L'Allemagne avait préparé son entrée en guerre. La France a été surprise par l'ampleur des forces militaires allemandes engagées lors des premières semaines du conflit. Face à un adversaire supérieur en nombre et mieux armé, les troupes françaises postées à la frontière ont rapidement reculé. L'armée belge a bien ralenti les troupes allemandes qui avaient rompu la neutralité du pays et les represailles furent dramatiques pour la population belge. En ce mois d'août et de septembre 1914, la stratégie de contournement par l'ouest des armées allemandes semblent en bonne voie. Les armées françaises et anglaises battent en retraite. Elles seront arrêtées "miraculeusement" sur la Marne. L'Allemagne a failli gagné une guerre éclair.
Pendant ces semaines de retraite vers le sud à marche forcée, trois soldats de Séné trouvèrent la mort :
Ange Pierre Marie LE PAUTREMAT : 31/12/1893 - 30/08/1914 à Sains (Aisne)
Joseph Jean Marie LE MASSON : 12/01/1889 - 8/09/1914 Connantry (Marne)
Joseph Marie BOCHE : 14/08/1889 - 8/09/1914 La Fère Champenoise (Marne)
La carte ci-dessous permet de se rendre compte de la vélocité de la retraite et de localiser le lieux du decès de ces 3 soldats.
Ange Pierre Marie LE PAUTREMAT : 31/12/1893 - 30/08/1914 à Sains (Aisne)
Pendant cette retraite, un soldat de Séné, Ange Pierre Marie LE PAUTREMAT canonnier au 50° Régiment d'Artillerie de Campagne bat lui aussi en retraite dans l'Aisne. L'artillerie française est équipé de canon de 75 mn et de canon de 120. Pendant toute la durée du conflit l'artillerie déversera des milliers d'obus meurtriers qui creuseront des cratères lunaires dans les terres de Picardie et de Champagne.
L'historique du 50°RAC consultable sur Gallica, nous décrit le combats du 29 et 30 août 1914 à Sains-Richaumont au sud de Guise.
"Le 29 août les quatre groupes sont engagés autour de Sains. Ils coopèrent après un mouvement de retraite, à une contre-attaque du 1er Corps et de la 20° Division qui se heurte de nouveau à des forces supérieures. Il faut donc encore se replier. La 12° batterie (Capitaine Guyot-Sionnest) prenant position à l’est de Sains-Richaumont, subit le feu violent de l’artillerie ennemi, auquel elle répond coup pour coup malgré des pertes sévères. Elle abandonne la lutte que lorsqu’elle a reconnu l’impossibilité absolue d’être ravitaillée en munitions par l’échelon. M. le commandant Charpentier, malade, est évacué le même jour. Le capitaine Moinet prend la commandement provisoire du 4° groupe. Les pertes dans le combats de Sains-Richaumont on été de 2 officiers, 61 gradés ou canonnier. Après la bataille de Guise, dont le combat de Sains-Richaumont a été un épisode, la retraite des armées françaises continue. Le 3 septembre, le 5° ° RAC passe la Marne, le 5 deux de ses groupes cantonnent à Sézanne."
Ainsi disparait Ange Pierre Marie LE PAUTREMAT né le 31/12/1893 à Séné. Son père est alors cordonnier au bourg de Séné et sa mère est ménagère comme nous l'indique son extrait de naissance. A Séné, les paludiers, les cultivateurs ou les marins sont enracinés depuis de nombreuses générations. Le bourg accueille quant à lui des familles plus nomades que cela soit des commerçants, des douaniers, des employés.
Les LE PAUTREMAT ne resteront pas lontemps à Séné. En 1913, leur fils habite Paris XIV° rue du Maine quand il effectue sa concription comme nous l'indique sa fiche de matricule. Ses parents ont déménagé sur Vannes rue de l'Hôpital. Il incorpore le 50 ° régiment d'artillerie le 27/11/1913. Il est donc sous les drapeuax lorsque éclate la guerre et il rejoint rapidement le front.
Ange Pierre Marie est tué à l'ennemi le 30/08/1914 à Sains. Son corps sera porté à la nécropole nationale Le Sourd de Lemé dans l'Aisne où il repose tombe 312.
Le Pautremat a fait l'objet d'une citation :"très bon soldat dévoué et brave, tué à son poste de combat le 30/08/1914. Croix de guerrre avec Etoile de Bronze." Il n'avait pas encore 21 ans.
Avec des parents domiciliés à Vannes, une fiche de matricule donnant une adresse à Paris, son célibat, il aurait du être transcrit à Vannes comme d'ailleurs le précise sa fiche "Mémoire des Hommes".
Or ce n'est pas le cas car il n'est répertorié selon le site GenWeb qu'à la nécropole et à Séné.
C'est d'autant plus surprenant car à l'état civil de Séné, son acte de décès a été rédigé puis annulé en court d'écriture. Le monument au morts date de 1925, l'employé de mairie a-t-il été attentif? Le Pautremat s'est-il marié avec une Sinagote en 1913-14 ?
Comme il ne figure sur aucun autre monument aux morts, Le Pautremat, même avec un nom gravé mal orthographié, a bien droit à être honoré à Séné.
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Joseph Jean Marie LE MASSON : 12/01/1889 - 8/09/1914 Connantry (Marne)
Joseph Marie BOCHE : 14/08/1889 - 8/09/1914 La Fère Champenoise (Marne)
Ces deux soldats font parti du même régiment le 116° Régiment d'Infanterie dont les quartiers sont à Vannes.
L'historique du régiment nous retrace son parcours lors de sa retraite au départ de la ville frontalière belge de Bouillon :
"Le 23, dans la matinée, le régiment se reforme à Bouillon et bivouaque, le soir, dans les rues de la ville. L’appel fait ressortir les pertes sensibles éprouvées la veille ; 618 hommes tués, blessés ou disparus. Les capitaines Pelliet et Maillard ont été tués. Le capitaine Castella est porté disparu. Parmi les blessés, on cite le capitaine Datcharry, les lieutenants Vesque, de la Grandière, Sigala, les sous-lieutenants : Laurent, Bardot, Auffret, Goyat, Ropert.
A partir du 24 août, le mouvement de retraite s’accentue. Le régiment se porte sur Saint-Aignan, où il occupe des positions autour de la ville. Le 25 il bivouaque au nord de Chevenges et sur la route de Sedan, poussant en avant un bataillon qui arrive jusqu’à Iges. Ce bataillon, violemment attaqué, se replie après un dur combat et rejoint, le 26, le régiment.
Le 26, vers midi, le combat s’engage et se poursuit jusque vers 16 heures où l’ordre est donné de se replier. Ce mouvement est rendu très difficile par suite de l’encombrement des routes et ce n’est que le 27 que le régiment atteint Malmy, à quelques kilomètres au sud de Saint-Aignan. Vers 15 heures, le 116e, qui est en réserve, se met en marche vers le nord-est sur Chémery et Bulson. Un combat, soutenu, ce jour là, par les autres éléments de la D. I., se termine à notre avantage et on bivouaque sur les positions prises à 1 kilomètre de Bulson, après une explosion d’enthousiasme créée par ce succès.
Le 28, on reprend l’offensive et la situation reste longtemps indécise. Vers la ferme Saint-Quentin, les allemands gagnent du terrain et le régiment se replie vers les bois au sud-ouest de Chaumont. Il vient bivouaquer le soir dans les bois entre Bulson et Chéhéry.
Le 29, le mouvement de retraite reprend. On part avant le jour et on bivouaque, le soir, à Louvergny, après avoir traversé Chéhéry, Malmy, Vendresse.
Du 30 août au 7 septembre, la retraite continue par Rilly-aux-Oies, Attigny, Vaux, Champagne, Dricourt, Hauviné, Béthénneville, Moronvilliers, Prosnes, Mourmelon-le-Petit, Juvigny-sur-Marne, Saint-Pierre-aux-Oies, Soudron et Sommesous. Le 7 septembre, le régiment occupe la voie ferrée de Sommesous à Fère-Champenoise entre Normée et Lenharrée. Ce mouvement de repli ne s’est pas effectué sans quelques engagements qui ont occasionné des pertes assez sensibles.
Le 8, à 3 heures, le combat s’engage, après quelques heures d’une âpre lutte, le 116e se retire dans la direction de Montepreu et de Semoine. Dans la nuit, il organise ses positions qu’il occupe pendant la journée du 9 sous un violent bombardement.
Le 10, le régiment reçoit l’ordre de se porter en avant. Les allemands viennent de perdre la bataille de la Marne et se replient vers le nord. Du 10 au 13, la marche s’exécute par Sommesous, Ecury-sur-Coole, Châlons, Saint-Etienne-au-Temple, Suippes et Saint-Hilaire-le-Grand. Le 13, le 116e se heurte à l’ennemi à 1500 mètres au nord de Saint-Hilaire et bivouaque, le soir, à proximité du village.
Le 14, le régiment se porte vers le moulin de Chantereine et occupe, le 15 et le 16, des tranchées à proximité. Il reçoit, le 16 au soir, un renfort de 720 hommes.
Le 17, le 116e quitte ses emplacements et, à la suite d’étapes par Mourmelon-le-Grand et Rilly-la-Montagne, arrive, le 19, à Reims, où il cantonne sous les obus jusqu’au 22 septembre.
De la ville frontalière belge de Bouillon le 23/08 à la commune champenoise de La Fère le 8/09, les troupes du 116°RI ont parcourrus 185 km sur les routes en 17 jours.
Joseph Jean Marie LE MASSON est né à Vannes dans une ferme à Beaupré non loin de Séné. sa mère, Anne Marie Hervio, est d'ailleurs native de Séné et son père est cultivateur.
Au dénombrement de 1906, on note que sa mère élève une famille de 4 garçons épaulée avec une domestique de ferme et a regagné Séné dans le quartier de la Grenouillère.
En 1909, Le Masson accomplit sa conscription et délcare la profession de cultivateur. Son acte de décès indique qu'il vivait au Versa comme l'indique également le dénombrement de 1911.
Il incorpore le 116° RI de Vannes et rapidement envoyé au front où il est tué à lm'ennemi ce 8 septembre 1914. Son nom est gravé au monument aux morts de Séné et de Vannes.
Joseph Marie BOCHE est né à Séné le 14/08/1889 à la ferme de Ozon où ses parents sont cultivateurs.
Au dénombrement de 1906 on peut voir la composition de la famille nombreuse avec 6 garçons, 1 fille et un domestique de ferme. Elle est établie à Bilherbon non loin d'Ozon.
La fiche de matricule de Joseph marie BOCHE nous indique qu'ne 1909 au moment d'effectuer sa conscription il déclare une profession de boulanger et vit à Séné.
Cette fiche de matricule et la fiche "Mémoire des Hommes" nous indiquent qu'il est incorporé au sein du 116°RI et qu'il est mort le 8 septembre à La Fère Champenoise.
L'historique de ce régiment relate cette période :
"Du 30 août au 7 septembre, la retraite continue par Rilly-aux-Oies, Attigny, Vaux, Champagne, Dricourt, Hauviné, Béthénneville, Moronvilliers, Prosnes, Mourmelon-le-Petit, Juvigny-sur-Marne, Saint-Pierre-aux-Oies, Soudron et Sommesous. Le 7 septembre, le régiment occupe la voie ferrée de Sommesous à Fère-Champenoise entre Normée et Lenharrée. Ce mouvement de repli ne s’est pas effectué sans quelques engagements qui ont occasionné des pertes assez sensibles.
Le 8 septembre, à 3 heures, le combat s’engage, après quelques heures d’une âpre lutte, le 116e se retire dans la direction de Montepreu et de Semoine. Dans la nuit, il organise ses positions qu’il occupe pendant la journée du 9 sous un violent bombardement.
Joseph Marie BOCHE dècede à l'âge de 25 ans à La Fère Champenoise. Son décès sera retranscrit à Vannes où il figure sur le monument aux morts comme son frère Louis Marie tué lors de la bataille de la Somme le 20/07/1916.