Séné 14-18 Terre
- 1/ 22 Août 1914 : MONTFORT et TIPHAIGNE parmi les 25.000 morts
- 2/ LE PAUTREMAT, BOCHE, LE MASSON battent en retraite
- 3/ Fin de bataille de la Marne pour LE TREHUDIC
- 4/ La course à la mer emporte MAHE
- 5/ Hommage aux 11 fusiliers marins sinagots
- 6/ BENOIT,ORJUBIN, ROPERT 1ers morts de Séné dans les tranchées
- 7a/ ALLANIOUX, héroïque 2° classe aux Hurlus
- 7b/ LE BARBIER combat en Argonne
- 8/ ALLANO, berger sur la crête des Eparges
- 9/ Offensives de la Meuse
- 10/ En Artois les barbelés arrêtent PRODO
- 11/ Tranchées de l'Oise, le 316°RI
- 12/ Hommage aux 12 Sinagots morts en Champagne
- 13/ Hommage aux 7 Sinagots morts à Verdun
- 14/ Bataille de la Somme 1916
- 15/ Offensive Nivelle aux Chemin des Dames
- 16/ BREDOUX, DAVID, perdent la vie sur le chemin de la victoire
Séné 14-18 Terre
1/ 22 Août 1914 : MONTFORT et TIPHAIGNE parmi les 25.000 morts
En août 1914, les Allemands envahissent le territoire belge et se dirigent vers la France. La Belgique inflige de nombreuses défaites aux troupes allemandes. L’affront est d’autant mal perçu qu’il est considéré comme servant la France. Les représailles sont violentes. Les troupes françaises défendent les frontières franco-belges et franco-allemandes, c’est « la bataille des frontières ». Les soldats français sont envoyés dans différentes zones de combats : en Haute-Alsace, dans les Vosges, les plateaux lorrains, le sillon Sambre-et-Meuse et dans les Ardennes belges.
Le 22 août 1914 est considéré comme le jour le plus sanglant de l’histoire de l’Armée française. En une seule journée, lors d’une série de combats livrés de Charleroi au confins du Luxembourg, quelque 25 000 hommes sont tués, des dizaines de milliers d’autres blessés et/ou capturés.
Les régiments bretons sont, comme les autres, pris dans ce tourbillon tragique notamment au cours des combats livrés ce jour-là par quelques-uns d’entre eux : la bataille de Rossignol, au cours duquel la 3e DIC (Brest) est presque anéantie ; la bataille de Maissin (en Belgique), livrée entre autres par la 22e DI (Quimper) dont dépendent les 19e RI et 118e RI, les deux régiments d’active du Finistère.
lire également le pdf ci-joint.
Nos soldats ne sont pas encore appelés "poilus" et leur uniforme est trop visible pour les mitrailleuses allemandes ..
Parmi les morts de cette terrible journée, on compte deux Sinagots, Albert MONFORT né à Séné et Lucien TIPHAIGNE dont le dernier domicile est à Séné. Tous deux ont leur noms gravés sur le monument aux morts de Séné. Il s'agit des deux "premiers" "Morts pour la France habitants à Séné.
Albert Pierre Marie MONFORT : 24/04/1892 - 22/08/1914
Albert Montfort est né à Gouavert en Séné le 24 avril 1892. Son père, Pierre Marie, est cultivateur, sa mère se nomme Jeanne Marie Le Ray. Le "dénombrement" de 1911 nous indique qu'il est le 4° garçon d'une famille de cultivateurs.
Sa fiche de matricule nous informe que depuis le 8 octobre 1913, Albert, accomplit son service militaire comme soldat de 2° classe au 118e régiment d’infanterie basé à Quimper.
Sa fiche de matricule ajoute une description du jeune soldat : il mesure alors 1,69 m. Il a les cheveux châtains, les yeux bruns, le front vertical, le nez fort et le visage ovale. Il porte une cicatrice sur le sourcil gauche. Comme tous les appelés effectuant leur service militaire, il fait parti des premiers soldats à être envoyés au front. Il est déclaré parti à la guerre le 8 août 1914 soit 5 jours après la déclaration de guerre de l'Allemagne.
Dans les Ardennes belges, les ostilités opposent Allemands et Français à Maissin. Le 118° régiment d'infanterie de Quimper auquel appartient Albert MONFORT est au avants-postes comme nous le relate l'historique du régiment :
"Le 22 août, le 118°RI quitte Auby, à 4h45 et entre dans la colonne formée par la division à Bellevaux, à 8h30.
Le 19° RI constitue l’infanterie de l’avant-garde de la division. Le 118°RI, tête du gros de la colonne, atteint la voie ferrée de Paliseul, à 10h30. Coupé par des éléments de la 21°DI, il arrête sa marche, qu’il reprend qu’à 11 heures et passa à midi à Paliseul, marchant sur Maissin. Malgré la forte chaleur, la longueur de l’étape, le peu de nourriture pris en cours de route, les moral est excellent. Les renseignement communiquées sont les suivants : « Une colonne ennemie se dirige de Tronquoy (au nord de Neufchâteau) vers le N.O. : attaquer l’ennemi partout où on le rencontrera, le XI CA marche sur Maissin, qui n’est pas occupé. »
Après avoir dépassé Paliseul, d’environ 2 km, nous commençons à entendre la fusillade et peu après nous rencontrons des chevaux et des cavaliers blessés qui se portaient en arrière.
A 12h15 le 1er bataillon (Doucet) reçoit l’ordre d’aller s’installer en flanc-garde aux lisières N.E. et est du massif de Franc-Bois, et le 3° bataillon (Hanquelle) d’aller occuper la crête 405 (1.500 m S.E. de Maissin) pour surveiller les directions d’Anloy-Villance.
Le 2° bataillon (Bouvier) est envoyé vers la ferme de la « Réunion des Labourteur » 300 m O de la grande route), e, soutien du 19°RI qui est arrêté par des feux violents, à la sortie de Maissin. Le combat s’engage, c’est le baptême du feu.
Les Boches sont retranchés là depuis plusieurs jours, dans les bois, les champs d’avoine et les champs de blé, Les bataillons se déploient et progressent sous une grêle de balles.
Dans un élan magnifique, les officiers sabre au clair, les soldats, baïonnette au canon, se portent à l’assaut des forces ennemies, fortement défendues par des fils de fer et de nombreuses mitrailleuses.
Le 19°RI criblé de projectiles, a subi de grosses pertes et ne peut dépasser la ferme de Bellevue. L’uniforme grisâtre de l’ennemie est tellement invisible que l’on ne se rend pas compte des points d’où partent les coups. Une batterie du 35° qui, dès le début de l’action, est venue appuyer le 19°RI, a déjà perdu la plus grande partie de son effectif et ne peut tirer un coup de canon sans être aussitôt criblée d’obus.
Le 116°RI, puis le 62° et enfin le 337° viennent successivement nous renforcer et par bonds successifs, nous pouvons gagner du terrain et nous rapprocher de l’ennemi.
Pendant ce temps, une autre batterie d’artillerie prend position à l’ouest de Bellevue, à l’abri d’une crête, à 1.200 m environ des tranchées ennemies et, en très peu de temps, elle règle son tir et exécute un feu violent sur les tranchées d’où sort bientôt l’ennemi en fuite.
Aussitôt, toute le ligne charge à la baïonnette et les Allemands abandonnent leurs tranchées et el village en y laissant de nombreux morts et blessés.
Il est environ 16 heures, nous sommes maîtres de Maissin et des ses abords. Mais peu de temps après, nous recevons des nombreux projectiles sur notre flanc droit. Quelques fractions reformées en toute hâte font face à l’ennemi de ce côté et ouvrent immédiatement le feu.
L’ennemi contenu devant la ferme de Bellevue, où se trouvent de nombreux blessés riposte avec violence, en battant principalement l’entrée de la ferme pendant que d’autres fractions continuent à gagner du terrain vers Paliseul.
A 17H30, l’ordre de se replier est donné. La retraite s’exécute à travers bois, sur Paliseul. Les lisières N. et N.E. du village sont organisées, des tranchées y sont creusés et, garnies de tirailleurs. On y passe la nuit, le Boche ne poursuit pas.
Au cours de cette journée du 22 août 1914, le 118°RI perd 1.100 hommes, soit le tiers de ses effectifs. Ce même 22 août 1914, le soldat Montfort disparaît à Maissin. Il était célibataire et âgé de 22 ans. Son décès est fixé au 22 août 1914 par jugement déclaratif de décès rendu le 14 décembre 1920 par le tribunal de Vannes.
La famille sera à nouveau endeuillé par la perte de son frère Louis François Marie le 16/06/1915 sur le front dans l'Oise.
Lucien TIPHAIGNE :17/01/1893 - 22/08/1914
L'acte de décès au registre d'état civil de Séné nous indique que Lucien TIPHAIGNE a élu domicile à Séné mais est natif de Paris 18°. Quel alea de sa vie l'aura conduit à Séné ?
Sa fiche de matricule des archives de Paris nous indique qu'il réside à Paris comme ses parents, qu'il est employé de banque. Quel liens a-t-il avec Séné ?
La recherche dans les archives en ligne de la ville de Paris nous précise les circonstances de sa naissance.
Tiphaigne Lucien est né en 1893 à Paris mais il n'a été reconnu par sa mère (née ROLET) qu'en 1902 et ensuite par son père Mathurin Louis qu'en 1913.
On retrouve trace au dénombrement de 1911 de sa grand-mère Marie Vincente Le Franc et de sa tante Anne Marie Amélie toutes deux vivant à Séné.
La consultation du dénombrement de 1911 indique une dénommée Marie Tiphaigne née en 1860. Les tables décennales et les actes de naissance permettent de préciser la généalogie de Lucien Tiphaigne. Il avait pour cousin Louis Rolland.
Quels rapport entretenait-il avec ses parents ? Etaient-ils décédés avant 1914 et s'est-il domicilié chez sa grand-mère Le Franc ?
Depuis la mobilisation il a intégré le 132°Régiment d'Infanterie. Sa fiche "mémoire des Hommes" nous indique qu'il est disparu au combat à Doncourt le 22/08/1914.
L'historique sommaire réalisé du 132° RI nous relate les premières semaines de combats.
"Le régiment quitte sa garnison de Reims, le 31 juillet au matin, comme troupes de couverture, sous les ordres du Colonel Gramat. Débarqué à St Mihiel, il stationne dans la trouée de Spada à Heudicourt-Nonsard-Creuë jusqu’au 10 août. Pendant ce temps, sous la protection des bataillons de Chasseurs en avant-postes, le régiment organise défensivement les Hauts de Meuse.
Devant l’offensive allemande, par la Belgique, il marche sur le Luxembourg par Fresnes-en-Woevre, Etain, Longwy. Le 22 août, première rencontre avec l’ennemi à la sortie de Beuveilles, où il tient les Boches en respect toute la journée. Mais le soir il faut céder devant le nombre et, suivant les ordres de retraite, il se retire sur la Meuse tout en combattant et en disputant le terrain lambeau par lambeau."
Lucien TIPHAIGNE est donc dans les parages de Beuveilles département de la Meuse comme l'indique cette carte. Il décède lors de la retraite de son régiment poursuivit par les troupes allemandes supérieures en nombre et mitrailleuses.
La nécropole de Maissin :
Comme celle de Albert Monfort, les dépouilles des soldats tombés ce jour-là à Maissin n’ont pas toutes été identifiées, loin s’en faut. Afin qu’ils puissent reposer en paix, loin de leur terre natale, il est décidé de déplacer un calvaire breton dans le cimetière belge où se trouvent leurs sépultures communes ou individuelles. C’est celui de Ty Ruz au Tréhou qui a été choisi. Une cérémonie d’« Adieu au Calvaire » s’est déroulée en grande pompe le 3 avril 1932 en présence de nombreux élus, de l’abbé Boëtté, aumonier du 19e RI. L’inauguration a lieu le 21 août 1932 en présence de M. Le Gorgeu, Sénateur-Maire de la Ville de Brest, de Monseigneur Duparc, évêque de Quimper, des autorités civiles et militaires et de nombreux Bretons.
L’Amicale du 19e RI est alors très active sous l’impulsion de son président Pierre Massé et les commémorations sont suivies par grande nombre de Bretons pendant des décennies.
Une inscription est visible sur une pierre tombale à l’entrée du cimetière : « Ce calvaire breton du XVIe siècle provenant de la commune du Tréhou (Finistère), a été érigé dans ce cimetière en l’an 1932 pour veiller sur le dernier sommeil des soldats bretons et vendéens du XIe Corps d’Armée tombés les 22 et 23 août 1914 au combat de Maissin.»
La nécropole de Maissin est située en Belgique, dans la province de Luxembourg, à 45 km au nord-est de Sedan, dans l'actuelle communauté de communes de Paliseul.
Elle occupe une superficie de 5 040 m2. Un calvaire breton du XVIe siècle, une stèle commémorative aux morts du IIe Corps d'Armée (C.A.), et une borne dédiée à Pierre Massé en forme le mobilier.
Ce lieu de mémoire est la dernière demeure de 4 782 de combattants morts en août 1914. Ce cimetière militaire abrite les corps de 282 Français et de 513 Allemands, réparties en tombes individuelles.
3 001 autres soldats français sont répartis en deux ossuaires ; 643 Français et 343 Allemands occupent un ossuaire mixte.
L'Origine du cimetière
Dès le 24 août 1914, après la retraite du IIe C.A. français, l'armée impériale allemande procéda aux ensevelissements des centaines de morts restés sur le champ de bataille. L'inhumation des cadavres français et allemands dura une dizaine de jours. Plus de 500 civils belges réquisitionnés dans les villages voisins participèrent à l'enlèvement des corps et à leur enterrement. Sur la route de Transinne, au "Courtil", on creusa des fosses pour 30 hommes. A cet endroit, plus de 2 000 morts furent enterrés ainsi qu'au "Baulet", à proximité de la route de Lesse. Durant la guerre, les autorités d'occupation allemande (Gouvernement général impérial de la Belgique du Général von Bissing) aménagea toutes ces nécropoles des combats d'août 1914.
Des cérémonies d'inauguration s'y déroulèrent en présence de hautes personnalités militaires.
Maissin rassemble les corps français ou allemands dans trois grandes nécropoles :
- le cimetière n° l sur la route de Transinne
- les cimetières n° 2 et n° 3 sur la route de Lesse, où furent réinhumés les combattants des fosses alentours en tombes individuelles et en ossuaire.
Le calvaire breton du XVIème siècle, ramené de la commune du Trëhou, Finistère, se dressa dans l'enceinte du cimetière n° 2 pour commémorer le sacrifice des Bretons du IIe corps. Il fut inauguré en août 1932 à l'occasion du 18ème anniversaire de la bataille. Lors des travaux de réfection de ce cimetière, les restes mortels furent exhumés des petites nécropoles désaffectées les plus proches : 382 soldats allemands et 46 français provenant des cimetières de Maissin, d'Ochamps et d'Orgéo y furent ré-inhumés
.
2/ LE PAUTREMAT, BOCHE, LE MASSON battent en retraite
L'Allemagne avait préparé son entrée en guerre. La France a été surprise par l'ampleur des forces militaires allemandes engagées lors des premières semaines du conflit. Face à un adversaire supérieur en nombre et mieux armé, les troupes françaises postées à la frontière ont rapidement reculé. L'armée belge a bien ralenti les troupes allemandes qui avaient rompu la neutralité du pays et les represailles furent dramatiques pour la population belge. En ce mois d'août et de septembre 1914, la stratégie de contournement par l'ouest des armées allemandes semblent en bonne voie. Les armées françaises et anglaises battent en retraite. Elles seront arrêtées "miraculeusement" sur la Marne. L'Allemagne a failli gagné une guerre éclair.
Pendant ces semaines de retraite vers le sud à marche forcée, trois soldats de Séné trouvèrent la mort :
Ange Pierre Marie LE PAUTREMAT : 31/12/1893 - 30/08/1914 à Sains (Aisne)
Joseph Jean Marie LE MASSON : 12/01/1889 - 8/09/1914 Connantry (Marne)
Joseph Marie BOCHE : 14/08/1889 - 8/09/1914 La Fère Champenoise (Marne)
La carte ci-dessous permet de se rendre compte de la vélocité de la retraite et de localiser le lieux du decès de ces 3 soldats.
Ange Pierre Marie LE PAUTREMAT : 31/12/1893 - 30/08/1914 à Sains (Aisne)
Pendant cette retraite, un soldat de Séné, Ange Pierre Marie LE PAUTREMAT canonnier au 50° Régiment d'Artillerie de Campagne bat lui aussi en retraite dans l'Aisne. L'artillerie française est équipé de canon de 75 mn et de canon de 120. Pendant toute la durée du conflit l'artillerie déversera des milliers d'obus meurtriers qui creuseront des cratères lunaires dans les terres de Picardie et de Champagne.
L'historique du 50°RAC consultable sur Gallica, nous décrit le combats du 29 et 30 août 1914 à Sains-Richaumont au sud de Guise.
"Le 29 août les quatre groupes sont engagés autour de Sains. Ils coopèrent après un mouvement de retraite, à une contre-attaque du 1er Corps et de la 20° Division qui se heurte de nouveau à des forces supérieures. Il faut donc encore se replier. La 12° batterie (Capitaine Guyot-Sionnest) prenant position à l’est de Sains-Richaumont, subit le feu violent de l’artillerie ennemi, auquel elle répond coup pour coup malgré des pertes sévères. Elle abandonne la lutte que lorsqu’elle a reconnu l’impossibilité absolue d’être ravitaillée en munitions par l’échelon. M. le commandant Charpentier, malade, est évacué le même jour. Le capitaine Moinet prend la commandement provisoire du 4° groupe. Les pertes dans le combats de Sains-Richaumont on été de 2 officiers, 61 gradés ou canonnier. Après la bataille de Guise, dont le combat de Sains-Richaumont a été un épisode, la retraite des armées françaises continue. Le 3 septembre, le 5° ° RAC passe la Marne, le 5 deux de ses groupes cantonnent à Sézanne."
Ainsi disparait Ange Pierre Marie LE PAUTREMAT né le 31/12/1893 à Séné. Son père est alors cordonnier au bourg de Séné et sa mère est ménagère comme nous l'indique son extrait de naissance. A Séné, les paludiers, les cultivateurs ou les marins sont enracinés depuis de nombreuses générations. Le bourg accueille quant à lui des familles plus nomades que cela soit des commerçants, des douaniers, des employés.
Les LE PAUTREMAT ne resteront pas lontemps à Séné. En 1913, leur fils habite Paris XIV° rue du Maine quand il effectue sa concription comme nous l'indique sa fiche de matricule. Ses parents ont déménagé sur Vannes rue de l'Hôpital. Il incorpore le 50 ° régiment d'artillerie le 27/11/1913. Il est donc sous les drapeuax lorsque éclate la guerre et il rejoint rapidement le front.
Ange Pierre Marie est tué à l'ennemi le 30/08/1914 à Sains. Son corps sera porté à la nécropole nationale Le Sourd de Lemé dans l'Aisne où il repose tombe 312.
Le Pautremat a fait l'objet d'une citation :"très bon soldat dévoué et brave, tué à son poste de combat le 30/08/1914. Croix de guerrre avec Etoile de Bronze." Il n'avait pas encore 21 ans.
Avec des parents domiciliés à Vannes, une fiche de matricule donnant une adresse à Paris, son célibat, il aurait du être transcrit à Vannes comme d'ailleurs le précise sa fiche "Mémoire des Hommes".
Or ce n'est pas le cas car il n'est répertorié selon le site GenWeb qu'à la nécropole et à Séné.
C'est d'autant plus surprenant car à l'état civil de Séné, son acte de décès a été rédigé puis annulé en court d'écriture. Le monument au morts date de 1925, l'employé de mairie a-t-il été attentif? Le Pautremat s'est-il marié avec une Sinagote en 1913-14 ?
Comme il ne figure sur aucun autre monument aux morts, Le Pautremat, même avec un nom gravé mal orthographié, a bien droit à être honoré à Séné.
---------------------------------------
Joseph Jean Marie LE MASSON : 12/01/1889 - 8/09/1914 Connantry (Marne)
Joseph Marie BOCHE : 14/08/1889 - 8/09/1914 La Fère Champenoise (Marne)
Ces deux soldats font parti du même régiment le 116° Régiment d'Infanterie dont les quartiers sont à Vannes.
L'historique du régiment nous retrace son parcours lors de sa retraite au départ de la ville frontalière belge de Bouillon :
"Le 23, dans la matinée, le régiment se reforme à Bouillon et bivouaque, le soir, dans les rues de la ville. L’appel fait ressortir les pertes sensibles éprouvées la veille ; 618 hommes tués, blessés ou disparus. Les capitaines Pelliet et Maillard ont été tués. Le capitaine Castella est porté disparu. Parmi les blessés, on cite le capitaine Datcharry, les lieutenants Vesque, de la Grandière, Sigala, les sous-lieutenants : Laurent, Bardot, Auffret, Goyat, Ropert.
A partir du 24 août, le mouvement de retraite s’accentue. Le régiment se porte sur Saint-Aignan, où il occupe des positions autour de la ville. Le 25 il bivouaque au nord de Chevenges et sur la route de Sedan, poussant en avant un bataillon qui arrive jusqu’à Iges. Ce bataillon, violemment attaqué, se replie après un dur combat et rejoint, le 26, le régiment.
Le 26, vers midi, le combat s’engage et se poursuit jusque vers 16 heures où l’ordre est donné de se replier. Ce mouvement est rendu très difficile par suite de l’encombrement des routes et ce n’est que le 27 que le régiment atteint Malmy, à quelques kilomètres au sud de Saint-Aignan. Vers 15 heures, le 116e, qui est en réserve, se met en marche vers le nord-est sur Chémery et Bulson. Un combat, soutenu, ce jour là, par les autres éléments de la D. I., se termine à notre avantage et on bivouaque sur les positions prises à 1 kilomètre de Bulson, après une explosion d’enthousiasme créée par ce succès.
Le 28, on reprend l’offensive et la situation reste longtemps indécise. Vers la ferme Saint-Quentin, les allemands gagnent du terrain et le régiment se replie vers les bois au sud-ouest de Chaumont. Il vient bivouaquer le soir dans les bois entre Bulson et Chéhéry.
Le 29, le mouvement de retraite reprend. On part avant le jour et on bivouaque, le soir, à Louvergny, après avoir traversé Chéhéry, Malmy, Vendresse.
Du 30 août au 7 septembre, la retraite continue par Rilly-aux-Oies, Attigny, Vaux, Champagne, Dricourt, Hauviné, Béthénneville, Moronvilliers, Prosnes, Mourmelon-le-Petit, Juvigny-sur-Marne, Saint-Pierre-aux-Oies, Soudron et Sommesous. Le 7 septembre, le régiment occupe la voie ferrée de Sommesous à Fère-Champenoise entre Normée et Lenharrée. Ce mouvement de repli ne s’est pas effectué sans quelques engagements qui ont occasionné des pertes assez sensibles.
Le 8, à 3 heures, le combat s’engage, après quelques heures d’une âpre lutte, le 116e se retire dans la direction de Montepreu et de Semoine. Dans la nuit, il organise ses positions qu’il occupe pendant la journée du 9 sous un violent bombardement.
Le 10, le régiment reçoit l’ordre de se porter en avant. Les allemands viennent de perdre la bataille de la Marne et se replient vers le nord. Du 10 au 13, la marche s’exécute par Sommesous, Ecury-sur-Coole, Châlons, Saint-Etienne-au-Temple, Suippes et Saint-Hilaire-le-Grand. Le 13, le 116e se heurte à l’ennemi à 1500 mètres au nord de Saint-Hilaire et bivouaque, le soir, à proximité du village.
Le 14, le régiment se porte vers le moulin de Chantereine et occupe, le 15 et le 16, des tranchées à proximité. Il reçoit, le 16 au soir, un renfort de 720 hommes.
Le 17, le 116e quitte ses emplacements et, à la suite d’étapes par Mourmelon-le-Grand et Rilly-la-Montagne, arrive, le 19, à Reims, où il cantonne sous les obus jusqu’au 22 septembre.
De la ville frontalière belge de Bouillon le 23/08 à la commune champenoise de La Fère le 8/09, les troupes du 116°RI ont parcourrus 185 km sur les routes en 17 jours.
Joseph Jean Marie LE MASSON est né à Vannes dans une ferme à Beaupré non loin de Séné. sa mère, Anne Marie Hervio, est d'ailleurs native de Séné et son père est cultivateur.
Au dénombrement de 1906, on note que sa mère élève une famille de 4 garçons épaulée avec une domestique de ferme et a regagné Séné dans le quartier de la Grenouillère.
En 1909, Le Masson accomplit sa conscription et délcare la profession de cultivateur. Son acte de décès indique qu'il vivait au Versa comme l'indique également le dénombrement de 1911.
Il incorpore le 116° RI de Vannes et rapidement envoyé au front où il est tué à lm'ennemi ce 8 septembre 1914. Son nom est gravé au monument aux morts de Séné et de Vannes.
Joseph Marie BOCHE est né à Séné le 14/08/1889 à la ferme de Ozon où ses parents sont cultivateurs.
Au dénombrement de 1906 on peut voir la composition de la famille nombreuse avec 6 garçons, 1 fille et un domestique de ferme. Elle est établie à Bilherbon non loin d'Ozon.
La fiche de matricule de Joseph marie BOCHE nous indique qu'ne 1909 au moment d'effectuer sa conscription il déclare une profession de boulanger et vit à Séné.
Cette fiche de matricule et la fiche "Mémoire des Hommes" nous indiquent qu'il est incorporé au sein du 116°RI et qu'il est mort le 8 septembre à La Fère Champenoise.
L'historique de ce régiment relate cette période :
"Du 30 août au 7 septembre, la retraite continue par Rilly-aux-Oies, Attigny, Vaux, Champagne, Dricourt, Hauviné, Béthénneville, Moronvilliers, Prosnes, Mourmelon-le-Petit, Juvigny-sur-Marne, Saint-Pierre-aux-Oies, Soudron et Sommesous. Le 7 septembre, le régiment occupe la voie ferrée de Sommesous à Fère-Champenoise entre Normée et Lenharrée. Ce mouvement de repli ne s’est pas effectué sans quelques engagements qui ont occasionné des pertes assez sensibles.
Le 8 septembre, à 3 heures, le combat s’engage, après quelques heures d’une âpre lutte, le 116e se retire dans la direction de Montepreu et de Semoine. Dans la nuit, il organise ses positions qu’il occupe pendant la journée du 9 sous un violent bombardement.
Joseph Marie BOCHE dècede à l'âge de 25 ans à La Fère Champenoise. Son décès sera retranscrit à Vannes où il figure sur le monument aux morts comme son frère Louis Marie tué lors de la bataille de la Somme le 20/07/1916.
3/ Fin de bataille de la Marne pour LE TREHUDIC
Après plusieurs semaines de combats, poussant les armées françaises à la retraite, les forces allemandes ont pénétré profondement en territoire francais. Paris est menacé. Les généraux allemands font une série d'erreurs dans leur enthousiasme guerrier. L'armée française et la British Expedition Force du général French profitent d'une brêche ouverte entre les armées allemandes pour passer à la contre offensive avec le renfort de troupes stationnées à Paris du général Gallieni, amenées au front par les taxis parisiens. La bataille de la Marne débute. Les armées allemandes doivent à leur tour battre en retraite. La carte suivante (CRDP Strasbourg) résume bien l'avancée allemande puis son recul sur ce qui deviendra la ligne de front pour des combats de tranchées....
Alors que prend fin la guerre de mouvement et que débute la guerre des tranchées, le soldat de Séné, Jean Marie LE TREHEDIC est "tué à l'ennemi" le 14/09/1914 à Saint Pierre lès Bitry à l'est de Soissons.
LE TREHUDIC Jean Marie est né le 8 janvier 1883 à Theix d'un père cantonnieret d'une mère ménagère comme nous l'indique son extrait de naissance. On y lit également qu'il s'est marié le 20/07/1909 au bourg de Theix avec Jeanne Louis Marguerite LE NORMAND.
Le jeune couple s'établit à Séné où il exerce la métier de canotnnier communal alors qu eson épouse est ménagère.
L'historique de son régiment, le 316°RI, émanation du 116°RI de Vannes, nous relate ces journées du 13 et 14 septembre 1914.
"Enfin, à 19 h.30 le régiment se rend à Montigny-Lengrain, où il cantonne. Il en repart le 13 à 5 heures par Courtieux, Jaulzy, où il passe l'Aisne sur un pont de bateaux construit par le génie la nuit précédente. La marche continue par Bitry et Saint-Pierre-lès-Bitry, villages canonnés assez violemment par l'ennemi. Le régiment s'installe, à la nuit, au bivouac à l'Est de Saint-Pierre-lès-Bitry, dans un champ au Nord de la Fabrique d'Optique. Il en part le 14/09 à 6 heures, car la division a reçu l'ordre de se porter sur Noyon, avec le 265e à l'Avant-garde, le 316e en tête du Gros.
A peine l'avant-garde a-t-elle fait un kilomètre sur la chaussée Brunehaut (route de Vic-sur-Aisne à Noyon) qu'elle est soumise à un feu très violent d'infanterie et d'artillerie de tous calibres (77, 105,150) partant de la ferme du Tiolet et de la région de Nampcel ; le 265e se déploie sur le plateau et le 316e cherche à progresser par le ravin boisé au N. de Saint-Pierre-lès-Bitry ; quelques éléments parviennent à la lisière N. du bois, mais sans pouvoir faire tomber la résistance ennemie. A la nuit, le régiment est ramené à son bivouac de la veille, ayant eu une cinquantaine d'hommes hors de combat" parmi lesquel sans doute le soldat Le Tréhudic.
Sa mort sera officilisé par le tribunal de Vannes le 10 mai 1920. Son corps repose à la Nécropole nationale de Vic-sur-Aisne, Carré D, tombe 134.
4/ La course à la mer emporte MAHE
Après la défaite lors de la Bataille de la Marne et le recul des troupes allemandes au nord de l'Aisne, les armées allemandes décident de gagner les ports du nord de la France pour empêcher l'arrivée des troupes britanniques. La guerre de mouvement se poursuit sur un front qui finira par s'étaler de Compiègne à Dixmude en Belgique. Cet épisode prendra le nom de "Course à la mer" avec comme paroxisme les combats à Dixmude ou les fusliers marins des 1er et 2° régiments livreront avec les soldats belges une résitance héroïque. Lire article.
Les armées s'affrontent sur une ligne de front mouvante en des combats meurtriers où un soldat de Séné, Auguste Marie MAHE, (7/11/1890 - 19/11/1914), perd la vie en Artois près d'Arras .
Après la mobilisation Auguste MAHE rejoint le 70° régiment d'infanterie dont les quartiers sont à Vitré. Le régiment breton est envoyé à Vouziers dans les Ardennes à la frontière belge. Pris dans la tourmente de la retraite, le régiment combat à la bataille de Guise puis à Sains Richaumont avant de se stabiliser à Gault dans la Marne.
Le 28 septembre, le 70° régiment quitte la Ve armée (positionnée dans la Marne) et embarque pour la région du Nord. D’abord rattaché à la II°Armée (du général Castelnau) puis à la X° (du général Maud’huy), il combat pour défendre et sauver Arras. La (1ère) bataille en Artois s’engage le 30/09, les 2° et 3° bataillons sont envoyés en camions automobiles pour protéger le débarquement des troupes. Le 1er batailon et le 41° d’infanterie combattent du 1er au 6 octobre avec la 20° DI dans Neuville Vitasse, Mercatel et Agny. Les 3 et 4 octobre 1914, le 10° corps d'armée auquel appartient le 70°RI échoue devant les tranchées de Neuville-Vitasse fortement détruite par les combats, et Lens est perdu.
Auguste MAHE était né le 7/11/1890 à Vannes. Ces parents se sont établis ensuite à Séné comme l'indique le dénombrement de 1906 et de 1911 et son père est jardinier cultivateur.
En 1906 la famille MAHE est composée de 2 filles et deux garçons et vit à la Poussinière. L'aînée est laboreur et Auguste apprenti chez le forgeron Tréhondart au Poulfanc.
La fiche de matricule d'Auguste MAHE nous apprend qu'il est blessé à Neuville Vitasse qu'il reçoit une citation pour son courage.
On peut lire qu'il est pris en charge par la chaine des secours et parvient à l'hôpital d'Angers où il ne survit pas à ses blessures et décède le 19/11/1914.
Le site GenWeb indique que son corps est entérré dans le carré 42 du cimetière d'Angers rang 7, tombe 26.
Plus...
5/ Hommage aux 11 fusiliers marins sinagots
Au début de la Première Guerre mondiale, le Reich allemand ne tient pas compte de la neutralité du Royaume belge. Les troupes allemandes traversèrent la frontière belge près d'Arlon, et avancèrent rapidement dans le pays afin de prendre possession des ports français de Calais et Dunkerque. Lorsque l'armée allemande arriva aux environs de Dixmude en octobre 1914, le Roi des Belges donna l'ordre d'inonder la région en ouvrant les écluses de l'Yser, stoppant ainsi l'avancée des troupes allemandes.
Le fleuve envahi par la mer devint alors une ligne de front. La ville fut attaquée une première fois le 16 octobre 1914, ce qui marqua le début de la bataille de l'Yser. Les combats sur le front belge ne cessèrent qu'à la fin de la guerre.
Parmi les soldats français envoyés sur le front de l'Yser en Belgique figure les soldats du 1er et 2° Régiment de Fusiliers Marins. Après l'hécatombe des premiers mois de guerre et la bataille de la Marne, la marine qui dispose d'hommes aptes au combat les met sous les ordres de l'infanterie pour contrer l'avancée allemande. Ainsi plus de 6.000 fusiliers marins, reconnaissables à leur pompon rouge sur leur béret, pour beaucoup originaire de Bretagne, gagnent le front des Flandres.
11 fusiliers marins natifs ou domiciliés à Séné figurent parmi les victimes sur le front belge :
Joseph Marie Le MENACH : 25/03/1886 - 21/10/1914, 30 ans
Joseph Marie LE GODEC : 2/01/1885 - 27/10/1914, 29 ans
Joseph Marie CALONEC : 28/07/1890 - 7/11/1914, 24 ans
Jean Marie LE BOURVELEC : 7/01/1891 - 10/11/1914, 23 ans
Vincent Marie MOREL : 23/08/1888 - 12/11/1914, 26 ans
Louis Marie DANET : 1712/1892 - 14/11/1914, 22 ans.
Jean Marie MARION : 14/05/1890 - 18/11/1914, 24 ans
Pierre Marie CADERO : 23/06/1890 - 17/02/1915, 25 ans
Jean Marie Stanislas DANET : 21/01/1894 - 15/04/1915, 21 ans
Joseph Vincent Marie DARON 2/07/1892 - 1/06/1915, 23 ans
Jean Marie DANET : 27/12/1894 - 11/07/1916, 22 ans
Qui étaient-ils ? Comment ont-ils perdu leur vie dans les Flandres ?
Joseph Marie Le MENACH : 25/03/1886 - 21/10/1914, 30 ans.
Parmi ces fusiliers marins figure le soldat sinagot, Joseph Marie Le MENACH né le 25/03/1886 au village de Gornevez.
Le dénombrement de 1911 nous apprend qu'il est l'aîné des trois garçons de cette famille de cultivateurs qui emploie et loge au Gorneveze une jeune bergère.
A l'âge d'effectuer son service militaire, Joseph s'est s'engagé pour 5 ans comme en témoigne sa fiche de matricule. Il n'apparait pas dans les dénombrement de 1906 et 1911.
Dès la publication du Décret de Mobilisation le 1er août 1914, il abandonne son métier de boulanger et intègre en tant que soldat de 2° classe boulanger-coq le 1er Régiment de fusiliers marins.
Joseph Le Menach est "tué à l'ennemi" le 21/10/1914 à 7 heures du matin, à l'âge de 28 ans. Il a fait l'objet d'une citation à tire posthume :
Joseph Marie LE GODEC : 2/01/1885 - 27/10/1914
La fiche "Mémoire des Hommes" nous indique que Joseph Marie LE GODEC, appartient au 1er Régiments de Fusiliers Marins. Il est blessé sur le champs de bataille et décède à Rosendael, près de Dunquerke. Son extrait de naissance nous indique qu'il était natif de La Tour du Parc avec un père douanier. C'est sans doute au hasard des affectations de son père à Séné qu'il est devenue Sinagot.
Il avait épousé le 29/06/1913 à Toulon, Marie Brigitte SIMON. On peut supposer qu'il était engagé volontaire et qu'il réussit a devenir Quartier Maître Electricien aux armées.
Sa tombe figure à la Nécropole Nationale de Dunquerke n°943.
Joseph Marie CALONEC : 28/07/1890 - 7/11/1914
Joseph Marie CALONEC naît à Plumergat où son père est menuisier. La famille s'établira à Séné au village du Meniech car sur son acte de décès figure cette adresse pour son dernier domicile connu.
On peut supposer que son père était charpentier de marine à Séné là où tant de pêcheurs exerçaient..
La fiche de matricule ne renseigne en rien. Sa fiche d'inscrit maritime nous décrit son parcours de marin jusqu'à la mobilisation :
Il incorpore le 2° Régiment de Fusiliers Marins et il est blessé sur le front. Evacué et transportable, il est dirigé vers l'hôpital de Vernon dans l'Eure où il décède des suites de ses blessures à l'âge de 24 ans.
LE BOURVELEC Jean Marie : 7/01/1891 - 10/11/1914
Il nait au village de Langle à Séné le 7/01/1891 au sein d'une famille de pêcheurs.
L'école achevée, il choisit de devenir mousse comme beaucoup des enfants de la presqu'île de Langle. Sa fiche d'inscrit maritime nous permet de suivre ses affectations :
Lors de la mobilisation il rejoint le 3° Dépôt de Lorient et intègre le 2° Régiment de Fusiliers Marins comme matelot de 2° classe. Le 10/11/1914 il disparait lors des combats à Dixmude. Seul fusilier marin de Séné dont le nom n'est pas inscrit au monument aux morts de Séné mais de Vannes.
Vincent Marie MOREL : 23/08/1888 - 12/11/1914
Ce 1er régiment de fusiliers marins a également incorporé un autre marin sinagot en la personne de Vincent Marie MOREL natif du village de Canivarch.
Il intègre lui aussi le 1er Régiment de fusiliers marins en tant que matelot de 1er Classe. Sa fiche d'inscrit maritime nous retracce son parcours de mousse dès l'âge de 14 ans:
Il se marie le 17/06/1913 à Séné avec Marie Perrine DANET, ménagère à Canivach Lors de la mobilisation il rejoint le 3° dépôt des équipages à Lorient et incorpore le régiment de fusiliers marins.
Le 12 novembre le matelot MOREL décède des suites de ses blessures à Furnes près de Dixmude. Sa jeune femme apprendra à quelques jours d'intervalle la mort de son mari et de son frère Louis Marie DANET tous deux mort à Dixmude. Le corps du soldat MOREL est enterré dans le carré militaire du cimetière de Furnes.
Louis Marie DANET : 17/12/1892 - 14/11/1914, 22 ans.
Louis Marie DANET nait à Canivarch au sein d'une familled e pêcheurs.
Le dénombrement de 1911 montre bien la composition de la famille avec notamment la présence de sa soeur Marie Perrine qui épousera en 1913, le jeune MOREL.
Comme la plus part des jeunes de Séné issus d'une famille de marins ou de pêcheurs, il devient mousse à l^'age de 14 ans.
La fiche d'inscrit maritime indique bien ses dernières années professionnelles avant la mobilisation :
Louis Marie DANET disparait le 14 novembre 1914 à Dixmude.
Jean Marie MARION : 14/05/1890 - 18/11/1914
Triste bataille pour les soldats de Séné. Un autre enfant du pays, Jean Marie MARION décèdera à l'âge de 24 ans, le 18 novembre 1914 des "suites de ses blessures reçues à l'ennemi" à l'hôpital temporaire de Zuydcoote où il sera enterré dans nécropole nationale 'Zuydcoote' Carré 1 n°996.
Jean Marie MARION était né le 14 mai 1890 à Kerarden d'un père paludier journalier, (non propriétaire de la saline) comme l'indique son acte de naissance et le dénombrement de 1906.
Au dénombrement de 1911, Jean Marie n'apparait plus, il a débuté dans la marine comme jeune mousse.
Sa fiche d'Inscrit Maritime nous indique qu'il est mousse le 26/04/1902 à l'âge de 12 ans sur un bateau de cabotage "L'Arsène" pour une traversée Vannes l'Aber Wrach. Il est soutier le 9/02/1915 sur l'Oléron et matelot sur le chalutier "Père Gérard" en mai 1906, à seize ans. Il fera l'Ecole d'Apprenti Mécanicien entre 1910-1911. Il rejoint le 4° dépot et intègre le régiment de fusiliers marins le 17/08/1914.
Il décède à l'hôpital de Zuydcotte le 19 novembre 1914.
Pierre Marie CADERO : 23/06/1890 - 17/02/1915
Pierre Marie CADERO nait tout d'abord "Cléro" du nom de sa mère avant que son père pêcheur sans doute absent le jour de l'accouchement ne réconnaisse son fils. La famille a du quitter avant 1906 le village de Cadouarn car on ne la trouve pas au dénombrement.
Leur fils Pierre Marie lors de sa conscription réside à Vannes. A son décès son nom sera inscrit sur le monument aux mort de Vannes.
Comme d'autres il est mobilisé le 1er août 1904 et intègre le corps du 2° Régiment de Fusiliers marins en dae du 27/08/14. Il meurt "au champ d'Honneur" à Nieuport en Belgique le 17/02/1915.
Jean Marie Stanislas DANET : 21/01/1894 - 15/04/1915
Jean Marie Stanislas était du village de Canivarch; Sans doute que ce 3° prénom lui a été donné pour le distinguer des autres "Jean Marie DANET" vivants à Séné. Il est issu d'une famille de pêcheurs.
Le dénombrement de 1911 nous donne la composition du foyer :
Enfin sa fiche militaire nous indique les circonstances de sa mort au combat. Il fut d'abord blessé au combat et conduit à l'hopital sanatorium de Zuydcoote ou il décède le 15/04/1915.
Sa tombe est située à Zuydcoote au sein de la nécropole nationale. Carré, rang, tombe : Carré 1, tombe 559
Joseph Vincent Marie DARON 2/07/1892 - 1/06/1915
Au dénombrement de 1911, la famille Daron est déjà endeuillé par la mort du père, Mathurin Marie, natif de Baden et qui était marin de commerce. L'état civil nous indique que Mathurin décéda le 31/12/1905 laisant sa femme et ses trois enfants.
Sa veuve, autrefois "ménagère", c'est à dire "femme au foyer" a du endosser la responsabilité de "chef" de famille comme l'écrit le préposé sur le registre du dénombrement. Marie Françoise LE NEZET, native de Carnac, exerce le dur métier de pecheuse comme ses enfants, à commencer par son cadet, Louis Jean Marie, sa fille et son aîné Joseph Vincent.
Tous vivent de la pêche à Cadouarn. La fiche de matricule ne renseigne pas sur les états de service de Joseph Vincent. Sa fiche d'inscrit maritme nous livre un parcours assez fréquent pour des jeunes Sinagots issus de famille de pêcheurs :
Comme d'autres marins breton et sinagots, son métier de marin l'a conduit a intégrer les "pompons rouges" du 2° régiment de Fusiliers Marins qui pour palier le manque d'effectif dans l'armée de Terre, sera engagé au combat sur le front de l'Yser en Belgique.
En mai 1915. En ce premier printemps de guerre, la division belge de Namur (8ème, 10ème et 13ème de Ligne) d'une part, une division française occupant Nieuport d'autre part, avaient été chargées de s'emparer d'une ligne de positions s'étendant devant leur front. Cette ligne partait de la ferme «L'union », objectif français au Nord, pour aboutir à la ferme la «Violette» , objectif du 13ème de Ligne au Sud.
Pendant cette attaque, le 1er juin 1915, Joseph Vincent Marie DARON disaparait au combat.
Mme veuve Daron perd son fils ainée Joseph Vincent en juin 1915 et elle perdra son cadet Louis Jean Marie deux ans plus tard en juillet 1917 alors que son bateau est torpillé par un sous-marin. Il s'agira du plus jeune poilu de Séné mort à 17 ans et 7 mois. Lire article (Partie Sene 14-18 Marine).
Jean Marie DANET : 27/12/1894 - 11/07/1916
Jean Marie DANET est né au village de Langle le 27/12/1894 comme nous l'indique son extrait de naissance. Ses parents sont alors pêcheurs.
Le dénombrement de 1911 nous donne la composition de la famille : 2 filles et 2 garçons.
La fiche de matricule de Jean Marie DANET ne nous renseigne pas. Et pour cause il est inscrit maritime. Le service de documentation de la défense de Lorient conserve le parcours de marin de DANET. On y apprend qu'il devient mousse à l'âge de 14 sur le Marianne.
Par la suite il change de bateau pour occuper après la mobilisation le "Trois Frères". Il rejoint ensuite le 3° Dépot des équipages de Lorient et intègre le régiment de fusiliers marins.
Cette fiche d'inscrit maritime nous dit qu'ile st tué à Saint Georges en Belgique le 11/07/1916.
Son corps repose à la Nécropole Notre Dame de Lorette carré 49 rang 2 tombe n°9673.
Un monument à Dunkerque rend hommage a tous les fuciliers marins morts pendants la guerre de 14-18
6/ BENOIT,ORJUBIN, ROPERT 1ers morts de Séné dans les tranchées
La course à la mer est un échec pour les armées allemandes. Les armées françaises et le BEF anglais s'opposent aux allemands et gardent la main mise sur les ports de la Manche. Le contournement des forces françaises par l'aile droite allemande est définitivement oublié. Les belligérants ont crée une ligne de front qui va de Dunquerke à Arras, Compiègne, Reims Verdun et Belfort.
De nouveaux combats prennent place sur des abris improvisés creusés par les soldats et qui deviendront au fil des mois un réseau de tranchées, de boyaux pour abriter les fantassins. Dans des paysages de champs agricoles et de bois, le moindre monticule, la moindre côte devient stratégique pour positionner l'artillerie et surveiller l'ennemi. Les hameaux et villages refuges d'un jour sont pillonnés, bombardés et nombreux seront méconnaissables au sortir de la guerre.
Sur le front de Champagne et en Artois, trois soldats de Séné perdirent leur vie dans ces premières semaines de combats de tranchées en automne 1914.
Jean Louis Mathurin BENOIT 19/05/1883 - 17/11/1914 - 2° RIC - Bois de la Grurie
Paul ORJUBIN : 25/05/1887 - 22/11/1914 - Sergent - 2° RIC - Bois de la Grurie
Jean Marie ROPERT : 18/06/1880 - 7/12/1914 - La Boiselle - 65°RI
-----------------------------------------------
"Toutes les forces organisées de la nation sont mises sur pied dès le 2 août 1914, pour arrêter l'envahisseur barbare qui se préparait à violer le sol de la France. Le 2° Régiment d'Infanterie Coloniale est mobilisé à Brest, sous les ordres du colonel Gallois, à l'effectif de 3.326 hommes (pour la plupart Bretons d'origine) et 69 officiers."
Ainsi commence le texte de l'historique du 2° Régiment d'Infanterie Coloniale. A partir de novembre 1914, des combats ont lieu sur une ligne de front dans la Marne à l'ouest de la grande forêt d'Argonne, dans le bois de la Gruerie.
Le 2°RIC y participe comme le raconte l'historique. " Le 14 novembre 1914, le 1er bataillon, commandé par le chef de bataillon DUCARRE, va occuper la partie est du secteur « Four de Paris ». Le 17 novembre, le 1er bataillon rejoint le 2e bataillon, qui a perdu un élément de tranchée et doit le reprendre. (Au cours de cette journée Jean Louis BENOIT disparait.) L'opération réussit et des travaux de fortification en vue de prévenir un retour offensif de l'ennemi sont commencés. Le 21 novembre, le régiment est relevé et va cantonner à Chaudefontaine, où il reste jusqu'au 27 novembre. (Paul ORJUBIN est "tué à l'ennemi" LE 22/11). Les officiers et les hommes tombent de fatigue. Le 28 novembre, le régiment est à nouveau en tranchées."
Qui étaient les soldats Orjubin et Benoit natifs de Séné ?
Jean Louis Mathurin BENOIT 19/05/1883 - 17/11/1914
Jean Louis Mathurin BENOIT nait au village de Cressignan à Séné. Le dénombrement de 1911 nous renseigne sur la famille BENOIT. Son père, cultivateur est veuf et il est épaulé par sa soeur et deux domestiques de ferme. La famille compte 3 enfants.
La fiche "Mémoire des Hommes" nous dit que Benoit a été incorporé au 2° RIC en "tant que soldat de 2° classe. Il est "tué à l'ennemi" le 17/11/1914.
Paul ORJUBIN : 25/05/1887 - 22/11/1914 - Sergent.
Paul Orjubin nait au village de Ranquin en Séné. Son père est tailleur de pierre et sa mère ménagère.
Plus tard ses parents deviennent cultivateurs et la famille s'agrandit d'une petite soeur comme nous l'indique le dénombrement de 1911.
Sa fiche de matricule nous indique qu'après la mobilisation, il rejoint le 2° RIC le 4/08/1914 et part aux armées le 30/08. Ses états de services montrent qu'il fut d'abord caporal dès le 10/10 et ensuite sergent le 5/11 avant de mourir pour la France le 22 novembre 1914, à l'âge de 27 ans dans le secteur de Bagatelle du bois de la Gruerie.
A l'autre bout de la France en Artois, un autre soldat de Séné, combat avec le 65° régiment d'Infanterie.
Jean Marie ROPERT : 18/06/1880 - 7/12/1914
Jean Marie Ropert est né au hameau du Versa à Séné au sein d'une famille de cultivateurs comme nous l'indique son extrait de naissance.
On apprend également qu'il se marie le 29/04/1907 à Vannes avec Marie Julie ONODIN (?)
A l'âge de la conscription, il déclare la profession de forgeron et ses parents sont toujours cultivateurs à Cariel. Il décalre également un domicile à Nantes et ensuite à Chantenay. Il fait sa conscription au 116°RI de Vannes, puis passe au régiment de Nantes.
Sa fiche "Mémoire des Hommes" nous indique qu'il fut blessé et qu'il est décédé à Louvencourt (Somme) le 7/12/1914. A la mobilisation, il est incorporé au 65°RI de Vitré comme soldat de 2° classe, l'historique du régiment situe bien les troupes dans la Somme mais à l'écart de Louvencourt :
"Après plusieurs jours de combat à Taissy et Sillery, le 65ème – dont le lieutenant-colonel Retrouvey vient de prendre le commandement - gagne Compiègne à marches forcées (21 et 25 septembre), s’y embarque et est, transporté, par voie ferrée et camions autos à l’est d’Albert.
L’ennemi accentue sa poussée en direction de Paris et le régiment arrive pour contribuer, à Contalmaison, Fricourt et la Boisselle, à arrêter cette poussée. La guerre de tranchées commence et l’hiver 1914-1915 se passe, marqué par les dures affaires de Beaumont-Hamel (6, 10 et 28 octobre) et de Boisselle (décembre et janvier). C’est la progression pied à pied, les combats rapprochés, où la prise d’un élément de boyau exige autant d’héroïsme qu’une grande bataille ; mais c’est surtout la lutte dans l’eau et la boue, dans les tranchées qui s’effondrent, la lutte terrible parmi les tombes et les croix du cimetière de la Boiselle."
La carte suivante indique la zone ou combat le 65°RI.
Comment expliquer une mort à Louvencourt ?
Le site : http://hopitauxmilitairesguerre1418.overblog.com répertorie les ambulances et hopitaux de campagne présents à l'arrière du front. Du 20 octobre au 18 décembre l'ambulance 1/82 est établie à Louvencourt :
LOUVENCOURT (Somme) – amb. 1/82 (20/10/14-18/12/14) : 3672 ; amb. 5/11 (26/11/14-14/07/15)
Blessé sur le front, ROPERT a pu être évacué par la chaine de soins vers l'ambulance installée à Louvencourt.
Il y décède ce 7 décembre 1914 à l'âge de 34 ans.
7a/ ALLANIOUX, héroïque 2° classe aux Hurlus
Après les batailles des frontières perdue, la retraite stoppée par la victoire sur la Marne et la course à la mer, les belligérants ont crée une ligne de front qui va de Belfort à Dunquerque en passant par Verdun, Reims ou encore Arras.
Sur des terrains plats, taillés de quelques ruisseaux, ou quelques côtes servent à poster des batteries d'artilleries et voir les posiitons de l'ennemi, les régiments d'infanterie n'ont d'autres solutions que de creuser un réseau de tranchées et de boyaux pour se protéger. C'est la guerre des tranchées qui durera jusqu'à un usage de chars d'assaut et l'arrivée des troupes américaines qui donnera la supériorité décisive aux démocraties face aux Empires centraux. Pendant des longs mois, en Champagne, aux Eparges, à Verdun, dans la Somme, les fantassins devront sortir des tranchées pour mener des offensives et gagner ou perdre au prix de centaines de morts quelques centaines de mètres dans les lignes ennemis. En arrière du front, une logistique se met en place ammenant, armement, soldats et ravitaillement parfois sur de nouvelles routes et voies ferrées construites pour la guerre.
En ce mois de mars 1915, les Allemands qui ont reflué après la Marne, s'étalent en Champagne pouilleuse. La carte ci-joint montre la ligne de front. Document CRDP Strasbourg.
Sentant bien le danger d'une guerre d'usure, longue, le commandement français (et allemand) n'aura de cesse que de concevoir des offensives. Une des premières est celle qui deviendra la 1ère bataille de Champagne aux Mesnil-les-Hurlus.
Le soldat ALLANIOUX de Séné appartient au 72° Régiment d'Infanterie. L'historique du régiment nous raconte une de ces sorties des tranchées où il perdit la vie :
"en février et mars 1915, le 72e prend part à la grande offensive de Champagne. Au nord de Mesnil-lès-Hurlus, sous un feu terrible de mitrailleuses et d'artillerie, jonchant le sol de morts et de blessés, il monte à l'assaut six fois. Le 22 février, il attaque les tranchées du bois « Jaune-Brûlé », et le 23 le 3e bataillon réussit à prendre pied dans la partie méridionale de ce bois. Le 24, nouvelles attaques, nouveaux progrès. Le 25, nouvelle progression sous le feu.
Relevé dans la nuit du 25 au 26, il remonte à l'assaut le 5 mars et, dans la nuit du 5 au 6, avance sérieusement, mais, malgré le prodigieux courage déployé par tous, ne peut atteindre ses objectifs. En définitive, le front ennemi ne fut pas rompu, mais l'héroïsme des troupes qui attaquèrent inlassablement, dans des conditions difficiles, n'en demeure pas moins admirable.
Admirable de courage fût Honoré Patern Marie ALLANIOUX comme nous le relate sa citation :
"Le 24 février à l’attaque de la côte 196 avait l’obligation de renforcer une ligne de tirailleurs devenue faible le commandant ayant ordonné d’essayer ce renforcement bien qu’ayant cru tomber dans la zone de mort qu’il devait traverser, sous les hommes de la section précédente et sachant par conséquent qu’il allait à une mort presque certaine à simplement bravement obéi sans un murmure ni aucune hésitation et est allé au poste désigné. Ordre du régiment."
Qui était ce soldat de Séné qui perdit sa vie le 25/02/1915 à Mesnil les Hurlus sur la côte 196 non loin du bois "Jaune Brulé" ? Hurlus, Jaune brulé ces leiux-dits résonnent du courage des hommes.
Honoré Patern Marie ALLANIOUX est né à Séné le 8/02/1891 à Langle. Son père est journalier et sa mère ménagère comme on le lit sur son extrait de naissance.
Le dénombrement de 1906 nous donne la composition de la famille, qui compte 3 garçons et 2 filles. Le père cultivateur fermier à Langle.
Sa fiche de matricule établie pour ses 20 ans nous indique qu'il est boulanger de métier, un temps établi à Arradon. Il avait fait sa conscription en 1911-1912 au 62°RI et à la mobilisation il est affecté le 23/12/1914 au 72°RI.
Il disparait célibataire à l'âge de 26 ans, son nom est est pour toujours gravé sur le monument aux morts de Séné.
Il était le beau-frère de Armel BOURVELEC (26/08/1886 – 16/03/1920) qui avait épousé sa soeur Marie Honorine ALLANIOUX le 5/09/1910.
7b/ LE BARBIER combat en Argonne
Le Haut commandement français ne se resous pas à l'occupation de la France par les armées allemandes. Que cela soit en Artois en décembre 1914, en Champagne en hiver 1915, les offensives n'ont pas apporté de résultats tangibles. L'Argonne n'échappe pas au "mythe" de la percée à tout prix....Entre Champagne (Marne à l'Ouest) et Woevre (Meuse à l'Est), on décide une autre offensive....
Le soldat LE BARBIER Joseph Marie est "tué à l'ennemi" le 6 avril 1915 dans une attaque mal préparée autour du village de Vauquois en Argonne.
Il nait le 24/02/1887 à Lorient comme nous l'indique son extrait de naissance d'un père préposé des douanes et d'une mère sans profession. On y lit que les parents se sont mariés à Séné, sa mère née DANET est de Séné.
La famille s'établit au village de Langle sur Séné qui compte alors plusieurs casernes de douaniers. Tout "naturellement" le fils commence une vie de marin comme les gars de son âge et on retouve sa fiche d'inscrit maritime. De 1902 à 1905, il est mousse puis matelot.
Cependant, en juin 1905, il opte comme son père pour entrer dans l'administration des douanes.
Au dénombrement de 1906, il est préposé des douanes à la caserne des Quatre-Vents à Séné..
De la classe 1887, il fait sa conscription en 1907 au 3° régiment de Zouaves puis au 2° régiment d'Infanterie coloniale.
Quand éclate la guerre, il intègre le 42° Régiment d'Infanterie Coloniale. L'historique du 42°RIC indique bien son décès au sein de ce régiment, comme son acte de décès, alors que la fiche Mémoire des Hommes" indique par erreur le 22°RIC.
Le soldat LE BARBIER meurt dans les tranchées dites en "V" sur le territoire de Vauquois. Malgré la préparation de l'attaque, le pilonage de l'artillerie, son bataillon prend puis reperd des tranchées ennemies sous le feu des mitrailleuses....
Cette attaque est bien décrite dans l'historique du régiment et les commentaires a posteriori du rédacteur méritent lecture. L'extrait est ici retranscrit accompagné de photographiers de Vauquois :
"L’ordre d’opérations n°77/c de la 10°D.I. prescrit pour la journée du 4 avril une attaque portant sur toute la région ouest de Vauquois.
Le 1er bataillon mis à la disposition de la 19° brigade, reçoit comme objectif d’attaque l’ouvrage du V de Vauquois. Il devra occuper le 4 avril à 4H30 les emplacements suivants :
Une compagnie dans les tranchées face à l’ouvrage du V ;
Une compagnie dans le boyau reliant le bois Noir à ces tranchées
Deux compagnies dans les tranchées du Bois Noir.
Mais, en raison d’une pluie continue, l’attaque projetée est remise au 5 ; le 1er bataillon va coucher à Neuvilly ; le 2° bataillon est utilisé à l’est de Vauquois.
Le 1er bataillon quitte son cantonnement pendant la nuit du 4 au 5 pour se porter sur ses emplacements. L’attaque doit être déclenchée à 17H30.
Le chef Ruben, commandant le bataillon, donne ses instructions de détail aux unités : la 16° compagnie attaquera la première ligne de défense allemande, organisera la position conquise et établira un barrage de manière à arrêter les renforts allemands venant de la direction de Boureuilles.
La 15° compagnie appuiera la droite de la 16° ; elle repoussera si possible son mouvement en avant de façon à enlever la deuxième ligne de tranchées ennemies ; elle fera une conversion à droite pour attaquer l’ouvrage intermédiaire.
Elle sera renforcée suivant ordres du chef de bataillon par la 13° Compagnie.
La 14° Compagnie reste à la disposition du Chef de Bataillon.
La préparation d’artillerie est intense et bien conduite, elle dure de 15H30 à 17H30 ; son action doit être complétée par l’explosion d’une mine creusée sous les tranchées allemandes/
Cette explosion ne se produisant pas, le chef de bataillon donne à 17H30 le signal de l’attaque.
Les deux sections de gauche de la 16° compagnie enlèvent brillamment, sans trop de pertes, la fraction de ligne ennemie devant elles ; l’ouvrage a une profondeur de 2 mètres avec des parois à pic du côté de l’ennemi ; une fusillade assez vive part des abris souterrains ; le sous lieutenant Traineau fait lancer quelques grenades, les défenseurs au nombre de 31 se redent.
Les deux sections de droite de la 16° compagnie sont arrêtées avant d’aborder la posiiton par un large entonnoir de mine et soumise à un feu de mitrailleurs provenant de l’ouvrage intermédiaire ; elles subissent de grandes pertes, le sous lieutenant Couderc est tué.
La 15° compagnie se porte en avant par fractions ; au débouché de la tranchée de départ, un feu extrêmement violent de mitrailleuses arrête net son élan : deux chefs de sections sont tués ; toute nouvelle tentative de progression est arrêtée.
A 17H40, le chef de bataillon Ruben, blessé, est obligé de passer son commandement au Capitaine Vialatte.
A 17H45 les deux sections de la 16° restées en arrière réussissent à pénétrer dans la posiiton ennemie très réduite, elles sont renforcées par 15 hommes de la 15° compagnie.
L’organisation de l’ouvrage conquis est immédiatmeent commencée : une demi compagnie du génie, mise à la dispositon du bataillon, amorce le boyau devant le relier à notre parallèle de départ.
A 19H15, deux sections de la 14° compagnie pénètrent à leur tour dans la tranchée allemande ; le boyau de communication est terminé à 23H15 et occupé immédiatement per deux sections de la 13° compagnie qui s’est rapprochée, prête à intervenir en cas de contre-attaque.
A 3H15, l’ennemi prépare une contre-attaque par un tir extrêmement nourri et très ajusté de mortiers de tranchée.
Les projectiles tombent à profusion sur la droite de la tranchée conquise ; faisant de grands vides parmi les occupants ; notre droite fléchit et est contrainte à un repli. L’infanterie allemande profite de cet instant de désarroi pour franchir le barrage hâtivement construit ; elle prend d’enfilade les défenseurs qui sont obligés d’évacuer la tranchée.
Arrêtés un instant dans l’entonnoir de l’ouest, ils en sont chassés par le bombardement ; en définitive, ils doivent replier dans la tranchée de première ligne après avoir coupé le boyau de communication dont ils conservent la possession.
Une contre-attaque immédiate ordonnées par le capitaine Vilatte en peut amener la réoccupation de la tranchée ennemie/
Le 6 avril à 17H30 après une très courte préparation d’artillerie, un nouvel effort est tenté.
A 17H35, le capitaine Vialatte, blessé, doit céder son commandement après avoir donné ses instruction au sous lieutenant Traineau qui se trouve à ce moment près de lui.
La 13° compagnie est chargée de mener l’attaque ; dans un premier élan elle réussit à progresser jusqu’à l’entonnoir précédant la positon ennemi : là elle est fixée par des feux violents d’artillerie ; de mitrailleuses et surtout d’infanterie. Les Allemands se sont renforcés en cours de nuit précédente ; la tranchée ennemie est garnie de nombreux défenseurs ; des fractions de la 13° Compagnie réussissent à tenir cependant jusqu’à la nuit, toutes les tentatives faites pour les renforcer échouent ; les feux nourris et ajustés fauchent ceux qui tentent de franchir l’espace découvert.
Malgré l’allant et la ténacité des officiers et de la troupe, le 1er Bataillon n’a pu obtenir et compléter les résultats de la veille : les hommes étaient extrêmement fatigués par trois jours et trois nuits passés sur les positions d’attaque, et précédés seulement de deux jours de repos au cantonnement après une rude période.
L apluie continuelle avait détrempé le terrin et rendait la progression très difficile, occasionnant des éboulements. La boue avait pénétré jusque dans les mécanismes des armes, nuisant à leur bons fonctionnement. Enfin l’attaque avait été précédée d’une préparation d’artillerie trop courte, absolument inefficace, de sorte que le 1er bataillon attaquant pour la troisième fois, alors qu’il avait perdu la moitié de ses effectifs s’est heurté à des tranchées intactes dont les moyens matériels de défense étaient augmentés, occupés par un ennemi renforcé et dont le moral n’avait subi aucune atteinte.
Telles sont les causes de l’échec, malgré la vaillance et l’entrain de tous ; le rôle du 1er bataillon fut des plus honorables, bien que le succès n’ait pas couronné ses efforts.
Il atait remplacé dans la nuit du 6 au 7 par par le 89° R.I. ; la relève fut des plus malaisés, certaines fractions ne rejoignait le cantonnement d’Aubreville que dans la matinée du 7.
Les pertes étaient graves par comparaison avec l’effectif engagé : 4 officiers dont 2 tués, 239 hommes de troupe dont 42 tués.
Ajoutées à celles du mois précédent, elles équivalaient à la moitié de l’effectif total présent du régiment officiers et troupe/.
L’ordre du régiment n°75 du 25 avril énumérait les braves cités à l’ordre de l’armée à la suite de ces brillantes et rudes actions ; l’ordre n°76 de même jour apprenait que la médaille militaire venait récompenser l’héroïque conduite de l’adjudant Page Ernest des sergents Belle Gilbert et Galy Huppolyte.
8/ ALLANO, berger sur la crête des Eparges
La bataille des Éparges, ou bataille de Combres pour les Allemands, est une série de combats pour la maîtrise de la crête des Éparges opposant la 12e division d'infanterie de la 1re Armée française à la 33e division d'infanterie allemande du 17 février au 5 avril 1915 au cours de la Première Guerre mondiale.
Pour éclaircir les organigrammes militaires pas toujours très facile à comprendre, vous trouverez ci-dessous l'arborescence dans laquelle se trouve le 106e Régiment d'Infanterie au début d'Août 1914. Les Armées Françaises ( constituées de 10 Armées) dont:
- 3e Armée ( Général Duffey) constituée des:
- 4e Corps d'Armée
- 5e Corps d'Armée
- 6e Corps d'Armée (Général Sarrail - Chalons sur Marne) constitué des:
- 40e Division d'Infanterie:
- 42e Division d'Infanterie:
- 12e Division d'Infanterie (Général Souchier) constituée des:
- 23e Brigade (Gén. Huguet) :54e R.I (Compiègne) - 67e R.I (Soissons) - 24e Brigade (Gén. Roques):106e R.I (Chalons) - 132e R.I (Reims) - 25e Régiment d'Artillerie de Campagne (Chalons sur Marne)
- Compagnie 6/1 du 9e Régiment de Génie
La D.I n'a pas d'escadron divisionnaire de Cavalerie au début de la guerre. son effectif totalise 318 officiers et 15 526 hommes.
Les combats aux Eparges se sont déroulés dans des conditions extrêmement difficiles sous la pluie, la neige, dans la boue. L'infanterie des deux camps a dû rester pendant de longues semaines sous les coups de l'artillerie. L'armée française tente au cours de plusieurs assauts de conquérir la crête, après des pertes très lourdes des deux côtés, les Français arrivent à prendre pied sur la crête sans pouvoir en déloger totalement les Allemands.(Source Wiki-pedia)
Cette bataille est l'une des premières à présenter de nombreuses caractéristiques qui se révèleront classiques de la première guerre mondiale : une durée de plusieurs semaines, des séries d'attaques, contre-attaques avec de nombreuses pertes pour des gains territoriaux faibles voire nuls. Elle annonce les batailles de Verdun et de la Somme.
Le 17 février 1915, le combat pour la prise de la crête des Éparges débute par l'explosion simultanée de quatre mines sous les lignes allemandes, suivi d'un violent bombardement d'une heure. À 15 heures, le 2e bataillon du 106e régiment d'infanterie soutenu par un autre bataillon du même régiment et flanqué à gauche de deux bataillons du 132e régiment d'infanterie part à l'assaut de la crête et la conquiert. Durant la nuit, l'artillerie allemande bombarde régulièrement les positions françaises. L'intensité du bombardement s'accroît jusqu'à la contre-attaque allemande déclenchée à 8 heures le 18 février qui repousse les troupes françaises sur leur ligne de départ.
Pour alimenter les troupes, un ravin entre deux collines est aménagé en cuisines militaires.
À 15 heures, un nouvel assaut français composé du 3e bataillon du 106e R.I. renforcé de compagnies du 2e bataillon du même régiment et du 132e R.I. reprend les tranchées allemandes. Malgré les nombreuses tentatives de contre-attaques allemandes le 19 février, les tranchées conquises restent aux mains des troupes françaises.
Le 20 février un nouvel assaut français est lancé, composé d'un bataillon du 106e R.I. à gauche (vers le point X), un bataillon du 67e R.I. et d'un bataillon du 132e R.I. La crête est dépassée, mais devant l'arrivée et l'action de renforts allemands, les troupes françaises sont à nouveau repoussées avec de lourdes pertes. À la fin des combats du mois du février, les Français se maintiennent dans la partie des défenses allemandes les plus proches des tranchées de départ, appelé le point A ou le doigt.
Après l'armistice, un monument sera érigé en mémoire du 106° Régiment d'Infanterie.
L'historique du 106° RI publié en 1920 commente ainsi la journée du 20 février.
"C'est qu'en effet le commandement, bien décidé à compléter son demi-succès du 18, préparait une nouvelle attaque ou plutôt une nouvelle contre-attaque. Le 20 février au matin des troupes fraîches : un bataillon du 106e (à droite), un bataillon du 67e (au centre), et un bataillon du 132e (à gauche), après une très rapide préparation d'artillerie, s'élançaient sur les tranchées allemandes et s'en emparaient brillamment. Au centre, le 67e dépassait même la fameuse crête et dévalait sur les pentes qui descendent vers Combres. Malheureusement les Allemands qui, pendant la nuit, avaient massé, dans cette région des forces importantes, se lancèrent aussitôt à la contre-attaque et rejetèrent nos troupes sur leurs positions de départ. Seul le bataillon du 132e put se maintenir, pendant quelques heures, dans un petit bois qu'il avait réussi à conquérir. Des deux côtés l'artillerie entra alors en action et, jusqu'à la tombée de la nuit, arrosa copieusement les fantassins, qui organisaient les positions qu'ils occupaient. En somme, au cours de ces rudes journées : 17, 18, 19 et 20 février, malgré des prodiges de valeur, nos troupes n'avaient pu s'emparer de leur objectif : la crête des Eparges et, une fois de plus, le sang de l'infanterie avait abondamment coulé."
La bataille des Eparges a été proté à l'écran : https://www.youtube.com/watch?v=cQowFKuhmcY
Au cours de cette première attaque de la crête des Eparges, il y en aura une autre en mars, Honoré Louis Marie ALLANO, natif de Séné, soldat de 2° classe au 106° RI, est blessé. Evacué il décède le 21/02/1915 dans un hôpital de Verdun.
Son extrait de naissance nous indique qu'il est né le 28/07/1893 et que ses parents tiennent une boucherie au bourg de Séné. Enfant, Honoré a du fréquenter l'école toute proche. Au dénombrement de 1906, on le retrouve à 13 ans déjà en âge de travailler, comme berger à Kernipitur chez les Laurent, famille d'agriculteurs. Ce couple avec 5 enfants a besoin de main d'oeuvre et emploie également un domestique de ferme.
Au dénombrement de 1911 il ne travaille plus chez les Laurent. Sa fiche de matricule nous indique qu'il est agriculteur et établi à Séné et que ses parents sont désormais commerçants près du manoir de Trussac à Vannes. A son décès après la guerre, étant célibataire, on retiendra l'adresse de ses parents pour inscrire cet enfant de Séné au monument aux morts de Vannes.
A-t-il eu une tombe dans le premier cimetière militaire du Trottoir crée pour accueillir les corps de tant de soldats?
9/ Offensives de la Meuse
Malgré le peu de succès des principales offensives en Artois et en Champagne, durant l'hiver 1915, il est décidé de poursuivre des attaques en ce début de printemps 1915 dans la Meuse sur une ligne de front qui va de Pintheville aux Eparges et au sud vers Saint Mihiel, croisant la voie forestière dénommée "Tranchée" de Calones (tranchée synonyme ici de trouée et ouverture).
Des soldats de Séné participent à ces offensives et quatre d'entre eux y perdent la vie.
Louis François LE THIEC le 10/04/1915 à Pintheville,
Jean COMBES, le 11/04/15 au Bois d'Ailly en Apremont
Jean François CAUDAL le 29/04/1915 aux Eparges,
Pierre DANO, le 23/05/15 au Bois Haut de Calonne,
Qui étaient des jeunes hommes de Séné et dans quelles circonstances ont-ils perdu la vie ?
Louis François LE THIEC le 10/04/1915 à Pintheville
Louis François LE THIEC nait à Saint-Nolff au hameau de Rannuec le 17/02/1890 dans une famille de cultivateurs.
Au dénombrement de 1906 on retrouve la famille Le Thiex installée à Séné au village de Cano. La famille compte 6 enfants et héberge également deux domestiques de ferme dont Joachim CORBEL, qui sera également mobilisé et mourra au front comme le fils de son patron (Lire l'article "Les 5 Oubliés de Séné").
La fiche de matricule de LE THIEC nous dit qu'il est incorporé pour "son service" militaire au 124° RI le 7/10/1911. Il passe à la réserve le 8 novembre 1913. Au dénombrement de 1911, avant sa conscription, il est enregistré avec sa famille qui est toujours sur Cano.
Après la mobilisation, la commission de réforme le rappelle le 13/11/1914. Il rejoint le régiment de Vannes le 3/12/1914 et passe au 120° Régiment d'Infanterie le 6/01/1915.
Lors de l'offensive en Woevre, il est tué à l'ennemi, le 10 avril à Maizeray, petit village à côté de Pintheville près de Verdun. L'historique du 12°RI nous résume cette attaque du 7 au 13 avril 1915 :
"De nouvelles épreuves attendaient notre héroïque Régiment. La pluie se mit à tomber avec rage, transformant la plaine de Woevre en un véritable marécage. Impossible d'y creuser des tranchées : elles étaient aussitôt remplies d'eau. Il fallait donc se résigner à entasser les uns sur les autres des sacs remplis de terre ou à placer sur le sol des gabions : travail très dur et lent.
Nous avons, en outre, à lutter contre un adversaire installé sur ses positions depuis plusieurs mois. Il a eu le temps de bétonner ses tranchées de première ligne. Il a de puissants réseaux de fils de fer; des observatoires également bétonnés lui permettront de mettre à mal nos batteries de soutien au fur et à mesure que celles-ci viendront prendre leur emplacement de combat.
Aussi, comme cela va être dit, nos efforts n'aboutiront qu'à un échec sanglant sur ce théâtre d'opérations. Quoi qu'il en soit, le Régiment arrive le 7 avril à Pintheville, à environ 3 kilomètres des premières lignes ennemies. .
Les 1er et 2e bataillons s'installent tant bien que mal à 1.500 m à l'est de Pintheville; le 1er au sud, le 2e au nord de la route de Verdun à Metz, axe de notre manœuvre.
Notre objectif principal est le village de Maizeray.
Le Colonel se placera sous la route même (elle est un peu en remblai), dans l'eau comme tout le régiment.
Le 3e bataillon demeure provisoirement en réserve à Pintheville.
Du 8 au 11, nous gagnons du terrain en avant : 600 mètres le 9, une centaine de mètres encore le 10.
Le 11, préparation d'artillerie, mais celle-ci est peu efficace pour les raisons données plus haut, et aucune brèche n'est faite ce jour-là dans les réseaux de l'adversaire.
Le 12, l'artillerie reprend son tir et les trois bataillons sont mis en ligne; dès le matin, le Commandant JACQUET, du 2e bataillon, est tué.
Une attaque générale doit avoir lieu vers 13 heures, mais les réseaux allemands tiennent toujours, et nous sommes voués à l'impuissance. Seule, la 3e compagnie qui dispose d'une brèche. assez étroite d'ailleurs, se porte à l'assaut sous les ordres de son commandant de compagnie, le Lieutenant DÉCHIN. Mais elle est décimée au cours de son avance, et une quinzaine d'hommes qui, entraînés par le brave DÉCHIN, arrivent jusqu'à la tranchée ennemie, y sont entourés et pris. Le Lieutenant DÉCHIN, grièvement blessé, ne tardera pas à mourir, en captivité, des suites de ses blessures. La 3e compagnie est citée à l'ordre de l'Armée pour sa bravoure et son esprit de sacrifice. Le Soldat DESCHAMPS, blessé pour la troisième fois, est aussi cité à l'ordre de l'Armée.
Le 14, le Régiment, à bout de souffle, est relevé par le 147e et va cantonner à WatronvilIe.
Au cours de ces journées, nous avons perdu 131 tués (dont le Commandant JACQUET, commandant le 2e bataillon; le Sous-Lieutenant CHAMBON), et 389 blessés ou disparus (le Capitaine ROUSSEAU; les Lieutenants DÉCHIN, NORMANDIN, BAIGOS sont blessés).
Jean COMBES, le 11 avril au Bois d'Ailly en Apremont
Jean COMBES nait rue Fontaine à Vannes le 4 août 1895, fils Jean Marie Combes, chaudronnier et Marie Julienne ROZO, native de Séné.
La famille viendra s'installer à Séné au village de Cariel, car telle est l'adresse déclarée par Jean COMBES au moment de sa conscription qu'il aurait du faire en 1915.
Le 31/08/1914, il est engagé volontaire pour la durée de la guerre. Il arrive au corps le 3/09/1914 au sein du 56° Régiment d'Infanterie.
Jean COMBES est tué à l'ennemi le 11 avril 1915 au Bois d'Ailly dans la Meuse, massis situé au sud de Verdun près de Saint-Mihiel. Le croquis suivant donne une vue panoramique sur le théâtre des combats d'avril 1915 que nous relate l'historique du 56°RI.
"Les journées d’avril compteront parmi les plus glorieuses dans les annales du 56e. Le 5, le régiment doit attaquer ce bois qu’il convoite depuis six mois, où sont accumulés les engins qui tout l’hiver ont semé la mort dans ses rangs. L’attaque, menée par le 3e bataillon sous les ordres du commandant GREINER, se déclenche avec un enthousiasme irrésistible. En quelques minutes d’un combat acharné, l’objectif est atteint et largement dépassé. Mais l’ennemi, qui tient à cette position essentielle pour la défense du camp des Romains, contre-attaque sans arrêt. Dans la seule journée du 7 avril, après un bombardement qui a nivelé tout le secteur, douze contre-attaques viendront se briser contre l’indomptable volonté de nos hommes de ne rien céder. Le succès du 5 et la résistance tenace des jours suivants valurent au 3e bataillon une citation .../...au 56e R.I. : « Attaqué et enlevé, avec la plus brillante ardeur, trois lignes de tranchées allemandes et s’y est maintenu malgré des bombardements intenses et des contre-attaques renouvelées de jour comme de nuit. »
Le mois d’avril est marqué par d’incessants combats à la grenade, l’ennemi essayant chaque nuit de surprendre la vigilances de nos sentinelles. Mais nos hommes, jaloux de leur succès, lui barrent la route jusqu’au 4 mai."
Un autre témoignage relativise le succès de cette attaque :
"Les attaques du Bois d’Ailly viennent en soutien à l’offensive principale que représente la « Bataille de Champagne ». A la corne, les ennemis avaient organisé un retranchement très bien défendu, que nos hommes avaient baptisé « le Fortin ». Dans le bois même, leurs tranchées s’étageaient sur trois lignes de feu communiquant avec l’arrière par une série de boyaux. Après plusieurs jours d’une énorme préparation d’artillerie, le 05 avril 1915, les Français partirent à l’assaut pour conquérir le Bois d’Ailly. Jusque fin avril, ce fut un combat épouvantable, ce bois devint un véritable charnier. «
Depuis plusieurs jours, notre artillerie avait réglé son tir. » Le 5 avril, dans la matinée, elle exécuta sur le Fortin et les trois lignes de tranchées des feux dont l’efficacité fut constatée. En même temps que les obus explosifs du 75 et de l’artillerie lourde, les torpilles aériennes lancées à courte distance bouleversaient les parapets ennemis. On voyait des cadavres déchiquetés, des armes et des mottes de terre projetés en l’air avec la fumée des explosions. Du Bois d’Ailly, ou plutôt de ce qui avait été le Bois d’Ailly, il ne restait plus que de rares troncs coupés à quelques décimètres du sol. C’était un véritable champ de souches moissonnées par les obus. Pas un centimètre de terrain qui n’eût été retourné par l’artillerie. Dans un indescriptible chaos s’entremêlaient les choses les plus diverses. Des pierres, des armes, des cadavres, étaient entassés pêle-mêle. Ici on apercevait des débris de boucliers, là des gabions éventrés, plus loin des effets d’équipement ; partout, une couche de poussière grise recouvrait tout cela en lui donnant une teinte uniforme. Cette région fut, pendant que dura cette affaire, un véritable enfer ; et cependant, malgré cet ouragan de mitraille, nos hommes s’y étaient héroïquement maintenus. Il n’y avait plus d’abris : tous avaient été détruits par l’artillerie. Les tranchées étaient en partie comblées, les parapets s’écroulaient, les boyaux étaient coupés ; et, cependant, les agents de liaison passaient, transmettant les ordres, et les brancardiers, parmi lesquels de nombreux prêtres, impassibles sous la pluie de fer, emportaient les blessés.
Les obus tombaient sans interruption. On voyait des hommes courir de place en place pour éviter des points battus. Ailleurs ils s’étendaient, couchés sur le ventre, au fond de la tranchée, protégés par leurs sacs et serrés les uns contre les autres. Le 10 avril, nos canons exécutèrent, du matin au soir, un tir réglé sur les positions que nous allions attaquer. L’assaut ne fut lancé qu’à 7 heures du soir. Deux bataillons y prirent part, en se portant dans des directions convergentes, et eurent vite fait, cette fois, d’occuper la position en entier. Nous y trouvâmes un nombreux butin : des mitrailleuses, des milliers de grenades à main, des armes, des cartouches, des équipements. L’ennemi contre-attaqua violemment 10 ou 12 fois jusqu’au 23 avril mais ne reprit qu’une très petite partie de terrain conquis depuis le 05. Vers la fin avril, les Français pouvaient annoncer : « Les Allemands sont dès lors bien convaincus de notre supériorité dans ce secteur !
Jean COMBES meurt le 11 avril, peut être lors de ces nombreuses contre-attaques des Allemands pour reprendre le bois d'Ailly. Son corps sera enterré puis transféré à la nécropole de Marbotte, commune d'Apremont la Forêt, tombe n°1842.
Jean François CAUDAL le 29/04/1915 aux Eparges,
La fiche "Mémoire des Hommes" et la fiche de matricule aux archives du Morbihan nous disent que Jean François CAUDAL est mort "tué à l'ennemi" le 29 avril 1915 aux Eparges et qu'il était soldat de 2° classe au 4° rRgiment de Zouaves.
Le registre d'état civil de Grand-Champ confirme bien la naissance d'un Jean François Marie CAUDAL le 30/03/1895, fils de Mathurin et de Marie Anne Cougoulic tous les deux cultivateurs à Grand-Champ.
On retrouve la famille Caudal installée au village de Balgan à Séné au dénombrement de 1911.
La fiche de matricule nous indique que François CAUDAL devient boulanger.
Cependant, si toutes ces sources coïncident bien et "authentifient" l'exitence de Jean François Marie CAUDAL, il y a une incertitude sur le régiment dans lequel il était incorporé.
En effet, d'après son historique, le 4° Régiment de Zouave, régiment décoré de la fourragère" n'a combattu qu'en Belgique autour des mois d'avril et mai 1915.
Les historiques de 2°, 3°, 8° et 9° trouvés en format pdf ou sur Gallica ne mentionnent pas de régiment de zouaves autour de Verdun, dans la Meuse au printemps 1915.
Les fiches "Mémoire des Hommes" donnent un autre Caudal, prénommé Joochim Marie, natif également de Grand-Champs, de la classe 1895 (né le 3 juillet) mort le même jour, ce 29/04/1915, également aux Eparges selon sa fiche de matricule et à Calonne, non loin, selon la fiche "mémoire des Hommes".
Il y a vraiment beaucoup de coïncidences et la même mention du 4° Régiment de marche des Zouaves. C'est le seul cas où l'historique du régiment ne coïncide pas avec le lieu et la date du cédès.
D'autres régiments d'infanteire sont présent à ces dates : le 25°RI, le 67°RI, le 72°RI, le 91°RI, le 132°RI, le 54°RI et même le 106°RI de Vannes.....
Il faudra donc investiguer. Le 4° de Zouaves était-il dans la Meuse en avril/mai 1915 ? Ce site le situe en avril 1915 en Belgique !
http://mascara.p-rubira.com/les_regiments_de_zouaves_1914_19.htm
Jean François Marie CAUDAL figure bien au monument aux mort de Séné et son acte de décès est bien retranscrit à l'état civil de Séné, mort aux Eparges le 29/04/1915.
Pierre DANO, le 20/05/15 au Bois Haut de Calonne,
Pierre DANO nait à Séné le 1er juin 1885, dans le quartier de la Grenouillère et son père exerce alors la profession de "commissionnaire", sa mère est ménagère, c'est à dire mère au foyer.
La famille habite le nord de la commune de Séné, qui accueille plus des familles "mobiles" que celles qui s'installent sur la presqu'île pour des tâches plus pérennes dans la pêche, l'agriculture ou la saulnerie.
Au dénombrement de 1906, difficile de repérer la famille DANO qui a sans doute quitté Séné. A l'âge de la conscription, Pierre DANO déclare vivre d'abord à Vannes où il est briquetier puis ensuite à Saint-Nazaire où il est manoeuvre sur les quais, on dirait aujourd'hui docker.
Sa fiche de matricule nous indique qu'il est réformé en 1906 pour avoir une déformation des orteils au pied droit. Il est également soutien de famille en 1907. Il se marie le 17/06/1911 à Saint- Nazaire avec Marie Françoise SAMSON.
Cependant, après la mobilisation, la commission de réforme le "réintègre" comme soldat en date du 13/11/1914. Il rejoint le régiment d'infanterie de Vannes puis passe le 20/03/15 au 147°RI.
On lit sur la fiche "Mémoire des Hommes" et sa fiche de matricule qu'il est "tué à l'ennemi" le 20 mai 1915 au combat du bois Haut, Tranchée de Calonne.
L'historique 147°RI nous décrit les journées où le régiment est en position à Callonne du 29 avril au 23 juin 1915, comme suit :
"Après un court repos, le régiment est appelé à combattre dans le secteur de Calonne. Dans la
première période, le régiment fournit un effort considérable pour créer de toutes pièces une
première ligne et quelques boyaux, consolider la défense générale et préparer une prochaine
attaque. Ces travaux durent trois semaines.
Le 16 juin, les travaux sont terminés, la parallèle de départ est prête.
Le 20 juin, les compagnies partent crânement à l'assaut, conquièrent les premières lignes ennemies et s'y maintiennent malgré de violents et puissantes contre-attaques, manifestant une fois de plus la ténacité et la volonté de vaincre qui animent le régiment.
Le 2e bataillon, qui s'est particulièrement distingué, reçoit la citation suivante du Général
Commandant la Région fortifiée de Verdun :
« A attaqué avec un entrain remarquable une position ennemie solidement fortifiée; l'a enlevée et a pénétré d'un seul élan jusqu'à la 3e ligne allemande, malgré des feux violents de mitrailleuses et d'artillerie de front et de flanc. »
Après une semaine de repos, le 147e reçoit l'ordre d'aller occuper le sous-secteur de Mouilly."
Pierre DANO a été tué le 20 mai 1915, sans doute lors de la construction de tranchées et de boyaux dans le secteur de Calonne. En effet, les soldats ont alterné des période de permission, de repos en cantonnement, de combats et de tâche de fortification de la ligne de front. Le schéma suivant présente la guerre des tranchées. La photo ci-dessous illustre un bataillon armé de pelles.
10/ En Artois les barbelés arrêtent PRODO
Une fois la ligne de front établie, l'Etat Major mettra en oeuvre plusieurs offensives pour parvenir à percer les lignes allemandes et pour bouter les Boches hors de France.
En ce printemps 1915, la seconde bataille de l’Artois se déroule autour d'Arras du 9 mai au 18 juin sur un front de 50 km. Cette carte du CRDP de Strasbourg situe les belligérants.
L’objectif est de s’emparer de la crête de Vimy et de l’éperon de Notre-Dame-de-Lorette situés entre Lens et Arras.
Bien que les troupes françaises, sous les ordres du général Pétain, remportent plusieurs succès, le résultat de l’offensive française est limité : quelques villages ont été pris, mais la crête de Vimy, et donc le contrôle de la plaine minière, restent dans les mains allemandes. Le coût humain de cette grande offensive, sans résultat stratégique majeur, fut tragique pour l’armée française : 102 000 pertes, soit le double de celles subies par les Allemands.
Parmi ces hommes, François Marie PRODO, natif de Séné incorporé au 70°RI.
Au sein du X° Corps d'armée, de la 19°Division d'Infanterie et de la 38° Brigade, figure le 70°Régiment d'Infanterie.
Selon son historique, il prend part à l'offensive du 9 mai 1915.
"La fin de l’hiver et le printemps sont plus agités (ligne de Roclincourt) où nous faisons connaissance avec le minenwerfer (canon de 76mm allemand), c’est la période d’endurance, coupée seulement par quelques moments de répit, c’est la période où il faut oublier les charges épiques pour comprendre ce mot plus simple « tenir ».
Puis c’est le 9 mai, le jour où l’on va reprendre l’offensive escomptée depuis des mois avec impatience et confiance, jour où l’on va quitter les tranchées pour chasser le Boche loin, très loin peut-être. Mais ce beau courage se heurte aussitôt au fils de fer ennemis ; ceux-ci n’arrêtent pas l’ardeur de nos hommes, ailleurs pourtant, les mitrailleuses fauchent et les meilleurs chefs et leurs meilleurs hommes. On saura désormais qu’on ne lutte pas avec du courage contre des fils de fer ». Et c’est la sévère leçon qui ressortira de cette journée. Mais si le succès n’a pas couronné une attaque si ardemment menée, du moins l’audace des assaillants, leur superbe mépris de la mort sont-ils assez éclatants pour être proclamés dans les citations élogieuses du 3° bataillon et de la 2° compagnie."
Selon la fiche "mémoire des Hommes", le soldat de PRODO François Marie du 70°RI décède ce 9 mai 1915.
Son extrait de naissance nous indqiue qu'il était né à Kerhuileu d'un père couvreur et d 'une mère ménagère le 1/09/1889.
Aux archives de la défense à Lorient, on trouve un fiche d'inscrit provisoire maritime. On y lit que le jeune Prodo s'est essayé au métier de mousse comme beaucoup de jeunes Sinagots.
La fiche de matricule nous indique qu' à l'âge de la conscription, il déclare la profession de couvreur comme son père.
PRODO François Marie repose à la nécropole "Notre dame de Lorette" d'Ablain Saint-Nazaire dans le Pas de Calais, Carré 86, rang 6 tombe 17313.
11/ Tranchées de l'Oise, le 316°RI
Vannes avant la guerre est une ville de garnison quii abrite notamment le 116° Régiment d'Artillerie.
Le 316e Régiment d'Infanterie, constitué en 1914, est issu du 116e régiment d'infanterie. A la mobilisation, chaque régiment d'active créé un régiment de réserve dont le numéro est le sien majoré de 200. Le 316e RI a été mobilisé à Vannes, à partir du 3 août 1914, mais à l'inverse du 116e RI, qui part directement vers le front, le 316e se voit affecté en premier lieu au Camp retranché de Paris. Du 7 au 25 Août 1914, il cantonnera ainsi à Aulnay-sous-Bois. C'est au petit matin du 28 Août, à Ginchy, dans la Somme, que le Régiment, par ses 18e et 19e Compagnies, recevra son baptême du feu, et va subir ses premières pertes.
Un document retrace l'histoire de ce régiment. Il donne les séquences des journées de cet été 1915 aux cours desquelles 5 soldats de Séné sont morts.
Le régiment est dans l'Oise toute l’année 1915 au nord de Compiègne. Le 13 et le 14 mars, le régiment relève un régiment mixte de zouaves-tirailleurs dans les tranchées au Sud de Quennevières. Le génie a entamé, avant l'arrivée du 316e, des travaux souterrains pour la guerre de mines ; plusieurs fourneaux sont déjà prêts.
Ce n'est que le 5 juin que les ordres de détail sont donnés pour l'opération qui a lieu le 6. Il s'agit d'enlever les tranchées allemandes qui font face à celles du 316e, sur un front de 1.200 m. environ. L'attaque est menée par un bataillon du 3e zouaves à droite, un bataillon du 264e R. I. au centre et un bataillon de tirailleurs à gauche ; le rôle du 316e est de tenir les tranchées de départ et de fournir 4 sections et une section de mitrailleuses pour renforcer les troupes d'attaque. L'opération réussit parfaitement, mais tout le secteur est soumis le 6, le 7 et le 8 juin à une réaction violente de l'artillerie ennemie qui cause de sérieuses pertes au régiment : du 6 au 9, le 316e bien que ne fournissant pour l'attaque que des éléments peu nombreux, a perdu 4 officiers (3 tués et 1 blessé) et 171 hommes de troupe (34 tués, 137 blessés). Le 9, le front du régiment est rétréci et occupé seulement par un bataillon. Le 14 juin, l'ennemi qui, depuis 4 jours, a cessé ses réactions, déclenche à 16 heures un bombardement extrêmement violent sur tout le secteur ; c'est le prélude d'une contre-attaque et de combats acharnés qui se continuent le 15 et le 16, sans réussir à enlever les gains du 6 juin, mais ils causent de nouvelles pertes (2 officiers, 24 hommes tués ; 3 officiers et 151 hommes blessés et 5 hommes disparus).
Le 22 juin, le régiment relevé dans le secteur au Sud de Quennevières, bivouaque dans la forêt de Laigue, et et les 23 et 24 juin, il relève à Tracy-le-Val le 3e zouaves ; 6e bataillon à droite, occupant les tranchées à la lisière nord du village de Tracy-le-Val ; le 5e bataillon à gauche dans le bois du Quesnoy. Il reste dans ce secteur jusqu'au 11 juillet inclus. Relevé dans la nuit du 11 au 12, il est placé au repos à Rétheuil (5e bataillon) et Pierrefonds (6e bataillon et E.-M. du régiment).
Le 22 juillet, il est de nouveau mis en secteur au Sud de Quennevières, dans les positions conquises le 6 juin, où il relève le 321e R. I. Ses 2 bataillons sont d'abord en ligne (5e à droite, 6e à gauche) ; mais le 25, le 5e bataillon passe en soutien : 1 compagnie dans l'ancienne 1re ligne française, 1 compagnie à Écafaut et 2 compagnies à la carrière de Tracy. A partir de cette date du 25, les bataillons alternent tous les 4 jours en 1re ligne et en soutien. Le secteur est très agité, particulièrement la nuit, où les minenwerfers allemands font pleuvoir sur les tranchées des projectiles de tous calibres, jusqu'au 240, qui bouleversent tous les terrassements, causent des pertes journalières et obligent les occupants à un travail acharné et persistant pour réparer les dégâts. A partir du 14 août, le bataillon de soutien, au lieu d'occuper les emplacements indiqués ci-dessus, passe 4 jours dans la forêt de Laigue, carrefour des Plaines Maréchals. Cette situation dure jusqu'au 18 septembre.
Pendant le mois de Juin et Août 1915, 5 soldats du 316° régiment d'Artilerie de Vannes natifs de Séné sont morts. Qui étaient-ils et dans quelles circonstances sont-ils disparus.
Jean Marie LE BRUN : 5/09/1873 - 20/05/1915
Jean Marie BENOIT : 10/04/1883 - 6/06/1915
Louis François Marie MONFORT : 13/05/1885 - 15/06/1915
Louis LE FOL 9/10/1889 - 17/06/1915
Émile CORFMAT / 22/07/1886 - 17/08/1915
Jean Marie LE BRUN : 5/09/1873 - 20/05/1915
Jean Marie LE BRUN nait dans la commune d'Elven dans une famille de cultivateurs. En épousant Marie-Françoise ROBINO en 1903 il devient sinagot. La famille réside au "Quatre Vents" comme le montre le dénombrement de 1906.
Le préposé au dénombrement de 1906 avait oublié les propres enfants du ménage qui forment avec un domestique de ferme et une bergère la composition du foyer. On garde leur trace au dénombrement de 1911.
La fiche de matricule nous indique de Jean Marie LE BRUN, en tant que l'aîné d'une famille de 9 enfants est dispensé de conscription. Cependant il effectuera par deux fois des exercices militaires au 116° RI de Vannes en 1900 et 1903.
Il est mobilisé en août 1914 et rejoint el 316° RI. L'extrait d'acte de décès au régistre de Séné nous précise qu'il est décédé à Tracy Le Mont le 28 mai 1915 tué par un éclat de bombe ennemie alors qu'il était dans une tranchée en première ligne.
Jean Marie LE BRUN a son nom gravé sur le monument aux morts d'Elven, sa commune de niassance et sur le monument aux morts de Séné, son dernier domicile connu où sa femme veuve éleva ses deux enfants.
Jean Marie BENOIT : 10/04/1883 - 6/06/1915
Jean Marie BENOIT nait au billage de Brouel dans une famille de cultivateurs.
Le chef de famille décède avant 1903 car sur la fiche de matricule, l jeune Jean Marie est exempté de conscription car sa mère est veuve.
Ceci nous est confirmé par le dénombrement de 1911. Les deux enfants vivent encore sous le toiu maternel qui est propréitaire cultivatrice.
Sa fiche de matricule précise que Jean Marie BENOIT est mort des suites de ses blessures à Tracy le Mont, petit village au nord de Compiègen à l'âge de 32 ans.
Louis François Marie MONFORT : 13/05/1885 - 15/06/1915
Louis Monfort nait le 13/05/1885 à Séné, sa famille habite au Gouavert près du bourg. La famille compte 5 garçons et vie de la terre.
E, 1908 Louis Monfort finit sa conscription. Il épouse le 15/10/1912 Marie Louise LE GUILLANTON de Balgan à Séné. Ils déclarent outs les deux la prfession de cultivateurs.
Mobilisé en aout 1914 il rejoint le 316° régiment d'infanterie. Il décède "tué à l'ennemi" le 15 juin 1915 à Tracy le Mont.
Sa jeune veuve se remariera en avril 1918 avec son beau-frère Jean Marie Mathurin MONTFORT.
Le nom de Louis François Marie MONFORT figure au monument aux mort de Séné et sa tombe est située à la nécropole de Tracy n°1313.
Louis LE FOL 9/10/1889 - 17/06/1915
La fiche de matricule de Louis LE FOL bien renseignée nous indique qu'il est né à Vannes le 9/10/1889, qu'il réside à Paris dans le XVIII° arrondissement et qu'il exerce la proffession d'infirmier. Célibataire, ses paretns résident à Séné quartier de Saint Laurent. Pour cette raison il figurera au monument aux morts de Séné.
Au dénombrement de 1911, la famille Le FOL apparait au grand complet avec ses 8 enfants. Le père est fermier, c'est à dire qu'il exploite les terres agricoles d'un tiers.
La fiche de matricule nous montre qu'à l'âge de faire sa conscription, Louis LE FOL s'engage au sein des pompiers de Paris. Il y restera jusqu'en octobre 1912. A-t-il participer à la sauvegarde de Paris lors de la crue centenale de 1910 ? A la mobilisation il rejoint le 118°RI de Vannes et plus tard il intègre le 316°RI.
Louis LE FOL est blessé dans les tranchées de 'Oise avant d'être évacué à l'hôpital de Compiègne où il décède le 17/06/1915.
Émile CORFMAT / 22/07/1886 - 17/08/1915
Emile CORFMAT nait à Vannes au quartier de Bohalgo d'un père natif de Saint-Avé, fermier , et d'une mère, Meniech, née à Séné.
Son origine maternelle sinagote l'a-t-il conduit à venir vivre à Séné. Au dénombrement de 1911, il y apparait marié et exerçant la profession de chiffonnier (comme le soldat RAULT).
En cherchant on finit par trouver son acte de mariage à Séné le 17/01/1911 avec Léonie LE BARILLEC née à Ambon. Il vit au Versa et exerce la profession de chifonnier.
Après la mobilisation, CORFMAT est d'abord blessé le 11/08/1915 il est évacué par l'ambulance et décède le 17/08/1915 des suites de ses blessures.
Son nom est porté aux monuments aux morts de Séné et en l'église Saint-Patern de Vannes. Son corps repose à Compiègne dans la Nécropole Nationale Royallieu, Carré D, tombe 109.
12/ Hommage aux 12 Sinagots morts en Champagne
La seconde bataille de Champagne oppose, du 25 septembre 1915 au 9 octobre 1915, les troupes françaises à l'armée allemande en Champagne. Le principe est de lancer une offensive massive dans un secteur limité pour obtenir la rupture et assurer une exploitation profonde sur les arrières de l'armée allemande et forcer le repli de toute la partie ouest de son dispositif. C'est la raison pour laquelle chaque armée est renforcée par un corps de cavalerie. Cette attaque est coordonnée avec une offensive commune franco-britannique en Artois qui sert de point de fixation aux Allemands.
Malgré la prise de la première ligne allemande au prix d'un nombre de tués vertigineux, les forces françaises butteront sur la 2° ligne allemande. Le 1er octobre, le général Pétain fait suspendre les combats en raison des pertes trop importantes et d'une consommation de munitions insoutenable.
Pour en savoir plus sur le déroulement de ces journées on consultera l'extrait du livre édité par les Archives du Morbihan et les pages suivantes :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Champagne_(1915)
Ces quelques photos d'archives permettent de se rendre compte du drame qui s'est joué en ce mois de septembre 1915 :
La mort des soldats n’est jamais très belle;
Des croix marquent l’endroit
Des croix de bois là où ils sont tombés,
Plantées sur leur visage,
Les soldats piquent du nez, toussent et gigotent
Le monde autour d’eux hurle rouge et noir ;
Les soldats suffoquent dans un fossé,
Ils étouffent pendant toute l’attaque.
Ernest HEMINGWAY, Poèmes de guerre. Éditions Gallimard, La Pléiade I. p.515
Dans cet enfer de combats et de bombardements 12 soldats natifs ou domiciliés à Séné périrent, qui étaient-ils ?
DANET Ange Joseph Marie au 3° RIC "Tué à l'ennemi" le 10/09/1915 à Ville sur Tourbe.
Journée du 25 septembre :
CORBEL Joachim au 116° RI de Vannes "Tué à l'ennemi" à Tahure.
LE FRANC Aubin Ange, au 85° Régiment d'Infanterie "Suite de ses blessures" à Tahure.
LE BOURHIS Vincent au 9° régiment de Zouaves"Tué à l'ennemi" à Ripont.
Soldat du 52° régiment d'Infanterie Coloniale
CADERO Henri Louis Marie "Tué à l'ennemi" à Souain.
PIERRE Pierre Marie au 52° "Tué à l'ennemi" à Souain.
RICHARD Michel Jean Marie Ferdiand "Tué à l'ennemi" à Souain.
TAQUET Jean Marie du 53° Régiment d'Infanterie Coloniale "Tué à l'ennemi" à Souain.
LAUDRIN Jean Marie du 3° régiment d'Artillerie à pied, "Tué à l'ennemi" le 5/10/1915 sur le chemin de Souain à Perthes.
MALRY Arsène du 62° régiment d'Infanterie, "Tué à l'ennemi" à Tahure le 7/10/1915.
GUHUR Pierre Marie - 16/05/1886 - 7/10/1915 - Ambulance 12 Vitry Le François.
JOUAN Jean Marie - 65°RI - Bois du Trapèze - blessé autour du 8-10 octobre et décès 29/10/15.
DANET Ange Joseph Marie nait à Cadouarn dans une famille de pêcheurs le 11/01/1882. Comme l'indique le dénombrement de 1906, sa mère est veuve et élève 3 enfants.
A l'âge de la conscription, il effectue son service militaire de 2 ans comme l'indique sa fiche de matricule.
Placé "en congé illimité en novembre 1905" il est pourtant mobilisé et intègre son corps le 24 décembre 1914 au 3° régiment d'Infanterie Coloniale. Il décède au combat le 10 septembre 1915 à Ville sur Tourbe.
L'historique nous décrit ces jours de septembre 1915 :
" Le 15 août, il prend les tranchées de Ville-sur-Tourbe. Les 2e et 3e bataillons sont en secteur depuis le 12 septembre. Le régiment se prépare pour la grande offensive du 25 septembre."
Ange Joseph Marie DANET avait contracté mariage en Arzon le 16/09/1910 avec Marie Joséphine DELIN.
Ceci explique que son nom n'apparait pas au dénombrement de 1911. Domicilié en Arzon, son décès est retranscrit dans cette commune où son nom figure au monument aux morts, comme il figure au monument aux morts de Séné sa commune de naissance .
Son frère cadet Auguste Marie né le 4/10/1884 sera également mobilisé en 1915 mais échappera au sort de son fère pour déceder à Damgam en 1963.
CORBEL Joachim Marie au 116° RI de Vannes "Tué à l'ennemi" le 25/09/1915 à Tahure.
Lire la page consacré aux "5 oubliés" de Séné.
http://senegolfe.fr/guerre-14-18/item/324-les-oublies-du-monument-aux-morts.html
LE FRANC Aubin Ange est né au bourg de Séné le 10/01/1880. Il est le 2° garçon des époux Le Franc Pierre Joseph et Le Roux Olive.
Le père charpentier de métier décède en 1904 laissant sa femme veuve comme l'indique les registres de l'état civil et le dénombrement de 1911.
A l'âge d'accomplir sa conscription Aubin s'engage pour 5 ans dans l'armée comme l'indique sa fiche de matricule.
Un temps couvreur à l'île de Groix, Aubin Ange épouse Marie Clotilde Le Normand le 8/07/1911 et se domicilie à Vannes au 20 rue de Séné (l'actuelle rue Montseigneur Tréhou) où il exerce la profession de maçon, comme l'indique sa fiche de matricule.
A la mobilisation, il est affecté au 85° Régiment d'Infanterie. Ces états de service nous indique qu'il est mort des suites de ses blessures sur le champ de bataille lors de l'attaque de Tahure le 25 septembre 1915.
Sa mère put se consoler de garder son 2° gars, l'aîné né le 28/09/1864 qui se résolut à se marier le 8/04/1918 à Vannes également.
LE BOURHIS Vincent au 9° régiment de Zouaves"Tué à l'ennemi" le 25/09/1915 à Ripont.
Vincent Marie Henri Le Bourhis naît à Gressignan le 31/08/1887. Son père Aimable Joseph Marie natif du Hézo, de l'autre rive de la rivière de St-Léonard, est paludier à Séné depuis son mariage avec Jeanne Marie Richard de Séné.
Lors de sa conscription en 1908; le jeune Vincent sera exempté à cause de l'asthme dont il souffre comme l'indique sa fiche de matricule, asthme sans doute lié à l'humidité du travail dans les marais.... Comme son père, il est devenu paludier et vit près du Pont Lisse et du marais de Languersac.
Le dénombrement de 1906 donne la composition de la famille Le Bourhis établie à Séné.
Elle emploie un jeune bergère âgée de 7 ans!
Il quitte Séné où il a connue sa future femme, Marie Amandine LE FLOCH, plus âgée de 7 ans, qui le rejoint à Laboissière département de l'Oise ou le jeune couple contracte mariage le 16/08/1913. Marie Amandine LE FLOCH, dont la famille, pêcheurs, réside à Bellevue, comme l'indique le dénombrement de 1911, reviendra à Séné après la mort de son époux où elle décèdera en 1954. Pour cette raison, Le Bourhis sera porté sur le monument au mort de Séné.
D'abord incorporé au régiment d'infanterie de Vannes, le soldat Le Bourhis est affecté au 1er Régiment de Zouaves dont la caserne est à Saint-Denis.
Vincent Marie Henri LE BOURHIS est "tué à l'ennemi" à Ripont département de la Marne le 27 septembre 1915. Il est âgé de 28 ans.
Son corps a été transféré dans la nécropole de de Snuippes tombe n° 3606. Son nom est égalment inscrit au monument aux mort de Laboissière dans l'Oise.
CADERO, PIERRE et RICHARD, sont tous les 3 Sinagots, tous les 3 du 52°Régiment d'Infanterie Coloniale et tous les 3 tués ce 25 septembre 1915 :
Que nou sdit l'historique du 52°RIC ? Le 52e R.I.C. attaqua en Champagne. Voici comment le capitaine Diverres narra cette attaque, la première du régiment :
« Le 21 septembre, nos parallèles n’étaient pas à plus de 100 mètres des tranchées ennemies et, bien que nos places d’armes ne fussent pas entièrement achevées, nous nous trouvions cependant dans de bonnes conditions pour entamer l’offensive.
« Comme régiment de choc, le 52e R.I.C. ne laissait rien à désirer. Il avait été aguerri par plus de six
mois d’exercices, d’entraînement, par des périodes d’occupation de tranchées et par des travaux
exécutés de jour et de nuit, à proximité de l’ennemi, sous un feu violent d’artillerie et de mitrailleuses.
« Le moral des hommes était excellent, la confiance très grande, car nul n’ignorait que cette fois, une puissante artillerie appuierait le mouvement en avant et que les munitions ne feraient pas défaut. L’état sanitaire était également satisfaisant. Bien qu’un peu amaigris par les veilles et les travaux de dernier mois, nos soldats n’en étaient pas moins vigoureux, alertes, décidés et capables, en un mot, de supporter les fatigues et les vicissitudes d’une marche en avant de longue durée. Ils l’ont amplement prouvé dans la formidable bataille qui suivit.
« L’artillerie entama l’action le 22 septembre ; son tir, extrêmement violent, continua les 22 et 25 septembre et atteignit sa plus grande intensité dans la nuit du 24 au 25. des bois où le régiment était bivouaqué, on apercevait quelques points d’arrivée des projectiles d’artillerie lourde et les
bouleversements qu’ils semblaient produire dans les lignes adverses, augmentant encore la confiance de tous dans le succès.
« L’artillerie allemande répondait sans toutefois que son feu égalât la puissance du nôtre. Au cours de la préparation d’artillerie, les dernières mesures furent prises pour la marche en avant.
« Dans l’après-midi du 24, l’ordre du jour du généralissime fut lu à la troupe et chacun se prépara à
faire bravement son devoir. L’Ordre d’attaque de la division fut communiqué dans la soirée : le régiment devait faire partie des troisième et quatrième vagues, il avait pour objectif, les ouvrages de Presbourg et de Wagram, et ces ouvrages enlevés, ils devaient continuer à progresser aussi loin que possible. La route de Souain à Somme-Py limitait à gauche le secteur d’attaque de la division. « A minuit, les bataillons quittèrent leurs bivouacs pour gagner les emplacements d’attente situés tout prés des parallèles de départ. Ce mouvement, exécuté par nuit noire, dans des parallèles et des boyaux enchevêtrés , suivi par tous les éléments d’une division, s’accomplit avec ordre. A 3 heures du matin, les bataillons étaient à pied d’oeuvre et recevaient un complément de munitions (2 grenades par homme).
« Vers 6 heures, l’heure de l’attaque fut communiquée à la troupe. On eut bien soin d’expliquer aux
hommes que l’artillerie cesserait son tir à 9 heures ; que la première vague quitterait la parallèle de
départ à 9 h 10 ; que la deuxième vague la remplacerait dans la parallèle de départ et déboucherait
quand la première aurait gagné une distance de 50 mètres ; que les autres vagues procèderaient de
même ; que le tir d’artillerie reprendrait alors, non sur les premières tranchées ennemies, mais sur celles plus en arrière pour se continuer suivant notre avance.
« Jusqu’à 9 heures, l’artillerie française fut seule en action. A 9 h 10, la première vague bondit hors de la parallèle de départ et, entre 9 h 15 et 9 h 20, ce fut le tour des troisième et quatrième vagues dont le 52e faisait partie. « Mais entre le moment où cessa le tir de notre artillerie et celui où déboucha la première vague, l’ennemi s’était ressaisi. Il déclencha un formidable barrage entre ses lignes et les nôtres ; ce barrage ne réussit pas à arrêter la marche de nos vagues, mais, le régiment, sur une distance de moins de 200 mètres, laissa le quart de son effectif.
« La première parallèle allemande était faiblement occupée, il n’en était pas de même des autres, où l’on se heurta à la résistance opiniâtre de certains groupes disséminés dans des îlots de résistance soigneusement aménagés. L’ordre était de ne pas entrer dans les tranchées, mais de progresser par les terre-pleins pour ne pas ralentir l’élan, la marche en avant continua. Les vagues se reformaient d’elles mêmes, après le franchissement des obstacles, et les ouvrages de Presbourg et de Wagram furent abordés et enlevés après un rude combat de tranchée où la baïonnette joua le plus grand rôle. Peu ou pas de prisonniers : l’acharnement était trop grand de part et d’autre.
« AU-DELA des ouvrages de Presbourg et de Wagram, le terrain était à peu prés dépourvus de travaux
de défense et l’on pût s’avancer jusqu’aux dernières crêtes bordant la Py. « Mais des troupes d’attaque, il ne restait qu’une mince ligne formée de groupes d’hommes de tous les régiments, encore animés d’une belle ardeur offensive. Certains éléments, retardés par la résistance qu’ils avaient rencontrée, rejoignaient, et l’on pouvait espérer l’arrivée prochaine des réserves.
L’enthousiasme était grand malgré la fatigue et les pertes. Pour tous, la percée était un fait accompli.
Plus de 6 kilomètres avaient été franchis, 11 lignes de tranchées enlevées, dont quelques unes renforcées de réseaux encore intacts, et deux ouvrages puissamment organisés avaient été enlevés de haute lutte. Nous dûmes cependant nous arrêter, notre barrage roulant, fixé à la dernière crête de la Py, s’opposait à toute avance.
« Tout fut mis en oeuvre pour faire allonger le tir. Des agents de liaison furent envoyés vers l’arrière,
mais il est probable qu’ils ne purent remplir leur mission. Une pluie torrentielle qui tombait depuis 10
heures du matin empêchait le vol des avions et aucune liaison téléphonique n’avait pu être organisée, le personnel étant dispersé ou hors de combat. « Néanmoins, vers midi, le lieutenant-colonel Petitdemange fit savoir que l’artillerie allait allonger son tir. Notre barrage ayant été reporté plus loin, la première ligne se porta en avant. Il était trop tard. Après avoir progressé de quelques pas, la ligne était clouée sur place par le feu terrible de mitrailleuses partant d’une tranchée bordant la crête et des boqueteaux environnants. Ce feu de mitrailleuses était appuyé par un tir d’artillerie très bien réglé qui augmentait d’intensité et forma vite un obstacle infranchissable dans le secteur d’attaque de la division. »
Les jours suivants furent employés à l’organisation du terrain conquis. Le régiment fut relevé le 30 septembre et il cantonna jusqu’au 3 octobre au bivouac O (bois de Bussy).
La bataille de Champagne lui avait coûté : Officiers tués, 9 ; blessés, 22. Troupe : tués, 144 ; blessés, 665 ; disparus, 188. A la suite de ce combat, le régiment fut cité à l’Ordre de l’Armée.
CADERO Henri Louis Marie du 52° Régiment d'Infanterie "Tué à l'ennemi" le 25/09/1915 à Souain.
Henri CADERO Henri nait au village du Ranquin le 21/01/1879.
Sa fiche de matricule nous apprend qu'il sera un temps marin car il effectuera sa conscription comme matelot.
Il est renvoyé à Canivar’ch le 3/01/1903. De retour, il se marie le 11 janvier 1904 avec Marie Vincente Mathurine DANET. Il fonde une famille qui apparait au dénombrmeent de 1911 et compte trois enfants : Suzanne 1904, Anne Marie 1907, Henri Célestin 1909.
Il est tué à l'ennemi ce 25 septembre 1915 à Souain.
PIERRE Pierre Marie au 52° d'Infanterie Coloniale "Tué à l'ennemi" le 25/09/1915 à Souain.
Pierre Marie PIERRE nait le 27/11/1881 à Langle, village de Séné sur la presqu'île dans une famille de pêcheurs comme l'indique le dénombrement de 1911.
Le décombrement de 1906 renseigne plus sur la famille composée de 2 frères et deux soeurs.
Sa fiche de matricule ne renseinge pas beaucoup.Soldat de 2° classe au 52° Régiment d'Infanterie Coloniale, il meurt sur le champ de bataille à Souain "tué à l'ennemi". Son extrait d'acte de décès nous dit "nous nous sommes trransporté auprès de la personne décédé et assuré de la réalité du décès...André Lavigne, Lieutenant au 52° Rgt, Lucien Nicolo, sergent..Jean GOULIANUE, Sergent. Ce décès sera attesté par un avis ministériel en date du 28 octobre 1929.
Son frère cadet Vincent Marie né le 7/10/1883 sera également mobilisé et reviendra de la guerre. Il s'était marié en 1908 et décèdera en Arradon en 1949.
Sa fiche de matricule montre qu'il fut plus chanceux que son frère ainé mort pour la France à l'âge de 34 ans.
RICHARD Michel Jean Marie Ferdiand du 52° Régiment d'Infanterie Coloniale "Tué à l'ennemi" le 25/09/1915 à Souain.
Michel Jean Marie Ferdiand RICHARD nait à Michote le 13/03/1884. Son père est paludier à Séné et sa mère "ménagère" c'est à dire mère au foyer.
A Séné beaucoup de jeune garçon seront tenté par les métiers de la mer. La fiche d'Inscrit Martime de Richard nous indique qu'à l'âge de 17 ans il est novice à bord du Saint Germain.
Sa fiche de matricule nous indqiue qu'à l'âge de 20 ans il effectue son service militaire du 21/09/1904 au 21/01/1908.
Il revient à Séné et épouse Aimée Marie LACROIX, cultivatrice à Michotte le 20/04/1909, fille de paludier à Michot. En 1911, comme l'indique le dénombrement, il est père d'une petite Fernande.
Pour palier le manque de soldats de l'armée de terre, il quitte son poste à bord de l'Arlette pour rejoindre les drapeaux. Il est affecté au 2° Régiment d'Infanterie Coloniale de Brest puis au 52° RIC.
Il arrive dans ce corps le 22/01/1915 et il décède le 25/09/1915 à Souain. à l'âge de 31 ans. Son est enterré dans la Nécropole Nationale de La Crouée Tombe n°6970.
TAQUET Jean Marie du 53° Régiment d'Infanterie Coloniale "Tué à l'ennemi" le 25/09/1915 à à Souain.
Jean Marie Vincent Mathurin TAQUET nait à Séné le 26/09/1884 quartier Saint Léonard. Son père est cantonnier et sera muté à THEIX en 1904…Sa mère Marie Perrine Jehanno est ménagère. Taquet ne résidera pas longtemps à Séné. Il se marie à Vannes le 12/09/1908 avec Eugénie Marie PRODO. Il bénéficie d'un report incorporation jusqu'au 8/08/1916. Il déclare sur sa fiche de matricule la profession de domestique. On peut suivre des domiciliatiosn successives qui ne repassent pas par la Bretagne.
Il sera domestique d’abord à Vannes puis St-Nazaire et Paris. Toutefois, il effectue sa conscription au 116°Régiment d’infanterie de Vannes. Sa fiche "mémoire des Hommes" nous indique son décès au sein du 53° RIC, à Souain le 25/09/1915. L'historique de ce régiment nous donne quelques précisions sur cette journée tragique pour les soldats français :
"Le 53e colonial prend les tranchées de premières lignes jusqu'au 27 août, puis, du 2 au 7 septembre, du 12 au 16 septembre, du 20 au 23 septembre, en avant et à l’est de Souain, menant à bonne fin et jusqu'à la veille de l'attaque, les travaux préparatoires de l'offensive qui va se déclencher.
Le 25 septembre 1915, le 53e colonial, sous les ordres du lieutenant-colonel Richard, a pour mission d'enlever la première position ennemie constituée par trois lignes de tranchées, sur un front d'environ 500 mètres et dans une zone qui, au départ, se trouve située entre Souain et le bois Sabot. Objectif de profondeur non limité.
Dispositif: deux bataillons d'assaut, formés chacun sur une ligne et dans l'ordre:
1er bataillon (commandant Le Braze);
2e bataillon (commandant Dumas) ;
Le Lieutenant-Colonel marche avec le 2e bataillon ;
Le 3e bataillon (commandant Lagrange) est en renfort de brigade, à la disposition du colonel Peltier, commandant la 20e brigade.
A l'heure prescrite, 9 h. 15, les deux bataillons d'assaut sortent de la parallèle de la tranchée Mulhouse, sous un tir de barrage ennemi qui s'est déclenché peu avant l'attaque. Avec une correction parfaite et sous l'énergique impulsion de leurs chefs, les deux premières lignes ennemies sont franchies à l'allure du pas de charge et en partie nettoyées. Continuant leur marche en avant et malgré les pertes très sensibles déjà subies, les deux bataillons attaquent la troisième tranchée qu'ils dépassent et progressent sans arrêt jusqu'à la deuxième position ennemie, la gauche à hauteur de la ferme Navarin. Les défenses accessoires de cette position non entamées par notre préparation arrêtent leur marche ; les deux bataillons prennent position en terrain découvert, en dispositif échelonné. Les deux bataillons ont parcouru plus de 4 kilomètres en une heure. Vers 10 h. 15, le colonel Peltier donne l'ordre au commandant Lagrange de se disposer à sortir des tranchées. Le bataillon, groupé dans plusieurs abris (place de l'Opéra) et tranchées adjacentes, se place dans la parallèle, non sans d'énormes difficultés que cause la présence de nombreux tués et blessés dans les boyaux et tranchées. Il sort, vers 10 h. 40, dans la formation en ligne de tirailleurs et toujours sous le barrage ennemi. Les mitrailleuses ennemies se sont révélées derrière les bataillons d'assaut — en particulier au bois Sabot — et accueillent le 3e bataillon. Celui-ci franchit les deux premières tranchées, y laisse des fractions de nettoyage et progresse jusqu'à la troisième.
Aucune trace des deux premiers bataillons n'apparaît. Une patrouille est envoyée pour reconnaître leur position et ainsi le 3e bataillon rejoint le régiment vers midi 30. II s'établit en soutien, en terrain découvert, mais toute liaison du régiment avec l'arrière a disparu et ce n'est que vers 14 heures que le Chef de corps apprend la mise hors de combat du Colonel commandant la brigade et du Général commandant la division. Le lieutenant-colonel Jung, commandant le 42e colonial, à notre droite, prend le commandement de la brigade et donne l'ordre de s'organiser dans les tranchées et boyaux ennemis situés en deçà de la deuxième position.
Aussi bien, des feux de mousqueterie et de mitrailleuses commencent à partir de la position ennemie.
C'est dans cette position que le régiment se maintient pendant les journées des 26, 27, 28, 29 septembre, sous un bombardement violent, pendant que notre artillerie, qui s'est approchée, prépare et accompagne les assauts, maintes fois répétés, contre la deuxième position par les tirailleurs marocains et trois bataillons de chasseurs."
LAUDRIN Jean Marie du 3° régiment d'Artillerie à pied, "Tué à l'ennemi" le 5/10/1915 sur le chemin de Souain à Perthes.
Jean Marie Laudrin est né le 20/09/1892 au village de Kerleguen à Séné. Le dénombrement de 1911 nous apprend que ses parents sont propriétaires exploitants agricole et que ils emploient un jeune berger âgé de 11 ans.
Sa fiche de matricule semble absente du site des Archives Départementales. Sa fiche extraite du site "Mémoire des Hommes" nous indique qu'il était canonnier au 3° régiment d'Artillerie à Pied et qu'il fut "tué à l'ennemi" le 5 octobre 1915 à 700 m du chemin de Souain à Perthes. L'acte de décès sur le registre d'état civil de Séné donne plus de détails :
L'an mil neuf cent quinze, le cinq octobre à vingt heures étant dans la clairière au sud du grand bois des Bouleaux, situé à quatre cents mètres au N. du chemin de St-Ouain à Perthes, départ ..de la Meude, à 3.300 mètres environ de St Ouain. Acte de décès de Laudrin Jean Marie soldat de 2° classe né à Séné Morbihan le vingt septembre 1892 domicilié en dernier lieu à Séné, canton de Vannes est, Morbihan, mort pour la France à l'emplacement ci-dessus défini, le 5 octobre mil neuf cent quinze à quinze heures cinquante, célibataire, .....
Dressé par nous Blot Paul, capitaine commandant la 53° Batterie du 3° Régimentd d'Artillerie à pied, Officier d'état civil, su rla déclaration de Joussard René, sous lieutenant à la dite batterie et de barry Alfred, maréchal des logis, à la dite batterie, témoins qui ont signé avec nous après lecture, vu par nous Majeur Lousi, médecin chef.
Jean Marie LAUDRIN n'avait que 23 ans. Sa tombe se trouve à la Nécropole Nationale 'LA CROUEE" à lemplacement n°6594.
MALRY Arsène du 88° Régiment Territorial d'Infanterie, "Tué à l'ennemi" à Tahure le 7/10/1915.
Arsène Louis Marie MALRY nait au lieu-dit de Grand Conleau sur la commune de Vannes le 18/04/1882. Son père est agriculteur et sa mère ménagère. Il effectue sa conscription comme matelot de 3° classe du 1/10/1902 au 1/10/1903. De retour, il se marie le 25/09/1906 à Séné avec Marie Vincente MORIO, issue d'une famille de cultivateurs de 9 enfants installée à St-Léonard en Séné.
Le dénombrement de 1911 nous situe le jeune couple en Séné avec au foyer leur bébé Marguerite née cette année là.
Sa fiche militaire nous indique que le 31/07/1915 il incorpore le 88° Régiment Territorial d'Infanterie qui va être amené en Champagne. A l'âge de 33 ans, Arsène Louis Marie MALRY décède 'Tué à l'ennemi" lors de l'attaque de Tahure. L'état civil de Séné a bien retranscrit son décès avec la mention "Mort pour la France".
GUHUR Pierre Marie 16/05/1886 - 7/10/1915
Le patronyme de GUHUR ne sonne pas très "Sinaot". Pourtant Pierre Marie GUHUR nait à Séné au village de la Ville du Bois (identifié comme étant La Villeneuve) comme l'indique son extrait de naissance, d'un père Laboureur et d'une mère cultivatrice.
A 20 ans lors du dénombrement de 1906 la famille n'apparait plus sur Séné. la fiche de matricule nous indique que Pierre Marie est maneouvre à Vannes.
Plus tard il quitte le département. On le suit sur Cherbourg, Granville puis à nouveau à Vannes Bohalgo chez ses paretns sans doute. Puis à Saint-Nazaire et à nouveau à Vannes en avril 1913.
Ces origines sinagotes et sa résidence à vannes lui font incorporer le 116°RI à la mobilisation. Comme sont régiment il est amené au front de Champagne pour l'offensive. Il est blessé sur le front ce qui lui vaut d'être évacué par l'ambulance 12/4 et conduit à l'arrière du front dans un hopital de Vitry Le Francois, ville transformé en "hôpital" géant.
il y décède le 7 octobre à l'âge de 31 ans. Il fera l'objet d'une citation et son corps est enterré dans la nécropole nationale de Vitry Le François tombe 1444.
JOUAN Jean Marie 11/11/1892 - 29/10/1915 - 65°RI - 29/10/15.
JOUAN Jean Marie est né le 11/11/1892 à Moustérian, ses parents sont alors cultivateurs sur leur propre exploitation comme le souligne l'agent du dénombrement.
En 1911, la famille compte 3 garçons et accueille une jeune bergère.
La fiche "Mémoire des Hommes" nous indique son décès de suites de blessures de guerre en date du 29/10/1915 à Vichy Hopital temporaire n°42 et son affectation au 65°RI. Où et comment at-il été blessé ?
Qu'ils soient enligne sur la BnF Gallica ou sur le site tableaudhonneur.free.fr/, internet recèle de version numérisées des historiques des régiment rédigés dans les années 20-30 après la guerre. Celui du 116°RI nous relate les journées deseptembre et d'octobre 1915 :
" En juillet 1915, le 65ème relevé par les Anglais, est dirigé vers la Champagne après un repos de quelques semaines à Crèvecoeur. Au lieu des paysages verdoyants de la Somme, avec ses cultures et ses moulins à vent, c'est le paysage désolé de la Champagne Pouilleuse, avec ses landes incultes, ses routes poudreuses et ses interminables bois de sapins rabougris. Le régiment occupe d'abord le secteur de Mesnil-les-Hurlus, qu'il organise en vue de l'attaque de la IIe armée. Secteur pénible où un adversaire prévenu gêne les travaux de tous les tirs de ses canons et de ses minenwerfer. Puis, le 25 septembre, il bondit avec une admirable fougue à l'attaque des positions allemandes. Derrière les premières vagues des bataillons d'attaque (bataillon Godat à droite, bataillon Pons à gauche) marche le colonel Desgrées du Loû, tenant dans ses mains le drapeau du régiment. L'élan de la troupe est splendide, mais les mitrailleuses ennemies font rage, décimant les compagnies, dont certaines sont en quelques minutes réduites à quelques hommes. Le colonel tombe, mortellement atteint : belle fin de soldat, frappé en pleine action à la tête de son unité.
Pendant le mois d'octobre, sous les ordres du lieutenant-colonel de Vial, le 65ème attaque d'importantes positions ennemies. Le Trapèze (10 octobre) et la Courtine (24 octobre) sont enlevés de haute lutte, et de nombreux prisonniers sont capturés.
Relevé le 4 novembre, le régiment, après un repos d'un mois près de Vitry-le-Francois, prend le secteur de Tahure, qu'il lui faut organiser en plein hiver, sous des bombardements fréquents et violents."
Jean Marie JOUAN a sans doute été blessé au cours de ces combats, lors de la sanglante journée du 25 septembre ou plus tard sur les combats au bois du Trapèze. Il est évacué du front par la chaîne de soins pour gagner l'hopital temporaire n°42 à Vichy où décède à l'âge de 23 ans, célibataire.
Son corps est ramené à Séné où il est inhumé le 4/10/1915 comme nous l'indique le registre de la paroisse.
13/ Hommage aux 7 Sinagots morts à Verdun
La Bataille de Verdun :
Au milieu de la guerre, au début de l’année 1916, le général allemand Falkenhayn décide de poster des troupes près de Verdun. Sur quelques kilomètres, le 21 février 1916, il décide de tout faire exploser : 2 millions d’obus sont envoyés en l’espace de 2 jours. Alors que les allemands lancent plusieurs attaques de front, ils se trouvent face à des soldats français, certes moins nombreux, mais capables de résister aux affrontements adverses. Ils ont cependant avancer de près de 5km. La même distance les sépare de la ville de Verdun.
Le Général Philippe Pétain est alors responsable de la gestion des troupes côté français. Il décide de faire venir les infanteries de toute la France. Les troupes seront relayées dans le but de garder des soldats en forme pour défendre leurs bases. Pour cela, il fait agrandir la route départemental qui va jusqu’à Verdun, on la nomme la Voie Sacrée. Un camion arrive toutes les 15 secondes au front et 90 000 hommes y parviennent toutes les semaines.
Jusqu’en juillet 1916, les allemands progressent. Carte de Verdun Carte de Verdun durant la bataille de Verdun en 1916 Ils attaquent à la fois Douaumont et le fort de Vaux. A quelques kilomètres devant eux se trouve Verdun, ils aperçoivent même les spires de la cathédrale. Avant ça, il faut s’accaparer le fort de Souville. Après avoir bombarder pendant plusieurs jours ce fort bien défendu par les français, ils tentent de l’emparer. Une cinquantaine d’allemands parviennent jusqu’en haut mais se font prisonniers. L’échec de la prise du fort de Souville marque la fin de l’avancée allemande à Verdun.
Du côté français, grâce à la Voie Sacrée, on passe de 150 000 hommes à 500 000 militaires. De leurs côtés, les britanniques attaquent les allemands en Somme (bataille de la Somme) et les Russes les attaquent en Pologne actuel. Le général allemand Falkenhayn décide donc de positionner certaines troupes dans ces deux lieux, ce qui fait alors affaiblir l’infanterie allemande à Verdun. Fin octobre, les français reprennent Douaumont qu’ils avaient perdu quelques mois plus tôt. Début novembre, c’est le fort de Vaux qui l’est à son tour. Mi-décembre, les français et allemands occupent les mêmes positions qu’au début de la bataille.
C’est une guerre de position : les allemands ont très peu avancé (5 kilomètres en 10 mois), tandis que c’est l’une des batailles les plus meurtrières de la première guerre mondiale : il y a eu 700 000 victimes, alors que le gain de territoire pour les allemands est nul.
Pertes allemandes : 333 000 victimes dont 143.000 tués et disparus et 190 000 blessés. Pertes françaises : 378 000 victimes dont 62 000 tués, plus de 101 000 disparus et 215 000 blessés.
Parmi les soldats français, 7 Sinagots ont laissé leur vie.
Qui étaient-ils et dans quelles circonstances sont-ils morts?
Grace aux fiches "Mémoires des Hommes" on peut répertorier ces soldats. Deux soldats parmi ces "Morts pour la France" ne figurent pas au Monument aux Morts de Séné. Découvrons ce que les documents disponibles nous aprrennent d'eux.
Jean Pierre MONFORT : 9/04/1881 - 11/03/1916 - Bois des Corbeaux et de Cumières
François Marie Louis LE FRANC : 21/08/1887 - 23/03/1916
Gendarme à Verdun (voir article)
Julien Marie GAYET : 19/06/1887 - 9/04/1916 -
Marc Louis RAULT : 31/01/1881 – 29/05/1916 - Mort-Hommes - Cumières
Joseph Louis NOBLANC : 29/10/1888 - 6/06/1916 Mort-Hommes - Chattencourt
Jean Marie OLIVIERO : 2/12/1879 - 8/06/1916 - Thiaumont - Vaux
Pierre Marie HUMERY : 2/01/1880 - 6/08/1916 - Bois de la Lauffée
-----------------
Jean Pierre MONFORT : 9/04/1881 - 11/03/1916 - Bois des Corbeaux et de Cumières
Monfort jean Pierre nait au bourg de Gressignan à Séné le 9/04/1881 au sein d'une famille de paludiers.
Il se marie le 1/10/1907 à Séné avec Maire Anne DREAN native de Brandivy et fonde une famille que l'on retouve au dénombrement de 1911. Deux enfant vivent au foyer et Jean Pierre MONFORT comme son père est paludier à Languemart, aujourd'hui la zone protégée près du Pont Lisse.
Lors de la mobilisation il incorpore le 1er régiment de Zouaves reconnaissable à leur uniforme particulier.
L'histoire du 1er régiment de Zouaves nous précise le passage par Verdun :
"Le 8 mars il bivouaque à Fromereville, reçoit quelques bombes d’avions, passe dans el bois Bouchet et Bourrus la nuit du 8 au 9 mars et est engagé au soir en avant de Cumières.
Jusqu’au 21 il se maintient aux lisières sud du Bois des Corbeaux et de Cumières, la droite appuyé à la Meuse."
Cette information coincide avec celle de la fiche "Mémoire des Hommes" qui nous indique la date du décès au 11 mars 1916.
Si il ya quelques forts le long de la ligne de front, la plus part des bois sont déjà bien bombardés après un mois de bataille et ont perdu leur arbres.
Monfort est le premier poilus de Séné à tomber à Verdun à l'âge de 35 ans. Il laisse une veuve et 2 orphelins.
Julien Marie GAYET : 19/06/1887 - 9/04/1916 - Cote 304 Verdun;
La côte 304 est une petite colline au nord-ouest de Verdun. La nature a recouvert ses flanc d’une forêt dense et silencieuse . Lorsqu’on la regarde de loin elle ressemble à tous ces mouvements de terrain qui parsèment la région. Elle serait un fort agréable lieu de promenade, mais lorsque l’on s’approche, les sous-bois révèlent une terrible histoire . On y distingue facilement des cratères d’obus, des tranchées et des barbelés rouillés. On ne peut sortir des chemins balisés, au risque de tomber sur une munition non explosée, vestige des combats terribles qui s’y sont déroulés à partir de 1916. Sa position à l’ouest et son altitude lui confère une position idéale pour observer le champ de bataille de Verdun, la vallée d’Esne au Sud, les village de Malancourt et Hautcourt au nord, elle est surtout une position de tir stratégique pour contrôler les combats se déroulant au « Mort Homme » à l’est. C’est sans doute pour cette raison que le commandement allemand va s’acharner à y envoyer des troupes pour capturer son sommet, l’écraser sous des barrages d’artillerie incessants, et que les Français vont y résister au prix de 10 000 morts en 300 jours de combats. Parmis ces soldats français se trouvait Julien Marie GAYET.
(Source http://cote304.563creations.fr)
Julien Marie GAYET est né à Séné le19/06/1887 au sein d'une famille de journaliers installés au village de La Garenne.
Il n'apparait pas au dénombrmeent de 1906. Son extrait de naissance nous indique qu'il se marie le 23/07/1914 à Vannes avec Amandine Perrine LE RANIE ce qui lui vaudra d'être répertorié dans le monument aux morts de Vannes et non de Séné.
A la mobilisation il incorpore comme soldat de 2° classe le 116°RI de Vannes avant d'être affecté au 79° Régiment d’Infanterie à partir du 5/06/1915. Il est blessé le 28/12/1914 et séjourne dans à l'hopital n°25 de Paris pour soigner une plaie à la cuisse gauche.
L'historique du 79°RI nous renseigne sur les circonstance de son décès.
Il est "Tué à l’ennemi" le 9/04/1916 sur la côte 304 au sud du ruisseau des Forges.
"9 avril. Dimanche. Qu'il fait beau. A l'aube, un ciel très pur, un beau soleil ; à terre les oiseaux chantent, en l'air nos avions livrent aux avions allemands des luttes que nous suivons du P.O. avec angoisse. L'ennemi semble avoir une grosse supériorité en nombre.
Et, un peu après 6 heures, le marmitage se déchaîne subitement avec la violence des grands jours! Tout est en branle : 77 à 210. Il va durer jusqu'à 12 h. 15. Les tranchées de 1re ligne sont détruites, nivelées, ensevelissant les hommes et les mitrailleuses. Toutes les communications sont coupées : un épais nuage de poussière m'empêche de voir ce qui se passe en avant de mon P.O.
A 12 h. 15 le tir paraît se lever sur l'avant du secteur mais redouble d'intensité sur les pentes de 304... et c'est à ce moment que je vois arriver près de moi deux musiciens m'apportant mon ravitaillement. Je lés ai grondés, mais quelle affectueuse admiration j'avais pour le sentiment qui les guidait : “ ravitailler le colonel ” quel dévouement. Ce pauvre déjeuner, je n'y goûterai même pas.
J'entends la fusillade. Une attaque, qu'on estime forte de plusieurs bataillons, débouche du ruisseau de Forges dans le secteur compris entre Béthincourt, où les Allemands sont entrés après son évacuation, et Haucourt.
L'artillerie est alertée par coureurs et fusées ; en vain, en ce qui concerne l'appui du régiment. Au contact de l'ennemi les hommes se dressent sur ce qui reste des parapets ; les mitrailleuses en batterie à découvert ouvrent le feu. Les Allemands surpris s'arrêtent, hésitent...et refluent en désordre sur le ruisseau qu'ils franchissent poursuivis par nos feux et remontent vers le nord.
Mais le bombardement recommence aussitôt sur nos tranchées avec une violence inouïe.
Des deux côtés l'artillerie fait rage. On ne voit rien. On est abasourdi.
A 13 h. 30 environ nouvelle levée du tir allemand et une attaque d'infanterie débouche à nouveau du ruisseau.
De notre côté même conduite des hommes et des mitrailleuses. L'attaque ennemie échoue et son infanterie reflue sur le ruisseau. L'attaque ne sera pas reprise de la journée.
Je demande encore, mais en vain, des tirs sur les pentes au nord du ruisseau sur lesquelles remontent de petites colonnes. Un tir de ratissage, sur hausses échelonnées, aurait eu le meilleur effet. Il faut y renoncer.
Sans perdre un instant, les hommes, avec un courage inouï, se mettent au travail pour relever quelques bouts de tranchées.
Les pertes de la journée ont été sensibles elles s'élèvent pour les deux bataillons de 1re ligne à 5 officiers et 300 hommes. Parmi les tués le soldat Gayet.
Marc Louis RAULT : 31/01/1881 – 29/05/1916 - Mort-Hommes - Cumières
Un des "Cinq oubliés de Séné".
Marc Louis RAULT n'a pas un nom de famille à consonnance sinagote. Et pour cause, il est né à Lanfains dans les Côtes du Nord (aujourd'hui Cotes d'Armor) .
Sa mère était ménagère, c'est à dire mère au foyer et son père chiffonnier. On ne parlait pas à l'époque de recyclerie.
On retrouve la famille Rault établie à Séné au dénombrement de 1911. Marc Louis RAULT s'est d'ailleurs marié à Séné avec Anne-Marie LE BRUN d'Elven le 13/01/1909, soeur d'un autre Poilu, Jean LE BRUN, également mort pour la France. Si le couple n'a pas encore d'enfant, il héberge deux belles-filles.
RAULT rejoint le 154° régiment d'infanterie comme nous l'indique sa fiche "Mémoire des Hommes".
La fiche de matricule du soldat Rault nous apprend qu'il a reçu la médaille militaire : « Soldat d’une bravoure éprouvée » croix de guerre et médaille d’argent.
Marc Louis RAULT et son régiment d'infanterie sont positionnés près de Cumières dans le secteur du bois des Corbeaux et le lieu dit Mort-Hommes comme nous l'indique l'historique du 154°RI. Les combats y sont terribles.
" Le 8 mai, le régiment est relevé ; le 16, il reçoit sa première citation à l'armée.(…). Mais la tâche n'est pas terminée. Les 20 et 21 mai, les Allemands ont prononcé une puissante attaque sur le Mort-Homme, et la 40e division va y revenir pour la troisième fois : « Je la renvoie au Mort-Homme, dit le général PÉTAIN, n'ayant rien de meilleur à mettre à cet endroit. »
Le 154e allait y subir son épreuve la plus dure et la plus sanglante de la campagne. Il n'y a plus ni boyaux ni tranchées, plus rien que des trous d'obus. Sous un bombardement violent, la relève s'exécute le 24 et le 25 au prix des plus grandes difficultés. La situation s'aggrave les jours suivants, tout travail est impraticable, les liaisons sont précaires, le ravitaillement devient impossible. Le 28, le 2e bataillon, qui occupe sur les pentes nord du ravin des Caurettes des positions très en flèche, ne peut être relevé que partiellement par deux compagnies du 3e (9e et 11 e), à cause de l'intensité des barrages ; le 29 (date du cécès de RAULT) , le bombardement continue avec une violence sans cesse croissante — en certains points un obus à la seconde — c'est pour les premières lignes l'isolement total, une situation désespérée. Vers 18 h. 30, l'ennemi déclenche une très forte attaque. Il submerge et dépasse le bataillon de tête qui luttera avec la plus grande bravoure toute une partie de la nuit ; puis il s'avance vers le ravin de Chattancourt, où le lieutenant-colonel BUISSON réussit à former avec les 10e, 12e et C. M. 3 et des éléments du 1er bataillon une nouvelle ligne qui lui barre finalement le passage. Le 30, deux nouvelles attaques sont repoussées ; le 31, on arrive à améliorer légèrement les positions, mais les obus de gros calibres continuent à tomber de tous côtés. Le 1er juin, le régiment est relevé.
Marc Louis RAULT est mort le 29/05/1916 porté disparu pendant la « Bataille de Verdun » dans l'enfer de Cumières. Sans enfant à Séné, sans corps à inhumer, on a oublié d'inscrire son nom au monument aux morts de Séné bien qu'il existe un acte de décès sur les registres de la ville.
Qu'est devenue sa veuve Anne Marie LE BRUN ?
La ville de Lanfains où il est né ne l'a pas oublié. Son apparait aux monuments aux morts.
Joseph Louis NOBLANC : 29/10/1888 - 6/06/1916 Mort-Hommes - Chattencourt -Verdun
Le 154°RI de Rault est relevé par le 71°RI de Noblanc....
Joseph Louis NOBLANC nait à Moustérian le 29/10/1888. Son père est marin et sa mère pecheuse comme nous l'indique son extrait de naissance.
Au dénombrement de 1911 on peut voir la composition de la famille Noblanc. Les parents ont deux garçons et deux filles et vivent de la pêche.
C'est tout naturellement que Joseph Louis est attiré par le métier de marin. Fils de marin, Sinagot, il est inscrit maritime. Sa fiche permet de suivre ses différents emploie de marin important pour la Marine Nationale.
Il commence en 1901, à l'âge de 13 ans sur le canot "Cinq Frère" comme jeune mousse. Puis suit la "Marie Louise".
En 1908, il effectue sa conscription dans la marine sur le "Marceau" ou le "Charles Martel". Il participe aux opération du Levant sur l"Ernest RENAN" de novembre 1909 à février 1910.
Il aurait du intégrer la marine lors de la mobilisation mais il rejoindra l'armée de terre qui a besoin de nombreux combattants au front de l'est...
Soldat méritant il est nommé caporal le 27/01/1916 au sein du 71° Régiment d'Infanterie qui au printemps 1916 occupe près de Verdun le mont "Mort-Homme" entre Cumières et Chattencourt. Le régiment y restera entre le 30 Mai et le 21 juillet. L'historique du régiment nous précise la situation en ces mois de mai et juin 1916.
"Deux positions principales dominent toute la rive gauche de la Meuse, la cote 304 et le Mort-Homme. Le Mort-Homme (295 m) est séparé par un collet d’un plateau se terminant en pente douce vers Cumiéres et Chattancourt. Sur ce plateau, occupé par le 71ème, à la fin de mai 1916, il ne reste des organisations anciennes que quelques éléments de tranchées exposées au tir de l’artillerie ennemie placée sur les deux rives de la Meuse. Toute communication avec l’arrière est impossible le jour, très difficile la nuit par deux boyaux et un mauvais chemin reliant le Bois-Bourrus à Chattancourt.
Le 29 et le 30 mai, le régiment est enlevé en auto-camions pour la rive gauche de la Meuse. Le 30 mai au soir, le 3ème bataillon, sous un bombardement des plus violents, relève au N-E de Chattancourt, des unités du 154ème (Régiment de RAULT) et du 155ème d’infanterie, très éprouvées dans la journée. La 12ème compagnie participe à une attaque tentée le 31 au soir par des compagnies du 306ème d’infanterie. Le même jour, le 1er bataillon se porte au Bois Bouchet, et le 2ème de ce bois en première ligne, entre le Mort-Homme et Cumières, à gauche du 3ème bataillon. L’attaque échouée le 31 est reprise le 1er juin par les 6ème, 7ème, 8ème, 12ème compagnies, sous les ordres du capitaine CARISSAN.
Les sections de tête progressent d’abord sans difficultés, elles atteignent avec un entrain superbe les défenses ennemies lorsque un violent tir de barrage et des feux croisés de mitrailleuses les arrêtent et les déciment. La 8ème compagnie conserve avec peine le terrain gagné. Nous avons 20 tués, dont 3 officiers, 60 blessés.
Les jours suivants sont employés à l’organisation de la 1ère position sous un tir incessant de gros calibre. Le 3ème bataillon, dont quelques unités occupent une position de soutien au Nord de Chattancourt, voit son effectif diminuer sensiblement sous les coups de gros obus de rupture, tirés de la côte du Talou. Aucune période de tranchée ne mit autant à l’épreuve, la ténacité et la solidité du soldat breton.
Le 6 juin, un coup de main sur le boyau de Valence, mené brillamment par les sous-lieutenants BOISHARDY et BOISSON nous donne des prisonniers. Nous avons malheureusement quelques pertes, dont le sous-lieutenant BOISHARDY tué à la tête de sa section, le sous-lieutenant BOISSON porté disparu. C'est sans doute ici que meurt le caporal Noblanc.
Les 7 et 8 juin, le 70ème relève le 71ème qui se rend au repos, le 3ème et 1er bataillons à Ippécourt, le 2ème bataillon à Saint-André."
Joseph Louis NOBLANC décède donc le 6 juin 1916 sur le boyau de Valence à Chattencourt à l'âge de 28 ans.
Jean Marie OLIVIERO : 2/12/1879 - 8/06/1916
Un des "Cinq oubliés de Séné".
Oliviero comme Rault n'est pas natif de Séné. Ses parents sont journaliers à Questembert en 1879 quand il vient au monde. Qu'est-ce qui a amené Oliviero à venir à Séné ?
Sa fiche de matricule nous apprend qu'il est enfant de l'assistance. Il a du perdre ses parents et il a été accueilli par une famille pour travailler à Séné.
On le retrouve ainsi chez le couple Benegat-Le Duc cultivateur fermier à Saint-Laurent. Le dénombrement de 1911 nous montre une famille où se cotoie une petite Agnès Benegat avec d'autres enfants, Le Fol et Jean Marie Oliviero.
La fiche "Mémoire des Hommes" nous indique qu'il a incorporé le 348° Régiment d'Infanterie et qu'il est mort à Douaumont. L'historique du 348°RI nous précise les circonsntace de ce 8 juin 1916.
"26 mai — Étape à Cumières où le 348e cantonne jusqu'au 2 juin, et où l'instruction est reprise.
2 juin — Embarquement à Germaine. Direction Revigny. Cantonnement à Villers-le-Sec.
3 juin — Étape à Louppy-le-Château.
4 et 5 juin — Transport par autobus à Verdun. Le 5e Bataillon occupe l'hôpital St. Nicolas ; il est en réserve de D. I. avec le 49e B. C. P. qui est caserné à Anthouard. Le 6e Bataillon monte en ligne, il a à sa gauche un Bataillon du 291e qui occupe la ferme de Thiaumont et à sa droite un Bataillon du 291e. A droite de la 103e Brigade est la 104e Brigade.
7 juin — Violemment pris à partie par les batteries allemandes, malgré ses pertes le 6e Bataillon (CODY) qui occupe les ouvrages de Thiaumont et la voie ferrée de Fleury-Fort de Vaux, reste dans ses trous d'obus.
8 juin — Matin violente attaque Allemande menée par 6 Divisions. Le 6e Bataillon résiste énergiquement quoique presque encerclé — Nombreux corps à corps — Nous conservons nos positions. Le 5e Bataillon alerté dans la nuit du 8 au 9 se porte à Fleury dont il occupe la lisière.
9 juin — Dans la soirée les 20e et 19e Cies sont poussées en 1ère ligne : la 20e à gauche doit se relier au 49e B. C. P. qui doit le 9 au soir relever le 347e à la redoute 320 ; le front du 5e Bataillon franchissant ensuite le ravin du Bazil, passe sur le flanc sud du ravin et se soude au 291e R. I. au sud du bois en triangle.
12 juin — Ordre est donné aux 2 Cies en réserve (17e et 18e Cies) de contre-attaquer la redoute
320. Arrivées sur la ligne, ces Cies la trouvent occupée par le 49e B. C. P. Le soir relève. Le 5e
Bataillon descend à Verdun (Hôpital St. Nicolas)
(Pertes sévères éprouvées pendant cette période du 5 au 12 juin, le 6e Bataillon a été presque
anéanti.)"
Ainsi Jean Marie OLIVIERO décède sans doute quelque part autour du fort de Thiaumont et de Vaux. Son corps n'est pas retrouvé et son décès sera déclaré par le jugement du tribunal dle 29/11/1921. Il a été retranscrit à l'état civil de Séné. Cependant, fils de l'assistance, célibataire Oliviero sera oublié en 1925 lorqu'il faudra gravé la liste des Poilus au monument aux morts de Séné.
Selon le site MemorialGenWeb aucun autre monument aux morts n'honore le soldat OLIVIERO Jean Marie.
Pierre Marie HUMERY : 2/01/1880 - 6/08/1916 - La Laufée - Donloup
Pierre Marie HUMERY nait au bourg de Séné. Son père est maçon et sa mère ménagère. Il se marie le 11/07/1909 à Theix avec Marie Françoise Taquet. Elle est domestique à Theix et lui maçon comme son père.
Au dénombrement de 1911, la jeune famille compte avec une petite Angèle.
Sa fiche "Mémoire des Hommes" nous indique qu'il a incorporé le 99 ° Régiment d'Infanterie. Son acte de décès nous précise qu'il est soldat de 2° classe à la 6° Compagnie du 2° bataillon.
L'historique de son régiment (Source Gallica) précise les actions de cette compagnie en cet été de 1916 :
"Le 19 juillet 1916, l'apirant Vestizon et le soldat Robin de la 6e compagnie, franchissent à la pointe du jour les cinq cents mètres qui séparent nos lignes des lignes allemandes bondissent dans la tranchée ennemie, tuent ou mettent en fuite les occpants et ramènent sans être inquiétés une mitrailleuse toute neuve avec son affût-trépied et deux caisses de cartouches. La tâche du régiment n'était pas encore terminée. Un glissement à gauche et c'est la ruée allemande qu'il faut arrêter une fois encore ! Pas plus à la Laufée qu'ailleurs, l'ennemi ne passera et le 1er août sera pour lui une défaite.
Les allemands attaquent avec furie la division à laquelle le 99e a été prêté. Deux régiments sont anéantis et le boche arrive à 100 mètres du tunnel de Tavannes.
[Le tunnel de Tavannes est un tunnel ferroviaire à deux galeries situé sur la Ligne de Saint-Hilaire-au-Temple à Hagondange (communes de Fleury-devant-Douaumont et Eix) qui a été utilisé pendant la Première Guerre mondiale comme hébergement, dépôt de matériel et dépôt de munitions pour l'armée.] Source Wikipedia.
Mais le 99e ne s'est point laissé enfoncer ; son indomptable résistance permet à une brigade coloniale de contre-attaquer avec vigueur et de reprendre le terrain perdu. La journée fut chaude, la ligne un instant entamée fut ramenée par une brillante contre-attaque dirigée par le sous-lieutenant Nury de la 6e compagnie qui fit des prisonniers et délivra le sergent Jousse le caporal Verger et le soldat Roquemaure qui pendant deux heures étaient restés aux mains des boches. C'est également au cours de cette contre-attaque que le clairon Clerg de la 6e compagnie, blessé mortellement, répondit à son officier qui l'encourageait : "Mon lieutenant, je vais mourir, je le sais ; mais je suis heureux, j'ai vu fuir les boches, cela me suffit pour mourir content." L'ennemi a subi le 1er août un échec des plus graves dans lequel le 99e a joué un rôle prépondérant. "On ne passe pas", a bien été sa devise. Dès cette époque, on peut considérer la ruée allemande sur Verdun par la rive droite de la Meuse comme complètement arrêtée (5).
Avant de mourrir "Tué à l'ennenmi" ce 6/08/1916, Huméry a été blessé à plusieurs reprises. Cela lui vaut un séjour à l'hôpital de Compiègne le 15/06/1915 et un séjour à l'Hôpital Temporaire n°7 de Vannes le 14/03/1916 hébergé dans les murs du Collège municipal Jules Simon, réquisitionné pendant la guerre. Il fonctionne du 9 août 1914 au 10 mai 1919.
Sa fiche de matricule nous livre une citation :
"Cité à l'ordre de la Brigade n°23 du 27/08/1916 "Tué le 6 août 1916 en contre-attaquant à la grenade" Décoration : Croix de guerre avec étoile de bronze."
14/ Bataille de la Somme 1916
La Bataille de la Somme de 1916 s’est déroulée sur une large zone du département de la Somme sur une ligne de 45 km, depuis Gommecourt et Bapaume au nord jusqu’à Chilly au sud de Chaulnes. Les Britanniques tenaient le front au nord jusqu’à Maricourt tandis que les français- à cheval sur la vallée - tenaient le sud.
La stratégie générale pour 1916 sur les fronts français, russe et italien avait été exposée à la conférence inter-alliée de décembre 1915 au Q.G. de Chantilly où Joffre avait clairement défini l’offensive de la Somme. Mais “la fournaise de Verdun” oblige les commandements alliés à raccourcir le front et à inverser les rôles : celui de l’armée britannique allait devenir primordial.
Le commandement allemand s’attendait à une offensive de grande envergure au nord de la Somme et avait donc eu le temps de considérablement consolider ses positions. Il avait ainsi une remarquable utilisation de la topographie, aménageant des fortifications de béton, renforçant les tranchées qui, dans tous les cas, surplombaient les lignes adverses, creusant d’innombrables réseaux souterrains de communications (parfois jusqu’à 12 m de profondeur), d’abris et de casernes.
La préparation de l’offensive se poursuit dans chaque armée et c’est en fait une ville provisoire qui s’installe : il faut ouvrir de nouvelles routes, en consolider d’autres, construire des ponts, des gares et des voies ferrées pour acheminer le ravitaillement, le fourrage, le matériel, les munitions, creuser d’autres tranchées, des parallèles de départ et des boyaux d’accès, prévoir des postes de secours et des hôpitaux, aménager des positions de batterie, des terrains d’aviation, des places d’armes, des postes d’observation. Britanniques, Allemands, Français constitueront ultérieurement une formidable concentration d’environ 1 million d’hommes et de 200 000 chevaux qui vivront dans un mouvement incessant de renforts et de relèves et dans le fracas des explosions.
La bataille commence le 24 juin par une préparation d’artillerie alliée qui, de jour comme de nuit, doit pulvériser les réseaux de barbelés et niveler les positions allemandes. Mais les mauvaises conditions météorologiques empêchent la destruction complète des ouvrages de surface et les réseaux souterrains sont intacts…
Il s'agit de l'une des batailles les plus meurtrières de l'histoire (hors victimes civiles), avec parmi les belligérants environ 1 060 000 victimes, dont environ 442 000 morts ou disparus. La première journée de cette bataille, le 1er juillet 1916, fut, pour l'armée britannique, une véritable catastrophe, avec 58 000 soldats mis hors de combat dont 19 240 morts. La bataille prit fin le 18 novembre 1916.
Le bilan fut, sur le plan militaire, peu convaincant. Les gains de territoires pour les Alliés furent très modestes, une douzaine de kilomètres vers l'est tout au plus, le front ne fut pas percé. Les combats usèrent les adversaires, sans vainqueurs ni vaincus.
Au cours des ces mois terribles 6 soldats de Séné ont perdu leur vie. La carte ci-dessus situent le lieu de leur mort. Qui étaient-ils et dans quelles circonstances sont-ils tombés au combat, tué à l'ennemi ?
Pour ne pas l'oublier, nou s commencerons ces récits par celui du soldat PLUNIANT, mort également dans la Somme, quelques mois avant la Grande Bataille.
PLUNIANT Jean Marie Désiré : 5/01/1873 - 13/03/1916
Patern MORIO : 07/04/1880 - 19/07/1916
Louis Marie BOCHE 13/04/1887 - 20/07/1916
Julien Marie GUILLERME : 24/02/1884 - 5/09/1916
Henri Léon Marie LE FRANC : 22/04/1879 - 12/09/1916
Vincent Marie LE FRANC : 25/07/1884 - 3/10/1916
Jean Marie JACOB : 25/11/1876 - 14/10/1916
PLUNIANT Jean Marie Désiré : 5/01/1873 - 13/03/1916
Jean Marie PLUNIANT nait à Séné quartier de Saint-Laurent le 5/01/1873 au sein d'une famille de cultivateurs. On en retrouve pas la famille au dénombrement de 1906 ou 1911.
C'est que les années sont passées depuis 1873 ! Ses parents sont sans doute cultivateurs non propriétaires et ont continué leur chemin qui les a conduit sur Vannes. La fiche de matricule a sans doute été ouverte pour la conscription de Jean Marie. Il déclare une profession de tyypographe. Belles études pour ce fils de cultivateurs ! Il déclare également une adresse à Vannes comme ses parents. Pour cette raison, son nom figurera au monument aux morts de Vannes et non pas à celui de Séné.
A la mobilisation, il arrive au corps le 30/08/1914 et passe au 85°Régiment d'Infanterie Territoriale le 9 juin 1915; Il est affecté au 88°RIT le 23/12/1915 et change à nouveau de régiment pour le 288°RIT le 11/02/1916.
Sa fiche "Mémoire des Hommes" et fiche de matricule nous apprennent qu'il est "Tué à l’ennemi" le 13/03/1916 à Guerbigny dans la Somme.
L'historique de son régiment nous livre quelques précisions :
"1916 : Secteur d’Andéchy (janv.-juin). Warsy, Becquigny, Davenescourt, Hangest-en-Santerre : Transport de munitions, établissement de boyaux. Secteur d’Erches (juil.-août) : divers travaux pour l’artillerie. C'est aussi au cours de cette période, le 11 février 1916, que le régiment prend la dénomination de « 288e régiment territorial d'infanterie », en exécution d'un ordre du général commandant en chef, en date du 26 janvier 1916, afin d'éviter les fréquentes erreurs produites par l'existence aux armées de deux régiments territoriaux portant le même numéro.
17 février. — Le régiment est relevé dans le secteur au nord de l'Avre par le 88e régiment territorial d'infanterie. Il fait mouvement pour se rendre au repos, par voie de terre, dans la région de Bonneuil-les-Eaux (Oise) ; n'y reste que quelques jours, ordre lui ayant été donné de venir réoccuper le secteur devant Andéchy.
3 mars. — Le régiment relève le 88e territorial : le 4e bataillon en 1re ligne, l'état-major du régiment et le 3e bataillon cantonnent à Guerbigny."
PLUNIANT Jean Marie décède ce 13 mars 1916, à l'âge de 43 ans et son corps sera enterré à la nécropole nationale de Lihons, tombe 1242 bis.
Patern MORIO : 07/04/1880 - 19/07/1916
Comme l'indique son extrait d'acte de naissance, Patern Marie MORIO naît de père inconnu à Séné le 7/04/1880. Sa mère, Jean Françoise LE DORIOL âgée de 23 ans est alors journalière à Kerdavid.
Elle se marie le 1/10/1882 avec Jean Marie MORIO et l'enfant est reconnu. La fiche de matricule de Patern MORIO nous donne les différentes localités du jeune homme. A environ 20 ans, il est valet de chambre à Vannes puis en 1904 il est domestique à Plescop; En 1907 à Saint-Avé, il est gardien de l'asile de Lesvellec, et enfin à Arradon, après son retour de conscription en 1914, son dernier domicile avant la guerre, il est jardinier.
Après la mobilisation, Patern MORIO rejoint le 264° Régiment d'Infanterie. L'historique du 264° RI permet de localiser le lieux exact du décès de Patern MORIO.
"Après un bref séjour à Harbonnières et dans le ravin des Baraquettes, le régiment remonte en
ligne dans le secteur d'Estrées. Il y occupe le village, sauf un îlot de maisons non encore enlevé à
l'ennemi. Du 15 au 21 juillet, plusieurs assauts sont tentés en vain contre ce nid puissamment
organisé. Enfin, le 23, après une violente préparation d'artillerie, le bataillon VANNIER s'empare de
l'îlot, fait prisonniers les survivants d'un bataillon ennemi qui le défendait et capture une batterie."
Partern MORIO est donc blessé aux environ d'Estrées évacué sur la commune de Wiencourt l’Équipée où en prévision de l'offensive on a crée depuis le 8/5/1916, un HOE pour "Hôpital d'Origine d'Etape", un hopital d'évacuation (exemple ci-dessous) . On le soigne pour une plaie pénétrante par balle à la fesse droite. Il y décède le jour même à lâge de 36 ans.
Son corps repose à Marcelcave dans la nécropole nationale Les Buttes, Tombe 617.
Domicilié en dernier lieu à Arradon, son nom figure au monument aux morts de cette commune.
Louis Marie BOCHE 13/04/1887 - 20/07/1916
Louis Marie BOCHE nait au village d'Ozon à Séné au sein d'une famille de cultivateurs.
Le dénombrement de 1906 nous montre une famille composée d'une fille et de 6 garçons établie alors à Bilherbon non loin d'Ozon. La famille nombreuse avec une seule fille emploie une domestique.
On retrouve encore la famille MORIO au dénombrement de 1911. 3 garçons ont quitté le giron familial et désormais la famille emploie un domestique et un jeune berger.
A l'âge d'accomplir sa conscription, Louis Marie BOCHE s'engage dans les marmées. Il ne sait pas qu'il sera soldat 8 ans durant jusqu'à sa mort à Estrées en 1916. En effet, il est "Engagé Volontaire" de 1908 à 1912. Pendant cette première période il se marie le 2/05/1911 à Vannes avec Marie Julienne Le Blévennec. Il remplie pour un an et encore 2 ans avant d'être mobilisé. Il est alors Sous-Lieutenant, le plus gradé des soldats nés à Séné. Il apprendra la mort de son frère Joseph décédé pendant la bataille de la Marne le 8/09/1914...
Le site genweb ajoute que les deux corps furent rendus à la famille. Louis Marie MORIO, marié à une Vannetaise, a son dernier domicile connu à Vannes où son nom figure au monument aux morts de la ville, bien que ses parents résidaient encore à Séné.
Julien Marie GUILLERME : 24/02/1884 - 5/09/1916
L'état cicil de la ville de Saint-Avé nous indique que Julien Marie Guillerme est né au sein d'une famille de cultivateurs. Il a une soeur jumelle et les deux enfants survivront.
On retrouve la famille Guillerme à Séné au dénombrement de 1911. Elle est constituée des 2 parents, de trois enfants, d'une nièce et d'une jeune bergère sous le même toit.
A l'age de la conscription, Julien Marie est également cultivateur. Il est d'abord incorporé au 116°RI de Vannes et le 15/06/1916, il rejoint le 265° RI en prévision de l'offensive...
Il décède à Estrée le 5/09/1916 à l'âge de 32 ans. D'autres soldats d'autres unités témoignent de ces journées de septembre 1916 :
« Le 5 septembre il pleut, le terrain se transforme en cloaque, avec des pistes détrempées, des relèves difficiles pour des troupes fatiguées. Un brouillard épais recouvre le champ de bataille... Jean Marie Piegay, du 60e Régiment de Besançon, écrit le 8 septembre : « J’ai été pendant trois jours à droite de Barleux. Nous avons attaqué tous les jours, pris des tranchées, les Boches contre-attaquaient et nous repoussaient. Je te dis que ça a été un massacre effroyable et le résultat néant. On était trempés jusqu’aux os ; dans les boyaux il y avait 80 centimètres de boue, de vase et on marchait dedans au risque d’être enlisés.
Nous étions carapacés de 15 à 25 kilos de boue. Jamais je n’en ai autant vu que cette fois, c’est horrible ce que j’ai souffert ».
Henri Léon Marie LE FRANC : 22/04/1879 - 12/09/1916
Henri Le Franc nait à Moustérian au sein d'une famille de pêcheurs.
A l'âge de 13 ans il est mousse sur un canot de Vannes le Léonie Marie. Il est donc marin.
Sa fiche de matricule nous apprend qu'à l'age de 20 ans il est dispensé de la conscription au motif que son frère est "sous les drapeaux". Il se marie dans les années 1900 avec Mathilde Telleme née à Lorient et fonde une famille de 2 garçons comme l'indique le dénombrement de 1911. La famille vit de la pêche.
Son dernier bateau est le Maïta qu'il abandonne le 21/01/1915 pour incorporer le 2°RIC au sein des armées de terre. Le 22/01/1915 il est affecté au 2° Régiment d'Infanterie Coloniale. Il est blessé le 25/09/1915 et suit une convalescence avant un rappel au front le 26/02/1916. Henri LE FRANC "fait preuve de courage et de sang-froid en allant sous un feu violent relever son camarade blessé".
L'historique du 2° RIC permet de localiser ce régiment près de la tranché du Poivre au sud de Barleux.
"Le lendemain, 10 septembre, à 4 heures, l'ennemi déclenche un très violent tir de barrage et de contrebatterie,mais sans attaque d'infanterie. Nous avons quelques pertes, mais nous conservons entièrement le terrain enlevé d'assaut la veille. Cependant, au moyen d'une attaque brusquée par liquides enflammés sur la section de la compagnie LE BRIS occupant la tranchée du Poivre, l'ennemi parvient à nous ramener sur nos positions du 8. La section qui a courageusement résisté et prononcé même une contre-attaque est presque anéantie. Les première et deuxième lignes sont violemment bombardées. Les hommes qui combattent depuis cinq jours, toujours en éveil, sont très fatigués. Les communications téléphoniques sont difficiles, les lignes fréquemment coupées, ce qui oblige d'assurer la liaison des divers échelons par coureurs."
Il décède dans le secteur de Barleux le 12/09/1916 à l'âge de 37 ans. Son nom est gravé sur le monument aux morts de Séné.
Vincent Marie LE FRANC : 25/07/1884 - 3/10/1916
Vincent Marie LE FRANC naît au village de Cadouarn en 1884 au sein d'une famille de pêcheurs.
A l'âge de 14 ans il devient mousse sur le canot Marie Louise à Vannes jusqu'en 1904 et sa conscription.
Au dénombrement de 1906 il n'habite plus le foyer familial où ne demeure que sa soeur. En effet, comme l'indique sa fiche de matricule, il fait sa conscription de 3 ans de 07/1904 à 07/1907.
Le dénombrement de 1911 nous indique qu'il est revenu vivre chez sa mère veuve, sa soeur s'étant marié.
Son extrait d'acte de naissance nous donne la date de son mariage avec Marie Anne NOBLANC le 9/02/1912, confirmé par sonacte de mariage.
C'est ce jeune marié qui est mobilisé an août 1914. Comme beaucoup "d'Incrits Maritimes" il rejoint l'arméee de terre qui a besoin de soldats au front. D'abord affecté au 3°Régiment d'Infanterie Coloniale (RIC), il rejoint en septembre 1915 le 33°RIC. Son dernier bateau est le Jeanne Albert qu'il abandonne le 22/01/1915.
L'historique de ce régiment disponible sur Gallica, nous indique qu'il prend part aux combats près de Belloy en Santerre :
"Du 27 septembre au 18 octobre 1916, le régiment prend en première ligne les tranchées de Belloy-en-Santerre et de Barleux. Dans cette région, le régiment tout entier fait montre de splendides qualités d’endurance et de valeur. L’artillerie allemande fait rage, l’ennemi se cramponne désespérément sur les lignes où il a été obligé de se retirer après sa défaite de juillet. Le tir d’artillerie lourde qui, sans arrêt, bat nos tranchées, oblige les hommes à un travail fort dur et héroïque. Il faut d’abord entretenir dans un sol mouvant et sous des pluies diluviennes un système de tranchées sans cesse bouleversé par les obus et les torpilles."
Il est "tué à l'ennemi" le 3/10/1916 à l'âge de 32 ans.
Son corps a été transféré dans la nécropole de Lihons tombe 2105. La stèle funéraire est de rite israélite, sans doute une erreur à l'époque de son inhumation qu'il faudra vérifier en consultant les régistres de baptême.
Jean Marie JACOB : 25/11/1876 - 14/10/1916
Jean Marie JACOB naît dans une famille de pêcheur au village de Langle à Séné.
Comme beaucoup de Sinagots il est séduit par la marine et devient mousse à l'âge de 14 ans comme l'indique sa fiche d'Inscrit Maritime.
Il se marie au mois d'octobre 1901 à Séné avec Marie Josèphe MIRAM et fonde un foyer comme l'atteste le dénombrement de 1911. Trois enfants vivent avec leurs parents.
Avec la profession de pêcheur, Jean Marie Jacob est Inscrit Maritime. Cependant l'armée de terre à besoin de soldat et il est affecté au 2° régiment d'Infanterie Coloniale puisse au 52°RIC.
Il disparait le 14/10/1916 à Villers Carbonnel. Son décès sera officialisé par un jugement du tribunal de Vannes en 1922.
L'historique du 52° RIC auquel le soldat Jacob appartient indique qu'il opérait sur cette ligne de front :
"Le 9 octobre 1916, le Lieutenant-colonel Petitdemange reçoit l’ordre général d’opérations de la
10e division d’infanterie coloniale. Le 52e régiment d’infanterie Coloniale, devait attaquer le 14
octobre dans la région d’Horgny, près de Belloy-en-Santerre."
15/ Offensive Nivelle aux Chemin des Dames
Extrait de wikipedia : L'offensive Nivelle (avril-juin 1917)
La réputation tragique du Chemin des Dames vient de l'offensive imaginée et dirigée par le général Nivelle durant le printemps 1917. Cette bataille prend des noms différents selon les auteurs : offensive Nivelle, seconde bataille de l'Aisne ou bataille du Chemin des Dames. Cette offensive est un cruel échec pour les armées françaises : alors que Nivelle pensait que l'avancée serait foudroyante, Laon (située à une quinzaine de kilomètres à vol d'oiseau) devant être atteinte en fin de journée, le front allemand est à peine entamé. Pendant de nombreux mois, les armées allemandes et françaises se disputent le plateau.
Le bilan de l'offensive est difficile à établir. Les pertes françaises ont été souvent sous-évaluées en ne s'intéressant qu'aux pertes subies entre le 16 et 29 avril. Or, les combats se poursuivent jusque fin juin (prise de Craonne le 4 mai, prise de la Caverne du dragon le 25 juin). Il convient alors de regarder les pertes sur les mois d'avril, mai et juin. Lors des comités secrets réunissant les députés du 29 juin au 7 juillet, le député Favre estime les pertes à près de 200 000 hommes côté français au bout de deux mois d'offensives. Quant aux pertes allemandes, elles sont encore plus difficiles à évaluer.
C'est après cette grande tuerie que se développèrent dans l'armée française des mutineries, particulièrement fréquentes après le 16 avril 1917, et concentrées essentiellement sur le Chemin des Dames et le front de Champagne. La Chanson de Craonne, dont le nom fut donné lors des mutineries de 1917 (la musique était reprise d'une chanson d'avant la guerre), à la suite des pertes militaires, fait partie des répertoires antimilitariste et anarchiste, elle fut absente des ondes jusqu'en 1976.
*******************************************************************
A la tête des armées françaises depuis le début de la guerre, le général Joffre est remplacé le 13 décembre 1916 par le général Robert Nivelle alors qu'il a préparé le plan d’une nouvelle offensive entre Soissons et Reims pour le début de l’année 1917. Reprenant en partie le plan de Joffre, Nivelle promet d’opérer une percée décisive sur le Chemin des Dames « en 24 ou 48 h». Plusieurs fois reportée, notamment suite au repli stratégique allemand sur la ligne Hindenburg (ou Siegfried), et même remise en cause (le 6 avril, Nivelle propose sa démission qui est refusée), l’offensive est finalement fixée au 16 avril à 6 heures du matin.
Elle fait suite aux accords entre Français et Britanniques, l’offensive française doit s’accompagner d’une offensive en Artois. Celle-ci a lieu les 9-12 avril 1917 par l’assaut réussi des Canadiens du Lieutenant-General Julian Byng sur la Crête de Vimy. Malheureusement, l’inertie du commandement britannique à lancer les réserves à temps à empêché ce beau succès tactique (et coûteux en hommes) de déboucher sur un succès stratégique, dès lors qu’Australiens et Britanniques ont butté sur les défenses allemandes de Bullecourt. Le 16 avril, Nivelle dispose de 1 200 000 hommes (49 divisions d’infanterie et cinq de cavalerie), 5 000 canons, 128 chars d’assaut, des centaines d’avions d’observation et de chasse pour attaquer un front de 40 km entre Soissons et Reims : placée en réserve, la Xe armée est chargée d’exploiter les succès des Ve et VIe armées qui doivent rompre le front. Pour la première fois du côté français, des chars d’assaut doivent être engagés.
Dans l’Aisne, une longue et intense préparation d’artillerie qui commence le 2 avril, compromet tout effet de surprise et surtout, ne détruit que très partiellement les défenses allemandes. Les fantassins français attaquent le 16 avril à 6 heures du matin.
Quand les premières vagues s’élancent à l’assaut du plateau du Chemin des Dames, elles se heurtent à des barbelés souvent intacts et elles sont fauchées par le feu des mitrailleuses allemandes. Le mauvais temps (pluie, neige et froid) n’est pas sans conséquences, en particulier dans les bataillons de tirailleurs sénégalais, des troupes en fait recrutées dans toute l’Afrique occidentale française, de Cotonou à Bamako et d’Abidjan à Tombouctou.
Malgré les difficultés, la première position est prise et la deuxième est entamée. Cependant, une fois les crêtes franchies, les fantassins, qui ne sont plus couverts par l’artillerie, sont arrêtés par les contre-attaques allemandes alors que les conditions climatiques se sont dégradées. À l’est, à Berry-au-Bac, les premiers chars français sont parvenus à percer les trois positions allemandes mais l’infanterie n’a pu suivre et les chars survivants sont contraints de se replier. Dès les premières heures, les hommes réalisent que l’offensive est un échec, avec des pertes importantes (30 000 tués et 100 000 blessés en 10 jours du 16 au 25 avril). Le désastre est amplifié par les insuffisances logistiques et un service de santé dépassé. Interrompue le 20 avril, l’offensive reprend le 4 mai avant d’être abandonnée le 15 mai. Le ministre de la Guerre Painlevé remplace alors Nivelle par Pétain.
Au cours de cette bataille 5 soldats natifs ou résidents à Séné y laissèrent leur vie. Qui étaient-ils et dans quelles circonstances ont-ils disparu?
Ange GUYOT : 18/01/1885 - 23/04/1917 - Courlandon - Régiment Colonial du Maroc
Joseph LE BRIS : 1/04/1898 - 30/03/1917 - Vauxaillon - 2° Classe 67° RI
Paul LE QUINTREC : 16/05/1885 - 5/05/1917 - Vauxaillon - 2° Classe 67° RI
Joseph MORIO : 8/08/1891 - 30/04/1917 - Berry Le Bac - Maréchal des Logis - 235° RA.
Joseph-Louis-Marie LE DUC : 16/05/1885 - 5/05/1917 - Ailles - Capitaine - 62° RI
Ange Félix Marie GUYOT : 18/01/1885 - 23/04/1917 - Courlandon - Régiment Colonial du Maroc
L'extrait d'état civil nou sindique que Angé GUYOT est né dans le village de Saint Laurent au sein d'une famille de cultivateurs.
Le dénombrement de 1906 nous précise que son père Julien Marie et son oncle Jean François sont tous les deux avec leur famille respective cultivateurs fermiers à Saint-Léonard.
Sa soeur Jeanne Marie épousera Alexandre Camenen, autre Poilu décédé pendant la guerre de tuberculose.
La fiche "Mémoire des Hommes" nous indique qu'il est retiré du front et amené à l'hopital de campagne de Courlandon dit "autochir" comme il en existe derrière la ligne de front où il décède le 23/04/1917.
La fiche de matricule nous livre d'autres informations sur le parcours de GUYOT qui aura été blessé par trois fois par balle au cours de la campagne d'Allemagne. Sa tombe porte le n° 3220 au sein de la Nécropole nationale La Maison Bleue de Cormicy (Marne).
Que sait-on sur la vie et le parcours militaire de Paul LE QUINTREC et de Joseph LE BRIS, soldats de 2° classe au 65°RI, morts tous les deux à Vauxaillon ?
Joseph LE BRIS est né à Gourin le 1er avril 1898 au sein d'une famille de cultvateurs installée au hameau de Kertudal.
Sa fiche de matricule nous indique qu'il a perdu ses parents dans sa jeunesse ce qui lui vaut la mention "enfant de l'assistance publique". Il déclare vivre à Séné comme ouvrier agricole. Cette précision permet d'éliminer les autres "Joseph Le Bris" repérés dans les bases de recherches. Les dénombrements de 1906 et 1911 et 1921 montrent que Séné avait une tradition d'accueil d'enfants de l'assistance.
Cette même fiche de matricule nous indique qu'il est engagé volontaire pour aller combattre. Il intègre le 65°RI le 9 février 1916. Il est tué par balle au combat à Vauxaillon le 30 mars 1917, la vaille des ses 20 ans.
Son corps est tout d'abord inhumé dans le cimetière de Berry le Bac et sera transféré après guerre dans la nécropole de Ambleny dite Le Bois Roger carré H tombe 103. Le nom de Joseph LE BRIS figure à Séné, commune où il était domicilié, et à Gourin, sa commune de naissance.
LE QUINTREC Paul est aussi incorporé au 65° Régiment d'Infanterie.
Le site "Mémoire des Hommes" nous a permis de l'identifier comme natif de Séné le 11/04/1899 au sein d'une famille établit au Poulfanc. Le père est charcutier et sa mère ménagère. On apprend également qu'il est mort au combat le 1/04/1917 quelques jours avant son 18° anniversaire. Au dénombrement de 1906, la famille n'apparait pas répertoriée à Séné. Les commerçants ont déménagé.
En 1920, il a été rédigé un historique du 65° Régiment d'Infanterie auquel appartiennent Joseph LE BRIS et Paul Le Quintrec. Il raconte les journée de mars-avril 1917.
"Le 27 mars, le 65ème qui cantonne à Sammeron, est enlevé en autos et débarque au sud de Soissons. Le 28 au soir, il prend position au nord-est de Terny-Sorny, deux bataillons en ligne (bataillon Ripault (1er) à droite, bataillon Rochemonteix (3e) à gauche) et un en réserve (bataillon Audran) aux carrières de Terny-Sorny. Les lignes allemandes bordent les têtes de ravins boisés au sud de Vauxaillon, passent par la cote 150 et les Aubes-Terres. Les nôtres en sont séparées par 800 mètres de plateau dénudé, sans abris ni couverts.
Le 30 (le 30 mars jour du décès de Le Bris) , l'ordre est donné d'enlever les avancées de la ligne Hindenbourg entre Vauxaillon et la sortie sud du tunnel. L'attaque est déclenchée à 19 heures, après une courte préparation d'artillerie.
Le bataillon Ripault, gêné dès le départ par les nombreuses mitrailleuses de Laffaux, qui prennent de flanc les unités d'attaque, progresse légèrement, mais doit s'arrêter par suite de lourdes pertes. (C'est là que Le bris est tué par balles).
Le bataillon de Rochemonteix, également accueilli par des feux violents de mitrailleuses qui balayent littéralement le plateau, voit, sa compagnie de droite décimée, tandis que la compagnie Gandin, à gauche, glisse par une manoeuvre hardie vers le nord et, dans une charge magnifique, s'empare de la cote 150, des Aubes-Terres et de la ferme d'Antioche.
Le 30 au soir, le bataillon Andran relève sur les positions conquises le bataillon de Rochemonteix, et le bataillon Ripault passe en réserve.
En pleine nuit, aussitôt la relève terminée, les compagnies de tête du bataillon Audran (compagnie Richard à droite, compagnie Redier à gauche) poussent des reconnaissances et, refoulant légèrement l'ennemi, réussissent, après une nuit de combat, à s'installer au plus près des positions de l'adversaire, évitant ainsi pour l'attaque prochaine la traversée du dangereux plateau.
Le 1er avril, à 10 heures, les compagnies bondissent de leurs trous hâtivement creusés. A 11 heures, nous bordons la voie ferrée entre la halte de Vauxaillon et l'éperon 100-140.
L'ennemi, surpris par la vigueur et la soudaineté de l'attaque, se défend avec énergie dans les carrières et dans les abatis; mais, habilement manoeuvré, il laisse entre nos mains 10 mitrailleuses et une soixantaine de prisonniers, dont 3 officiers.
Cette action, vivement menée, exécutée avec entrain, bravoure et intelligence, nous assurait la possession d'une solide base de départ pour l'offensive du 16 avril. Quelques jours plus tard, le régiment se voyait décerner une citation à l'ordre du corps d'armée. "
Ainsi ce 1er avril paul Le Quintrec est tué par un éclas d'obus. Cette vielle carte postale témoigne de l'atrocité des combat au village de Vauxaillon. Son corps rejoint al nécropole d'Amblemy tombe n°73.
Son nom figure au monument aux mort de Vannes sa commune de domiciliation ainsi qu'à la nécropole du Bois Roger à Amblemy.
Joseph MORIO : 8/08/1891 - 30/04/1917 - Berry Le Bac - Maréchal des Logis - 235° RA.
La fiche "Mémoire des Hommes" de Joseph Marie MORIO nous apprend qu'il est décédé des suites de ses blessures à l'hôpital de Cahors le 30/04/1917. Commennt situer le soldat Pierre Marie MORIO au coeur de cette offensive ? La fiche de matricule de Joseph Marie MORIO précise la date de sa blessure le 18/04/1917.
Sa fiche "Mémoire des Hommes" nous indique qu'il a intégré le 235° Régiment d'Artillerie de Campagne où il a le grade de maréchal des logis. En effet, sa fiche de matricule, ajoute qu'en tant qu'engagé volontaire le 25/08/1909, MORIO a transité par différents régiments d'artillerie...
Des recherches sur le 235° RAC nous livrent que le régiment était engagé dans l'Offensive Nivelle le 16/04/1917 du côté de Berry le Bac au nord de Reims.
Bléssé sur le front, il est évacué et amené dans un hôpital de province à Cahors dans le Lot, comme il y en a tant qui assurent à l'arrière du front le secours au soldats blessés ou malades. Cependant il décède le 30/04/1917 à l'âge de 26 ans. Son corps est inhumé au cimetière de Cahors où sa tombe est conservée :
Joseph Marie MORIO était né à Séné le 8/08/1891 où ses parents sont cultivateurs à Kerdavid, comme l'indique le dénombrement de 1911. 6 enfants et une bergère vivent dans cette famille de cultivateurs.
Marié à Vannes le 6/09/1913 avec Henriette Mathuurine LORGOUEC (?) c'est ce dernier domicile connu qui sera retenu pour inscrire le nom de ce Sinagot au monument au morts de Vannes.
Joseph-Louis-Marie LE DUC : 16/05/1885 - 5/05/1917 - Ailles - Capitaine au 62ème régiment d’infanterie
(recherches de Yannick ROME compétées)
Le père de Joseph LE DUC est employée par l'administration des douanes. Le hasard des affectation fait naître Joseph à Noyalo (Morbihan) le 16 mai 1885.
Son père, Mathurin Le Duc est affecté à Séné où il y prendra sa retraite avec son épouse Marie-Célestine Noblanc.
Les parents apparaissent au dénombrement de 1911 comme habitants à Séné.
Comme chaque militaire, Joseph LE DUC fait l'objet d'un signalement dans sa fiche de matricule qui récapitule aussi ses différentes affectations :
Engagé volontaire pour 3 ans le 14 octobre 1903. Caporal de 6 juin 1904
Sergent le 20 décembre 1904. Rengagé pour 4 ans le 26 mars 1906
Rengagé pour 2 ans le 13 octobre 1910. Rengagé pour 2 ans le 11 octobre 1912
Adjudant le 1er février 1914. Sous-lieutenant le 7 septembre 1914
Lieutenant à titre temporaire le 1er juin 1915. Sous-lieutenant à titre définitif le 26 décembre 1915
Lieutenant à titre définitif le 4 avril 1916. Capitaine à titre temporaire le 27 mars 1916
Blessé le 3 décembre 1916 secteur de Vaux Damloup (Meuse)
Cité à l’ordre du régiment le 10 avril 1915 :
« S’est signalé en toutes circonstances par son sang-froid et son brillant courage. Le Duc Joseph, lieutenant à TT au 62e régiment d’infanterie, officier d’une énergie sans égale, a donné constamment des preuves de sa bravoure depuis le début de la campagne. S’est encore fait remarquer le 25 septembre 1915 à l’assaut des tranchées allemandes en conduisant remarquablement sa compagnie dont tous les officiers avaient été mis hors de combat. »
Ordre de l’armée du 21 octobre 1915 :
« Le lieutenant à titre temporaire Le Duc Joseph-Louis du 62e régiment d’infanterie a pris le commandement de son bataillon dans des circonstances difficiles et, le 6 octobre, a repoussé deux violentes contre-attaques de l’ennemi en infligeant à ce dernier de grandes pertes. »
Le 17 avril 1916 :
« Est resté pendant plusieurs heures avec ses chefs de section dans la tranchée exposée aux plus violents bombardements afin d’être prêt à recevoir l’attaque ennemie. A fait ce qui était humainement possible pour résister à cette attaque. Voyant sa compagnie tournée, a réussi, grâce à son énergie, à échapper à l’ennemi ce qui leur a permis de donner l’alarme, aucune liaison n’existant plus. »
Ordre n° 479 de la VIe armée :
Mai 1917 :
Extrait de la revue du Conseil Général de l'Aisne "La Lettre du Chemin des Dames" été 2010.
"Le régiment (de Joseph LE DUC) monte en ligne sur le Chemin des Dames à la fin du mois d’avril 1917 dans le secteur d’Ailles, où il conduit, le 5 mai, une attaque visant « à s’emparer du plateau et à pousser des unités jusqu’à Ailles (commune) et l’Ailette (rivière) ». Il est encadré à droite par le 19e et à gauche par le 65e. L’attaque « s’exécute d’abord dans de bonnes conditions ». A la nuit tombée, cependant, le 62e RI est ramené dans ses lignes de départ. Il a constitué une quarantaine de prisonniers, mais ses pertes s’élèvent à 900 hommes dont un grand nombre d’officiers. Au dessus de la Creute des Saxons a été livré un combat extrêmement vif, précise l’historique du régiment.
Relevé le 7 mai, le 62e s’abrite dans « les creutes de Champagne » puis participe à nouveau aux combats, les 14 et 15 mai, avant d’être relevé du secteur du Chemin des Dames, le 18 mai. Au repos dans la Somme jusqu’au 23 juin, il reçoit en renfort 800 à 900 hommes « qui assurent son recomplètement en effectifs ».
Extrait du livre "Les Morbihannais dans la guerre 14-18" Edité par les Archives du Morbihan, page156.
"Quelques jours plus tard, le 5 mai, aux côtés des 19° et 65° RI, le 62°RI se porte à l'attaque, près de la Caverne du Dragon (Aisne). Le 62°RI "a l'ordre de s'emparer de tout le plateau et de pousser des unités jusqu'à Ailles et l'Ailette (rivière). S'ensuivent de très violents combats qui durent près de deux jours. Le régiment laisse derrière lui 900 soldats hors de combats. Parmi le smorts, on déplore le Lorientais Emilien Palaric, âgé de 22 ans, un des plus jeunes capitaines de France ".
Le capitaine, Joseph Pierre Marie LE DUC décède devant Ailles (Aisne) le 5 mai 1917. La commune de Aiiles étant complètement détruite par la guerre, le territoire sera rattaché à sa commune voisine pour créer la commune de Chermizy-Ailles. Le matricule de Le Duc indique que son corps fut nhumé au cimetière militaire de Largnan (Aisne).
Commune de Soupir détruite en mai 1917.
16/ BREDOUX, DAVID, perdent la vie sur le chemin de la victoire
"
L'offensive Meuse-Argonne fut la dernière attaque de la Première Guerre mondiale. Ce fut également la plus grande opération et victoire de l'American Expeditionary Force (AEF) dans cette guerre. L'offensive se déroula entre le 26 septembre et le 11 novembre 1918 sur un front de la Marne jusqu'à la Meuse. Cette opération poussa l'armée allemande à la défaite finale et à la signature de l'armistice du 11 novembre qui mit fin aux hostilités.
Dans sa première phase, se déroula la Bataille de Somme-Py, du 26 septembre au 3 octobre 1918 dans la Marne. source : 20072008.fre.fr
La préparation d'artillerie commence le 25 septembre au soir et, le lendemain à 5 h. 25, les troupes d'attaque de la IVe armée s'élancent des tranchées. Ce ne sont en réalité, que de simples détachements chargés de réduire les résistances qui pourrait encore subsister dans les avancées des positions allemandes. Ils sont rejoints à faible distance des tranchées de la position principale, par les vagues d'assaut qui enlèvent d'un bond la position et la dépassent.
Le premier jour, les Allemands sont bousculés sur 4 kilomètres de profondeur au nord de Ville-sur-Tourbe et de Massiges et sur 5 kilomètres au nord de Perthes-les-Hurlus. C'est ainsi que la IVe armée s'empare de la ferme de Navarin, de la butte de Souain, de Tahure, de Rouvroy et de Cernay-en-Dormois. On fait en outre 7.000 prisonniers.
Malgré le mauvais temps, la IVe armée poursuit son offensive le 27 septembre. Les progrès sont plus lents : on n'avance au maximum que de 2.300 mètres tout en faisant plus de prisonniers que la veille (10.000). Fontaine-en-Dormois, Gratreuil tombent en notre pouvoir, mais on atteint seulement les lisières de Somme-Py.
A partir du 28 septembre, l'avance est très ralentie : les réserves allemandes sont arrivées et, d'ailleurs, la IVe armée combat, à sa gauche, dans des terrains marécageux, où la résistance de l'ennemi est grandement facilitée par la nature du sol.
Le 28, on prend Sommepy et Manre, le 29 Aure, Montfauxelles et Sechault, le 30 Marvaux-Vieux. Le 1er octobre, on s'approche de Liry et on atteint Vaux-les-Mouron. L'armée Gouraud marque alors un temps d'arrêt dans son offensive droit au nord, pour préparer son rabattement vers le nord-ouest, en vue de faire tomber les monts de Champagne.
L'opération s'exécute le 3 octobre et produit une poche de 2 kilomètres et demi de profondeur entre Sainte-Marie-à-Py et Orfeuil.
Ce même jour, au nord-ouest de Reims, la Ve armée borde tout le cours du canal. Cette double menace sur les flancs des monts de Champagne obligera l'ennemi à évacuer la région, à grandes enjambées, au cours des journées suivantes."
Parmi les soldats engagés dans ces offensives victorieuses qui allèrent mener l'Allemagne à demander l'Armsitice, le soldat sinagot François Marie BREDOUX du 264°RI.
BREDOUX François Marie :10/07/1892 - 30/09/1918
François Marie BREDOUX nait à Tréffléan le 10 juillet 1892 au sein d'une famille d'agriculteur : le père laboureur et la mère cultivatrice.
A l'âge de la conscription en 1912, il déclare que son père est décédé et la profession de domestique. Lui et sa mère résident à Séné.
On le retrouve au dénombrement de 1911 comme domestique de ferme chez les "le Bigot" à Kernipitur. Ainsi Bredoux connaissait-il esl frères Le Bigot François Marie et Jean Marie également sur le front.
Il effectue sa période de conscription au 45°RI et est "libéré" le 8/10/1913. Il sera rappelé au corps le 8/10/1917. Il passe successivement au 116°RI en octobre 1917, puis au 264°RI le 27/02/1918. Il y gagnera le galon de caporal.
L'historique de son régiment nous apprend qu'il participe à la bataille de Somme-Py en automne 1918.
"En septembre 1918, la 61e D. I. est amenée en Champagne pour collaborer à l'offensive générale inter-alliée. Le 264e R. I. reçoit mission le 29 septembre de s'attaquer aux tranchées allemandes de Somme-Py abondamment garnies de mitrailleuses. Les 29, 30 septembre et 1er octobre, sous des barrages terribles d'obus et de balles, les 4e et 5e bataillons livrent assaut sur assaut, avec une vaillance et une abnégation merveilleuses. (Bredoux meurt le 30). L'ennemi est ébranlé et se retire dans la nuit du 1er au 2 octobre, tandis que les Américains relèvent le régiment. L'exploit du sous-lieutenant JALLOUX, réalisé au cours de ces trois journées d'attaques, mérite d'être particulièrement signalé. Chargé, lui et son groupe, de s'emparer d'un blockhaus Particulièrement organisé, il se porte avec un sang-froid admirable à l'assaut de l'ouvrage, tue 20 ennemis, en capture 14, et s'empare d'un mortier de tranchées et de quatre mitrailleuses légères. Engagé de nouveau à Saint-Pierre, à Arnes, le 264e R. I. renouvelle coup sur coup ses attaques héroïques. Les 9 et 10 octobre, il gagne 600 à 800 mètres de terrain et le 11, il poursuit jusqu'à La Retourne l'ennemi en retraite vers l'Aisne."
François Marie BREDOUX fera l'objet d'une citation à l’ordre du 264°RI n°56 du 10/06/1918.
"Pendant la période au feu a fait preuve de courage et de sang-froid coopérant à la défense de terrain pied à pied contre un ennemi supérieur en nombre."
Croix de guerre avec Etoile de bronze.
"Brave caporal tombé glorieusement au champ d’honneur le 30/09/1918 à Somme-Py".
Son nom figure sur le monument aux morts de Séné.
Sur d'autres théâtre d'opération en cette année 1918 deux autre soldats sont "tués à l'ennemi" :
Théophile DAVID : 7/03/1886 - 30/04/1918
L'extrait de naissance de Théophile François Joseph Marie DAVID nous apprend que son père est brigadier des Douanes en poste à Séné et sa mère ménagère. La famille vit à la caserne de Michot. Le père sera muté car on ne retrouve pas la famille au dénombrement de 1906 ou 1911.
Sinagot d'un jour, Sinagot pour toujours pourrait-on dire ?
Théophile DAVID est issu d'une famille instruite et aisée sans doute. Sur sa fiche de matricule il déclare être étudiant. Toutefois, le jeune David s'engage volontaire en 1907 à Nantes pour 3 ans dans l'armée et gravit les échelons : brigadier le 16/091907 puis maréchal des logis le 23/11/1908. Il s'engage à nouveau pour un an en 1911 et encore en 1912. Il passe à la réserve en février 1913.
La mobilisation va le faire revenir dans l'armée. Parti aux arméees le 10 août 1914, il est parmi les premiers blessés de la guerre en septembre pour un long séjour de convalescence. Remis, il entre à l'école militaire de Fontainebleau et devient sous-officier de réserve. Le 19/10/1916, il rejoint le 251°Régiment d'Infanterie. Il décède le 30 avril 1918 à Margival dans l'Aisne.
Son acte de décès est transmis à Mézières 35 où il était domicilié. Il a reçu la croix de guerre.