Maires de Séné
- Secrétaire et Secrétaire Général de Mairie
- Les mairies de Séné
- Henri MENARD, un maire moderne à Séné
- Les maires honoraires de Séné
- Les maires de Séné de la Révolution à 1870
- Les maires de Séné sous la III° République
- GACHET & SEVIN, funestes adversaires1901
- LE MOUELLIC, maire pendant la guerre
- ROBERT, maire de Séné 1919-1928
- Les maires de Séné depuis la Libération 1945-80
Source : Abbé Le Roch, Le Sinagot
"Au village de Saint-Laurent, à une cinquantaine de mètres au sud de la chapelle, se dresse la "Croix de St-Laurent". Bien que mutilée, elle reste imposante par ses dimensions, et belle de proportions.
Elle s'élève sur un emmarchement de quatre degrés, aux pierres appareillées. Le piédestal rectangualire en forme d'autel s'agrémente d'une base et d'une corniche saillantes et sobrement moulurées. Sur cette plate-forme est plantée la croix proprement dite. Le long fût polygonal, décoré au pied et au sommet, figure une mince colonne et supporte le groupe sculpté où se dessinent les images de la Crucifixion. Les personnages latéraux se trouvent en porte-à-faux sur des consoles circulaires. Malheureusement manque toute la partie supérieure de ce bloc travaillé dans une seule pierre.
Du côté de l'ouest, subsiste seulement le bas de la croix du Christ et deux personnages qui sont certainement la Vierge et Saint-Jean..
Du côté de la route, il est plus aisé de reconnaître le thème de la Piéta : la Vierge (décapitée) tient sur ses genoux le cadavre de son Fils descendu de la croix....
Elle est encadrée de deux personnages dont on ne distingue plus que l'ample drapé du vêtement impssible de les identifier.
Cette croix qui peut remonter au XVI° ou même au XV° siècle, est sans doute contemporaine des travaux de la chepelle. Sa qualité nous fait regretter les mutilations qu'elle a subies. Mais elle continue de se dresser comme un témoignage impressionnant de la Foi de nos pères et une muette protestation contre le sinjures du temps et le vandalisme des hommes.
Tant que l'anse de Mancel était recouverte à marée haute par les eaux du Golfe, les ilots de Bot Spernem et de Viac Cornec restaient isolés, peu accessibles aux Sinagots.
Le projet d’assèchement du Golfe datait du XVIII° siècle, mais il fallut attendre 1830 pour que le Nantais, Edouard Lorois, devenu Préfet du Morbihan, obtînt finalement la concession et réalisa son endiguement. La nouvelle digue fut dénommée le « Pont Bras » et constitua un nouvel accès entre Moustérian et Montsarrac.(Lire Histoire de l'anse de Mancel).
Dès lors, les nouvelles terres agricoles du polder présentaient un intérêt agricole et localiser une ferme au plus près prenait du sens. Cependant, il fallut attendre ledébut du XX°siècle pour qu'une ferme voit le jour sur l'ancienne île de Viac Cornec.
D'abord nommée, la ferme du Traire, la ferme de Villeneuve apparaît pour la première fois sur une carte en 1912, ce n’est qu’en 1927 qu’il est dénommé sur un plan comme la « ferme neuve ». A cette époque, le corps de ferme semble finit sur ses plus grandes dimensions à l'image des grandes fermes du nord de la France. On parle, dans les années trente à Montsarrac, de la Villeneuve comme la ferme modèle de Fleury, son propriétaire, boucher à Vannes.
Il avait acquis environ 8 ha à M. BROUARD, marchand de bois, qui avait acquis une vingtaine d'ha à Henry François Joseph BOUAN du Chef de Bos, lui même l'yant acquise de Auguste Marie SEPTLIVRES, agronome, membre de la Société d'Agriculture de Vannes, qui la détenait de M. LOROIS, qui avait asséché le marais de Mancel pour y créer un polder. [lire histoire de Mancel]..
Avant la première guerre mondiale, M Fleury développe un élevage de moutons et de chevaux de boucherie. Il cèdera la ferme vers 1935 à M. LE BOLEIS. Comme la ferme de Bilheron, la ferme de la Villeneuve va subir les deux ruptures de la digue de Mancel.
En décembre 1925, une première tempête ouvre une brèche de 20m dans la digue. M. Rohling, propriétaire de l'autre ferme qui exploite le polder, la ferme de Bilherbon, refuse de prendre en charge les frais occasionnés par le colmatage effectué par les riverains. S’ensuit alors un contentieux qui aboutit à la vente sur saisie de la propriété en 1934, qui sera acquise par Pierre LE PELVE, alors fermier. La digue est réparée.
En 1937, une violente tempête coïncidente avec une marée d’équinoxe provoqua un mini raz-de-marée et creusa une énorme brèche dans la digue.Les exploitants agricoles n’obtinrent aucun dédommagement et depuis l’anse de Bilherbon est devenue « domaine maritime ». Après guerre, l'exode rural et la mécanisation agricole renda moins nécessaire le gain de terres agricoles.
Puis la ferme de la Villeneuve devient la propriété de M. Guyomar'ch, patron de l’entreprise agro-alimentaire basée sur Saint-Nolff. Durant cette période les bâtiments sont transformés pour accueillir des colonies de vacances [Lire histoire de l'AVLEJ]. Enfin la ferme devient la propriété du Conseil Général au titre de la TDENS (Taxe Départementale sur les Espaces Naturels Sensibles).
Le Conseil Départemental du Morbihan y loge l'association Voiles & Patrimoine qui y restaure des bateaux et des yoles.
Le plus ancien recensement de la population de Séné date de 1841. Nous sommes sour le règne de Louis Philippe 1er, Roi des Français.
A l'époque on disait également "Etat Niminatif des Habitants". La commune de Séné compte alors 2475 habitants répartis dans 570 foyers. La population du bourg est de 175 habitants alors que les villages abritent la très grande majorité des habitants.
Le dénombrement de 1841 nous donne la profession des personnes recensées à l'époque, ce qui permet de se faire une idée de la vie de la communauté des Sinagots en ce temps là.
La population compte alors 800 garçons et 707 filles soit plus que le nombre adultes. L'agent du dénombrement écrit alors comme activité "Fils du précédent" ou "Fille du précedent". On ne lit pas les mots écoliers ou écolières qui viendront plus tard...ainsi que l'activité d'instituteur.
Pour la grande majorité des femmes, l'agent de l'administration retient la qualification de "Femme du précédent". On peut supposer que l'épouse exerce le même métier que son mari ou qu'elle est femme au foyer s'occupant des enfants. Les métiers féminins sont stipulés quand la femme vit seule, souvent après un veuvage précoce. On lit alors le métiers de paludière, agricultrice, cultivatrice.
Bien sûr, il y a des professions "typiquement" féminines comme lingère, bergère, blanchisseuse, servante.
Ce recensement montre qu'un grand nombre de foyer s'étend au delà du noyau familial. La famille Simon abrite un chef de famille, meunuisier de son état, femme et enfants ainsi que la belle-soeur. Il y a une grande diversité de situations familiales où le noyau familial cohabite avec un frère, une soeur, une mère, un père, une belle-soeur, un gendre, une belle -mère, un beau-père, un neveu, un oncle...On devine des logements exigüs et on constate des famille nombreuses.
L'administration royale prend soin de recenser également les animaux domestiques. Séné en 1841 compte 61 laboureurs, 3 agriculteurs, 18 cultivateurs, 15 agricultrices. Autour des ces fermes, on compte 8 bergères, 2 bergers, 5 patres et 9 garçons de ferme. L'activité agricole emploie également un taupier, 4 jardiniers dans les grande propriétés de Limur, Boëdic, La Poussinière. On dénombre aussi 23 "pasteurs ou paseurs" [à éclaircir] et 14 "pastoures" [à éclaircir]. Un total d'environ 160 actifs dans l'agriculture.
Pâtoure, pastoure : cette vieille carte postale illustre ce qu'étaient les pâtoures ou pastoures. des enfants employés à surveiller les animaux d'élevage, ici des moutons. Le dénombrement de 1841 distingue les pastoures des pasteurs ou paseurs. Quelle est la spécificité des pasteurs? Il s'agissait souvent d'enfant de l'assistance, d'orphelin recuillis dans des familles.
L'autre activité "agricole" importante à Séné est la saliculture. On dénombre sur les salines de Séné, 74 paludiers et 16 paludières, soit 90 familles vivant de la récolte du sel.
La pêche est forte de 130 familles dont le chef déclare la profession de pêcheur. Aucune pêcheuse. La mer emploie également 40 marins et 6 calfats. On dénombre deux capitaines de cabotage, Jean Le Port et François Noblanc.
La plus part des jeunes de la presqu'île endosse les métiers de la mer. Le métier de mousse est dur et dangereux.
Joseph MARCADET [1830 ca -3/04/1841] était établi avec sa famille à Moustérian comme l'atteste le dénombrement de 1841. Dans la nuit du 3 au 4 avril 1841, l'HIRONDELLE sur lequel il était embarqué a fait naufrage sur l'île de Patiras dans l'estuaire de la Gironde, commune de Saint-Androny. le jeune mousse avait tout juste 11 ans. L'HIRONDELLE transportait des fut de vin depuis Bordeaux vers la Bretagne et y ramenait des futs vides.
Le dernier gros contingent d'actifs est représenté par l'administration des Douanes (lire article dédié). La caserne des Quatre-Vents est le centre névralgique de la Douane à Séné qui compte avec un Lieutenent, 8 brigadiers, 13 sous-brigadiers, un receveur, 2 visiteurs et près de 70 préposés.
La population compte également avec des artisans : 2 charpentiers et 4 meunuisiers; 2 forgerons, 2 charretiers, 10 maçons. 4 cordonniers, 5 tisserands, 3 tailleurs, 14 lingères et 3 blanchisseuses. Tailleurs, tisserands et lingères doivent sans doute être mis en relation avec la pêche et la confection de voiles et leur réparation.
Le métier de boulanger est important pour une population qui se nourrit surtout de pain. Séné compte d'ailleurs 2 meuniers à Cantizac et Cano et un garçon meunier. Parmi les 5 boulangers de Séné, Vincent ROZO établi à Cariel est également le maire de Séné. Son foyer semble aisé avec une servante, une bergère. Au bourg, un marchand de fruits et une seule bouchère car les habitants tuent leurs animaux chez eux à la ferme.
Au Poulfanc sur la grand route, 2 aubergistes. Ici ou là 3 cabaretiers et 3 cabaretières auxquels il faut ajouter 12 débits de vin et un débit de cidre. A Séné on dispose de quelques vigne qui produisent un mauvais vin blanc et il ya sans doute des arrivages par bateaux de vins des Charentes ou de Bordeaux. Séné compte également un marchand de tabac.
Quelques activités un peu en marge du rang : un employé en retraite, un capitaine de la cavallerie, propriétaire de la ferme de La Poussinière qui emploie un contre-maitre.
Aux côtés de ces professions bien identifiées, des actifs un peu plus précaires avec une vingtaine de journaliers et 56 journalières, souvent des femmes seules à la tête de leur foyers. Séné compte en 1841, 115 veuves pour 57 veufs, traduisant une mortalité masculine élevé : accident de travail, noyade en mer, alcoolisme, hygiène et maladie.
Mme Benoit est journalière à La Garenne, son mari Sylvestre est décédé et elle élève seule 3 enfants. Son aîné Jean-Pierre MAHE né le 13/09/1817 va partir accomplir sa conscription dans la marine. Avec les autres marins de la corvette Dordogne, il prendra possession au nom du Roi des Français, de l'île de Nossybé près de Madagascar.(Lire le récit de son exploration en pages Marins de Séné).
L'agent de l'administration royale n'oublie pas de recenser un mendiant dans la commune.
Les plus aisés des laboureurs, des paludiers et des propriétaires emploient du personnel de maison : 51 domestiques, 40 servantes, 14 garçons, une maitresse de ménage et des jardiners.
Toute cette population est catholique et fréquente la vieille église du bourg et les chapelles des villages à Saint Laurent, Saint-Vital de Boëd et Saint-Sébastien d'Auzon. La famille Chanu dispose de la chapelle privée de Saint-François -Xavier à Limur. Le recteur (ou desservant) Jean Louis THOUMELIN est aidé d'un vicaire et d'un sacristain et le prebytère accueille 2 servantes et un patourés.
La consultation du plus ancien des dénombrements de la population de Séné réalisé en 1841 permet de localiser la population de douaniers et leur famille à Séné. Les cadastres de 1810 et 1844 situent quelques postes de douanes et des casernes de douaniers sur notre commune.
Que nous apprenent ces documents sur la présence des douaniers à Séné entre 1840-1845 ?
On note 6 implantations de familles de douaniers à Séné dans le dénombrement de 1841: au bourg, à la caserne de Kerbiscon, à la caserne des Quatre Vents, à la caserne de Billerois, à Michotte, au Poste de Gorneveze et à Brarrach.
- Caserne de BILLEROIS : le cadastre de 1844 mentionne une caserne de Billerois sur l'île de Mancel et indique un autre bâtiment près de la digue Lorois à la pointe du Bil.
Sur l'île de Mancel, ce mur de pierres est sans doute le vestige du corps de garde mentionné sur le cadastre. Il y avait un chemin ici figuré sur le cadastre en noir qui menait à un bâtiment sur l'île de Mancel.
Le dénombrement de 1841 nous indique que la caserne de Billerois est organisé autour d'un brigadier, d'un sous-brigadier et de 8 préposés des douanes. Les familles apparaissent les unes après les autres et on peut penser à un seul lieu de domicile du type caserne ou à des logements voisins. 10 familles de douaniers vivent à Billerois. Etaient-elles logées dans l'actuelle ferme de Bilherbon car les batiments figurés sur Mancel ou à la pointe du Bil, ressemblent plus à des lieux de guet qu'à des logements.
- Caserne de Kerbiscon :
On ne confondra pas la ferme de Kerbiscond, située au bout du chemin de Balgan, avec la cserne de Kerbiscond situé au plus près de la saline de Kerbiscond, la plus au nord des marais salnts de Séné.
Les cadastres de 1810 et de 1844 indiquent clairement la présence d 'une caserne à Kerbiscon avec un salorge au plus près des salines. L'effectif en 1841 compte le brigadier François REY, les sous-brigadiers Guillaume Deloget et Jean Cariaux, et 11 préposés des douanes (Jeffredo, Jego, Guillo, Quintin, Lerousique, Fily, Lefetisse, Lestutour, Jouanno, Digué et Leguentice) avec leur familles. Le bâtiment est aujourd'hui disparu.
- Douaniers de Michotte :
Une forte population de douaniers est établie à Michotte comme l'indique l'extrait du dénombrement de 1841. Un brigadier, un sous-brigadier et 7 préposés y sont recensés.
Où logeaient-ils ? Les cadastres ne mentionnent pas de "caserne" près de Michott, à moins qu'il ne logeassent à Dolan dans une longère [à vérifier].
Le positionnement d'un gros effectif de douaniers à Michotte répond sans doute à l'existence d'un grenier à sel, nommé l'usine sur la carte de 1882. une salorge en plein milieu des salines. Il fallait vieiller sur ce tas de sel, cet "or cristallin" des paludiers.
Ces douaniers devaient détacher quelques préposés pour guetter la sortie de la rivière de Saint-Léonard. La petite construction encore visible sur l'île de La Garenne etait-elle un poste de guet ? Ce poste d'observation complèterait bien un dispostif d'observation poursuivant sa pointe de Boëdic et la guérite à Barrarach, pour contrôler les mouvements de barques.
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- Corps de garde de Bellevue :
Le corps de garde de Bellevue ou patache des douaniers est encore visible sur la butte de Bellevue non loin de la croix. Lire article dédié.
Ce poste de garde était un lieu de travail pour les douaniers établis avec leur famille à Barrarach. En 1841, on recense le brigadier Charles JEHANNO et sa famille, les préposés Honoré EHQUET, MARCADET Jean et EVENO Joseph. Depuis la guérite de Bellevue? ils peuvent surveiller le goulet de Conleau. Le dénombrement de 1841 révèle que la famille nombreuse du préposé MARCHAND loge à Langle.
Pour contrôler les allés et venus d'embarcations entre les salines de la rivière de Saint Léonard et la sortie du Golfe, on peut penser que la Douane de l'époque avait installé des points de guet sur le littoral. On sait que la chapelle de Boëdic a pu être à l'origine une guérite de douaniers (lire article associa). Le préposé des douanes de Barrarach-Langle devaient également prendre une barque et aller en poste sur Boëdic.
- Douaniers du bourg :
Au bourg de Séné vivent 7 familles de douaniers. Un brigadier encadre 6 préposés. Où logeaient ces familles ?
Les salines les plus proches sont à Rosvellec sur Vannes en face Cantizac. Ensuite le marais de Languersac délimité par le Pont Lisse et ensuite les salines du Morboul. Mais à Gornevze, il ya aussi un effectif de douaniers.
On peut émettre l'hypothèse que la Douane a souhaité quadriller le territoire, se répartir dans les hameaux de Séné au plus près de la population. Une sorte de "douane de proximité". Proximité qui aboutira à de nombreux mariages entre enfants de douaniers et jeunes Sinagots et Sinagotes.
- Poste de Gorneveze
Le dénombrement de 1841 ne parle pas de caserne mais de "Poste de Douane" pour recenser les familles de douaniers logés à Gorneveze.
Le poste regroupe un brigadier, un sous-brigadier et 10 préposés aux douanes et ne mentionne aucune famille. On peut penser alors à un effectif de "célibataires" logés dans une caserne. Où était-elle ?
La cadastre de 1844 mentionne une guérite en bordure de la saline de Morboul dont on a une vue anicenne car aujourd'hui elle est disparue, et un bâtiment de l'autre côté de la rue.
Etait-ce la "caserne" ou bien ces douaniers logeaient-ils au village de Gorneveze ?
Le poste de Gorneveze et son effectif de douaniers devait à la fois surveiller les salines du Morboul, de Languersac mais à l'opposé, les salines du Porhic et de Boëd. On peut supposer que les préposés se rendaient sur Boëd à marée basse ou prenaient une barque.
- Caserne des Quatre-Vents :
Le plus gros des effectifs de douaniers à Séné, comme nous l'indique le dénombrement de 1841, est à la Caserne des Quatre vents. La caserne abrite 1 lieutenant des douanes, 2 brigadiers, 3 sous-brigadiers, 1 receveur des douanes et 1 visiteur des douanes ainsi que 22 préposés.
La bâtiment est figuré au cadastre de 1810 et sans doute aggrandi et doté d'un poste de garde avant 1844. Le leiu semble fourni en eau potable.
Vue de la Caserne des Quatre Vents au début du 20°siècle.
On y distingue le bureau du receveur.
Les douaniers partis de Séné, la caserne des Quatres Vents sera réhabilitée en colonie de vacances catholique puis en logements qui existent encoure.
A ces lieux de vie et de travail attestés par des documents, Camille Rollando ajoute une localisation au Versa, à Cadouarn, Canivarch, Cariel et Montsarrac.
Il est vrai que les poste de guet étaient parfois très rudimentaires commesur cette photo. Sur l'île de la Villeneuve subsiste une consctuction en contre-bas d'un sentier ? Etait-ce un poste de douaniers ?
Ainsi en 1840-1845, Séné abrite plus de 80 agents des Douanes, dont 1 lieutenant, 8 brigadiers, 8 sous-brigadiers, un receveur et un visiteur des douanes et une vingtaine de préposés. Leur uniforme devaient être proche de ces représentations.
Aujourd'hui on peut encore voir sur notre commune, l'église Saint-Patern et 5 autres chapelles : à Boëdic, Saint François-Xavier à Limur, Notre Dame de Bon Voyage à Kerarden, Sainte Anne à Bellevue et Saint-Laurent. Il existait jadis d'autres petites chapelles aujourd'hui disparues.
Nous avons des traces écrites de la présence d'une chapelle privée dans l'ancien Enclos de Lestrénic à Saint-Laurent. Ce domaine, manoir et logis, colombier et chapelle, tomba en ruine et fut reconstruit, laissant place à l'actuel Château de Lestrénic.
L'ancienne chapelle Saint-Vital de Boëd
L'ancienne chapelle Saint-Vital (XVème siècle) était située jadis au Sud-Ouest de l'île de Boède ou Boëd ou Bouette. Cette carte datée de 1680-1700 la situe sur l'île.
Voilà ce qu'on en dit dans l'ouvrage collectif "La Bretagne contemporaine" édité en 1865 et illustré par Felix Benoist : '"Cet ilôt, où l'on aperçoit pas un arbre, renferme une chapelle consacrée à Saint Vital et l'on y vient en pélerinage demander des promptes nouvelles des marins absents. La petite église, construite en appareil irrégulier, appartient à l'architecture romane. A l'ouest s'ouvre une porte à cintre légèrement brisé, avec colonnettes cylindriques engagées à chapiteau grossièrement sculpté; au nord se fait remarquer une porte plein cintre sans aucun ornement. Sur le sommer pierreux d'un mamelon, au Nord-Ouest de la chapelle, se voient les débris d'un dolmen placé au centre d'un cercle de pierres, assez correctement tracé. Quelques autres monuments primitifs se rencontrent aussi à l'extrémité opposée de l'île, où deux ou trois dolmens gisent, bouleversés, au sommet d'un monticule."
Cammille Rollando rapporte une description faite par Ogée dans son dictionnaire de la Bretagne daté de 1843 :"L'île de Boëde, qui fait partie de la commune, n'est séparée du continent qu'à marée haute; une simple chapelle s'élève sur cette terre aride, où elle est entourée de quelques débris druidiques" et il ajoute "En effet au nord-ouest de la chapelle, on atrouvé les débris d'un dolmen au centre d'un cercle de pierres. Ogée suggère que cette chapelle fût élévée pour rechristianiser un lieu souillé par les vestiges du paganisme."
Rosenweig de la Société Polymathique en fait également la description : "Chapelle Saint Vital (île de Boued) : apparaeil irrégulier. Plan rectangulaire. Porte occidentale à ceintre légèrement brisé avec de courtes colonnetes cylindriques engagées à chapiteau grossièrement sculpté; on distingue d'un côté des volutes; au nord, porte plein cintre sans ornements. Dimensions dans l'oeuvre : 8 mètres sur 4 environ. Traces d'une fenêtre à cintre brisé, à l'est. Bénitier creusé dans la muraille avec sculptures."
En 1908, elle était déjà en ruine. Une statue du saint a été réinstallée au portail de l'église paroissiale de Séné. Les femmes de l'île allaient jadis à la chapelle "pour y tourner le sabre du saint dans le sens des brises favorables" .
Une autre citation d'ajouter du Chanoine J h-M. Le Mené, 1891 :"Par contre, les vestiges de l’ancienne chapelle de Saint-Vital ont complètement disparu. Saint-Vital avait pouvoir de faire tourner les vents grâce à son sabre. Sa statue demeure visible à l’église Saint-Patern en centre-bourg. Saint-Vital, dans l’île de Boède, elle ne sert plus au culte et ne tardera pas à disparaître."
Figurée sur le cadastre de 1844, la chapelle finira par disparaitre sur Boëd.
On conserve toujours la statue de saint-Vital qui a été déplacé du fronton de l'église à l'intérieur.
Qui était Saint-Vital ? Extrait de wikipedia
Vital de Savigny, Vital de Mortain ou saint Vital de Savigny († 1119 ou 11221) est une personnalité religieuse de l'Ouest de la France. Contemporain de Robert d'Arbrissel, Raoul de la Futaie, Bernard de Tiron et saint Alleaume, il fonde l'Ordre de Savigny. On le fête le 16 septembre
Le chanoine : Vital de Savigny nait vers 1050 dans le diocèse de Bayeux, dans un village nommé aujourd'hui Tierceville. Il appartient certainement à une famille aisée mais non aristocratique. Ses parents, Raimfroy et Roharde, se hâtent de le faire instruire. Sa précocité le fait nommer le petit abbé. Le célèbre évêque de Bayeux Odon de Conteville l'envoie étudier à Liège2. Vital revient dans son pays pour y ouvrir lui-même une école, qui était en même temps la chaire d'un apôtre. Il voit sa réputation se répandre à la Normandie, au Maine, en Bretagne, en Angleterre. Robert de Mortain, demi-frère utérin de Guillaume le Conquérant et frère d'Odon de Conteville, le choisit comme chapelain et chanoine de sa collégiale Saint-Évroult de Mortain. Il occupe cette charge pendant environ vingt ans. La Vita beati Vitalis écrite par Étienne de Fougères raconte comment Vital s'évertue à ramener la paix dans son entourage. Il intervient par exemple pour empêcher le comte de Mortain de battre sa femme, le menaçant de rompre le mariage3.
L'ermite : En 1093 ou en 1095-10964embrasse la vie érémitique renonçant à tous les avantages qui lui étaient promis. Constatant l'enrichissement excessif des monastères bénédictins, il cherche dans la solitude une vie plus proche de la règle de saint Benoît. Il n'est pas le seul à suivre cette voie. Entre 1095 et 1110, de nombreux religieux deviennent en effet ermite et partent évangéliser les foules. Pierre l'Ermite, Robert d'Arbrissel, Bernard de Tiron, Raymond Gayrard, Aldwine en sont les figures les plus connues5. De nombreux disciples se soumettent sous la direction de Vital à une règle de silence absolu, de prière continuelle et de travail manuel. C'est l'origine la communauté du Neubourg (dans les faubourgs de Mortain)6. Le fils de Robert de Mortain, Guillaume cède à l'ermite des terres au Neubourg qu'on appellera l'aumône de Mortain.
Les ermites deviennent trop nombreux ; Vital de Savigny les emmène alors dans les "déserts" et les forêts des marches de Normandie, du Maine et de Bretagne, fonde des ermitages, notamment celui de Dompierre, et donne des soins aux populations délaissées. Sa notoriété se répand au loin. Bernard d'Abbeville († 1117), ermite, bénédictin, se réfugie dans l'un de ses ermitages. On lui offre un monastère à Château-Gontier ; il habite quelque temps à Saint-Sulpice-des-chèvres, dans la forêt de Pail. Il passe deux fois en Angleterre (1102, 1108), appelé par saint Anselme. En 1106, il est présent à Tinchebray et cherche à empêcher la bataille qui s'annonce entre Robert Courteheuse et son frère Henri Beauclerc7. La bataille a quand même lieu et Henri en sort vainqueur. Le roi d'Angleterre confisque à Vital l'aumône de Mortain. L'ermite paie sûrement d'avoir pour bienfaiteur Guillaume de Mortain, l'un des barons vaincus.
Vital part se réfugier dans les forêts des marches de Bretagne, Maine et Normandie, où il retrouve ses illustres amis Robert d'Arbrissel, Raoul de la Futaie et Bernard de Tiron, « qui venaient à Dompierre, comme jadis les Pères de Nitrie, tenir des conférences sur les constitutions érémitiques et sur la situation de l'Église ». Bernard, lors d'une de ses visites (1110) trouve Vital de Savigny dans un lieu de la forêt de Fougères dit le Chêne-savant.
L'abbé : En 1105, Raoul, seigneur de Fougères, avait donné à Vital une partie de la forêt de Savigny8 où ce dernier avait établi ses moines blancs (ses néophytes comme les nomme Orderic Vital). La fondation est officialisée en 1112 quand le roi d'Angleterre et duc de Normandie Henri lui accorda une charte. Par sa situation aux confins du Maine, de la Bretagne et de la Normandie, la communauté monastique représentait un enjeu stratégique et Henri, oubliant son ressentiment à l'égard de Vital, comprit qu'il avait tout à gagner en s'impliquant à Savigny. Il renforçait sa position sur ce secteur aux limites de son duché9. 1112 est donc l'année de naissance officielle de l'abbaye de Savigny. Dans la Vita beati Vitalis écrite par Étienne de Fougères, Vital apparaît sous la figure original d'un « abbé spécialiste de la prédication hors du monastère »10. Par contre, son compagnon Bernard de Tiron est plus connu comme un anachorète.
Monastère double, l'abbaye de Savigny devient bientôt chef d'Ordre, étend ses possessions dans le Maine, particulièrement au doyenné d'Ernée, et les seigneurs de Mayenne deviennent ses principaux bienfaiteurs. Cependant, l'Ordre de Savigny se développera surtout sous l'abbatiat de son successeur, Geoffroy11.
Vital fonda aussi une communauté féminine dont la localisation est incertaine. Il s'agit peut-être de l'abbaye Blanche à Mortain mais sa charte de fondation, datée de 1105, est un faux12. La communauté féminine fondée par l'anachorète avait la particularité d'être ouverte aux filles pauvres, au contraire des autres monastères qui n'accueillaient que des filles de l'aristocratie13.
En 1119 ou en 1122, Vital de Savigny visite les ermites de Dompierre, quand il expire subitement après avoir prononcé ces paroles : « Sanctæ Mariæ intercessio nos angelorum adjungat consortio ».
On ensevelit son corps à Savigny, puis un de ses moines partit, muni d'un rouleau mortuaire, de monastère en monastère dans le Maine, l'Anjou et la Normandie, notifier le décès de l'abbé, et demander pour lui des prières.
La chapelle Saint-Sébastien à Auzon (Ozon).
La vieille carte de Cassini de la fin du 18°siècle figure le moulin d'Auzon et la chapelle qui était dédié à Saint-Sébastien. Les relevés du cadastre de 1810 et de 1844 montrent l'emplacement de la chapelle aujourd'hui disparue. Des éléments de la chapelle ont peut-être été réemployées lors de l'extension du manoir d'Ozon. Les deux statues de cette chapelle Saint-Sébastien et Saint Roch ont été transférées dans la chapelle de Kerarden.
Sources enrichies et complétées :
http://www.la-marine-marchande.com/evenement-mer-port-manech.htm
http://gede-de-le-havre.blogspot.fr/2016/11/ca-se-passe-au-havre_4.html
Merci à Madeleine pour son aide.
Incendie du pétrolier PORT-MANECH le 18 janvier 1965 en rade du Havre
Le lundi 18 janvier, Le Port Manech, armement SOFLUMAR, caboteur de 2800 tonnes de port en lourd, construit en Norvège en 1953 par le chantier Drammen Slip Verksted, ex Elisabeth Amlie, francisé en 1960, avait chargé 2500 tonne de super carburant aux appontements d'Orcher à destination de Caen.
Le pétrolier Port Manech dans l'avant port du Havre face à la C.I..M
Vers 21 h 30, au passage du sas Quinette de Rochemont, pour gagner du temps, le commandant avait libéré le pilote. Le temps était clair et la mer calme, légérement houleuse.
Le cargo U.S Lucile Bloomfield, en provenance de Southampton, faisait route pour entrer au Havre après avoir pris le pilote à l'entrée du chenal.
Le cargo Lucile Bloomfield entrant au Havre, devant le sémaphore et le quai des "Abeilles"
Le Port Manech, commandé part le capitaine René BERTHOLOM, était précédé dans le chenal par le cargo espagnol Picogris et suivi par le bateau pilote Francoyse de Grâce. Vers 21 h 37, le pétrolier approche des bouées A3-B3, le commandant décide de venir en grand sur la gauche pour traverser le chenal et faire route sur les bouées d'Ouistreham à l'entrée du canal de Caen. Il signale sa manoeuvre par deux coups de sifflet brefs qu'il renouvellera cinq fois.
Au même moment, le commandant et le pilote du Lucile Bloomfield qui viennent de croiser le Picogris, aperçoivent le Port Manech qui leur coupe la route. Malgré la manoeuvre désespére effectuée pour éviter la collision, le cargo aborde le pétrolier au niveau du château. Le choc est violent, l'étrave du cargo s'est enfoncée de plusieurs mètres.
"La fatalité voulut que le point d'impact se situât sur le flanc arrière droit, au centre même des citernes" expliquera un journaliste du Neuchatel.
Une explosion se produit, le pétrolier s'enflamme de l'avant du château jusqu' à l'avant du bloc dunette. Le feu se communique rapidement sur le Lucile Bloomfield, jusqu'à hauteur de la passerelle. Les deux navires se séparent. La mer est recouverte d'une nappe d'essence embrasée, elle enveloppe le Port Manech qui dérive.
Le commandant James William Webb, du Lucile Bllomfield, déclarerra plus tard" Immédiatement nous fimes un "arrière toute" pour tenter de nous éloigner du pétrolier, car l'essence s'était répandue sur l'avant et le feu avait pris à bord".
Le commandant René Bertholom du Port Manach organise l'évacuation, une partie de l'équipage est sur l'avant du navire, l'autre à l'arrière qui tente de mettre une embarcation à la mer. A bord, vingt-cinq officiers et marins ainsi que deux passagères autorisées non inscrites sur le rôle d'équipage.
"La collision a surpris toute le monde, j'ai juste eu le temps d'envoyer un bref S;O.S." déclarera l'opérateur-radio qui figurera par mi les rescapés".
Aussitôt l'alerte déclenchée par le sémaphore, plusieurs remorqueurs des "Abeilles" et le canot de sauvetage des "Hospitaliers Sauveteur Bretons" se porteront sur le lieu de l'abordage. Le bâteau-pilote Françoise de Grâce qui suivait le pétrolier met deux pilotines à la mer, assistées par le bâteau-pilote de Rouen, il ramènera à terre dix-neuf hommes et une femme, le bâteau-pilote de Rouen deux hommes, ils seront tous dirigés vers l'hôpital. deux sucomberont à leurs brûlures [François LE BOURVELEC et Mme Coupeaux], cinq seront portés disparus.
Sauveteurs et rescapés à bord du bateau Pilote "Françoyse de Grâce "- Photo collection Michel PEROT
Interrogés le 18 janvier 2015 par l'Actu.fr, deux marins du Havre qui officiaient sur le Françoyse de Grâce se souviennent. Michel Vigouroux et Michel Perot avaient 23 ans, à l’époque.
"Nous étions aux premières loges. Le personnel de quart a même vu l’abordage. Ce fut une chance pour le pétrolier », racontent les deux hommes. À bord du bateau-pilote, une petite douzaine d’hommes. Ils ont été rapidement mobilisés pour procéder au sauvetage de l’équipage du Port Manech. La plupart sortaient du lit. La peur n’a même pas eu le temps de s’exprimer. « Bien que nous approchions du bateau en feu à bord de petits canots équipés de moteurs à essence », précise Michel Vigouroux.
Trois, quatre rotations ont été nécessaires pour évacuer les rescapés du pétrolier et les conduire à terre. Michel Perot, le temps de ce voyage, avait pour mission d’encadrer les rescapés, de les rassurer. « Je me souviens des plaintes d’un jeune maître d’hôtel qui cherchait sa femme, membre de l’équipage également. Elle avait sauté à l’eau, gravement brûlée. Elle est morte sur le bateau-pilote de Rouen », regrette encore le retraité. 22 personnes, néanmoins, ont été sauvées, lors de cette nuit tragique."
Après avoir maîtrisé l'incendie le commandant du Lucile Bloomfield fera route vers le port. Par l'une de ces étranges coïncidences des évènements, c'était la seconde fois que le cargo Louis Bloomfield était impliqué dans une collision au large du Havre, la précédente s'étant produite 16 mois plus tôt, le 2 octobre 1963, entre lui et le cargo norvégien Ronda, sans faire de victimes.
Le Port Manech, tout en continuant de brûler, dérivera vers les falaises de La Hève près d'Octeville où il s'échouera.
Une version de a catastrophe est donné par un journal américain qui relève le mérite du capitaine du Lucille Bloomfleld qui réussit à dégager son navire et sauver son équipage et son bateau.
21 hommes et une femme sont ramenés à terre, 2 succomberont à leurs blessures. 5 seront portés disparus. Les corps de quatre marins portés disparus seront retrouvés à bord, dasn la salle des machines.
Parmi ces victimes, le maître d'hotel, Roger LE VEUT [ 2/10/1926 - 18/01/1965] et le deuxième lieutenant, François LE BOURVELEC [9/03/1928-18/01/1965], tous deux domiciliés avec leur famille à Séné, comme il est écrit sur leur acte de décès retranscrit et sur le dénombrement de 1962. Ils laissent chacun, une veuve avec des enfants à charge.
Le corps de Roger LE VEUX fut rendu par la mer le mardi soir sur les falaises de Dollemard à Sainte-Adresse. L'aide cuisinier René LOISIEL et la matelot Jospeh DUPONT témoigneront. Pris de panique par la vue des flammes, Le Veux s'engouffra dans une coursive où les flammes le rattrapèrent. Il réussit à se jetter à la mer, contre le vent et échappa à la nappe de carburant. Son corps montrait des traces de brûlures relate le journal LE HAVRE LIBRE : "Ses pieds, ses mains, ses avant-bras et son visage n'étaient plus qu'une plaie". Une fois à l'eau , il ne survécut à ses brulûres.
Le Lieutenant LE BOURVELEC pu être soigné à l'hôpital mais ne survécu pas à ses brûlures
Ironie de ce drame, LE BOURVELEC et LE VEUX étaient beau-frères.
L'épave qui contenait encore des milliers de litre d'essence, jugée dangereuse, sera dynamitée le samedi 13 février. Aujourd'hui, les restes de l'épave se trouvent toujours au bas des 534 marches qui descendent au site de l'ancienne base de l'OTAN.
Quand on emprunte la route qui mène à Port-Anna, on peut être intrigué par une "tourelle" située au carrefour de la rue du Ranquin et du Chemin de Kerdavid.
En consultant les cadastres de 1810 et 1844 on note que la tourelle est déjà bien positionnée à cet endroit, assurant qu'il s'agit d'une construction ancienne.
En poursuivant la consultations de ces cadastres, on s'aperçoit qu'il existe de tels "bâtiments cylindriques" à plusieurs endroits de la commune. Les relevés de la Direction Régionale de la Culture, nous en donne la signification. Il s'agit de l'emplacement d'anciens colombiers ou pigeonniers dont il ne reste qu'un exemplaire restauré, celui du Ranquin.
Il y avait un colombier au manoir de Cantizac et un autre à la ferme d'Ozon.
Le cadastre de 1844 laisse également penser [il faudra vérifier] qu'il y avait également un pigeonnier au château de Limur. La Drac le mentionne dans son inventaire.
Enfin, l'Enclos de Lestrénic à Saint Laurent, qui fut complètement reconstruit au XVIII° siècle pour laisser place aujourd'hui au château de Lestrénic, disposait également d'un colombier, privilège de la noblesse.
Pour voir un beau colombier pas trop loin de Séné, on pourra aller au château de Suscinio ou au lieu-dit Bernus à Vannes, où il existe encore de très bels exemples de ce que pouvait être un colombier sous l'Ancien Régime.
Extrait wikipedia :
Dans les anciennes provinces de droit coutumier où posséder un colombier était un privilège réservé à la noblesse (Normandie, Bretagne, etc.), les cahiers de doléances en demandèrent très fréquemment la suppression, ce qui sera entériné lors de la nuit du 4 août 1789. Selon un commentaire de la loi de 1889 sur les animaux employés à l'exploitation des propriétés rurales, l«e droit d'avoir des colombiers [avant la nuit du 4 août] n'appartenait qu'aux seigneurs haut justiciers ou féodaux» 5; certains pouvaient accorder à des roturiers ayant au moins 50 arpents le droit de construire une volière; la noblesse s'est toujours défendue contre toute «usurpation ecclésiastique»5, les clercs insistant pour obtenir le droit d'avoir des colombiers 5.
Le pigeonnier devint, après la Révolution la partie emblématique de l'habitat paysan puisque sa construction signifiait la fin des droits seigneuriaux, celui-ci étant jusqu'alors réservé aux seules maisons nobles. Il était soit directement accolé à la maison soit indépendant d'elle. Toujours de dimension considérable, puisqu'il était censé ennoblir l'habitat, il s'élevait sur deux étages, le dernier étant seul réservé aux pigeons. Pour protéger ceux-ci d'une invasion de rongeurs, son accès était toujours protégé par un revêtement de carreaux vernissés qui les empêchait d'accéder à l'intérieur.
La ferme de Keravelo se situe à mi-chemin entre Vannes et Séné, sur l'ancien chemin dit de Vannes à Saint-Armel qui évitait le bourg, passait par Kergrippe vant de filer vers la bac du Passage à Montsarrac. Sur son parcours, il existait deux croix. La croix de Kernipitur a été déplacée. Elle est visible en face l'Université près de l'arrêt de bus. La croix de Keravelo est nichée sur un murêt non loin de la ferme éponyme. Lire page sur les croix et calvaires à Séné.
Dès le relevé cartographique de Cassini, la ferme de Keravelo est figurée.
Sur cet extrait de carte de 1771-1785, la ferme figure entre le Moulin de Cantisac au sud et les fermes de Quenpeteu (Kernipitur) au nord.
Le ferme est mieux figurée dans les cadastres de 1810. On distingue plusieurs bâtiments et les champs en contre-bas sont délimités par quelques parcelles.
Le relevé du cadastre de1845, indique bien la disposition du bâtis le long de la route qui relie Séné à Vannes à son croisement vers celui qui file au nord-ouest vers Cano. Aujourd'hui ce chemin existe encore mais son tracé ce perd dans la végétation avan d'arriver au champ de course de Cano.
NB : Il existe aujourd'hui une rue de Keravelo à Vannes qui nous rappelle l'existence d'une demeure dite de Keravelo en ce lieu au XIX°siècle. Il faudra vérifier si il n'y a pas un rapport entre les deux lieux-dits.
Le plus interssant à observer sur le cadastre de 1845, ce sont les alentours de la ferme. On note un gros travail d'assainissement des mouillères (zones humides et marécageuses). Un réseau de canaux a été creusé pour drainer les eaux des ruisseaux de Bezidel et de Cantizac. Ces terres "nouvellement conquises" sont nommées sur la carte "Parc de Keravelo". En drainant ces parcelles, on en faisait des prairies et des champs aptes à la culture et on amenait l'eau des ruisseaux vers l'étang de Cantizac. Alimenté par suffisamment d'eau, c'était un étang poissonneux. Avec le temps, les canaux se sont bouchés, l'étang s'est envasé. (Lire les articles sur la manoir de Cantizac et le Moulin de Cantizac). Le drainage de ces terres aurait été entrepris entre 1810 et 1840.
De l'autre côté du "Parc de Keravelo", une ferme au nom original. La Ferme du Loup, toujours visible près de l'hippodrome. Est-ce le loup qui tua le cordonnier en 1823 et pour lequel on érigea la Croix de la Brassée?
Camille ROLLANDO, dans son livre intitulé "Séné d'Hier et d'Aujourd'hui", nous liste la noblesse qui était propriétaire des terres de Kéravelo.
On peut compléter ces recherches avec les données fournies par les sites de généalogie pour établir la lignée des propriétaires de la ferme de Keravelo. Il s'agirait d'une branche cadette de la famille de Keraudren originaire de Grand-Champ.
On peut penser qu'à la Révolution le bien a été exproprié puis vendu. Les dénombrements successifs indiquent les noms des laboureurs qui occupaient les lieux depuis 1841.
Au dénombrement de 1841, Louis Auguste BOUVENOT x Adèle DEMMAT sont logés à la ferme de Keravelo. Les cultivateurs emploient domestiques, berger, garçon de ferme et journaliers.
Cette annonce notariale pour la vente aux enchères des biens du banquiers Charles Gratien AVROUIN FOULON, de 1859 décrit l'ensemble des biens de la ferme de Kéravelo.
La presse d'époque renseigne également sur l'actualité d'un lieu. Ainsi cet article daté de 1881, extrait d'une annonce notariale, nous indique qu'il existait une briquetterie rue de Séné en Vannes (actuelle rue de Monseigneur Tréhou), qui s'approvionnait en terre argileuse, "terre à briques" dans un champs à Keravelo en Séné.
Au dénombrement de 1886, la famille de François BOCHE x LE GAL Marguerite, originaire de Bézidel, leurs cinq enfants et leurs cinq domestiques vivent à Keravelo.
En 1891, Mme veuve BOCHE vit sur Keravelo avec ses 4 enfants et 4 domestiques. Sur la ferme, Mme veuve RAUD, sa fille et quatre domestiques logent à Keravelo.
En 1898, Jean-Marie LE REBOURS, cultivateur à Cariel, épouse Mlle Philomène BAUCHE. Une noce mémérable à lieu à Keravelo qui réunit plus de 500 convives comme nous le relate cet article d'époque. Les jeunes mariés BOCHE x LE REBOURS reprennent la ferme à Cariel.
Le dénombrement de 1901, nous apprend que le fils BOCHE Patern a repris une partie des terres et vit à Keravelo. Il a épousé une fille des DANO, cultivateurs à Cantizac. Au sein de l'autre famille de cultivateurs fermiers de Keravélo, la jeune Marie Joséphine RAUD s'est marié à Joseph LE REBOURS et exploitent des terres comme cultivateurs à Keravelo. Ce "Joseph" n'est autre que le frère de Jean Marie LE REBOURS, tous deux fils de l'ancien maire Jean Marie LE REBOURS;
En 1906, la famille ALLANIC Joachim X Le Sergent apparait au dénombrement. Les BOCHE comptent 2 enfants, 2 domestiques et un berger; Les LE REBOURS comptent 4 enfants et 1 domestique de ferme.
Avant la 1ère Guerre Mondiale, les LE REBOURS sont toujours présents à Keravelo avec la famille LE BOHIC X Brequéno qui déclarent l'activité de cultivateurs fermiers. Avec des communes de naissances différentes pour leurs enfants, on pressent que ces fermiers changent de propriétaires au gré des contrats de fermage. En 1912, la ferme de Kéravelo cherche un fermier.
Au dénombrement qui suit l'Armistice en 1921, les LE REBOURS partagent les murs de Keravelo avec la famille LE BRUN X Guillerme. En 1926, les LE FALHER remplacent les LE REBOURS. Au dénombrement de 1931. Julienne LE BRUN a épousé Jean Marie EVENO. Leur famille est recensée à Kéravélo.
De tout temps, l'agriculture a fait l'objet de mesures d'encouragement à la diffusion de techniques agronomiques. Cet article de 1932, indique que les agriculteurs LE FALHER de Kéravélo se prêtent à une démostrations des traitement d'hiver des arbres fruitiers, révelant leur culture à Séné dans l'entre deux guerres.
Cet autre article daté de 1933 nous indique le dynamisme des familles LE FALHER et EVENO. installées à Kéravelo. Jean Marie EVENO, décèdera d'un accident de charette comme le relate cet article de 1934.
Différentes vue de Kéravelo : en 1965 et actuellement
Courant 2023, des gites ont été aménagés dans l'aile ouest de la ferme de Keravelo.
Un habitant de Séné qui s'interresse un temps soit peu à son patrimoine s'interrogera sur l'homonymie entre le village de Limur et son château à Séné et l'Hôtel de Limur à Vannes, au 31 rue Thiers, qui vient d'être restauré. Il y a-t-il un lien entre ces deux édifices ?
Pour répondre à cette question, on réunit quelques références et on part en quête d'une explication :
Le livre de Camille Rollando, est la bible de l'historien sinagot, un paragraphe y est consacré à la ferme de Limur qui résume l'origine du lien.
Toutefois, on a envie de préciser et d'illustrer cette histoire. On retrouve une généalogie sur Internet sur le sujet, on consulte les relevés du cadastre des Archives du Morbihan, et on trouve quelques photos ur Internet. Le lecteur aura également un oeil sur l'arbre généalogique ici présenté qui permettra de mieux comprendre la succession d'évènements familiaux qui sont à l'origine de cette dualité de nom Limur à Séné et Limur à Vannes.
https://fr.groups.yahoo.com/neo/groups/Heraldique-Noblesse/conversations/topics/20485
https://www.kerbernard.bzh/familles/12-ChanuDeLimur.pdf
C'est en effet une histoire de famille et de succession comme c'était fréquent sous l'ancien régime...
François HAMELIN, de Malestroit, Sieur de la Chamosière puis de Keranstunio, avait pour femme, Julienne CAR et aura deux filles, Isabelle et Anne. Isabelle HAMELIN, devient Dame de Saint-Rémy par son premier mariage avec François du MEURIER, Écuyer, Seigneur de la Touche Saint-Rémy, décédé en 1673. Elle épouse en secondes noces le mardi 24 janvier 1673, en l’Eglise Notre Dame de Redon, Louis BOURGEOIS, noble homme, qui devient par mariage Sieur de Keranstunio. Il sera Conseiller du roi et son alloué et lieutenant général civil et criminel au Présidial de Vannes.
Origine du titre Limur.
Louis BOURGEOIS semble n'avoir eu qu'un frère, décédé sans descendance et dont il fut le seul héritier. En 1675, il intente une action judiciaire en tant que prévôt de l'hôpital Saint-Yves de Rennes. En 1679, il hérite de tous les biens de son frère Jean, notaire royal à Hennebont. Louis BOURGEOIS est inscrit comme avocat au Parlement de Rennes, et exerce la charge de procureur à Rennes de 1675 à 1681 (Arch. du Morbihan). Il resigne cette charge de procureur dans un acte du 22 décembre 1682. Il avait été pourvu en 1680 de la charge de chauffe-cire et scelleur héréditaire en la chancellerie près le parlement de Bretagne (c'était apparemment une charge enviée, qu'il avait acquit semble-t-il bien cher). La charge d'alloué au présidial de Vannes fut achetée en 1681 pour 27000 livres. Il établit sa résidence en un hôtel particulier de la rue des Orfèvres, à Vannes. On peut trouver de nombreux actes de procès dans lesquels il est cité à divers titres.
Le 9 décembre 1679, il s'était rendu acquéreur d'une partie de la seigneurie de Limur, près de Peillac. En fait, il s'était remboursé d'une créance de son épouse sur la dame d'Escaillun en faisant apposer des scellés sur cette terre, et la dite Dame lui abandonna la terre pour le désintéresser.
Le lieu-dit Limur existe bien comme le montre cet extrait de la carte IGN de 1886.
Le 11 avril 1711, sur sa requête, le roi ordonna qu'en raison de l'occupation de cette charge, il jouisse du privilège de la noblesse et autres privilèges et exemptions accordées à son office. (source : Archives de l'hôtel de Limur, déposées aux Archives départementales du Morbihan). Il est alors qualifié d'écuyer, Conseiller du Roi. Il décède cette même année 1711.
En 1713, son fils Noël BOURGEOIS se porte acquéreur de la métairie de Quenfaux, en Sené,
Comme l'explique Rollando, la métairie de Quenfaux à Séné se trouvait entre les lieux-dits Bezidel et Saint Laurent. D'abord propriété depuis de nombreuses générations de la famille du Sieur Bressean, la ferme est vendue en 1662 au Sieur de Saint Laurent qui s'en défait en 1683 auprès du Sieur de Bellebat. A la mort de Louis COUSTURET, Sieur de Bellebat, la propriété est scindée entre son neuveu, Pierre René LE SENECHAL, fils de sa soeur Jeanne de Cousturet et à son autre neuveu par alliance, Noël BOURGEOIS, lequel achète à son cousin le 10/1/1713 lses terres. Ainsi la ferme de Quenfaux passe en totalité à la famille Bourgeois.
Progressivement, le nom de l'ancienne métairie de Quenfaux s'effaça, et fut substitué par celui de l'ancienne seigneurie de Limur, pourtant située ailleurs (par ex., dans les Archives de la Chambre des comptes de Nantes, on peut lire le 15 janvier 1727 ".. le lieu et maison noble de Limur, cy devant appelé Quenfaux..."). Il agrandit son patrimoine en achetant tout au long de sa vie plusieurs autres seigneuries. Il édifia une élégante résidence entourée de jardins fastueux.
Le 25/5/1732, Noël BOURGEOIS de Limur perd sa première femme Michelle POITEVIN de Vauzelle qui sera enterrée à Séné sous le nom de Dame de Limur.
Le Château de Limur en Séné
Les premières cartes précises des provinces françaises datent de la famille de géographes Cassini à la fin du XVIII° siècle. Dès ce relevé, le lieu-dit Limur est bien porté sur la carte de Séné..
Une vielle carte de 1771-1785 montre la tracé de la nouvelle propriété de Limur. On distingue quatre allées en demi-cercle qui irriguent les jardins. Au bout de l'allée une mare est signifiée sur la carte.
Le cadastre de 1844 livre une meilleure représentation de ce que devait être la Chateau de Limur et ses jardins. La mare est bien figurée. Aujourd'hui, au parc de Limur, la ville de Séné a crée un bassin de rétention des eaux pluviales juste à son emplacement. Un ruisseau en part et rejoignait celui de Bezidel. On peut lire le noms de chacunes des allées : Allée de Limoges (vers Vannes, allée des Chataigniers, allées des Chênes, allée des Pommiers, allée de saint Laurent. Autour de la mare, allé des Epicéeas, allées du Soleil et allée de l'étang.
Au sud de la propriété, est figuré une maison qui aujourd'hui a totalement disparu. Est-ce l'ancien corps de la ferme de Quenfaux?
Le cadastre de 1882 montre le couvert végétal des terres autour du château de Limur. La mare de Limur évacue son trop plein d'eau vers un ruisseau qui file vers Bezidel; les parcelles de terre entre les allées du parc semblent arborées.
Jusqu'aux années 50, les terres de Limur étaient agricoles comme le montre cette photo aérienne. Le parc du château a disparu et le bois de Lisa a perdu de sa superficie.. Aujourd'hui, il ne reste qu'une bande étroite entre Séné et Vannes, la majeure partie est occupée par l'IME les Papillons blanc et le quartier de Limur.
Des Bourgeois aux Chanu de Limur
De l'union entre Isabelle HAMELIN et Louis BOURGEOIS naîtront 4 enfants dont, Louise et Noël.
Louise-Elisabeth BOURGEOIS, née à Vannes paroisse de Sainte Croix, se marie le 8 mai 1701, à Vannes, cathédrale Saint-Pierre avec Joseph Marie CHANU Sieur de Kerheden. Ci-après l'extrait de lacte de maraige qui scelle l'union des Chanu aux Bourgeois.
[Le nom de Bois de Lisa pourrait venir de Louise Elisabeth BOURGEOIS, Elisabeth, Elisa, Lisa.]
Noël BOURGEOIS [1676-1759], né le 22 janvier 1676 à Rennes, est baptisé le 4 novembre 1676 à Rennes St-Germain. Il décède le 10 octobre 1759, à l’âge de 83 ans. Il est inhumé au couvent des Cordeliers à Vannes. Il a été Alloué de Vannes et Lieutenant Général de l'Amirauté. Il se marie en 1707 avec Michelle POITEVIN †1732. Le couple n’aura pas d’enfant.
Noël BOURGEOIS [1676-1759], succéda aux charges de son père. Son père lui céda notamment la charge de conseiller alloué, lieutenant général civil et criminel en la sénéchaussée et présidial de Vannes à l'occasion de son mariage. Noël BOURGEOIS obtint du Roi des afféagements pour l'agrandissement de son domaine de Limur (en Sené),et y accomplit des améliorations de toutes sortes, dont une chapellenie dotée de 100 livres annuelles (tous ces documents ont été préservés jusqu'à nos jours).
Il semble que les privilèges de la noblesse accordées à son père en 1711 se soient appuyées sur cette terre de "Limur". En tout cas, il est désormais connu sous le nom de "Bourgeois de Limur", ou Noël Bourgeois, seigneur de Limur. Il épouse en1707 Michelle Poitevin, dame de Vausselle, (fille de Henri Poitevin, seigneur de la Ressinière et de Servanne L'Escuier, veuve de Jean Poitevin, seigneur de Vausselle) déjà mère de deux filles, mais n'eut pas de descendance directe. L'une des filles de son épouse, Marie-Anne Poitevin de Vausselle épousa en 1731 Charles-Louis CHANU, seigneur de Kerhéden, fils de sa sœur Louise Bourgeois, dame de Keranstumio.
Noël BOURGEOIS, dès 1730, vend à son neveu Charle-Louis CHANU de Kerhéden, avocat au Parlement de Paris, la charge d'alloué au présidial de Vannes. Il en fera ensuite l'un de ses héritiers, avec sa soeur Geneviève CHANU, demoiselle de la Retraite, qui décède en 1790, faisant de son neveu son héritier.
La chapelle située à Limur et édifié par Noël BOURGEOIS à l’entrée de l’ancien château est dédiée à Saint François-Xavier par une fondation en date du 22 mars 1749.
Comme dit précédement, Louise BOURGEOIS, dame de Keranstumio, sœur du précédent, épousa le 8 mai 1701 à Saint-Pierre de Vannes Joseph Marie CHANU, sieur de Kerhéden, Officier au régiment irlandais de Jacques II, conseiller garde-scel au présidial de Vannes, demeurant à Vannes, rue des Orfèvres (donc voisin de Louis Bourgeois), et au manoir de Cardinal à Guérande. Portrait ci-dessous
Ils eurent entre autres comme enfant, Charles-Louis CHANU, seigneur de Limur (1705-1777). Ce dernier fut apparemment très proche de son oncle Noël BOURGEOIS, et fut désigné par lui comme héritier de ses habitations, de ses terres comme de ses charges, et fut donc connu par la suite, lui et sa descendance, sous le nom de "CHANU de Limur".
Après le décès de Marie-Anne Le Poitevin de Vausselle (dont il eut un fils, Noël-Xavier, qui mourut jeune) il se remaria avec Marie-Jacquette le Minihy, demoiselle du Rumen et laissa une descendance, nombreuse de nos jours (dont un certain nombre de porteurs du nom Chanu de Limur, en France et aux Etats-Unis).
De l'Hotel de Penhouët à l'Hotel de Limur
Son fils, Jean-François-Marie CHANU [Portrait ci-dessus] est le seul héritier à la mort de sa tante Geneviève. Il se marie le 27/07/1778 avec Jeanne Louise Agathe VERY de ROMAIN. Celle-ci est la marraine de l'enfant de Jean Guillemot, employé à la Métairie de Limur.
Leur fils Charles Jean Marie CHANU de Limur, marié à Françoise CALVE de SOURSAC, achète en 1819 auprès de la famille Gouvello, l’hotel de Penhouët, rue Thiers à Vannes qu’il rebaptise, Hotel de Limur.
L'hotel de Limur a fait l'objet de la part de la mairie de Vannes qui l'a acquit en d'une profonde restauration.
Le Château de Limur à Séné est aujourd'hui en mauvais état comme en témoigne ses photos datées de 2018.
Les registres du dénombrement nous indiquent que Pauline de Limur fut semble-t-il la dernière occupante de la lignée Chanu de Limur encore présente en 1891.
Après la 1ère guerre mondiale, la famille MESNARD de CHOUSY occupa les lieux (dénombrement de 1921) et fut remplacée par la famille LEROY x de la PORTE jusqu'avant la 2de guerre mondiale.
Cette annonce parue dans Ouest-Eclair nous indique que le château de Limur est occupée par la famille de FONTENAY pendant la guerre.
En 1962, la famille LUTRINGER originaire d'Arcachon occupe une aile du château avec la famille LE ROUX, installée comme fermier après la 1ère guerre mondiale.
On suit également le "petit personnel" attaché au château, à ses terres et son beau jardin.
En 1841, on compte encore deux jardiniers, Marc PERROTIN et les époux Louis RIO x Guillemette Mousset. En 1886, c'est Jean Louis CRAPEL et en 1891 Joachim JOLLIVET est employé par Pauline de Limur. Au début du siècle dernier, c'est au tour d'Alexandre ROZO et de sa femme Marguerite LANDAIS. En 1906, Joseph DANIELLO et sa femme Françoise DREAN sont le couple de jardiniers de Limur. Ensuite Jean Marie GUILLERME et Anne ARZ reprennent cette fonction.
Les cultivateurs des terres de Limur sont plus pérennes. En 1886 on compte un nombre élévé de'employés recensés sur Limur dont les famille Bauché, Gladic, Hébel et Bouler. En 1891, Pierre Hervio et sa femme Marie Hays sont les cultivateurs. Ensuite se succèdent les Criaud (1901, 1906, 1911) sans doute jusqu'à la fin de la guerre de 1914-1918. Après guerre on voit arriver la famille de Pierre Marie LEROUX et Marie Anne OLIVIER et leurs 9 enfants qui vont rester fidèles à Limur. Après avoir acquis les terres de Limur, les Leroux achèteront également le château. En 2018, la 4° génération occupe encore une partie de la vielle demeure construite en 1720 par Charles Louis CHANU de Limur, dont la restauration vient d'être entreprise.
Dans son livre "Séné d'Hier et d'Aujourd'hui", Camille Rollando évoque l'origine de la statue qui repose sur l'estran à la pointe ouest de l'île de Boëd, bien connue des plaisanciers et des kayakistes qui longent l'île.
On apprend à la lecture de cet extrait qu'une explication est avancée dans un article de journal du "Progrès du Morbihan" en date du 22 mai 1901.
Grâce aux archives en ligne du Morbihan, on peut retrouver facilement l'article de presse en question. Le journaliste du Progrès du Morbihan, un certain THEO, y nous donne le palmarès des régates de Conleau où on reconnait le nom de marins de Séné qui se sont distingués dans la catégorie : bateau de pêche dit Sinagots.
En introduction, il écrit"
Jeudi, jour de l'Ascension, avaient lieu à l'île les régates que mes compagnons de jeunesse et moi fondâmes après avoir, avec le concours d'Amossé, un des sculpteurs du fronyon de la Préfecture actuelle, de Charles Normand, et d'autres, sculpté la figure qui se voit toujours à la pointe ouest de l'île de Boëdic, bien connue des canotiers du golfes. Une fois la figure taillée dans le rocher, qui se nommait alors le "bigorneau", Hildebrand peintre-photographe, né "Tans le Bedit Tuché de Padé" et qui faisait partie de notre bande joyeuse, peignit le visage de cette oeuvre taillée dans le granit, Antoine Dérémy, en fut leparrain avec une jeune fille, soeur d'un de nos camarades. Saint-Antoine fut baptisé en grande pompe avec une ...bouteille de vin blanc, au grand scandale des bigotes de l'ïle d'Arz."
On comprend qu'une bande de copains qui se retrouvent pour des sorties en mer, on ne disait pas encore plaisanciers mais canotiers, est à l'origine de la transformation du rocher le "bigorneau" en statue du moine Saint Antoine.
Cet article nous précise les circonstances dans lesquelles le rocher fut sculpté. C'est l'un des sculpteurs travaillant à la construction de la préfecture de Vannes qui se chargea de l'ouvrage. On sait que les frontons de la nouvelle préfecture furent sculptés en 1864 et les bâtiments inaugurés par le préfet le 23 août 1865. Cette indication permet de dater entre 1864 et 1865 l'érection de la statue de Saint-Antoine à Boëdic, date reprise par Camille Rollando.
Mais qui étaient ces joyeux lurons qui nous ont légué cette sculpture maritime ?
On connait au moins cinq noms de ce groupe de canotiers : AMOSSE, HILDEBRAND, Antoine DEREMY, Charles NORMAND et THEO.
1-Alexandre Julien AMOSSE
Grace à un site de genéalogie on retrouve l'identité du sculpteur Amossé. Il s'agit d'Alexandre Julien AMOSSE [11/06/1829- xx/06/1898]. Le journaliste ajoute qu'il fut un des sculpteurs du fronton de la Préfecture à Vannes [à vérifier].
Alexandre Julien AMOSSE
Né le 11 juin 1829 (jeudi) - Nantes, Loire-Atlantique,
Décédé avant juin 1898 - Paris; Sculpteur
Parents
Julien Amossé 1800-
Marguerite Etienne 1795-
Union(s) et enfant(s)
Marié avec Henriette Jeanne Marie Even †
Marié le 25 octobre 1865 (mercredi), 1er canton - Nantes,44, avec Reine Marie Victorine Audouis 1846-1898/ dont
F Amélie Jeanne Marie Amossé 1870-1949
H Louis Jean Marie Amossé 1871-1871
F Jeanne Blanche Amossé 1873-
F Eugénie Marie Amossé 1876-
F Louise Amélie Amossé 1884-1958
Frères et sœurs
H Auguste Amossé 1824-
H Julien Saturnin Amossé 1825-
H Joseph Hyppolite Amossé 1827-
F Marie Louise Amossé 1832-
La recherche sur la presse numérisée du Morbihan avec le mot clef AMOSSE, permet de trouver un article de la revue Caprice-Revue daté de juin 1892, dans lequel quelques années plus tôt, le même Théo raconte ce même souvenir.
2-Joseph HILDEBRAND
On peut retrouver l'identité du peintre Hildebrand sur un site de genealogie. Le nom n'est pas commun dans le Morbihan. Parmi les fiches, celle d'un Joseph HILDEBRAND dont la profession est artiste lithographe est surement la bonne. La date de naissance en fait un comptemporain du sculpteur Amossé. Il a vécu à Vannes, il n'y plus plus de doute sur la personne.
Né le 1er avril 1822 - KIECHLINSBERGEN - Grand Duché de Bade (Allemagne)
Artiste lithographe en 1856>62 à VANNES rue du Port, en 1865 rue des douves de la Garenne, en 1874 place Napoléon (Morbihan), graveur lithographe en 1886>88 à PARIS 17 rue du Val de Gràce (1)
Parents
Léopold HILDEBRAND
Catherine RUESCH
Union(s) et enfant(s)
Marié le 28 juillet 1856, VANNES (Morbihan), avec Marie Julienne CHRETIEN 1836-1897 (témoins : Jacques Marie LE LUDEC ca 1828 , Julien LE PENVEN ca 1822 , Pierre Marie CONAN ca 1809 , Isaïe PRAUD ca 1798 ) (voir note) dont
F Marie Léopoldine HILDEBRAND 1857-1891
F Berthe Marie Augustine Francine HILDEBRAND 1862
F Eléonore Elisabeth Marie HILDEBRAND 1865-1865
F Madeleine Cécile Léopoldine Joséphine HILDEBRAND 1874-1960
Des recherches sur le site des Archives du Morbihan permettent de trouver quelques coupures de presse qui authentifient l'intéressé.
3-Antoine Louis Marie DEREMY
En utilisant les site de genealogie et le nom de famille DEREMY, pas très fréquent en Bretagne, on ai aiquillé vers les archives du Morbihan et leur base contenant les fiches de matricule des soldats de 14-18. Il y a bien des soldats au nom de DEREMY et avec un prénom contenant Antoine. Cependant, ils sont trop jeunes, mais se sont les fils d'un certain Antoine Louis Marie DEREMY [Redon 24/08/1837 - 18/12/1897 Vannes]. Son acte de mariage nous dit qu'il était conducteur aux Ponts & Chaussées. C'est sans doute la personne qui a donné son prénom à la statue.
On retrouve un certain DEREMY qui participe aux régates de Boëdic avec son bateau le Neptune. Il faudra toutefois affiner les recherches pour être sûr qu'il s'agit bien du parrain de la statue du moine Saint Antoine. Ildécèdera des suites d'un banal accident sur sa concession.
4-Julien Marie NORMAND
On note aussi le nom de NORMAN, propriétaire du bateau Amphitrite. Dans le livre YACHTING en MORBIHAN, les auteurs font le portait de la famille NORMAND dont Julien [1841-1897] fit construire ce bateau. La famille Normand comptait également Charles Julien Marie NORMAND né en 1847. C'est sans doute la personne du "Groupe de Saint-Antoine". Julien Marie, dit Jules NORMAND, [6/12/1841-21/11/1901 Auray], Vice-Président. Originaire de Redon, entrepreneur en travaux publics à Vannes, meurt lors d'un accident de train en gare d'Auray
Mais qui était le Théo, journaliste à la revue Caprices et ensuite au Progrès du Morbihan.
5-Théophile BAUDOUX
Une recherche sur la presse en ligne me met sur la trace d'un certain Théophile BAUDOUX [désolé mais pris dans mes recherches je ne sais plus quel est cet article], qui participe à l'Association des Hospitaliers Sauveteurs de Vannes. Je flaire le bon "candidat" en lien avec la mer, un peu notable, tout à fait apte à avoir parmi ses amis quelques artistes et autres canotiers.
Je reprends patiemment mes recherches en ligne, depuis 1867 à [1892-25= 1867] année suposée de l'érection de la statue, en quête d'indice sur ce Théophile Baudoux.
Je trouve d'abord en 1873 un courtier en assurance qui signe sa réclame, avec des bureaux Place des Lices à Vannes. Je le retrouve encore en 1880 dans les assurances. En 1891, il est toujours membre des Hospitaliers Sauveteurs Bretons, l'ancêtre de la SNSM.
En 1892, on comprend qu'il s'est reconverti dans le dessin de broderie en collaboration avec un membre de sa famille qui tient une boutique de vêtements.
En 1894, il est juré au tribunal et son identité de journaliste ne fait plus aucun doute.
En 1899, il signe un article de son nom complet avec son titre dans le corps des pompiers. Sa nécrologie de 1904, confirme qu'il est bien l'auteur des deux articles qui relatent la "fondation" de la statue de Saint Antoine à Boëdic.
Théophile François Louis BAUDOUX, né à Vannes le 9/12/1831, fils de pâtissier décédé le 16/01/1904, courtier d'assurance, dessinateur de broderie, lieutenant des pompiers de Vannes, journaliste et canotiers à ses heures est à l'origine avec d'autres canotiers de l'amer de Saint-Antoine à Boëdic.
Les régates de Boëdic :
A l'époque d'or des canotiers, la Société des Régates de vannes organisait sur le plan d'eau en l'Île de Boëdic et l'ïle d'Arz, des régates le lundi de Pentecôte, sorte d'entrée en matière avant les régates de Vannes de l'ïle aux Moines et de Port-Navalo.
On retrouve des articles de presse de 1886, année de rétablissement de la Société des Régates de Vannes, jusqu'aux années 1890.
Epilogue :
Jean Richard nous rappelle que la statue fut renversée lors d'un tremblement de terre du 22 novembre 1956 et fut ensuite redressée et bétonnée.
Elle est devenue un amer, près de Boëdic que les kayakistes peuvent approcher au plus près et que les plaisanciers aperçoivent de leur bateau.
Aujourd'hui, Les Amis de Port Anna veillent à lui reprendre régulièrement la tête.