Au cours de son règne, Napoléon III aura adopté une politique étrangère mélée de guerres et de conquêtes qui aboutiront à donner à la France un véritable empire colonial assis sur les 5 continents. La Troisième République continuera l'expansion territoriale des colonies.
En Asie du sud est, la France finira par réunir au sein de l'Indochine Française différents territoires comme le résume très bien cette carte.
Depuis la prise de possession de la Cochinchine, du Amman, du Tonkin, pendant l'unification de ces territoires avec le Cambodge et le Laos et jusqu'à la guerre d'Indochine, des soldats Français seront sur ces théâtres d'opérations.
Parmi eux, 4 soldats de Séné. Leurs récits racontent chaucn une période de la présence française en Indochine qui finira dramatiquement à Dien Bien Phu [11/1953-05/1954] et sera scellée par les Accords de Génève (mai 1954).
Qui étaient ces 4 Sinagots partis en Extrème Orient et dans quelles circonstances ont-il perdu la vie ?
Patern MONTFORT [13/11/1840 - 14/03/1863]. Un Sinagot en Cochinchine;
Felix TIFFON [7/04/1901 - 19/06/1932] Tiffon se heurte aux premiers communistes
Pierre Marie JOLLIVET [30/1/1905 Séné - 4/7/1945 Saïgon] Sinagot "Mort pour la France"
Maurice PENFORNIS [24/03/1920 - 13/03/1946] : Décède de maladie
Armel Ange Joseph LENORMAND [17/09/1925 - 26/05/1948] Sinagot mort pour la France en Indochine
Patern MONTFORT [13/11/1840 - 14/03/1863]. Un Sinagot en Cochinchine
L'aventure coloniale sous Napoélon III a amené loin de leur ville ou de leur village, bien des Français de cette époque et parmi eux, le Sinagot Patern MONTFORT [13/11/1840 - 14/03/1863].
Son acte de décès occupe toute la page du registre de l'état civil numérisé par les Archives du Morbihan. La mention "Cochinchine" attire l'oeil de l'historien local. On a envie d'en savoir plus sur le destin de ce Sinagot.
On apprend à la lecture de l'acte que Patern MONTFORT est matelot de 3° classe sur le vaisseau Duperré mais qu'il est détaché à la Direction du Port de Bariah en Cochinchine. Comme d'autres Sinagots de sa classe, ce fils de paludier de Brouel a été mobilisé dans la marine.
(A faire vérifier sa régistre maritime à Lorient)
Le Duperré est un vaisseau de 74, comme le Marengo ou le Ville de Marseille. Ce modèle a été commandé à 120 exemplaires, tant il était excellent. Construit en 1813 sous le nom de Couronne, il prendra le nom de l'Amiral en 1849. En 1854, il participe aux en opérations en Mer Baltique, bombardement de Bomarsund, (Lire Guerre de Crimée) puis voyage en Crimée en tant que transport. En novembre 1859, il est armé en hôpital flottant à Toulon. Il appareille de Toulon pour la Chine, en janvier 1860. En décembre 1860, il est aménagé en navire-hôpital à Chefou en Chine. En mars 1863 il mouille au large de Saïgon. Il aurait été le siège de l'Etat Major de la Marine avant la prise de la Cochinchine...
Depuis le traité de Saïgon, signé le 5 juin 1862 entre le dernier empereur précolonial de l'Annam, Tu Duc [1829-1847-1883] et des représentants de Napoléon III [1808-1852-1873] la France occupe Saïgon, l'archipel de Poulo Condor où elle établira un bagne, et trois provinces méridionales qui seront connues sous le nom de Cochinchine. Ce traité sera confirmé en 1863.
Toutefois, la pacification ne s'est pas faite sans combattre. Ainsi cet article du Courrier de Bretagne daté du 1er octobre 1863 nous parle d'une rébellion à Go Cong. Dans cet extrait du livre Histoire de la Cochinchine française de Prosper Cultru, on peut lire qu'une insurection eu lieu pas très loin de Baria en février/mars 1863.
Patern MONTFORT est affecté à terre au sein de l'administration du port de Baria. On lit sur l'acte, qu'il décède à l'Hôpital Maritime de Baria à l'âge de 23 ans le 14/03/1863, sans que l'on sache si il est mort lors des derniers combats à Go Cong ou peut-être de maladie dans cette zone lacustre propice aux maladies contangieuses.
Vue du débarcadère à Baria 1918
Felix TIFFON [7/04/1901 - 19/06/1932] Tiffon se heurte aux premiers communistes
L'acte de décès de Felix TIFFON se remarque dans le registre de l'état civil. A sa lecture on comprends que Félix TIFFON, soldat de 2° classe au sein de la 15° Compagnie du 10 ° régiment d'Infanterie Coloniale, est décédé à Vinh Ben Thuy, ville au nord de l'Indochine dnas l'ancienne province du Tonkin.
On recherche l'acte de naissance dans le registre numérisé des Archives du Morbihan. On y apprend qu'il est né à la Croix Neuve à Séné. Son père est alors paludier et sa mère ménagère. On retrouve la famille TIFFON lors du dénombrement de 1906. Elle compte 3 enfants et accueille sous son toit les grands-parents.
Au dénombrement de 1921, la famille est resserrée autour des parents, du jeune homme Félix et de sa soeur, Louise. L'ainée a dû se marier et quitté le giron familial.
A l'âge de 31 ans, Félix TIFFON est en Indochine. Ce n'est plus un conscrit mais un militaire de carrière en poste à Ha Tinh, ville au sud de Vinh Ben Thuy où réside la garnison de son RIC. Les villes de Ha tinh et Vinh Ben Thuy sont battis autour de citadelles.
Vue de la citadelle de Vinh en 1927
Le 10° RIC qui avait été dissous le 31/12/1914 pour se fondre dans le 9° en pleine 1ère Guerre Mondiale. est reconstitué depuis le 1/08/1931 en Indochine. En effet, depuis quelques mois, la guérilla communiste qui s'est constitué autour de Nguyễn Sinh Cung, le futur Hô Chi Minh, souhaite le départ des colons et organise les opérations contre les troupes françaises autour dela ville de Ha Tinh, comme le rapporte ces deux articles d'époque.
L'acte de décès retranscrit en France n'indique pas les circonstance du décès de Felix TIFFON. A-t-il été victime de ces combats contre la guérilla ?
Il décède le 19/06/1932 dans la ville principale de Vinh Ben Thuy. La Seconde Guerre Mondiale va éclater. Les revendications des peuples constitutifs de l'Indochine vont être mises en sourdine d'autant que le territoire va être occupé par les troupes japonaises....
Pierre Marie JOLLIVET [30/1/1905 Séné - 4/7/1945 Saïgon] Sinagot "Mort pour la France"
Le soldat JOLLIVET est né à Séné au Petit Poulfanc d'un père manoeuvier, Joachim Mathurin JOLLIVET né le 3/2/1864 à Sulniac et d'une mère ménagère, Marie Josèphe JULIO née à Ambon le 6/1/1874.
En 1906, la famille JOLLIVET est bien pointée par le dénombrement au Poulfanc en Séné où plusieurs frères Jollivet sont descendus de Sulniac pour travailler au Poulfanc. Pierre Marie JOLLIVET se marie à Vannes le 19/9/1931 avec Simone Alexandrine Anne VISAGE [Saint-Nolff le 6/4/1911 - 2008 Merlevenez]. Il déclare alors la profession de camionneur et réside au n°5 de la rue Boismoreau à Vannes. Il est sans doute employé par les transporteurs installés route de Nantes à Vannes et Séné [lire histoire de Duclos Penru et des routiers de Séné].
Son parcours nous fait pensé à un militaire de carrière. En 1945, il est incorporé au sein du 16° Régiment d'Infanterie Coloniale basé à Quinhen dans l'Amman en Indochine française, actuelle Quy Nhon au Viet-Nam. Son dossier 21 P 279345, transmis par le SHD de Caen, nous indique que le soldat de 1ère classe JOLLIVET, ien poste au "Dépôt de Transition de Saïgon, est admis à l'hôpital le 28 juin 1945. On lui diagnostique une "tuberculose pulmonaire bilatérale et enterite tuberculeuse", imputable au service au sein du 16 ° Régiment d'Infanterie Coloniale basé en Indochine. Il décède le 4 juillet 1945 à l'Hôpital Graal de Saïgon situé au 14 rue de la Grandière.
Depuis le "coup de force " des armées japonaises, la France de Vichy n'exerce plus de fait l'Autorité sur les colonies d'Indochine. L'armée japonaise opère une violente répression sur tous ceux qui remttent en cause son autorité et notamment les troupes françaises alors en poste en Indochine. Beaucoup sont contraints de fuir, sont arrêtés et emprionnées dans les geôles japonaises ou il ssont martyrisés, torturés et pour beaucopu fusillés.
Au moment de son décès, l'Hôpital Graal est occupé par les forces japonaises. Certes, le soldats JOLLIVET n'est pas mort au combat mais de tuberculose comme de nombreux Poilus de 14. Contre qui la France se bat alors en Indochine? Les nationalistes Vietnamiens? Non ! La France résiste contre l'armée japonaise, armée d'occupation de l'Indochine Française. D'ailleurs, son dossier militaire comporte la mention 39-45, affectant son décès non aux guerres de colonisation, non à la guerre dite" d'Indochine" visant à lutter contre le Viet Min, mais bel et bien à la Seconde Guerre Mondiale.
Pierre Marie JOLLIVET est en quelques sorte une victime du Japon impérial et fascite, comme d'autres l'ont été de l'Allemagne nazie. Il est déclaré "Mort pour la France", mention inscrite sur son acte de décès.
Maurice PENFORNIS [24/03/1920 - 13/03/1946] : Décède de maladie
L'acte de décès de Maurice PENFORNIS apparait bien clair sur les registre de Séné. L'aurait-on oublié ?
Son existence de combattant en Indochine nous est confirmée par le site Mémoire des Hommes.
On apprend que Maurice PENFORNIS, né à Priziac le 24/03/1920 est Second Maitre Canonnier au sein du Régiment Blindé de Fusiliers Marins basé à Cholon près de Saïgon. Il s'agit d'une unité amphibie prévue pour les débarquements.
Le R B F M en Indochine:
- Opérations en Cochinchine (Saïgon)
- Bassin du Donaï (prise de Tan Uyen) dans la région de Bentré
- Transformation en régiment amphibie d'assaut
- 6 mars 1946, débarquement au Tonkin,
R B F M en baie d'Along débarquement quelque peu problématique
- Sécurité d'Haïphong en baie d'Along et de Hanoï
- Delta du Mékong et presqu'île de Camao
En Mars-Avril 1947, le RBFM est regroupé au Cap Saint Jacques et après une prise d'armes d'adieu, embarque pour la France, il arrivera à Toulon le 16 Mai et sa dissolution intervient le 20 Mai 1947. Le 7 juillet 1947, le régiment est cité à l'ordre de l'armée de Mer et son drapeau reçoit le CG des TOE avec palme.
Source http://cdojaubert.canalblog.com
Le soldat PENFORNIS a-t-il contracté une maladie infectieuse dans les zones lacustres du delta du Mékong ? Il décède de maladie à l'hôpital d'évacuation Cho Quan de Cholon le 12 mars 1946.
Avant son départ en Indochine, il vivait à la Grenouillère en Séné. Il était le marie de Rosalie Marie Perrine LEROY qu'il avait épousé à Séné le 27/01/1945. Son nom apparait sur le monument de Lauzach mais ni à sa commune de naissance Priziac ni à Séné.
Armel Ange Joseph LENORMAND [17/09/1925 - 26/05/1948] Sinagot, mort pour la France en Indochine.
Le site "mémoire des Hommes" répertorie les soldats français "Morts pour la France". Il faut un peu de patience pour passer en revue les fiches relatives à la guerre d'Indochine. On finit par repérer une fiche d'un soldat né dans le Morbihan dans la ville de "Seine".
L'acte de naissance d'Armel Ange Joseph LENORMAND nous indique ses parents habitent rue Bailleul à Paris 1er. La future maman passe sa grossesse chez sa mère, Marie Louise LE GREGAM, veuve GIRARD. Elle acouche à Séné le 17/09/1925.
On le retouve plus difficilement dans les dénombrements. En 1926, Armel LENORMAND vit chez ses grands-parents à Séné, Joseph Yves GIRARD et son épouse.
Joseph GIRARD était le secrétaire de mairie à l'époque à Séné et occasionnellement le correspondant du journal Ouest Eclair. Le 20/08/1924, il a marié le même jour ces deux filles, dont Elisa Marie Henriette GIRARD qui épouse Joseph Marie LENORMAND, garde républicain en poste à Paris II° rue de la banque,n°12. Fils de militaire, Armel LENORMAND fera également une carrière militaire qui le conduira en Indochine en 1948. Il a 25 ans.
Il est en poste comme brigadier au sein de la 153° Compagnie du Quartier Général ou 153° CQG à My Tho en Cochinchine, sud Viet-Nam. L'extrait de Mémoire des Hommes indique qu'il décède d'un accident. La transcription de son acte de décès est fait dans le département des Deux Sèvres,plus exactement la commune de Cerzay.
Le site GenWeb ne répertorie pas le nom de Armel LENORMAND et le Mémorial de Maizière en Gatine ne reprend pas le nom du soldat. Un nom voisin apparait sur le mémorial de Lauzach : "LE MORMAND A." C'est surement notre Sinagot.
Le Service Historique de Caen a ouvert le dossier d'Armel LENORMAND. On y apprend qu'il fut inhumé au cimetière européen de Mytho tombe n°225. A la demande de sa famille, son cercueil fut rappatrié en France puis restitué le 12 septembre 1950. La consultation des registres de la paroisse de Séné permettent de confirmer son inhumation le 14/09/1950 à Séné.
Certes, son acte de décès fut retranscrit sur la commune de Cersay (79), dernier domicile connu de ce militaire dont le régiment était basé dans les Deux-Sèvres.
Cependant, Armel Ange Joseph LENORMAND, était natif de Séne, il est mort pour la France à Mytho (décret du 15/12/1948), et surtout il fut inhumé à Séné.
Son nom eput être inscrit au monument aux mort de Séné à côté de celui de Penfornis sur une plaque dédiée aux morts en Indochine.
3°DIC pasant un bac sur un affluent du Mékong