La course à la mer est un échec pour les armées allemandes. Les armées françaises et le BEF anglais s'opposent aux allemands et gardent la main mise sur les ports de la Manche. Le contournement des forces françaises par l'aile droite allemande est définitivement oublié. Les belligérants ont crée une ligne de front qui va de Dunquerke à Arras, Compiègne, Reims Verdun et Belfort.
De nouveaux combats prennent place sur des abris improvisés creusés par les soldats et qui deviendront au fil des mois un réseau de tranchées, de boyaux pour abriter les fantassins. Dans des paysages de champs agricoles et de bois, le moindre monticule, la moindre côte devient stratégique pour positionner l'artillerie et surveiller l'ennemi. Les hameaux et villages refuges d'un jour sont pillonnés, bombardés et nombreux seront méconnaissables au sortir de la guerre.
Sur le front de Champagne et en Artois, trois soldats de Séné perdirent leur vie dans ces premières semaines de combats de tranchées en automne 1914.
Jean Louis Mathurin BENOIT 19/05/1883 - 17/11/1914 - 2° RIC - Bois de la Grurie
Paul ORJUBIN : 25/05/1887 - 22/11/1914 - Sergent - 2° RIC - Bois de la Grurie
Jean Marie ROPERT : 18/06/1880 - 7/12/1914 - La Boiselle - 65°RI
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"Toutes les forces organisées de la nation sont mises sur pied dès le 2 août 1914, pour arrêter l'envahisseur barbare qui se préparait à violer le sol de la France. Le 2° Régiment d'Infanterie Coloniale est mobilisé à Brest, sous les ordres du colonel Gallois, à l'effectif de 3.326 hommes (pour la plupart Bretons d'origine) et 69 officiers."
Ainsi commence le texte de l'historique du 2° Régiment d'Infanterie Coloniale. A partir de novembre 1914, des combats ont lieu sur une ligne de front dans la Marne à l'ouest de la grande forêt d'Argonne, dans le bois de la Gruerie.
Le 2°RIC y participe comme le raconte l'historique. " Le 14 novembre 1914, le 1er bataillon, commandé par le chef de bataillon DUCARRE, va occuper la partie est du secteur « Four de Paris ». Le 17 novembre, le 1er bataillon rejoint le 2e bataillon, qui a perdu un élément de tranchée et doit le reprendre. (Au cours de cette journée Jean Louis BENOIT disparait.) L'opération réussit et des travaux de fortification en vue de prévenir un retour offensif de l'ennemi sont commencés. Le 21 novembre, le régiment est relevé et va cantonner à Chaudefontaine, où il reste jusqu'au 27 novembre. (Paul ORJUBIN est "tué à l'ennemi" LE 22/11). Les officiers et les hommes tombent de fatigue. Le 28 novembre, le régiment est à nouveau en tranchées."
Qui étaient les soldats Orjubin et Benoit natifs de Séné ?
Jean Louis Mathurin BENOIT 19/05/1883 - 17/11/1914
Jean Louis Mathurin BENOIT nait au village de Cressignan à Séné. Le dénombrement de 1911 nous renseigne sur la famille BENOIT. Son père, cultivateur est veuf et il est épaulé par sa soeur et deux domestiques de ferme. La famille compte 3 enfants.
La fiche "Mémoire des Hommes" nous dit que Benoit a été incorporé au 2° RIC en "tant que soldat de 2° classe. Il est "tué à l'ennemi" le 17/11/1914.
Paul ORJUBIN : 25/05/1887 - 22/11/1914 - Sergent.
Paul Orjubin nait au village de Ranquin en Séné. Son père est tailleur de pierre et sa mère ménagère.
Plus tard ses parents deviennent cultivateurs et la famille s'agrandit d'une petite soeur comme nous l'indique le dénombrement de 1911.
Sa fiche de matricule nous indique qu'après la mobilisation, il rejoint le 2° RIC le 4/08/1914 et part aux armées le 30/08. Ses états de services montrent qu'il fut d'abord caporal dès le 10/10 et ensuite sergent le 5/11 avant de mourir pour la France le 22 novembre 1914, à l'âge de 27 ans dans le secteur de Bagatelle du bois de la Gruerie.
A l'autre bout de la France en Artois, un autre soldat de Séné, combat avec le 65° régiment d'Infanterie.
Jean Marie ROPERT : 18/06/1880 - 7/12/1914
Jean Marie Ropert est né au hameau du Versa à Séné au sein d'une famille de cultivateurs comme nous l'indique son extrait de naissance.
On apprend également qu'il se marie le 29/04/1907 à Vannes avec Marie Julie ONODIN (?)
A l'âge de la conscription, il déclare la profession de forgeron et ses parents sont toujours cultivateurs à Cariel. Il décalre également un domicile à Nantes et ensuite à Chantenay. Il fait sa conscription au 116°RI de Vannes, puis passe au régiment de Nantes.
Sa fiche "Mémoire des Hommes" nous indique qu'il fut blessé et qu'il est décédé à Louvencourt (Somme) le 7/12/1914. A la mobilisation, il est incorporé au 65°RI de Vitré comme soldat de 2° classe, l'historique du régiment situe bien les troupes dans la Somme mais à l'écart de Louvencourt :
"Après plusieurs jours de combat à Taissy et Sillery, le 65ème – dont le lieutenant-colonel Retrouvey vient de prendre le commandement - gagne Compiègne à marches forcées (21 et 25 septembre), s’y embarque et est, transporté, par voie ferrée et camions autos à l’est d’Albert.
L’ennemi accentue sa poussée en direction de Paris et le régiment arrive pour contribuer, à Contalmaison, Fricourt et la Boisselle, à arrêter cette poussée. La guerre de tranchées commence et l’hiver 1914-1915 se passe, marqué par les dures affaires de Beaumont-Hamel (6, 10 et 28 octobre) et de Boisselle (décembre et janvier). C’est la progression pied à pied, les combats rapprochés, où la prise d’un élément de boyau exige autant d’héroïsme qu’une grande bataille ; mais c’est surtout la lutte dans l’eau et la boue, dans les tranchées qui s’effondrent, la lutte terrible parmi les tombes et les croix du cimetière de la Boiselle."
La carte suivante indique la zone ou combat le 65°RI.
Comment expliquer une mort à Louvencourt ?
Le site : http://hopitauxmilitairesguerre1418.overblog.com répertorie les ambulances et hopitaux de campagne présents à l'arrière du front. Du 20 octobre au 18 décembre l'ambulance 1/82 est établie à Louvencourt :
LOUVENCOURT (Somme) – amb. 1/82 (20/10/14-18/12/14) : 3672 ; amb. 5/11 (26/11/14-14/07/15)
Blessé sur le front, ROPERT a pu être évacué par la chaine de soins vers l'ambulance installée à Louvencourt.
Il y décède ce 7 décembre 1914 à l'âge de 34 ans.