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lundi, 13 mai 2024 19:38

Jean Pierre LE COUVEOUR, sinago de coeur.

LE Couveour Jean Pierre

Jean-Pierre LE COUVEOUR [1932 - 2012] est né dans le 6° arrondissement de Paris le 4 novembre 1932. Son père, gardien de la paix, était originaire de Quistinic dans le Morbihan. Sa mère, Léonie RIO, était née à Piriac de Mer, petit port de pêche au sud de l'estuaire de la Vilaine, où il a passé toute sa jeunesse. Il hérite sans doute de la maison familiale où il vient avec son épouse Irène LE GALLO, épousée à Paris XIII en 1961.
C'est l'époque où la voile au travail vit ses derniers instants avec quelques sloops locaux qui arment encore aux filets droits, casiers et chaluts à livarde - terme employé localement pour désigner le chalut à perche. Plusieurs sinagots viennent passer la saison à Piriac où ils vendent aux estivants leur pêche de nuit. De là naît sans doute chez Jean-Pierre une passion qui, plus tard, va constituer un apport considérable au grand mouvement de reconquête du patrimoine maritime, notamment en Bretagne Sud.
"En 1975, je suis venu travailler à Vannes, raconte-t-il, il y  avait des sinagots dans le port et j'ai contacté tous les propriétaires et responsables d'associations pour leur demander l'autorisation de relever les formes des bateaux."
 
Partant, Jean-Pierre réalise ses premières demi-coques de sinagots puis il se rapproche des gens de Séné et des anciens pêcheurs à la voile. Il questionne et prend des notes, réussit à se faire ouvrir les greniers où il retrouve de l'accastillage et d'anciennes voiles qui'l photographie, mesure et dessine avec précision. "Ça m'a permis, entr'autres, de constater que sur les anciens sinagots, les taillevents avaient une bordure creuse, précise-t-il, ce qui apparait d'ailleurs sur certaines photos d'époque et reste très archaïque".
 
Le goût du dessin, du modélisme et du travail du bois viennent s'ajouter à la passion de Jean Pierre LE COUVEOUR. Son métier de sculpteur le conduit à Paris où, lorqu'il ne revient pas passer les fins de semaines en Bretagne, il occupe ses dimanches à faire naviguer des modèles sur le bassin du Luxembourg et trace des plans de formes à partir de ses releves.
Puis, en 1978, il est contacté par Georges RIDEAU qui envisage de faire construire pour les Eclaireurs de France une réplique du Nicolas Benoît. Justement, Jean Pierre a effectué les relevés de l'ex-Ma Préférée sur la cale du port de Vannes, puis il a tracé les plans des formes et de charpente qui, transmis au chantier du Guip, vont permettre la construction du second Nicolas Benoît.
 
Les sinagos sont en deuil

Il arpentait les vasières pour échantilonner les péaves, mesurait les coques sur les cales et dans les ports, consignait les propos des anciens qui avaient connu la pêche à la voile, ou se faisait ouvrir les portes des greniers pour retrouver de vielles voiles ou d'anciennes pièces d'accastillage...sur la piste des sinagos, Jean-Pierre LE COUVEOUR a exploré les moindres recoins du golfe du Morbihan, accumulant sur ces bateaux une documentation précieuse pour tous ceux qui ont participé à la reconquête du patrimoine maritime.
C'est par exemple, à partir des plans de fromes et de charpente qu'il avait relevés sur le sinago Ma Préférée que fut construit, par les chantiers de Guip, le Nicolas Benoit. Ceux du Vainqueur des Jaloux, servirent également à construire le Mab er Guip ou ceux du Jouet des Flots à lancer le Crialis. Les répliques Jean et Jeanne ou Souvenir lui doivent également beaucoupr...
Sculpteur de profession, dessinateur et modéliste, Jean Pierre aimait aussi naviguer et participer aux rassemblements de voiliers tradtionnels. Pour le concours Bateaux des Côtes de France, il avait d'ailleurs dessiné les plans du Grand Norven, un sloop de Piriac. Il était membre de l'association qui gère - Bateau ville de Piriac - et avait gardé des attaches dans cette localité où il avait pasé toute son enfance. Il y est décédé le 19 novembre 2012, à Paris XIII, à l'age de quatre-vingts ans. Il.est inhumé au cimetière de Piriac de Mer.