Quand on évoque la guerrre d'Algérie, on pense bien sûr à la guerre de décolonisation qui se déroula de 1954 à 1962, et qui aboutit à l'indépendance du pays. Pendant ces 8 années de conflit, fait de guérilla, de violences et de représailles, les gouvernements français successifs mobilisèrent des appelés du contingent aux côtés de militaires engagés. Parmi eux, trois Sinagots perdirent la vie. (Lire page dédéiée). Après l'indépendance, les colons français et européeens installés en Algérie depuis plus de cent ans furent rapatriés en France...
La colonisation de l'Algérie avait débuté sous la Restauration Française mais son origine remonte aux guerres napoléoniennes. Pour nourrir ses armées, Napoléon achète à crédit du blé produit dans la plaine de la Mitija, près d'Alger alors sous domnination turque. Le bey turc, sorte de préfet autonome de l'Empire Ottoman, vit à Alger et amasse un véritable trésor gràce la piraterie barbaresque qu'il organise pour son compte en Méditerranée.
Napoléon déchu, le bey d'Alger reclame le paiement de la dette au consul de France à Alger qu'il finit par giffler d'un "coup d'éventail" lors d'une entrevue. Trois ans plus tard, le Roi Charles X, désireux de redorer son blason, trouve ce pretexte pour partir s'emparer d'Alger et de son trésor.
Le 14 juin 1830, une véritable armada française composée de plus de 100 navires de guerre et 500 bateaux de commerce, débarque sur les plages de Sidi Ferruch. Le 4 juillet, la ville d'Alger tombe aux mains des Français. Le trésor est découvert mais la Révolution éclate en France et Charles X abdique. Louis Philippe qi lui succède n'en récupèrera qu'une partir le reste se perdra dans les poches des armateurs, de militaires et d'intermédiaires....
Ecouter : https://www.youtube.com/watch?v=sT3A8MO8PjM
La conquête des territoires s'imposent progressivement. Pour lutter contre la résistance des populations, les troupes françaises pratiquent la guerre de la terre brulée, chassent et pourchassent les familles arabes et berbères jusque dans des grottes que l'on enfume. A bien des égards, ces pratiquent militaires d'un autre âge, seraient aujourd'hui qualifiées de "crimes de guerre".
Il faudra toutefois 7 ans d'un conflit fait de razzias et représailles pour obtenir la rédition du chef algérien Abd El Kader le 23 décembre 1847.
Cependant, dès 1833, le capitaine Lamoricière a mis sur pied dans la province d’Alger un premier «Bureau arabe», composé de militaires connaissant la langue, la religion et les coutumes du pays. Ces officiers allaient de village en village établir des liens avec les «indigènes », écouter leurs doléances et gagner leur confiance. Cette nouvelle approche permit de pacifier la région qui accepta la présence française et l'afflux des colons, qui s'intensifia avec l'arrivée des républicains fuyant le Second Empire de Napoléon III.
Parmi les Français envoyés en Algérie durant ces années de guerre, sans doute un grand nombre de marins mobilisés lors du débarquement à Sidi Ferruch et des soldats enrolés dans divers régiments et unités. Grâce aux registres de décès, nous avons la trace de quatre d'entre eux qui perdirent la vie des suites de combats mais surtout de maladie contractée lors de cette guerre coloniale :
Jean Pierre Théodore AUVRAY [7/03/1805, 16 Ventose An XIII - 1/02/1836]
Julien EVENO : [13/09/1795, 27 Fructidor An III - 2/10/1837]
Pierre Marie CADORET [23/04/1815 - 2/10/1843]
Pierre Marie LE GALLIC [16/03/1820 - 6/03/1845]
Jean Pierre Théodore AUVRAY [7/03/1805, 16 Ventose An XIII - 1/02/1836]
Ce Sinagot est né à Barrarach au temps du calendrier révolutionnaire. Son père est douanier au poste de Langle. Son acte de décès nous indique qu'il est chasseur dans la 2° Compagnie du 2° Bataillon au sein du 17° Régiment d'Infanterie Légère de la 3° Division établie en Algérie. On lit qu'il décède à l'hôpital d'Oran le 1er février 1836 sans doute de maladie, à l'âge de 25 ans. Son origine familiale (père douanier), sa fonction militaire, chasseur, pourraient faire penser à un jeune militaire engagé..
Julien EVENO : [13/09/1795, 27 Fructidor An III - 2/10/1837]
La chaine administrative sous la Monarchie de Juillet fonctionne bien. Depuis l'Algérie, les autorités militaires parviennent à adresser au maire de Séné le l'époque, Vincent ROZO, l'information du décès du sergent EVENO Julien, voltigeur au 3° Bataillon du 23° Régiment de ligne de la 3° Division, engagé en Algérie.
Voltigeur : Dans son sens militaire, le voltigeur est un fantassin porté en première ligne par un cavalier qui le prend en croupe. Plus généralement, le terme désigne les unités d’infanterie légère d’une compagnie d’élite destinée à agir en tirailleur en avant de la ligne d’un bataillon.
On lit qu'il entre le 29 septembre 1837 à l'hôpital temporaire de Guelma et y décède le 2 octobre, à l'âge de 42 ans sans précision sur l'origine du décès mais sans doute la maladie. Julien EVENO était natif de Kernipitur où ses parents étaient laboureur, agriculteurs propriétaires. Son âge et son grade nous indiquent qu'il était sans doute militaire du rang.
Pierre Marie CADORET [23/04/1815 - 2/10/1843]
Louise CADORET obtient le 13/05/1869, du Tribunal Civil de Vannes, le jugement par lequel son oncle Pierre Marie CADORET est reconnu comme mort en Algérie. Cet acte permettra sans doute de régler la succession.
On lit sur la transcription du jugement, que Pierre Marie CADORET incorporé au sein du "1er Bataillon d'Infanterie Légère d'Afrique", fut tout d'abord déclaré déserteur car il manquait à l'appel le 2 ocotobre 1843, de retour d'une expédition. On apprend que les Autorités avaient publié un décret d'ammnistie, qui suggère que un certain nombre de soldats avait dû déserter le théâtre des opérations. Sans nouvelle du soldat Cadoret, malgré ce décret, le jugment enterine le décès du Sinagot pendant la dite expédition.
Pierre Marie CADORET était natif de Bouedic d'un père journalier. Il disparait donc en Algérie à l'âge de 28 ans.
Pierre Marie LE GALLIC [16/03/1820 - 6/03/1845]
On comprend à la lecture de l'acte de décès de Pierre Marie LE GALLIC, retranscrite par le maire de l'époque Pierre LE DOUARIN, que le Sinagot est mort de maladie en Algérie. Fusilier à la 3° Compagnie du 2° Bataillon au sein du 2° Régiment d'Infanterie de Ligne, il entre à l'hôpital militaire de Constantine le 21 février 1845 et y décède le 6 mars 1845, d'un pleurite double avec épanchement (maladie pulmonaire) à l'âge de 25 ans.
Ces quatres exemples reflètent bien les causes de décès des militaires engagés lors de la conquête de l'Algérie. Au plus fort des combats, la France compta environ 100.000 hommes en Algérie. Après 17 ans de combats nécessaires pour venir à bout de la résistance, le bilan humain est très lourd tant au sein des populations civiles, que chez les militaires français, qui pour la plus part moururent de maladie, dysenterie, fièvres, typhus, malaria et choléra.
Cependant, malgré la rédition d'Abd El Kader, les heurts ne disparurent pas pour autant. Périodiquement, des révoltes éclataient, durement réprimés par les forces françaises...
En 1954, les attentat de novembre allait réveiller le sentiment national algérien.