné. Le « Curie » aurait été sauvé mais le commandant Sonneville et moi aurions été condamnés. Je reverrai toujours le visage blême du commandant. Lui et moi savions que nous revenions de loin. « A notre retour à Alger, nous avons retrouvé avec plaisir les anciens des combats d’Erythrée et de la division Leclerc. Nous avons constaté que l’hostilité que manifestaient les Vichystes à l’encontre des Français Libres existait toujours mais surtout dans la marine. Après l’incident survenu lors de notre précédente sortie, le moral était plutôt bas. Une bonne nouvelle vint réconforter et réjouir l’équipage : notre pacha, le lieutenant de vaisseau Pierre Sonneville était promu capitaine de corvette. Notre mission suivante revêtit pour nous un caractère particulier car il s’agissait d’aller déposer dans le nord de l’Italie, sur une plage près de Gênes, trois spécialistes anglais du plastiquage qui devaient aller détruire un viaduc situé dans une vallée étroite inaccessible aux bombardiers alliés. La présence de nombreux champs de mines près de la côte empêcha le débarquement de l’équipe de sabotage. »

CURIE vue moteur diesel

Le 18 novembre 1943, le départ du «Curie» en mission vers Toulon est retardé en raison des dynamos qui sont défectueuses. L’«Usurper», autre sous-marin anglais de l’escadrille, son voisin dans le port, part à sa place. Le « Curie » appareilla le lendemain « Dès le départ, nous sommes accueillis par le mauvais temps qui se transforma en tempête et rendit notre mission très inconfortable. Secoué pendant 17 jours, le « Curie » fut tout heureux de retrouver le port d’Alger où une mauvaise nouvelle l’attendait : l’«Usurper » avait sauté sur une mine et disparu avec tout son équipage.
Pendant nos escales, nous recevions parfoisdes visites comme celle de Louis Jacquinot, ancien député de la Moselle, commissaire à la marine dans le gouvernement provisoire d’Alger. Un autre jour ce fut un militaire portant l’uniforme américain sans aucun grade ni insigne, qui utilisait une canne pour se déplacer . Il nous salua d’un retentissant « Bonjour messieurs ! ». C’était Antoine de Saint-Exupéry, qui disparut quelques mois plus tard aux commandes de son avion.
»

CURIE Malte patrouille

A Malte avec la 10° escadrille de sous-marins .
A la fin de sa sixième patrouille, le « Curie » rejoint la 10° escadrille anglaise dont la base logistique est à Malte, mais qui possède une base avancée dans l’île de la Magdalena, au nord de la Sardaigne. C’est là qu’il arrive le lendemain de Noël 1943. Des travaux devant être effectués sur un périscope et un entretien général s’avérant nécessaire, le « Curie » rejoint Malte et entre en cale sèche dans l’arsenal de La Valette.

« C’est pendant cette longue escale technique à Malte que le commandant Sonneville nous fit part de son prochain départ. Nous pensions tous qu’il allait être remplacé par son second, l’enseigne de vaisseau Jean-Pierre Brunet aussi c’est avec surprise et méfiance que nous découvrîmes le nom de notre futur pacha : le lieutenant de vaisseau Pierre-Jean Chailley qui était présent à bord depuis quelques missions et qui n’était pas un Français Libre. Après l’hostilité manifestée par les marins de la flotte française à Alger et l’agression délibérée du « Montcalm » ce ne fut pas de gaieté de coeur que l’équipage apprit la nouvelle ». Sur tribord de la baignoire du « Curie » était apposée une plaque de cuivre portant l’inscription « Pola 1914 ».
C’était dans ce port de l’Adriatique que le premier sous-marin portant le nom de « Curie » fut coulé par les Austro-Hongrois. Pierre Chailley, l’officier en second qui disparut avec son bateau n’était autre que le père du nouveau pacha. Une autre information vint aussi rassurer l’équipage et lui permettre de comprendre pourquoi c’était cet officier qui avait été choisi pour commander un sous-marin de la France Libre : Pierre-Jean Chailley était un ancien officier du sous-marin «Casabianca» qui s’était échappé de Toulon lors du sabordage de la flotte française. Le 1° février 1944, le lieutenant de vaisseau Chailley prend le commandement du « Curie ». Très rapidement, le nouveau commandant sut se faire apprécier et aimer de l’équipage. « Il était très humain et très proche de ses hommes. » Enfin remis en état et après les essais obligatoires au large de Malte qui devint sa base d’intervention en Méditerranée, le « Curie » reprit ses missions. Son rythme de travail fut établi à 13 jours de patrouille suivis de 13 jours à la base.

La vie à bord

Pendant la journée, le sous-marin naviguait en plongée puis, dès la tombée du jour, il s’éloignait à 10 milles des côtes et faisait surface jusqu’au lever du soleil. Ses batteries étant alors rechargées, il repartait en plongée dans son secteur de patrouille. La vie à bord était découpée en tranches de 4 heures. Ayant la spécialité de « Timonier de surface », le service de Joseph Pierre se déroulait principalement la nuit. Il était de veille dans la baignoire, côté tribord pendant 2 heures puis assurait 2 heures de quart, au central, à la barre de direction. 

CURIE vue vigile

« Mon poste de combat était à la barre de plongée arrière. Le second maître Toussaint, également timonier était à la barre de plongée avant et pouvait rectifier une erreur d’assiette que j’aurais pu commettre. Au moment de l’attaque, le commandant devait garder constamment la vue au périscope aussi aucune erreur de profondeur n’était admise ». Sur le « Curie », tout était regroupé : périscopes, ASDIC, radar, commandes des moteurs, commandes de barres de plongée et de direction, manoeuvre des purges et des remplissages des ballasts et manoeuvre des pompes. Les officiers et les officiers mariniers avaient des couchettes individuelles qui étaient rabattues dans la journée. Ils avaient leur lavabo et leur W.C. Le long de la coursive, entre les deux portes étanches, se trouvait leur carré avec une petite table et un canapé de chaque côté.

Tout l’équipage était logé dans le poste avant. « Nous étions une trentaine de quartiers-maîtres et matelots à vivre dans un espace d’une trentaine de mètres carrés avec pour compagnes, arrimées, deux de chaque côté, les quatre torpilles de réserve, enduites d’une épaisse couche de graisse. Nos hamacs étaient disposés sur trois rangées sur toute la longueur. Ils étaient superposés et accrochés au plafond. J’ai eu la chance de me voir attribuer un hamac facile d’accès car il était situé en bas dans la rangée centrale ».

La cuisine, si l’on peut donner ce nom au petit local d’à peu près 1,50 m sur 1 m, était située près du carré des officiers. « Chaque jour notre cuisinier Pierre Faucon réalisait des miracles avec le peu de denrées dont il disposait. Un petit frigo nous permettait d’avoir des vivres frais : légumes et viande pendant trois jours de navigation. »

En plus du « dortoir », le « restaurant » se trouvait aussi dans le poste avant. Il n’y avait ni tables ni chaises. « Nous prenions nos repas assis sur un coffre de 3 mètres de long fractionné intérieurement en petits compartiments de 40X40 munis d’un cadenas, où chacun de nous rangeait son uniforme, ses chaussures, ses papiers et ses autres affaires personnelles Pour la boisson, de Skegness jusqu’à Alger, nous n’avons eu que du thé à boire. Le radio et le timonier anglais avaient la charge de le préparer dans un récipient d’environ 10 litres où tout était mélangé : eau bouillante, thé, lait et sucre. Chacun se servait en y plongeant son quart. On s’était fait à ce breuvage, personne ne se plaignait, mais pour beaucoup, le vin manquait. Pour la toilette, nous n’avions à notre disposition qu’une cuvette en inox contenant une dizaine de litres d’eau. Un peu d’eau sur la figure, (un débarbouillage comme disait ma grand-mère), lavage rapide des dents, pas de rasage et nous étions prêts à prendre notre service, en rêvant à la douche que nous prendrions en arrivant à terre. Nous vivions ainsi, imprégnés par notre propre odeur de transpiration et par toutes les autres effluves qui se dégageaient dans cette atmosphère confinée. Nous ne nous en rendions pas compte mais nous plaisantions en disant que dès l’accostage, après l’ouverture du panneau avant, à 50 mètres à la ronde, il n’y aurait plus aucun moustique, tous auraient péri, asphyxiés par l’odeur nauséabonde et les émanations qui s’échappaient de notre « cercueil de métal».

Les W.C. se trouvaient à l’autre extrémité du sous-marin, collés au servomoteur. Quand il fallait évacuer la cuvette, il fallait effectuer plusieurs manipulations successives et surtout ne pas se tromper dans l’ordre des manoeuvres sinon c’était la catastrophe pour le maladroit. Heureusement cela s’est rarement produit. Lorsqu’il fallait mettre les torpilles de réserve dans les tubes de lancement, c’était le grand chamboulement. Il fallait tout d’abord dégager le poste avant en enlevant les hamacs et les caissons puis, à l’aide de palans car les torpilles étaient très lourdes, il fallait manoeuvrer avec la plus grande prudence Mais tout était parfaitement réglé, jamais il n’y eut d’accident.
Au retour à la base, chacun avait une tâche bien définie. Joseph était chargé de l’entretien du matériel optique et plus particulièrement des périscopes qui devaient être nettoyés avec le plus grand soin avec des peaux de chamois. Il était aussi en charge des pavillons. Dès l’arrivée dans un port, à cheval sur l’étrave étroite du « Curie », il allait placer le pavillon de beaupré à Croix de Lorraine. Le pavillon national était hissé à la corne, juste derrière le kiosque. Le pavillon pirate était toujours à l’honneur dans la marine anglaise donc dans l’escadrille à laquelle était rattaché le sous-marin aussi, en haut du périscope de combat, flottait « Jolly Roger » sur lequel était représentée chacune de ses victoires. Pendant les jours d’escale, Joseph Pierre faisait aussi fonction de vaguemestre.

Le 20 mars 1944, le « Curie » arrive à la Magdalena, poste avancé plus proche de sa zone d’action fixée le long de la côte française. Le 28 à l’aube, deux torpilles sont tirées sans succès en direction d’un torpilleur qui navigue accompagné de deux vedettes rapides armées de grenades sous-marines. Le « Curie s’éloigne rapidement pour recharger les tubes lance-torpilles avec deux de ses torpilles de réserve. Le 2 avril le « Curie » fait surface et attaque au canon une vedette rapide qui choisit de prendre la fuite. Le 5, il est de retour à la Magdalena, îlot rocheux, inhospitalier où la seule distraction était la baignade quand la température de l’eau le permettait.

 «Il ne nous reste plus qu’à prier Dieu, nous allons tenter de passer sous les torpilleurs !»

Le 16 avril 1944, le «Curie» est parti pour sa 8°patrouille. Le 20, depuis 6 heures 30 du matin, il est en plongée dans le secteur de Toulon, non loin de la côte et des champs de mines. Au périscope, il découvre soudain que deux chasseurs de sous-marins allemands sont très proches et se dirigent dans sa direction. Il a sans doute été repéré quelques heures avant, alors qu’il profitait de l’obscurité pour naviguer en surface.
« Nous plongeons rapidement à 60 mètres et faisons le silence complet. L’attaque est brutale. Dès 6 heures 30, l’enfer débute. Le bruit des grenades est infernal. On entend leurs sifflements lors de leurs descentes puis les explosions qui encadrent et secouent le bateau. Les chasseurs les lancent parfois par séries de quatre ou de six. A chaque explosion nous sommes terriblement secoués car ils nous ont parfaitement repérés. Nous sommes pétrifiés devant ce bruit infernal causé par l’éclatement des grenades si proches de nous. Il faut serrer les dents, s’enfoncer la tête dans les épaules et s’agripper à tout ce qui est accessible. On entend résonner sur la coque l’onde électromagnétique de l’écoute sous–marine de l’ennemi. Comme il fallait éviter le moindre bruit à bord, il était impossible de mettre les pompes en route pour maintenir l’assiette du bateau. Le commandant Chailley nous ordonna de nous déplacer sur l’avant. Les troisquarts de l’équipage se sont retrouvés assis par terre, les uns en face des autres. Nous restions ainsi, immobiles, impassibles, impuissants devant le danger que nous subissions, espérant que la prochaine grenade ne nous serait pas fatale. Comme nous, le timonier et le radio anglais étaient jeunes. J’ai entendu l’un d’eux qui appelait sa mère. Dans le bateau, les dégâts étaient importants : toutes les ampoules électriques avaient éclaté aussi nous étions en éclairage de secours. Poste radio et radar hors service. Au central, des cadrans avaient explosé. 
Vers 10 heures 30, à la suite d’explosions rapprochées qui avaient particulièrement secoué le sous-marin, l’homme de barre au poste central signale « avarie de barre ». Le « Curie » se mit à tourner en rond . Jean-Louis Gloaguen, quartier maître mécanicien était à son poste de combat au servomoteur. Il découvrit rapidement la cause de l’incident mais ne réussit pas à retrouver la clavette du gouvernail qui avait sauté de son axe. Il réussit à la remplacer par le manche de sa clé à volant et le gouvernail est revenu à zéro.

L’onde de pression d’une série de grenades pousse le sous-marin vers les profondeurs. Malgré les moteurs « en avant 4 », les barres de plongée « A monter toutes » et une pointe positive de 30°, le « Curie » coule. Le manomètre de profondeur fonctionne toujours :- 70 mètres, - 80 mètres, - 90 mètres, - 100 mètres. On entend des craquements dans la coque. Le commandant n’a plus le choix, il fait chasser l’eau des ballasts pour alléger le sous-marin. L’aiguille s’arrête. « En avant 2 » il faut s’éloigner sinon les chasseurs vont repérer les nombreuses bulles d’air qui vont éclater à la surface lorsqu’on va chasser l’air des ballasts pour éviter de faire surface et de se faire aborder ou canonner. A - 40, le « Curie » se stabilise. Les purges des ballasts sont ouvertes. Miracle ! aucune réaction de la part des bateaux allemands.

Une accalmie se produit. A genoux sur le parquet du poste central, le commandant étudie les trajets des torpilleurs qui tentaient de contraindre le sous-marin à se rapprocher dangereusement des champs de mines. C’est alors qu’il informe l’équipage de la décision qu’il vient de prendre :

« Il ne reste plus qu’à prier Dieu, nous allons tenter de passer sous les bateaux qui nous grenadent. » N’utilisant qu’un de ses moteurs pour limiter le bruit et à allure réduite, le « Curie » entreprend sa manoeuvre.

« Cela dura une heure mais pour nous, cela dura une éternité. Lorsqu’il entend le deuxième moteur qui se met en route, l’équipage comprend que l’espoir est revenu, que la manoeuvre de sauvetage a réussi. »

Une remontée à 12 mètres permet de voir au périscope les chasseurs de sous-marins qui avaient été rejoints par un troisième. Ils n’avaient pas détecté la fuite du sous-marin et tentaient toujours de le couler ou de l’envoyer dans le champ de mines. Hébétés, figés, se regardant sans rien dire les sous-mariniers comprirent qu’ils avaient frôlé la mort de très près.

« Il était grand temps que cela cesse car nous étions à bout de nerf. »

Par des manoeuvres désespérées mais parfaitement réussies, le commandant Chailley venait de sauver son bateau et son équipage. Il était digne d’être le pacha d’un sous-marin de la France Libre. L’autorisation qu’il donna un peu plus tard finit de convaincre les plus réticents. Il venait d’annoncer : « Autorisation de fumer » alors que cela était formellement interdit dans un sous-marin en plongée. Ce jour-là, nous avons reçu 83 grenades dont 60 entre 6 heures 30 et midi.

« Nous revenions de l’enfer. Ce grenadage, il faut l’avoir vécu pour se rendre compte du danger auquel nous étions exposés. Nous avions rendez-vous avec la mort, par bonheur elle n’a pas voulu de nous. Quand nous sommes arrivés à Malte, nous étions dans l’impossibilité de prendre contact par radio. C’est en Scott que nous nous identifiâmes auprès des escorteurs qui patrouillaient au large de La Valette.. »

Le 28 avril 1944, le « Curie était de retour à la Magdalena. Au cours de la patrouille suivante, le 12 mai, au large de la Ciotat, un chalutier armé allemand faisant fonction d’escorteur est repéré et attaqué au canon. Gravement endommagé, il coulera plus tard. Pour la première fois, notre mission nous conduisit au large de Port-Vendres et à proximité de la frontière espagnole.

« A la demande du commandement français du groupe de sous-marins de la Méditerranée, nous appareillons en direction d’Alger où nous arrivons le 29 mai. C’est pendant les quelques jours de repos que nous passons à Chréa dans l’Atlas non loin de Blida que nous apprenons le débarquement allié en Normandie. Le 6 juin, nous sommes rappelés à Alger où une cérémonie va se dérouler sur le croiseur Jules Verne avec remise de la Croix de Guerre au « Curie » et aux officiers et officiers-mariniers qui ont rejoint la France Libre en juin 1940. Le lendemain, le bateau reprenait la direction de la Magdalena. »

Le destruction des batteries de Port-Vendres

Lors de la 10° patrouille, le 21 juin 1944, il est près de 22 heures quand le « Curie » fait surface à 250 mètres de la jetée de Port-Vendres. Depuis plusieurs minutes, l’équipe des canonniers est prête à escalader l’échelle du kiosque. L’objectif est constitué par les batteries côtières du Cap Gros dont certaines sont en cours d’achèvement avec utilisation de pièces d’artillerie récupérées sur le croiseur « Strasbourg » après le sabordage de la flotte à Toulon. La surprise est totale chez l’ennemi.

Curie Port Vendres 1

CURIE QM Vieilleribière

Le premier obus fait mouche. Quatorze obus sont tirés pendant les douze minutes passées en surface. L’un d’eux atteint un dépôt de munitions qui explose. Trois des batteries sont détruites. Rapidement les canonniers regagnent l’intérieur du bateau. Sous les tirs de l’ennemi, le « Curie » part en marche arrière puis en plongée à 60 mètres.

CURIE Malte retour

L’accueil à Malte est triomphal. Trois étoiles blanches sont cousues sur le « Jolly Roger » pour matérialiser la destruction des trois batteries allemandes.

CURIE Equipage Ecosse Port vendres

Le 18 juin 1994, la municipalité de Port-Vendres commémora le cinquantième anniversaire de l’attaque du 21 juin 1944. L’équipage du Curie fut invité mais seuls Joseph Pierre et Marc Deboos purent se rendre à la cérémonie. Ils furent reçus en héros par les habitants de Port-Vendres et les autorités civiles et militaires.

PIERRE Port Vendres 1994

PIERRE Port Vendres 1994 2

A cette occasion ils firent la connaissance de M. Honoré Prats. Le 21 juin 1944, avec un matelot, il était à bord du remorqueur « Sana » qu’il commandait et qui était chargé de la mise en place du filet métallique de protection qui interdisait l’entrée et la sortie du port. Il découvrit le sous-marin qui faisait surface et ouvrait aussitôt le feu sur la batterie du Cap Gros. Courageusement, il décida de retarder la sortie des vedettes rapides amarrées dans le port en bloquant l’hélice de son bateau avec le câble du filet. Il fallut aller chercher un chalutier pour dégager le remorqueur. Cette opération qui dura plus d’un quart d’heure permit au « Curie » de s’éloigner en plongée sous les tirs des pièces d’artillerie de la défense du port.

Le retour en Provence.

Le 3 août 1944, nouvelle victoire. Vers 22 heures, alors que le « Curie » est en plongée, un cargo allemand protégé par un torpilleur est aperçu à l’ouest de La Ciotat.

« Nous nous rapprochons de l’objectif et nos quatre torpilles sont tirées. Nous apprendrons plus tard que le cargo transportait des mines ce qui expliquait la violence de l’explosion. Une bande blanche est cousue sur notre « Jolly Roger ». Les mines étaient bien un danger que nous redoutions. A proximité de la côte et plus particulièrement des ports, les Allemands modifiaient sans cesse leurs champs de mines. Notre travail consistait aussi à repérer leurs tracés à l’ASDIC et à les faire figurer sur nos cartes. Il fallait travailler au plus près. L’opération était particulièrement dangereuse, surtout quand le sous-marin s’engageait dans une chicane du champ de mines comme cela est arrivé. Le commandant était alors obligé d’effectuer des  anoeuvres délicates pour sortir du piège

« Nous sommes à la Magdalena le 15 août 1944 lorsque nous apprenons le débarquement des troupes alliées sur les côtes de Provence. Nous sommes envahis d’une joie immense et nous pensons que nous avons, nous aussi, apporté notre contribution à ce moment historique en transmettant les informations que nous avions recueillies en longeant ces mêmes côtes les jours précédents. Renseignements qui ont facilité l’approche des bateaux et le débarquement des troupes alliées à travers les champs de mines. Sur notre île, nous nous reposons et profitons de la température de l’eau pour nous livrer aux joies de la baignade, en attendant notre prochaine mission qui allait revêtir un caractère particulier puisque nous allions faire escale à Saint-Tropez. Quel allait être l’accueil de nos compatriotes?

Le 10 septembre, en fin d’après-midi, le « Curie » s’amarre au môle du Portalet. Nous n’attendions aucune manifestation délirante de la part de la population mais nous étions curieux de découvrir les réactions des premiers Français que nous allions rencontrer dans cette partie du pays enfin libérée de l’occupation allemande. Des enfants vinrent prudemment à notre rencontre et profitèrent du chocolat et des gâteaux secs que nous avions parcimonieusement prélevés depuis quelques jours sur nos rations puis ce fut l’inconditionnel admirateur du maréchal et des nazis qui arriva. Vêtu de son costume sombre et coiffé de son chapeau. D’un air supérieur, il nous fit remarquer que nous n’avions pas le droit d’arborer le drapeau français car nous étions des renégats au service des Anglais. D’autres combattants de la France Libre formés aux techniques des commandos auraient peut-être trouvé une réponse rapide à ces paroles blessantes et totalement déplacées. L’envie ne nous manqua pas d’envoyer ce guignol endimanché patauger dans les eaux du port. Nous évoquâmes d’ailleurs entre nous et à voix haute cette solution qui eut pour effet immédiat de voir le féal de Pétain et de la collaboration faire demi tour et s’éloigner aussi vite qu’il pouvait. »

L’arrivée à Toulon.
Appareillant dans la matinée du 12 septembre 1944, le « Curie » fut le premier bateau arborant le pavillon français à entrer dans le port de Toulon. Il accosta près de la préfecture maritime, contre un bout de môle où stagnait une couche de mazout si épaisse que Radium, le chien du bord, la confondit avec un quai. Il sauta pour y prendre pied et se retrouva paré d’une couleur noire qui nécessita plusieurs heures de toilettage. En fin d’après-midi, une escadre comprenant escorteurs et croiseurs vint mouiller dans la rade. Depuis, plusieurs de ces bâtiments ont revendiqué l’honneur d’avoir été le premier à entrer à Toulon. Le modeste « Curie » avec son pavillon bleu, blanc, rouge et son drapeau à croix de Lorraine, amarré au fond du port au milieu de sa nappe de mazout devait représenter peu de chose pour ces importantes unités de la marine nationale. 

Nous avions idéalisé notre arrivée en France libérée. Les alliés qui avaient débarqué en Normandie étaient accueillis en libérateurs par une population enthousiaste. A Toulon comme à Saint-Tropez, nous ne perçûmes aucune joie particulière aussi ce fut sans regret, qu’après seulement trois jours d’escale, nous reprîmes la direction de Malte où nous retrouvâmes les autres sous-marins de notre escadrille : l’Upstart, l’United, l’Unswerving et l’Universal. Ce dernier fut quelques temps plus tard rebaptisé le Minesweeper (dragueur de mines) par les sous-mariniers de l’escadrille en raison de l’une de ses mésaventures : l’orin d’une mine s’étant pris dans l’une de ses hélices , comme il n’arrivait pas à s’en débarrasser, il la remorqua jusqu’à un port turc.

SMCurie1

Départ pour la mer Égée.
Le sud de la France était libéré mais les Allemands étaient toujours présents en Méditerranée Le théâtre d’opérations du « Curie » allait changer et se situer dorénavant à l’est de Malte, dans le nord de la mer Égée. Les Allemands ayant posé de nombreuses mines entre les îles, le sous-marin passe illégalement dans les eaux territoriales turques, en surface la nuit pour recharger ses batteries et en plongée pendant la journée. Le 22 septembre 1944, le « Curie » quitte Malte pour sa 13° patrouille qui va se dérouler en Mer Égée. Il passe loin de Chypre toujours occupée par les Allemands et met le cap sur Castellorizo, une petite île grecque du Dodécanèse, proche de la Turquie, que des commandos anglais venus 
d’Égypte viennent de libérer. Le 26 septembre 1944, il mouille à Castellorizo,
Le 2 octobre 1944, W. Wallace, le timonier de liaison anglais aperçoit cinq navires qui se déplacent en convoi. Le «Curie» abandonne la poursuite de deux chalands pour se rapprocher des bateaux ennemis. Deux escorteurs encadrent un cargo et deux navires citernes. Pour se protéger des torpilles, les bâtiments changent fréquemment de cap. Les quatre torpilles sont lancées à quelques secondes d’intervalle et le « Curie » descend à 40 mètres pour se protéger du grenadage. Le cargo et un navire-citerne sont touchés et coulent rapidement.

En mai 2001, un neveu de Joseph Pierre s’est rendu en Grèce, dans le port de Glossa non loin du cap Pélion où il rencontra « Captain Kanaris », l’un des chef des partisans grecs qui luttaient contre les Allemands en 1944 et qui assista au torpillage le 2 octobre. Il se souvient d’un cargo, de deux bateaux armés, de trois bateaux coulés par le sous-marin et surtout d’une corvette qui a été touchée et qui est venue s’échouer sur les rochers du Cap Pélion. Avec ses partisans, Evangelos Yannopoulos, alias « Capitan Kanaris » surprit et attaqua l’équipage de la corvette échouée faisant une quarantaine de morts et trente prisonniers qui furent transportés et emprisonnés à Chypre.

L’escorteur de tête prend la fuite en protégeant le dernier navire-citerne tandis que l’autre escorteur part à la recherche des survivants. « Nous apprendrons plus tard que les deux bateaux coulés, le cargo « Assak » et le navire citerne « Berthe » étaient utilisés par l’Allemagne comme transports de troupes. Les torpilles magnétiques dont nous sommes désormais équipés se révèlent plus efficaces que celles dont nous disposions.» Après avoir rechargé ses tubes lance-torpilles, le « Curie » poursuit sa traque. Le lendemain, il est en surface quand il découvre deux cargos accompagnés d’un escorteur qui vont passer à moins de 800 mètres.
Plongée immédiate, « aux postes de combat ». Trois torpilles sont lancées. L’un des cargos est coupé en deux morceaux par l’explosion et coule en quelques minutes. A la suite d’une fausse manoeuvre, la quatrième torpille est restée dans le tube. « La base de Malte nous donne l’ordre de nous rendre dans l’île de Chios. L’escorteur ayant disparu, pendant la nuit, nous faisons surface pour secourir d’éventuels survivants du cargo. Nous naviguons parmi des débris qui flottent en surface mais ne trouvons qu’un radeau pneumatique portant de nombreuses taches de sang que nous récupérons et amarrons entre le kiosque et le canon. Alors qu’il a quitté les lieux du naufrage et qu’il longe en surface et à petite vitesse la côte turque, le « Curie » s’échoue sur un banc de sable non signalé sur la carte. Au bout d’une demi-heure d’efforts et en marche arrière, il réussit enfin à sortir de sa position délicate et à reprendre sa route pour Chios où il arrive le 5 octobre. « Avec l’aide de marins d’un escorteur anglais et après avoir placé notre sous-marin étrave en l’air et arrière sous l’eau, nous réussîmes à glisser la torpille hors du tube. La mise à feu n’était pas amorcée….ce dont nous nous doutions depuis la dernière utilisation car si cela avait été le cas, on ne parlerait plus du « Curie » en citant sa devise : « A corps perdu » mais en disant simplement « Perdu corps et biens ». 

À Chios, Joseph Pierre commença à coudre trois bandes blanches correspondant aux trois navires coulés sur chacun des deux « Jolly Roger ». La couture n’était vraiment pas sa spécialité et ses copains de l’équipage, conscients de ses difficultés, lui demandaient d’accélérer ses travaux car il faudrait bientôt en coudre une bonne dizaine en plus.
C’est aussi dans cette île que son ami le quartier-maître mécanicien Jean-Louis Gloaguen put échanger deux paquets de cigarettes contre un cahier ce qui lui permit de continuer à écrire son journal de bord si précieux aujourd’hui pour retrouver avec précision le parcours du « Curie » pendant son périple en Méditerranée.

« En torpillant et coulant trois navires ennemis en 24 heures, nous venions de réaliser un fait d’armes exceptionnel dans l’histoire de la guerre sous-marine. Tous les sous-marins de la 10° escadrille et les équipages des bateaux présents à Malte étaient au courant de notre exploit. »

PIERRE Malte Portrait

Le 13 octobre 1944, à l’arrivée à La Valette un peu avant midi, timonier tribord dans la baignoire, Joseph Pierre regarde avec fierté le « Jolly Roger » décoré de ses trois nouvelles bandes qu’il a hissé à bloc sur le périscope de combat.

PIERRE Curie Joly Roger

«Jolly Roger »
Le pavillon pirate du sous-marin « Curie » a été
offert par Joseph Pierre au musée de la Résistance
Bretonne de Saint-Marcel situé dans le Morbihan,
près de Malestroit, sur les lieux-mêmes où s’illustrèrent
les parachutistes du bataillon S.A.S. du colonel
Bourgoin et les maquisards de trois bataillons
des F.F.I. lors des combats du 18 juin 1944.
La bande rouge représente le navire de guerre
allemand et les quatre bandes blanches les transports
de troupes et de matériel coulés par le
« Curie ». Les étoiles représentent les trois batteries
de Port-Vendres détruites au canon.

L’accueil est triomphal. Le captain S10,(commandant de la 10°escadrille de sous-marins), de nombreux officiers, les équipages d’une bonne vingtaine de bateaux et le personnel de la base HMS Talbot se sont rassemblés pour accueillir le sousmarin et le triple « Hip, hip, hip, hourra » qu’ils poussent tous en choeur, en l’honneur de l’équipage devait s’entendre bien au-delà de La Valette. Moment inoubliable qui faisait chaud au coeur et permettait d’oublier quelques instants les dangers que côtoyait chaque jour l’équipage du sousmarin. « Nous apprîmes quelques jours plus tard qu’il y avait eu de très nombreuses victimes parmi les équipages des bateaux coulés et les soldats allemands qui évacuaient les îles de la mer Égée vers Salonique. La présence de munitions au fond des cales contribua à alourdir le nombre des victimes. C’était la guerre…... c’étaient eux ou nous. »

Ce bâtiment ennemi gravement endommagé et mis hors de combat ne figure pas au bilan du « Curie ».

Après une vingtaine de jours de farniente à Malte, le « Curie » quitta HMS Talbot le 2 novembre 1944, les tubes lance-torpilles non approvisionnés. 1300 milles en surface à 11 noeuds et une plongée d’un peu plus d’une heure pour parcourir six milles dans les eaux territoriales turques et il arrivait à Chios où il se mettait à couple de l’escorteur anglais qui l’avait aidé à enlever la torpille restée dans l’un des tubes. C’est lui qui allait sortir de ses cales les huit torpilles qui allaient être transférées à bord du « Curie » en les faisant entrer par le panneau du poste d’équipage d’où elles étaient placées sur un chariot sur rails et transportées jusqu’au « dortoir » préalablement débarrassé de tout ce qui aurait pu gêner la manoeuvre. Quatre étaient introduites dans les tubes et les quatre autres étaient placées, deux de chaque côté, toujours enduites de leur épaisse couche de graisse « dont l’odeur allait accompagner nos rêves de vie au grand air lorsque nous serions installés dans nos hamacs. Nous n’aurons pas l’occasion d’utiliser ces torpilles. »

Retour à Malte 
Le 9 novembre 1944, le « Curie » quittait définitivement la mer Égée et rejoignait Malte. La 10° escadrille rentrait en Angleterre. Les sous-mariniers du « Curie » participaient aux « farewell parties » organisées par leurs amis anglais. On ne quitte pas impunément des amis. La joie de retrouver son pays se mêlait à la tristesse d’avoir à quitter ceux qui avaient connu les mêmes risques et vécu les mêmes angoisses, enfermés à plusieurs dizaines de mètres sous la mer. Le 26 novembre, ce fut au tour du « Curie » de prendre le départ pour la Corse puis Toulon où le 29 il se mettait à couple du croiseur « Tourville » qui allait fournir le gîte et le couvert à Joseph Pierre et à tous les membres de l’équipage.

CURIE croiseur Tourville


« En février 1945, nous participions à des exercices de détection de sous-marins. Nous sortions le matin et rentrions en fin d’après-midi. Alors que nous étions en plongée, plusieurs escorteurs dont « Le Fantassin », « Le Vigilant », « Le Sénégalais » et « Le Légionnaire » s’entraînaient à nous détecter. Exercices qui nous amusaient au début mais qui devinrent rapidement fastidieux. Le « Tourville» était le navire relais entre la préfecture maritime et les navires qui entraient ou sortaient de Toulon. Jean Diot originaire d’Étel et moi étions les deux timoniers du « Curie ». Astreints à faire le quart sur la passerelle du croiseur, nous étions chargés de transmettre en Scott et à bras les messages que la préfecture maritime adressait aux autres navires. Sur le sous-marin, nous n’avions pas eu souvent l’occasion d’utiliser ce genre de communication entre bateaux. Cela nous rappela notre entraînement de timonier que nous avions suivi, deux ans auparavant, à Skegness au Hms « Royal Arthur » dans le nord-est de l’Angleterre » C’est aussi en février, à Toulon, que tous les membres de l’équipage du « Curie » reçurent la Croix de guerre. Les mérites du sous-marin et de tous ceux qui venaient de participer à la lutte sous le pavillon de la France Libre étaient enfin reconnus et récompensés.
« Le 24 mars 1945, nous quittions Toulon. Après avoir fait escale à Oran puis Gibraltar, en convoi, avec plusieurs cargos et escorteurs, nous avons mis le cap sur l’Écosse.

CURIE Ecosse retour

Voyage vers l'Ecosse:

Le 14 avril 1945, en arrivant dans le Holy-Loch, une nouvelle fois, j’ai hissé notre « Jolly Roger ». Nous fûmes accueillis par un retentissant « Three cheers » en passant devant le « HMS Forth » qui fut notre premier bâtiment de base en 1943…….. La boucle était bouclée.
Le cauchemar que nous venions de vivre pendant tous ces jours en plongée dans notre cercueil d’acier nous avait profondément marqués. Le bonheur d’être toujours en vie, notre ami Wallace, l’Irlandais du bord, ne put s’empêcher de l’exprimer en laissant éclater sa joie peu après notre arrivée. Décoré comme nous de la Croix de guerre, il obtint l’autorisation de la porter ainsi que la fourragère sur son uniforme de la Royal Navy. Pendant une bonne dizaine de 
minutes, nous crûmes qu’il avait perdu la raison. Sous les regards surpris et incrédules des marins anglais des bateaux voisins, il parada sur le pont du « Curie », marchant au pas de défilé de la marine anglaise en pleurant toutes les larmes de l’Irlande. Nous revenions de l’enfer ! Je n’avais que vingt ans mais quel âge avais-je en réalité ?
Avant notre départ de Toulon, l’un d’entre nous avait aussi « pété les plombs ». Il s’agissait de l’un des plus anciens sur le « Curie », un quartier-maître de première classe qui fut appelé à comparaître devant un tribunal exceptionnel qui fut organisé à bord du sousmarin. Sans doute, profondément marqué par ses séjours sous l’océan, il n’avait pas compris qu’il allait falloir s’adapter à la vie sur le « Tourville » où la discipline et les règles à respecter étaient beaucoup plus strictes que sur notre sous-marin.
Certains pensèrent qu’il fut pris d’un accès de folie aussi soudain qu’imprévisible, imputable à l’évacuation brutale d’un stress refoulé pendant deux ans. Ce furent les circonstances atténuantes qu’évoqua son défenseur, le secondmaître timonier Henri Toussaint Il était reproché à l’accusé d’avoir attaqué «de façon fulgurante et tous azimuts», six matelots du «Tourville» qu’il avait mordus. Plusieurs sanctions furent demandées dont une mutation disciplinaire sur le « Montcalm » mais elle fut jugée trop infamante et rejetée. Le tribunal se contenta de prononcer la dégradation du coupable et le quartier-maître de première classe Radium se retrouva apprenti marin.
La réglementation anglaise interdisait la présence d’animaux à bord alors que les serins et les chiens étaient autorisés dans les sous-marins français pour détecter les gaz qui pourraient s’échapper des batteries. L’admission à bord de notre fidèle compagnon à quatre pattes, fox–terrier offert par Mrs Lindsay Carnegie, l’épouse du directeur du chantier de Barrow in Furness, avait été difficile à obtenir mais une dérogation fut accordée au «Curie», sous-marin anglais qui allait naviguer sous pavillon français. Notre ami Radium qui n’aboyait jamais à l’intérieur du sous-marin, qui était le seul chien capable de grimper à une échelle verticale, était un matelot exceptionnel.
Nous lui pardonnions la mauvaise habitude qu’il avait de montrer ses crocs à toute personne étrangère au « Curie ». Ce n’était d’ailleurs pas la première fois qu’il était sanctionné. Il montait en grade après chaque patrouille mais il rétrogradait régulièrement pour « comportements inconvenants» comme ce fut le cas lorsqu’il leva la patte pour arroser le périscope de combat.
Il craignait particulièrement les grenadages. « Au premier coup de klaxon, il fonçait au poste central. À plat ventre, les pattes en croix entre la barre de plongée arrière et la console Asdic, il s’oubliait avant même que les opérateurs aux écoutes ne signalent la moindre grenade. »

CURIE chien Radium
Le second-maître timonier Henri Toussaint était très attaché à Radium. C’est avec lui que partit le fox-scottish du bord. Il le suivit partout, même à bord du remorqueur que commanda plus tard son maître et un jour, il disparut en mer. Dans son livre « Le sous-marin Curie », Jean-Louis Gloaguen écrit qu’il est persuadé que ce ne fut pas une chute accidentelle : « Je pense qu’il a plongé pour aller chercher dans les profondeurs un sous-marin bleu marine dans lequel il avait tant d’amis ».

CURIE chien radium 2

Témoignage de Joseph Pierre, recueilli par Pierre Oillo, délégué départemental du Morbihan de la Fondation de la France Libre.
Avec la complicité de Jean-Louis Gloaguen, camarade de combat de Joseph Pierre sur le « Curie ».
Photos : Joseph Pierre
Bibliographie
« A corps perdu » - Pierre-Jean Chailley,
« Le sous-marin Curie » - Jean-Louis Gloaguen
« Les combattants de la liberté » - Pierre Sonneville

Démobilisé après la victoire, Joseph PIERRE revient à Kervio sur l'Île d'Arz en Bretagne. Il se marie le 24/10/1945 avec Suzanne Marguerite Marie LE BIAVANT. Domicilié à Vannes (56), Joseph Pierre fut membre du Comité de Vannes-Pontivy de la Fondation de la France Libre dont il fut le porte-drapeau pendant de nombreuses années.

PIERRE Ouest France CURIE

CURIE Equipage

 Certains de ces sous-mariniers comme Joseph Pierre et Jean-Louis Gloaguen furent présents sur le « Curie » pendant la totalité
de son activité au service des Forces Navales Libres. D’autres qui figurent sur le rôle d’équipage, quittèrent le bateau, pour raisons de santé comme Albert DUBOURG qui fut hospitalisé à Gibraltar et remplacé par Jean SARDELLA à Alger, ou d’accidents
survenus à bord comme ce fut le cas pour Jean DIOT qui fit une chute de plus de trois mètres en tombant du « Tourville »
sur le pont du « Curie » et fut hospitalisé à Marseille

 

La Bataille des Vénètes, par Jules César

Extrait de La Guerre des Gaulles, livre III - Traduction Biblioteca Classica Selecta

Plan peuples celtyes

Soulèvement des Vénètes

Après ces événements, César avait tout lieu de croire la Gaule pacifiée ; les Belges avaient été défaits, les Germains repoussés, les Sédunes (peuple celte établi dans le Valais) vaincus dans les Alpes. Il partit donc au commencement de l'hiver pour l'Illyrie, (actuelle Albanie) dont il voulait visiter les nations et connaître le territoire, lorsque tout à coup la guerre se ralluma dans la Gaule. Voici quelle en fut la cause. Le jeune P. Crassus hivernait avec la septième légion, près de l'Océan, chez les Andes (près d'Angers). Comme il manquait de blé dans ce pays, il envoya des préfets et plusieurs tribuns militaires chez les peuples voisins, pour demander des subsistances ; T. Terrasidius, entre autres, fut délégué chez les Esuvii (dans l'Orne) ; M. Trébius Gallus chez les Coriosolites (Côtes d'Armor) ; Q. Vélanius avec T. Sillius chez les Vénètes (Pays vannetais).

Cette dernière nation est de beaucoup la plus puissante de toute cette côte maritime. Les Vénètes, en effet, ont un grand nombre de vaisseaux qui leur servent à communiquer avec la Bretagne (Grande Bretagne) ; ils surpassent les autres peuples dans l'art et dans la pratique de la navigation, et, maîtres du peu de ports qui se trouvent sur cette orageuse et vaste mer, ils prélèvent des droits sur presque tous ceux qui naviguent dans ces parages. Les premiers, ils retinrent Sillius et Vélanius, espérant, par ce moyen, forcer Crassus à leur rendre les otages qu'ils lui avaient donnés. Entraînés par la force d'un tel exemple, leurs voisins, avec cette prompte et soudaine résolution qui caractérise les Gaulois (les peuples celtes), retiennent, dans les mêmes vues, Trébius et Terrasidius ; s'étant envoyé des députés, ils conviennent entre eux, par l'organe de leurs principaux habitants, de ne rien faire que de concert, et de courir le même sort. Ils sollicitent les autres états à se maintenir dans la liberté qu'ils ont reçue de leurs pères, plutôt que de subir le joug des Romains. Ces sentiments sont bientôt partagés par toute la côte maritime ; ils envoient alors en commun des députés à Crassus, pour lui signifier qu'il eût à leur remettre leurs otages, s'il voulait que ses envoyés lui fussent rendus.

César construit une flotte. Coalition des peuples de l'Océan

César, instruit de ces faits par Crassus, et se trouvant alors très éloigné, ordonne de construire des galères sur la Loire, qui se jette dans l'Océan, de lever des rameurs dans la province, de rassembler des matelots et des pilotes. Ces ordres ayant été promptement exécutés, lui-même, dès que la saison le permet, se rend à l'armée. Les Vénètes et les autres états coalisés, apprenant l'arrivée de César, et sentant de quel crime ils s'étaient rendus coupables pour avoir retenu et jeté dans les fers des députés dont le nom chez toutes les nations fut toujours sacré et inviolable, se hâtèrent de faire des préparatifs proportionnés à la grandeur du péril, et surtout d'équiper leurs vaisseaux. Ce qui leur inspirait le plus de confiance, c'était l'avantage des lieux. Ils savaient que les chemins de pied étaient interceptés par les marées, et que la navigation serait difficile pour nous sur une mer inconnue et presque sans ports.  Ils espéraient en outre que, faute de vivres, notre armée ne pourrait séjourner longtemps chez eux ; dans le cas où leur attente serait trompée, ils comptaient toujours sur la supériorité de leurs forces navales. Les Romains manquaient de marine et ignoraient les rades, les ports et les îles des parages où ils feraient la guerre ;  la navigation était tout autre sur une mer fermée que sur. une mer aussi vaste et aussi ouverte que l'est l'Océan.  Leurs résolutions étant prises, ils fortifient leurs places et transportent les grains de la campagne dans les villes. Ils réunissent en Vénétie le plus de vaisseaux possible, persuadés que César y porterait d'abord la guerre.  Ils s'associent pour la faire les Osismes (tribu celte, Finistère), les Lexovii (tribu celte env. Deauville), les Namnètes (tribu celte env. Nantes) les Ambiliates (tribu celte, Vendée), les Morins (tribu celte, Pas de Calais), les Diablintes (peuple celte env. de Jublains, Mayenne) et les Ménapes (tribu celte,Flandres belges) ; ils demandent des secours à la Bretagne, située vis-à-vis de leurs côtes.

César répartit ses troupes dans la Gaule

Les difficultés de cette guerre étaient telles que nous venons de les exposer, et cependant plusieurs motifs commandaient à César de l'entreprendre : l'arrestation injurieuse de chevaliers romains, la révolte après la soumission, la défection après les otages livrés, la coalition de tant d'états, la crainte surtout que d'autres peuples, si les premiers rebelles demeuraient impunis, se remissent à suivre leur exemple.  Sachant donc que presque tous les Gaulois aspiraient à un changement ; que leur mobilité naturelle les poussait facilement à la guerre, et que, d'ailleurs, il est dans la nature de tous les hommes d'aimer la liberté et de haïr l'esclavage, il crut devoir, avant que d'autres états fussent entrés dans cette ligue, partager son armée et la distribuer sur plus de points.

 Il envoie son lieutenant T. Labiénus avec de la cavalerie chez les Trévires, peuple voisin du Rhin. Il le charge de visiter les Rèmes (près de Reims) et autres Belges, de les maintenir dans le devoir et de s'opposer aux tentatives que pourraient faire, pour passer le fleuve, les vaisseaux des Germains que l'on disait appelés par les Belges. Il ordonne à P. Crassus de se rendre en Aquitaine, avec douze cohortes légionnaires et un grand nombre de cavaliers, pour empêcher ce pays d'envoyer des secours dans la Gaule, et de si grandes nations de se réunir.  Il fait partir son lieutenant Q. Titurius Sabinus, avec trois légions, chez les Unelles (actuel Cotentin, Manche), les Coriosolites et les Lexovii, pour tenir ces peuples en respect. II donne au jeune D. Brutus le commandement de la flotte et des vaisseaux gaulois, qu'il avait fait venir de chez les Pictons (dans le Poitou), les Santons (près de Saintes) et autres pays pacifiés, et il lui enjoint de se rendre au plus tôt chez les Vénètes, lui-même en prend le chemin avec les troupes de terre.

Difficultés de la guerre contre les Vénètes

Telle était la disposition de la plupart des places de l'ennemi, que, situées à l'extrémité de langues de terre et sur des promontoires, elles n'offraient d'accès ni aux gens de pied quand la mer était haute, ce qui arrive constamment deux fois dans l'espace de vingt-quatre heures, ni aux vaisseaux que la mer, en se retirant, laisserait à sec sur le sable.  Ce double obstacle rendait très difficile le siège de ces villes.  Si, après de pénibles travaux, on parvenait à contenir la mer par une digue et des môles, et à s'élever jusqu'à la hauteur des murs, les assiégés, commençant à désespérer de leur fortune, rassemblaient leurs nombreux navires, dernière et facile ressource, y transportaient tous leurs biens, et se retiraient dans des villes voisines. Là ils se défendaient de nouveau par les mêmes avantages de position.  Cette manoeuvre leur fut d'autant plus facile durant une grande partie de l'été, que nos vaisseaux étaient retenus par les vents contraires et éprouvaient de grandes difficultés à naviguer sur une mer vaste, ouverte, sujette à de hautes marées et presque entièrement dépourvue de ports.

Leurs navires. Leur tactique

Les vaisseaux des ennemis étaient construits et armés de la manière suivante : la carène en est un peu plus plate que celle des nôtres, ce qui leur rend moins dangereux les bas-fonds et le reflux ; les proues sont très élevées, les poupes peuvent résister aux plus grandes vagues et aux tempêtes ; les navires sont tout entiers de chêne et peuvent supporter les chocs les plus violents. Les bancs, faits de poutres d'un pied d'épaisseur, sont attachés par des clous en fer de la grosseur d'un pouce ; les ancres sont retenues par des chaînes de fer au lieu de cordages ;  des peaux molles et très amincies leur servent de voiles, soit qu'ils manquent de lin ou qu'ils ne sachent pas l'employer, soit encore qu'ils regardent, ce qui est plus vraisemblable, nos voiles comme insuffisantes pour affronter les tempêtes violentes et les vents impétueux de l'Océan, et pour diriger des vaisseaux aussi pesants.  Dans l'abordage de ces navires avec les nôtres, ceux-ci ne pouvaient l'emporter que par l'agilité et la vive action des rames ; du reste, les vaisseaux des ennemis étaient bien plus en état de lutter, sur ces mers orageuses, contre la force des tempêtes.  Les nôtres ne pouvaient les entamer avec leurs éperons, tant ils étaient solides ; leur hauteur les mettait à l'abri des traits, et, par la même cause, ils redoutaient moins les écueils.  Ajoutons que, lorsqu'ils sont surpris par un vent violent, ils soutiennent sans peine la tourmente et s'arrêtent sans crainte sur les bas-fonds, et, qu'au moment du reflux, ils ne redoutent ni les rochers ni les brisants ; circonstances qui étaient toutes à craindre pour nos vaisseaux.

Victoire navale de Brutus

Après avoir enlevé plusieurs places, César, sentant que toute la peine qu'il prenait était inutile, et qu'il ne pouvait ni empêcher la retraite des ennemis en prenant leurs villes, ni leur faire le moindre mal, résolut d'attendre sa flotte. Dès qu'elle parut et qu'elle fut aperçue de l'ennemi deux cent vingt de leurs vaisseaux environ, parfaitement équipés et armés, sortirent du port et vinrent se placer devant les nôtres. Brutus, le chef de la flotte, les tribuns militaires et les centurions qui commandaient chaque vaisseau, n'étaient pas fixés sur ce qu'ils avaient à faire et sur la manière d'engager le combat. Ils savaient que l'éperon de nos galères était sans effet ; que nos tours, à quelque hauteur qu'elles fussent portées, ne pouvaient atteindre même la poupe des vaisseaux des barbares, et qu'ainsi nos traits lancés d'en bas seraient une faible ressource, tandis que ceux des Gaulois nous accableraient. Une seule invention nous fut d'un grand secours : c'étaient des faux extrêmement tranchantes, emmanchées de longues perches, peu différentes de celles employées dans les sièges. Quand, au moyen de ces faux, les câbles qui attachent les vergues aux mâts étaient accrochés et tirés vers nous ; on les rompait en faisant force de rames ; les câbles une fois brisés, les vergues tombaient nécessairement, et cette chute réduisait aussitôt à l'impuissance les vaisseaux gaulois, dont toute la force était dans les voiles et les agrès.  L'issue du combat ne dépendait plus que du courage, et en cela nos soldats avaient aisément l'avantage, surtout dans une action qui se passait sous les yeux de César et de toute l'armée ; aucun trait de courage ne pouvait rester inaperçu ; car toutes les collines et les hauteurs, d'où l'on voyait la mer à peu de distance, étaient occupées par l'armée.

Dès qu'un vaisseau était ainsi privé de ses vergues, deux ou trois des nôtres l'entouraient, et nos soldats, pleins d'ardeur, tentaient l'abordage. Les barbares ayant, par cette manoeuvre, perdu une partie de leurs navires, et ne voyant nulle ressource contre ce genre d'attaque, cherchèrent leur salut dans la fuite : déjà ils avaient tourné leurs navires de manière à recevoir le vent, lorsque tout à coup eut lieu un calme plat qui leur rendit tout mouvement impossible. Cette heureuse circonstance compléta le succès ; car les nôtres les attaquèrent et les prirent l'un après l'autre, et un bien petit nombre put regagner la terre à la faveur de la nuit, après un combat qui avait duré depuis environ la quatrième heure du jour jusqu'au coucher du soleil.

Soumission des Vénètes

 Cette bataille mit fin à la guerre des Vénètes et de tous les états maritimes de cette côte ; car toute la jeunesse et même tous les hommes d'un âge mûr, distingués par leur caractère ou par leur rang, s'étaient rendus à cette guerre, pour laquelle tout ce qu'ils avaient de vaisseaux en divers lieux avait été rassemblé en un seul. La perte qu'ils venaient d'éprouver ne laissait au reste des habitants aucune ressource pour la retraite, aucun moyen de défendre leurs villes. Ils se rendirent donc à César avec tout ce qu'ils possédaient. César crut devoir tirer d'eux une vengeance éclatante, qui apprît aux barbares à respecter désormais le droit des ambassadeurs. II fit mettre à mort tout le sénat, et vendit à l'encan le reste des habitants.

 

 

L'ordre national de la Légion d'honneur est l'institution qui, sous l'égide du grand chancelier et du grand maître, est chargée de décerner la plus haute décoration honorifique française. Instituée le 19 mai 1802 par Bonaparte, alors Premier consul de la République, elle récompense depuis ses origines les militaires comme les civils ayant rendu des « services éminents » à la Nation.(source: wikipedia)

Legion dHonneur

Depuis sa création, wiki-sene à retrouvé le nom de 13 Sinagots décédés a qui l'ordre a décerné cette distinction. Qui étaient-ils et quels faits de gloire leur ont permis de recevoir cette décoration de la Nation?

En plus des 7 noms résencés dans la base "leonore", wiki-sene a établi une liste exhaustive des lauréats sinagots, dont certain font l'objet d'un article dédié.

Julien TREHONDARD [12/3/1816 Séné-5/2/1859 Séné], Chevalier de la Légion d'Honneur,

Jean Marie LE PEVEDIC [28/4/1844 Séné - 21/8/1913 Neuville], Chevalier de la Légion d'Honneur

Pierre Marie LE DOUARIN [24/1/1846 Séné - 13/8/1918 Rochefeort en Terre], Chevalier de la Légion d'Honneur

Jean Marie PIERRE [14/4/1864 Séné -  chercher date décès], Chevalier de la Légion d'Honneur

Désiré Jean Marie BOCHE [21/9/1872 Séné - 26/2/1945 Vannes], Chevalier de la Légion d'Honneur

Mathurin Marie NOBLANC [4/4/1874 Séné - 3/4/1955 Lorient] Chevalier de la Légion d'Honneur

Emile Louis Marie LE MEUT [21/10/1874 Séné - 9/10/1949 Séné],Commandeur de la Légion d'Honneur

Vincent Marie Joseph SEVENO [22/9/1878 Séné - 21/7/1947 Séné] Chevalier de la Légion d'Honneur

Henri MENARD [19/5/1887 Cane - 20/1/1946 Villers sur Marne], maire de Séné, Chevalier de la Légion d'Honneur

François  Marie LE LAN [26/1/1892 Séné - 5/6/1961], Chevalier puis Officier de la Légion d'Honneur

Auguste JANVIER [4/10/1892 Séné - 23/8/1958 Vannes], Chevalier de Légion d'Honneur

Hippolyte LAYEC [19/1/1901 Séné - 26/8/1965 Séné ], Commandeur de la Légion d'Honneur

Eugène ROBERT [6/8/1911 Nantes - 14/6/2003 Séné ], Officier de la Légion d'Honneur

Roger LE ROY [15/8/1925 Séné - 30/7/2020 Séné] Commandeur de la Légion d'Honneur

 

 

Jean Marie LE PEVEDIC [28/4/1844 - 21/8/1913 Neuville du Poitou], Chevalier de la Légion d'Honneur

1844 LE PEVEDIC acte

Jean Marie LE PEVEDIC nait à Balgan d'une mère ménagère et d'un père préposé des douanes en poste à la casern des Quatre-Vents. Son dossier sur la base "leonore" nous apprend que se militaire de carrière est incorporé en 8/1865 au 8° régiment de ligne. Il devient par la suite voltigeur puis caporal en 1868, sergent en 1871. Pendant la guerre contre la Pruse, il est fait prisionier. A l'issu du conflit, il se réengage et atteint le grade d'adjudant. Il occupe un poste de "portier consigne", poste de sous-officier surveillant l'entrée d'une place-forte militaire, d'abord à Rochefort sur Mer puis à Blaye. Il décède à Neuville de Poitou en 1913.

Pierre Marie LE DOUARIN [24/1/1846 Séné -13/8/1918 Rochefort en Terre], Chevalier de la Légion d'Honneur

1895 LE DOUARIN CHEVALIER

Pierre LE DOUARIN est né à Cressignan au sein d'une famille de cultivateurs. Conscrit en 1864, il est d'abord marin à Lorient sur plusieurs navires successifs. Il participe à la guerre contre la Prusse. En 1869 il est cannonier de 1ère classe. Après la conflit, il se marie le 12/10/1875 à Pluneret avec Jeanne Ribouchon. Il rejoint la gendarmerie, d'abord comme gendarme à pied, puis brigadier et en 1888 il devient maréchal des logis. Il dispose alors d'un poste dans le Finistère, notamment à Pont-Aven en 1896. Décoré de la médaille militaire en 1873, il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur le 30 décembre 1898.

LE DOUARIN Campagnes

LE DOUARIN Blessures Décoration

A son départ de la gendarmerie, il bénéficie d'emploi réservé aux militaires retraite. Son acte de décès le 13/8/1918 indique qu'il est alors receveur buraliste à Rochefort en Terre.

Jean Marie PIERRE [14/4/1864 -  chercher date décès ].

Jean Marie PIERRE nait au sein d'une famille de pêcheur de Montsarrac en 1864. Il effectue sa conscription entre 1883 et 1886. Puis il s'engage dans la marine. en renouvelant plusieurs fois un engagement de 3 ans. Le 29/12/1910, il reçoit la médaille militaire. Il a 23 ans et 3 mois de service pour l'Etat. Entre-temps il s'est marié à Séné le 10/4/1894 avec Joséphine Marie Mathurine NOBLANC. Le 11/7/1917, il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur.

PIERRE Chevalier Legion

Désiré Jean Marie BOCHE [21/9/1872 Séné - 26/2/1945 Vannes]

1886 Cadouarn Boche

Désiré BOCHE nait au village de Cadouarn d'une mère ménagère et d'un père préposé des douanes.La famille est pointée en 1886 lors de dénombrement. Lors de son mariage à Séné avec Marie Perrine DANET, le 4/10/1898, il déclare l'activité de matelot torpilleur breveté. Il reçoit sa légion d'honneur au grade de Chevalier le 19/01/1922, il vit alors à Lorient. Il décède à Vannes le 26/2/1945.

Mathurin Marie NOBLANC [4/4/1874 Séné - 3/4/1955 Lorient]

1886 Noblanc Kerarden

Il nait à Kérarden au sein d'une famille de pêcheur, fils posthume de son père Julien. Lors de son mariage le 16/6/1900 à Lorient avec Marie françoise GUILLEMOT, il déclare être Quartier maître de mousqueterie de la flotte. Il est fait Chevalier de la Légion d'Honneur le 15/1/1925.

NOBLANC Mathurin Légion dHonneur

Vincent Marie Joseph SEVENO [22/9/1878 Séné - 21/7/1947 Séné]

Lors du mariage de son fils le 1er juillet 1947, l'officier d'état civil de la ville de Vannes n'oublie pas de mentionner les décorations que le vieux marin sinagot a reçues: médaille militaire, croix de guerre et légion d''honneur.

SEVENO chevalier

Dans l'attente de consulter son dossier d'inscrit maritime au SHD de Lorient, que sait-on de Vincent Marie Joseph SEVENO?

1886 Bourg Seveno Forgeron

C'est le fils de forgeron de Séné dont l'épouse tient un débit de boissons au bourg. A 20 ans, il est forgeron mécanicien. La profession évolue alors vers la mécanique. Il se marie le 8/10/1913 avec Marguerite LE FOL [5/10/1891 Vannes - 5/5/1977 Trégunc], couturière à Vannes. Il s'engage dans la marine militaire où il fera carrière comme marin chargé de la manoeuvre des torpilles. 

La guerre éclate et l'ancien forgeron sinagot devenu torpilleur se fera remarquer jusqu'à être décoré. Après l'Armistice, il est nommé par décret maître torpilleur en janvier 1919.

1919 SEVENO Maître torpilleur

Il s'éteint à Séné, quelques jours après ce mariage, heureux sans doute de revoir son fils revenu vivant de déportation en Allemagne.

François  Marie LE LAN [26/1/1892 Séné - 5/6/1961 Vannes]

1911 Famille Le Lan Michot

François LE LAN nait à Michot au sein d'une famille de paludiers. Il a un frère prénommé Adolphe [11/2/1893-19/3/1936], qui sera également mobilisé, blessé à deux reprises et fait prisonnier en Allemagne.

Vers 1912, avant la guerre, il déclare la profession de maçon. Il incorpore le 65° Régiment d'Infanterie le 8/10/1913. Il est se suite mobilisé lors de la déclaration de guerre contre l'Allemagne.

Lhistorique du 65° régiment nous livre le récit de son combat aux premiers jours de la guerre "Le 21, il prend contact avec les avant-gardes allemandes, à 20 kilomètres au nord de Bouillon et, le 22 août il est engagé dans la grande bataille livrée par la 4e Armée française, il reçoit le
baptême du feu à l’attaque des positions ennemies de Maissin. C’est l’époque des magnifiques charges à la baïonnette, où officiers et soldats affirment les splendides qualités de bravoure de la race. L’ennemi bat en retraite après de furieux combats corps à corps qui se prolongent fort avant dans la nuit. Mais le lendemain matin, l’ordre est donné de rompre le combat." François LE LAN est blessé par balle le 22/8/1914 Maissin, une plaie au bras droit. Le 27/10/1914, il rejoint son bataillon.

Le 4/8/1915 il est évacué pour une pleurésie.Il soigne sa maladie d'abrod à l'hôpital temporaire n°14 de Senlis. Ensuite à l'hôpital La Bucaille à Cherbourg, puis à l'hôpital n°88 de Querqueville puis l'hôpitaltemporaire La Broussais à Nantes.

Il rejoint à nouveau son corps le 5/11/1916 et passe au 91° Régiment d'Infanterie le 1/11/1916 puis au 65° le 29/12/1916. Le Régiment opère dans un secteur qui deviendra le "Chemin des Dames":

1917 LE LAN Paissy blessure

Retiré du secteur, le 65ème cantonne à Saint-Rémy Blanzy, au sud de Soissons, Aisne. Le lieutenant-colonel Prouzergue vient d’en prendre le commandement lorsque se déclenche l’offensive d’avril. Faisant partie d’une division de deuxième ligne, le régiment n’est pas directement engagé.Le 18 avril, le 65ème va prendre position au ravin de Moulins. Le 29, il relève en ligne un régiment de la division. Le 5 mai, attaque les positions allemandes dans le secteur de la Bovelle, avec mission d’atteindre les pentes nord du plateau qui domine l’Ailette.
Il est inutile de souligner la puissance des organisations ennemies en ce point du front : casemates bétonnées, tunnels profonds à entrées multiples, centres de résistance garnis de mitrailleuses et protégés par de nombreux réseaux. Tout cela occupé par des troupes d’élite
(4e régiment de la garde) qui dispose d’une artillerie formidable. A l’heure H (9 heures), le bataillon de Rochemonteix à droite et le bataillon Audran à gauche débouchent sous un feu d’enfer et, si les pertes ne diminuent pas l’ardeur de l’attaque, elles font que les objectifs ne peuvent être atteints qu’en fin de journée, après de furieux corps à corps. Des mitrailleuses et des prisonniers restent entre nos mains.

Au centre, un tunnel à trois entrées bétonnées gênait terriblement la progression. La compagnie Mercier, du bataillon de réserve, combinant son mouvement avec la compagnie Redier, réussit d’abord à faire échouer une contre-attaque, forte de deux compagnies, débouchant du tunnel ; puis, par enveloppement, à s’emparer de deux de ses entrées, faisant 60 prisonniers, prenant plusieurs mitrailleuses et un canon révolver. La nuit est tombée quand se déclenche brusquement sur le bataillon de Rochemonteix, très en flèche, une puissante concentration d’artillerie. Puis les troupes allemandes s’élancent à l’assaut. C’est, dans la nuit, une lutte épique qui s’engage, à la lueur des fusées et des
éclatements de grenades ; debout sur le parapet les hommes se battent avec une farouche énergie… A 23 heures, le calme revient, nos unités ont repoussé l’ennemi. Elles repousseront de même, à 3 h. 30, une attaque dirigée sur le même point."

Le secteur de la Bovelle est la partie orientale du saillant de Deimling, qu’il pousse encore plus loin en direction de l’Ailette : Les
soldats ont baptisé le lieu le « Museau de porc » de par sa forme. (Limité grosso modo par le tunnel de l’Yser à l’ouest et une ligne ferme de la Bovelle – Chemin des Dames à l’est. La ferme de Bovelle est aujourd’hui disparue, située à quelques hectomètres à l’est de Cerny-en-Laonnois. De septembre 1914 à avril 1917, la ferme est en zone allemande. Début mai 1917, les français arrivent à proximité de la Bovelle, les armées ennemies s’y opposant pendant de longues semaines, ce qui achève d’anéantir la ferme. Après la guerre celle-ci n’est pas reconstruite

LE LAN Legion dhonneur

Ce jour du 5/5/1917, le soldat François LE LAN est une seconde fois blessé par un éclas d'obus devant Paissy, au combat au cours duquel il s'est fait remarquer par son courage et sa bravoure. La bombe, lui provoque la fracture de la jambe droite et une contusion sur la jambe gauche. Il est évacué à l'hôpital temporaire Broussais de Nantes, puis à l'hôpital St-Stanislas de Nantes et sur celui de Rennes. Le 1/12/1917 il est proposé pour la réforme et renvoyé dans ses foyers.. Il sera amputé de la cuisse droite.

LE LAN infirmite

1911 Famille Richard Michot

Après la démobilisation il se marie à Séné le 30/7/1919 avec Marie Isabelle RICHARD [30/1/1891-12/2/1962 Vannes], fille de paludiers à Michot, voisin des Le Lan. Son amie d'enfance s'occupera de ce soldat handicapé jusqu'à sa mort. François LE LAN s'installera avec son épouse à Vannes et sera commis administratif au Service des Pensions à Vannes.

LE LAN rapport moralite

LE LAN Légion dHonneur

 Il recevra la Médaille Militaire puis la Croix de Guerre avec Palme. Il est nommé au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur par décret le 1er mars 1939 et élevé au grade d'Officier de la Légion d'Honneur le 18/8/1955. Il décède  à Vanne le 5/6/1961.

 

 

 

En France, le 15 octobre 1576, un édit du roi Henri III vint instituer dans chaque baillage un messager royal pour le transport des procédures. Il leur était permis de charger également des lettres pour les particuliers et des marchandises légères. En 1672, « un service des voitures publiques connu sous le nom de Messageries Royales forma l'objet d'un monopole exercé par la Ferme Générale qui s'empare des droits postaux. 

La poste royale arrive en Bretagne

En Bretagne, le pouvoir du roi de France se heurte à la résistance des Etats de Bretagne depuis son union à la France en 1532. Le coût de l’entretien des routes lui fait craindre de nouveaux impôts et de nouvelles corvées pour les paroisses. Les Etats de Bretagne tiennent tête à Louis XIII et à son ministre le Cardinal de Richelieu, puis à Louvois ministre de Louis XIV.

Cette attitude explique le retard pris par la Bretagne dans l’établissement de relais de poste. Jusqu’en 1666, sur les cartes géographiques des relais de poste, il y a en 623 à l’époque, la Bretagne fait tache blanche. La situation évolue à partir de 1666, quand Louis XIV ordonne «d’établir sur le champ des liaisons en sorte que sa Majesté puisse envoyer des ordres aux officiers de son armée navale et recevoir réponse. », notamment le port de Brest alors 1er port militaire en Europe.

La carte des relais de postes dressée en 1676 par les sieurs Samson, géographes ordinaires du roi, montre que seule la poste de Paris à Brest est établie ; entre Rennes et Brest on compte 11 relais. Le ministre Louvois établit un monopole des postes dont il confie la gestion à un fermier général moyennent finances, c’est une étape de plus vers le service public des postes. Les relais de poste tenus par les "maîtres de poste" restent sous la direction du roi. Par un arrêt du conseil du roi en 1738, une nouvelle impulsion royale est donnée à l’organisation des relais de poste en Bretagne. Il y est souligné, « que la province de Bretagne, se trouve privée des avantages que lui pourrait procurer l’établissement de la poste bien réglée dans les principales routes de la Province. » L’arrêt ordonne : "qu’il sera dorénavant établi dans la dite province de Bretagne des postes en tel nombre et dans tels lieux qu’il sera jugé nécessaire". Faute d’argent, les choses traînent. Il faut attendre 1756 et les années suivantes pour que le nouveau commandant en chef en Bretagne, le duc d’Aiguillon, lancent un véritable programme d’amélioration ou de création des grands chemins en Bretagne". (Source: La poste à Châteaulin des origines à nos jours)

La poste royale s'établit à Vannes

Le premier bureau de poste ouvre néanmoins à Vannes en 1644, Port-Louis (1664), Hennebont (1676), Auray (1700) et Lorient en 1720. (Source: Histoire de la Poste en Mobihan). On ne sait où se situait le 1er bureau de poste à Vannes. Tout au long du XVIII°s, le bureau changea à plusieurs reprises d'adresse. Il fut situé place des Lices. En 1845, le bureau a été transféré sur la port, place du Morbihan: "il est maintenant accessible aux voitures mais ce lieu est éloigné du centre". En 1870, le bureau est situé au n°6 rue Saint Vincent, juste derrière à droite après la Porte Saint-Vincent.

Il déménage ensuite à l'angle de la rue de la République et de la rue Thiers, avant 1900, dans un immeuble réalisé par l'artchitecte Le Fol: "le bureau était large de 15m et profond de 10m au maximum, 5 ou 6 guichetiers étaient de service même le dimanche". C'est aujourd'hui le siège du Crédit Agricole dans un bâtiment fortement remanié.

Vannes Ancienne Poste

En 1913, les services de la Direction Départementale sont transférés au n°18 rue Emile Biurgault. Le 9 octobre 1958, le nouveau bureau de poste a été inauguré place de la République. (Source:Histoire de la Poste en Morbihan).

1957 Vannes Nouvelle poste

Les relais de poste

A ces débuts, les directeurs des postes encaissaient le prix de la lettre qu'ils réclamaient au destinataire. Les courriers à cheval acheminaient les dépêches d'un bureau à l'autre grâce aux relais de la poste aux chevaux. Le "Maître des Postes" prenait des chevaux et le cavalier ou postillon chevauchait les 7 lieues qui le sépraient d'un relai à un autre. Chaussé de bottes spéciales, renforcées pour résister à la chute de cheval, les fameuses bottes de Sept Lieues devenues magiques dans le Petit Poucet de Charles Perrault.

Toutefois, l'échange des premiers courriers et correspondances demeuraient l'apanage des plus dotés du Royaume, clergé, militaire et noblesse. Sur Séné, on peut imaginer que la famille Chanu de Limur, ou blien les recteurs tels Pierre LE NEVE (1673-1749) utilisaient la poste royale.

Dans ce "dictionnaire" daté de 1754, la paroisse de Séné de la province de Bretagne est répertoriée.

1754 Séné poste

En 1758, Gilles LOISELEUR est titulaire du marché de Nantes à Vannes pour 6.000 livres par an. En 1770 et en 1779, il s'engage par bail à porter et rapporter les dépêches deux fois par semaines en passant par Pont-Château et la Roche-Bernard.(Source: Histoire de la Poste en Morbihan).

Venant de Nantes, la poste royale avait des relais de poste à Pont-château, La Roche-Bernard, Muzillac, Theix avant d'atteindre celui de Vannes, dont le dernier emplacement connu, sous le Consulat, était rue du Mené. 

1774 Breatgne relais poste

Séné conserve un vestige de cette époque où l'on se déplace beaucoup à cheval. L'actuel bar-brasserie Le Suroit est l'ancien relai de la Ville-en-Bois déjà figuré sur cette carte du XVIII°siècle. Sans doute une halte avant d'atteindre le relai de poste de Vannes. Dans le second bâtiment, on peut encore voir les crochets au mur auquels étaient attachés les chevaux. Situé au carrefour des routes vers le bourg de Séné, au sud, vers le village de Bohalgo au nord et vers Vannes à l'ouest, le relai sera rejoint par une forge de charrons et une auberge.

1771 1785 Ville en bois

L'Établissement Général des Messageries (dit Messageries Nationales, Messageries Impériales ou bien Messageries Royales selon les périodes) est une compagnie française de diligences fondée en 1798. Elle a longtemps assuré les services postaux et de transport de personnes.

1835, on ne compte encore que le bureau de poste de Vannes, Auray et Sarzeau. Invention britannique, c'est en 1849 qu'est émis le premier timbre-poste français, à l'effigie de Cérès, déesse des moissons, à laquelle succédera le profil de Napoléon III en 1852. Dès lors c'est expéditeur qui paye les frais d'acheminement du courrier. La vente de timbre se diffuse déjà auprès des marchands de tabac.

Le développement d'un transport spécifique du courrier, régulier, s'accompagne également du transport de passagers, dans les fameuses malles-postes. Le mot malle donnera en anglais le mot mail qui nous est revenu dans le terme e-mail. 

1843 Malle poste

En mars 1854, un service en voiture desservant les bureaux de la Roche-Bernard, Muzillac et Vannes est créé. Un marché est passé avec la Compagnie des Messageries Impériale. Il sera supprimé en 1862. En janvier 1826, un service Nantes à Lorient, passant par Vannes et Hennebont avec pour titulaires successifs, Elie, sa veuve, puis la Cie de Messagerie Générales. En 1863, des boîtes mobiles sont installées sur ce service. En octobre 1862, un service en voiture de la gare au bureau à six ordinaires a été créé avec pour titulaire Gloux. (Source: Histoire de la Poste dans le Morbihan).

Par la suite, le développement de la poste suit celui des transports: diligence avec cocher, train avec personnel ambulant. Facteur distribuant le courrier en ville puis essor du nombre de facteurs ruraux, depuis leur création en 1832 pour desservir les communes de France, d'abord à pied puis à bicyclette. Viendra ensuite le temps des tournées en automobile, cyclomoteurs et véhicules électrique...

Le facteur rural à Séné

On retrouve trace d'un facteur rural affecté à la distribution du courrier sur la commune de Séné en 1880. Victor Marie GUILLO né le 28/12/1853 à Séné, est le fils d'un préposé des douanes et d'une ménagère. Cet enfant du pays sera choisi pour assurer les tournées de la commune. Il se marie le 26/8/1878 avec Marie Vincente TATIBOIT, qui est cabaretière à Vannes au 4 rue du Petit Couvent. Il déclare le métier de facteur lors de la niassance de leur premier enfant à Vannes en 1879. Sa carrière le conduira sur Ergué Armel près de Quimper avant de revenir sur Vannes. Il est en poste à Lorient en 1894 lors de la naissance de son enfant Victor Pierre. [retrouver date du décès].1880 Guillo Victor facteru à Séné

Une recherche sur le site des Archives du Morbihan, presse ancienne numérisée, avec les mots clefs "facteur rural" montrent les nombreuses affectations de ces facteurs ruraux dans les communes de Theix, Elven, Arradon etc.. mais aucune pour la commune de Séné. On note des "facteurs ruraux" à Vannes sans doute chargés des tournées de courriers sur la commune voisine de Séné. Cette hypothèse semble probable car aucun des dénombrements de 1886, 1891 et jusqu'en 1921, ne mentionne la présence sur Séné d'un facteur. Ils résidaient sans doute à Vannes comme le facteur Victor GUILLO.

1889 sene facteur

Cette coupure de presse de 1889 rend compte des délibération du Conseil Général du Morbihan. Un poste de facteur rural est créé pour Séné comme Arradon.

1898 Facteur rural

Depuis 1890, Séné compte deux boites à lettres dans la commune, au bourg et à Montsarrac, alors village en plein essor grâce aux salines, au port de Montsarrac, à l'usine d'extraction d'iode de la Gillardaie.

En mai 1890, suite à une lettre du Directeur des Postes pour supprimer la 2° levée de la boîte de Séné les dimanches et jours fériés, le Conseil municipal saisit cette occasion pour signaler à l'administration la régularité et l'exactitude avec laquelle le facteur local, le sieur MAURY, remplit ses devoirs et est d'avis de supprimer cette 2° levée.(Source Histoire de la Poste en Morbihan).

En mars 1896, les habitants de Brouel et de Falguérec demendent que le facteur n°7 qui dessert les villages du Berly Bras aux Quatre Vents, desserve également leurs villages car ils reçoivent leurs lettres à la fin de la tournée du facteur n°3 chargé de la levée de boîte, ce qui leur donne un retard d'un jour pour répondre aux lettres. La caserne des douaniers au Quatre-Vents était une grand utilisateur des services postaux.(Source Histoire de la Poste en Morbihan).

En août 1898, les habitants des villages de Cadouarn, Cariel et Canivarc'h sollicitent l'établissement d'une boîte aux lettres contre la maison Lefranc, buraliste à Cadouarn. Ceux des quartiers de Cressignan, Michotte et Moustérian demandent une seconde boîte au bourg pour remplacer celle qui a été déplacée dernièrement. (Source Histoire de la Poste en Morbihan).

Un bureau de poste à Séné:

Par décret du 12 avril 1898, l'ouverture d'une recette auxiliaire rurale des Postes est décidée pour Séné au 1er août 1898, comme l'annonce cet extrait du Bulletin mensuel des Postes et Télégraphe daté du 1er janvier 1898. 

1898 Sene ouverture Recette auxiliaire rurale

Où était situé à Séné ce premier bureau des Poste? Sur cette 1ère carte postale ancienne, on peut voir le départ d'un facteur à bicyclette et du courrier en malle-poste devant le siège de la Poste & Télégraphe d'Arradon. La 2° montre une vue de l'ancienne poste de Baden.

1900 Arradon Baden Poste

 A cette époque le siège du receveur buraliste était situé sur la rue principale. Receveurs buralistes et personnel de la Poste & Télégraphe, faisaient parti du même Ministère. Il se peut que cette maison, aujourd'hui fortement remaniée, ait logé les bureaux du 1er bureau de poste à Séné, géré par le receveur aux contributions directes de l'époque.

1898 Bourg Receveur Buraliste PT

Une cabine téléphonique à Séné:

En avril 1905, la conseil municipal de Séné donne son accord pour recevoir une cabine téléphonique dans la commune. Cette cabine de téléphone est à nouveau confirmée dans le Bulletin mensuel des Postes et Télégraphes de janvier 1906.

1905 cabine telephone SENE

1906 Sene Telephone

Cet autre extrait de du bulletin porte également sur la création d'une cabine à Séné en janvier 1914, à la veille de la Grande Guerre. La correspondance entre les soldats mobilisés au front et leur famille jouera un grand rôle dans la capacité de resistance du peuple français. Le Ministère de la Guerre s'appuiera sur un service efficace des Postes & Télégraphes pour acheminer les nombreuses Lettres de Poilus.[trouver une lettre de'un Poilus de Séné]1914 Sene Cabine telephone

Les receveurs des postes à Séné : Tuffigo -> Allain -> Vedier -> Ledoeuff-> Bernard.

1921 Tuffigo SENE receveur facteur

Au sortir de la guerre, Séné qui compte alors plus de 2500 hab accueille un receveur des postes, habitant la commune comme l'indique le dénombrement de 1921. Victor TUFFIGO [4/8/1888 Quiberon - 26/9/1932 Lorient]  a obtenu son premier poste à Quiberon comme candidat civil en 1913.

Pour entrer dans l'administration , Victor TUFFIGO founrnit plusieurs pièces que l'on retrouve dans son dossier personnel aux archives du Morbihan. Il a ainsi obtenu son certificat d'Etudes Primaires le 20/7/1902 à Quiberon.

Tuffico certificat marine

Pendant son service dans la marine, il est apprenti timonier à bord du Calédonien, sanctionné le 11/6/1909 par un Certificat de Bonne Conduite et de capacité. Ensuite il est timonier breveté sur le Jules Ferry, sanctionné le 5/4/1911. Il confirme ce poste à bord de l'Ernest Renan le 30/7/1912.

Le 3/5/1913 il se fait vacciner. Le 30/4/1913, la mairie de Quiberon lui adresse un certificat de Bonne vie & Moeurs. Le 3/5/1913, il postule par courrier pour un poste de facteur. Il reçoit un avis positif le 10/5/1913. Il entre dans l'administration le 1/11/1913 comme facteur rural à Quiberon. Il est mobilisé dans la marine en aourt 1914.

A l'issue de la Grande Guerre, il est Quartier Maître de manoeuvre [aller au SHD de Lorient].  Mis en congé illimité de démobilisation, il vit quelques temps à La Rochelle, où nait son fils Jean Victor [5/12/1918-31/7/1991], fruit de son union avec Anne Angélique LE DIVELLEC [date mariage?]. Il revient en Morbihan et il réintègre l'administration par un poste de facteur de ville. Il est ensuite nommé facteur receveur à Crach puis à Séné le 9/10/1920. Son second enfant, Victor Joseph [22/2/1922-30/12/1956 Lorient] nait à Séné.

TUFFIGO facteur poste

Il sera muté à Lorient où le "marin-facteur" décède d'un accident à bord du streamer Guermor alors qu'il portait le courrier.

1932 09 TUFFIGO décès

En mars 1922, la conseil municipal vote l'installation d'une boite à lettre à Langle.

Au dénombrement de 1926; Joseph Marie THOMAS [26/5/1893 Plougoumelen- xxx] occupe le poste de facteur des postes et vit au Gorneveze. En juillet 1922, quand nait sa fille Ange Julienne, la famille réside au bourg. Le receveur Tuffigo est témoin de la naissance.

1926 Thomas facteur Gorneveze

Lors d'une tournée en mars 1933, Joseph THOMAS est victime d'un accident contre un automobiliste, à la Grenouillère, non loin de la forge de M.Raud. En 1936, il est pointé à nouveau à Séné avec sa famille.1933 02 Thomas accident

Au dénombrement de 1931, Jean Marie ALLAIN [8/9/1891 Penestin - 6/3/1968 Missilac] est chef des PTT à Séné et en 1936, facteur receveur. D'abord cultivateur, il s'engage dans la marine. Pendant la guerre, il est à bord du cuirrassé "Patrie" puis du croiseur "Foudre". Il entre dans l'administration le 1/11/1919. Il épouse sa femme, Henriette ROY, à Mémomblet, Vendée en 1920.

Allain Feuille personnel

Son dossier personnel, conservé au archvies du Morbihan nous donne ses postes successifs. Il fut nommé facteur rural à Férel (56). Puis il est facteur-receveur à Lanouée (56) quand nait sa fille Andrée en 1921. Il fut nommé à Séné courant 1924, avant de venir s'y établir et en octobre 1929, il obtint la médaille de bronze des PTT.(Source Histoire de la Poste en Morbihan). Son dossier de retraite est complet le 25/7/1941 et il se retire à Penestin.

1931 ALLAIN Chef PTT

Sur la photo montage ci-dessous, il figure avec sa femme  à droite, il baisse la tête, distrait par le chien, il est aux cotés d'un couple (non identifié) et de sa fille Andrée qui passe le bras au cou de son fiancé ou époux, Raymond Théodet. A droite toujours devant la devanture défraichie de la poste, en compagnie de sa fille. (Source famille Théodet)

1932 ALLAIN receveur SENE

Sa fille unique Andrée [9/7/1921 Lanouée - 23/10/2021 Coubert 77] reviendra dans les années 2010 à Séné en pélerinage sur les lieux de son enfance. Elle a été accueillie dans par le gérant du restaurant Ar Gouelen, maison qui était alors le siège de la poste à Séné. Sur cette photo l'écriteau au dessus de la porte: POSTES SENE TELEGRAPHES-TELEPHONES

Le document ci-dessous daté d'août 1938, montre la signature d'un bail par le maire Henri MENARD avec la poste, lui permettant sans doute de continuer à occuper ce bâtiment communal ou qui le devint à cette époque. [à creuser]. On sait que la commune de Séné l'a vendu sous le mandat Carteau vers1992 .

1938 08 Sene Bail Poste

1960 Bourg Poste

Pendant la guerre, Paul Eugène VEDIER [20/4/1915 Chatillon 53 - 28/2/2004 Cholet] est nonmé facteur-receveur à Séné comme en témoigne cet extrait de l'acte de naissance de son fils daté de 1943. A sa naissance, son père était 'courrier à pied" à Chatillon sur Colomont (53).

1943 VEDIER receveur

1960 LE CLECH Cadouarn facteur

De 1950 à 1967, Pierre LE CLECH [29/9/1907 - 19/8/1994] est facteur auxiliaire à Séné. Ce Vannetais a épousé le 18/8/1931 Véronique Marie Louise LE DOUARIN, la fille du buraliste de Cadouarn. Engagé militaire en poste en Indochine, il gagne le Tchad et l'Armée Française d'Afrique du Nord et participe au débarquement en Normandie. A la Libération, il ne souhaite pas repartir en Indochine et fait valoir ses droits à la retraite. Le Gouvernement réserve des postes dans la fonction publique aux retraités de l'armée. Il obtient le poste de facteur à Séné vers 1950. Sur la photo ci-dessus, on le voit à bicyclette dans la rue de Cadouarn. En 1962, à quelques années de sa retraite, il est pointé avec sa famille par l'agent du recensement.

1962 LE CLECH facteur auxiliaire Cadouarn

Son fils Marc, qui remplaçait de temps en temps son père l'été se souvient:"nous vivions à Cadouarn. A ses débuts, le receveur-distributeur allait chercher le courrier à Vannes. Devenu receveur, c'est mon père qui allait chercher le courrier. Il y avait alors 3 facteurs à Séné qui opéraient 3 tournées bien rôdées. Mme LOTODE se chargeait de la tournée de la côte; Mme MORIO faisait le bourg et mon père assurait la tournée de la Grenouillère et du Poulfanc. Les dernières années, il a laissé son vélo pour la mobylette". 

LEDOEFF receveur CP

Au départ en retraite du receveur VEDIER, Aline LE DOEUF.[13/4/1923 Plougoumelen - 7/11/2009 Auray] est nommée sur Séné. La famille Le Doeuf est originaire du Finistère. Le père Christophe Le Doeuf  était facteur rural au Bono où il se marie avec une fille de Baden. Les PTT recrutent des femmes et sa fille Aline deviendra receveur des postes. Après un poste à Monteneuf (41) elle revient en Bretagne sur Séné. Elle apparait au recensement de 1962 à côté de la famille Le Normand et Guillonnet qui tenaient respectivement une ferme au bourg et l'hôtel du Golfe. En effet, à cette époque, le bureau de poste est toujours situé place de l'Eglise. Elle quittera Séné pour Rochefort en Terre puis Etel où elle finira sa carrière célibataire.
1962 Le Doeuf Receveuse

La distribution du courrier ne se fait plus à pied par le facteur rural; la bicyclette permet l'embauche de femmes en tant que factrices comme l'illustre cette vieille photographie où deux Sinagotes enfourchent leur vélo pour répartir le courrier, peut-être Mme Le Lan épouse Lotodé et Fernande Noblanc épouse Morio.

1955 Factrices LOTODE Morio

1962 LELAN Marie Préposée aux PT

En effet, au dénombrement de 1962, Mme Marie LE LAN [7/7/1898-16/1/1977], veuve de Pierre Marie LOTODE [7/7/1895-8/1/1967] est pointée au Purgatoire comme préposée aux P&T. 

Jean Yves FILY, neveu de Mme Le Doeuf débutera sa carrière professionnelle dans les PTT. En 1967, il succède à Pierre LE CLEC'H. Il a pour collègues Mme LOTODE et Fernande NOBLANC-MORIO. En retraite sur Erdeven, il se souvient de ces années:" je débutais par une remise des télégrammes reçus dans la nuit. C'était des télégrammes des marins sinagots qui informaient leur famille et épouse de leur arrivée au port du Havre. Celles-ci pouvaient alors se préparer pour aller chercher leur époux de retour de mer."

Le courrier était apporté de Vannes par un gars d'origine maghrébine, fort sympathique, sunommé "Tarzan". Il revenait le soir chercher le courrier à la fermeture de la poste. "Avec le courrier du matin, j'enfourchais mon vélo ou ma mobylette pour ma tournée sur les villages de Montsarrac, Cressignan, Moustérian et je revenais à la poste chercher le courrier à distribuer sur la presqu'île. Les tournées étaient longues et ml'occupaient jusqu'à 17 heure le soir sur les chemins de la commune".

A l'époque les facteurs amenaient dans leur sacoche l'argent des mandats postaux, les retraites des marins notamment. Il se souvient:"il ne fallait pas se tromper de famille quand il y avait des homonymies. La caisse de retraite nous y aidait. Il était coutume d'ajouter au nom du pensionné, son surnom pour éviter les erreurs. Ainsi Marianne Le Hitouze était accolée du surnom Marianne Huit Sous!. J'allait même jusqu'à porter leur retraite aux marins sur leur bateau à Port-Anna".

1962 Fernande MORIO PTT

A partir de 1968, la distribution se fait en voiture depuis Vannes et la poste à installé de nouvelle boites aux lettres regroupées pour réduire le temps et faciliter la distribution du courrier. Dans cette vielle coupure extraite du bulletin paroissial, l'Abbé Le Roch, nous rend compte du changement pour la postière Fernande NOBLANC épouse MORIO [15/10/1919-13/2/2017].

Sa fille Isabelle se souvient:" ma mère a fait ses tournées en Solex sur la majeure partir de son temps à Séné. Elle avait deux lourdes sacoches pleines et une grande sacoche en bandoulièree. Elle le faisait par tous les temps. Le courrier arrivait d'abord à Séné livré puis avec l'évolution du changement de classement du bureau de poste, elle allait à Vannes faire le tri puis revenait faire sa tournée à Séné. A Vannes, elle a intégré une équipe 'dune cinquantaine de facteurs, quasiment tous des hommes. Le métier commençait juste à se féminiser. Elle a terminé sa carrière après un accident de circulation sur son temps de travail à Vannes".

1980 Fernande NOBLANC x MORIO Auxiliaire PTT

1972 Mme MORIO

Au début des années 1970, la poste est transférée près de la mairie et occupe alors l'aile gauche de l'ancienne école communale aux côtés de "L'Inscription Maritime". On parle encore de Poste et Télécommunications.

1985 Poste Telecom

A partir de 1973 et jusqu'en 1987, Victor BERNARD [10/9/1931 St-Pol de Léon - 4/4/2002 Vannes] était le receveur des poste de Séné. Lors de son décès en 2002, Francis POULIGO lui rendit hommage dans le bulletin municipal.  2002 06 BERNARD Victor Receveur Poste

  Sur cette vue aérienne, on note le changement de logo de ce qui est devenu La Poste en 1990.

1990 06 Bourg

1990 Ecomusee poste

En avril 1992, sous la mandat de Marcel Carteau, le siège actuel de La Poste est contruit et il sera inauguré en novembre 1992. Sur la photo, la petite fille qui porte le coussin et la clef n'est autre que la petite-fille du receveur Victor BERNARD.

1992 04 Nouvelle Poste

1992 11 Poste inaugure

Après son départ en retraite, se souvient son gendre, Jean-Yves LAUNAY, c'est M. PLOT qui le remplace. Ensuite une femme originaire de Gourin lui succède [Mme JOSSO?].

A partir de 9/2002, Laurent NEVEUX en provenance de la poste du Bono, devient alors Chef d'établissement à Séné. En juin 2005, Bruno NIO lui succède (photo Le Télgramme 11/6/2005): "L'agence de la commune dispose de deux guichets permanents, tenus par Pascale Launay et Martine Tanguy. Florence Mélandre est chargée de l'assistance commerciale, tandis qu'un conseiller financier, M. Robin se tient également à la disposition du public". 

1995 LAUNAY née Bernard PTT

Nombreux sont les Sinagots à se souvenir de Pascale LAUNAY [10/5/1961 - 17/6/2016], qui avait gravi les échelons à la poste de Séné. Malheureusement, elle tombe malade et décède prématurément en juin 2016.

2005 NIO Bruno Chef Séné

Après le dernière réorganisation de La Poste, Bruno NIO occupe les fonctions de Directeur de Secteur. Basé à Saint-Avé, il gère un ensemble de bureaux de postes, soit en "pleine propriété de l'entreprise" soit par convention avec des commerces ou avec des communes. Les facteurs qui assurent les levées des boites à lettres de la commune et la distribution du courriers sont rattachés au centre de tri de la zone du Prat. Les facteurs distribuent par des tournées distinctes, le courrier et les colis.

2020 12 La Poste

A Séné, il y a toujours un bureau de poste avec aujourd'hui une unique employée. Le postage du courrier peut se faire au bureau de poste du bourg et dans les nombreuses "boites à lettres" dissiminées sur la commune.


PTT boite jaune SENE

Notre commune dispose de "vraies boîtes" aux lettres jaunes en fonte, à la poste du bourg, à Moustérian, en face le tabac-presse du bourg, près de la ruelle du Recteur, sur le parking d'Intermarché au Poulfanc, à côté du tabac-presse du Poulfanc. Celui de Cadouarn en est dépourvu.

BOITE levee Kerarden

Il compte aussi, accolées aux boites "cidex" des boîtes jaunes" où le client peut déposer son courrier à conditions d'en connaître le prix de l'affranchissement. Sinon, direction la poste du bourg de Séné ou pour le Poulfanc, le centre de tri de la zone du Prat. Le site boite-lettre.fr en recence 46 sur notre commune.

Philatelie : notre commune semble n'avoir fait l'objet que de ce seul timbre.

Timbre Sinagot Séné

 

 

 

 

 

 

Contrairement à Pont-Aven ou au Faouët, les rivages du Golfe du Morbihan n'ont pas séduit un grand nombre de peintres jusqu'à très récemment. Nous ne disposons pas d'un nombre important de tableaux, d'huiles ou d'aquarelles s'inspirant de la petite mer et encore moins de Vannes ou de Séné. Aussi il convient de s'attarder sur les rares artistes qui ont posé leurs chevalets sur les côtes Vénètes.

Aux côté des Jean FRELAUT qui illustra plusieurs aspects de la vie des Sinagots on doit citer également le peintre américain Trafford KLOTS qui nous a légué des tableaux peints sur les rivages de Séné.

Biographie:

Trafford KLOTS nait en 1913 à Rome où ses parents séjournent. C'est le fils du peintre américain Alfred KLOTS [Saint-Germain en Laye 25/7/1875 – 17/2/1939] qui voyagea en Europe avant de se poser à Rochefort en Terre.

KLOTS Trafford

Ce peintre et son père sont issus d'une famille américaine de Baltimore, état du Maryland, côte ouest des Etats-Unis, qui pratiquait le commerce de la soie. Le père révéla très tôt son talent artistique. Ce jeune peintre suivra l'essentiel de sa formation à New York avant de venir vivre à Paris en 1901. C'est alors qu'il tombe amoureux de la Bretagne. Il achète le Château de Rochefort en Terre ou plutôt ce qu'il en reste.

Le château est en ruines et seules les écuries avaient été transformées en habitation au XIX° siècle. Par étapes successives, il le fera revivre et il deviendra son château en Bretagne. En 1918-1919 il ouvre sa demeure à la Croix-Rouge américaine, ce qui en fait un centre de convalescence pour soldats, ce qui lui vaudra de recevoir la Légion d'honneur après la guerre. Mécène volontaire, Alfred s'intéresse également à la mise en valeur du patrimoine local. En 1913, il institue un concours annuel qui fera du village l'un des plus fleuris de France. Cet américain adopté par les Rochefortais locaux est décédé en 1939 à Bali.

Trafford KLOTS est le fils du portraitiste Alfred Partridge KLOTS et Agnes Boon KLOTS.Trafford Klots a passé beaucoup de temps en Europe avec ses parents, notamment le village médiéval de Rochefort-en-Terre en Bretagne où ils établirent une colonie d'art. De 1927 à 1929, il fréquenta l'école des Roches et écrivit à ses parents ses études et ses activités, mais il n'était pas très érudit, et ces lettres comme celles écrites de Gilman L'école de Baltimore, 1929-1932, a décrit sa piètre performance dans tout sauf dans l'art. En 1932, il s'inscrit à la British Academy à Rome, et entre 1933 et 1935, étudie à Londres à la Shaw School. Après avoir quitté Gilman en 1932, Trafford s'inscrit à l'automne 1932 à la British Academy à Rome, et à de 1933 à 1935, était un étudiant à l'école Shaw à Londres.

Pendant une grande partie de sa jeunesse, il était à Rochefort-en-Terre avec ses parents et après la mort de son père en 1939, a poursuivi le travail de promotion de la région comme une colonie d'artistes. Il se consacre également à la peinture.

En 1940, lorsque la guerre éclate, il crée le Fonds américain de secours aux Bretons, avant de s'engager comme officier dans l'armée américaine. En 1944, de retour à Rochefort en Terre, il retrouve intact le Château et ses collections sauvées grâce au dévouement du gardien. Trafford Klots sera fait chevalier de la Légion d'honneur par la France. Après la Seconde Guerre mondiale, Trafford Klots et sa femme, Isabel [16/1/1917-8/8/2013] ont restauré la propriété de Rochefort-en-Terre et ont travaillé ensemble à cet effort jusqu'à sa mort en 1976.

Depuis 1987, le Château est une propriété du Département du Morbihan. En 1989, après la mort de Traford, sa femme, a créé l'Alfred &AMP ; Programme de résidence d'artiste à la mémoire de son mari et de son beau-père. Le programme est administré par le Maryland Institute College of Art. En mai 2007, le Maryland Institute College of Art a organisé une exposition mettant en vedette les participants au programme de résidence d'artiste du Château Rochefort en Terre. Des documents documentant la vie de Trafford Klots sont dans la Maryland Historical Society.

Trafford KLOTS, témoin de la vie des Sinagots:

 1952 Squall Senne décadré

Squalle senne : Bourrasque: une vue du littoral de Séné

KLOTS Traffords Fishermen coming in at Séné decadré

Fishermen coming in at Sene

Retour de pêche à Séné: on identifie la cale du Badel

Klots vue Port Anna

Port Anna 


Fishermen drying their nets

Pêcheurs faisant sécher leur filets : on identifie le village de Cadouarn

Workman on the Pier

Workman on the pier:

on reconnaitla cale de saint-Armel avec en fond la côte de Moustérian

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les dictionnaires sont bien utiles pour expliquer ce qu'étaient les vieux métiers d'autrefois...

Receveur buraliste. Préposé de la régie chargé de recevoir les déclarations des redevables et de percevoir les droits. Si l'on ajoute 8 676 facteurs ruraux, 1 000 agents de bureaux de distribution des lettres, et 8 840 receveurs buralistes des contributions indirectes, le personnel des finances se compose de plus de 80 000 agents (Vivien, Ét. admin.,t. 1, 1859, p. 176).

Cette définiton, extraite du dictionnaire en ligne du cnrtl.fr, reprend une citation, elle même extraite d'un ouvrage intitulé "Etudes Administratives" publié en 1859 et traitant de l'administration française de l'époque. Son auteur Alexandre François VIVIEN [3/7/1799-7/6/1854] eut droit à une 3° ré-édition posthume.

1859 Vivien effectifs

L'extrait page 176 donne les effectifs du Ministère des Finances de l'époque qui regoupe les agents des Contributions Directes, les Perceptions, les agents de l'Enregistrement et du Timbre, les agents des Forêts,les agents des Douanes dont de nombreux "actifs" étaient présents à Séné, les agents des Contributions Indirectes, les agents des Postes, de la Monnaie, les Facteurs Ruraux, les employées des Bureaux de Distribution des Lettres, les Receveurs Buralistes des Contributions Indirectes.

Quatre Vents Receveur

Aux côtés des paludiers qui produisaient du sel dans les marais salants à Séné, cohabitait l'administration des douanes. Suivant leur importance, les casernes abritaient un brigadier, un sous-brigadier qui encadraient plusieurs prépoasés des douanes. A la caserne des Quatre-Vents, officiait un receveur des douanes dont les tâches devaient être de payer les soldes des agents des douanes et de recouvrir les taxes sur la commerce du sel.

L'Administration Fiscale était également présente à Séné avec ses receveurs buralistes.

1861 LAYEC Recevur Buraliste

En 1861, le Receveur Buraliste des Contributions Indirectes de Séné est Gervais LAYEC comme l'indique sa mention sur l'acte de décès de son épouse Anne LE GARGAN [2/4/1809 St-Avé-19/9/1861-Séné]

1841 Payec Gervaix Marchand de tabac

Au dénombrement de 1841, Gervais LAYEC [31/10/1808-St-Avé- 4/3/1895 Vannes] déclarait déjà la profession de "marchand de tabac". L'Etat avait le monopole de la vente de tabac par le receveur buraliste. Lors de la naissance de son 4° enfant en 1849, il déclare la profession de "Débitant de Tabac". M. LAYEC décèdera à Vannes à l'âge remarquable de 86 ans. Le nom de "Receveur buraliste" semble apparaitre à partir du Second Empire [1851-1870]. Les mots buraliste et bureau de tabac sont parvenus jusqu'à nous.

1874 Rondouin receveur

Eb 1873, le bureau des débits de tabac est constitué pour assurer la gestion des parts des redevances sur les débits de tabac de première classe et emploie des receveurs buralistes de première classe.

En 1874, le receveur buraliste s'appelle Felix Louis RONDOUIN [ca 1817 Carentoir-17/5/1883 Séné] comme l'indique cette mention sur l'acte de décès du Sinagot Le Meut. La famille Rondouin nous a laissé de "belles" tombes au cimetière de Séné.
1884 RONDOUIN Victor buraliste

A son décès le poste de receveur buraliste de Séné sera occupé par la garde maritime. Jean Joseeph CHAMPETIER [27/12/1816 Chandolas - xxx] est un ardéchois devenu gendarme maritime. Marié à Brest le 19/2/1849 avec Marie Jeanne NICOLAS [17/7/1820 Guingamp - 24/8/1856 Nantes], il est veuf et père d'une fille mariée le 22/10/1873 quand il déclare être garde maritime à Séné. Il conservera la fonction de receveur buraliste à Séné jusqu'en 1885, date à laquelle son nom apparait comme témoin de mariages à Séné.

1884 Champetier Buraliste

Vers les années 1890, le Receveur buraliste désigne un emploi souvent réservé aux anciens combattants, ou victimes de guerre, à la fois commerçant qui vendait du tabac monopole d’état, et qui perçevait les taxes sur les alcools et leurs transports (contributions indirectes).

1901 SEVIN Receveur Buraliste

Au dénombrement de 1886, on note que Mathurin SEVIN [21/12/1838-1/12/1901] ancien brigadier de gendarmerie à Cléguérec, est receveur buraliste à Séné. On connait bien Sevin qui sera un candidat malheureux aux élections muncipales de 1901 et mourra d'une étrange noyade la même année. A son décès un certain LAURE en poste à Radenac est nommé sur Séné comme l'indique cet extrait de Ouest Eclair daté de septembre 1902.1902 LAURE receveru buraliste

Le dénombrement de 1901, nous donne Vincent Marie COCARD, marin en retraite et marchand de tabac installé à Montsarrac. Le métier de receveur buraliste va se détacher de la vente de tabac au profit de comerçants.

receveur buraliste

1906 LE BRAS Receveur buraliste

Au dénombrement de 1906, Théophile Eugène LE BRAS [10/12/1860 Brest - xx ] est en poste à Séné. Natif de Brest, cet ancien maréchal des logis au 28° Régiment d'Artillerie de Vannes a épousé Marie Perrine JEHANNO [4/2/1858 Vannes- xx ] cabaretière à Vannes, veuve de Jean Marie LE FOL [21/12/1859 - 2/11/1892], cabaretier.

1913 Annuaire SENE

Dans l'annuaire du Morbihan de 1913, LE BRAS a sa mention aux côtés des personnages importants de Séné. Le Bras restera buraliste à Séné jusqu'au moins 1921 quand il est encore pointé lors du dénombrement. Si on s'attarde un peu on note que la vente de tabac est répartie entre le receveur buraliste et la cabaretier Jean Louis LE DOUARIN de Cadouarn.

1926 Receveur Buraliste Guelzec

En 1926, le recensement nous indique que Patern LE GUELZEC [28/12/1885-27/16/1950], est alors le buraliste de Séné.1925 receveur Guelzec

Au recensement de 1931, il est secrétaire de mairie. Il semble que le poste de receveur buraliste ait été supprimé entre-temps. La mairie a embauché Le Guelzec après avoir remercié un certain Michel JOSEPH qui occupa ce poste quelques mois.

D'ailleurs, les bureaux du receveur buraliste étaient situés non loin de la mairie à l'actuel n°5 de la place de la mairie. Cette maison, fortement remaniée, fut le siège du receveur buraliste, puis à sa fermeture, il devint le café Allano, dans les années 1960, l'atelier du réparateur de vélo Balacon avant de devenir la siège de la première Caisse d'Epargne de Séné et aujourd'hui, une annexe de la mairie.

Bourg Recette des Postes 2

Après guerre, l'administration fiscale se ré-organise et la commune de Séné perdra son receveur buraliste. Elle n'accueillera pas de perception municipale comme d'autres communes.

Les bars-tabacs d'aujourd'hui, qui ornent leur carottes sont les "héritiers" de cette administation fiscale née sous Napoléon.

1926 LE DOUARIN famille Cadouarn

1925 Cadouarn Le douarin

Lors de ce recensement de 1926, Jean Louis LE DOUARIN [11/8/1874-26/3/1948], installé à Cadouarn à l'emplacement actuel bar-tabac "Aux Joyeux Sinagot", déclare également l'activité de débitant de tabac. Sa fille,  Marie Louise LE DOUARIN [16/10/1902-4/12/1973] épouse Jouan « Marie Lechat, reprend le bar-tabac d'env. 1932 à 1948. Ensuite, sa soeur . Véronique LE DOUARIN [3/7/1911-12/11/1990] reprendra le bar-tabac  Les murs échoieront à son fils,Marc LE CLECH, dont le père Pierre LE CLECH fut facteur axiliaire à Séné.

A partir des années 1950, le bar-tabac de Cadouarn au n°51 Rue du Moulin, sera tenu ensuite par une succesion de gérants cafetiers-buralistes. Il prendra le nom de "LES JOYEUX SINAGOTS » en  19xx.:

Mme JUHEL (mère de Maurice) 1956 (2 ans); ??? LE REST frère de Simone LE REST; Simone LE REST (1929-2017) épouse d’André LE ROY; Guy et Françoise LE DEVEDEC;.

1989 1998 Joyeux Sinagot

Jean Pierre CONAN repris le commerce en 9/2000. Depuis 9/2009, la bar-tabac de Cadouarn "Aux Joyeux Sinagots" est tenu par les buralistes Nathalie PILTE et Eric MAUNY. En mai 2022, Fatima et Georges CORREIA ont repris l'établissement du village de Cadouarn.

Joyeaux Sinagot PUB

220510 Cadouarn changement

Pedrono bar tabac

La cission entre les activté fiscales du receveur buraliste et la vente de tabac et cigarette affectera ausi le bourg de Séné. La bar des Robino tenu par "Tante Bélie" a du récupérer dans les années 1925-1930 la vente de tabac.Mme Maggio se souvient: "la Tante Bélie vendait du tabac "à la coupe" et aussi du tabac à rouler. Quand elle a arrêté, la vente de tabac a été confiée à l'Hôtel Restaurant Guillonnet et ensuite Marie-Claire a récupéré la vente de tabac.". L'actuel bar-tabac du bourg, Le Séné Marin" est l'héritier du receveur buraliste Gervais Layec.

Penru tabac hotel 2

Un troisème bar-tabac de Séné naitra au Poulfanc. L'ancien café de la Veuve Penru, puis de Lucien PENRU, deviendra un hotel-bar-restaurant sur la route de Nantes. Son héritier, le tabac-presse Arze, dispose d'une licence de buraliste officiellement depuis.

Chez Penru

2021 tabac presse Arze

 Au 1er juillet 2022, la famille Arze cède l'entreprise à la société Le Pourquoi Pas basée à Vannes de Lucie Brunet et Jean Charles Logeais qui reprend le tabac-presse Le Poulfanc.

 

 

 

 

 

 

 

Très peu de peintres se sont intéressés à Séné avant la démocratisation de la peinture.

Parmi ces artistes, on citera Jean FRELAUT ou André MERIEL-BUSSY. Le peintre Arthur MIDY s'est également attardé dans les années 1920 à Séné. En 1923, alors que Mériel-Bussy loge chez les Robino au bourg, Arthur MIDY vient également explorer les terres sinagotes et logea à la même enseigne.

Midy pardon grille

Lors de cette halte à Séné, il a peint un pardon de femmes de Séné à la coiffe blanche, en procession sur le Pont Lisse, là où quelques mois avant ou après, passa l'enterrement d'un enfant cher à Mériel-Bussy. Cette huile sur toile est un rare témoignage de la ferveur chrétienne des Sinagotes. Ce tableau offre une vue du Pont Lisse autour de 1923-24. On y reconnait l'église Saint Patern, les anciens oiellets du marais de Languersac.

Ce tableau n'est pas sans rappeller le Pardon à Saint-Cado de Louis Marie DESIRE-LUCAS peint en 1909, là aussi sur une digue de pierre.(Huile sur toile 201,5 x 300cm - Musée des Beaux-Arts de Quimper).1909 LUCAS Pardon St Cado CP

Arthur MIDY nait le 18 mars 1877 à Saint-Quentin dans l'Aisne, au sein d'une famille modeste; son père est menuisier et sa mère est ménagère. Il est repéré alors qu'il n'a encore que treize ans. Sa ville natale lui attribue alors une première bourse d'études de 240  francs puis, trois ans plus tard, une seconde de 800 francs lui permettant de suivre, à Paris, les cours des Beaux-Arts, ce que confirme sa fiche de matricule.

1897 Midy Etudiant Paris

Parallèlement, il s'inscrit à l'Académie Julian. Il n'a alors que 17 ans. Quatre ans plus tard, le jeune homme terminera 4°e sur 400 de la première épreuve éliminatoire du prix de Rome. Artiste précoce, mais aussi artiste extrêmement fécond, Arthur Midy peint sans relâche. En 1905, il a 28 ans, il découvre Le Faouët, certainement par l'entremise d'un autre peintre, le Britannique Claude Marks. La petite commune du centre-Bretagne est alors un point de chute incontournable pour de nombreux artistes français. Cette découverte pourrait aussi être appelée un coup de foudre. Arthur Midy est conquis, tout simplement. Il finira même par s'installer dans la commune, en achetant une maison dans la périphérie du bourg. Il installe son atelier dans le centre où il travaille d'après modèle ou à partir de croquis rapportés des environs. 

Le 15/11/1906, il se marie à Paris V° avec Marie Berthe Clarisse BENOIT, artiste peintre comme lui.

1926 M et Mme MIDY

Durant l'entre-deux-guerres, il étend son inspiration au Finistère et à tout l'Ouest du Morbihan. Son ami Henri Alphonse Barnoin le rejoint au Faouët.

1911 midy expo

Il participe aux expositions du Salon des Artistes Français de 1897 à 1928 et il reçoit en 1914 une médaille d'argent. Il y croise certainement son cadet Mériel-Bussy primé en 1923. Il voyage aussi dans le Nord de l'Italie.

En 1914, c’est lui et David-Nillet qui inaugureront le premier Musée du Faouët, qui à l’époque se résume à une salle de la Mairie. 1918 Midy Sergent Infirmier

Pendant la Grande Guerre, le peintre est mobilisé en tant qu'infirmier. En 1921, Arthur MIDY est nommé expert auprès de la commission de restitution des œuvres d’arts saisies en France par les Allemands. C’est comme cela qu’il rencontrera Émilie Maïer, qui deviendra sa deuxième femme en 1938.

En 1923, il vient à Séné et peint son Pardon qui sera exposé au Salon des Beaux-Arts de Lorient où le peintre exposera régulièrement. Durant toutes ses années, il passe progressivement de la peinture académique à la touche franche et frémissante, portant de plus en plus d’attention à la vibration de la lumière et aux couleurs. Il peint beaucoup sur le motif, sillonnant la campagne à bicyclette. Son œuvre est d’une grande richesse ethnographique. Il peindra un peu partout dans le Finistère et le Morbihan.

1925 Midy Pardon

1925 07 midy 2

Il épouse en secondes noces le 25/11/1938 à Lorient Emilie Elise MAIER [26/2/1893 Manheim-8/3/1944], femme d'origine allemande. Le couple loue une maison au Faouët sur les arrières du bourg. Arthur Midy a son atelier au coin des rues de Quimper et du Carant du Four, face à l'école des Soeurs.

A quelques mois de la Libération, il est assassiné par des résistants en mars 1944 avec sa femme et un agriculteur Pierre CEO [à rechercher]. On reprochait au peintre, de s'afficher trop ouvertement avec des Allemands des troupes d'occupation.

1944 03 Midy assassinat

1944 004 Midy assassinat

1944 Midy assassinat

« Quelques éléments du rapport des RG au lendemain de l'attentat :
– meilleurs relations entre les Midy et les Séau ;
– marché noir avec les troupes d'occupation pour Séau ;
– esprit collaborationniste et mauvaise considération pour les Midy;
– dénonciation pour tous. (...)
Très tôt, la maison Midy est apparue aux yeux de la population comme une maison particulièrement accueillante, non seulement aux officiers en garnison au Faouët, mais à ceux de tout le secteur. (...) les restrictions n'ont pas cours chez les Midy (...) Arthur Midy en rajoute en exposant dans son atelier un tableau représentant un officier allemand (...) ses affaires prospèrent depuis que les Allemands sont là (...) le « magot » qu'il a fait mettre en sécurité chez le greffier de paix de la localité paraît confirmer la soudaine prospérité de son commerce de toiles (...). Très tôt, ce couple apparaît aux Faouétais comme adepte convaincu de l'ordre nouveau. (..) par exemple le mot d'ordre de la BBC demandant aux Français de rester chez eux le jour de l'an 1941(...). Il n'y a qu'un homme à emprunter à cette heure-là les rues désertes du Faouët : Arthur Midy. (...) Le temps est venu où l'on ne plaisante pas avec ce genre de choses. Comme publiquement souhaiter la victoire de l'Allemagne et se vanter de mettre en prison qui il veut. Non significatifs pris isolément, ces gestes, ces paroles, ces actes font naître la certitude que ce couple est potentiellement un couple de collaborateurs. »

Plusieurs musées conservent de ses oeuvres:
• Musée des Beaux-Arts de Quimper :
-Le Vieux Buveur
-La Fontaine Sainte-Barbe au Faouët
• Musée du Faouët :
-Effet du soleil, un jour de foire [au Faouët] (vers 1913, huile sur toile)
-Vieux Breton place des halles Le Faouët
-Réparation du toit de la chapelle Saint-Fiacre
-Femmes au marché du Faouët

 

La Révolution crée les communes qui se substituent aux paroisses. Les maires récupèrent la gestion des actes d'état civil. Les baptêmes, les mariages et les sépultures déclarés chez le recteur ou le curé sont remplacés par des actes de naissance, de mariage et de décès qu'enregistre l'Officier d'Etat Civil.

Le tout premier secrétaire de mairie.

1802 Coleno secretaire

Lors de la naissance de sa fille, Jean COLENO déclare la profession de secrétaire greffier à Séné.  Jean COLENO [18/10/1772 Billiers-24/2/1808 Séné] est l'époux de Marie BOUILLY, la fille du meunier de Cantizac. C'est un notable. Son oncle n'est autre que le recteur de la paroisse. Lors da la naisance de son 4° enfant, il déclare toujours être secrétaire greffier, fonction qu'il conservera jusqu'à son décès à l'âge de 36 ans. Séné compte alors 1.667 hab.

.../... poursuivre les recherches 

Le dénombrement de 1841 ne mentionne pas de "secrétaire de mairie". En existe-t-il un? Vit-il sur Séné?

On retrouve la trace d'un autre secrétaire de mairie en 1855, quand Pierre Marie LOISEAU [18/8/1819 Billiers-15/05/1858 Malguénac], alors instituteur public de Séné au bourg, est nommé par le maire de l'époque, Mathurin Le Douarin. Séné compte alors 2.554 hab.

1855 4 Loiseau Secretaire mairie

Cet article de 1905 nou sinforme que Jean Marie BOURDIC [2/11/1817 - 28/12/1904], paludier de son état fut de nombreuses années secrétaire de mairie et ensuite bedeau ou sacristain à l'église de Séné. Il assista à la destruction de la vieille église et apprécia la nouvelle église de Desperthe.

1905 Bourdic Jean marie Secretaire mairie

.../... poursuivre les recherches 

Au dénombrement de 1886, on ne retrouve pas non plus la mention d'un secrétaire de mairie mais il manque des pages à cette archive.

Les dénombrements de 1901 à 1926,  nous indiquent que Joseph Yves GIRARD [21/1/1863 Séné - 21/11/1927 Séné] est le secrétaire de mairie. Natif de Séné, il le fils d'un préposé des douanes en poste au bourg de Séné. On sait qu'il sera aussi le correspondant local de l'Ouest Républicain et qu'il mariera ces deux filles le même jour. Cette généalogie nous montre que la famille Girard est partie prenante de la vie sinagote. Le secrétaire de mairie s'est marié avec la fille d'un maître de cabotage. La famille perdra deux de ses membres pendant la 1ère guerre mondiale et la guerre d'Indochine. Durant son "mandat", entre 1901 et 1926, la population de Séné décroit de 2.780 hab à 2.440 hab.

1901 Secretaire GIRARD avec sa mère ALLIN

Dénombrmeent de 1901

1901 Girard Joseph Yves

1926 GIRARD Secrétaire

Dénombrement de 1926

A la suite du décès de Joseph Girard, Michel JOSEPH, ancien institueur, est nommé puis remercié par Patern LE CORVEC.

1926 Receveur Buraliste Guelzec

De 1928 à1936, c'est le Sinagot Patern GUELZEC [28/12/1885-27/16/1950] ancien receveur buraliste au bourg, ancien combattant de 14-18 qui assurera la fonction de secrétaire de mairie. Séné continue une décroissance démographique qui conduira la population à 2.091 hab à la veille de la 2° Guerre Mondiale.


1928 08 GUELZEC Patern bis

1936 Le Guelzec secretaire

Dénombrement de 1936

1930 mairie employe Menard

Sous la mandat de Henri MENARD, la commune de Séné emploie 7 personnes réunis sur cette photo aux côté de M. le maire et son épouse, dont principalement des femmes sans doute pour le nettoyage des écoles et la cantine?

.../... poursuivre les recherches 

Le recensement de 1962, nous donne le nom du secrétaire de mairie, Gaston Louis Roger GUILLOCHON [15/12/1913 Paris XIV - 3/9/2000 Ploërmel] qui finira sa carrière à Séné. 

1962 Guillochon Secretaire

A son départ, Gilles GALLET (à confirmer) prend le poste mais ne reste que peu de temps à Séné.

En 1983, après les élections remportées par l'équipe de Francis POULIGO, Jacques MONTFORT, natif de Landivisiau, est nommé Secrétaire Général. Séné compte alors 4.599 hab et la ville emploie 33 personnes. Il restera en poste jusqu'en 1996. Marié à une Sinagote, il s'est établi dans la commune qu'il a adminsitré pendant plus de 12 ans. En 1990, le nombre total des employés municipaux s'èlève à 58 personnes.

1983 Monfort Jacques 2

1983 12 Monfort 1

1990 01 Montfortl

1990 01 Personnel communal

En 1996, Marcel Carteau nomme Claude SAUREL secrétaire général, poste qu'il quittera en mai 2000. La commune compte alors 7.868 hab et les services de la commune emploent env. 50 personnes.

Depuis le 1er avril, le maire procédait au recrutement d'un secrétaire général, à la suite du départ de Jacques Montort pour Ploëren. Choisi parmi pluieurs candidats, Claude Saurel a été nommé et prendra ses fonctions le 1er juillet. Agé de 33 ans et père d'un enfant, Claude Saurel a toujours exercé dans des villes supérieures à 10.000 habitants (Vitrolles, 39.000 habitants; Saint-Herblain, 434.000). Recruté par détachement (procédure complexe) il reste attaché à la commune de Vitrolles tout en exerçant et étant rémunéré par la commune de Séné. Le détachement normal est de cinq ans entre collectivités et renouvelable après accord. Se rapprocher de sa famille Il a souhaité venir à Séné pour se rapprocher de sa famille habitant sur Vannes et Grandchamp, et ainsi bénéficier des atouts du golfe du Morbihan. Titulaire d'une formation d'ingénieur et d'un DESS (certificat d'aptitude à l'administration des entreprises), Claude Saurel a effectué différents stages, notamment à EDF et à la DDE.

(Le Télégramme 23 avril 1996)

1996 07 Sene SAUREL 2

1998 Saurel DGS

A l'été 2000, Marc CHAPIRO qui occupait la fonction de secrétaire général, est démis de ses fonctions par le maire Patrick SALLIC qui recrute en octobre Shahira JOURDAIN à ce poste. Entre temps, le Tribunal Administratif réintégrait l'ancien secrétaire dans ces fonctions. Séné comptera jusqu'à la retraite de Marc Chapiro, deux secrétaires de mairie, un en fonction et l'autre qui sera rétribué mais n'exerçera pas jusqu'à son départ en retraite.2001 10 Sene Secretaire

Shahira JOURDAIN restera en poste en Séné jusqu'en mars 2005. Née à Alexandrie, où elle fait ses études au lycée français, puis à l'université avant de venir à Paris terminer ses études de Lettres. Après des débuts comme traductrice-interprète, elle prépare les concours de la fonction publique pour devenir cadre A. Nommée, en 1985, secrétaire générale de mairie à Montreuil (02), c'est en mars 1996 qu'elle se fixe en Bretagne, à Noyal-Muzillac, puis à Séné où elle occupe depuis octobre 2001 la fonction de Directrice générale des services. En mars 2005 elle part pour la ville de Cannes. 

Daniel BOISSON rejoint la ville de Séné  en décembre 2005 et occupera le sfocntions de secrétaire général jusqu'en 9/2012.

2005 12 Boisson Daniel

2012 09 BOISSON Daniel Portrait départ

Depuis 1/2013 Céline MESSINA est la titulaire du poste de secrétaire générale de la commune de Séné
2021 Messina Céline

Originaire de Rouen, Céline MESSINA prend en charge la direction générale des services, à la suite du départ de Daniel Boisson.  Elle a exercé les fonctions de directrice de CCAS (centre communal d'action sociale) en Haute-Garonne et de DRH (directrice des ressources humaines) à la Ville d'Evreux, 50 000 habitants et 2 000 agents municipaux. A Séné, à son arrivée elle encadrait 120 salariés pour une population de 8.821 hab. Selon le rapport social de 2022, la ville de Séné employait 137 agents pour une population de 9.155 hab (Insee) ou 9.647 hab(donnée DGF).

2022 Mairie effectif

 

 

LE BAR TABAC DU BOURG DE SENE

1925 rue principale

Cette photo, extraite du livre d'Emile MORIN, Le Pays de Séné, montre la rue Principale au bourg de Séné. Au second plan la boulangerie Robino avec devant une charrette prête à emporter le pain pour la tournée dans les nombreux villages de la commune. Au premier plan à gauche, à la hauteur de la voiture automobile, était situé un café-hotel-restaurant tenu par un membre de la famille Robino.  Sur sa gauche, l'ancienne épicerie du bourg.

Mais à l'origine il y avait là une boulangerie...

1810 cafe Bourg 2

Cet extrait du cadastre de 1810 montre le bâtiment de l'actuel bar-tabac. L'appendice arrondi signale un des deux fours à pain du bourg de Séné. Le cadastre de 1844 nous montre le même bâtiment. La boulangerie perdurera jusqu'aux années 1890 et deviednra un café. Quant à l'épicerie Janvier, elle sera construite ultérieurement.

Bar Tabac Robino

Après la première Guerre Mondiale, la famille Robino-Janvier a "tissé sa toile". Jean Marie ROBINO est boucher place de l'Eglise; sa soeur Jeanne Marie ROBINO, dite "tante Bélie", est restauratrice, épaulée par une enfant de l'asssistance, Jeanne Suzanne BAUDERO; elle a logé les peintres André Mériel-Bussy et Arthur MIDY lors de leurs venues à Séné. Son autre soeur, Anne Marie Françoise ROBINO, veuve de Guillaume JANVIER, épaulée d'une enfant de l'assistance, Madeleine LAURE, gère l'épicerie du bourg

A quand remonte la vente de tabac dans ce café de Séné, qui en comptait une grand nombre au bourg et dans les villages?

1930 rue de Sene JANVIER Joseph

 1947 Rue principale de Sene

Tante Bélie (Jeanne Marie ROBINO) ne se mariera pas, si bien que la café passe à la famille de son frère Auguste Joseph ROBINO. 

Marie Madelaine Maggio se souvient: "Tante Belie a tenu la bar presque jusqu'à son décès en 1958 ensuite cela devait être son neveu Auguste ROBINO, la marie de Marianne qui devait tenir le bar mais il était décédé en 1955. Alors, c'est une employée de Tante Bélie, Marie ROLLAND qui a tenu le bar jusqu'à ce que Marianne ait pu laisser la boucherie à sa fille Marie-Claire (1960). A cemoment-là, Marie ROLLAND a tenu un bar près de l'Eglise au coin de la rue des Vierges.
Marie-Claire et Eugène LE GALLIC ont tenu le bar quand ils ont vendu la boucherie vers 1978. Ils ont venu le fond de commerce à Julien Pédrono en 1988. Marie Claire m'a dit que la Tante Bélie vendait du tabac "à la coupe" et aussi du tabac à rouler. Quand elle a arrêté, la vente de tabac a été confiée à l'Hôtel Restaurant Guillonnet et ensuite Marie-Claire a récupéré la vente de tabac.

1964 LE GALLIC Robino

Sur cette capture d'écran, extraite du film de Bernard Moisan de 1964, on peut voir les aménagements effectués avec notamment l'entrée de l'établissement portée à l'angle de la Rue de la Fontaine et de la rue principale. Eugène LE GALLIC [3/12/1930-19/4/2016] conservera son établissement qui portait le nom LE RENDEZ VOUS DES SPORTIFS, jusqu'en 1987. A sa retraite, M. LE GALLIC deviendra Président du Football Club de Séné.

1986 06 Bar Le Gallic Eugène

 1970 rue principale

La famille Rocard dispose d'une maison familiale sur l'île de la Garenne où l'homme politique en vue sera interviewé en 1979.Michel ROCARD [1930-2016] sera présent à Séné lors de l'inauguration du collège. Lors de ses passages à Séné, il lui arrviait de fréquenter le scommerces dont le tabac-presse du bourg comme ici en mai 1988.1988 01 Rocard tabac Séné

Pedrono bar tabac

860 loto 1976

Jocelyne et Julien PEDRONO reprennent le 1er avril 1987, la café du bourg qu'il nomme le Bar des Sports. Deux ans plus tard, ils ajoutent à la représentation du Loto National, celle du PMU. Beaucoup de Sinagots qui allaient le dimanche faire leur tiercé sur Vannes, le font désormais au bourg. Cette afflux de clientèle dominicale dynamise la boulangerie de la place de l'Eglise. A la même époque, de nombreuses associations sportives peuvent organiser leurs assemblées et leurs repas dans des salles mises en place par la mairie. Le Bar des Sports est de moins en moins le lieu de rendez-vous des sportifs amateurs de la commune.

1990 PEDRONO Julien BAR PMU

1995 Zitrone

M. Pédrono se souvient d'un autre client célèbre qui a fréquenté son établissement: Léon Zitrone [25/11/1914-25/11/1995]. Le journaliste, animateur de télévision, avait acheté une maison à Montsarrac pour sa fille et son gendre convalescent. 

M. Pedrono sera aussi à l'origine de la "résurrection" du bar-brasserie Le Suroît route de Nantes.

Roger et Françoise GARNIER reprennent la bar-pmu du bourg en avril 1999 et le rebaptisent LE SPORTIF

1999 04 Garnier Bar PMU bourg
2002 06 GARNIER Le Sportif

 Vers 2006, Hervé et Magali BESNARD reprennent l'établissement qu'ils conserveront pendant 10 ans.

2006 BESNARD Magali Herve

Au printemp 2016 le café est repris par Jean Pierre et Frédérique LOHEAC et adopte le nom LE SENE MARIN.2016 LOHEAC Frederique Jean Pierre

2019 sene marin

2019 le sene marin bar tabac loto presse pmu sene

En avril 2022, le bar-tabac du bourg est repris par Christophe et Cyrielle MANÇAUX originaire d'Auray.

2022 MANCAUX Cyrielle Christophe

En janvier 2024, la SABRIVO de Ivonig GOUELLO et Sabrina GLOANIC arrivant de Campbon, reprennent le Séné Marin.

 

Les Archives du Morbihan ont fait un énorme travail de numérisation de la presse ancienne. Des années 1850 à 1950, un siècle de journaux, de quotidiens et de revues sont disponibles en ligne.

Titre journaux

Dans le Pays de Vannes et à Séné, des titres tels que L'Arvor [1895-1909], le Journal de Vannes [1863-1878], l'Avenir du Morbihan [1876-1944], étaient diffusés à diverses époques et nous laissent aujourd'hui un fond d'articles évoquant Séné, qui sont souvent cités dans les pages de wiki-sene.fr.

Comment étaient remontées les informations de Séné jusqu'aux rédactions à Vannes ou Lorient? Il est certain que les informations sur l'état civil, fréquentes à cet époque, devaient arriver au siège des journaux par l'intermédiaire des officiers d'état civil à Séné, pendant longtemps, l'unique secrétaire de mairie...

1924 girard secretaire mairie

En 1924, Joseph Yves GIRARD marit ses deux filles le même jour à Séné. On apprend à la lecture de cet article de presse et de l'acte de mariage, que M. GIRARD est secrétaire de mairie et également le correspondant de l'Ouest Républicain [1922-1942] qui disparaitra comme tant d'autres pendant l'Occupation et pour réapparaitre à la Libération sous un autre nom. 

LA LIBERTE DU MORBIHAN s'implante à Vannes:

La Liberte du Morbihan 2

Tel est le cas de LA LIBERTE DU MORBIHAN [1944-1995] héritière du Nouvelliste du Morbihan . Le journal de Lorient arriva à Vannes dans les années d'après guerre. 

Jean Richard se souvient: "J’ai bien connu le distributeur du journal La Liberté , il faisait la navette tous les jours Lorient/Séné avec un fourgon 203 Peugeot . Nous appelions le livreur "4 à 4 "car il montait nos escaliers à toute vitesse. Il s’arrêtait chez nous au retour pour prendre des paniers d’huîtres qu’il remettait chez un oncle habitant à Lorient , il nous donnait un journal ! A Cadouarn le dépôt de La Liberté se trouvait au bureau tabac actuel . L'origine du "porteur de journaux" remonte aux plaintes de lecteurs qui recevaient tardivement le journal distribué par le facteur vers midi pour les derniers." Le démarage du portage aurait commencé à la fin des années 1960.

Le maire honoraire, Francis Pouligo pointe aussi" l'avancée qu'a constitué la mise au normes des boîtes aux lettres". Cela a permis au porteur de journaux un gain de temps et il a arrêté de déposer le journal sur la paillasson au perron des habitations ou dans un morceau de canalisation PVC.

A partir des années 1980, Emile MORIN [3/12/1925 – 22/07/2016], ancien employé du journal, établi à Séné, sera le premier correspondant de presse sinagot. Collectionneur de cartes postales anciennes, on lui doit également le livre "Le Pays de Séné".

M. Emile Morin

Le Siangot

LE SINAGOT : Il faut également citer ce bulletin paroissial de l'Abbé LE ROCH: Fort d'un atelier de photocopies au sein même du presbytère, le recteur était devenu, en marge de son activité de prêtre, "imprimeur, rédacteur, gérant" un 'auto-entrepreneur',rédacteur en chef du mensuel "Le Sinagot", véritable "organe de presse local". Lire article dédié.

Le Télégramme de Brest s'implante à Vannes : 

Le Telgramme 2007

Le Télégramme de Brest apparait à Vannes en 1995 après avoir repris les abonnés de La Liberté du Morbihan. Les premiers numéros sortent sur le nom du Télégramme de Vannes. La première correspondante pour Séné est alors Liliane BAUCHE., ancienne conseillère municipale du maire Albert GUYOMARD.

Le journal profite du déménagement à Séné de sa pigiste, Monique MARTIN pour lui confier la correspondance pour notre commune. Pour Mme Martin, qui a un emploi par ailleurs, l'activité de correspondant lui permet de s'adonner à une forme d'écriture par la rédaction des articles, de sortir de son quotidien professionnel et de découvrir beaucoup d'aspects de la vie d'une commune. En 1998, elle est remplacée pour quelques mois par Gaëlle RAUD. Puis elle repart assister aux assemblées d'associations, aux conseils municipaux, aux inaugurations, aux kermesses et autres mainifestations sinagotes. Lors de son départ à la retraite, elle ne souhaite pas conserver cette activité de correspondante du journal.

Alexandra DANIEL et Jeannine ETIENNE s'essayent à cette fonction. En janvier 2003 Gilles FLEURY devient le correspondant du journal de Morlaix. Il restera fidèle au poste jusqu'en 2013.

Françoise ANTOINE, ancienne conseillère municipale à Séné de l'équipe Carteau, assurera le lien du Telégramme avec les Sinagots jusqu'en 2016.

Sophie DUBOC lui succède en 2016 et passera la flambeau en 2020? à Laurence DALPAYRAT. actuelle correspondante du TELEGRAMME pour Séné.

1975 bulletin municipal

LE BULLETIN MUNICIPAL: wiki-séné a pu consulter un des tout premiers bulletins d'informations municipales. Il s'agissait à l'époque du maire Albert Guyomard, de feuilles dactylographiés et polycopiées et agrafées ensemble.

Jean RICHARD se souviens:"Dans les années d'après guerre, c'était le garde-champêtre qui annonçait sur la place de la mairie les principales décisions du conseil municipal".

Sous le mandat de Francis Pouligo, apparait un bulletin municipal sorti de chez un imprimeur. Dans ces bulletins, les maires (Pouligo, Carteau) avaient à coeur d'y insérer les comptes rendus des conseils municipaux, des dossiers explicatifs, le budget de la ville. C'était alors un vrai organe d'informations à la lecture exigente et c'est encore un fond intéressant pour l'historien local. Au fil du temps, ce bulletin s'est appauvri en informations utilse au citoyen électeur au profit de pages illustrées qui rendent compte "del'air du temps" à Séné". 

Bulletin sene 2

 Le Ouest-France succède au Ouest-Eclair:

1989 OF Une titre

A la Libération, l'Ouest Eclair [1899-1944] laisse la place à Ouest-France de Rennes qui assurera une édition à Vannes à partir de 19xx..

Pascal Dagouassat se souvient: "Nous achetions le journal surtout à la boulangerie, (La boulangerie Robino passant à domicile nous l'envoyait) ou par le facteur ( il fallait attendre son passage pour avoir le plaisir de lire le journal). Mon cousin Loulou Le Menach a livré le journal pour le Télégramme, sinon beaucoup de sinagots ont livré le journal"

Ouest France Lariflette

Jean RICHARD se rapelle: "Beaucoup de gens achetaient Ouest France pour lire les aventures de Lariflette ,
Tous les jours il y avait un dessin au bas d’une page ! ". La BD de Daniel LABORNE sera paraitra dans le quotidien de 1946 à 1988.img769

Dans son numéro daté de janvier 1987, le bulletin Municipal nous donne le nom de la correspondante du journal, Marie Claire MONNERAYE [1936-2017].  Etablie avec son mari à Séné en 1972, elle sera conseillère municipale sous le 1er mandat de Carteau. Pour subvenir aux revenus du foyer, elle devient correspondante du journal, activité adaptée à sa charge de mère de 3 jeunes enfants. Elle restera fidèle au poste jusqu'à la fin 1999. Son fils se souvient qu'elle recevait à la maison les Sinagots pour les aider à préparer la publication des obsèques dans le journal, via leur filiale Precom.

Francis DERRIEN succède à Mme Monneraye quelques mois avant que Anne DALMAIS reprenne cette fonction en décembre 2000, qu'elle assurera jusqu'en 2018. Un "véritable temps plein" pour cette Sinagote d'adoption, installée à Séné depuis 1998, qui s'investit dans cette actiivté au contact des Sinagots. En novembre 2013, elle organisa une exposition à Grain de Sel sur ses plus belles photos en tant que correspondante.

Anne DALMAIS se souvient: "Ce qui m'a motivée, tout au long de ces années, a été le contact avec les gens, quels que soient leurs métiers, quelles que soient leurs tranches d'âges, leur implication dans la vie associative ou politique,  culturelle,  sportive, ou encore dans la protection de l'environnement, ou l'enseignement. 

Ce qui m'a motivée a également été de retranscrire, sans jamais trahir,  interpréter ou juger leurs propos, en veillant à reformuler avec eux ce que me disaient les gens.  Et donner aux lecteurs-trices les clés pour comprendre, autant que possible, le "pourquoi du comment" en m'imaginant à leur place.  C'est l'essence même du job de correspondant.  Les journalistes de la rédaction d'Ouest-France ont toujours été disponibles pour répondre à mes interrogations, ou me donner des conseils. C'est important. 
Et enfin, j'ai aimé retranscrire l'ambiance des événements, tendue, joyeuse, festives, studieuses aussi parfois, ou encore le recueillement,  dans les moments plus difficiles, lors des attentats de 2015."

En 2018, Pascal DAGOUASSAT, ancien conseiller municipal et ancien salarié du journal, a repris la correspondance de presse pour le 1er quotidien français.

 

 

 

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