Tout commence par une recherche sur le site de l'Université de Rennes II qui a numérisé des vieux ouvrages et permet une recherche avec des mots clef. En tapant "Séné", je tombe sur un livre de J.M. Le Mené, Histoire du Diocèse de Vannes, dans lequel il est rapporté que la peste sévit dans plusieurs paroisses du diocèce, dont Séné, du 29 juin 1452 jusqu'au 1er novembre 1453...
Un autre hasard dans mes recherches me fait repérer sur Gallica BnF un autre livre intitulé "Vie de Saint Vincent Ferrier", écrit par l'abbé J.M. MOUILLARD. Une recherche avec le mot clef "Séné" me fait découvrir plusieurs témoignages recueillis entre 1542-1453 par les autorités écclésiastiques en vue du procès en canonisation du prédicateur dominicain Vincent FERRIER [Valence 23/1/1350 - Vannes 5/4/1419].
L'affaire se déroule à Vannes en l'an de grâce 1453. Depuis le 29 juin 1452, la peste sévit dans le diocèse de Vannes et durera jusqu'au 1er novembre 1453, Plusieurs paroisses sont touchées par l'épidémie sans que l'on sache précisement si il s'agit véritablement de la peste bubonique ou d'une autre maladie infectieuse.
Pour préparer le procès en béatification, les autorités écclésiastiques décident de recueillir des témoignages sur les intercessions de Vincent Ferrier. Plus de 300 témoignages sont recueillis entre novembre 1453 et mars 1454 à Plumaugat, Dinan, Redon, Nantes, Fégréac, Questembert et Guérande.
Parmi les récits du Pays de Vannes, nombreux sont ceux qui relatent la présence de la peste, et parmi ces récits figurent ceux de deux familles de Séné. L'abbé MOUILLARD a fait un ecellent travail de traduction car les témoignages ont été rédigés à l'origine en latin! Heureusement, ils sont indexés et on peut retrouver rapidement sur le site des Archives du Morbihan, le vieux texte en latin.
On ne remerciera pas assez les travail de numérisation entrepris par les Départements, Minitères et autres institutions en France, qui permettent à l'historien de mener rapidement des recherches...
105°-106° et 107° témoins
Jeannette, épouse de Jean an GUERENNIC, cultivateur de la paroisse de Séné, âgée de trente-huit ans, rapporte que son maru fut, le premier samedi du carême dernier, atteint de la peste pendant quelques jours. Il reçut les sacrements de l'Eucharistie et de l'Extrême-Onction : on désespérait de sa guérison. Un voeu qu'elle fit à Me Vincent lui procura la santé, bien qu'il ait conservé une grande faiblesse pendant sept semaines. Elle ajoute que, il y aura trois ans au mois de mai, elle mit au monde un enfant mort. Tout affligée, elle voue cet enfant à Me Vincent. L'enfant revenant à la vie, fut baptisé, reçut le nom de Guillaume, et vivait encore au moment où elle faisait sa déposition.
Jean Guérennic, laboureur, de ladite paroisse, âgé de vingt-huit ans, confirme les deux faits qui précèdent.
167°, 168° et 169° témoins
Jean LE FRANC, de la paroisse de Séné, au diocèse de Vannes, âgé de vingt-cinq ans, assure que sa femme, Catherine, à la suite de ses couches, devint épileptique, avec chutes réitérées par jour, écume à la bouche et perte de la parole. Il fait le voeu ded présenter au tombeau de Me Vincent un voeu en cire à la ressemblance de la malade, et aussitôt elle fut guérie; ce qui lui parait tenir du miracle.
Catherine, femme de Jean Le Franc, témoin précédent, âgée de vingt ans, confirme les faits exposés par son mari. Elle ajoute qu'après chaque crise qu'elle éprouvait, elle ignorait ce qui s'était passé en elle.
Nicolas Le franc, père de Jean Le franc, de la paroisse de Séné, âgé de soixante ans, a vu Me Vicnent; il l'a entendu prêcher, et il l'a toujours regardé comme un saint personnage. Il confirme les faits précédents : la maladie de sa belle-fille Catherine, le voeux fait à Me Vincent, et la guérison complète de la malade.
Ainsi, deux familles de Séné, les Le Franc et les Guerennic furent miraculées et lors de l'enquête, elle ont apporté leur témoignages sur les heureuses intercessions de Vincent FERRIER pour guerrir leur proches.
A la cathédrale Saint-Pierre de Vannes, une tapisserie nous raconte quelques passages de la vie de Saint Vincent Ferrier et des miracles dont il est à l'origine. Cette longue tapisserie fut commandée en 1615 par l’évêque Jacques Martin. L'artiste tapissier a dû être "brieffé" dirait-on aujourd'hui, sur les différents témoignages des miracles de Saint-Vincent. La tapisserie qu'il dessina relate entre autre le miracle de la guérison d'un enfant atteint de la peste. Ce type de témoignages fut recueilli de nombreuses fois comme l'atteste le livre de l'abbé MOUILLARD qui en donne de nombreux exemples.
Comme le fils Guérennic de Séné, d'autres enfants furent guéris par l'intercession de Saint Vincent Ferrier.
Le quatrième tableau a pour légende :
VN ENFANT FRAPÉ DE LA PESTE, RECOMMANDÉ
PAR SES PARENS AV SAINCT, EST GVÉRY.
La scène présente un enfant couché sur le sol, et une femme à genoux, qui le voue à saint Vincent ; à droite on voit un seigneur et une dame en costume de la fin du XVIème siècle, et à gauche, au fond, les murs et une porte de la ville de Vannes. Il serait difficile de donner des noms propres à ces personnages, car les guérisons de la peste, dues à l'intercession du Saint, furent nombreuses, surtout en 1452 et 1453.
http://www.infobretagne.com/vannes-tapisserie-vincent-ferrier.htm