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Croix Barrarrach3

L'abbé LE ROCH endit quelques mots dans son recueil sur le patrimoine de Séné :

"Ce qui caractérise la croix morbihannaise et en particulier les croix du Pays Vannetais, c'est le peu de portée de leurs bras. La traverse est toujours courte. La croix de Bellevue, qui surplombe le goulet de Conleau, à l'intérieur d'une propriété privée, est de ce type".

On distingue un Christ stylisé sur une de ses faces, bien visible sur cette vue.

CCroix barrarach christ

1780 Croix Barrarach

C'est une croix très ancienne puisque elle est figuré sur la plus vieille cart de Séné, datant d'environ 1780. On la retrouve également dessinée par le cartographe du cadastre de 1844 aux côtés du Corps de Garde des douaniers sur la butte de Belelvue.1844 Corps de garde Barrarach

Inventaire DRAC n° IA00114360

La croix a été de tout temps prise en photo pur réaliser notamment des cartes postales en des temps où la butte de Barrarach était dénudée pour accueillir la foule lors des fameuses régates de Conleau.

 

Inventaire Croix Port Anna

Port Anna Calvaire 2

   Vue de la croix de la butte de Barrarach de 1908; une jeune femme transporte dans un panier d'osier dans sa brouette de bois, sans doute le fruit de la pêche.

croix port anna.arch

Photos archives 56 : avril 1921, jeune fille en habit du dimanche pose devant la croix de la butte de Barrarach, dont on a refait les joints..

Port Anna Calvaire 3 130 001

 

 

 

Il est des croix de chez nous, sur nos chemins ou nos places et d'autres pourtant si familières qu'on aimerait les savoir sinagotes: croix de Kernipitur, croix de Calmont, croix d'Arcal, croix de Saint-Léonard.

"Si, après le château de Limoges (à vannes) l'on quitte la route actuelle de Séné pour prendre, à gauche, celle conduisant au passage de Saint-Armel, on trouve bientôt deux belles croix monolithes en granit. Ainsi écrivait Marselin de la Société Polymathique du Morbihan en 1942, dans un articl econsacrée au croix en périphérie de Vannes, ici la croix de Kernipitur et celle de Calmont.

A/La croix de Kernipitur que l'on peut voir aujourd'hui dressée près du parc PIBS, en face de l'arret du bus, se trouvait avant sur la commune de Séné à mi-chemin entre les fermes de Grand et Petit Kernipitur, comme l'indique le cadastre de 1844. Elle devait être assez familière des Sinagots car elle était situait sur la principale voie reliant Séné, via le Pont d'Argent pour franchir le ruisseau de Cantizac, et vers la "Rue de Séné", aujourd'hui rue Monseigneur Trehiou.  L'abbé Le Roch en fait une description dans le bulletin paroissial, Le Sinagot.Kernipitur croix

1844 cadastre kernipitur

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LES CALVAIRES DE SENE

11. CROIX de la ROUTE du PASSAGE St-ARMEL

Après le cimetière de Calmont Haut, l'on quitte la route actuelle de Séné, pour prendre à gauche celle conduisant au Passage St-Armel, on trouve bientôt, sur la droite une belle croix monolithe en granit. A vrai dire, cette croix ne se trouve pas sur le territoire de Séné, mais elle est si familière aux Sinagots qui empruntent cette route pour se rendre à Vannes que nous la mettons sur la liste des croix de Séné.
Elle se dresse dans le talus, avec une hauteur de 2,20 m.,une largeur de fût de 0,36 m. à la base et de 0,30 m. sous la traverse qui, elle, mesure 0,70 m. Ce qui rend cette croix intéressante, c'est la gravure qu'elle porte au milieu du fût. C'est une sorte de fuseau ou de lentille placée verticalement, dans le sens de la hauteur, et mesurant: 0,30 m. de long sur 0,12 m. dans sa plus grande largeur, au milieu. Certains ont voulu y voir représenté l' "IXTHUS" grec, emblème symbolique du Sauveur. (Chaque lettre de ce mot grec qui signifie "POISSON" , d'où la forme de lentille allongée, rappelant la silhouette du poisson, donne en raccourci l'identité, pour ainsi dire, du Christ : I = Iésus, X(CH) = Christus, TH (Théou) = Dieu, Uios = Fils(en grec), S = Sauter (Sauveur) .. Soit : Jésus-Christ le Fils de Dieu, Sauveur). A quoi l'on peut répondre que si telle avait été l'intention du graveur, il eût placé ce dessin symbolique à l' intersection des bras de la croix et non sur le milieu du fût ... Mr.Viaud-Grand-Marais, reprenant son interprétation du marteau sculpté en relief surla croix du Bondon, près de Vannes Nord-Ouest, a vu encore ici une marque de Corporation, de Confrérie ou tout au moins celle d'un groupe de donateurs : Pêcheurs ou Poissonniers de Séné.

B/ La croix de Calmont : L'abbé LE ROCH nous en parle dans le bulletin paroissial.

Croix Calmont

12.DEUXIEME CROIX  de cette ROUTE du PASSAGE

Mais une deuxième croix était familière aux Sinagots qui empruntaient voici une vingtaine d'années cette Route du Passage St-Armel elle se trouvait dans le dernier virage très prononcé avant d'aboutir sur la route de Calmont.  Voici la description qu'en faisait la "polymathique en 1942 :

La prmeière, à 200 mètres de la bifurcation et à un coude de la route, est un morceau mesurant 3m50 de hauteur au dessus de la dalle placée ras-le-sol qui lui sert de base. La traverse est de petites dimensions : 0.65m environ. L'épaisseur varie de 0.15m à la base à 0.10m au sommet. Elle est ornée d'un filet en creux qui en suit tout le contour à quelques centimètres du bord. Elle ne manque pas d'élégance. Malheureusement elle incline fortement en avant et il est à craindre qu'elle ne se brise un jour au ras de la dalle dans laquelle est est fixée.

Voici ce que nous savons à son sujet, et qui a paru dans Ouest-France du 4 Août 1961 :
"L'IRREPARABLE OUTRAGE "- Il existait, sur la petite route conduisant de Vannes au Passge St-Armel , une magnifique croix de granit, monolithe, datant de plusieurs siècles. Ces humbles monuments, témoins de la foi de nos ancêtres, forment un trésor inestimable sur lequel nous devons jalousement veiller. Cette croix monolithe' se trouvait, comme par hasard, (comment l'aurait-on pu prévoir il y a 3 ou 4 siècles?) sur le parcours qu'emprunte à travers champs la canalisation amenant dans le Morbihan le GAZ DE LACQ. Les bulldozers sont passés par là, et la pauvre croix a été fauchée. Elle gît à l'entrée d'un champ, brisée en deux morceaux. Le fait est d'autant plus regrettable que des personnes, dûment autorisées, avaient attiré l''attention sur cette croix et avaient même trouvé un emplacement pour la transporter ailleurs (en bordure de la route de Séné, où elle aurait été bien en vue) . Le mal est pratiquement irréparable".
Cette croix, qui gît aujourd'hui, cassée en deux, au Cimetière de Bois-Moreau en Vannes, (voir photo du haut de cette page ) était un beau morceau de granit, plat, mesurant 3, 50 m. de hauteur au-dessus de la dalle, placée au ras du sol, qui lui servait de base. La traverse était de petite dimension 0,65 m. environ. L'épaisseur, de 0,15 m. à la base, atteignait 0,10 m. au sommet. Elle était ornée d'un filet en creux qui en suivait tout le contour à quelques centimètres du bord. Elle ne manquait pas d'élégance. Malheureusement, el le inclinait fortement en avant du côté de la route et il était à craindre qu'elle ne se brisât un jour en tombant. C'est ce qui lui est arrivée, très aidée par la force aveugle d'un bulldozer!

C/ La croix d'Arcal :  16.LA CROIX d'ARCAL

A une demi-lieue de Vannes, au sortir de la commune de Séné, au village d'Arcal, s'élevait, il y a quelque quinze ans, dans le talus, à droite, une croix de granit, sculptée. Cette croix, que bon nombre de Sinagots, avant de pénétrer dans leur paroisse au retour de Vannes, ont pu saluer durant longtemps, et dont ils se rappellent, à coup sûr, le souvenir, a été transférée, après accord donné par l'autorité compétente et par la population du quartier, sur le parvis de la nouvelle église Notre-Dame de Lourdes de Trussac, par Mr. l'abbé Nicolas, rectaur à ce moment de cette paroisse. Bien que ne faisant plus partie désormais de "l'environnement" sinagot, nous tenons toutefois à la rappeler à la mémoire de nos paroissiens.

Arcal croix Trussac
Cette croix se compose :
1°-d'un monolithe formant la croix proprement dite, de 0,85m de hauteur, 0,75m dans sa plus grande largeur et 0,20m d'épaisseur.
2°-d' une colonne cylindrique de 1m de hauteur et 0,17m de diamètre.

3°-d'un piédestal de 0.85m de haut, de 1,10m de large et 1,40m d'épaisseur.

La croix est sculptée sur les deux faces: celle aspectant la route, représente le Christ mourant, les yeux mi-clos, la tête penchée sur l'épaule droite. Les bras, sans être rigides, sont horizontaux, la main droite manque, la main gauche a les doigts largement écartés. Les pieds superposés et percés d'un seul clou sont attachés directement sur le fût. Le Christ porte autour des reins une sorte de jupon. Rien n'apparaît au-dessus du croisillon, mais, en dessous, la pierre décrit un médaillon en forme de trapèze isocèle, où sont sculptés en relief la"Mater Dolorosa"(la Vierge des Douleurs) et l'apôtre Saint Jean pleurant et priant aux pieds du divin crucifié.
Sur la face opposée, est sculpté le buste d'une sainte, les mains posées sur la poitrine et la tête couverte d'un voile qui encadre son visage et retombe sur ses épaules. On pense naturellement à la Vierge Marie qui orne si souvent. le revers de nos croix. Cependant, la tradition veut voir ici la Duchesse de Bretagne Françoise d'Amboise.

Cette croix ne possède ni le petit pignon des croix des XV° et XVI° siècles, ni le dais des croix du XVII°. C'est une oeuvre moderne de piété populaire con fiée à un tailleur de pierre du pays qui avait vu quelque croix du XV° siècle,dont il s'est manifestement inspiré.
Sinagots ! S'il vous arrive de passer du côté de Trussac, allez jusqu' à l'église N.D.de Lourdes et vous pourrez revoir cette croix qui fut "presque" vôtre durant des siècles !

D/ La croix de Saint-Léonoard : 17. LA CROIX DE St-LEONARD

1942 03 Croix vandalisme

Sur la route de Nantes, on rencontre la Croix de St-Léonard, en la paroisse de Theix, mais non loin de la limite de Séné et familière aux Sinagots du coin ... (ne pas confondre cette croix qui domine la route sur la gauche en montant, avec celle de "La Brassée" ou de "Jean II" qui se trouve du même côté, mais sur le territoire de Séné, avant d'aborder la descente et les virages de St-Léonard). Elle a été restaurée vers 1940, ainsi que celle de Bonervaud, située plus loin sur la même voie, avec les débris des deux croix géminées trouvées dans le
fossé de la route.

CROIX Saint Leonard

 

 

 

 

Dans le bulletin paroissial, le recteur Joseph LE ROCH nous livre un long paragraphe consacré au calvaire de Montsarrac. Quelques ajout à l'initiative de wiki-sene.

calvaire montsarrac

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LES CALVAIRES DE SENE

"Il a été décrit par André Viaud-Grand-Marias dans le bulletin de la société Polymathique du Morbihan, année 1922. C'est l'une des rares croix historiées offrant encore des traces de peinture. Elle est constituée par un pied polyèdre, couronné d'une grosse torsade. Son sommet est carré avec pignon orné de choux et crochets. On voit d'un côté le Christ, de l'autre la mise au tombeau; des saints personnages sont représentés entre des colonnetttes sur les faces latérales. Voici ce qu'en écrit André Viaud dans une conférence sur "Les Anciens Calvaires-Autels de Vannes et de sa banlieue :

Montsarrac foto triple

La 1ère photo de gauche est issu de l'articl ede l'abbé LE ROCH (années 1970).La seconde photo est un aggrandissement d'une célèbre vue de la collection David (voir ci-dessous), dont on fit plusieurs cartes postales. On note bien que les personnages chrétiens sont peints.

"Lorsqu'au temps de la Ligue, à la fin du XVI° siècle, les Espagnols vinrent au secours du Duc de Mercoeur, ils établirent à Vannes au faubourg Saint-Patern, la croix Cabello, sur la place qui porte encore ce nom aujourd'hui. On prétend qu'il édifièrent à la même époque le Calvaire de Montsarrac ou Montserrec, en souvenir du célèbre pélerinage catalan de "Montserrat" (la montagne sciée). cette origine est douteuse. Quoi qu'il en soit, le nom est exotique : il n'a rien de breton et, fût-il de formation latine 'Mont serratus"; il ne faut pas en chercher l'étymologie dans la situation du lieu qui ne fait que 16 m d'altitude.

Du reste, et c'est nous qui ajoutons cette précision, il n'a été érigée à l'emplacement, qu'il occupe actuellement que vers 1846, sous le rectorat de Mr.Toumelin, lors de la construction de la chapelle de Kerarden. Il viendrait, dit-on, du vieux cimetière du bourg.

1844 Calvaire Montsarrac

La croix de Montsarac est figuré sur le cadastre de 1846, à gauche, sur la grande parcelle Mez er Groés. Sur la cadastre de 1810, rien sur cette parcelle, à moins que la croix fut mal située et corresponde au "bâtiment" parcelle n°538.

Ce calvaire qui mesure 3.50 m est érigé en la paroisse de Séné à 8 kms de Vannes, sur le chemin du passage de Saint-Armel, dans un endroit, d'où l'oeil jouit d'une vue magnifique sur la Presqu'île de Rhuys et le Golfe du Morbihan, avec les riantes découpures de ses côtes et ses îles aussi nombreuses prétend-on que les jours de l'année.

La base actuelle du monument, consiste en un vulgaire massif de maçonnerie, carré à la partie inférieure formant piédestal, plus étroit, circulaire et bombé à la partie supérieure servant de socle à la colonne. Cette colonne, octogonale, plus large en bas qu'en haut est un peu courte (1m environ) aurait, d'après certaines gens, remplacé un fût plus ancien détruit aux jours sombres de notre histoire. C'est également de cette époque que daterait la disparition de l'autel. Le fût est couronné d'une grosse torsade, support d'un sommet en parallèlipipède surmonté de pignons légèrement arqués en contre-courbe, ornés de crosses sur les rempants et terminés par des choux.

Les médaillons, bien que d'une autre facture que ceux de Saint-Colombier et de Ranuec - deux calvaires de Saint-Nolff - offrent les même scènes, avec cette variante que, dans la représentation de Saint-Jean Baptiste "agnifer" (porteur d'un agneau on voit derrière lui, mais plus haut, la tête d'un personnage bardu, le Christ, sans doute, dont Jean est le Précurseur.

Je crois que ce calvaire de Montsarac est postérieur aux deux précédents : ses sculptures manquent de finesse; mais elles sont peu altérées, préservées de l amousse et de la dégradation par les peintures dont elles sont revêtues, reste ou rajeunissement d'un ancien enduit. ce mode de conservation du granit a été observé sur plus d'une croi xdu Finistère...Des calvaires-autels de la banlieue de Vannes, celui de Montsarrac est le seul qui soit peint (cette coutume de peindre est actuellement disparue). Sa peinture est l'un des principaux arguments des archéologues qui attribuent à ce monument une origine espagnole, -en Espagne, la couleur s'ajoutant toujours au dessin et à la ligne,-que les statues soient en pierre ou de bois.

Malgré la rusticité de sa base et ses degrés rudimentaires, le Calvaire de Montsarrac produit bon effet dans la campagne découverte où il se trouve située."

Louis Simonnot, qui a également étudié les Croix Morbihanniases classe celle de Montsarrac dans la catégorie des "croix à panneaux" ou en forme de pignon, dont on trouve quelques rares exemplaires très primitifs en Lore Atlantqiue. Elles se composent, dit-il, d'un fût généralement rond ou à pans coupés supportant un panneau, assis sur une boule en torsade. Ce panneau affecte deux formes spéciales bien déterminées : soit un quatrefeuille soit un pignon dont les côtés, formés de colonnettes, encadrent un saint quelconque et supportent deux rampants soutenant, à leur sommet, une grosse torsade ou une croix. Le chamoine Jérôme BULEON, dans sa langue imagée, les a baptisés : croix bannières à cause de leur ressemblance avec une bannière, ou encore "croix-hosannières parce que l'on chantait généralement devant elles l'Hosanna du Dimanche des Rameaux. Toutes représentent sur une face le Christ encroix entre sa Mère et Saint Jean, et sur l'autre face, une piétà : la Vierge tenant sur ses genoux les corps de son fils descendu de croix. Elles ont une réplique primitive à Maur-de-bretagne. La plus fine de ces sculptures et ayant, seule, la particularité d'être peinte, polychromée, est, d'après Mr. Simonnot, celle de Montsarrac, en Séné.
Du point de vue de l'âge, André Viaud Grand-Marais range cette croix au nombre des Calvaires-Autels du XVI ème - XVII ème siècle avec ceux de Saint-Avé-d'en-Haut, de Saint Colombier et de Ranuec, en Saint-Nolff, de Bizole en Tréffléan, et du Rohic en Saint-Patern. Il procéderait, selon lui, des deux calvaires de Saint-Nolff.
"Au XVIème Siècle, et dans les premières années du XVIIème siècle, écrit-il, le sommet du calvaire présente quatre faces rectangulaires, couronnées par des pignons à rampants droits ou légèrerement arqués, ou par des arcs en accolade avec dais. C'est ce genre de croix que Mr. le chanoine Buléon qualifie du "joli nom de "bannière de granit" et que le poète Venance Fortunat, auteur de l''hymne "Vexilla Regis" eût sans doute appelé : "les étendards de pierre du Christ-Roi", par allusion aux drapeaux à traverse horizontale de la cavalerie romaine.
Le caractère propre du médaillon des calvaires morbihannais de ce type, c'est d'offrir à la vue des surfaces intérieures pleines au lieu de surfaces ajourées dégageant le contour des sujets ; le nombre des surfaces se trouve augmentiê , mais l'ensemble perd en légèreté et en élégance ... "
Quant à la destination des calvaires-autels, l'auteur les divise en deux groupes:
"ceux situés' dans les cimetières entourant les églises et les chapelles étaient dits dans mon enfance "croix-hosannières", parce qu'on s'y rendait en procession le dimanche des Rameaux, portant à la main des branches de buis, de romarin et de laurier et chantant "Hosanna Filio David".

Montsarrac pardon Kerarden

Pardon de Kerarden - Station devant le calvaire à Montsarac (Source Camille Rollando)


"les autres plus éloignés et situés parfois en un endroit désert s'appellent en langage liturgique : "croix destinées aux litanies ou supplications solennelles en cas de calamités publiques ou de pressants dangers". Ces supplications étaient accompagnées jeûne, de mortifications et de processions auxquelles, par métaphore, on donnait le nom de "litanies", parce que les processionnaires alternaient la récitation du chapelet avec le chant des psaumes et des litanies des saints. Les croix de litanies étaient les stations de ces processions de périi tence au cours desquelles on sollicitait la délivrance de la peste, de la famine, de la guerre et des autres fléaux."
Et André Viaud ajoute : "bien qu'utilisés parfois aux Rogations, la plupart des calvaires-autels vannetais étaient considérés comme croix¬hosannières. seuls, ceux du Rannec et de Montsarrac sont regardés comme d'anciens calvaires de litanies, la messe se disait à ces croix et l'on prêchait près d'elles".
Si la tradition est d'accord avec André Viaud pour reconnaître dans la croix de Montsarrac un calvaire-autel dont la table a disparu à l 'époque de la Révolution, elle ne l'est plus pour y voir une croix de rogation plutôt qu'une croix hosannière. Le conférencier ignorait que ce calvaire provient de l'ancien cimetière du bourg, ce qui l'a induit en erreur.

1980 retratite comuniant

Retraite de Profession de foi - Séné -Montarac Juin-1980 Bulletin-paroissial

 

Inventaire Calvaire Monsarrac

Séné montsarrac calvaire

Calvaire de Montsarac, cliché David fin XIX°siècle.

Ci-dessous 2 photo du fond d'Archives Godineau aux Archives du Morbihan

 Montsarrac Calvaire Godineau 1

Montsarrac Calvaire Godineau 2

 

Les fontaines et puits à Séné : redécouverte d’un patrimoine oublié

La particularité de Séné, est d’être une commune littorale, un territoire de faible altitude, et dont le sol, les terrains, reposent sur un support de roche métamorphique constitué de gneiss et de granite.

La couche sédimentaire n’est pas profonde et n’est pas propice à la présence d’une nappe phréatique importante. Ce handicap est compensé par une pluviométrie régulière qui permet d’avoir de l’eau toute l’année. Sur plusieurs points du territoire, les fonds des bassins versants ont laissé apparaitre un étang (étang de Kerdavid) des mares (Gornevez, Limur) ou de nombreuses mouillères ou grenouillères.

Les anciens, avaient repéré ces endroits pour y creuser des puits indispensables à l’établissement d’une ferme ou d’un village. Quand il fallait creuser profondément pour trouver la nappe phréatique, alors on consolidait un puits traditionnellement circulaire. Certains nous sont parvenu avec une forme circulaire, simple et d'autres sont de petites chapelles où aller puiser de l'eau.

Photo de puits à Séné :

7 Balgan 2  21 Brouel Le Goho 2

52 Langle puits  54 Kerdavid

Lorsque la nappe affleure la surface, ici ou là et particulièrement dans un bas fond, point besoin de creuser profondément pour trouver l’eau. Les anciens ont construit alors quelques marches pour descendre au fond du puits, au niveau de l’aquifère, où est aménagé un petit bassin de pierre.

Nos nombreuses « fontaines » sont en quelque sorte des « puits à escalier ».

Exemple : "fontaine" de Gorneveze :

Fontaine gorneveze

 

Quand la pluviométrie est correcte et le bassin versant suffisamment étendu, il peut surgir naturellement un flux continu d’eau, on parle de source. Une fois aménagée, on parle de fontaine à l’eau claire et régulière. C’est un peu le cas à la « Fontaine de Langle » inventoriée par la DRAC de Bretagne. Le « puits à escalier » en amont était rarement à sec et profitant de la pente, l’eau s’écoulait, alimentant le lavoir.

 

 51 Langle fontaine 1  51 Langle fontaine 3

  51 1844 Fontaine Langle Inventaire Fontaine Langle

Creusés à faible profondeur dans le sol, en bas de bassins versant, ces puits et surtout les fontainesétaient  sensibles aux contaminations par des germes fécaux en provenance de l’élevage domestique, ou des eaux usées domestiques.

Dans son livre, Camille Rolando nous fait part d’un souvenir d’enfance au village de Montsarrac :

« Pour la lavage du linge, il y avait deux fontaines disponibles, l’une au Solon et l’autre à Toul en Trech sur la route de la pointe. A intervalles réguliers, de nombreux volontaires venaient faire la chaîne pour procéder au curage de ces fontaines. Quant à l’eau potable, il fallait aller la chercher à un puits à margelle, situé entre le village et Kerarden ».

Les puits profonds approvisionnaient en eau potable et les « fontaines » en eau domestique et d’élevage.

La consultation du cadastre de 1844 permet de répertorier une cinquantaine de puits et de fontaines qui portent un nom vernaculaire, quelques lavoirs et un grand nombre d'autres points d'eau, le plus souvent des puits, indiqués par un petit cercle bleu. On en trouve dans presque tous les villages et le bourg de Séné. A vrai dire, les villages se sont établis près d'un point d'eau. Ces fontaines et ces puits, aujourd'hui perdus dans les brousailles, sont l'objet d'une rédecouverte de la part des Sinagots. Hier, elles étaient importantes pour la vie des villageois et les riverains devaient les entretenir au quotidien et notamment curer le fond des fontaines régulièrement. On trouve également aux archives du Morbihan, plusieurs délibérations du conseil municipal de Séné en vue de l’entretien de la fontaine de Langle.

Au cours de la fin du XX° siècle, leur usage a été abandonné avec l'arrivée de l'eau courante dans les maisons.

Une première liste des puits et fontaines est publiée dans le bulletin municipal de juin 1994) Celle-ci sera enrichie par la contribution de Séné d'Antan, de notre ancien maire Marcel Carteau et des services techniques de la ville de Séné courant 2016-2018. L'inventaire a été entrepris afin de sauvegarder et de restaurer la multitudes de fontaines et de puits qui sont déssiminés sur notre territoire communal.

 

Fontaine, puit et point d'eau indiqués au cadstre de 1844 :

Puit du Menieu

Puit du Versa

Fontaine de Gressignan dont l'eau rejoignait une mare qui servait d'abreuvoir.

 1844 Fontaine Abreuvoir de Gressignan

       23 Cressignan B

Bourg : puits rue des Vierges, puit du Prebsbytère, rue de la Fontaine :

 

Fontaine de Balgan

Fontaine de Barrarach avec son lavoir

Fontaine de Bindre

Fontaine de Boëd

Fontaine de Boëdic

Fontaine du Bois de Saint Laurent sur la rive du Liziec

Quatre puits à Saint Laurent encore visibles aujourd'hui.

5 0 Saint Laurent 1844

5b Puits Saint Laurent   5 2 Puit St Laurent Manoir

 

5 3 Puit St Laurent    5 4 Puits St Laurent

 

Fontaine de Canneau avec son étang aujourd'hui caché derrière un bosquet.

Fontaine Renaud près de Caneau

Deux fontaines en bas de Cariel aux noms de Feten aligen et Er Goh Feten

Fontaine de d'Aulan.

Fontaine de la Lande ( Kerfontaine)

Fontaine Er Pradeu à Brouel,

Fontaine de Falguérec

Fontaine de Goho

Fontaine de Gorneveze

66 1844 Fontaine Gorneveze  66 Gorneveze 2

Fontaine de Grand Pré à Limur

Fontaines à Cadouarn : Feten crechan et Feten Er Prat

A Ozon les fontaines de Guerimac et Grand Pré

A Ozon le puits situé tout près de l'ancien presbytère d'Ozon.

38 1844 Puits Ozon  38 Puit Ozon 2

Fontaine de Kerbiscon,

Fontaine ou Puits de Kerdavid et fontaine de Godal,

54 1844 Fontaine Kerdavid Godal

54 Kerdavid  57 Godal B

Fontaine du Grand Kernipitur et à côté de la ferme, son puits qui n'est pas figuré sur la cadastre de 1844..

75 Fontaine Kernipitur

75 Puit Kernipitur

Fontaine du Petit Kernipitur

Puits de Keravelot situé dans la cours du Manoir de Keravelo.

74 Puits Keravelot

 

74 Keravelo ferme 2

Fontaine de Ligneux

Fontaine de Michot

Fontaines du Clos Bras à Montsarrac

Fontaine de Montsarrac

32 1844 Fontaine Motsarrac  

32 Montsarrac B

Fontaine de Nerhuen à Billarec

Fontaine Pichon à Gorhfeten

Fontaine des Quatre Vents

Fontaines Poul Praaden, Prat Bras et Prat Bihan à Kerarden

Fontaine de Moucelle

Fontaine de Punsic à Canivar'ch.

 

Le cadastre de 1844 n'est pas exhaustif, il a omis d'indiquer d'autres fontaines et puits bien réels.

Puits de Bezidel 

6 Puits Bezidel

 

 

 

 

 

 

 

 

Le quartier de Saint-Laurent au nord de notre commune est riche de son patrimoine. La Croix de la Brassée est fièrement dressée non loin de la Grotte de Saint-Jean. Près de la Chapelle de Saint-Laurent, une vieux manoir en style morbihannais fièrement restauré, qui ne sera pas confondu avec le Château de Lestrénic, reconstruit en lieu et place de l'ancien Manoir de l'enclos de Lestrénic, situé à l'opposé du Calvaire de Saint-Laurent. Le promeneur pourra également rechercher des puits de pierre encore visibles aujourd'hui et les autres belles demeures du quartier de Saint-Laurent. Lire les articles dédiés.

En résumé : L'ancien manoir de Lestrénis ou Lestrenic (XVIIème siècle), fut  restauré au XIXème siècle. Il est aussi surnommé "Saint-Laurent". Construit par l'évêque de Nantes, Jehan de Malestroit. Cette propriété est vendue en 1450 par Jehan de Vannes au duc Pierre II. Certains écrits prétendent aussi que le château a été édifié par Pierre II en 1431. Abandonné, ses ruines sont rasées en 1614 et Louis XIII donne ses pierres aux Capucins de Vannes afin de pouvoir édifier leur couvent de Calmont-Haut. Le manoir est cédé en 1634, sous le nom de Saint-Laurent, aux jésuites du collège de Vannes.

Des ruines ont construit un nouveau château. Le nouvel édifice est vendu comme bien national en 1793 à M. Périer négociant de Lorient. Il devient, par la suite, la propriété successive des familles Bastide, Boulard et Eudon de Rohan Chabot (depuis 1975). Lire article sur le Château de Lestrénic.

Pour approfondir : extrait du bulletin paroissial de l'Abbé LE ROCH, enrichi de quelques illustrations.

Bulletin bandeau Haut

L'ENCLOS de LESTRENIC à SAINT-LAURENT

Notre dernier chapitre sur "LES CHAPELLES DE SENE" avait pour objet la Chapelle de Saint-Laurent, et, en complément, l'histoire des "Foires de Saint-Laurent". Nous ne saurions quitter ce quartier de Séné avant de rejoindre celui de Kerarden, sans parler de ce qui en fait également partie du point de vue historique : L'ENCLOS DE LESTRENIC", cette propriété voisine de la chapelle. L'histoire de l'enclos de Lestrénic, propriété voisine de la Chapelle de Saint-Laurent, est très probablement ignorée de la plupart sinon de la totalité des Sinagots...Et pourtant, voici ce que nous avons découvert à ce sujet.

A l'est de la chapelle et du village de Saint-Laurent, s'étend, jusqu'à longer la rivière en contre-bas, face à la commune de Theix, un vaste enclos aux murs croulants, signalé dans le cadastre sous le nom d'Enclos de Saint-Laurent".

Les ouvrages généraux sur le Morbihan n'en parlent pas et son ancien nom ne se trouve ni dans la récente nomenclature des lieux-dits, ni dans le plus ancien dictionnaire topographique du savant archiviste Rosenweig. Les habitants du village eux-mêmes l'ignorent, et pourtant ce domaine à une longue histoire puisque, avant d'appartenir aux Jésuites du Collège de Vannes, il relevait d'un manoir ducal.

Etymologie :

Il s'appelait Lestrénic et ce nom apparaît dans les archives avec des variantes : Lanstrénic, Lestrénic, Lestrénic-Saint-Laurent. Cette dernière forme rend son identification absolument indiscutable. On a voulu l'expliquer par la présence, au bas de la propriété, du chenal de Saint-Léonard. Ce serait une corruption de "Er Stéric", le "petit étier. Malheureusement cette étymologie est inacceptable.

Le mot se décompose en deux éléments : Lez et Drenic. Le premier est très répandu dans les noms bretons et signifie "résidence seigneuriale". Le second est davantage discutable. Souvent, après le mot Lez vient un nom propre d'homme, celui du seigneur fondateur. Ici, ce serait alors un certain Dren oiu peut-être Audren, sous la forme diminutive, et nous aurions donc "la résidence du petit Dren ou Audren". Mais souvent aussi le Lez est suivi d'un qualitifcatif du lieu, comme Les-Coat, "la résidence du bois". Drenic serait pour Drenec ou Dreneux, qui dénomme une île du Golfe et maints autres lieux. Le radical Dren signigie "ronce" et Drenec est "un lieu couvert de ronces". Les-Drenc devient "la résidence de la ronceraie", ainsi désignée parce que, avant l'implantation d'un manoir, l'endroit était abandonné à une végétation sauvage. C'est ce sens qui nous parait le plus vraisemblable.

Genealogie des derniers Ducs de Bretagne Maison des Montfort

Bretagne Ducs genealogie

1°-LE MANOIR DUCAL 

Pierre II de Bretagne BNF NB C 181416On ne sait rien de précis sur les origines du Manoir de Lestrénic, sinon que dans la seconde moitié du XV°siècle, il appartenait aux Ducs de Bretagne. Mais ce que nous savons, c'est que le Manoir de Lestrénic n'est devenu ducal qu'au temps de Pierre II de Bretagne, par un contrat de vente en bonne et due forme entre Pierre II, d'une part et Jehan de Vannes et sa femme, Perrine de Couldebouc, d'autre part, en 1450.[archvies Loire Atlantique -E164] Une conclusion : il faut exclure une fondation de Lestrénic antérieure à cette date : par Jean 1er Le Roux (1237-1286) ou son fils Jean II (1236-1305) dont le nom est attaché à une grotte et une croix voisine (croix de la Brassée). La première mention de Lestrénic figure dans le testament de Jean IV, daté de 1385, à l'intérieur du nom de Pierre de Lestrénic, qui était un de ses proches serviteurs. Mais il est impossible de discerner s'il était seigneur ou simple occupant du lieu.

C'est parce que cette résidence aux portes de Vannes plaisait tellement aux Ducs que Pierre II ne voulait pas se contenter d'en jouir de temps en temps comme son père, Jean V, mais qu'il désira la posséder. dans ce contrat de vente daté du 24 avril 1450, il est stipulé que Jehan de Vannes et sa femme dèdent, en toute liberté, au duc Pierre II, "un manoir et hébergement de Lestrénic, situé en la paroisse de Séné, près de la ville de Vannes, avec tous ses maisons, édifices et appartenances", moyennant la somme de 1200 réaux d'or qui leur sera versée par son trésorier Guillaume de Bogier. Et le luxe des formes employées dans le contrat de vente, pour en souligner l'entière liberté, laisse entendre que le désir de Pierre II était si fort qu'on pouvait soupçonner une pression de sa part. Un autre détail prouve que ce n'est pas sans regret que Jehan de Vannes et sa femme se séparaient de leur propriété : au cas où le Duc viendrait à s'en désaisir, il était spécifié qu'elle serait cédée à personne d'autre qu'aux vendeurs ou leurs héritiers.

Or, nous avons, par ailleurs, que Jehan de Vannes appartenait à une famille noble qui possédait les seigneuries de Scolpo (Colpo) en Bignan et de Cano en Séné. Il était Procureur et Contrôleur Général du Duc en 1439 et Président aux Comptes en 1442, donc l'un des plus hauts fonctionnaires. La famille de sa femme, également noble, était possessionnée dans la région de Redon. Ils avaient eux-mêmes acquis Lestrénic de Messire Jehan de Malestroit, "héritier de feu Révérend Père en Dieu, Jehan, évêque de Nantes et Chancellier de Bretagne.

Et puis, on constate que Jean V a signé à Lestrénic des actes en dates du 11 août 1437 et du 3 janvier 1441. C'est également, de Lestrénic, qu'un de ses successeurs, François II, accordera à Françoise d'Amboise, le 19 juin 1462, l'autorisation de fonder un couvent de Carmélites à Notre-Dame du Bondon. A cette époque, Lestrénic était donc bien, mais depuis peu de temps, propriété ducale.

Jean de Malestroit tombe NantesDans les comptes du Duc, à la date du 16 juillet 1431, figure un mandat de paiement "à Monseigneur le Chancellier pour lui aider à édifier son hôtel de Lanstrénic, près Vannes, à ce que le duc y peut aller à l'ébat". Le Chancellier, second parsonnage du duché, était alors un ancien chamoine de Vannes, Jehan de Malestroit, devenu successivement évêque de Saint-Brieuc et de Nantes. Le texte semble donc indiquer que le manoir lui appartenait et était alors en construction. Le duc lui accorde une aide en argent parce qu'il tenait la possibilité de jouir de cette propriété pour s'y divertir et s'y reposer. De tout ceci, il est normal de conclure que ce fut ce dernier, Jehan de Malestroit qui fut le constructeur du manoir de Lestrénic.

Jehan ou Jean de Malestroit est archidiacre du diocèse de Nantes. Il est élu évêque de Saint-Brieuc en 1405, puis entre au conseil privé du duc, puis devient gouverneur général des finances de Bretagne en 1406, Premier Président de la Chambre des comptes de Bretagne au début de l'an 1408, puis Chancelier du duc et Trésorier-receveur-général du duché de Bretagne quelques mois plus tard. Il est transféré au diocèse de Nantes le 17 juillet 14193.

En tant qu'évêque de Nantes, il lance, avec le duc Jean V, le chantier de construction de l'actuelle cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Le duc et l'évêque en posent la première pierre le 14 avril 1434. (Source wikipedia).

A/-La belle période du manoir : 

Au XV°siècle, les témoignages se multiplient qui font de Lestrénic une des résidences favorites des Ducs de Bretagne quand ils séjournaient à Vannes. On prétend que Jean V et la duchesse Jeanne de France s'y trouvaient quand, en 1418, Saint Vincent Ferrier fut accueilli à Saint-Laurent. (..alors qu'ils n'en étaient que les hôtes et non les propriétaires).

C'est à cette époque aussi que le duc Pierre II fit construire une canalisation pour alimenter en eau le manoir. Cette canalisation partait de la métairie du Guern en Saint-Nolff qui appartenait à un seigneur d'Elven nommé Jehan de Camarec. En compensation, cette terre fut anoblie et donc exemptée d'impôts. C'est ce qu'affirment les rapporteurs chargés de relever les terres nobles de la paroisse de Saint-Nolff. On peut donc conclure que tout au long du XV°siècle, les Ducs de Bretagne n'ont cessé de témoigner de l'intérêt au manoir de Lestrénic.

B/-La décadence :

Avec le rattachement de la Bretagne à la France, le manoir de Lestrénic allait être incorporé au Domaine Royal et risquait de demeurer inhabité. Après la signature de l'Acte d'Union, à Nantes en 1532, François 1er, Roi de France, céda la jouissance de Suscinio et de Lestrénic à la belle Florence de Foix [1495-1537], favorite de François 1er, épouse de Jean de Laval, sire de Chateaubriant. Quand elle mourut, le manoir fit retour au Domaine Royal et à partir de cette date, sa ruine va se précipiter.Madame chateaubriant foix g

En 1614, les Frères Mineurs Capucins obtinrent de Laurent PESCHART, Sieur de Lourme, un terrain en bordure de sa propriété de Limoges à Vannes, pour y fonder un couvent. (Grand Séminaire actuellement). Ils pensèrent que les belles pierres du manoir abandonné de Lestrénic pourraient servir à leurs constructions, et ils adressèrent une requête en ce sens au Roi Lous XIII qui séjournait à Nantes. La question fut soumise pour avis au Sénéchal représentant le Rois à Vannes. La réponse fut nette. Depuis une quinzaine d'années, les toitures de Lestrénic avaient disparu, et la charpente s'était effondrée. S'il fallait la restaurer, la réparation coûterait plus cher qu'une construction neuve. Les pierres et les autres matériaux étaient devenus inutiles : loin d'apporter les lieux pour les faire servir à d'autres usages. Le Sénéchal se montrait donc très favorable à la demande des Capucins, sous la seule réserve que seraient respectés les quelques bâtiments encore couvert et les murailles de l'enclos.

Le roi donna son accord, le 26 août 1614, mais en prescrivant de faire, avant la démolition, une description des lieux. cette disposition nous a valu une description détaillée, faite en présence du Sénéchal, Jean MORIN, Sieur de la Vieille Vigne, par experts qualifiés : Etienne Blanchard, un architecte de Nantes, occupé à la démolition du chpateau de l'Hermine à Vannes, Gilles Le Douarin, maître maçon et Julien Le Nivet, demeurant aux faubourg de Vannes. Le compte rendu fournit de nombreuses indications. Malheureusement, faute de plan, il est difficile de les suivre. Celui que Guyot-Jomard a cru pouvoir reconstituer, manque encore de précision et me semble inexact.

On peut retenir tout de même que le vaste domaine était entouré de murs qui en faisaient un enclos et dont le dessin général a été conservé. On y pénétrait par un grand portail voûté en pierre de taille et une petite porte pour les piétons. Le principal corps de logis était long de 8 toises et demie, c'est à dire d'environ 17m entre ses pignons pour une largeur de 8m. Il comprenait une salle basse éclairés par six fenêtres aux croisés de pierre et deux étages. Aux murailles, restaient accrochés quatre grilles de fer qui, sans doute, protégeaient les ouvertures. ce bâtiment, tant du côté de Saint-Laurent que du côté du parc était flanqué d'une chambre basse adjacente au pignon. Une tourelle avec un escalier à vis desservait les étages. Jusque là, on voit assez bien la distribution. Où la difficulté apparait, c'est quand il faut situer les autres logis, faute de connaître la position des deux cours et du jardin qui sont donnés comme repères. Du côté droit, comme on entrait, il y avait une chapelle bâtie sur une cave, deux petits logis couverts de paille qui la joignaient, et "au-dessus et au même rang" trois corps de logis ruinés. De l'autre côté, on signale un corps de logis "vers le jardin", un autre s'avançant vers la cour, deux entre l'escalier et l'autre cour, qui joignaient le portail et le long desquels règnait un appentis. Bref, c'était une construction très importante mais presque complètement ruinée. Les toitures s'étaient effondrées et quelques poutres demeurés en place indiquaient les plafonds.

Le manoir était cependant habité par un fermier nommé Yvon LAYEC qui s'était péniblement installé parmi ces ruines. "Au bout du logis dudit manoir", à ses frais, il avait ouvert un appentis qui lui servait d'habitation. Il abritait ses bestiaux dnas les deux bâtiments couverts de chaume, près de l'ancienne chapelle, et contre la chambre basse, avait aménagé un abri pour son pourceau. Encore toutes ces constructions elles-mêmes menaçaient ruine mais, conformément à l'ordonance royale, elles serons respectées.

Les travaux de démolition furent donc entreprise au profit des Capucins, non sans qu'une nouvelle opposition leur ait été faite de la part du Procureur des Eaux-et-Forêts, le 25 août 1617. Il tenait à vérifier les titres des concessions qui leur avait été accordées par Louis XIII. Et c'est ainsi que le manoir de Lestrénic fût complétement rasé.

2°- LE DOMAINE DES JESUITES 

Lestrenic livre

En 1634, le rois Louis XIII fit don aux Jésuites qui dirigeaient le Collège Saint-Yves de vannes (actuellement le collège Jules Simon) du parc de Lestrénic. Il entendait ainsi leur marquer sa reconnaissance "pour" le soin qu'il apportaient à l'instruction de la jeunesse, tant en vertu et en piété qu'en "belles-lettres". les lettres patentes du roi furent publiées au prône de la grand'messe dans "les trois paroisses champêtres" de Séné, Theix et Saint-Patern. en 1658, Louis XIV confirma cette donation en y ajoutant cinq pièces de terres labourables et deux sous lande, toutes situées dans l'extérieur des murs. L'une d'entre elles se dénommait "le clos de la foire". La propriété était exempte d'impôts. Les seules obligations étaient, à l'avénement du roi, de lui prêter serment de fidélité, de faire prière et oraisons pour la prospérité de Sa Majesté, et de verser symboliquement à la recette du domaine 5 sols tous les ans.

A/-La ferme de Lestrénic :

Quand les Jésuites reçurent la propriété du parc, celui-ci était quasi-délaissé. Les murs qui l'entouraient tombaient en ruines. Les anciens bâtiments, nous lesavons déjà, avaient été rasés au profit des Capucins de Vannes. Seuls demeuraient un petit logis et le colombier vouté.  Quelques parcelles de terres étaient labourées et ensemencées, d'autres cultivées en jardin ou mises en pâture. A la place de l'ancienne fûtaie, on ne voyait plus que des souches. Les arbres avaient été abattus pour servir à la construction du navire "La Couronne", un grand vaisseau de 74 canons qui sortit en 1637 des chantiers de la Roche-Bernard.

La Couronne Vaisseau

Au bas du parc, un étang qui servait de vivier écoulait le trop-plein de ses eaux dans le ruisseau de Saint-Léonard. La propriété couvrait au total environ 80 journeaux, soit une trentaine d'hectares. Elle était toujours louée à la famille Layec de Saint-Laurent qui jusque-là acquittait 120 livres de fermage au profit de Marie de Médicis, la mère de Louis XIII.

Devenus propriétaires, les Jésuites continuèrent leur bail aux Layec, mais ils avaient l'intention de faire du Parc de Lestrénic une "campagne" , nous dirions aujourd'hui, une résidence secondaire, où les Pères viendraient se reposer et jouir d'une agréable détente. En 1647, ils construisirent un corps de logis qui est à l'origine de l'actuel "Château de Lestrénic". A partir de cette date, les baux mentionnent qu'il réservent "le petit enclos dans lequel est bâtie la maison", le colombier, l'étang et les grandes allées. Au fil des ans, les fermages augmentent, attestant une meilleure rentabilité des terres, à moins que ce soit une dévaluation de la monnaie ou les exigences accrues des nouveaux propriétaires, peut-être tout cela en même temps. En 1658, la bail passe à 300 livres, en 1674 à 420, en 1685 à 500, ce qui était sans doute excessif, car il sera résilié avec une clause interdisant de toucher aux arbres et de cuillir les fruits.

B/-L'exploitation directe :

Au XVIII°siècle, les Pères ont préféré exploiter eux-mêmes le domaine. Ils utilisaient un personnel nombreux qui comprenait, outre les gens habitant la propriété, des journaliers er aussi des artisans : menuisiers, charrons, tonneliers, sans oublier un taupier. En 1760, , le jardinier s'appelait André GUILLOTO [marié à Saint-Servant  le 20/7/1745 avec Simone GUEHO]. Il recevait 120 livres par na et les graines étaient vendues à mi-profit. On devait le nourrir avec du pain appelé "bon et mal" dont nous avons trouvé mention sans savoir en quoi il consistait. Sa femme et sa fille Mathurine gardaient des dindons. Jacques PAPILLON et Pierre LE BELLER, respectivement 2ème et 3ème jardiniers, étaient payés  à 48 et 12 livres. Guillaume CELIBERT, âgé de 20 ans était charretier, et Mathurine LE BAGOUZE, de Séné, berger. La première domestique, Guillemette, de Ploeren, avait 48 livres de gages. Olive soignait les vaches que gardait Jeanneton DANIEL. Marion, sa soeur, avait la responsabilité de la basse-cour et du jardin. Tout ce monde était nourir et logé à la feme, chaussé de sabots, certains jusqu'à 6 paires et recevait des étrennes tarifés. Le journalier Yvon, de Bohalgo, avait un réfime à part. Pour 9 sous par jour, il tenait lieu de second garçon, et s'occuapit des chevaux. Il aidait, en outre, à labourer, à faire la moisson et à ramasser les dîmes de Saint-Avé qui appartenaient au Collège (des Jésuites). Comme les autres journaliers, il n'avait droit qu'à la soupe trempée.

Il faut croire que les Pères Jésuites trouvaient encore leur profit à ce genre d'exploitation. E, 1761, ils récoltèrent 13 "perrées" d'avoine, 'la perrée de vannes valait 17 décalitres 171), 11 de seigle, 9 de gros froment, 6 de petit, 9 de blé noir, 6 quarts de pommes de reinettes, 5 de poire de Quessoit, 2 d'oignons. Il n'est pâs fait mention de rapport des étables et de la basse-cour, mais on préleva 7 douzianes de pigeons. Les produits alimentaient le Collège, et le surplus étaient vendus. Jean LE ROUX, de Groutel, un adolescent de 15 ans, conduisait la bourrique, et Simone GUEHO , [la femme du jardinier], écoulait les denrées sur la place des Lices. Malgré la sécheresse, ces documents nous révèlent certains aspects de la vie rurale sous l'Ancien Régime. La main d'oeuvre était surabondante et si les ressources demeuraient très minces, le travail était très très largement partagé, et le rythme très soutenable. On n'étiat pas riche, mais on vivait.

La Révolution de 1789 va perturber cet état de choses. Déjà, en 1762, les Jésuites avaient dû quitter le Collège, mais Lestrénic continua d'en dépendre. C'était sans doute un but de promenade pour les élèves. Un acte du 6 août 1789 nous apprend en effet que messire Auguste Charles de COULANGES, "écolier de la Marine'", âgé de 13 ans et demi, se noya accidentellement sur le rivage de la mer voisine de Lestrénic et fut inhumé dans le cimetière de Séné.

Il était un des enfants de Jean Gabriel François Louis de CONTAUD Baron de Coulange.

1789 COULANGE Auguste noyade

Les institutions scolaires ne résistèrent pas plus que les autres aux bouleversements révolutionnaires. Avant même que le Collège ne fut définitivement fermé en 1795, les biens qui constituaient sa dotation tombèrent dans le domaine public. La terre de Lestrénic et ses dépendances furent mises en vente comme Biens Nationaux et adjugés le 13 juillet 1793 pour la somme de 40.400 livres à Auguste PERRIER, négociant à Lorient. Ce même PERRIER rachètera le domaine de Cantizac (lire article).

L'ancien manoir ducal sortait ainsi de la grande histoire pour devenir une simple propriété privée.

Bulletin bandeau Bas

Lire article sur le Château de Lestrénic 

 

 

-

L'extraction du sel dans les marais salants de Séné s'est développé de la fin du XVIII° siècles et jusqu'à l'entre-deux-guerre qui a vu la disparition des derniers paludiers de la commune.

Une fois le sel récolté dans les oeillets des marais salants, il fallait le stocker pour le metttre à l'abri de la pluie et ...des voleurs!

Morbihan salines

Tableau de Marcel MENTHENHOVEN Chemin de Morbihan vers 1935

Les douaniers en poste à Séné avaient pour première mission de veiller à la contrebande du sel en surveillant les les marais salants à partir de guérites disposées le long du littoral de Séné,Ils veillaient également à la sécurité du sel récoltés par les paludiers et les paludières, qu'il s'agisse des mulons (tas de sels) ou des salorges. Ces magasins de stockage du sel étaient régis par des régles que les douaniers devaient faire respecter.

Traité pratique des douanes

Les marais de Séné ont compté jusqu'à 4 salorges à Billarec, à Kerbiscon, aux Quatre-Vents et à Michotte.

Billarec : 

On fait mention d'un salorge à Billarec sans que l'on sache où le situer.

Kerbiscond :

Le dénombrement de 1841 répertorie le brigadier François REY, les sous-brigadiers Guillaume Deloget et Jean Cariaux, et 11 préposés des douanes (Jeffredo, Jego, Guillo, Quintin, Lerousique, Fily, Lefetisse, Lestutour, Jouanno, Digué et Leguentice) avec leur familles. 

La cadastre de 1844 indique la présence d'une caserne dite de Kerbiscond, située près de la saline de Kerbiscond, mais que l'on ne confondra pas avec la ferme de Kerbiscond, quant à elle située au bout du chemin de Balgan.

 1844 Kerbiscond fontaine caserne salorge

Quant au salorge, il devait se situer à proximité de la caserne, sans doute le bâtiment figuré en rose sur ce plan en limite de la saline. Il faudrait faire des fouilles sur la parcelle n°0017 pour peut-être, retrouver les traces des fondations de la caserne et du salorge.

Kerbisconb caserne salorge

 

Quatre-Vents :

L'xistence d'un salorge près de la caserne des Quatre-vents nous est attestée par ces deux annonces d'adjudications publiques.

Salorge 1890 Dolan

Salorge 1939 dolan

Le salorge était située sur la parcelle 217P, à quelques pas des fenêtres de la caserne. Il faudrait sans doute faire quelques fouilles sur la pârcelle n°0090, pour peut-être retourver ses fondations.

Salorge 4 Vents

 

IGN Salorge Quatre Vents

Michotte : 

Le salorge de Michotte est parvenu jusqu'à nous. Le bâtiment en ruines est visible au sein de la Réserve de Falguérec.C'était le plus gros de magasins de stockage du sel extrait dans les salines de Séné. On peut regretter que cet élément du patrimoine paludier de Séné ne soit pas restauré en bonne intelligence avec la préservation de la quiétude des oiseaux...

Salorge Michotte ruine

Le plan de 1882 le nomme "usine" où d'ailleurs travaillaient plusieurs ouvriers comme en témoignent ces articles de presse qui relatent les médailles de travail qu'on leur a décernées.

Salorge Médaille Michotte

 

 

 

 

 

Wiki-sene  reproduit ici différentes cartes de notre commune au fil du temps.

Disponible sous sa forme originale au Archives Départmentales ou sur le site de l'IGN.

 La carte dite de Cassini date du XVIII siècle. La plus part des lieux dits sont cités :

Barara, Coenwarch, Cariel, Kerdavid, Cadoarn, Corneve, Moustarion, Auzon, Kerleguen, Kerardenne, Monsarrac, Passage, Michot, Cresignan, Le Goevor, Falguerec, Doland, Maindre, Broel au côtés des îles de Boete et Boedic.

Et au nord, Cantizac, Keravelo, Canneau, Kernipitur, Bezidel, Kerbiscon, Le Verzat, Saint Laurent, Limur avec son ruisseau 

Le cartographe a figuré les moulins de Cantizac, de Bilherbon avec leur étang respectif et le moulin à vent de Cadouarn.

L'église est figurée ainsi que les chapelles de Boed (Saint Vital), de Boedic et d'Auzon (Saint Sébastien) ou de Saint-Laurent.

On note aussi le dessin des salines sur la rivière de Saint-Léonard, à Boed et côté Vannes.

 

 



Mémoires du Sel

f 1

Yvon Dufrêne - Sept.1996

Histoire des marais salants de Séné

 

f 2

1-POURQUOI DES MARAIS SALANTS A SENE ?
Si de nos jours, le sel ne joue dans l'économie mondiale qu'un rôle mineur, son importance autrefois peut se comparer à celle du pétrole aujourd'hui.
Depuis le XIX° siècle, dans les pays développés, avec l'avènement de la civilisation industrielle, les besoins en énergie forment la préoccupation majeure. Dans les siècles précédents, il s'agissait avant tout de se nourrir, de manger à sa faim.
Il y eut naguère des "guerres du sel" comme à notre époque des "guerres du pétrole". Posséder du sel, en contrôler la vente, la taxer, était source de richesse. Les pouvoirs l'ont vite compris. L'impôt sur le sel n'a été supprimé en France qu'en 1945.

f 3

Du saloir à l'usine
Denrée de première nécessité : substance vitale, condiment par excellence, agent conservateur, l'importance du sel dans la vie domestique fut primordiale pendant des siècles.
Au XVIII° siècle, période de création des marais salants de Séné, et jusqu'au milieu du XX° siècle, son rôle était irremplaçable dans la conservation des aliments.
Depuis l'antiquité, on avait pressenti les vertus antiseptiques du sel et son pouvoir déshydratant et on les utilisa pour la conservation des viandes, des poissons, et des produits laitiers.
" Gant halen e vez kasset blas ar goular...
Avec le sel on retire le goût du fade "
La Bretagne était sous l'Ancien Régime, pays de franc-salé, c'est à dire ne payant pas la gabelle, cet impôt sur le sel particulièrement haï partout ailleurs en France. Aussi notre région fut elle logiquement célèbre pour ses salaisons.

Salaison des viandes
Dans beaucoup de foyers, on possède encore ces charniers de terre cuite où l'on conservait la viande de porc salée et qui ne furent détrônés par le congélateur que dans les années 1960-1970.
En plus du porc on salait aussi la viande de bœuf. "'Dès la fin du moyen-âge, les salaisons de viandes de bœuf entrent dans t'avitaillement des navires bretons et européens, autorisant des pérégrinations sur mer sans qu’il ne soit nécessaire de toucher terre. Les grands ports, Brest, Lorient, siège de La Compagnie des Indes, et Nantes, point de départ du Commerce triangulaire en sont demandeurs pour leur vaisseaux de commerce ou de guerre (1) "
(1) Gildas Buron dans "Quand les Bretons passent à table"

Salaison des poissons
Outre les viandes on salait aussi les poissons
" Dans les limites du domaine breton, on inventorie une infinité d'espèces qui ont fait l'objet de préparation à sec ou de techniques spécifiques de saumurage ... Les pêcheurs, fournissant en période de Carême à l'arrière-pays et aux villes de Bretagne, toutes espèces de poissons salés susceptibles de figurer aux, menus des tables des élites et des classes populaires, faisaient intervenir [e salage à un stade ou à un autre des procédés de conservation. (1)


Le long des côtes morbihannaises existaient de nombreuses presses à sardines dans lesquelles les poissons étaient salés et disposés dans des barils percés pour y être pressés. Voilà comment Le Masson du Parc décrit, dans son rapport sur les pêches, les presses à sardines à Belle-Ile en 1728:

"Les presses à sardines sont des espèces de petits magasins à rez-de-chaussée sans aucun étage. A la hauteur de trois pieds et demi à pieds sont des trous dans la muraille d'environ un pied en quarré et de profondeur pour y pouvoir placer le bout de l'anspect ou petit soliveau qui forme le levier de fa presse. On place le baril à distance proportionnée de la muraille. Le fond qui est percé est sur un conduit ou petit égout le long duquel coulent l’huile et l’eau qui sortent des barils et qui tombent dans une espèce de cuve qui sert de réservoir pour recevoir tout ce qui sort des barils ou des presses ...
On place sur le bout du haut du baril qui est ouvert un faux-fond de bois de l'épaisseur de 7 à 8 pouces et ensuite quelques petites traverses de bois qu'on multiplie à mesure que les sardines s'affaissent, et au-dessus, on met le levier au bout duquel on place une planche suspendue avec de petites cordes, comme un des fonds d'une balance, que l’on charge de pierres et d'autres poids pour faire un poids convenable et suffisant sur les sardines du baril, et on augmente ce poids à mesure qu'elles se pressent, en remplissant: de tems à autre le haut du baril jusqu’à ce que la presse soit achevée et le baril rempli comme il doit être. (2)
(2) ADM (9 B 257)

Le paludier de Séné, quant à lui, salait les anguilles qu'il pêchait lors du rayage des vasières (opération qui consistait à assécher les vasières pour enlever la vase molle et les végétaux qui s'y étaient accumulés).

Les anguilles pêchées dans les vasières étaient pour partie conservées dans le sel et pour partie vendues au bourg de Séné.

" On commençait par les trier. 'Elles étaient salles et mises dans un charnier comme le cochon. Les plus belles anguilles, on mettait ça dans un fût de bois : une demi-barrique, en couches, bien salées.
'Et en hiver on les griffait sur le feu de bois et on tes mangeait avec des pommes de terre chaudes Le soir. On les mettait un peu à dessaler avant, parce que le sel s'était tellement imprégné qu'on aurait eu du mal à les manger. "
" On attelait le cheval au char à banc et on allait tes vendre au bourg de Séné et dans le Grand Village tous les jeudis soirs. Comme vendredi, en ce temps-là c'était le jour du poisson, on n'avait pas de mai à les vendre. C'était commandé à l’avance. La grosse partie était pesée à la maison, par deux, ou trois kilos pour les familles qu'on connaissait. "
(Témoignage de Ferdinand Quester)

f 13

Les tanneurs employaient le sel pour le traitement et la conservation des peaux.
Requête des bouchers de Pluvigner présentée par le maire en 1807 au Préfet du Morbihan.

Salaison des produits laitiers
Sur tout le littoral atlantique, on sale le beurre, autrefois pour le conserver, aujourd'hui pour satisfaire le goût du consommateur. Le beurre salé amanenn sall est toujours préféré, en Bretagne au beurre doux amanenn douss
"La crème était battue dans des barattes verticales, le plus souvent en bois cerclé, parfois en terre dont on laissait retomber en cadence le bâton de baratte, ar vazh – ribot. Par la suite, vinrent différents modèles en bois plus aisés à utiliser: parfois toute fa baratte tournait sur son axe....
Les mottes étaient ensuite mises en forme et décorées à la cuillère de bois ou avec des marques en buis,"
(3) Boued, expressions culinaires - Patrick Hervé

Le sel n'a pas seulement été utilisé dans l'alimentation humaine ou animale. Au Moyen Age dans certaines régions on plongeait les bois de charpente dans de la saumure pour favoriser leur conservation.
En médecine, il servait aussi dans la préparation de potions.
Pline dit que le sel guérit des morsures de serpent, des piqûres de scorpion, les ulcères et les verrues.

Conservation et traitement des peaux
Les tanneurs employaient le sel pour le traitement et la conservation des peaux
En août 1807, le maire de Pluvigner écrit au Préfet du Morbihan pour lui présenter la requête des bouchers de sa commune qui souhaitent pour le salage des peaux "être autorisés à acheter avec les fabricants de sardine les sels qui sont jetés à la mer à la sortie des presses.
Ces sels sont meilleurs pour la conservation des cuirs et la régie des Douanes ne peut avoir la crainte qu'ils soient employés à une autre destination. "
A.D.M ( P 207)

Fabrique de produits chimiques
A partir du XIXème siècle, l'industrie chimique sera grande consommatrice de sel.
En 1852 Mrs La Gillardaie, frères et Cie, négociants à Vannes souhaitent établir une fabrique de produits chimiques à Séné. Ils obtiennent en avril 1853 "L'autorisation d'établir au lieu-dit La Garenne près du village de Montsarrac en la commune de Séné, une fabrique de produits chimiques, tels que sulfate de potasse, chlorure de potassium cristallisé, alun, nitrate de potasse, iode, brome, iodures, bromure."
A.D.M ( 5M 223 )

Le besoin d'argent des chanoines du chapitre de Vannes

En 1720 les Chanoines du Chapitre de Vannes avaient perdu beaucoup d'argent dans la banqueroute de la banque Law. De nombreux capitaux leur avaient été remboursés en billets de banque et ces billets perdirent en très peu de temps leur valeur.
D'autre part, le bas chœur de la cathédrale avait besoin de travaux urgents.
Ils pensent trouver une solution à leurs ennuis financiers en créant des salines à Séné sur des terres bordant la rivière de Noyalo et faisant partie du domaine maritime royal.
Au nom du Chapitre, Mgr Antoine FAGON [1665 Paris – 16/2/1742 Plescop], évêque de Vannes (1719-1742), fils du premier médecin de Louis XIV, sollicite du roi Louis XV la concession de ces terres.

En Conseil d'Etat, le 7 février 1 721, le roi accède à cette requête et "accorde aux doyen, chanoines au chapitre de la cathédrale de 'Vannes la jouissance à titre d'inféodation, d'un terrain inculte que la mer couvre de son reflux chaque jour, situé clans la paroisse de Séné. . . terrain accordé pour soulager une pauvre cathédrale. "
A.D.M(69 G 1)
L'annonce en est faite "aux prônes des églises des paroisses voisines dudit terrain" trois dimanches consécutifs afin de permettre à ceux qui s'y opposeraient: riverains et autres voisins, de faire appel de cette décision.
Ces "bannies" eurent lieu à Séné, ainsi qu'à Saint Patern et Noyalo, "les dimanches 18 et 25 mai et 1er juin 1721"
Voir A.D.M (69 G 1)


Un milieu favorable
Le choix des Chanoines s'expliquent aisément. Dans la presqu'île de Guérande, depuis le IXe siècle, l'industrie du sel était florissante.
En 854, le Comte de Vannes, Paskweten avait fait don aux religieux de Redon de terrains sis à Guérande pour y établir des salines.
Les moines de l'abbaye de Saint Sauveur de Redon et de l'abbaye de Prières exploitaient eux aussi depuis longtemps des salines en presqu'île de Rhuys et à Billiers
Le 4 novembre 1 725, cinq paludiers: Jullien Jaunais, Jacques Richard, Jan Le Heudé, Pierre Briant et Louis Landay venus de Saillé et de Batz sur mer, après "avoir vus et visités ledit terrain ", déclarent : "unaniment qu'il est propre pour faire des maraix salans et que les dits sieurs au chapitre ne peuvent faire une chose plus utile et plus avantageuse pour eux que de faire travailler incessamment à la construction des dits marais "
f 16

Procès verbal fut rédigé en l'étude de Maitre Le Dréan, notaire royal à Vannes.Les paludiers déclarant" ne savoir signer" donnèrent procuration de signature à cinq vannetais présents. A.D.M ( 69G 1)

2 CONSTRUCTION DES SALINES

L'arpentage du terrain
Le 21 juillet 1723 la Chambre des Comptes de Bretagne désigne Maître Couradin pour procéder avec un arpenteur au mesurage des terrains sur lesquels seront construites les salines
Le 2 mai 1724, Messire François Bachelier chevalier, Seigneur de Bercy, Conseiller du Roi et les autres membres de la commission constituée à cette fin: Olivier de Kermasson, conseiller du Roi, substitut du procureur du Roy et maître Julien Le Simple, huissier ordinaire de la Chambre des Comptes de Bretagne, quittent Rennes pour Vannes. Ils y arrivent le 3 mai sur les sept heures du soir. A une distance d'une demi lieue de la ville ils sont accueillis par "les nobles et discrets messires Pierre Dondel et Hyacinthe Huchet chanoines " venus faire de la part du chapitre "les compliments de bienséance". Ceux-ci les engagent "à prendre place avec eux dans un carrosse venu à cet effet". Ils les conduisent rue Notre Dame paroisse du Méné où un logement a été préparé et où d'autres chanoines ":Messires Augustin de Langle, Joachim Eugène de Trevelec et Jean Baptiste Maurice "les attendaient pour leur présenter, eux aussi leurs civilités.
Le lendemain le 4 mai, Maitre Julien Le Ray greffier des juridictions des réguaires de Vannes, chargé de rédiger le procès verbal et Maitre Pierre Julien Moreau priseur et arpenteur au présidial de Vannes prêtent serment de "bien et fidèlement se comporter" dans leur mission et vers 8 heures, ils partent tous, accompagnés par l'un des chanoines Messire Jean Baptiste Maurice.

L'arpentage dura deux jours. Procès verbal de mesurage et de débomement de salines 3 et 4 may 1724
A.D.M ( 69 G 1 )

La construction proprement dite de 1 725 à 1742
La construction des salines ne commença pas immédiatement après l'ar¬pentage à cause de divergences de points de vue entre les chanoines. Certains étant semble-t-Il sceptiques quant au résultat de l'entreprise
En 1725, les notaires royaux à la demande de Mgr Fagon mettent en de¬meure le Chapitre de commencer les travaux.

Le 4 novembre 1725, afin sans doute de prévenir toute contestation ultérieure, les paludiers qu'on a fait venir de Batz sur mer et de Saillé déclarent le terrain propre à édifier des marais salants et procès verbal est dressé (voir plus haut).
Dès le 25 mai 1725 Julien Jaunais, Jacques Richard et Pierre Brian avaient été embauchés comme paludiers entrepreneurs pour un salaire mensuel de 25 livres chacun. En octobre 1725, ils furent rejoints par Gui¬gnolet Guénésan à qui on versa 2 livres pour le voyage de Guérande à Séné.
Ces entrepreneurs de marais étaient des paludiers chevronnés qui quittaient provisoirement leur exploitation pour aller ailleurs construire des salines.
Véritables architectes, ils devaient créer et modeler l'espace en fonction de l'état des marais préexistants et de nombreux paramètres: niveau des marées qui conditionne l'alimentation en eau de mer, orientation des œillets pour tenir compte de l'ensoleillement et des vents dominants, calcul de la capacité des réservoirs en fonction du nombre d'œillets prévus.
La quantité de sel produite sur une saline dépend de l'exactitude des observations faites sur les lieux : certaines salines seront plus productives que d'autres.
"Professionnel de fa saunaison, observateur méthodique, créateur et modeleur d'un espace nouveau, le paludier entrepreneur est à la fois technicien et artiste. Il doit également être un chef capable de diriger un grand nombre d'ouvriers."
Pierre Dalido (Cahiers d'Histoire Maritime du Morbihan N°23) :

f 19

Un vaste chantier
De nombreux comptes tenus avec soin nous livrent une foule de renseignements et nous donnent ainsi une idée de l'importance du chantier.
"Compte que rend Monsieur Nebout tant en charge qu'en décharge des sommes qu’il a touchées par ordre de monseigneur l’Evesque de Vannes pour faire construire des salines dans le terrain que sa Majesté a accordé au chapitre dans la paroisse de Séné 1725 "
"Compte que rend Monsieur Nebout Chanoine des sommes qu’il a touchées du clergé par ordre de Monseigneur l'Evesque de Vannes pour la continuation des ouvrages des salines dans ce terrain que sa majesté a accordé au chapitre et ce depuis le compte qu’il a rendu au chapitre le 28 février 1727 "
"Registre des marchés fait pour la continuation des salines et payemens janvier 17 30 "

Pour débarrasser les marais de toute leur végétation, pour creuser les réservoirs (vasières et cobiers) pour "lever les fossés" (édifier les talus) et" les ponts " (petites diguettes -cloisonnant les salines et séparant les œillets, bassins où le sel se cristallise) , une main d'œuvre considérable a été employée, constituée de " journaliers " recrutés à Séné et dans les paroisses voisines.
Les appels d'offre étaient, sans doute, faits aux prônes du dimanche dans les églises et les chapelles.
Monsieur Julien Cougan, le curé de Séné, * est appointé par le chapitre et" reçoit 15 livres par mois pour veiller sur les ouvriers.
Le salaire des journaliers était de 8 sols pour la journée pour les hommes et de 5 sols seulement pour les femmes l**
* *En Bretagne, le curé est en fait le vicaire. Le recteur est Pierre Le Neveu
** Une bouteille de vin rouge coûte 10 sols, un bouteille de vin blanc 5 sols, un pain 5 sols ("Compte du vin que jay fait donner aux paludiers par ordre de monsieur l’Abbé Morice juillet 1731 "A.D.M 69 G 3
Sur une autre note: ''payé k 2 mais de bouteilles de vint blan et un costellest de larre 1 livre 5 sols 1730 "A.D.M ( 69 G 2)

Le salaire journalier sera porté à 10 sols en 1 738 (Compte de réparations faites aux salines 1738 A.D.M. (69 G 2 )

Le 23 juin 1725, pour une semaine, 934 livres furent payés pour" travaux de journaliers"
En comptant six jours de travail par semaine à 8 sols la journée, on peut estimer à 390 à 400 le nombre de journaliers travaillant certains jours sur les marais. •

Après les gros travaux de terrassement, on peut passer à la réalisation beaucoup plus technique et délicate des salines.
Cela se fait sous la direction des entrepreneurs de marais et de paludiers venus de Batz sur mer pour la plupart. Ces paludiers prirent ensuite en char¬ge l'exploitation des marais salants pour le compte du Chapitre.
D'autres corps de métiers intervinrent aussi: bûcherons et charpentiers:
Les réservoirs (vasières et cobiers) sont séparés de la saline proprement dite avec ses bassins de concentration (fares et adernes) et ses œillets par un talus que l'eau de mer franchit à travers un conduit souterrain.

Ces buses, qu'à Séné on appelait des tuits ou thuys (cui à Guérande), étaient:
-ou deux demi troncs d'arbres creusés à l'herminette et assemblés l'un sur l'autre et calfatés: "alloué de la somme de cent lires payée au sieur Danet suivant la quittance du 27 avril 1727 pour un tronc d'arbre de quarante pieds de longueur et de onze de grosseur pour faire deux tuits de vasière" *
A.D.M (69 G 2)

Pour les fabriquer, on alla chercher des bois jusqu'à Auray : "alloué de la somme de soixante quatorze livres payée le 30 avril à Jean ROZO et consorts charpentiers pour avoir exploité ledit arbre et amené d’Auray aux salines " A.D.M (69 G 2)
- ou des tuyaux de bois de section carrée et formés de 4 planches clouées les unes sur les autres
"alloué de la somme de cinquante deux livres seize sols pour huict planches de bordage de 2 pousses d'épaisseur et de 22 pieds de longueur pour faire 2 tuits pour la saline à six sols le pieds le 22e mars 172 7 "*
"alloué de la somme de huict livres payée à Danet le 5° avril 1727 pour la façon des dits tuits et avoir fourny les clouds,"
Dans les planches de l'extrémité des tuits des trous étaient percés et selon le débit d'eau souhaité, on obturait plus ou moins de trous avec des chevilles de bois
* un pied = 0, 325 m un pouce = 0,027 m 40 pieds = 13 m ; 11 pieds = 3,575m
22 pieds= 7, 15 m; 2 pouces= 5,4 cm

f 21a
Les tuits ou thuys (XVIII°siècle) (cui à Guérande)
Ce sont des buses de bois permettant le franchissement des talus qu’on appelle fossés à Séné.
A l’extrémité des tuits des chevilles de bois obturant les trous pratiqués dans les planches fermant le conduit permettent de régler le débit de l’eau.

f 21bSaline du Grand Daulan

3-PRODUCTION DU SEL

Comment produit-on le sel ?

" Pour mettre en réserve l'eau de mer qui est la matière première des marais salants que l'on appelle aussi saline, les paludiers ne la puisaient pas dans la mer. Ils profitaient des grandes marées. Quand la marée monte au plus haut, elle pénètre dans un long canal: l'étier, puis dans un grand bassin : la vasière. Une trappe, empêche ensuite l'eau de quitter la vasière pour redescendre dans la mer.
L'eau de la vasière n'est pas utilisée immédiatement. On la laisse décanter (les vases et les sables qu'elle contient se déposent au fond). L'eau passe ensuite dans les bassins plus petits: les gobiers, avec des petits murs en chicane, où les vases finissent par se déposer.
En ouvrant ou en fermant la porte de sortie des gobiers, les paludiers règlent l'entrée de l'eau de mer dans la saline quand ils en ont besoin. Une seule vasière peut alimenter en eau de mer plusieurs salines voisines.
Chaque partie de la saline est légèrement en contrebas de la précédente et l'eau s'y écoule sous l'effet de la pente. Mais de nombreuses chicanes ralentissent son écoulement.
L'eau parcourt un véritable labyrinthe aux parois d'argile, faisant le tour de la saline dans des bassins appelés fares.

Sous l’effet du soleil, la température s’élève et à cause de l’évaporation la concentration en sel augmente peu à peu.
Quand l'eau a parcouru tout le circuit des fares, elle est admise dans les adernes, réserves d'eau très salée, où elle se décante encore avant d'entrer dans des bassins plus petits: les œillets où le sel cristallise et est récolté. Sur chacune des séparations d'argile entre les œillets est ménagée une petite plate-forme d'argile. La ladure sur laquelle le paludier dépose le sel qu'il vient de récolter.
* un œillet mesure environ 6 mètres sur 9

La récolte du sel
La récolte du sel se fait en été, de juin à septembre suivant le temps qu'il fait.
Le soleil et le vent étant les forces nécessaires pour l'évaporation de l'eau, plus l'été est chaud, ensoleillé avec du vent, plus la récolte est abondante.
Le paludier fait le tour de l'œillet en poussant l'eau avec le las, le sel qui s'est cristallisé s'amasse devant son outil.
Le sel est ramené au bord de la ladure puis remonté. Il formera un petit tas que le paludier laissera égoutter avant de le transporter sur un gros tas, le mulon.
A la surface de l'eau, se forme une mince couche de sel blanc, plus fin que l'on appelle fleur de sel. Ce sel est cueilli à l'aide d'un autre outil, la lousse. Il est récolté à part.
Les marais salants bretons Bibliothèque de travail N° 944 Publications Ecole Moderne Française

Les outils du paludier à Batz-sur Mer :
Les noms de ces outils sont ceux employés à Batz-sur-Mer. Dans l'état actuel de nos re¬cherches, rien ne prouve que ces termes soient les mêmes que ceux utilisés à Séné.

Le paludier possède différents outils auxquels il donne des noms particuliers

Le las est l'outil le plus utilisé. Sa planchette présente un bord biseauté pour pousser le sel. Le paludier se sert de l'autre bord quand il tire le las au fond de l'œillet

1- la lousse à sel fin qui sert à cueillir la fleur de sel à la surface de l'œillet.

2- la cesse, écope à main utilisée pour vider l'eau des salines.

3- la lousse à ponter pour relever la va¬se et refaire la bordure des œillets.
4- le boutoué pour pousser la vase.

5- le las (rable ou rouable à Séné) au manche très long (5 m) qui permet de pousser ou de retirer le sel de l'œillet.

6- les salgaies, planchettes qui servent à ramasser le sel sur la ladure.

7- le batoué qui servait autrefois à tasser et lisser l'argile dont on recouvrait les mulons: les tas de sel, pour les protéger des intempéries.

Une production aléatoire :

Les paludiers récoltaient deux sortes de sel : La fleur de sel appelée aussi sel blanc, sel menu ou sel fin formée de cristaux légers et très fins flottant en larges plaques à la surface de l'eau et récoltée à l'aide d'une lousse à sel fin. Le sel gris ou gros sel se formant au fond de l'œillet remonté sur la ladure avec le las.

La production de sel est tributaire des caprices de la nature. La culture du sel ne durant au mieux que trois mois environ, quelques jours de pluie suffisent pour tout compromettre.
"Il y a des années où on ne faisait pas 50 kilos de sel. C'était très rare mais c'est arrivé. Ou en mi-saison après avoir fait 20 tonnes de sel tout d'un coup, un orage et le temps devient pluvieux et la saison s'arrête là parce qu'il y a trop d'eau douce qui vient avec l'eau salée donc ça ne donne plus de sel."
Témoignage de Ferdinand Quester
"Il a des années où il n’y a pas du tout de sel. S'il y a un brouillard, même le soir: j'ai vu des marais salants plein de sel: le brouillard est venu vers cinq heures. En une heure tout a été fondu. Il n’y avait plus rien
"Cinq années de rang, mes parents n'ont pas fait de sel à cause de la pluie"
Mme Le Goueff (Pénestin) recueilli par D Quéval et M Chouzier.

f 25

Production de sel au XVIIIe siècle
Les quatorze chanoines du chapitre: MM Le Govello, du Bois, Boutouillic, Mercier, Maurice, Dondel, de Langle, Nebout, Ragot, Le Vallois, Huchet, Verdoye, du Clos Bossard, de Coëtlogon se partagèrent une partie des œillets des salines, chacun recevant en partage un nombre à peu près égal d'œillets. La récolte du sel en était à leur disposition.
Une autre partie des salines était réservée à la" mense capitulaire". La men¬se était le patrimoine collectif du chapitre dont les revenus lui permettaient de faire face à ses obligations : entretien de la cathédrale, frais d'ornements, de cérémonies etc ...
Les chanoines embauchèrent des paludiers pour exploiter leurs œillets. En 1 728 sur les salines déjà réalisées, Pierre Lino, Yves Le Calo, Jean Chapon, Loiseau, Louis Landet commençaient à tirer le sel.


En 1749 ils étaient 24 : Guillaume Uzel, François Mouilleron,  Mathurin Loiseau, Jan Landais , René Calo, François Régent, René Cadro, Nicolas Thomer,  Jan Chapon, Yvon Calo, Pierre Lino, Silvestre Le Duc, Aubin Richard, Yves Bourdic, Pierre Lacroix, Nicolas Laurent, Yves Landais, Jacques Calo, Paul Calo, Jacques Le Gars, Nicolas Chelet, François Le Duc, Thomas Clevet, Jan Le Cocq. Et près d'une quarantaine en 1 762.

Dès 1726 on se préoccupa d'être prêt à ramasser le sel comme le montre ce compte du chanoine Nebout.
"alloué de {a somme de six livres quinze sols pour quatre grandes gesdes et deux paniers pour porter le sel payée le 30 juillet 1726 "A.D.M 69 G 2
Il semble que c'est en 1726 qu'eut lieu la première récolte
Le" Mémoire Des Sels qui restent sur les fossés des salines de Messieurs du Chapitre de l'année 1728 suivant l'estimation qu'en ont faites les Paludiers " nous donne en mesure de Rhuys et en mesure du Croisic les quantités de sels récoltées. Au total 205,5 muids, mesure du Croisic, soit 616,5 tonnes.
un muid de Rhuys = 3 800 kilos ; un muid du Croisic = 3 000 kilos

Production de sel au XIXe siècle
Dans sa réponse à une enquête de la préfecture du Morbihan adressée le 20 octobre 1845, Mr Le Douarin, le maire de Séné signale que la quantité de sel existant sur les marais est de 197 muids dont 131 provenant de la récolte de 1845.
Le prix moyen auquel se vendaient les 1000 kilos de sel était de 50 francs. La même quantité était vendue 60 à 70 francs à Sarzeau et 80 francs à Carnac.

Au recensement de 1841 on dénombre 91 paludiers s'occupant de 10 à 56 œillets :
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f 27

Reconstitution d’un mouët, mesure à sel du XVIII° siècle
à partir d’un document graphique daté de 1767 et de textes de 1785 et 1798.

Le sel jusqu’à la fin du XIX° siècle se vendait non pas au poids, mais à la mesure. Le sel s’achetait au muid. Le muid était évalué grâce à une mesure de bois : le mouët. Le muid du Croisic valait 22 mouëts.
Le mouët était utilisé sur le marais salant. La mesure était sur « pieds » (pour la décoller plus facilement de l’aire de travail) ; le fond du cylindre était plus épais que les parois et il était soutenu par de solides longerons pour éviter qu’il ne ploie sous l’effet de la charge de sel (150 à 180 kg).

D’après Notes pour servir à la reconstitution d’un mouët » Gildas Buron.

Fin partie 1/2

 

 

Les registres de l'Etat Civil de Séné comportent des écritures "à portée historique" pour peu qu'on y prête attention. Ainsi, les actes de décès des Sinagots Jean Marie CORNOVincent BARRO et Alexis DANET retiennent l'attention de l'historien amateur. Le premier décède dans le port d'Oran alors qu'il était embarqué sur l'Edgar Quinet; Le second disparait en mer dans le Bosphore le 31/7/1922 toujours sur l'Edgar Quinet et le troisième à l'hopital Gulhané à Constantinople le 27 mars 1923. Leur proximité de date de décès et de naissance et leur localisation suggèrent des évènements en commun à la mort de ces trois soldats de Séné d'une même classe d'âge.

1922 CORNO disparu oran

 BARRO Vincent DECES

1923 DANET décès

Qui étaient-ils et dans quels évènements ont-ils perdu la vie ?

On va répondre à cette question en consultant les fiches d'inscrit martime au SHD de Lorient, les données du dénombrement de 1921, de vieilles coupures de presse et quelques documents ou illustrations trouvées sur Internet.

Un petit rappel historique s'impose pour comprendre ce qui amène la marine française près de Constantinople.

Turquie suite au traité de Sèvres 800

A la fin de la Première Guerre Mondiale, l'Empire Ottoman est défait. Le traité de Sèvres de 1920 redessine la possession des territoires en Anatolie et en Trace.

Cependant, ce traité n'est pas accepté par un général turc, Mustapha Kemal, dit Ataturk, le "Père de la Turquie"qui lève une armée et finit par imposer la nouvelle Turquie aux puissances alliées lors du traité de Lausanne en 1923.

Dans ce contexte, la France comme d'autres pays dépêche sur zone leur marine afin de mettre en sécurité leur ressortissants. L'Edgar Quinet est le navire-amiral de la 1ère division légère le 1er juillet 1920, formée avec le Waldeck Rousseau et l'Ernest Renan. Cette division est rattachée à l'escadre de la Méditerranée Orientale en 1921. Ces navires arriveront près des côtes d'Anatolie avec à leur bord deux de nos trois marins sinagots.

Jean Marie CORNO [17/09/1901 - 11/04/1922 ]

Vincent Louis Marie BARRO [24/09/1901 - 31/07/1922]

Alexis DANET [26/07/1901-27/03/1923]

 

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Jean Marie CORNO [17/09/1901 - 11/04/1922 ]

En effet, Jean Marie CORNO décède dans le port d'Oran, à bord de l'Edgar Quinet, quelques mois avant les évènements de Turquie. Que fait-il en Algérie au printemps 1922?

La fiche d'inscrit maritime de Jean Marie CORNO nous indique qu'il embarque le 6 mars 1922 à bord de l'Edgar Quinet, comme Vicnent BARRO. Ce fils de pêcheur de Cadouarn accompli sa conscription en 1922 comme ces deux camarades.

1921 CORNO Cadouarn famille

A partir des archives de l'Ouest Eclair on peut retracer la parcours du cuirassé Edgar Quinet. Le 1er avril, il est à Bordeaux où il embarque le Président de la République de 1920 à 1924, Alexandre Millerand [1859-1943] pour un voyage diplomatique au Maroc puis en Algérie.

1922 CRONO Edgar Quinet Millerand

C'est à l'arrivée dans le port d'Oran le 11 avril 1922, que le décès du marin Jean Marie CORNO est déclaré par les autorités militaires. Cette coupure de presse de La Dêpeche algérienner nous donne les circonstance du décès. O
1922 04 Oran Corno deces

Oran Hopital Baudens

 Vincent Louis Marie BARRO [24/09/1901 - 31/07/1922]

Vincent BARRO, quant à lui poursuit son périple sur l'Edgar Quinet. Ce natif du village du Gorneveze est bien recensé en 1921 avec sa famille nombreuse qui vit de la pêche.

1921 BARRO famille gorneveze

En juillet 1915, en pleine guerre, le jeune Vincent est mousse sur le canot Sire Le Roy et ensuite il devient novice sur Le Fête Dieu en 1917. Il y restera jusqu'à sa concription en 1921.

BARRO mousse novice

En septembre 1921, il gagne le 3° dépôt de Lorient avant de rejoindre Toulon où il embarque sur l'Edgar Quinet le 6 mars 1922.

1922 BARRO derniers jours

 edgard quinet

La presse d'époque rend compte de l'état de la flotte dans ces colonnes et permet de suivre indirectement les mouvements de l'Edgar Quinet.

Le 6/7/1922 : Il appareille de Toulon.

Le 9/07/1922 : Il se trouve à Constantinople.

Le 31/7/1922, Vincent Barro disparait en mer de Bosphore, sans aucun procès verbal n'ait été établi. Accident ou maladie?

Le 3/08/1922 : L'Edgar Quinet participe au sauvetage de la population d'un quartier de Constantinople, Kadikeui en proie à un incendie.

Le 4/9/1922 : Il appareille pour Smyrne.

Le 17/9/1922: l participe au sauvetage des réfugiés français avec le Jean Bart et le Trouville.

 Son jeune frère Jules BARRO {1912-1942], marin pêcheur, disparaitra en 1942 au large de Saint- Jean de Luz et sera déclaré "Mort pour la France".

Alexis DANET [26/07/1901-27/03/1923]

Le troisième de nos marins sinagots de la classe 1901, Alexis DANET nait au village de Canivarch. Au dénombrement de 1921, Mme Le Guillanton, est veuve et la famille vit de la pêche.

1921 DANET famille Canivarch

Comme de nombreux jeunes de la presqu'île, Alexis DANET devient mousse en février 1916 sur le canot Lion d'Or puis sur le Patern & Lucie. Avant sa conscription il est sur le Noëmie

DANET mousse novice

Il rejoint le 3° dépôt de Lorient en juillet 1921 et il embarque le 16 janvier 1922 sur l'Edgar Quinet. Le 6 mars 1922, il est rejoint par Vincent BARRO et jean Marie CORNO. Ce dernier décède dans le port d'Oran le 11 avril 1922 et Vincent Barro, le 31 juillet 1922, dans la mer de Bosp^hore. Alexis DANET demeure sur l'Edgar Quinet jusqu'au 23 novembre 1922, quand, dans le port de Constantinople, il rejoint le Wladek-Rousseau. 

1923 DANET derniers jours

 

DANET Rousseau Waldek 

Alexis DANET, sur l'Edgar Quinet participera au sauvetage des réfugiés de Smyrne les 13-14 septembre 1922.

https://www.youtube.com/watch?v=-6YYy9PAee8

Sur cette vidéo de Pathé on distingue les cheminées de l'Edgar Quinet aborant le drapeau français. Le navire, commandé par Eugène Marie Joseph MORRIS (1875 - 1947), accueille des ressortissants français établis à Smyrne et des réfugiés, surtout arméniens, fuyant la ville de Smyrne en proie aux flammes. Il fera deux voyages et débarquera les Arméniens à Marseille.

You tube Incendie Smyrne bateau FR

Sur cette photographie parue dans L'Illustration, on distingue au second plan l'Edgar Quinet qui va recueillir les malades et les soeur de La Charité fuyant Smyrne sur une chaloupe.

 

1922 Smyrne evacuation

 

 

fire103

Ces sites internet rassemblent plusieurs photographies de cet évènemlent tragique pour les populations.

http://www.levantineheritage.com/fire.htm

http://geckal.blogspot.com/2010/11/oncesi-sonrasyla-1922-izmir-yangn-ve.html

A bord du Waldek-Rousseau, Alexis DANET récupèrera les passagers du navire-hôpital Vinh Long évacués après l'incendie du 16/12/1922.

Au matin du 16 décembre 1922, Vinh-Long se trouve en mer de Marmara en route vers Constantinople. Il a à son bord 495 passagers civils et militaires. Brutalement, un incendie éclate à bord et s'étend rapidement à tout le navire, se transmettant de magasin en magasin.

Le 27 mars 1923, il décède à l'hôpital de Gulhané à Constantinople, sans que l'on sache ce qu'il advint de son corps, probablement enterré à Constantinople dans un carré militaire...

DANET Hopital Gulhané

 

 

 

 

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