Cet article reprend dans sa première partie "la plus ancienne" l'article paru en 1932 dans la revue de la Société Polymathique du Morbihan, les auteurs en sont Etienne RAULT et Léon LALLEMENT. Il est ici complété, enrichi et illustré.
Conleau est un des quartiers de la ville de Vannes (Morbihan). Il comprend la presqu'île de Conleau qui est une ancienne île du golfe du Morbihan, reliée à la terre ferme par une route-digue depuis 1879.
Cet article s'attachera à retracer l'histoire de la seule'Île de Conleau, qui reste intimement liée à l'histoire de Séné. Jadis, les passeurs de Conleau, en fait des marins de la presqu'île de Langle reliaient Conleau à Séné ou Moréac; Dès leur création, les Régates de Conleau accueillaient un course réservée aux seuls bateaux des marins sinagots; Et, comme nous le rapelle Camille Rollando, "les constructeurs de navires sinagots, qui étaient nombreux, venaient effectuer les petites réparations et rabouds [réparation de la coque d'un navire] sur la petite plage de Conleau".
1- L'ïle de Conleau vendu par l'Evêque de Vannes
M. le chanoine Le Mené, traitant de la guerre civile entre catholiques et protestants, sous Henri III, relate le fait suivant dans son Histoire du diocèse de Vannes, tome II, page 17.
En 1568, le prince de Condé et l'amiral de Coligny se retirèrent à la Rochelle, où ils furent rejoints par d'Andelot et recommencèrent la guerre civile, en s'emparant d'Angoulême et des places voisines. Le trésor royal était à sec. Le roi s'adressa au pape pour faire une levée extraordinaire sur les biens du clergé. Pie V, en considération du caractère religieux de cette guerre et dans l'espoir d'une compensation ultérieure, permit, par une bulle du 24 octobre 1568, d'aliéner une partie des biens ecclésiastiques jusqu'à concurrence d'une rente annuelle de 50.000 écus d'or ; c'était un capital d'un million d'écus d'or, somme énorme pour l'époque.
Le diocèse de Vannes fut taxé à 7.401 livres de rente et pour la réalisation de cette somme l'évêque seul dut fournir 800 livres. Le siège épiscopal était alors occupé par Mgr Jean Fabri ou Le Febvre pourvu de l'évêché par Pie V, le 15 mars 1566.
Au nombre des biens de son domaine temporel se trouvait l'île de Conleau près de Vannes. Elle fut désignée parmi les immeubles destinés à être aliénés pour se conformer aux prescriptions de la bulle du 24 octobre 1568.
L'île est ainsi décrite dans un acte de 1570 que Mme Maupin a eu l'obligeance de nous communiquer :
"Un bois nommé vulgairement le petit bois tailliff de Conleau avec les pâturages y adjassants situé en la paroisse de Saint-Patern, ayant environ 12 journaux [Note : Le journal avait alors une contenance de 48 ares, 62 centiares] de superficie cerné de mer entre le village de Conleau et le manoir de Moréac."
La procédure suivie pour parvenir à l'aliénation de cette île est assez curieuse et mérite d'être en partie signalée d'autant qu'elle s'appliqua sans doute aux autres biens ecclésiastiques situés dans le diocèse et choisis pour être vendus.
Les 15 et 16 juillet 1570, Le Treste, sergent de justice, publie, proclame et affiche que la vente de l'île se fera au plus donnant et dernier enchérisseur, au denier 24 de l'évaluation et après que cette évaluation aura été faite par les priseurs nobles : Messires Guy de Lantivy sieur de la Haye-Dréan, Georges Bardoul sieur de la Ville-Picaud, Pierre de Courcelles sieur du Prat et Jehan Juhel marchand juré, tous les quatre assignés et convoqués, leur expertise terminée, pour le 12 août suivant, à l'auditoire du présidial.
Ce jour venu, le sénéchal leur fait prêter serment de dire la vérité ; puis, séparément enquis, ils attestent évaluer chaque journal 30 sous de rente, ce qui faisait pour l'ensemble de l'île, d'une étendue de 12 journaux, 360 sous de rente ou 18 livres de rente, la livre valant alors 20 sous.
Étant admis, d'autre part, qu'il fallait aussi 20 livres de capital pour constituer une rente d'une livre, l'île, au dire des experts nobles, valait 360 livres de capital, à laquelle somme il y avait lieu d'ajouter le denier 24 ou un 24ème en plus, c'est-à-dire 15 livres, pour fixer la mise à prix, soit 375 livres.
Le sénéchal demande si, à ce prix, il y a acquéreur dans l'assistance. Personne ne répond.
L'adjudication est alors remise à quinzaine après nouvelles bannies et publications et aussi et affiches apposées contre la « principale porte de l'Église Mr Saint-Pierre et au passé (à l'entrée) de l'auditoire dudit Vannes ».
Le samedi 26 août 1570 l'auditoire est, cette fois, assez garni de monde. On y remarque notamment M. Rolland Vincent représentant l'évêque et le procureur du roi, car l'évêque tenait l'île du roi en fief amorti.
En ouvrant les enchères le sénéchal demande, comme il y a quinze jours, s'il y a acquéreur. Un certain nombre de compétiteurs se présentent et après plusieurs enchères, la chandelle éteinte, Messire Jacques de BOGAR est déclaré adjudicataire pour la somme de 403 livres.
Et aussitôt Messire de Bogar déclare avoir acquis au nom de sieur Guillaume LECHET présent et qui accepte pour la somme de 403 livres.Voilà donc l'île qui passe, en 1570, du domaine temporel de l'évêché aux mains de Guillaume LECHET, puis, selon Camille Rollando, à messisre Jean MORIN.
Pendant longtemps, l'Île de Conleau ne sera accessible qu'à marée basse en empruntant un pont de pierres, comme nous l'a illustré l'artiste Charles Ferdinand de Lambilly en 1859.
2- Sucession de propriétaires de la petite noblesse jusqu'à la Révolution :
Plus tard, on ne sait exactement à quelle date, ce même Lechet la vend à Messire Jean MORIN, sieur de Vieille-Vigne. A la mort de celui-ci elle échoit par succession, dès la première moitié du XVIIème siècle, à Messire Renaud Le GOUVELLO, seigneur de Keriaval, conseiller du roi à la Chambre des Comptes de Bretagne époux de Perrone CARRE de Kerlevenan.
La famille Le Gouvello de Keriaval, qui était propriétaire de la terre noble du Petit-Conleau et de diverses métairies et tenues dans le voisinage, annexe l'île à la réserve ou pourpris du manoir, tout proche.
Agnès Josèphe de GOUVELLO [25/2/1689-20/4/1749] , fille d'Armand Le Gouvello et petite-fille de Renaud et de Perrone Carré, épouse en 1711, à l'âge de 22 ans, Georges de SERVAUDE, seigneur de la VILLE-ès-CERF, [29/5/1670 Plélan - 16/2/1748 Vannes], et lui apporte en dot la terre noble du Petit-Conleau avec l'île y annexée et qui reste la propriété de la famille de la Ville-ès-Cerf. Leur unique fils vivant, Joseph Zaccharie de SERVAUDE [30/10/1711 Plélan - 14/05/1791 Vannes] en hérite. Il se marie le 24/9/1764 à Vincente Ursule Le GOUVELLO [1744-17/5/1791Vannes], maisleur unique enfant décède en 1780. A la Révolution leur biens sont vendus comme biens d'émigrés.
Tel est le résumé de ce qu'il a été possible de découvrir au sujet des propriétaires de l'île de Conleau depuis l'an 1570 jusqu'à la fin du XVIIIème siècle.
Lors du relevé pour le cadastre de 1810, l'île n'est battie que de la cabane du passage, refuge pour les passeurs entre Conleau et Séné. La construction d'une digue permettra une activité régulière pour les bateliers qui seront ensuite appelés passeurs et passeuses. A la place de cette cabane, on construira plus tard une maison qui deviendra l'actuel café-brasserie le Corlazo.
3-De la famille THUBE aux associés ROUILLE et PAVOT :
Après avoir fait l'objet de différentes ventes au commencement du siècle dernier, l'île est acquise par la famille THUBE, de Nantes. Cette famille fera édifier une maison de maître qui deviendra l'actuelle villa Thalassa.
Le 2 juin 1829, M. Pierre Louis THUBE [2/2/1775-31/7/1829], agent des subsistances militaires, afferme, suivant bail emphytéotique et pour 99 ans,
[Note : L'emphytéose est un contrat par lequel un propriétaire concède, pour longues années, la jouissance d'un immeuble, moyennant une redevance annuelle, à la charge par le preneur, qu'on appelle emphytéote, d'exécuter des constructions, défrichements ou autres travaux ayant pour effet d'améliorer le fonds. D'après la loi de 1790, le bail emphytéotique ne peut pas être fait pour plus de 99 années ou pour plus de trois générations. Le code Napoléon ne s'est pas occupé de l'emphytéose, mais il ne l'a pas interdit, d'où il suit que ce contrat est licite. Dict. de Dupiney de Vorepierre]
une portion de l'île d'environ 4 ares à MM. Pierre Marie et Jean Marie DUPUY, constructeurs de navires demeurant à Vannes, moyennant une redevance annuelle de 100 francs et les impôts. Jean Marie DUPUY, sa soeur et son neuveu sont pointés par l'agent du dénombrement de 1841.
Le 2 décemhre 1851, M. Gustave de LAMARZELLE achète de M. Pierre Marie DUPUY et les héritiers de son frère, leurs droits au bail emphytéotique en cours ainsi que les bâtiments par eux édifiés sur la partie de l'île objet du bail.
Gustave Jules Louis de LAMARZELLE [6/9/1828 Vannes - 24/9/1900 Sarzeau], imprimeur libraire à Vannes... puis distillateur (1886-), père du député du Morbihan.
4-Qui étaient François Marie ROUILLE et Jean Baptiste PAVOT ?
Le 11 novembre 1876, MM. François Marie ROUILLE et Jean Baptiste PAVOT se rendent acquéreurs de la totalité de l'île, avec respectivement 8\9è et 1\9è des parts pour créer une station balnéaire composée de 5 chalets locatifs, d'un restaurant, d'écuries et remises et de cabines de bains. Le montant verssé est de 11.000 francs pour M. Amédée THUBE [15/6/1805 Vannes - 23/8/1892 Nantes ], fils de Pierre Louis, et 8.000 francs pour M. de LAMARZELLE.
NOTE : La somme de 8.000 francs pour M. de Lamarzelle qui n'était que locataire, nouvel emphytéote, paraît relativement élevée en regard de celle de 11.000 francs pour M. Thubé, propriétaire de toute l'île. Mais il y a lieu de remarquer que le droit au bail emphytéotique acheté par M. de Lamarzelie de la famille Dupuis, en 1851, n'avait pas pris fin en 1876 et loin de là, puisqu'il restait encore à courir 52 années et aussi que M. de Lamarzelle, après MM. Dupuis, avait élevé des constructions sur la partie louée de l'île.
Jean Baptiste Fortuné PAVOT :
Ancien chef de la Préfecture, Jean-Baptiste PAVOT nait à Malestroit,[19/9/1826 Malestroit -23/3/1889 Vannes]. Il sera secrétaire rédacteur au Conseil Général du Morbihan. Il est rédacteur du Journal de Vannes. Il crée le premier club de vélo à Vannes, le Véloce Vannetais en 1870, dont il est le président.
François Marie ROUILLE :
En consultant l'acte de vente de Conleau à son associé, consultable aux Archives Départemantales du Morbihan, François Marie ROUILLE indique au notaire qu'il est divorcé d'Ernestine BESNARD en date du 7 mai 1863. C'est une rare indication sur son état-civil, les autres actes notariaux ne mentionnant que son nom et sa résidence à Paris...
Un internaute a numérisé les pages contenues dans le "Fichier des Mariages Parisiens 1795-1862" ce qui permet de retrouver la date de leur mariage et la paroisse où se tint la cérémonie religieuse.
Malheureusement, l'acte de mariage du 17 février 1849 de la paroisse de Saint-Thomas d'Aquin n'indique ni la date ni lieu de naissance de François Marie ROUILLE. Mais que disent les archives de la ville de Paris? Celles-ci ont brulées pendant la Commune de Paris et on ne retouve que l'acte de mariage "reconstitué" qui n'apporte pas plus d'information.
Toutefois, on connait les noms du père et de la mère de François Marie ROUILLE. François Marie ROUILLE [13/2/1790-7/5/1830] pour le père et Marie Jacquette BARBIER [7/12/1790-15/11/1839] pour la mère.
Le site de genealogie Geneanet permet de retrouver cette famille Rouillé, installée à Hennebont. Ils se sont mariés le 21/1/1816 et leur premier enfant, Jérôme Marie est née le 20 décembre 1816, reconnus par les deux parents. Le père est menuisier et la mère, ménagère. De 1816 au décès du père en 1830, 3 filles et 8 garçons, dont François Marie ROUILLE, né le 7 juin 1819 à Hennebont, fondateur des Bains de Conleau. [Pas moins de 11 enfants en l'espace de 14 ans. Mme Barbier était "d'une grande prolificité" accouchant à plusieurs reprises avec un intervale de 12 mois ce qui est rare chez les femmes car il faut plutôt compter sur 14 mois en génréal entre deux accouchements. De quoi induire en erreur les genealogistes]
Pour confirmer cette identitié, il faudra aller chercher aux Archives de Paris dans la côte DU107, l'acte du divorce n°5168 prononcé par la 1ère Chambre du Tribunal Civil en date du 7 mai 1863, en espérant que le juge aura été précis sur l'identité des divorcés...On attendra la fin de l'épidémie du COVID19...[Séné le 24 mars 2020]. Ce même site geneanet nous permet de retrouvr la date du décès de Ernestine BESNARD le 9/10/1889 à Asnières à l'âge de 72 ans.
Une autre piste se présente, la bibliothèque du site Geneanet. Elle donne les références d'un article du journal le Phare de la Loire, daté du 21 mars 1886. On pense à un acte de décès car il y a une succession de noms, dont celui de François Marie ROUILLE, 67 ans (ça colle), rentier, résidant rue de Rennes. On recherche son acte de décès sur le site des archives de la ville de Nantes. Bingo ! C'est bien lui, le fils de Jacquette Barbier et François ROUILLE, marié à Ernestine Besnard, François Marie ROUILLE décédé le 18 mars 1886 à Nantes.
En 1849, François Marie ROUILLE et son associé François VALTAT créent un société spécialisée dans le commerce de chemises et de gilets de flanelles en gros, au 68 rue Rambuteau à Paris.
En 1851, il présente un invention à la Grande Exposition de Londres et le 23 février 1853 il dépose un brevet pour un devant de chemise à contour déterminé, dit plastron serpentin. Il semble que ce brevet et son activité commerciale dans le textile soient à l'origine de sa fortune.
En 1855, la "maison Rouille-Besnard" fait partir des meilleurs ateliers en Europe comme nous l'indique cet extrait de catalogue professionnel.
Lors de l'édition de l'Almanach FIRMIN DIDOT & BOTTIN REUNIS de 1858, il semble avoir racheté les part de François VALTAT et désormais associé son épouse Mme Ernestine Besnard à ses affaires. Il divorcera en 1863 et entre temps il trouve 2 nouveaux actionnaires avec lesquels il crée une nouvelle société.
Après le divorce, il abandonne sans doute sa part de la société aux frères Beaumont et commence à vivre de ses rentes...
Pendant la guerre franco-prussienne, François Marie ROUILLE est à Paris. Il écrit à Pavot au journal de Vannes qui passe son compte-rendu des combats. Les deux hommes devaient se connaître d'avant le conflit. On retrouve un François Marie ROUILLE, incorporé au 62° Régiment d'Infanterie de ligne, qui sera blessé le 14 août 1870 à la Bataille de Borny-Colembey, près de Metz, comme l'indique le rapport de guerre. Est-ce notre Rouillé âgé alors de 51 ans?
Après la guerre franco-prussienne, on le retouve en 1877 établi au 8 rue Rochambault dans le IX° arrondissement de Paris. De là, il va suivre son projet de Conleau les Bains à Vannes.
Apèrs la vente de ses parts dans "Conleau les Bains" à M. Pavot, François Marie ROUILLE s'est sans doute retiré à Nantes, rue de Rennes où il décède le 18 mars 1886, divorcé de sa femme, Ernestine BENARD et sans doute sans enfant. Son frère Vincent ROUILLE [25/5/1820-19/8/1905] a dû hériter d'une partie de ses biens. A son décès, il fera des legs à la ville de Vannes. Cela lui vaut aujourd'hui encore d'avoir une rue à Vannes qui porte son nom, à l'angle des rues Jérôme d'Arradon et Louis Pasteur.
Il est encore temps d'honorer son frère, François Marie ROUILLE [7/06/1819 - 18/03/1886], autre bienfaiteur de Vannes, pour nous avoir légué les aménagements de Conleau dont la piscine toujours appréciée par les Vannetais et les touristes.
5 Les aménagements à Conleau par Rouillé & Pavot :
Les deux associés vont profondément changer l'aspect et la destination de l'île de Conleau. De propriété privée, en grande partie négligée, délaissée même, l'île va devenir un but de promenade et une sorte de petite station balnéaire pour la population vannetaise. Bien arobrée, plantée de sapins - qui seront abattus pendant la 1ère guerre mondiale, l'île va être aménagée. Les arbres de Conleau sont une exeption dans un paysage du Golfe du Morbihan à l'époque. Les vielles cartes postales ne montrent que des landes, des prés, des talus, des rochers sans aucun arbre. Tout au long du XX°siècle, les parcelles du littoral seront bâties de belles demeures et paysagés comme en Arradon et plus tard un peu partout sur le Golfe.
L'un des co-propriétaires, M. François Marie ROUILLE, un Vannetais ayant l'amour de son pays natal et possesseur d'une certaine fortune, méditait les plus vastes projets pour la prospérité de sa petite patrie. Il voulut tout d'abord doter les familles de ses concitoyens de divers agréments dont il avait pu ailleurs goûter les avantages et apprécier tout le charme.
L'île avant lui n'était accessible par voie de terre, à marée basse, qu'au moyen de grosses pierres placées les unes à la suite des autres et qu'on enjambait difficilement au risque de tomber dans la vase. A marée haute, la plate de Chariot, seul habitant de l'île qu'il fallait s'époumonner à héler, était indispensable.
Pour remédier à ces inconvénients le premier soin de M. ROUILLE fut de construire une digue reliant l'île au continent et précédée d'un chemin d'accès côtoyant le rivage le long de la grande prairie au midi du village du Petit-Conleau. La toute première cale ci-dessous représentée dans cette gravure, doit également dater de cette époque où le "pont de pierres" de Moréac n'existe pas, où la butte de Bellevue à Séné est une lande rase sur laquelle n'apparaissent que la patache des douaniers et la croix.
Passeurs en attente de clients sur la toute pierre cale de Conleau - 1883
Dès lors, cette nouvelle chaussée permet aux piétons d'accéder facilement à cale de Conleau construite en pierre en bas de la cabane du passage et l'activité de passeur est ainsi facilitée.
Au printemps 1877, le projet de François Marie ROUILLE retient l'attention de la presse. Le plan d'ensemble en couleur, en tête de cet article permet de situer l'ensemble des composantes du projet, que M. ROUILLE ne peut sans dout emener à son terme.
51 La piscine d'eau de mer
A l'aide d'une chaussée, avec écluse, élevée en face de Moréac, il créa une retenue d'eau, un "réservoir endigué", qu'il aimait à appeler « le petit lac salé » où il était possible à quiconque de se baigner à toute heure de marée et, ce qui plaisait beaucoup aux familles, sans danger pour les enfants en raison de son fond uni et de ses eaux toujours calmes et peu profondes.
François Marie ROUILLE était fier d'apporter la sécurité des baignades et recrutait un maître-nageur pour Conleau les Bains comme il aimait à appeller sa station balnéaire.
52 Les cabines de bains sur la plage
Le 7 février 1877, ROUILLE fait une demande avec plan pour l'établissement de cabines de bains (composée de bois et de toiles). [Aller aux Archives pour retrouver les originaux].
53 Aire de jeux et cabanes
Le projet comprend également une aire de jeux pour enfant à côté de cabanes sous les arbres comme le montre cette vieille carte postale ci-dessous,
54 Des chalets meublés à la location
Plan de situation des 5 premiers chalets
Vue depuis l'embarcadère de Conleau des premiers chalets
Chalets sur la plage de Conleau un jour de régate
Dans la foulée, il passe un marché avec l'entreprise Fléchelle pour la construction de 5 chalets qui seront loués meublés aux familles désireuses de passer une partie de la belle saison dans l'île. Depuis Paris, il finance dans divers journaux des encarts publicitaires. Au nombre de 5, ces belles maisons style 1900 portent aux doux noms de Haydée, Lakmé, Jenny Mireille et Sigurd.
Ces noms sont tirés respectivement d'un opéra de Daniel-François-Esprit Auber, Léo Delibes, Charles Gounod, Ernest Reyer à l'exception de Jenny. [voir la suite pour l'explicaiton]
Aujourd'hui, il reste à Conleau rue Cadoret la villa Jenny n°19, la villa Haydée n°22 et la villa n°23.
Le sinagot Angèle & Armentine en1905 devant les chalets de Conleau. Cliché Les Amis du Sinagot
Cette carte postale ancienne ci-avant montre la plage de Conleau à marée haute, avec une file de promeneurs qui se dirigent vers l'embarcadère de Conleau pour monter à bord de Sinagots, direction les régates. A gauche, on distingue le chalet Jenny et un autre similaire aujourd'hui disparu.
Ce montage superpose deux photos espacées dans le temps de la pointe de l'île de Conleau. Sur la première en noir et blanc on peut voir les 5 villas et sur la seconde en couleur, une a été rasée et laisse place à une maison en style néobreton.
55 Le chalet restaurant :
Le contrat pour construire les 5 chalets, comporte également un chalet-restaurant. On retrouve une annonce datée de mai 1878 par laquelle, M. Bucher, le gérant recrute une dame de comptoir et d'un garçon de café. Où se situtait ce premier restaurant? Il semble que la Guinguette présente à Conleau près de parking date des années 1930.
56 Un appontement en bois pour des bateaux à vapeur :
Afin d'amener les visiteurs depuis Vannes, car il n'existe pas de voie carrossable, il obtint le 3 juin 1878, en vertu d'un arrêté ministériel, l'autorisation pour établir une estacade en bois, c’est-à-dire une longue jetée à claires-voies à la pointe sud-est de l’île, là où se trouve aujourd'hui la belle cale construite par les Ponts-et-Chaussées. Cet appontement permet aux personnes arrivant en bateau de débarquer à toute heure, notamment avec les vapeurs en provenance du port de Vannes, le jour des régates.
57 L'hotel et les bâtiments de la station balnéaire
Le projet comprend également un hotel restaurant chambres d'hotes si on lit bien sur la plan d'ensemble (croquis n°2). ROUILLE prévoit sur son plan, un bâtiment pour loger le personnel saisonnier et un batiment administratif. Le croquis n°8 montre (de manière inversée) la façade de ce bâtiment et le n°9 celui pour le logement des employés.
Cet l'article suivant, daté de 1885, laisse à penser que ces bâtiments (hotel, administration, logement du personnel) ne furent pas construits "sous l'ère Rouillé" mais plus tard par son successeur M. Laporte.
En août 1885, alors que François Marie ROUILLE a vendu l'île de Conleau, le journaliste du Courrier de Bretagne rend hommage à celui qui établi une chaussée pour relier l'île de Conleau à Vannes, pour avoir construit des chalets, un petit lac perpétuellement rempli d'eau salé, un restaurant et des jeux. Il ne parle pas d'hotel, de logement social ou d'un siège pour l'administration de la station balnéaire. Un autre investisseur, Jean Marie LAPORTE, achètera l'île à M. PAVOT et il achèvera le projet de Conleau les Bains.
6 Le projet avorté de ROUILLE : endiguer le Vincin et créer une station balnéaire
Mais le dessein de Frnaçois Marie ROUILLE était bien plus grand, il souhaitait faire de Conleau une véritable station balnéaire d'une toute autre dimension...
Ainsi le journaliste parlait-il de ce projet dans L'Avenir du Morbohan du 16 mars 1881 : Tout cela va changer dans un avenir prochain, et notre pays si riche de souvenirs historiques et de monuments celtiques va voir sa clientèle de curieux décupler en raison des facilités qui vont surgir et des agréments qui s'offriront à eux. Cette révolution bienfaisante sera le résultat de l'exécution d'un projet grandiose conçu par l'un de nos compatriotes [François Marie ROUILLE], projet dont nous allons essayer de rendre compte.
Conleau - Moréac
Cette future station balénaire, nouveau quartier général des excursionistes du Morbihan, se composera de deux parties. L'une, l'île de Conleau déjà reliée au continent par une chaussée carrossable et consacrée depuis quelques années à une petite exploitation balnéraire. Cette île, véritable oasis jetée à l'entée du Golfe du Morbihan, va de nouveau être reliée au contienent, du nord au sud par deux digues éclusées dont la construction produira des résultats économiques considérables.
Un simple coup d'oeil sur le plan ci-joint les rendra frappants :
1° Elles auront pour effet de retenir les eaux des lais de mer à l'ouest et d'en faire des lacs salés où l'on pourra se baigner à toute heure.
2° Dans ce vaste estuaire du Vincin, nous aurons une pêcherie magnifique et de charmantes promenades nautiques. L'oeil et l'odorat ne seront plus blessés par ces vases attristantes que laissait à découvert le retrait de l'Océan, et les bords verdoyants du plus séduisant paysage seront de tous côtés baignés d'une onde claire et limpide.
3° La dique sud formera un trait d'union entre Conleau et Moréac domaine splendide aux arbres séculaires, sur le promontoire duquel casino, villas, châteaux, etc, vont s'édfifier comme par enchantement. Trois avenues superbes permettront de parcourir tout le domaine en voiture et de jouir d'ombrages incomparables que vainement ailleurs on rechercherait aux abords de la mer.
4° Mais ce n'est pas tout; les digues dont nous avons parlé formeront les premières assises d'une large voie de communication entre Vannes et Moréac (4km) où circuleront de concert véhicules ordinaires et tramway à vapeur. [La réalisation d'une ligne de chemin de fer reviendra à plusieurs reprises en débat au conseil municipal de Vannes mais aucune ligen ne sera jamais réalisé.]
5° Des travaux d'appropriation très faciles feront de la baie de Moréac un ban de haute mer à fond se sable fin et un port de refuge pour tous bateaux contre les vents du sud-ouest. [La création d'un avant-port à Conleau fera l'objet de multiples délibérations en conseil municipal à Vannes, car le port de la Rabine s'envase - déjà - et ne peut accueillir qu'à marée haute les bateaux deplus en plus grands.]
6° De cette baie partira chaque matin, à heure fixe, un élégant bateau à vapeur pour toutes le excursions du
Golfe et au délà. Ces promenades se feront sans la moindre fatigue et à moins du quart de prix des haridelles (mauvais cheval efflanqué) d'Auray. [Une cale en dur sera construite et Conleau est toujours une halte dans les circuits des bateaux-mouches qui parcourrent le Golfe l'été].
7° Un fin établissement d'hydrothérapie des plus complets, à l'eau de mer, sera édifié à Conleau d'après les données le splus récentes de la science et sous le patronage d'une célibrité médicale de Paris. [Installé à Paris rue Rochambaud, ROUILLE a tissé des liens avec le monde médical parisien] De nombreux clients de notre docteur viendront y parfaire leur guérison et tout l'ouest de la France préfèrera venir se traiter chez nous que d'entreprendre le long voyage des Pyrénées où se dirigeaient jusqu'à ce jour les malades qui trouveront ici un traitement analogue et plus efficace encore.
D'après cette description toute sommaire, ne pouvons-nous pas prédire à ce futur Eden une vogue inouïe. Son cachet d'originalité ne rappellera acun autre établissement de ce genre. En outre, rien ne sera ménagé pour que le touriste soit assuré d'y trouver tout le confortable possible sans les dépenses exagérées que nécessitent les stations de renom. Du jour de l'achèvement des travaux, la renommée aux cent voix, vers notre pays si curieux et cependant encore peu connu. Hélas ! encore deux longues années d'attente !
P.S. Nous ne pouvons terminer cet article sans rencre justice à la nouvelle municipalité de Vannes qui a fait à notre compratriote le plus charmant accueil et vient de lui accorder par un vote unanime une subvention de 30,000 francs. Espérons que l'Etat usera à son égard de la même générosité à ce magnifique projet.
Ce projet semble bien perçu par les autorités municipales qui lui accorde une subvention conditonnée à la réalisaiton de la dite chaussée.
Rault & Lallement de conclure : Si ce que disent les journaux de l'époque est vrai, n'avait-il pas rêvé, M. ROUILLE, de faire de son île un petit Dinard avec avant-port relié au port de Vannes par une voie ferrée sur une nouvelle digue joignant Conleau à la pointe dite des émigrés et empruntant ensuite le chemin de halage pour gagner le Pont-Vert, puis la ville. Mais s'élevèrent bientôt des difficultés de toutes sortes qui mirent un terme à ses projets et à sa bonne volonté.
[insérer photographie]
Il reste à Conleau, un talus, une avancée entre l'île et la Pointe des Emigrés, seul "vestige" du projet de tramway jamais construit.
Découragé, déjà d'un certain âge, il renonça à continuer son œuvre et, par acte du 29 septembre 1885, il céda à M. PAVOT tout ce qui lui appartenait dans l'île.
D'après Camille Rollando, ce dernier en faisant faire des travaux dans l'enceinte des chalets, met à jour un très riche carrelage en place d'environ 110 m².
7 Le developpement de Conleau par M. Jean Marie LAPORTE :
Au dénombrement de 1886, les résidents sont l'île de Conleau sont M&Mme PAVOT avec leur domestique, la famille HERVE, dont le père est le gardien de l'île, et la famille de Gustave OLIVAUX qui est limonadier, c'est à dire gérant du café-brasserie de Conleau.
Tout laisse à penser que ces 3 familles sont logées dans 3 maisons : l'ancienne maision de maître Thubé est occupé par la famille Pavot, L'ancienne cabane du passeur abrite soit le premier café de de Conleau tenu par les Olivaux, soit la famille Hervé. Une 3° maison a été batie.
Peut-être cette vieille maison de style "chalet" qui était située juste derrière la maison près de la maison de la cale.
Après le décès de M. PAVOT [1827-23/3/1889 Vannes], l'île de Conleau est acquise le 7 décembre 1889 par Jean Marie LAPORTE, le limonadier contracte un emprunt sur 15 ou 20 ans. Il va conforter la vocation balénaire de l'île. Un portail à l'éntrée de l'île marque l'arrivée à Conleau les Bains.
Au dénombrement de 1891, M. Hervé et sa famille sont toujours employés sur l'île comme gardien. Dans la troisième maison, cohabitent, Amélie SORLETE, débitante, âgée de 52 ans avec son domestique et M Basile Dréano et son épouse Marie Aufret. Mme veuve PAVOT a gardé l'usufruit de la maison après sa vente, Née Jeanne Marie LE DAUPHIN, surnommée Jenny, son surnom aurait pu être repris pour baptiser l'un des 5 chalets construits par MM. Rouillé/Pavot.
Jean Marie LAPORTE : natif de Betplan dans le Gers [8/9/1842], ce gascon a épousé une bretonne,Thérèse JOCET de Quimper. Limonadier à Vannes, propriétaire du café "L'Univers". La famille vit Place Napoléon (actuelle place de la mairie). Installés à Conleau ils auront quatre anfants, Jeanne Marie [12//1884], Jean Marie [23/1/1886, Marie Jeanne [14/8/1887] et Jeanne Thérèse [29/12/1888].
Le 1er juin 1890 Jean Marie LAPORTE organise de grandes fêtes à Conleau pour l'ouverture de son établissement Le Nouveau Café ou Grand Café ou Casino de Conleau. Selon Camille Rollando, il s'agit de la reconstruction d'un pavillon de l'Exposition Coloniale.
Il mettra autant d'investissement le 7 juin 1891 afin d'asseoir sa nouvelle activité. L'adjectif "nouveau" laisse à penser que cet établissement remplace l'ancien café de Conleau dont on ne sait exactement l'emplacement. L'actuel Corlazo près de la piscine ou une batisse détruite ou réaffecté à un autre usage?
Le Grand Café construit sur la rive sud de l'île, offrait une fenêtre sur la baie de Conleau. Il ne désignait pas un lieu de jeu d'argent, mais plutôt un cercle de rencontre, avec dancing et restaration. Le Grand Café a dû supplanter le premier restaurant de Conleau lancé par François Marie Rouillé.
Dès ses débuts, M. LAPORTE cède la gérance du "casino" de Conleau à M. Hilarion MANDARD [30/10/1857 Vannes - ??] , veuf de Alphonsine NICOLAS [5/4/1858-22/6/1900] qu'il avait épousée le 18/7/1883 à Vannes. Il sera aidé dans sa tache par ses 2 filles, Marie et Anna, comme nous l'indique cette coupure de presse et le dénombrement de 1901 ci-dessus.
La famille LAPORTE habite sur l'île de Conleau comme les passeurs Marie LOISEAU et son mari Julien LE GUIL qui vivent dans un sinagot transformé en habitation.Cette vieille carte postale, montre que près de la piscine, la batisse, n' a pas l'appararence d'un restaurant mais plutôt d'une habitation. A quand remonte la présence d'un restaurant dans ces murs?
Malgré un succès à son inauguration, il semble que M. LAPORTE ait songé à vendre l'île de Conleau quelques années après son achat, comm en témoigne cette coupure de presse parue dans l'édition française de l'International Herald Tribune en octobre 1897.
Cette annonce à l'avantage de dresser la liste des équipements présents à Conleau les Bains : 5 ha de de terre plantés de sapins, un hotel, un restaurant, 5 villas meublés, 3 maisons avec jardins, une bibliothèque, 2 écuries et une grange, un jardin et potager, un établissement pour des bains de mer, un établissement pour des bains chauds de mer, un étang circulaire de natation pour se baigner à marée basse, des bateaux de plaisance. Ce lieu charmant est située sur des terres qui deviendront bientôt la Nice du Nord grâce à son climat doux oceanique.
On identifie bien les 5 chalets, la pscine d'eau de mer, on peut maginer que LAPORTE fit construire 3 maisons en dur pour accueillir plus de familles à Conleau. A l'heure où les transports ne se font pas en voiture automobile, il dispose d'une grange et d'écurie pour un attelage de voiture hippomobile avec un cocher. Une des cabanes a dû accueillir une bibliothèque. Près de l'appontement, il dispose de bateaux de plaisance pour des excursions sur la Golge. Le jardin potager per met de produire localement une partie des denrées pour le restaurant. Où était situé ce restaurant, où était situé l'hotel ? Il semble que l'hôtel de Beau Séjour fut inauguré en 1905 (lire la suite). Mais la principale interrogation concerne les "établissement de bains de mer" et les "bains de mer chauds"?
Le 3/7/1893 un arrêt préfectoral autorise M. LAPORTE à pomper de l'eau de mer au sud de Conleau pour laimenter des bains chauds dans six de ces cabines.
Courant 1901, l'appontement en bois au bout de l'île de Conleau laissera place à une vraie chaussée d'embarquement et de débarquement. des bateaux-vapeur en provenance du port de Vannes et des îles du Golfe.
En octobre 1904, M. LAPORTE manifeste encore le souhait de se désaisir de l'île de Conleau. Il propose à la ville de Vannes d'acheter l'île de Conleau qui ne donne pas suite.
En avril 1906, il inaugure l'hotel-restaurant du Beau Séjour. Si on regarde attentivement les vieilles cartes postales, il semble que pour bâtir cet hotel, M. LAPORTE ait suivi les plans du bâtiment administratif prévu par Rouillé (croquis n°8) et non ceux de son hôtel (croquis n°2). [Vérifier les actes notariaux]
n°2 : Hôtel prévu par Rouillé - n°8 Bâtiment administratif prévu par Rouillé
L'hotel Beauséjour fut bati pour accueillir les premiers amateurs de bains de mer. Il offrait un café et un restaurant au rez-de-chaussée, comme le montre cette carte postale ancienne. Il complétait l'offre des 5 villas, des 3 maisons et élargissait la clientèle.
A droite sur cette carte postale Cim, ce qui reste de l'ancien hotel Beauséjour dont une aile a été rebattie en style néobreton. A droite l'hotel Le Roof, construit à la place du Grand Café, photographié avant son agrandissement.
8 Conleau depuis la Première Guerre Mondiale :
L'arrivée des soldats américains fait resurgir le projet d'un avant port à Vannes et d'une ligne de chemin de fer passant par Conleau.
Avant la fin de la guerre, en juin 1918, les pins de l'île de Conleau sont vendus à un bucheron malgré l'intervention des "Amis de Vannes". M LAPORTE n'aura pas réussi à obtenir de la ville de Vannes et des Domaines, un sentier public qui fait le tour d'une île privée. A son décès, ses héritiers se résolvent à vendre à la ville de Vannes en novembre 1919.
Propriétaire d'une partie de l'île, dont les pins ont été abattus pendant la guerre, et de la piscine d'eau de mer, la ville de Vannes s'attache à redonner au lieu un aspect balnéaire. Elle commence à embellir l'île de Conleau par des plantations d'arbres. La piscine est réouvert le 27 juillet 1921. Elle sera dotée de plongeoirs en bois avant que la digue ne soit renforcée par du béton. Le maréchal des Logis Valy, moniteur d'instruction physique, assure la sécurité des baigneurs.
La Grand Café est racheté par Louis MAIGE [26/11/1883 Chalons/Saone - xxx], limonadier et sa femme Lucie Augustine AUBERT, aux deux propriétaires Eugène François Marie MARTIN [16/5/1868-29/4/1932 Ploermel] et Albert OIZAN. Celui-ci le cèdera en 1921 à M. Adolphe LORANS [4/2/1893 Naizin-7/1/1953 Bordeaux] qui lui même le vendra en 1923 à Henri MOLLE.
Le dénombrement de 1921 semble indiquer qu'à côté de la famille Maige, limonadier au café de Conleau, vivent la famille de Pierre SEVENO [19/11/1881 Bradivy - Vannes >1922], journalier et les deux familles de pêcheurs natifs de Séné, Julien MOREL et Stanislas LE RAY. Jean Monterrin [3/7/1869-Tredion] emploie deux domestiques et pourrait loger dans la villa Thalasssa.
En juin 1923, Julien LE GUIL, le père de Jean Marie LE GUIL, dit P'tit jean, passeur entre Conleau et Barrarach décède après une chute dans l'eau.
Cette carte postale Lansol (Source Musée de Bretagne) montre à gauche l'ancien hotel de Beau Séjour et en haut à droite la toiture du Grand Café avant sa démolition. Il était flanqué de très long appentit. En bas à droite, les anciens hangars du projet Rouillé réaménagés en habitations, aujourd'hui détruites et remplacées par des places de parking de l'hotel Le Roof.
En août 1923, Henri MOLLE [2/6/1894 St-Jean de Monts - 9/4/1962 Vannes], natif de Vendée, maître d'hotel au Grand Hotel du Commerce et de l'Epée à Vannes avec son épouse Albertine LE BOURVELLEC [2/4/1898 Langle Séné-17/12/1989 Malestroit], achètent à Adolphe LORANS, le Grand Café connu aussi sous le nom de casino. Il s'agit d'un bar brasserie qu'il gère avec son épouse native de Séné. Il y organise des repas pour l'amical ed es Vendéens du Morbihan. Dès 1930, M. Mollé, obtient la création d'un parc à huîtres plates sur le Vincin qui feront la réputation de son restaurant.
Cette coupure de presse de 1925, indique que l'hotel de Beauséjour à Conleau fonctionne toujours.
Au dénombrement de 1926, vivent sur l'île de Conleau, M&Mme CREQUER, gardien de la ville de Vannes, la belle-soeur de M. Mollé, Marie Angèle Le Bouvelec et son époux, Patern BRIEL, Mme Marie Louise TATIBOUET {14/3/1882 Arradon - 12/1/1968 Vannes], veuve de Pierre SEVENO,est devenue débitante à Conleau en ouvrant un deuxième cébit de boissons sur l'île de Conleau.
Au dénombrement de 1931, on retrouve le gardien de la ville de Vannes, la famille Henri MOLLExLe Bourvelec et leur employés apparaissent aux côtés de la famille BRIELxLe Bourvelec. Le charpentier de marine-canotier Jules Alphonse MICHELLET [26/3/1888 Chantenay-15/11/1962 Vannes] et sa 2° épouse Jeanne GUHUR sont est installé à Conleau comme jadis la famille Dupuy.
Cet article de 1932, confirme l'existante près de la petite cale de Conleau, d'un débit de boissons tenu par une certaine "Louise". La mention "DEBIT BOISSONS" apparait sur cette vielle carte postale écrite sur le pignon de la batisse. Sur la 2° carte postale, on peut lire "LOUISE" au dessus de laporte d'entrée.
Le dénombrement de 1931 montre que Louise SEVENO élève ses 5 enfants à Conleau. Le nom "Chez Louise" perdurera jusque dans les années 1990. Il deviendra par la suite Le Corlazo.
Le chalet guinguette d'un seul étage encore visible à Conleau, daterait des années trente.[verifier notaire]. Il arbore une plaque où on lit "Café Gilbert". Il fut un salon de thé ouvert les dimanches et jours fériés.
Pendant les années de guerre, la psicine de Conleau est abandonnée et la zone déclarée insalubre par les autorités comme toute l'anse de Vannes et de Séné.
En 1944, la mairie de Vannes vend une parcelle sur l'île de Conleau à la Société des régates de Vannes...qui en dispose toujours aujourd'hui. Après la seconde guerre mondiale, la fille d'Henri MOLLE et son gendre reprendront l'affaire. En 1962, la Grand Café est démoli pour laisser place à un hotel moderne de 12 chambres, baptisé "Le Roof". [Lire le Focus Vannes Quartiers Sud-Ouest, édité parla ville de Vannes]
À l’époque, l'eau courante, l’électricité et le téléphone n’existent pas encore sur l’île, se souvient Rolland MOLLE. Dans les années 30, il bénéficie rapidement du développement de l’activité touristique de la presqu’île. En effet, chaque été, fêtes nautiques et régates animent Conleau, attirant au passage un grand nombre de spectateurs.
En 1987, M. & Mme NOHE vendent leur établissement à M. RABOIN. Le nouveau propriétaire a pour projet d’agrandir ce lieu d’exception et d’en faire un hôtel de prestige. Il fait construire un deuxième bâtiment sur la propriété. Son hôtel compte désormais 40 chambres et 125 m2 de salon. En 1989, l’hôtel veut changer de clientèle et de standing, et planifie huit mois de travaux pour rénover les lieux. À sa réouverture, Le Roof passe de 2 à 3 étoiles, un « moment marquant et une fierté » pour le personnel de l’hôtel qui travaille encore dans l’établissement. Quelques temps après, un prend l'enseigne Best Western.
En octobre 2021, il est racheté par la société SAS CHG Participations de la famille Guillard. Le Roof ferme le 6/11/2023 pour d'importants travaux. Il réouvre au public le 4/04/2024.
9 Le camping de Conleau :
Terminons cette "intrusion sinagote" sur la commune de Vannes en évoquant le camping de Conleau qui aurait certainement séduit François Marie ROUILLE. Il fut lancé officiellement le 1er juin 1961, sans doute pour organiser le camping "sauvage" sous le bois de Conleau. et installé de l'autre côté de la chaussée batie par Rouillé. Longtemps municipal, le camping sera concédé en 2012 au groupement Flowers Camping.
Depuis quelques années, un nouveau service de passeurs rapproche Conleau de la presqu'île de Langle pour mieux en rappeller leur histoire commune.