Petites histoires
- CHAPELAIN, condamné à la relégation
- Chez les MAHE, les 3 garçons seront instituteurs
- Un briquetier à Séné, 1881
- La foire de Saint-Laurent, par l'Abbé LE ROCH
- Les marins sinagots à la TV, 1980
- Le cabanon de l'artiste BOISECQ à Barrarach
- La faillite d'AVROUIN-FOULON, 1858
- Le saltimbanque diffuse la variole, 1869
- Les DANO, damnés de la terre de Cantizac
- L'amer Saint-Antoine à Boëdic, 1865
- KERIO, Léonie et leur triplées 1927
Yvon Dufrêne - Sept.1996
Histoire des marais salants de Séné (suite et fin)
4 VENTE DU SEL
Mesure des sels
Après les premières récoltes de sel, les chanoines se préoccupèrent de vendre celui-ci. Pour cela il fallait le mesurer. On alla chercher au Croisic un mouët : mesure qui était une sorte de cuve en bois, cylindrique, à six pieds pouvant contenir environ 150 kilos de sel.
Le chanoine Nebout en nota scrupuleusement la dépense:
"Alloué la somme de vingt quatre livres payée {e 10 octobre 1728 pour un mouët achepté
au Croisic pour mesurer le sel " A.D.M 69 G 2 (7)
1764 1 muy du Croisic= 22 mouëts
1785 1 mouët = 10 quartaux; 1 quartau= 15 kilos
Avant cet achat, on trouve trace aux archives départementales du Morbihan d'une vente de sels en septembre octobre 1727. Les mesures étaient alors celles traditionnellement employées pour les grains: godelée et perrée.
1 godelée, mesure de Vannes= à peu près 10 litres
1 perrée = à peu près 160 litres
"Lundi 16 7 bre vendu 2 godelés et demy de set sept sols et six deniers
Le 19 vendu une pairé deux livres huits sols," A.D.M ( 69 G 3)
Dès 1730, les salines rapportaient déjà 3185 livres au Chapitre et en 1765, elles donnaient un revenu net de 15 556 livres.
Transport et stockage
Le sel une fois égoutté sur la ladure était ramassé. Il était transporté dans des grands récipients en bois ou en paille tressée appelés gèdes ou plus tard dans des sacs.
On remplissait ses gèdes ou ses sacs à l'aide de deux petites planchettes : les salgaïes.
Les gèdes étaient portées sur la tête posées sur un morceau de tissu torsadé roulé en spirale, la torche. Les sacs étaient portés sur l'épaule. A Séné, on disait que les paludiers se reconnaissaient à ce qu'ils avaient une épaule plus basse que l'autre.
Pour ramasser le sel, il fallait être deux: pour tenir le sac ouvert, charger le sac sur l'épaule ou poser la gède sur la tête.
Le sel était porté depuis la ladure jusqu'à un terre- plein où il était mis en tas. Ces tas, les mulons avaient une hauteur d'environ 3 mètres sur une largeur de 5 mètres.
" Dans chaque ruche * on pouvait mettre à peu près une trentaine de kilos. Entre la ruche et la tête, on plaçait un rond de grosse toile Après on s’est mis à porter au sac. Alors les épaules attention!
* ruche : gède de paille tressée
Les gars, ils avaient fa peau tannée. Les gars au sel, ils étaient là dedans du matin au soir. Ils avaient les mains et les pieds. . . ils marchaient pieds nus tout le temps, hein, ces gars là.
Ah ! il fallait monter la digue, hein. C'était dur. C'étaient vraiment des bonshommes costauds qui n'étaient pas nourris comme maintenant. C'était le pain et le fard et la bouteille d'eau, c'est tout."
Témoignage de Ferdinand Quester
Vestiges d'une salorge à Michotte
A la fin de l'été, il fallait mettre le sel à l'abri des intempéries.
Au départ, le stockage se faisait directement sur le marais. Le mulon était recouvert de végétaux et d'une couche de vase ou de terre. Puis au XIX° siècle de grands greniers à sel, les salorges, furent construits par les négociants propriétaires des marais
"'En général le sel ne restait pas sur les digues. A ce moment-là il y avait ce qu'on appelait les salorges, des bâtiments où on mettait le sel. Il en existait une à la Belle Etoile qui a été abattue quand on a construit la cité. Il y en avait sur les marais de Kerbiscon et il y en a encore une en ruines que l'on peut voir dans les marais de Michotte. Les tas de sel étaient achetés par des marchands de sels et ils l'emmagasinaient là dedans."
Témoignage de Ferdinand Quester
Après la fermeture des salorges on reprit l'ancien système:
" le sel restait donc sur les marais en tas pour le garder l’hiver, on coupait des mottes en rond sur le marais et on en fais ait un toit en commençant par le bas comme on fait une toiture, Le sel étant bien tassé, et couvert par ça, l'eau ne rentrait plus dedans. Il passait l’hiver et au printemps, on le vendait. C'était pris par des collectivités. Moi ce que j'ai connu le plus c'est la maison Le 'Douarin de 'Vannes, épicerie en gros qui nous achetait le sel"
Témoignage de Ferdinand Quester
Au bas de ce document daté de 1904, figurent deux magasins à sel (salorges) où les bateaux venaient par la rivière de Noyalo charger le sel.
Le Syndicat des salines de l'Ouest présidé par M. de Limur demandait l'autorisation de construire un pont pour permettre l'accès au chemin de Brouelle:
" Les expéditions de sel se faisaient autrefois par mer, le magasin en question n'a pas été relié à la terre."
Destinations
Au XVIIIème siècle la plus grosse partie des sels est exportée vers l'Espagne. Les bateaux sont originaires de Pénerff, de l'Ile aux Moines et jaugent de 40 à 100 tonneaux .
Si on prend pour mesure celle de Rhuys: 1 muid = 3 800 kilos (au début du document est indiquée la mention "grande mesure") on trouve un tonnage global de 854 tonnes environ (quarante quatre tonnes sur l'Anglots, et cent soixante sur le Griffon Volant)
Les sels étaient exportés aussi vers la Suède comme en témoigne la requête adressée à l'Amirauté de Vannes le 13 octobre 1766. Elle relate les difficultés qu'ont les Chanoines à faire charger leurs sels sur un bateau suédois par: ''Jacques Doriot ait Steval Pierre Leduc demeurant au village de Kerarden en paroisse de Séné, Ives Lefranc et Benoit Lefranc demeurant au village de Montsarrat tous bateliers de la paroisse de Séné "qui refusent de transporter le sel depuis les marais jusqu'à Roguédas pour le prix de 2 livres par muid.
A.D.M (69 G 4)
Au XIXème siècle, le commerce des sels avec l'Espagne semble avoir cessé. Des navires de petit tonnage, descendent vers Nantes, Libourne et Bordeaux avec une cargaison de sel et remontent avec de la résine, du vin, de l'eau de vie ou des prunes.
Après la chute de Napoléon et la fin du blocus maritime imposé par l'Angleterre le commerce avec les pays nordiques avait pu reprendre.
Les bateaux norvégiens en particulier apportent la rogue (appât nécessaire à la pêche à la sardine), des bois, de la résine et repartent chargés de sel pour les ports d'Alesund, de Christiansand ou de Ber¬gen.
La rogue était des œufs de harengs, de morues, ou de maquereaux mélangés à de la saumure. Bergen, en Norvège était le centre principal de sa fabrication.
En 1820, tous les quinze jours, le directeur des Douanes de Lorient fait son rapport au Préfet du Morbihan, le Comte de Chazelles, sur les bateaux étrangers venus charger des sels:
" 'Une galiotte hollandaise: une goélette, un sloop et un brick norvégien sont venus apporter de la rogue dans les ports de ma 'Direction. Ces navires qui sont les seuls bâtiments étrangers qui aient paru sur [es côtes de votre 'Département s'en sont éloignés avec des chargements de sel." 19 août 1820. A.D.M (P 207)
LE PRIX DU SEL
Au XVIII° siècle
En 1 730, la mense capitulaire vend 124 muids 2/3 pour la somme de 4528 livres 6 sols et 8 deniers, soit 35 livres 15 sols le muid.
Dans le " Compte particulier des sels de la saline de 124 œillets appartenante cy devant à Mgr de Pressac pour les années 1764-1765 les dits sels vendus à Mr du Bodan" le muid de 22 mouëts, mesure du Croisic, vaut 50 livres soit 2 livres 7 sols et 8 deniers le mouët.
A.D.M (69 G 3)
Le prix du sel fluctue, d'une façon importante parfois, suivant les quantités de sel récoltées, la période de l'année, la demande. Ainsi dans le" Livre rentier" tenu pour le Sieur Pierre Augustin de Cramezel on trouve le détail des prix des sels" certifiés juste au Croisic en octobre 1868"
Si le muid de sel coûte 28 livres et 26 sols en août 1750, il vaut 67 livres en 1 751, 75 livres 85 sols en 1 752 et 24 livres en 1753. En octobre, novembre, décembre 1 751 et janvier 1 752 le muid atteint le prix de 100 livres ; mais en 1755, il ne se négocie plus qu'à 16 livres en juillet et 15 livres en août.
A.D.M (B 770)
Au XIX° siècle et au XX° siècle
En 1833-1834 le prix moyen du sel à Vannes est de 35 centimes au kilo pour le sel grts et 40 centimes pour le sel blanc ou raffiné. En 1838, 100 kilos de sel grts en gros sur les marais valaient 30 francs. Chez le détaillant 1 kilo valait 40 centimes et le sel raffiné au détail 65 centimes. Les prix variaient notablement d'une commune à l'autre
Prix des sels en 1845 : à Sarzeau les 1 000 kilos se vendent 60 à 70 francs ; à Ambon et Surzur 70 francs ; à Carnac 80 francs ; à Baden 80 francs ; à Pluneret 90 francs ; à Billiers 300 francs le grand muid
(le muid du Morbihan étant de 4 000 kilos, les 1000 Kg valaient 75 francs).
Ce qui faisait un prix moyen de 7,5 francs les 100 Kg. AD.M.(S255)
Ces prix ne cesseront encore de baisser après 1848.
Revenu du propriétaire et salaire du paludier dans l’ouest 1845 à 1865
Ainsi à Séné le prix de la tonne de sel a chuté de 50 francs en 1845 à 10,50 francs en 1861.
5 LE SEL UN PRODUIT TAXE ET CONTROLE
"L'origine de l'impôt sur le sel remonte à la plus haute antiquité. Introduit dans les Gaules à la suite de la conquête romaine, l'impôt sur le sel, fit partie au Moyen-âge des droits seigneuriaux, avant de devenir au XIV° siècle dans les mains des rois de France, sous l’appellation. De « gabelle du sel" l'imposition la plus durable, la plus constante, la plus éprouvante et donc la plus honnie dans la France d'avant 1789."
Gabelle et gabelous
Catalogue d'une exposition réalisée par le Musée des Douanes établi par Michel Boyé conservateur
C'est en effet au XIVe siècle sous le règne de Philippe VI de Valois que remonte la création du monopole du sel et l'établissement définitif de l'impôt en France (Lettres du 20 mars 1342 et ordonnance du 15 février 1345)
En mai 1680 fut signée à Saint Germain en Laye l'Ordonnance qui demeura jusqu'à la chute de la monarchie la Charte de la Gabelle.
L’union de la Bretagne à la France ratifiée à Nantes en 1532 se fit à la condition expresse que la province serait à jamais exemptée de tout impôt sur les sels et elle conserva ces franchises en 1680.
Sous l'Ancien Régime: gabelous et faux sauniers
En Bretagne, province franche le minot de sel ( 52 1) coûtait entre 1 et 3 livres alors qu'en Mayenne, en Anjou, en Touraine et dans le Maine , pays de grande gabelle, il valait entre 58 et 60 livres.
Cet écart considérable était une véritable provocation et la contrebande et la fraude firent rage aux marges de la Bretagne.
Le sel sur lequel la gabelle n'avait pas été acquittée s'appelait le faux sel d'où le nom de faux sauniers donnés aux contrebandiers du sel.
Un des plus célèbres de ces faux sauniers fut sans doute Jean Cottereau dit Jean Chouan qui fut sous la Révolution l'un des chefs de l'insurrection appelée à cause de son surnom la Chouannerie.
La Ferme Générale chargée sous l'Ancien Régime de percevoir la gabelle employait pour essayer de juguler la fraude une véritable armée de gabelous.
A la fin du XVIIIe siècle, sur l'ensemble du territoire, la Ferme alignait 15 000 hommes (soit cinq fois plus que la Maréchaussée).
Le faux saunage était puni très sévèrement. Les contrebandiers en bande, au nombre de 3 et au dessus, armés de fusils, pistolets, baïonnettes, épées, bâtons ferrés ou autres armes, étaient condamnés à la peine de mort, les autres aux galères.
Les faux sauniers sans armes étaient passibles d'une amende de 200 à 300 livres qui à défaut de paiement était convertie en peine de 3 à 6 ans de galères (9 ans avec flétrissure, c'est à dire marquage au fer rouge à l'épaule, en cas de récidive).
Pour les femmes, les peines de galères étaient remplacées par des peines de fouet et de bannissement hors de la région.
Les enfants tombaient sous le coup de la loi à partir de 14 ans (déclaration du 12 juin 1722). De 1680 à 1748, 11 000 faux sauniers furent envoyés aux galères.
Documentation:
Gabelle, gabelous Michel Boyé, Nelly Coudier (Musée des Douanes )
L'A venture du Sel Micheline Huvet- Martinet (Editions Ouest - France )
Séné, située loin des pays de grande gabelle, ne fut guère concernée par la contrebande du sel. Il fallut attendre , après la suppression de la gabelle en 1790, le rétablissement en 1806 par Napoléon Ier d'un nouvel impôt sur le sel pour voir les marais se couvrir des casernes, corps de garde , guérites et cabanes des préposés des Douanes impériales.
L'impôt sur le sel de 1806 à 1945
Les campagnes napoléoniennes coûtaient cher et l'Empire pour augmenter ses ressources fiscales pensa à nouveau à l'impôt sur le sel.
L'Etat n'aurait plus le monopole de la vente du sel comme sous l'Ancien Régime mais un droit d'enlèvement du sel sur les marais serait établi.
Par décret du 16 mars 1806 un nouvel impôt fut créé qui instituait un droit de 0,10 francs par kilogramme sur" les sels provenant soit des marais salants, soit des salines et fabriques de l'intérieur."
Ce droit fut porté, dès le 27 mars, à 0,20 francs.
Dans le même temps on se préoccupa des modalités de recouvrement de l'impôt et le 11 juin 1806, un autre décret stipula que la surveillance des préposés des douanes s'exercerait "jusqu'à la distance de trois lieues de rayon des fabriques et salines de l’intérieur."
Les marais salants furent étroitement surveillés par une armée de douaniers. Les douaniers à pied, les matelots des douanes sur leurs "pataches" et les brigades à cheval créées en 1807 assuraient la garde des marais. A.D.M ( P 207 )
Le 20 septembre 1809 un décret fixa les conditions d'enlèvement: le paiement des droits était certifié par la délivrance au Bureau des Douanes (à Séné, il était situé à la caserne des Quatre Vents) d'un acquit de paiement qui donnait la quantité de kilogrammes de sel sur lesquels les droits avaient été payés, indiquait le lieu de destination, le moyen de transport et fixait le délai pour parcourir la distance.
Il fallait pouvoir présenter ce document à toute réquisition des douaniers.
Ces douaniers, il fallut les loger et cela se fit tout d'abord, non sans conflit parfois, chez l'habitant, grâce au droit de réquisition dont disposait le préfet. Mais, très vite on entreprit la construction de casernes.
A Séné on compta trois casernements principaux aux Quatre vents, à Kerbiscon (près de Balgan) et à Billorois (dans l'île de Mancel.)
Au mois d'août 1809 furent dressés les procès verbaux de réception des casernes des Quatre Vents et de Kerbiscon. A.D.M (P 203)
C'était la caserne la plus importante, où se trouvait le bureau du receveur général. Vendue dans les années 30, elle fut un temps une colonie de vacances. C'est aujourd'hui une maison particulière.
Lors du recensement effectué en 1841 on dénombre 98 douaniers dont 31 dans la seule caserne des Quatre Vents (à la même date on recensait 91 paludiers)
".Les agents des 6rïgaâes sont organisés militairement, armés, souvent casernés, ils portent l’uniforme. La discipline, très stricte régit même certains actes de leur vie privée: mariages, déplacements, etc ...
Les brigades comptent dans leurs rangs beaucoup d'anciens militaires."
(Gabelle et Gabelous)
Si les lieutenants, brigadiers et sous brigadiers avaient une instruction suffisante pour rédiger les procès-verbaux établis aux bureaux des Douanes, nombreux étaient les préposés qui savaient tout juste signer.
Pour aider les préposés qui ne savaient pas compter, l'administration des Douanes mit à leur disposition des sortes de bouliers: les fasquelines, qu'une circulaire du 19 août 1816 décrit ainsi "appareil composé de cinquante plaques de fer-blanc marquées et numérotées par dizaines, et passées dans un anneau de fer adapté à un manche en bois "
La Douane et les douaniers de l'Ancien Régime au Marché Commun Jean Clinquart- Editions Taillandier
La vie quotidienne des agents affectés à la surveillance des marais salants, zones peu salubres, où sévit alors à l'état endémique " la fièvre des marais" est peu enviable. Leurs conditions de travail étaient très dures et leurs rétributions assez faibles.
Fasqueline : appareil mis à la disposition des douaniers qui ne savaient pas compter à partir de 1816. Il servait aux préposés à dénombrer les sacs de sel.
Ligne Brunel : petit grapin utilisé par les matelots des douanes pour la récupération des objets flottants.
La fraude du sel
Pour contrer les enlèvements frauduleux de sel sur les marais, la surveillance s'exerçait en toutes saisons, de jour comme de nuit. •
Ces enlèvements se faisaient" à col", c'est à dire à pied en portant un sac sur le dos, mais aussi avec des chevaux, en canot ou en yole et même avec des voitures à double fond.
On procédait par petits groupes de 2 à 3 personnes, mais c'était aussi des bandes armées beaucoup plus nombreuses, de plusieurs dizaines d'individus et même parfois plusieurs centaines comme à Carnac où en 1806 les douaniers se trouvèrent sur les salines de Beaumer face à environ 300 fraudeurs de sel. Ces échauffourées se terminaient par des blessés plus ou moins graves et parfois par des morts comme à Billiers en 1806 où Yves Le Floch, tailleur d'habits de 19 ans reçut "un coup de balle par les reins côté gauche et sorti par le flanc droit vers l'aine et à la suite de ce coup perdit une si grande quantité de sang qu’il en est mort. "
A Séné, si les batailles rangées entre douaniers et contrebandiers ne firent pas de victimes il y eut quand même des blessés comme sur les marais de Kerbiscon en 1814
Bataille rangée sur les marais de Kerbiscon
Le 26 aoûtl814, vers huit heures du matin, le sieur Delarue lieutenant des douanes à la caserne de Kerbiscon rencontre aux environs de la caserne, Joseph Prêté dit" Sabot " bien connu de lui pour être un fraudeur multi récidiviste:
"Tu viens encore sans doute prendre tes mesures pour attaquer nos marais." lui dit-il.
" Bien. au contraire, lui répond le dit Sabot, je viens vous voir pour vous prévenir qu’il se forme un grand rassemblement composé de militaires et d'habitants de la ville et des environs, et que je crois qu’ils se porteront ce soir sur nos marais."
Il ajouta "Les militaires doivent venir armés et surprendre les préposés."
Joseph Prêté alla aussi prévenir" le Sieur Gaugain lieutenant principal à Vannes" qui alerta ses supérieurs: l'inspecteur des Douanes Rousseau et le contrôleur de Brigade Compagnon. Ceux-ci prirent leurs dispositions et dressèrent un plan de bataille.
Sur leur ordre, on rameuta toutes les brigades des environs : de Séné, bien sûr mais aussi de Saint Avé, de Mériadec, d'Arradon, de Plescop, de Theix, de Saint Nolff. On fit appel aussi aux grenadiers des 130ème et 75ème régiments de ligne en garnison à Vannes et on dressa des embuscades autour de la ville.
Le lieutenant Jean Louis Miclet embusqué avec quatre grenadiers dans un pré à proximité du cimetière de " Bois Moreau'' laissa passer la bande entendant les militaires qui disaient ".Ah, ah, on dit que ces gens là sont des cranes, nous allons les remuer."
Vers les dix heures et demie du soir, les douaniers embusqués près des marais virent 's'avancer et entrer sur lesdits marais une troupe nombreuse d'individus pouvant être composée de soixante à quatre vingt hommes, parmi lesquels nous en avons distingués à peu près la moitié de militaires dont partie armée de fusils, et d’autre de sabres et quelques uns non armés." Les douaniers les laissèrent entrer sur les marais et charger le sel dans les sacs qu'ils avaient apporté avec eux, puis refermant le piège, ils intervinrent leur faisant les sommations d'usage auxquelles répondirent des coups de fusil et des cris " 'En avant sabre en main, baïonnette en avant."
Les douaniers répliquèrent et les fraudeurs surpris par le nombre se dispersèrent alors à travers les marais en abandonnant leurs sacs. On récupéra 18 sacs représentant 730 kilos de sel.
Sur les marais mêmes, on arrêta deux militaires du 130ème de ligne et deux civils, habitant le quartier de Saint Patern à Vannes.
L'un des militaires, Jean Baptiste Malherbe, grenadier au 130ème fut blessé à l'épaule d'un coup de feu et le tambour maître Jean Barbier, qui tenta de résister, dut finalement se rendre, cerné par les baïonnettes des préposés. Voilà le témoignage du préposé Jean François Le Breton du poste de Langle qui procéda à son arrestation:
"J'ai présenté la baïonnette audit Barbier qui était armé d'un sabre nud, en le sommant de se rendre. Le préposé Guillevic l’a pris au collet, moi je lui ai saisi la main qui était armée de son sabre. Il se débattait, mais le lieutenant Trastour survint et lui dit de rendre son sabre qu'il ne lui serait fait aucun mal. Alors il me le remit et je le confiai au préposé Le Maréchal. Le dit Barbier se mit à genou et dit : fusillez moi, nous passons demain la revue, ne me me¬nez pas devant mon colonel, je suis un homme perdu. Il fut conduit à la caserne de Kerbisccon."
Outre Jean Marie Quérel, sans profession habitant place Cabello et Jean Mathurin, garçon couvreur rue de la Tannerie capturés avec ces deux militaires, les patrouilles organisées et les barrages dressés aux entrées de Vannes permirent d'arrêter huit autres personnes soupçonnées d'avoir fait partie de
la bande. •
Sur les onze heures du soir, les douaniers à cheval de la brigade de Meu¬con arrêtèrent cinq "individus, couverts de vase" qu'ils conduisirent "au corps de garde des douanes sur le quay à 'Vannes ". Il s'agissait de Nicolas Guérin, marchand de quincaillerie; Louis Pourchasse dit Mirecourt , garçon d'écurie; Yves Fohan¬no, maréchal; Michel Robin, garçon boulanger habitants dans le quartier de Saint Patern et Denis Augé fondeur de cuillères et raccommodeur de faïence , ''sans azile".
• Vers les six heures du matin, ''.Le sieur Moroy, cavalier des douanes résidant à fa caserne de Sainte Elisabeth, contrôle de 'Theix, arrêta auprès de Saint Léonard "deux individus dont l'un fui dit se nommer Davase fils demeurant chez son père à 'Vannes rue du Roulage, l'autre ne s'étant pas nommé a dit être journalier travaillant chez les boulangers à Vannes" ••
Ils lui déclarèrent "qu'ils avaient été forcés par {es militaires de se joindre à ceux pour faire partie de l'attroupement considérable qui s'était porté sur les marais et qu'ils s'étaient enfuis fors de la fusillade."
''
.Le Sieur Jean Miclet, Lieutenant ambulant à Plescop, à la tête de 4 grenadiers du 130e de liqne, embusqués près du cimetière du Bois Moureau " arrêta un individu couvert de vase " qui en répondant à ses interpellations" s'est dit être de Camors mais n'a pas voulu se nommer, ni aire d'où il venait " Le lieutenant remarqua "que cet individu était sans cha¬peau, ni bonnet et n'avait qu'un soulier." Il fut identifié plus tard comme étant Fran¬çois Leloire, journalier.
En continuant, ils aperçurent aussi "un individu, chargé d'un sac qui prit la fui¬te jetant son sac." Le sac, ramené à Vannes et pesé, contenait 16 kilos de sel qui s'ajoutèrent aux 730 kilos trouvés sur les marais.
Joseph Prêté qui avait pris la tête de l'attroupement jusque sur les marais s'était abrité lors de la fusillade dans une cabane de douaniers. Il ne fut pas inquiété.
Laurent Calvil déclara "être en ribote" et après être allé chez un oncle à Saint Léonard et étant ivre avoir couché chez Jacques Le Roux cabaretier à saint Léonard. Celui ci et sa femme confirmèrent ses dires.
Denis Augé, lui dit, avoir voulu se rendre ce jour à Muzillac avec l'intention d'aller à la Rochelle où il se proposait "de travailler aux vendanges ». Mais rendu à une lieue de Muzillac, il réfléchit qu'il n'avait pas de quoi faire la route et revint pour se faire arrêter près de Saint Léonard.
Le juge lui fit tout de même remarquer qu'étant parti à cinq heures de l'après midi et s'étant rendu "à une lieue de : Muzillac qui est éloigné de cette ville de six lieues de poste" et se retrouvant entre dix heures et demie et onze heures aux environs de Saint Léonard" il en résulterait que dans l'espace de cinq heures et demie" il aurait fait "près de neuf lieues ce qui n'est guère présumable."
La Cour d'Assises du Morbihan prononça l'acquittement de Denis Augé, de François Leloire et de Laurent Calvil.
Elle décida qu'Antoine Davas, 16 ans serait détenu pendant quatre ans dans une maison de correction et le plaça sous la surveillance de la haute police pendant dix ans.
Nicolas Guerrin, Michel Robin, Louis Pourchasse, Yves Fohanno furent condamnés à six ans de réclusion mais les plus sévèrement condamnés furent Jean Pierre Barbier, Jean Baptiste Malherbe, Jean Mathurin et Jean Marie Quérel à qui la cour infligea une peine de six ans de travaux forcés.
Ses huit condamnés avant de subir leur peine furent "exposés aux regards au peuple pendant une heure" dans un carcan, un écriteau placé au dessus de leur tête indiquant leur délit .
A.D.M ( U 1855)
Ils furent soumis aussi à la surveillance de la haute police pendant toute leur vie.
Dans les dossiers de surveillance légale des condamnés (A.D.M 539) on retrouve la trace de Jean Pierre Barbier. En octobre 1815, sa peine de six ans de travaux forcés avait, par grâce royale, été commuée en celle d'un an d'emprisonnement. Il fut libéré du bagne de Brest et en janvier 1816, obtint un passeport pour se rendre à Vannes où résidait sa femme.
On ne sait s'il en fut de même pour les autres condamnés
6 LE DECLIN DES SALINES
La baisse considérable du prix du sel illustre bien le déclin rapide des salines de l'Ouest dans la seconde moitié du 19ème siècle.
Une législation défavorable
Une loi promulguée le 17 juin 1840 modifie les règles du commerce du sel réduisant les droits d'entrée sur les sels étrangers et permettant la concentration des Salins de l'Est et du Midi aux mains de grandes compagnies.
En 1856, une coalition est créée autour de la société Renouard et Cie qui deviendra la Compagnie des Salins du Midi. La société Henri Merle qui deviendra la Compagnie Péchiney crée la même année le Grand Salin de Giraud en Camargue.
Les récriminations sont nombreuses contre les différentes dispositions de cette loi.
En 1856, le Ministre de !'Agriculture, du Commerce et de l'industrie lance une grande enquête sur la production et le commerce des sels dont le rapport sera publié en trois volumes en 1868 et 1869.
Le 20 juin 1851, la Société d'Agriculture de Vannes proteste auprès de la Commission d’enquête:
"Les individus employés à la production. du sel sont foin d'être heureux depuis la réduction des droits d'entrée sur les sels étrangers laquelle a ouvert une large concurrence à ceux du pays et par suite a fait considérablement baisser le prix de vente."
Concurrence déloyale
Les propriétaires, négociants, sauniers et cultivateurs de sel de la Vendée, de la Loire Inférieure et du Morbihan adressent au Sénat une pétition s'élevant contre la concurrence déloyale dés Salines de l'Est et des Salins du Midi.
"Les pétitionnaires se plaignent de ce que le sac de sel de 100 Kg qui se vend à 'Dieuze (Meurthe) à la porte même de la saline 17 francs droit acquitté est livré à Paris après un voyage de 300 km à 13 francs 50 ou 14 francs toujours droits acquittés. "
"Les sels de l'Ouest se rencontrent donc sur les marchés avec des produits qui ont profité de grandes réductions sur les frais de transport par l’application des tarifs différentie des compagnies de chemin de fer. En outre ces sels ayant été obtenus par des associations financières puissantes exploitant sur une échelle considérable les saûnes de l'Est ou les marais du Midi celles-ci dans un intérêt d'avenir peuvent faire des sacrifices momentanés sur les prix de vente que les producteurs des sels de l'Ouest seraient hors d'état de se permettre assurément.
Ils se trouvent que la concurrence ainsi permise devient la lutte du pot de terre contre le pot de fer."
La voie ferrée est arrivée à Nantes en 1851, à Saint Nazaire et Rennes en 1857, Redon, Vannes, Lorient, Saint Brieuc en 1862, Quimper, Pontivy en 1864, Morlaix, Brest en 1865 et à Dinan en 1868.
Ce développement des compagnies de chemins de fer qui pratiquent des tarifs préférentiels pour les compagnies des Salins de l'Est et du Midi porte tort aux Salines de l'Ouest réparties entre de petits négociants qui ne peuvent obtenir les mêmes avantages.
Entre 1850 et 1870, l'Ouest a perdu sa position dominante dans presque la moitié des départements qui constituaient son marché traditionnel (19 sur 39). (Enquête sur les sels 1866.)
Pendant la même période les salines du Midi ont augmenté de 35% leurs ventes, et les salines de l'Est et du Sud Ouest de 90%.
Découverte d'une nouvelle technique de conservation
En 1824, le nantais Pierre Joseph Colin appliquant la nouvelle technique de conservation découverte par Appert et connue sous le nom d'appertisation ouvre à Nantes la première usine de conserves. Le salage est remplacé par la stérilisation en boîtes.
Vignette publicitaire, manière d’ouvrir les boites de sardines « Jockey Club » de Saupiquet.
Nantes vers 1900
En 1860, on compte 22 "fricasseries" dans le Morbihan.
La première crise de la pêche à la sardine intervient entre 1880 et 1887. Les sardines désertent les côtes bretonnes et dès 1880 le lorientais Delory installe une conserverie à Sétubal au Portugal. Chancerelle de Douarnenez et Saupiquet de Nantes l'imitent et s'implantent au Portugal et en Espagne
En 1883 Vigo en Espagne possède 3 conserveries, elles sont 137 en 1905.
Il y a plusieurs raisons à ces " délocalisations":
1. une plus grande docilité de la main d'œuvre.
2. une période de travail plus longue sur les salines: 10 mois contre 4.
3. une production d'huile sur place.
Les bateaux étrangers ne viennent plus charger le sel.
Le sel du Portugal et de l'Espagne étant meilleur marché, les bateaux norvégiens désertent les ports bretons. A cela s'ajoute, à partir de 1880, la crise de la pêche de la sardine faisant que les besoins en rogue des pêcheurs sont bien moins importants,
M. Dubois, négociant à Vannes signale dans sa réponse à l’Enquête sur les sels de 1866:
''Autrefois la Norvège, la Suède, la Hollande etc ... étaient pour l'Ouest d'importants débouchés. J'ai expédié beaucoup de sel dans ces contrées. 'Depuis quelques années, leurs navires deviennent de plus en plus rares sur nos côtes; mes dernières opérations remontent à 1859, 1860.
'En 1859, j'ai expédié sept navires norvégiens et en 1860 quatre seulement. 'Depuis fors, malgré nos pris avilis, il ne m'en a été adressé aucun ". Enquête sur les sels, 1866 A. D.M ( 1-3 F 207)
M. Voirin le Receveur des Douanes aux Quatre Vents le confirme:
"Les sels de Séné ont peu de débouchés; ils sont presque exclusivement enlevés par des sauniers qui les revendent dans l'intérieur au département " Enquête sur les sels, 1866
A cette évolution du commerce du sel s'ajoute la spéculation de négociants
"L’exportation qui autrefois avait lieu à destination de la Suède et de la Norvège a complètement cessé depuis 1861 "
"La plus grande partie du sel est dirigée par terre sur les voies de l'intérieur de la Bretagne spécialement, Napoléonville* et Rennes. Quelques chargements sont en outre expédiés en cabotage sur Nantes." * Pontivy
"La plupart des propriétaires ne vendent plus leur sel directement aux consommateurs mais le livrent à de gros négociants de Nantes et autres qui spéculent sur la denrée achètent lorsque les cours sont au plus bas, concentrent de grandes quantités de sel entre leurs mains et profitent de la hausse qui se produit." Delandre, directeur des Contributions Indirectes
Enquête sur les sels, 1866 A.D.M ( 1-3 F 207)
Conditions de vie des paludiers
La situation des paludiers devient critique. En 1857, Antoine de Cramezel propriétaire de marais à Surzur envoie une lettre au Préfet du Morbihan dans laquelle il cite l'exemple d'un de ses paludiers.
" Benoit Hervé, paludier qui travaille les sels de Kergonan est un homme de 44 ans, il a avec lui sa femme âgée de 49 ans, six enfants mâle de 4 à 18 ans et se trouve en outre chargé de son vieux père âgé de 85 ans. J’aurais eu au commencement du siècle, sous l'empire 900 kilos de sels exempts de droit ce qui lui eut valu de 250 à 270 francs suivant plus ou moins de facilité qu'il aurait et à s'en défaire, on l'aidait ainsi à élever une grande et robuste famille capable de donner à l'état de vaillans défenseurs car cette race de paludiers de la côte est de haute taille et d'un caractère ferme en même, temps que paisible.
Aujourd'hui, Benoit avec ses 9 bouches à nourrir a 520 Kgs qui lui valent 41,60 francs au fieu de 270 francs. Autre perte pour le paludier, le sel dont ils ont la récolte entière n'a plus son prix au dessus du sel commun, depuis qu'on en raffine de plus blanc et de plus fin." •
A.D.M (P 204)
Les paludiers sont rémunérés le plus souvent " au quart " (le quart de la récolte). L'évaluation de la production est faite généralement par un expert désigné par le propriétaire. Des partages plus avantageux existaient" au tiers" et "à moitié" pour maintenir des paludiers sur les exploitations.
La troque des sels
Sous la pression des grands propriétaires terriens qui font état de la misère de leurs paludiers, la "Troque" supprimée en 1791 est rétablie sous la Restauration par une Ordonnance du 30 avril 1817.
En vertu d'un privilège datant de Jean IV, une part de sels en franchise de tous droits était allouée à chacun des membres des familles de paludiers et de sauniers pour leur permettre de " troquer " ce sel dans les villes et villages de l'intérieur contre des quantités équivalentes de céréales.
La loi du 17 juin 1840 avait prévu son abolition dans un délai de 10 ans mais ce délai fut prorogé jusqu'au 1er janvier 1865.
L'une des revendications des paludiers est le rétablissement du bénéfice de la troque, bien qu'ils ne se fassent pas d'illusion comme le montre cette déposition de M. Simon, propriétaire de marais salants et paludier à Séné, dans l'enquête sur les sels de 1866.
"Le déposant est propriétaire de deux, marais contenant 68 œillets et d'une superficie de 3 hectares environ. Il cultive lui-même, ses marais et quelque que soit leur produit, il compte bien ne pas les abandonner, car il est vieux ; et il les aime.
Autrefois, la troque lui était d'un grand secours, sa famille se composant de dix personnes, chacun de ses membres en profitait. On désirerait dans les pays la voir rétablie mais on l'espère peu."
Enquête sur les sels, 1866
A.D.M ( 1-3 F 207)
Mais, ceux-ci sont souvent contraints de se louer en plus comme journaliers pour compléter leurs ressources. Après la suppression définitive de la troque du sel, beaucoup abandonnent les marais.
"Les paludiers sont de plus en plus misérables: ils abandonnent presque entièrement la culture des marais salants, et essaient de gagner leur vie en travaillant aux champs. Ils cultivent sur les digues des marais, du froment, de l’avoine et récoltent assez pour pouvoir se nourrir pendant quatre mois environ. Si les propriétaires ne se décident pas à les payer à la journée, ils quitteront tous leur état de paludier préfèreront gagner aux champs 1 franc par jour plus la nourriture comme les autres ouvriers. Déjà, un certain nombre d'œillets sont abandonnés depuis l’année dernière:"
M. Voirin Receveur des Douanes aux Quatre Vents
Enquête sur les sels 1866.
La situation des derniers paludiers, avant la seconde guerre mondiale n'avait pas évolué.
"Ces gars-là qui faisaient ce qu'on appelle le paludier, c'étaient des gars qui avaient en général deux, ou trois vaches. La femme, s'en occupait. Ils avaient la moitié du sel pour eux et la moitié pour le propriétaire. On leur donnait un bout de terrain qu'ils travaillaient eux-mêmes où ils pouvaient semer de l’orge, planter des betteraves et une petite prairie pour faire des foins pour leurs bêtes."
" Et quand ce n'était pas la saison du sel , ils travaillaient soit en carrière pour arracher la pierre, soit chez les cultivateurs au moment des grands travaux, L'hiver, ils venaient casser du bois. Ils étaient pris un peu à tout faire. "
Témoignage de Ferdinand Quester
Le paludier, outre sa part de sel gris disposait de "la fleur de sel", le sel blanc et il était payé pour les travaux de remise en état de la saline, pour la livraison de la récolte (1 franc par tonne) et pour l'entretien du mulon si le sel restait plus d'un an sur le marais.
Vente ou démolition des casernes, diminution des effectifs des douanes
La fraude de l'impôt sur le sel au XIX° siècle n'eut jamais la même importance que le faux saunage sous l'Ancien Régime. Au fil des années, et surtout à partir de 1840, le revenu fiscal que représentait la taxe sur les sels diminue régulièrement par rapport aux autres revenus.
L'impôt sur le sel constituait en 1816 près de 50 % des perceptions de la douane. Cette part n'était plus que de 25% en 1848, de 13% en 1845, de 5 % à compter de 1880 et en 1925 elle avait chuté à 1,5%.
La douane et les douaniers de l'Ancien Régime au Marché Commun.
Jean Clinquart Editions Taillandier
En 1926, la surveillance permanente sur les marais cessa. Les sauniers durent seulement tenir une comptabilité soumise à des contrôles inopinés des services des douanes.
Vingt ans plus tard, en 1945, l'impôt lui même fut supprimé définitivement. Quand la surveillance des marais devint de moins en moins rentable, on entreprit de vendre casernes, guérites et corps de garde et les effectifs des brigades diminuèrent.
Séné conserva la caserne des Quatre Vents mais la caserne de Billorois fut vendue et celle de Kerbiscon en mauvais état fut démolie et les matériaux furent achetés en 1886 par un marchand de bois de Vannes, M. Le Guen pour la somme de 140 francs.
A.D. M ( P 220)
Le Maire de Surzur fait état lors du recensement effectué en 1866 de l'incidence du départ des brigades des douanes sur la diminution de la population:
"'Rapport sur tes causes connues ou présumées des augmentations ou diminutions que présente ce dénombrement comparé à celui de 1861 ".
Il y a 65 habitants en moins, diminution attribuée à : "la suppression de plusieurs brigades de douanes qui a eu lieu l’an dernier. Le retrait de ces préposés dont les nombreux enfants disséminés dans cette commune et qui ont presque tous suivis leurs parents est le seul motif auquel nous puissions imputer la diminution de la population que nous croyons avoir recensée avec la plus scrupuleuse attention."
A.D.M (6M 16)
Evolution de la propriété salicole
De 1721 à 1791, les salines ont appartenu à titre individuel ou collectif aux Chanoines du Chapitre de Vannes. En 1791 les biens du clergé furent confisqués et les salines furent vendues comme domaines nationaux.
M. Le Mauff, capitaine de vaisseau du Roy acheta 75 œillets pour la somme de 16 000 livres. M.Guillemet, marchand à Vannes acheta 103 œillets pour 5425 livres.
Mais la plus grande partie, 2307 œillets fut achetée par Augustin Périer commandant des Gardes Nationaux de Lorient et Administrateur de la Compagnie des Indes pour un prix de 280 525 livres. Il les revendit presque aussitôt à MM Lucas, Le Mauff et Poussin.
La dernière création de salines à Séné fut celle de la Villeneuve dans l'anse de Mancial, asséchée après qu'une ordonnance royale du 7 juillet 1824 eut autorisé M. Jacques Martin et M. Edouard Louis Lorois qui deviendra préfet du Morbihan en 1830 à construire une digue entre la pointe du Bill et la pointe du Peschit. La digue fut construite en 1827 et l'assèchement fut achevé en 1830.
Au cours du XIX° siècle, les marais salants appartiennent à des propriétaires terriens, comme Levesque Hippolyte, Comte de la Ferrière à Tréhon en Loudéac (un des propriétaires du marais de Mézentré Michot), ou Philippe Alexandre de Kerarmel à Parc Le Gal en Larré (propriétaire en 1890 du marais du Grand Falguérec)
Des négociants peu ou prou intéressés par le commerce du sel achètent aussi des salines. comme Alexandre Yves Marie Soymié d'Etel qui, en 1830, créa sur le port la première usine de conserves de sardines à l'huile.
Après la crise de la pêche à la sardine de 1880-1887, Alexandre Soymié pour faire face à ses difficultés financières vendit les salines qu'il possédait au Hézo et à Séné. Un autre gros négociant de « sels en gros, poissons secs et salés", Auguste Fortune Théodore Douaud de Nantes les acheta en 1897.
Mais posséder des marais salants étaient de moins en moins rentables et dès 1866 les salines étaient déjà fortement dépréciées.
"Avant la loi du 17 juin 1840, dans les localités où l’hectare de marais salants se vendait entre 3 000 et 4000 francs les meilleures terres valaient 1 000 francs, on ne trouve plus à vendre ces mêmes marais 600 francs et les terres ont triplé de valeur. "
M. Dubois négociant à Vannes Enquête sur les sels, 1866
Aussi à la fin du XIX° siècle et au début du XX° siècle, les négociants et les propriétaires terriens vendent leurs marais aux agriculteurs et aux paludiers.
Petit à petit, l'activité salicole se désorganise. Elle ne représente le plus souvent qu'une ressource d'appoint. Les marais mal entretenus, travaillés dans de mauvaises conditions sont progressivement abandonnés.
La saignée de la guerre 1914-1918 n'arrangea rien sans doute et peu avant la seconde guerre mondiale, la saliculture sur les marais de Séné était en voie d'extinction.
Seuls, quelques paludiers continueront quelques années encore après la guerre de 1939-1945 à récolter le sel. Le dernier paludier cessera toute activité en 1951.
Merci a Yannick ROME.
De 1914 à 1915, basé à Malte, le Léon Gambetta opère en mer Adriatique, participant au blocus de la Marine austro-hongroise, dans la 2e escadre légère du contre-amiral Victor Baptistin Sénès.
Le 27 avril 1915, le croiseur Léon Gambetta, commandé par le capitaine de vaisseau André, mais à bord se trouve aussi le contre-amiral Sénès, est torpillé par deux fois par le sous-marin autrichien U.5 commandé par le commandant Von Trapp à l’entrée du canal d’Otrante en mer Adriatique à quatorze milles nautiques du cap Santa Maria di Leuca (Pouilles, côte italienne).
Le navire, venant de Malte, devait protéger les cargos chargés de ravitailler le Montenegro. Le bâtiment prend rapidement de la bande. Un seul canot peut être mis à l’eau. Les Allemands prennent une photo du bateau évacué.
Le canot est prévu pour 58 hommes, mais 108 marins parviennent à y prendre place, et comme le temps est beau, ils font route aussitôt vers la côte italienne. Il est 2 h. Le canot atteindra miraculeusement le village de Santa Maria vers 8 heures du matin. L’alerte aussitôt donnée, de Tarente et de Brindisi, des torpilleurs se portent sur les lieux du drame. Des 500 hommes qui se trouvaient à l’eau à minuit, ils ne retrouvent que 29 survivants épuisés (soit en tout 137 survivants). On ne retrouve aucun officier. Le capitaine de vaisseau André et l’amiral Senes sont parmi les 684 morts (dont 92 finistériens) parmi les 821 officiers et hommes d’équipage on dénombre 3 soldats nés à Séné mort en ce jour du 27 avril 1915.
La presse morbihannaise annonce la nouvelle.
Les secours parviendront à sauver 29 naufragés, et retrouveront ce jour-là 58 morts, dont l'amiral Sénès.
Les victimes seront enterrées solennellement à Castrignano del Capo, commune la plus proche du promontoire de Santa Maria di Leuca, en présence de survivants, de la population locale, et de représentants de l'état italien. Cependant les corps seront rappatriés en France après guerre. En souvenir de ce naufrage, une chapelle a été batie au cimetière municipal de Castrignano del Capo.
Dans la chapelle, il demeure des plaque au nom des 58 corps retrouvés. Un déplacement sur place le 23 avril 2023 a permis de lire ces noms et de repérer celui de Vincent Marie LE DERF, l'un des trois Sinagots péris lors du torpillage du Gambetta.
Pour le centenaire du torpillage du Gambetta une cérémonie solennelle eut lieu sur le port de Santa Maria de Leuca ou l'Association des Marins inaugura une pierre tombale en mémoire des disparus du Gambettta.
On peut voir sur youtube deux videos de cette cérémonie.
Qui était les trois Sinagots disparus en mer lors du torpillage du "Gambetta"?
LE DERF Vincent : 26/10/1877 - 27/04/1915
L'état civil de Séné nous apprend que Vincent Marie LE DERF est né au village de Kerarden le 26/10/1877. Au dénombrement de 1911 ses parents sont toujours domiciliés à Séné.
A l'âge de 25 ans il se marie à Lorient le 23/01/1902 avec Marie-Cécile Guillemot commerçante. Lui est Quartier Maître Torpilleur sur " Le Guédon".
Sa fiche de matricule ne nous renseigne pas sur ses états de service avant son embarquement sur le "Gambetta" où il officie également en tant que Mâître torpilleur. Son corps sera retrouvé par les sauveteurs de Santa Maria de Leuca. Porté au cimetière communal de Castrignano, il sera ensuite rappatrié en France. Son épouse étant de Lorient, on peut supposer qu'il fut inhumé fin 1915 dans un cimetière en Morbihan.
LE FRANC Vincent Louis Marie : 19/07/1895 - 27/04/1915
A sa naissance à Moustérian le 19/07/1895, le père de Vincent Louis Marie LE FRANC est décédé sans doute pendant la grossesse de sa femme,
Celle-ci, Marie-Anne née Le Franc va vivre chez ces parents comme l'atteste le dénombrement de 1911.
Trois générations cohabitent, les grand-parents maternels, la jeune veuve mère de son unique enfant Vincent Louis Marie.
Celui-ci entame sa vie professionnelle en octobre 1908 comme mousse sur un canot.
Sa fiche de matricule ne nous renseigne pas et seule la fiche issue du site "Mémoires des Hommes" mentionne sa mort lors du torpillage du "Gambetta" en tant que matelot de 3° classe. Information bien sûr annoté sur sa fiche d'inscrit maritime. Il est à bord du Gambetta quelques jours après la mobilisation, le 11/08/1914.
Ainsi, ce jour du 27 avril 1915, Marie-Anne perd son unique enfant célibataire qui allait avoir 20 ans. Son nom figure sur le monument aux morts de séné.
PIERRE Édouard Vincent Marie : 29/08/1896 - 27/04/1915
Pas étonnant que le jeune Edouard Vincent Marie PIERRE, né à Moustérian d'un père marin, s'engage à l'âge de 16 ans dans la Marine.
Sa mère ménagère a mis au monde en ce 29 août 1896 deux jumeaux Edouard et Julien Joseph.
Edouard sera tout à tour "apprenti marin" en septembre 1912, puis matelot canonnier de 2° classe en août 1913 et lors du torpillage il s'est hissé matelot canonnier de 1ère classe. Il n'a pas encore 20 ans quand il disparait en mer alors à bord du "Gambetta". Son nom figure sur la liste gravée du monument aux morts de Séné.
Quant à son frère jumeau ? Sa matricule nous indique qu'il s'est également engagé le 25/09/1912 dans la marine. Son destin ne sera pas dramatique. Julien Joseph Marie PIERRE - qui a sans doute été mobilisé - se mariera en 1922 et décèdera à Port Louis en 1973.
Dans son livre intitulé "Le Pays de Séné", Emile MORIN nous raconte que le monument aux mort de Séné était situé en face le cimétière, comme le montre cette photo tirée du magazine paroissial "Le Sinagot" de 1976.
Cette décisioln date d'un conseil municipal de décembre 1924 comme nous le relate cet article de l'Ouest-Républicain.
Un dossier des Archives du Morbihan nous indique qu'il fut d'abord acquis en lisière du cimetière une parcelle de terrain n°536 à M & Mme Robino Jean Marie d'une surface de 120 m² pour la somme de 400 fr.
Les services de l'urbanisme de l'époque approuvèrent ce choix par son agent "voyer" le 21/01/1925.
La Préfecture autorisa le marché de gré à gré et le conseil municipal approuva le 21/12/1924 le devis de l'entreprise Jamet & Fils de Plouharnel daté du 7 novembre 1924. Le montant s'élevait à 17.913.50 Frs de l'époque monument et noms gravés. Le finacement fût assuré par une souscription publique à hauteur de 8.000 fr et des subventions.
Cette coupure de presse indiquent que si le devis est acté en ce début d'année 1925, les premiers travaux débutent en septembre 1925.
C'est Ferdinand ROBERT qui inaugurera le monument aux morts de Séné le 11 novembre 1927, soit neuf ans après l'Armistice. Cette journée est relatée dans cet article de novembre 1927 du "Cri du Poilu", journal mensuel de l'entre-deux guerres.
Le 11 novembre 1976, eut lieu la première cérémonie dans son emplacement actuel, comme l'annonce à l'époque le magazine paroissial "Le Sinagot" :
En 1925, une liste de soldats "Morts pour la Patrie" fut sans doute écrite sans trop de précaution par l'administration de l'époque. En effet, la liste des noms gravés comporte 18 patronymes mal orthographiés.
Il manque la particule "LE" au nom de ces soldats :
LE BARBIER Joseph Marie
LE BIGOT François Marie Pierre
LE BIGOT Jean Marie
LE BLOHIC Jean Marie
LE BOULAIS Henri Marie
LE BOURHIS Vincent Marie Henri
LE DIBOISE Marcel
LE GALLIC François Marie
LE GODEC Joseph Marie
LE GREGAM Jean Marie
LE MASSON Joseph
LE MENACH Louis Marie François
LE MENACH Joseph Marie
LE PAUTREMAT Ange Pierre Marie
LE TREHUDIC Jean Marie
Inscrit au monument aux mort avec une erreur de patronyme : on a mis un « T ».
MONFORT Jean Pierre
Inscrit au monument aux mort avec une erreur de patronyme : on a omis un « L ».
BOURVELLEC Armel
Inscrit au monument aux mort avec une erreur de patronyme : on a mis un « TH ».
LUCIEN TIPHAIGNE
Le "centenaire" de l'Armistice en 2018, n'est-elle pas l'occasion de rectifierr et refaire la plaque gravée ?
Postérieurement à son édification, le décès de marins à l'étranger est parvenu aux autorités, des lois sont venues élargir le plus souvent la notion de "Mort pour la France", si bien que la liste gravée en 1925 n'a pas été remise à jour.
Le 11/11/2018 n'est-il pas l'occasion de vérifier cette liste à la lumière des informations aujourd'hui disponibles ?
En effet, dans le cadre des commémoration du "Centenaire", le Ministère de la Défense a "mis en ligne" des informations sur les "Poilus", notamment avec le site "Mémoires des Hommes".
Les départements ont fait un gros effort de numérisation des matricules militaires de soldats de la "Grande Guerre".
Les particuliers, surfant sur les forums Internet, échangent des informations sur la Première Guerre Mondiale.
Aujourd'hui, nous avons un accès facilité à des informations relatives aux soldats mobilisés pour la guerre de 14-18, aux anciens combattants et aux morts pour la France liés à ce conflit, sans oublier les registres de l'état civil des communes.
Le monument aux morts de Séné comporte 86 noms de soldats "Morts pour la France" pendant la guerre de 14-18.
Fort de ces informations disponibles, Wiki-Sené qui a vérifié cette liste et mis en évidence des oublis !
Cet article présente sur 5 fiches les documents qui démontrent que 5 soldats ont été oubliés sur la liste gravée sur notre monument aux morts.
FICHE Marc Louis RAULT (31/01/1881 – 29/05/1916) :
Il était domicilié à Séné comme le rapporte son acte de décès, où il s'est marié avec Anne-Marie LE BRUN le 13/01/1909 à Séné.
Il est bien « Mort pour la France » comme l’indique son acte de décès.
Le site du Ministère de la Défense « Mémoires des Hommes » nous confirme ses faits d’armes :
Que nous apprend sa fiche de matricule ? Le soldat Rault a reçu la médaille militaire ; « Soldat d’une bravoure éprouvée » croix de guerre et médaille d’argent.
Il était même chiffonnier de métier à Séné comme le montre le « dénombrement » de 1911.
Marc Louis RAULT, est mort le 29/05/1916 porté disparu pendant la « Bataille de Verdun » à Cumières.
Né à Lanfains sont nom figure au monument aux mort de cette commune. Il peut également être inscrit à celui de Séné.
FICHE Pierre Marie LE DORIOL (17/03/1897 - 29/10/1915)
Le Ministère de la Marine en date du 30/01/1930 a attribué la mention « Mort pour la France » au marin Le Doriol, natif de Séné, comme l’indique le registre d’état civil de la commune. Cet acte est postérieur à l’inauguration du monument aux morts de Séné en 1925.
Même si Pierre Marie LE DORIOL n’a pas combattu, il a œuvré à l’effort de guerre. Le bateau sur lequel il était matelot a sombré torpillé ou à cause d'une mine.
Il faut réparer cet oubli et ajouter son nom à la liste gravée.
Lire article complet sur les circonstances du naufrage.
FICHE Jean Marie OLIVIERO (2/12/1879 – 8/06/1916)
Son acte de naissance nous indique qu’il est natif de Questembert, issu d’une famille de journaliers.
Sa fiche de matricule nous indique qu’il a du perdre ses parents car il est signalé comme de « enfant assisté » :
Le « Livre d’or » reprend son nom et nous indique qu’il a combattu avec le 348° Rgt d’Infanterie et est mort à Douaumont :
Il n’est pas présent sur un autre monument au mort, notamment en sa commune de naissance Questembert comme l’indique le site MémorialGenWeb
Son nom apparait au dénombrmeent de 1891. Il est un jeune berger chez la famille Normand, il a 11 ans.
Le dénombrement de 1911 nous indique qu’il résidait bien à Séné où il était « domestique de ferme » chez une famille de métayers à Saint Laurent.
L’histoire du 348° régiment éditée en 1921 par l’imprimerie J. Brinkmann de Mulhouse mentionne son nom et son décès à Douaumont le 8 juin 1916 où comme tant d’autres il mourra face à l’attaque de 6 divisions allemandes.
Jean Marie OLIVIERO, fils de l’assistance, sans doute sans frère ni sœur, qui va bien pouvoir défendre ta mémoire en 2018 ?
Tu es mort pour la France mais qui le sait ?
FICHE DE Joachim Marie CORBEL (Baud 5/10/1887 – 25/09/1915)
Joachim Corbel est né à Baud comme l’indique son acte de naissance :
Il a du perdre ses parents jeunes puisque sa fiche matricule stipule la mention « pupille de l’assistance publique ». Il est bien domicilié à Séné.
Le dénombrement de 1906 nous situe Joachim CORBEL, enfant assisté, comme un des 2 domestiques de ferme chez les Le Thiec à Cano, famille de cultivateurs comptant 6 enfants. Corbel y cotoie donc Louis François LE THIEC, autre Sinagot, frère d'arme, "mort pour la France" le 10/04/1915.
Le site Mémoire des Hommes nous apprend qu’il est mort à Tahure le 25/09/1915 pendant la bataille de Champagne.
FICHE de Louis Marie GUIGUELE né à Brech le 30/09/1881
Ton acte de naissance à Brech le 30/09/1881 nous indique que tu fus marqué dès ta naissance. Fils naturel de Jeanne Perrine GUIGUELE.
A l’âge de d’accomplir ton service militaire tu t’engages pour 5 ans dans la marine. Tu renouvelles ton engagement pour 3 ans en 1906. Le 16/06/1909 tu passes à la réserve.
Tu te maries à Lorient le 28/08/1909 avec Marie Françoise LE DORZ.
Tu sera mobilisé en 1914. Tu aura presque passé toute la guerre au front pour décéder en Belgique au combat le 14/10/1918, un mois avant l’armistice !
Ton nom figure dans le Livre d’Or. Qui portera ton destin tragique à la connaissance des Sinagots ?
L'histoire des boulangers de Séné : depuis les LE DIGABEL jusqu'aux MONDEJAR, Place de l'Eglise au Bourg.
La consultation des registres de l'état civil sur le site des Archives du Morbihan et celle des sites de généalogie permettent de retrouver des actes où figure parfois la profession des parents ou des mariés.
Ainsi l'acte de mariage de Sylvestre LE DIGABEL [17/7/1778-3/10/1835] le 31/1/1809 avec Guillemette LE DU, nous apprend que ce dernier, natif du village de Langle, est boulanger au bourg de Séné.
Pourtant, ses parents, Vincent LE DIGABEL et Elisabeth LOHER sont laboureurs à Langle. Nous sommes sous le 1er Empire et la Révolution a rabattu les cartes des professions. Il est sans doute devenu un notable à Séné puisqu'il épouse la fille du 2° maire de Séné, Julien LE DU.
Analyse : Comment le jeune LE DIGABEL est-il devenu boulanger au bourg?
Il se peut qu'à la Révolution le ou les fours situés au bourg de Séné, peut-être propriétés comme le moulin de Cantizac du Clergé ou de la Noblesse, aient été saisis et vendus par les Autorités Révolutionnaires. La famille LE DIGABEL se serait portée acquerreur d'un four.
Si les actes d'état civil et les dénombrements montrent la présence en ce début de XIX° siècle, de boulangers établis au bourg de Séné. Ainsi Bertran CALLOH [18/9/1792-26/12/1850], âgé de 25 ans, déclare cette profession lors de la naissance de ses jumelles Perrine et Marie le 6/2//1817. Mathurin LE ROUIC, 23 ans, boulanger, se marie avec Marie LE FRANC le 23/3/1817.
L'hypothèse de 2 fours au bourg de Séné est renforcée par la présence au dénombrement de 1841 de la famille LE PLAT, originaire de Theix, boulangers au bourg, comme les LE DIGABEL. Cette hypothèse semble crédible quand on consulte le cadastre de 1810. On note deux batiments avec une excroissance arrondie pouvant être l'âtre du four. Au débouché de l'actuelle rue de la Fontaine, là où existe toujours aujourd'hui la boulangerie Mondéjar, Place de l'Eglise, il y avait un four. Le deuxième four semble être à la place de l'actuel bar Le Séné Marin, là même où il y eut jadis un café-auberge tenu par les Robino...
Ces deux fours si près de l'église auraient pu avoir été des biens du clergé....
Au premier dénombrement connu à Séné en 1841, sous le règne de Louis-Philippe, son fils Jean LE DIGABEL [14/1/1813-23/8/1875] est boulanger aux côtés de son épouse Catherine Raud. Il décèdera, chose curieuse, à Fontevraud (49) le 23/8/1875 (Lire article dédié en Faits-Divers) .Entre temps il a assuré sa succession...
Sa fille Mathurine LE DIGABEL [21/11/1840-23/6/1918] déclare l'activité de lingère lors de son mariage le 9/8/1864 avec Jean Auguste ROBINO [13/2/1836 Sarzeau-5/2/1894-Séné], qui, quant à lui, est boulanger à Theix.
Les actes de naissance de leurs 2 enfants en 1867 et 1868 attestent la présence de Michel Marie LE GALLES et Marie Anne LAYEC, boulangers résidents au bourg de Séné.
Au dénombrement de 1886, la famille Robino est bien établie à Séné avec leurs nombreux enfants comme le confirme également le dénombrement de 1891 où néammoins apparait une autre famille de boulangers, mitoyens des Robino, les GUILLAS. Travaillaient-ils ensemble à fabriquer le pain dans le ou les fours des boulangeries du bourg Séné?
André GUILLAS [1818 Meucon - 14/10/1871 Bourg-Séné] déclare la profession de boulanger lors de la naissance de sa fille Marie Julienne en 1863. Il est le second mari de Marie Andrée LE GUILLANTON [18/9/1823 Vannes- ??] dont le premier époux, Yves Marie BOTHEREL [3/6/1818 Vannes - 10/4/1850 Séné Bourg] fut aussi boulanger à Séné.
SCHJERFBECK Helene 1862-1946 La boulangerie 1887
Cet état de fait perdure. Au dénombrement de 1901, 'on voit que Armand Jean ROBINO [18/7/1865-25/5/1913] a repris le fournil avec sa femme Marie Julienne LE DRESSAY.
Cet article de 1904 nous rapelle que les boulangers disposent d'un four à bois. Le dénommé Bigniau, est sans doute boulanger chez les Robino.
En 1906, les Robino emploient le boulanger Pierre Marie Perrono qui vit à Montsarrac, comme nous l'indique le dénombrement.
Armand ROBINO décède prématurément en 1913. Sa veuve, Marie LE DRESSAY, épousera en 1917 son beau-frère, Joseph ROBINO [26/1/1878-29/6/1939] qui sera mobilisé contre l'Allemagne du 11/9/1916 au 24/1/1919.
Ces deux vieilles cartes postales issues du livre d'Emile MORIN, l"Le Pays de Séné",donnent deux vues opposées de la rue Principale au bourg de Séné.
La première est prise "devant la pharmacie actuelle en regardant vers la mairie".
On voit au 1er plan à droite les Robino devant leur boulangerie. La façade blanche correspond à l'actuel café du bourg. Au second plan, comme l'explique Emile MORIN, la maison de la famille Simon qui sera détruite pour construire la nouvelle mairie vers 1924-26. (Lirer l'histoire des maires).
A gauche, la maison et sa cahute seront détruites pour élargir la rue. On reconnait à gauche la cheminée de l'ancienne bibliothèque du bourg.
La deuxième est prise "devant l'ancienne bibliothèque" et montre à gauche le café du bourg à l'angle de la rue La Fontaine. Sur sa gauche, l'ancienne épicerie de la famille Janvier, parents des Robino, qui sera détruite pour laisser place à une agence immobilière. A droite, un enclos devant la future bibliothèque, qui sera démoli et la masure qui sera également démolie.
Au second plan, l'ancienne boulangerie Robino avec devant une charette et un tas de fagots pour allimenter le four à bois.
Au dénombrement de 1926, la famille Robino "recomposée" s'active au fournil du bourg où elle emploie un ouvrier.
Photo collection Emile MORIN
Louis ROBINO [16/9/1900-22/8/1929] se marie le 7/9/1926 avec Eugénie QUESTER [26/2/1902-3/9/1979] et une belle noce a lieu à Séné qui rassemble 300 personnes. Cependant, Mme QUESTER perd son époux en 1929. Elle prend les reines de la boulangerie, épaulée par son ouvrier.
La fenêtre de droite de la vieille boulangerie est agrandie pour laisser place à un premier magasin pour accueillir les clients. Pour porter le pain aux familles qui résident dnas les nombreux villages de Séné, Mme QUESTER faisait les tournées de pains dans la commune en char à ban, se souvient sa belle-fille Mme NOBLANC.
Eugénie QUESTER, son jeune enfant Louis en 1935 avec
Aimée PELLEN née Le Corvec devant la boulangerie Collection Maggio.
Sous l'occupation Séné, ville cotière est fortement surveillée par les Allemands qui occupent plusieurs maisons de Sinagots. Le document ci-dessus nous indique que la mairie de l'époque autorise le boulanger Julien LE GLOAHEC [4/5/1875 Vannes - Séné] à circuler la nuit pour se rendre à la boulangerie de la veuve Robino au bourg. Le document n'est pas signé du maire,
Leur enfant, Louis Armand ROBINO [1929-22/06/2021], reprendra la boulangerie familiale avec son épouse Madeleine NOBLANC. Après la Libération, la boulangerie Robino fera les tournées pour vendre le pain dans les villages en estafette bleue.
On voit bien sur cette vue aérienne, la place de l'Eglise avec les deux maisons jumelles. A gauche la boulangerie et à droite la future pharmacie des voiles rouges.
Au dénombrmeent de 1962, il est bien répertorié en tant que boulanger avec sa mère. En 1963, la batisse de gauche, similaire à celle occupée aujourdh'ui par la pharmacie du bourg, est abattue pour construire une nouvelle maison et un nouveau fournil.
Photo 1965-Collection Maggio
En 1989, Louis ROBINO fait une réclame dans le bulletin municipal de l'époque.
Il cèdera le fond en 1989 à un boulanger, Michel LE GOFF qui restera 4 ans dans ces murs.
Par la suite la Sarl CRIAUD fera le pain au 22 Place de l'Eglise à Séné. En 1998, c'est au tour de Jean-Pierre et Catherine DUAULT de reprendre la boulangerie du bourg de Séné.
En 2006, Fabienne et Didier TARDIFF s'installent boulangers. Depuis septembre 2017, Patricia et Thierry MONDEJAR sont nos nouveaux boulangers au bourg de Séné.
Mention spéciale à la boulangerie Mondejar, qui a donné à de succulentes pâtisseries des noms de notre patrimoine.
Pour faire la guerre, il faut des soldats, des mitrailleuses, des canons et de la poudre. La poudre est produite à partir de nitrates. Pendant toute la durée du conflit, le transport des matières premières, charbon, métaux et nitrates a été primordiale pour approvisionner les usines d'armements. Lire l'histoire des charbonniers Danet et Rolland ou "minéralier" que fut JACOB.
Les principaux gisements de nitrates se trouvent au Chili et les belligérant affrêtent des navires pour transporter la base de la poudre à canon.
Parmi ces marins, trois jeunes Sinagots, Pierre Marie LE DORIOL, Louis Jean Marie DARON et Pierre Marie LE PORT ont oeuvré à l'effort de guerre et sont disparus bien jeunes en mer pour ramener en France les précieux nitrates.
Pierre Marie LE DORIOL : 17/03/1897 - 29/10/1915. officiellment mine
Pierre Le Doriol est né à Séné, village de Kerdavid comme l'indique son acte de naissance. Son père est pêcheur et sa mère ménagère.
On retrouve la composition de la famille Le Doriol au dénombrement de 1911 avec 3 garçons et leur parents.
Sa fiche d'inscrit maritime nous indique qu'il embrasse la carrière de marin à l'âge de 13 ans comme mousse sur la Sainte Espérance et on le retrouve matelot sur ce même bateau en mars 1913. Après une semaine sur le Touraine - bateau dans le quel s'est noyé Le Gregam de Séné - on le voit à bord du Hoche comme matelot léger à partir de juin 1914. Il y fait un premier voyage vers Liverppol.
"Le Hoche" est un trois-mâts carré de 1941 tonneaux JB, lancé le 4 mai 1901 par les Chantiers de la Loire.
Il est armé à Nantes le 28/09/1915 et faisait route de Nantes à Valparaiso au Chili via Leith près d'Edimbourg en Ecosse. Il a disparu le 29 octobre au large de l'Ecosse entre Ipswich et Leith. Il allait sans doute charger au Chili du nitrate, indispensable minerai pour produire la poudre à canon.
Que s'est-il passé ?
Les cartes météo des 29 et 30 Octobre 1915 nous montrent qu'une violente tempête de SW devait régner sur la zone à cette période. On peut donc penser que le navire, probablement sur lest puisqu'il devait charger à Leith, aura connu des difficultés et fait naufrage par fortune de mer.
La presse de l'époque se fait l'écho de ce naufrage :
– Le Figaro, n° 303, 30 octobre 1915, p. 2 : Dépêches et nouvelles.
Inquiétudes. - La goélette Hoche, de Nantes, a été vue à la dérive, au large des côtes d'Écosse, puis a disparu. On craint qu'elle n'ait péri,
- Ouest-Éclair – éd. de Nantes – , n° 5984, 31 octobre 1915, p. 4 : UN NAVIRE FRANÇAIS PERDU.
LONDRES, 30 octobre. - La goélette française Hoche, de Nantes (il s'agit, sans doute, du long-courrier nantais), a été aperçu [sic] jeudi soir allant à la dérive au milieu de la tempête, à environ huit milles de la côte Est d'Écosse, entre Arbroath et Carnoustie. Les feux du bâtiment ont disparu à la nuit tombante, et, ce matin, de nombreux débris ont été aperçu [sic] sur le rivage. Quatre canots appartenant au Hoche, ainsi que des ceintures de sauvetage, ont été trouvées [sic] également sur la grève. On craint que le bâtiment n'ait été perdu corps et biens.
Le Hoche avait quitté Ipswich il y a quelques jours. L'équipage comprenait 23 hommes. »
Et une interrogation en raison de cette autre brève : le Hoche aurait-il été remorqué, avant ou après avoir été désemparé par la tempête, situation qui semble néanmoins fort peu probable ?
– Ouest-Éclair – éd. de Nantes – , n° 5988, 4 novembre 1915, p. 4 : NOUVELLES MARITIMES. – LA PERTE DU HOCHE. -
Le remorqueur Homer, qui conduisait le navire Hoche, est arrivé à Broughty-Ferry. Son capitaine signale que la remorque s'est rompue. Pendant le coup de vent, de nombreux débris ont été aperçus sur le rivage. Quatre canots appartenant au Hoche, ainsi que des ceintures de sauvetage, ont été trouvés également sur la grève. »
Ainsi le HOCHE était en remorque (comme sur cette photo prise dans un port de Hollande) et l'amarre du remorqueur Homer a cassé dans le mauvais temps. Il est parti en dérive dans la tempête et se serait perdu....
On a retrouvé quelques épaves sur la côte. Il y a fort a parier que ce fut une question de ripage de lest. Les voiliers étaient effectivement souvent remorqués pour de petites traversées. Les marins du Hoche victime d'une avari ont pu monter sur les canots de sauvetage mais le mauvais temps ne leur a pas permis d'atteindre terre et ils périrent en mer
Une autre source confirme le naufrage :
"Etat-civil de la mairie de Nantes, jugement du tribunal civil de Nantes du 18 octobre 1917.
Extrait...le 23 octobre 1915, le trois-mâts Hoche, immatriculé à Nantes f° 191 n° 568, quitta Ipswich à destination de Leith en remorque du remorqueur anglais Homer. Le navire, construit à Nantes en 1901, jaugeant 2 211 tonneaux, avait été armé administrativement à Nantes pour le long cours, le 24 septembre 1915, sous le n° 410. Dans la nuit du 28 au 29 octobre 1915, le Hoche se perdit corps et biens près d'Arbroath, alors qu'il était au mouillage à trois milles de terre. De nombreuses épaves recueillies à la côte le lendemain de sa disparition ont été reconnues comme appartenant au trois-mâts Hoche. D'autre part, depuis l'évènement, aucune nouvelle de l'équipage et des passagères n'est parvenue, et...les marins et les femmes qui les accompagnaient n'ont pas reparu à leurs domiciles respectifs..."
En première analyse, il semblerait que cela soit une fortune de mer qui a causé la mort de ses 32 hommes d'équipage du Hoche, dont le matelot Pierre Marie LE DORIOL qui disparait en mer à peine âgé de 18 ans.
Cependant pour d'autres éléments [à trouver] en sa possession, l'administration retiendra un fait de guerre parce que la zone était connue pour être parsemés de mines, ce qui permis d'indemniser l'armateur et de déclarer "Morts pour la France" l'équipage. L'annonce de son décès arrivera a Séné.
Ce n'est qu'en 1930 que le ministère de la marine accordera la mention "Mort pour la France" à Pierre Marie LE DORIOL ce qui lui donne le droit de figurer au monument aux morts de Séné qui n'a pu en tenir compte puisqu'il date de 1925.
Il faut donc rajouter son nom sur la liste gravée.
Louis Jean Marie DARON : 4/01/1900 - 31 juillet 1917 - Torpille U151
Louis Daron nait au début du XX°siècle ce 4/01/1900. Son père est marin de commerce et sa mère ménagère, c'est à dire mère au foyer.
La famille apparait au dénombrement de 1911 composée de 3 enfant autour de leur mère veuve depuis le décès de Mathurin Marie le 31/12/1905.
Comme son père, Louis Daron embrasse la carrière de marin. Sa fiche d'Inscrit Maritime nous fait découvrir son parcours de jeune marin. C'est à bord du canot le Printemps que le 4/01/1913 Louis Daron fait ses débuts de mousse à peine âgé de 13 ans. Au début du conflit il est à bord du Leopold. Le dernier bâteau répertorié est le Marie Céline où il est embarqué de mai à septembre 1916.
Malgré la mort de son frère (lire l'article sur les fusiliers marins à Dixmude), Louis Jean Marie DARON, travaille lui aussi à la victoire. En cet été de 1917, il est marin à bord du Madeleine II.
Ce bateau de l'armement Bordes traverse l'Atlantique pour ramener du nitrate du Chili nécesaire à la fabrication des explosifs. Comme tous ces navires qui approvionnent la France, il est une proie facile pour les U Bolt allemands.
Le 31 juillet 1917 le Madeleine est attaqué et coulé par le sous-marin allemand U155. Parmi les victimes le jeune Sinagot, Louis Jean Marie DARON à peine âgé de 17 ans.
C'est par décision du minsitre de la Marine qui sera déclaré "Mort pour la France en 1930.
Caractéristiques du MADELEINE II :
D’abord gréé en quatre-mâts carré, il fut finalement regréé en trois-mâts carré. Ce n’était pas un navire de grande marche, mais son port en lourd était avantageux par rapport à sa jauge. 3220 tpl 2709 tx JB 2340 tx JN Longueur environ 88 m Largeur supérieure à 12 m.
Capitaine Alexandre LEVEQUE né le 28/04/1884 à Pléneuf Inscrit à Saint Brieuc
La perte du MADELEINE II :
Le 6 Juillet 1917, le MADELEINE II quitte Le Verdon, à l'embouchure de la Gironde, pour Sydney sur lest, en convoi, escorté par trois patrouilleurs. Parmi les voiliers du convoi figurent également ALEXANDRE et MARTHE qui partent vers le Chili, REINE BLANCHE pour Adélaïde, tous de la compagnie Bordes, VERSAILLES et VILLE DE MULHOUSE, affrétés par le gouvernement français pour rapporter des céréales d’Australie et qui ont Melbourne comme port de destination.
Quand commence la Première Guerre mondiale, l'armement Bordes est constitué de 46 navires, 60 capitaines, 170 officiers et 1 400 matelots et maîtres. Il était le spécialiste du transport de nitrate entre le Chili et la France. La compagnie importait d'ailleurs la moitié du nitrate européen. Pendant le conflit, ses navires effectuèrent ainsi cent vingt deux voyages pour approvisionner les ports français, ce qui fut primordial pour l'effort de guerre. En effet, le nitrate était, à cette époque, un constituant des poudres pour les explosifs. Ces rotations auront donc une importance capitale pour le sort des armes. À noter que la compagnie avait été réquisitionnée par l'État début 1917, ce qui avait occasionné un changement de nom, l'armement Bordes devenant la Compagnie d'armement et d'importation des nitrates de soude.
La traversée se déroule sans encombre jusqu’à la latitude de Madère.
Rapport du capitaine Lévèque :
« Le Mardi 31 Juillet à 07H00 du matin, par 33°55 N et 22°50 W, j’ai été attaqué par un sous-marin ennemi venant du NE et signalé quelques instants avant par l’homme de vigie comme se dirigeant vers nous. Fait prendre aussitôt les dispositions de combat, mis en marche le moteur pour les émissions des appareils TSF, lancé, aussitôt l’attaque, le signal de détresse SOS suivi de notre position. Le trois-mâts est handicapé par le calme qui rend ses manœuvres lentes. Je noterai au passage le calme de mon équipage et le sang-froid des canonniers, en particulier du quartier-maitre Dinand, chef plein d’énergie de la pièce de bâbord qui parvint à encadrer l’ennemi, à le garder à distance et tira jusqu’au dernier obus restant sur le pont.
Au bout d’une heure et demie de lutte, après avoir tiré environ 200 obus, un projectile, atteignant la partie arrière de la chambre de veille et tombe sur les armoires à munitions. L’explosion tue et blesse tous les hommes assurant l’alimentation des deux pièces dont le feu diminue progressivement d’intensité, étant dans l’impossibilité de les pourvoir. Plusieurs autres obus tombent sur le pont, dans la mâture et le long du bord, blessant d’autres hommes. Un autre frappe l’avant bâbord, faisant une brèche à la flottaison. Ayant plus de la moitié de mon équipage hors de combat, étant moi-même sérieusement blessé à la cuisse gauche et étant couvert de brûlures, le feu de mes pièces étant de plus en plus éteint, décidé, après avis des principaux survivants, d’abandonner le navire dont l’arrière brûlait et que l’eau commençait à envahir. Il était 08h45 du matin. Mis à l’eau la baleinière de bâbord, celle de tribord étant indisponible, trouée par des éclats. Descendu les blessés en premier et quitté le navire avec vingt hommes. Les papiers du bord ont disparu dans l’incendie. Nous nous sommes écartés du bord. Le feu de l’ennemi, resté à distance respectable, cessa vers 10h00, quand le navire eût sombré. Le sous-marin s’approcha alors, mais changea brusquement sa route pour se diriger vers un vapeur dont on apercevait la fumée à l’horizon. »
Ce navire était le vapeur anglais SNOWDONIAN, 3870 tx. Il fut bientôt attaqué, car son appel de détresse fut reçu par le vapeur américain SANTA CECILIA, capitaine Forward, de la compagnie Nafra Line, de New York, qui faisait route vers Gênes. Un peu plus tard, il fut coulé à la position 33°44 N 22°22 W. A 13h00, le SANTA CECILIA recueillit les rescapés du MADELEINE II, et les premiers soins, sommaires car le vapeur n’avait pas de médecin, furent donnés aux blessés. Le 4 Août, ils furent transférés sur le chalutier MARACHI qui les débarqua le 7 Août à Casablanca. Le 30 Septembre 1917, le capitaine Lévèque et ses hommes furent cités à l’ordre du jour de l’armée. Le 14 Octobre 1917, un témoignage officiel de satisfaction fut accordé au navire et à son équipage.
Voici la liste des onze marins tués au cours du combat :
CARFANTON Lieutenant, DELEPINE Emile Second maitre, CHAUTEL Michel Charpentier
GERMAIN Joseph Mécanicien, BRIOT Jean Matelot, DARON Louis Matelot
FRELAUT Georges Matelot, MEHOUAS Joseph Matelot, MORVAN Yves Matelot
GUERIN Armand Mousse, ERRECALDE Victor Télégraphiste
Le sous-marin attaquant : C’était le grand sous-marin U 155 commandé du 19.02.1917 au 05.09.1917 par le Kapitänleutnant Karl MEUSEL avec à son bord 73 hommes d'équpage.
Il se rendit aux alliés le 20 novembre 1918 et fut exhibé sur la Tamise à Londres. Pendant le conflit, l'U 155 a coulé 43 navires pour un total de 120.441 t.
LE PORT Pierre Marie : 16/10/1886 - 19/09/1917
Pierre Marie LE PORT est né le 16/10/1886 en Arradon. Son extrait de naissance nous apprend qu'il nait de père inconnu et que sa mère est cultivatrice à Arradon.
Sa fiche d'inscrit maritime nous livre les débuts de son activité professionnelle à l'âge de 17 ans comme novice sur le canot l'Amiral Duperré à Séné en 1903 puis sur la Triomphante jusqu'en 1906 pour ensuite devenir sur ce bateau matelot. Cet Arradonnais fait la connaissance d'une Sinagote, Marie Céline DANET qu'il épouse le 4 avril 1910 comme l'indique la mention marginale de leur acte de naissance respectif et leur acte de mariage à Séné..
Pierre Marie LE PORT en uniforme de matelot
Photo collection L. Gerphagnon
Le jeune couple s'installe à Séné et on les retrouve au dénombrement de 1911. Comme de nombreuses familles, ils sont pêcheurs.
Marie Celina DANET, épouse LE PORT avec ses 2 filles
photo collection L.Gerphagnon
La fiche de matricule comme la fiche "Mémoire des Hommes" nous indiquent simplement que Pierre Marie LE PORT à l'âge de 31 ans est marin sur le quatre-mats "Blanche" comme quartier maître canonnier. Le bateau de commerce participe à l'effort de guerre en allant chercher des matières premières. Le voici en second plan amarré sur le port de La Pallice près de La Rochelle.
Le 4 mâts "Blanche" a été lancé au Havre le 29 novembre 1898. Il est spécialisé dans l’importation de nickel de Nouvelle-Calédonie. En 1912, il a été repris par l’armement Bordes qui lui donnait le nom de BLANCHE (3e du nom) en l'honneur de la fille de l’armateur A.D. Bordes. Longueur : 95,20 m, largeur : 13,80 m, 3 500 m² de voilure.
Le 12 septembre 1917, le navire quitte le port de La Pallice près de la Rochelle en convoi.
Le 19, à 300 miles des côtes, il est attaqué par un sous-marin allemand et après 2h30 de combat et malgré 180 coups de canon, il reçoit une torpille qui partage le bateau en deux qui coule immédiatement. On dénombre 15 rescapés qui ont pu atteindre une baleinière de sauvetage mais on dénombre 18 disparus engloutis avec la 4 mâts, dont Pierre-Marie LE PORT.
Le site internet sérieux qui répertorie les sous-marins allemands et les bateaux coulés nous livre une information importante. Le dernier trajet de la Blanche consistait à relier La Pallice à Iquique. Wikipedia nous relève que Iquique est un port du Chili spécialisé à l'époque dans l'exportaiton des nitrates naturels ou "salitres".
Au début de la Première Guerre mondiale, le Reich allemand ne tient pas compte de la neutralité du Royaume belge. Les troupes allemandes traversèrent la frontière belge près d'Arlon, et avancèrent rapidement dans le pays afin de prendre possession des ports français de Calais et Dunkerque. Lorsque l'armée allemande arriva aux environs de Dixmude en octobre 1914, le Roi des Belges donna l'ordre d'inonder la région en ouvrant les écluses de l'Yser, stoppant ainsi l'avancée des troupes allemandes.
Le fleuve envahi par la mer devint alors une ligne de front. La ville fut attaquée une première fois le 16 octobre 1914, ce qui marqua le début de la bataille de l'Yser. Les combats sur le front belge ne cessèrent qu'à la fin de la guerre.
Parmi les soldats français envoyés sur le front de l'Yser en Belgique figure les soldats du 1er et 2° Régiment de Fusiliers Marins. Après l'hécatombe des premiers mois de guerre et la bataille de la Marne, la marine qui dispose d'hommes aptes au combat les met sous les ordres de l'infanterie pour contrer l'avancée allemande. Ainsi plus de 6.000 fusiliers marins, reconnaissables à leur pompon rouge sur leur béret, pour beaucoup originaire de Bretagne, gagnent le front des Flandres.
11 fusiliers marins natifs ou domiciliés à Séné figurent parmi les victimes sur le front belge :
Joseph Marie Le MENACH : 25/03/1886 - 21/10/1914, 30 ans
Joseph Marie LE GODEC : 2/01/1885 - 27/10/1914, 29 ans
Joseph Marie CALONEC : 28/07/1890 - 7/11/1914, 24 ans
Jean Marie LE BOURVELEC : 7/01/1891 - 10/11/1914, 23 ans
Vincent Marie MOREL : 23/08/1888 - 12/11/1914, 26 ans
Louis Marie DANET : 1712/1892 - 14/11/1914, 22 ans.
Jean Marie MARION : 14/05/1890 - 18/11/1914, 24 ans
Pierre Marie CADERO : 23/06/1890 - 17/02/1915, 25 ans
Jean Marie Stanislas DANET : 21/01/1894 - 15/04/1915, 21 ans
Joseph Vincent Marie DARON 2/07/1892 - 1/06/1915, 23 ans
Jean Marie DANET : 27/12/1894 - 11/07/1916, 22 ans
Qui étaient-ils ? Comment ont-ils perdu leur vie dans les Flandres ?
Joseph Marie Le MENACH : 25/03/1886 - 21/10/1914, 30 ans.
Parmi ces fusiliers marins figure le soldat sinagot, Joseph Marie Le MENACH né le 25/03/1886 au village de Gornevez.
Le dénombrement de 1911 nous apprend qu'il est l'aîné des trois garçons de cette famille de cultivateurs qui emploie et loge au Gorneveze une jeune bergère.
A l'âge d'effectuer son service militaire, Joseph s'est s'engagé pour 5 ans comme en témoigne sa fiche de matricule. Il n'apparait pas dans les dénombrement de 1906 et 1911.
Dès la publication du Décret de Mobilisation le 1er août 1914, il abandonne son métier de boulanger et intègre en tant que soldat de 2° classe boulanger-coq le 1er Régiment de fusiliers marins.
Joseph Le Menach est "tué à l'ennemi" le 21/10/1914 à 7 heures du matin, à l'âge de 28 ans. Il a fait l'objet d'une citation à tire posthume :
Joseph Marie LE GODEC : 2/01/1885 - 27/10/1914
La fiche "Mémoire des Hommes" nous indique que Joseph Marie LE GODEC, appartient au 1er Régiments de Fusiliers Marins. Il est blessé sur le champs de bataille et décède à Rosendael, près de Dunquerke. Son extrait de naissance nous indique qu'il était natif de La Tour du Parc avec un père douanier. C'est sans doute au hasard des affectations de son père à Séné qu'il est devenue Sinagot.
Il avait épousé le 29/06/1913 à Toulon, Marie Brigitte SIMON. On peut supposer qu'il était engagé volontaire et qu'il réussit a devenir Quartier Maître Electricien aux armées.
Sa tombe figure à la Nécropole Nationale de Dunquerke n°943.
Joseph Marie CALONEC : 28/07/1890 - 7/11/1914
Joseph Marie CALONEC naît à Plumergat où son père est menuisier. La famille s'établira à Séné au village du Meniech car sur son acte de décès figure cette adresse pour son dernier domicile connu.
On peut supposer que son père était charpentier de marine à Séné là où tant de pêcheurs exerçaient..
La fiche de matricule ne renseigne en rien. Sa fiche d'inscrit maritime nous décrit son parcours de marin jusqu'à la mobilisation :
Il incorpore le 2° Régiment de Fusiliers Marins et il est blessé sur le front. Evacué et transportable, il est dirigé vers l'hôpital de Vernon dans l'Eure où il décède des suites de ses blessures à l'âge de 24 ans.
LE BOURVELEC Jean Marie : 7/01/1891 - 10/11/1914
Il nait au village de Langle à Séné le 7/01/1891 au sein d'une famille de pêcheurs.
L'école achevée, il choisit de devenir mousse comme beaucoup des enfants de la presqu'île de Langle. Sa fiche d'inscrit maritime nous permet de suivre ses affectations :
Lors de la mobilisation il rejoint le 3° Dépôt de Lorient et intègre le 2° Régiment de Fusiliers Marins comme matelot de 2° classe. Le 10/11/1914 il disparait lors des combats à Dixmude. Seul fusilier marin de Séné dont le nom n'est pas inscrit au monument aux morts de Séné mais de Vannes.
Vincent Marie MOREL : 23/08/1888 - 12/11/1914
Ce 1er régiment de fusiliers marins a également incorporé un autre marin sinagot en la personne de Vincent Marie MOREL natif du village de Canivarch.
Il intègre lui aussi le 1er Régiment de fusiliers marins en tant que matelot de 1er Classe. Sa fiche d'inscrit maritime nous retracce son parcours de mousse dès l'âge de 14 ans:
Il se marie le 17/06/1913 à Séné avec Marie Perrine DANET, ménagère à Canivach Lors de la mobilisation il rejoint le 3° dépôt des équipages à Lorient et incorpore le régiment de fusiliers marins.
Le 12 novembre le matelot MOREL décède des suites de ses blessures à Furnes près de Dixmude. Sa jeune femme apprendra à quelques jours d'intervalle la mort de son mari et de son frère Louis Marie DANET tous deux mort à Dixmude. Le corps du soldat MOREL est enterré dans le carré militaire du cimetière de Furnes.
Louis Marie DANET : 17/12/1892 - 14/11/1914, 22 ans.
Louis Marie DANET nait à Canivarch au sein d'une familled e pêcheurs.
Le dénombrement de 1911 montre bien la composition de la famille avec notamment la présence de sa soeur Marie Perrine qui épousera en 1913, le jeune MOREL.
Comme la plus part des jeunes de Séné issus d'une famille de marins ou de pêcheurs, il devient mousse à l^'age de 14 ans.
La fiche d'inscrit maritime indique bien ses dernières années professionnelles avant la mobilisation :
Louis Marie DANET disparait le 14 novembre 1914 à Dixmude.
Jean Marie MARION : 14/05/1890 - 18/11/1914
Triste bataille pour les soldats de Séné. Un autre enfant du pays, Jean Marie MARION décèdera à l'âge de 24 ans, le 18 novembre 1914 des "suites de ses blessures reçues à l'ennemi" à l'hôpital temporaire de Zuydcoote où il sera enterré dans nécropole nationale 'Zuydcoote' Carré 1 n°996.
Jean Marie MARION était né le 14 mai 1890 à Kerarden d'un père paludier journalier, (non propriétaire de la saline) comme l'indique son acte de naissance et le dénombrement de 1906.
Au dénombrement de 1911, Jean Marie n'apparait plus, il a débuté dans la marine comme jeune mousse.
Sa fiche d'Inscrit Maritime nous indique qu'il est mousse le 26/04/1902 à l'âge de 12 ans sur un bateau de cabotage "L'Arsène" pour une traversée Vannes l'Aber Wrach. Il est soutier le 9/02/1915 sur l'Oléron et matelot sur le chalutier "Père Gérard" en mai 1906, à seize ans. Il fera l'Ecole d'Apprenti Mécanicien entre 1910-1911. Il rejoint le 4° dépot et intègre le régiment de fusiliers marins le 17/08/1914.
Il décède à l'hôpital de Zuydcotte le 19 novembre 1914.
Pierre Marie CADERO : 23/06/1890 - 17/02/1915
Pierre Marie CADERO nait tout d'abord "Cléro" du nom de sa mère avant que son père pêcheur sans doute absent le jour de l'accouchement ne réconnaisse son fils. La famille a du quitter avant 1906 le village de Cadouarn car on ne la trouve pas au dénombrement.
Leur fils Pierre Marie lors de sa conscription réside à Vannes. A son décès son nom sera inscrit sur le monument aux mort de Vannes.
Comme d'autres il est mobilisé le 1er août 1904 et intègre le corps du 2° Régiment de Fusiliers marins en dae du 27/08/14. Il meurt "au champ d'Honneur" à Nieuport en Belgique le 17/02/1915.
Jean Marie Stanislas DANET : 21/01/1894 - 15/04/1915
Jean Marie Stanislas était du village de Canivarch; Sans doute que ce 3° prénom lui a été donné pour le distinguer des autres "Jean Marie DANET" vivants à Séné. Il est issu d'une famille de pêcheurs.
Le dénombrement de 1911 nous donne la composition du foyer :
Enfin sa fiche militaire nous indique les circonstances de sa mort au combat. Il fut d'abord blessé au combat et conduit à l'hopital sanatorium de Zuydcoote ou il décède le 15/04/1915.
Sa tombe est située à Zuydcoote au sein de la nécropole nationale. Carré, rang, tombe : Carré 1, tombe 559
Joseph Vincent Marie DARON 2/07/1892 - 1/06/1915
Au dénombrement de 1911, la famille Daron est déjà endeuillé par la mort du père, Mathurin Marie, natif de Baden et qui était marin de commerce. L'état civil nous indique que Mathurin décéda le 31/12/1905 laisant sa femme et ses trois enfants.
Sa veuve, autrefois "ménagère", c'est à dire "femme au foyer" a du endosser la responsabilité de "chef" de famille comme l'écrit le préposé sur le registre du dénombrement. Marie Françoise LE NEZET, native de Carnac, exerce le dur métier de pecheuse comme ses enfants, à commencer par son cadet, Louis Jean Marie, sa fille et son aîné Joseph Vincent.
Tous vivent de la pêche à Cadouarn. La fiche de matricule ne renseigne pas sur les états de service de Joseph Vincent. Sa fiche d'inscrit maritme nous livre un parcours assez fréquent pour des jeunes Sinagots issus de famille de pêcheurs :
Comme d'autres marins breton et sinagots, son métier de marin l'a conduit a intégrer les "pompons rouges" du 2° régiment de Fusiliers Marins qui pour palier le manque d'effectif dans l'armée de Terre, sera engagé au combat sur le front de l'Yser en Belgique.
En mai 1915. En ce premier printemps de guerre, la division belge de Namur (8ème, 10ème et 13ème de Ligne) d'une part, une division française occupant Nieuport d'autre part, avaient été chargées de s'emparer d'une ligne de positions s'étendant devant leur front. Cette ligne partait de la ferme «L'union », objectif français au Nord, pour aboutir à la ferme la «Violette» , objectif du 13ème de Ligne au Sud.
Pendant cette attaque, le 1er juin 1915, Joseph Vincent Marie DARON disaparait au combat.
Mme veuve Daron perd son fils ainée Joseph Vincent en juin 1915 et elle perdra son cadet Louis Jean Marie deux ans plus tard en juillet 1917 alors que son bateau est torpillé par un sous-marin. Il s'agira du plus jeune poilu de Séné mort à 17 ans et 7 mois. Lire article (Partie Sene 14-18 Marine).
Jean Marie DANET : 27/12/1894 - 11/07/1916
Jean Marie DANET est né au village de Langle le 27/12/1894 comme nous l'indique son extrait de naissance. Ses parents sont alors pêcheurs.
Le dénombrement de 1911 nous donne la composition de la famille : 2 filles et 2 garçons.
La fiche de matricule de Jean Marie DANET ne nous renseigne pas. Et pour cause il est inscrit maritime. Le service de documentation de la défense de Lorient conserve le parcours de marin de DANET. On y apprend qu'il devient mousse à l'âge de 14 sur le Marianne.
Par la suite il change de bateau pour occuper après la mobilisation le "Trois Frères". Il rejoint ensuite le 3° Dépot des équipages de Lorient et intègre le régiment de fusiliers marins.
Cette fiche d'inscrit maritime nous dit qu'ile st tué à Saint Georges en Belgique le 11/07/1916.
Son corps repose à la Nécropole Notre Dame de Lorette carré 49 rang 2 tombe n°9673.
Un monument à Dunkerque rend hommage a tous les fuciliers marins morts pendants la guerre de 14-18
Extrait de wikipedia : L'offensive Nivelle (avril-juin 1917)
La réputation tragique du Chemin des Dames vient de l'offensive imaginée et dirigée par le général Nivelle durant le printemps 1917. Cette bataille prend des noms différents selon les auteurs : offensive Nivelle, seconde bataille de l'Aisne ou bataille du Chemin des Dames. Cette offensive est un cruel échec pour les armées françaises : alors que Nivelle pensait que l'avancée serait foudroyante, Laon (située à une quinzaine de kilomètres à vol d'oiseau) devant être atteinte en fin de journée, le front allemand est à peine entamé. Pendant de nombreux mois, les armées allemandes et françaises se disputent le plateau.
Le bilan de l'offensive est difficile à établir. Les pertes françaises ont été souvent sous-évaluées en ne s'intéressant qu'aux pertes subies entre le 16 et 29 avril. Or, les combats se poursuivent jusque fin juin (prise de Craonne le 4 mai, prise de la Caverne du dragon le 25 juin). Il convient alors de regarder les pertes sur les mois d'avril, mai et juin. Lors des comités secrets réunissant les députés du 29 juin au 7 juillet, le député Favre estime les pertes à près de 200 000 hommes côté français au bout de deux mois d'offensives. Quant aux pertes allemandes, elles sont encore plus difficiles à évaluer.
C'est après cette grande tuerie que se développèrent dans l'armée française des mutineries, particulièrement fréquentes après le 16 avril 1917, et concentrées essentiellement sur le Chemin des Dames et le front de Champagne. La Chanson de Craonne, dont le nom fut donné lors des mutineries de 1917 (la musique était reprise d'une chanson d'avant la guerre), à la suite des pertes militaires, fait partie des répertoires antimilitariste et anarchiste, elle fut absente des ondes jusqu'en 1976.
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A la tête des armées françaises depuis le début de la guerre, le général Joffre est remplacé le 13 décembre 1916 par le général Robert Nivelle alors qu'il a préparé le plan d’une nouvelle offensive entre Soissons et Reims pour le début de l’année 1917. Reprenant en partie le plan de Joffre, Nivelle promet d’opérer une percée décisive sur le Chemin des Dames « en 24 ou 48 h». Plusieurs fois reportée, notamment suite au repli stratégique allemand sur la ligne Hindenburg (ou Siegfried), et même remise en cause (le 6 avril, Nivelle propose sa démission qui est refusée), l’offensive est finalement fixée au 16 avril à 6 heures du matin.
Elle fait suite aux accords entre Français et Britanniques, l’offensive française doit s’accompagner d’une offensive en Artois. Celle-ci a lieu les 9-12 avril 1917 par l’assaut réussi des Canadiens du Lieutenant-General Julian Byng sur la Crête de Vimy. Malheureusement, l’inertie du commandement britannique à lancer les réserves à temps à empêché ce beau succès tactique (et coûteux en hommes) de déboucher sur un succès stratégique, dès lors qu’Australiens et Britanniques ont butté sur les défenses allemandes de Bullecourt. Le 16 avril, Nivelle dispose de 1 200 000 hommes (49 divisions d’infanterie et cinq de cavalerie), 5 000 canons, 128 chars d’assaut, des centaines d’avions d’observation et de chasse pour attaquer un front de 40 km entre Soissons et Reims : placée en réserve, la Xe armée est chargée d’exploiter les succès des Ve et VIe armées qui doivent rompre le front. Pour la première fois du côté français, des chars d’assaut doivent être engagés.
Dans l’Aisne, une longue et intense préparation d’artillerie qui commence le 2 avril, compromet tout effet de surprise et surtout, ne détruit que très partiellement les défenses allemandes. Les fantassins français attaquent le 16 avril à 6 heures du matin.
Quand les premières vagues s’élancent à l’assaut du plateau du Chemin des Dames, elles se heurtent à des barbelés souvent intacts et elles sont fauchées par le feu des mitrailleuses allemandes. Le mauvais temps (pluie, neige et froid) n’est pas sans conséquences, en particulier dans les bataillons de tirailleurs sénégalais, des troupes en fait recrutées dans toute l’Afrique occidentale française, de Cotonou à Bamako et d’Abidjan à Tombouctou.
Malgré les difficultés, la première position est prise et la deuxième est entamée. Cependant, une fois les crêtes franchies, les fantassins, qui ne sont plus couverts par l’artillerie, sont arrêtés par les contre-attaques allemandes alors que les conditions climatiques se sont dégradées. À l’est, à Berry-au-Bac, les premiers chars français sont parvenus à percer les trois positions allemandes mais l’infanterie n’a pu suivre et les chars survivants sont contraints de se replier. Dès les premières heures, les hommes réalisent que l’offensive est un échec, avec des pertes importantes (30 000 tués et 100 000 blessés en 10 jours du 16 au 25 avril). Le désastre est amplifié par les insuffisances logistiques et un service de santé dépassé. Interrompue le 20 avril, l’offensive reprend le 4 mai avant d’être abandonnée le 15 mai. Le ministre de la Guerre Painlevé remplace alors Nivelle par Pétain.
Au cours de cette bataille 5 soldats natifs ou résidents à Séné y laissèrent leur vie. Qui étaient-ils et dans quelles circonstances ont-ils disparu?
Ange GUYOT : 18/01/1885 - 23/04/1917 - Courlandon - Régiment Colonial du Maroc
Joseph LE BRIS : 1/04/1898 - 30/03/1917 - Vauxaillon - 2° Classe 67° RI
Paul LE QUINTREC : 16/05/1885 - 5/05/1917 - Vauxaillon - 2° Classe 67° RI
Joseph MORIO : 8/08/1891 - 30/04/1917 - Berry Le Bac - Maréchal des Logis - 235° RA.
Joseph-Louis-Marie LE DUC : 16/05/1885 - 5/05/1917 - Ailles - Capitaine - 62° RI
Ange Félix Marie GUYOT : 18/01/1885 - 23/04/1917 - Courlandon - Régiment Colonial du Maroc
L'extrait d'état civil nou sindique que Angé GUYOT est né dans le village de Saint Laurent au sein d'une famille de cultivateurs.
Le dénombrement de 1906 nous précise que son père Julien Marie et son oncle Jean François sont tous les deux avec leur famille respective cultivateurs fermiers à Saint-Léonard.
Sa soeur Jeanne Marie épousera Alexandre Camenen, autre Poilu décédé pendant la guerre de tuberculose.
La fiche "Mémoire des Hommes" nous indique qu'il est retiré du front et amené à l'hopital de campagne de Courlandon dit "autochir" comme il en existe derrière la ligne de front où il décède le 23/04/1917.
La fiche de matricule nous livre d'autres informations sur le parcours de GUYOT qui aura été blessé par trois fois par balle au cours de la campagne d'Allemagne. Sa tombe porte le n° 3220 au sein de la Nécropole nationale La Maison Bleue de Cormicy (Marne).
Que sait-on sur la vie et le parcours militaire de Paul LE QUINTREC et de Joseph LE BRIS, soldats de 2° classe au 65°RI, morts tous les deux à Vauxaillon ?
Joseph LE BRIS est né à Gourin le 1er avril 1898 au sein d'une famille de cultvateurs installée au hameau de Kertudal.
Sa fiche de matricule nous indique qu'il a perdu ses parents dans sa jeunesse ce qui lui vaut la mention "enfant de l'assistance publique". Il déclare vivre à Séné comme ouvrier agricole. Cette précision permet d'éliminer les autres "Joseph Le Bris" repérés dans les bases de recherches. Les dénombrements de 1906 et 1911 et 1921 montrent que Séné avait une tradition d'accueil d'enfants de l'assistance.
Cette même fiche de matricule nous indique qu'il est engagé volontaire pour aller combattre. Il intègre le 65°RI le 9 février 1916. Il est tué par balle au combat à Vauxaillon le 30 mars 1917, la vaille des ses 20 ans.
Son corps est tout d'abord inhumé dans le cimetière de Berry le Bac et sera transféré après guerre dans la nécropole de Ambleny dite Le Bois Roger carré H tombe 103. Le nom de Joseph LE BRIS figure à Séné, commune où il était domicilié, et à Gourin, sa commune de naissance.
LE QUINTREC Paul est aussi incorporé au 65° Régiment d'Infanterie.
Le site "Mémoire des Hommes" nous a permis de l'identifier comme natif de Séné le 11/04/1899 au sein d'une famille établit au Poulfanc. Le père est charcutier et sa mère ménagère. On apprend également qu'il est mort au combat le 1/04/1917 quelques jours avant son 18° anniversaire. Au dénombrement de 1906, la famille n'apparait pas répertoriée à Séné. Les commerçants ont déménagé.
En 1920, il a été rédigé un historique du 65° Régiment d'Infanterie auquel appartiennent Joseph LE BRIS et Paul Le Quintrec. Il raconte les journée de mars-avril 1917.
"Le 27 mars, le 65ème qui cantonne à Sammeron, est enlevé en autos et débarque au sud de Soissons. Le 28 au soir, il prend position au nord-est de Terny-Sorny, deux bataillons en ligne (bataillon Ripault (1er) à droite, bataillon Rochemonteix (3e) à gauche) et un en réserve (bataillon Audran) aux carrières de Terny-Sorny. Les lignes allemandes bordent les têtes de ravins boisés au sud de Vauxaillon, passent par la cote 150 et les Aubes-Terres. Les nôtres en sont séparées par 800 mètres de plateau dénudé, sans abris ni couverts.
Le 30 (le 30 mars jour du décès de Le Bris) , l'ordre est donné d'enlever les avancées de la ligne Hindenbourg entre Vauxaillon et la sortie sud du tunnel. L'attaque est déclenchée à 19 heures, après une courte préparation d'artillerie.
Le bataillon Ripault, gêné dès le départ par les nombreuses mitrailleuses de Laffaux, qui prennent de flanc les unités d'attaque, progresse légèrement, mais doit s'arrêter par suite de lourdes pertes. (C'est là que Le bris est tué par balles).
Le bataillon de Rochemonteix, également accueilli par des feux violents de mitrailleuses qui balayent littéralement le plateau, voit, sa compagnie de droite décimée, tandis que la compagnie Gandin, à gauche, glisse par une manoeuvre hardie vers le nord et, dans une charge magnifique, s'empare de la cote 150, des Aubes-Terres et de la ferme d'Antioche.
Le 30 au soir, le bataillon Andran relève sur les positions conquises le bataillon de Rochemonteix, et le bataillon Ripault passe en réserve.
En pleine nuit, aussitôt la relève terminée, les compagnies de tête du bataillon Audran (compagnie Richard à droite, compagnie Redier à gauche) poussent des reconnaissances et, refoulant légèrement l'ennemi, réussissent, après une nuit de combat, à s'installer au plus près des positions de l'adversaire, évitant ainsi pour l'attaque prochaine la traversée du dangereux plateau.
Le 1er avril, à 10 heures, les compagnies bondissent de leurs trous hâtivement creusés. A 11 heures, nous bordons la voie ferrée entre la halte de Vauxaillon et l'éperon 100-140.
L'ennemi, surpris par la vigueur et la soudaineté de l'attaque, se défend avec énergie dans les carrières et dans les abatis; mais, habilement manoeuvré, il laisse entre nos mains 10 mitrailleuses et une soixantaine de prisonniers, dont 3 officiers.
Cette action, vivement menée, exécutée avec entrain, bravoure et intelligence, nous assurait la possession d'une solide base de départ pour l'offensive du 16 avril. Quelques jours plus tard, le régiment se voyait décerner une citation à l'ordre du corps d'armée. "
Ainsi ce 1er avril paul Le Quintrec est tué par un éclas d'obus. Cette vielle carte postale témoigne de l'atrocité des combat au village de Vauxaillon. Son corps rejoint al nécropole d'Amblemy tombe n°73.
Son nom figure au monument aux mort de Vannes sa commune de domiciliation ainsi qu'à la nécropole du Bois Roger à Amblemy.
Joseph MORIO : 8/08/1891 - 30/04/1917 - Berry Le Bac - Maréchal des Logis - 235° RA.
La fiche "Mémoire des Hommes" de Joseph Marie MORIO nous apprend qu'il est décédé des suites de ses blessures à l'hôpital de Cahors le 30/04/1917. Commennt situer le soldat Pierre Marie MORIO au coeur de cette offensive ? La fiche de matricule de Joseph Marie MORIO précise la date de sa blessure le 18/04/1917.
Sa fiche "Mémoire des Hommes" nous indique qu'il a intégré le 235° Régiment d'Artillerie de Campagne où il a le grade de maréchal des logis. En effet, sa fiche de matricule, ajoute qu'en tant qu'engagé volontaire le 25/08/1909, MORIO a transité par différents régiments d'artillerie...
Des recherches sur le 235° RAC nous livrent que le régiment était engagé dans l'Offensive Nivelle le 16/04/1917 du côté de Berry le Bac au nord de Reims.
Bléssé sur le front, il est évacué et amené dans un hôpital de province à Cahors dans le Lot, comme il y en a tant qui assurent à l'arrière du front le secours au soldats blessés ou malades. Cependant il décède le 30/04/1917 à l'âge de 26 ans. Son corps est inhumé au cimetière de Cahors où sa tombe est conservée :
Joseph Marie MORIO était né à Séné le 8/08/1891 où ses parents sont cultivateurs à Kerdavid, comme l'indique le dénombrement de 1911. 6 enfants et une bergère vivent dans cette famille de cultivateurs.
Marié à Vannes le 6/09/1913 avec Henriette Mathuurine LORGOUEC (?) c'est ce dernier domicile connu qui sera retenu pour inscrire le nom de ce Sinagot au monument au morts de Vannes.
Joseph-Louis-Marie LE DUC : 16/05/1885 - 5/05/1917 - Ailles - Capitaine au 62ème régiment d’infanterie
(recherches de Yannick ROME compétées)
Le père de Joseph LE DUC est employée par l'administration des douanes. Le hasard des affectation fait naître Joseph à Noyalo (Morbihan) le 16 mai 1885.
Son père, Mathurin Le Duc est affecté à Séné où il y prendra sa retraite avec son épouse Marie-Célestine Noblanc.
Les parents apparaissent au dénombrement de 1911 comme habitants à Séné.
Comme chaque militaire, Joseph LE DUC fait l'objet d'un signalement dans sa fiche de matricule qui récapitule aussi ses différentes affectations :
Engagé volontaire pour 3 ans le 14 octobre 1903. Caporal de 6 juin 1904
Sergent le 20 décembre 1904. Rengagé pour 4 ans le 26 mars 1906
Rengagé pour 2 ans le 13 octobre 1910. Rengagé pour 2 ans le 11 octobre 1912
Adjudant le 1er février 1914. Sous-lieutenant le 7 septembre 1914
Lieutenant à titre temporaire le 1er juin 1915. Sous-lieutenant à titre définitif le 26 décembre 1915
Lieutenant à titre définitif le 4 avril 1916. Capitaine à titre temporaire le 27 mars 1916
Blessé le 3 décembre 1916 secteur de Vaux Damloup (Meuse)
Cité à l’ordre du régiment le 10 avril 1915 :
« S’est signalé en toutes circonstances par son sang-froid et son brillant courage. Le Duc Joseph, lieutenant à TT au 62e régiment d’infanterie, officier d’une énergie sans égale, a donné constamment des preuves de sa bravoure depuis le début de la campagne. S’est encore fait remarquer le 25 septembre 1915 à l’assaut des tranchées allemandes en conduisant remarquablement sa compagnie dont tous les officiers avaient été mis hors de combat. »
Ordre de l’armée du 21 octobre 1915 :
« Le lieutenant à titre temporaire Le Duc Joseph-Louis du 62e régiment d’infanterie a pris le commandement de son bataillon dans des circonstances difficiles et, le 6 octobre, a repoussé deux violentes contre-attaques de l’ennemi en infligeant à ce dernier de grandes pertes. »
Le 17 avril 1916 :
« Est resté pendant plusieurs heures avec ses chefs de section dans la tranchée exposée aux plus violents bombardements afin d’être prêt à recevoir l’attaque ennemie. A fait ce qui était humainement possible pour résister à cette attaque. Voyant sa compagnie tournée, a réussi, grâce à son énergie, à échapper à l’ennemi ce qui leur a permis de donner l’alarme, aucune liaison n’existant plus. »
Ordre n° 479 de la VIe armée :
Mai 1917 :
Extrait de la revue du Conseil Général de l'Aisne "La Lettre du Chemin des Dames" été 2010.
"Le régiment (de Joseph LE DUC) monte en ligne sur le Chemin des Dames à la fin du mois d’avril 1917 dans le secteur d’Ailles, où il conduit, le 5 mai, une attaque visant « à s’emparer du plateau et à pousser des unités jusqu’à Ailles (commune) et l’Ailette (rivière) ». Il est encadré à droite par le 19e et à gauche par le 65e. L’attaque « s’exécute d’abord dans de bonnes conditions ». A la nuit tombée, cependant, le 62e RI est ramené dans ses lignes de départ. Il a constitué une quarantaine de prisonniers, mais ses pertes s’élèvent à 900 hommes dont un grand nombre d’officiers. Au dessus de la Creute des Saxons a été livré un combat extrêmement vif, précise l’historique du régiment.
Relevé le 7 mai, le 62e s’abrite dans « les creutes de Champagne » puis participe à nouveau aux combats, les 14 et 15 mai, avant d’être relevé du secteur du Chemin des Dames, le 18 mai. Au repos dans la Somme jusqu’au 23 juin, il reçoit en renfort 800 à 900 hommes « qui assurent son recomplètement en effectifs ».
Extrait du livre "Les Morbihannais dans la guerre 14-18" Edité par les Archives du Morbihan, page156.
"Quelques jours plus tard, le 5 mai, aux côtés des 19° et 65° RI, le 62°RI se porte à l'attaque, près de la Caverne du Dragon (Aisne). Le 62°RI "a l'ordre de s'emparer de tout le plateau et de pousser des unités jusqu'à Ailles et l'Ailette (rivière). S'ensuivent de très violents combats qui durent près de deux jours. Le régiment laisse derrière lui 900 soldats hors de combats. Parmi le smorts, on déplore le Lorientais Emilien Palaric, âgé de 22 ans, un des plus jeunes capitaines de France ".
Le capitaine, Joseph Pierre Marie LE DUC décède devant Ailles (Aisne) le 5 mai 1917. La commune de Aiiles étant complètement détruite par la guerre, le territoire sera rattaché à sa commune voisine pour créer la commune de Chermizy-Ailles. Le matricule de Le Duc indique que son corps fut nhumé au cimetière militaire de Largnan (Aisne).
Commune de Soupir détruite en mai 1917.
En août 1914, les Allemands envahissent le territoire belge et se dirigent vers la France. La Belgique inflige de nombreuses défaites aux troupes allemandes. L’affront est d’autant mal perçu qu’il est considéré comme servant la France. Les représailles sont violentes. Les troupes françaises défendent les frontières franco-belges et franco-allemandes, c’est « la bataille des frontières ». Les soldats français sont envoyés dans différentes zones de combats : en Haute-Alsace, dans les Vosges, les plateaux lorrains, le sillon Sambre-et-Meuse et dans les Ardennes belges.
Le 22 août 1914 est considéré comme le jour le plus sanglant de l’histoire de l’Armée française. En une seule journée, lors d’une série de combats livrés de Charleroi au confins du Luxembourg, quelque 25 000 hommes sont tués, des dizaines de milliers d’autres blessés et/ou capturés.
Les régiments bretons sont, comme les autres, pris dans ce tourbillon tragique notamment au cours des combats livrés ce jour-là par quelques-uns d’entre eux : la bataille de Rossignol, au cours duquel la 3e DIC (Brest) est presque anéantie ; la bataille de Maissin (en Belgique), livrée entre autres par la 22e DI (Quimper) dont dépendent les 19e RI et 118e RI, les deux régiments d’active du Finistère.
lire également le pdf ci-joint.
Nos soldats ne sont pas encore appelés "poilus" et leur uniforme est trop visible pour les mitrailleuses allemandes ..
Parmi les morts de cette terrible journée, on compte deux Sinagots, Albert MONFORT né à Séné et Lucien TIPHAIGNE dont le dernier domicile est à Séné. Tous deux ont leur noms gravés sur le monument aux morts de Séné. Il s'agit des deux "premiers" "Morts pour la France habitants à Séné.
Albert Pierre Marie MONFORT : 24/04/1892 - 22/08/1914
Albert Montfort est né à Gouavert en Séné le 24 avril 1892. Son père, Pierre Marie, est cultivateur, sa mère se nomme Jeanne Marie Le Ray. Le "dénombrement" de 1911 nous indique qu'il est le 4° garçon d'une famille de cultivateurs.
Sa fiche de matricule nous informe que depuis le 8 octobre 1913, Albert, accomplit son service militaire comme soldat de 2° classe au 118e régiment d’infanterie basé à Quimper.
Sa fiche de matricule ajoute une description du jeune soldat : il mesure alors 1,69 m. Il a les cheveux châtains, les yeux bruns, le front vertical, le nez fort et le visage ovale. Il porte une cicatrice sur le sourcil gauche. Comme tous les appelés effectuant leur service militaire, il fait parti des premiers soldats à être envoyés au front. Il est déclaré parti à la guerre le 8 août 1914 soit 5 jours après la déclaration de guerre de l'Allemagne.
Dans les Ardennes belges, les ostilités opposent Allemands et Français à Maissin. Le 118° régiment d'infanterie de Quimper auquel appartient Albert MONFORT est au avants-postes comme nous le relate l'historique du régiment :
"Le 22 août, le 118°RI quitte Auby, à 4h45 et entre dans la colonne formée par la division à Bellevaux, à 8h30.
Le 19° RI constitue l’infanterie de l’avant-garde de la division. Le 118°RI, tête du gros de la colonne, atteint la voie ferrée de Paliseul, à 10h30. Coupé par des éléments de la 21°DI, il arrête sa marche, qu’il reprend qu’à 11 heures et passa à midi à Paliseul, marchant sur Maissin. Malgré la forte chaleur, la longueur de l’étape, le peu de nourriture pris en cours de route, les moral est excellent. Les renseignement communiquées sont les suivants : « Une colonne ennemie se dirige de Tronquoy (au nord de Neufchâteau) vers le N.O. : attaquer l’ennemi partout où on le rencontrera, le XI CA marche sur Maissin, qui n’est pas occupé. »
Après avoir dépassé Paliseul, d’environ 2 km, nous commençons à entendre la fusillade et peu après nous rencontrons des chevaux et des cavaliers blessés qui se portaient en arrière.
A 12h15 le 1er bataillon (Doucet) reçoit l’ordre d’aller s’installer en flanc-garde aux lisières N.E. et est du massif de Franc-Bois, et le 3° bataillon (Hanquelle) d’aller occuper la crête 405 (1.500 m S.E. de Maissin) pour surveiller les directions d’Anloy-Villance.
Le 2° bataillon (Bouvier) est envoyé vers la ferme de la « Réunion des Labourteur » 300 m O de la grande route), e, soutien du 19°RI qui est arrêté par des feux violents, à la sortie de Maissin. Le combat s’engage, c’est le baptême du feu.
Les Boches sont retranchés là depuis plusieurs jours, dans les bois, les champs d’avoine et les champs de blé, Les bataillons se déploient et progressent sous une grêle de balles.
Dans un élan magnifique, les officiers sabre au clair, les soldats, baïonnette au canon, se portent à l’assaut des forces ennemies, fortement défendues par des fils de fer et de nombreuses mitrailleuses.
Le 19°RI criblé de projectiles, a subi de grosses pertes et ne peut dépasser la ferme de Bellevue. L’uniforme grisâtre de l’ennemie est tellement invisible que l’on ne se rend pas compte des points d’où partent les coups. Une batterie du 35° qui, dès le début de l’action, est venue appuyer le 19°RI, a déjà perdu la plus grande partie de son effectif et ne peut tirer un coup de canon sans être aussitôt criblée d’obus.
Le 116°RI, puis le 62° et enfin le 337° viennent successivement nous renforcer et par bonds successifs, nous pouvons gagner du terrain et nous rapprocher de l’ennemi.
Pendant ce temps, une autre batterie d’artillerie prend position à l’ouest de Bellevue, à l’abri d’une crête, à 1.200 m environ des tranchées ennemies et, en très peu de temps, elle règle son tir et exécute un feu violent sur les tranchées d’où sort bientôt l’ennemi en fuite.
Aussitôt, toute le ligne charge à la baïonnette et les Allemands abandonnent leurs tranchées et el village en y laissant de nombreux morts et blessés.
Il est environ 16 heures, nous sommes maîtres de Maissin et des ses abords. Mais peu de temps après, nous recevons des nombreux projectiles sur notre flanc droit. Quelques fractions reformées en toute hâte font face à l’ennemi de ce côté et ouvrent immédiatement le feu.
L’ennemi contenu devant la ferme de Bellevue, où se trouvent de nombreux blessés riposte avec violence, en battant principalement l’entrée de la ferme pendant que d’autres fractions continuent à gagner du terrain vers Paliseul.
A 17H30, l’ordre de se replier est donné. La retraite s’exécute à travers bois, sur Paliseul. Les lisières N. et N.E. du village sont organisées, des tranchées y sont creusés et, garnies de tirailleurs. On y passe la nuit, le Boche ne poursuit pas.
Au cours de cette journée du 22 août 1914, le 118°RI perd 1.100 hommes, soit le tiers de ses effectifs. Ce même 22 août 1914, le soldat Montfort disparaît à Maissin. Il était célibataire et âgé de 22 ans. Son décès est fixé au 22 août 1914 par jugement déclaratif de décès rendu le 14 décembre 1920 par le tribunal de Vannes.
La famille sera à nouveau endeuillé par la perte de son frère Louis François Marie le 16/06/1915 sur le front dans l'Oise.
Lucien TIPHAIGNE :17/01/1893 - 22/08/1914
L'acte de décès au registre d'état civil de Séné nous indique que Lucien TIPHAIGNE a élu domicile à Séné mais est natif de Paris 18°. Quel alea de sa vie l'aura conduit à Séné ?
Sa fiche de matricule des archives de Paris nous indique qu'il réside à Paris comme ses parents, qu'il est employé de banque. Quel liens a-t-il avec Séné ?
La recherche dans les archives en ligne de la ville de Paris nous précise les circonstances de sa naissance.
Tiphaigne Lucien est né en 1893 à Paris mais il n'a été reconnu par sa mère (née ROLET) qu'en 1902 et ensuite par son père Mathurin Louis qu'en 1913.
On retrouve trace au dénombrement de 1911 de sa grand-mère Marie Vincente Le Franc et de sa tante Anne Marie Amélie toutes deux vivant à Séné.
La consultation du dénombrement de 1911 indique une dénommée Marie Tiphaigne née en 1860. Les tables décennales et les actes de naissance permettent de préciser la généalogie de Lucien Tiphaigne. Il avait pour cousin Louis Rolland.
Quels rapport entretenait-il avec ses parents ? Etaient-ils décédés avant 1914 et s'est-il domicilié chez sa grand-mère Le Franc ?
Depuis la mobilisation il a intégré le 132°Régiment d'Infanterie. Sa fiche "mémoire des Hommes" nous indique qu'il est disparu au combat à Doncourt le 22/08/1914.
L'historique sommaire réalisé du 132° RI nous relate les premières semaines de combats.
"Le régiment quitte sa garnison de Reims, le 31 juillet au matin, comme troupes de couverture, sous les ordres du Colonel Gramat. Débarqué à St Mihiel, il stationne dans la trouée de Spada à Heudicourt-Nonsard-Creuë jusqu’au 10 août. Pendant ce temps, sous la protection des bataillons de Chasseurs en avant-postes, le régiment organise défensivement les Hauts de Meuse.
Devant l’offensive allemande, par la Belgique, il marche sur le Luxembourg par Fresnes-en-Woevre, Etain, Longwy. Le 22 août, première rencontre avec l’ennemi à la sortie de Beuveilles, où il tient les Boches en respect toute la journée. Mais le soir il faut céder devant le nombre et, suivant les ordres de retraite, il se retire sur la Meuse tout en combattant et en disputant le terrain lambeau par lambeau."
Lucien TIPHAIGNE est donc dans les parages de Beuveilles département de la Meuse comme l'indique cette carte. Il décède lors de la retraite de son régiment poursuivit par les troupes allemandes supérieures en nombre et mitrailleuses.
La nécropole de Maissin :
Comme celle de Albert Monfort, les dépouilles des soldats tombés ce jour-là à Maissin n’ont pas toutes été identifiées, loin s’en faut. Afin qu’ils puissent reposer en paix, loin de leur terre natale, il est décidé de déplacer un calvaire breton dans le cimetière belge où se trouvent leurs sépultures communes ou individuelles. C’est celui de Ty Ruz au Tréhou qui a été choisi. Une cérémonie d’« Adieu au Calvaire » s’est déroulée en grande pompe le 3 avril 1932 en présence de nombreux élus, de l’abbé Boëtté, aumonier du 19e RI. L’inauguration a lieu le 21 août 1932 en présence de M. Le Gorgeu, Sénateur-Maire de la Ville de Brest, de Monseigneur Duparc, évêque de Quimper, des autorités civiles et militaires et de nombreux Bretons.
L’Amicale du 19e RI est alors très active sous l’impulsion de son président Pierre Massé et les commémorations sont suivies par grande nombre de Bretons pendant des décennies.
Une inscription est visible sur une pierre tombale à l’entrée du cimetière : « Ce calvaire breton du XVIe siècle provenant de la commune du Tréhou (Finistère), a été érigé dans ce cimetière en l’an 1932 pour veiller sur le dernier sommeil des soldats bretons et vendéens du XIe Corps d’Armée tombés les 22 et 23 août 1914 au combat de Maissin.»
La nécropole de Maissin est située en Belgique, dans la province de Luxembourg, à 45 km au nord-est de Sedan, dans l'actuelle communauté de communes de Paliseul.
Elle occupe une superficie de 5 040 m2. Un calvaire breton du XVIe siècle, une stèle commémorative aux morts du IIe Corps d'Armée (C.A.), et une borne dédiée à Pierre Massé en forme le mobilier.
Ce lieu de mémoire est la dernière demeure de 4 782 de combattants morts en août 1914. Ce cimetière militaire abrite les corps de 282 Français et de 513 Allemands, réparties en tombes individuelles.
3 001 autres soldats français sont répartis en deux ossuaires ; 643 Français et 343 Allemands occupent un ossuaire mixte.
L'Origine du cimetière
Dès le 24 août 1914, après la retraite du IIe C.A. français, l'armée impériale allemande procéda aux ensevelissements des centaines de morts restés sur le champ de bataille. L'inhumation des cadavres français et allemands dura une dizaine de jours. Plus de 500 civils belges réquisitionnés dans les villages voisins participèrent à l'enlèvement des corps et à leur enterrement. Sur la route de Transinne, au "Courtil", on creusa des fosses pour 30 hommes. A cet endroit, plus de 2 000 morts furent enterrés ainsi qu'au "Baulet", à proximité de la route de Lesse. Durant la guerre, les autorités d'occupation allemande (Gouvernement général impérial de la Belgique du Général von Bissing) aménagea toutes ces nécropoles des combats d'août 1914.
Des cérémonies d'inauguration s'y déroulèrent en présence de hautes personnalités militaires.
Maissin rassemble les corps français ou allemands dans trois grandes nécropoles :
- le cimetière n° l sur la route de Transinne
- les cimetières n° 2 et n° 3 sur la route de Lesse, où furent réinhumés les combattants des fosses alentours en tombes individuelles et en ossuaire.
Le calvaire breton du XVIème siècle, ramené de la commune du Trëhou, Finistère, se dressa dans l'enceinte du cimetière n° 2 pour commémorer le sacrifice des Bretons du IIe corps. Il fut inauguré en août 1932 à l'occasion du 18ème anniversaire de la bataille. Lors des travaux de réfection de ce cimetière, les restes mortels furent exhumés des petites nécropoles désaffectées les plus proches : 382 soldats allemands et 46 français provenant des cimetières de Maissin, d'Ochamps et d'Orgéo y furent ré-inhumés
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LES NOMS DES RUES A SENE
L’étude du plan 2014 de la ville et de la liste officielle en date du 15-12-2015, (voir pdf ci-joint), complétée par celle des derniers procès-verbaux des Conseils Municipaux de Séné, montre environ 360 noms pour des rues, des allées, des impasses ou des routes sur notre commune. C’est un peu plus que la base nationale de La Poste qui répertorie les adresses et peu au regard des 1500 noms répertoriés par le Ministère des Finances dans la base Fantor (parcelles, lotissement, voirie etc..).
Ces bases ne prennent pas en compte les nombreux chemins de randonnées, chemins agricoles et sentiers côtiers que comptent notre commune et encore moins les digues et ponts. Des panonceaux guident les promeneurs, faut-il nommer cette voirie champêtre et cotière?
Le classement par type de voirie, telle qu'elle apparait dans le plan de la ville, révèle majoritairement 152 rues à Séné. La ville compte également 76 impasses qui montrent que l’urbanisme à Séné privilégie les voies sans issue pour assurer le calme aux riverains, comme les 62 allées plus étroites que des rues.
Le plan de la ville indique des ronds-points. Les plus importants sont paysagés. D'autres sont aménagés pour évoquer un aspect du patrimoine de Séné. Ainsi le rond-point d'Alsace au Poulfanc avec ces cigognes, rappelle le jumelage avec la ville de Gelpolsheim; celui de Kerfontaine évoque le jumelage avec Donegal et Ballyshannon et celui de Kercourse fait écho à l'hippodrome. Ces embellissements pourraient être étendus au rond-point de Bézidel, de Kergrippe ou de Cantizac. Notre patrimoine regorge de thèmes : les moulins, la pêche, l'ostréiculture, la culture du choux. D'autres sont uniquement matérialisés au sol par un pavement particulier afin de ménager la visibilité et la manoeuvre des camions. Les giratoires mineurs ne sont signalés que par de la peinture au sol ou une plaque en fonte rouge.
Séné n’est encore qu’une petite ville qui ne compte que 6 avenues dont celles François Mitterrand, de Geispolsheim, des Sinagots au Poulfanc et de Penhouët, de Coffornic et de Donegal au bourg. On peut s’interroger sur la pertinence du choix d’un échassier pour l’avenue des Spatules à Limur ? Le nom d’une personnalité serait plus à propos pour cette axe le jour où il sera enfin ouvert sur sa totalité et reliera la rue de Limur au rond-point de Bezidel.
Et pourquoi pas Michel ROCARD [1930-2016]. L'ancien Premier Ministre de François Mitterand est décédé en 2016 et aimait à venir se ressourcer à Moustérian comme le témoigne cette video du 16-08-1979 sous fond du Golfe du Morbihan...
De même, la « rue » Cousteau, la rue des Ecoles, la Rue de Cantizac-Bélair, la rue du Goah Ver, ne sont-elles pas au format d’avenues?
Notons une seule « ruelle », la Ruelle du Recteur près de l’église et aucun « boulevard ». Enfin, un seul « quai », [Quai des Morgates à Port-Anna] un seul « espace », [Espace Albert Tollance à Barrarach],]une seule esplanade [Esplanade Julien MARTIN à Port-Anna] et un seul passage [Passage de Kerfontaine] (pas celui de Saint-Armel), aux côtés de 13 places, dont la plus spacieuse est la Place du Général de Gaulle.
16 chemins et 18 routes soulignent le caractère « étalé et rural» de notre commune. On ne s’étonnera pas de savoir que le tiercé des voies les plus longues sont la « Route du Prato » (2.076 m), la « Route de Brouel » (1.930 m) et la « Route de Nantes » (1.768m). Cette dernière, qui n’est plus une « route » mais aujourd’hui une vraie avenue dans le quartier du Poulfanc, mériterait un nouveau nom….
On peut porter également un autre regard sur ces dénominations une fois la voirie classée par famille. Sur 360 noms, on dénombre 118 lieu-dits, inspirés du nom des parcelles du cadastre (noms français ou bretons vannetais), 108 noms inspirés des sciences naturelles (biotope, botanique, zoologie, équitation), 80 noms de personnages historiques ou de personnalités, 37 noms en lien avec la mer (terme de marine, marins, navigateurs, bateau), 31 noms de lieu géographique (ville, région, île), et 2 dates historiques. Une douzaines de "divers".
On nomme souvent la voirie à la faveur de programmes immobiliers. Par souci de l'unité de lieu, pour éviter des débats épiques en Conseil Municipal et par méconaissance de leur histoire locale, on décide malheureusement trop souvent de noms sans réelle portée patrimoniale.
Ainsi ces dernières années, les noms désignant des biotopes (rue de la Mare, de l'Etang, de la Chesnaie...) préexistants à Séné, ont été enrichis de 45 noms ayant trait à la botanique dont une « Impasse des Cynelles », autre nom vernaculaire du prunellier. Fallait savoir ! d’autant que cela fait redondance avec l’Allée des Prunelliers. On ne s'étonnera de la présence d'une Allée de la Vigne. Oui, il y a eu un temps de la vigne à Séné! La flore maritime est représentée avec une rue des Algues et des Salicornes mais point de rue pour la plante aquatique la plus importante dans le Golfe du Morbihan, la zoostère,. Les champignons s'en sortent avec une rue des Chanterelles. Parmi le grand nombre de noms de fleurs, l'orchidée, fleur emblématique de nos prairies à Séné est citée. Cette richesse « végétale » fait sans doute en rapport avec la Réserve de Falguérec ?
Cependant, cette voirie "végétalisée" comporte quelques incongruités pour le botaniste ou l'historien. Ainsi Séné compte plusieurs mentions d'espèces végétales, sorties tout droit d'un catalogue de jardinerie et sans lien avec notre commune, comme par exemple une rue des forsythia ou de l'eucalyptus!
On ne s’étonnera pas non plus que la « zoologie » soit également bien présente avec 41 citations. Le naturaliste notera que si on ne retient pas les termes d'équitation, aucune voie à Séné n'honore les mammifères pourtant présents sur le territoire communal ou le Parc Naturel du Golfe du Morbihan!
Il en est de même pour les poissons, qui furent longtemps la diète principale des familles sinagotes. Certes on trouverait grotesque d'habiter "rue du Bar" ou "Impasse du Mulet" mais "Allée de l'Hippocampe", animal fétiche du Parc Naturel du Golfe du Morbihan aurait du sens. On sait que notre commune compte avec de nombreuses zones humides (mouillères, mares et étang), et le quartier de la Grenouillère nous rappellent l'importance des batraciens, illustrés par la rue des Rainettes et la rue des Reinoilles. La morgate, doit être un rare mollusque cephalopode à avoir donné en France le nom d'une voie. Les huîtres s'en plaignent-elles? Les insectes sont représentés avec une Allée des Abeilles, des Libellules, des Papillons et une Allée des Coccinelles. Les moustiques si célèbres à Séné sont-ils piqués au vif par cet oubli?
Parmi ces noms d’animaux, 33 noms d’oiseaux... oiseaux des champs, oiseaux des mers et oiseaux des marais, tous très polis et pas tous très mélodieux. Mais aucun rapace à Séné! Rémy Basque y est-il pour quelque chose ?
Attention, on ne confondra pas la « Rue des Chevaliers » avec la « Rue des Cavaliers », laquelle nous rappelle la présence d’un hippodrome à Séné et ses turfistes. Parmi ces rues « équestres » le "clos d’Enghien", la "rue d’Autueil", l'impasse de l'Etrier, la rue "Er Gazek" (la jument) ou la rue "Ar Mar’ch" (le cheval)…
Bien sûr, Séné se rappelle de son littoral et de son passé maritime : 43 noms sont en rapport avec la mer et les marins ou navigateurs n’ont pas été oubliés : Tabarly, Colomb, Magellan, Jean Bart, Jacques Cartier, Surcouf, Charcot, Dumont d’Urville, Paul-Emile Victor, Cousteau. Et la toute dernière Florence Arthaud au décès dramatique!
Notre commune arbore aussi des noms de rue portant celui d’un type de bateau, en premier lieu le Sinagot qui a son avenue, mais également le Galion, le Forban, la Frégate, la Bisquine ou le Thonier.
Chose plus rare, des rues portent le « vrai » nom de bateaux, comme "Fleur de Mai" ou de Sinagots : rue des « Trois Frères », rue de « Joli Vent », rue « Jean et Jeanne », rue « Petit Vincent », rue « Vainqueur des Jaloux »….
Le Sinagot vaut à Séné une certaine renommée en Bretagne comme le montre le nombre de voie portant cette dénomination.
Les derniers bateaux retenus pour baptiser une voie ont été deux bâtiments de l'équipe Cousteau, la célèbre Calypso pour la rue en face le Collège Cousteau et L'Alcyone à quelques pas du collège.
Les noms de lieux-dits sont bien sûr très représentés avec 115 citations qu’ils soient religieux ou profanes, en français ou bien en breton. Leur étymologie est en partie expliquée dans le livre de Camille Rolando, Séné d’Hier et d’Aujourd’hui ». Avis aux bretonnants!
Ne cherchez pas d’origine bretonne à « l’Impase de Men Goût Cho » une bizarrerie du promoteur de l'époque semble-t-il que l'on pourrait rebaptiser !
Parmi ces noms locaux, on se souvient de la présence de moulins sur notre commune. Ainsi la rue du Moulin sur la presqu’île nous rappelle l’ancien moulin à vent de Cadouarn ou encore à Kercourse la rue du « Clos Melin » et de « Er Meliner » célèbrent le moulin de Cano aujourd’hui disparu. (Lire l'histoire des moulins et de celui de Cantizac)
La géographie a droit de cité (31 fois) également avec des noms de régions ou de villes. Qui se souvient de la mobilisation de Séné pour sauver le village roumain de FLORESTI que le dictateur Ceausescu voulait détruire en 1989 ? Bien sûr, le Golfe du Morbihan n’est pas oublié. Il a «sa rue » comme 11 îles de la petite mer.
Même si les personnalités politiques renvoient à une page de notre histoire, seulement 2 rues l’évoquent directement : la rue du 19 mars 1962 rappelle aux Sinagots la fin de la Guerre d'Algérie et la rue de Castiglione, pourrait avoir été choisie en mémoire de la victoire des troupes révolutionnaires de Bonaparte en Italie, le 5 Août 1796, illustrée ici par un tableau de Victor ADAM en 1836. [à vérifier?]
Très peu de métiers ont été repris pour baptiser une voie. Séné compte avec un rue de l'Abreuvoir, une rue de l'Artisanat, une rue des Maraîchers et une rue du Clos des Puisatiers mais aucune rue en lien avec la culture des choux à Séné. On a bien une impasse des Matelots et curieusement une impasse des Mariniers à Green Village. Aurait-on confondu mariniers, et passeurs? Une rue Jean Marie LE GUIL existe bien ...mais à Vannes! On compte bien une rue des Salines, unique mention en rapport avec nos anciens marais salants. Les paludiers et paludières ou encore les douaniers n'ont pas lieu de citer. D'autres professions emblématiques de Séné n'ont pas encore fait l'objet de noms de rue. On citera les ostréiculteurs et ostréicultrices, les pêcheurs et pecheuses, les calfats, les couturières, les transporteurs routiers, les forgerons, les maîtres de cabotages,...
Pour les élus, nommer une rue est souvent un acte politique laissé à la postérité, qui exprime des valeurs partagées par tous, comme Place de La Fraternité, Rue des Ecoles, Allée du Souvenir, Rue des Droits de l'Enfant ou des valeurs indirectes portées par des personnalités.
Ainsi Séné compte 50 noms de personnes donnés à une voie, dont 11 navigateurs (voir ci-dessus). Il faut signaler le « caractère pacifique de Séné » qui a retenu par 9 fois le nom d’un Prix Nobel de la Paix, dont un étranger et il manquerait à cette liste des Prix Nobel de la Paix français; Paul Henri BALLUET.
QUIZZ: identifiez vous les Prix Nobel de la Paix ? Lequel n'est pas un Français? Réponse en bas du texte
Un seul maire a sa rue à Séné….et l’heureux élu est Marcel GEISTEL qui fut maire de Geispolsheim de 1983 à 1995. Cette ville nous fait l’honneur d’avoir une « rue de Séné » comme il existe également une « Séné Lane » à Donegal, autre ville jumelée à Séné.
Comme le révèle le cadastre napoléonien, il y avait à Vannes une « rue de Séné », aujourd’hui, la rue Monseigneur Tréhiou. En effet, jusqu'à l'élargissement de la digue du Moulin De Cantzac, l'itinéraire pour gagner Séné passait par Kernipitur et sa croix puis le Pont d'Argent.
Parmi les célébrités « techniques » notez 2 aviateurs, Jean MERMOZ et Marie MARVINGT et le double prix Nobel de chimie et de physique, Marie SKLODOWSKA-CURIE.
Parmi les habitants de Séné retenus, signalons les frères Jean et Roger LE GREGAM, martyrisés par les Allemands le 18 juillet 1944 à Botsegalo sur la commune de Grand-Champ, la résistante Marie BENOIT et le charpentier de marine, Julien MARTIN.
Parmi les Bretons moins connus, citons le résistant et capitaine Jean KERVICHE de Saint-Armel, qui fut à l’origine du centre de vacances éponyme à Mousterian.
L'origine du nom de la rue du Bois de Lisa pourrait venir du déminutif de Marie Elisabeth Louise BOURGEOIS, soeur de Noël BOURGEOIS qui fit construire le château de Limur et épouse de Joseph Marie CHANU de Kerheden [23/12/1661 Guérande - 19/02/1709].
La liste des personnailtés locales est bien courte! Wiki-séné dresse le portrait de nombreuses personnalités locales d'intérêt...
Ces dernières années, des noms de femmes sont venues enrichir la dénomination des rues. On citera la romancière Marie Le FRANC, Marion du FAOUET ou encore le professeur de médecine Marie-Louise CHEVREL qui ont rejoint l'écrivain Marguerite YOURCENAR, la militante de droits civiques aux USA, Rosa PARKS et l'exploratrice Alexandra DAVID-NEEL.
Le 24 septembre 2004, le Conseil Municipal de Séné choisit d'honorer Ernestine MORICE née MOREL [1909-1999] en baptisant une allée au Poulfanc, loin de sa demeure et de la presqu'île de Langle où elle a toujours vécu. Ce même jour étaient actées deux nouvelles voies dans le nouveau quartier au Poulfanc, Allée Simone VEIL née Jacob [1927-2017] et Allée Florence ARTHAUD [1957-2015].
Dans le village de Bézidel qui s'urbanise, il a été acté de nouvelles rues. La voie de raccordement sur l’entrée Sud de l’avenue des Spatules, en l'honneur de la résistante Lucie AUBRAC (1912-2007) née Bernard. La voie 2 en raccordement sur l’accès Nord de la rue des Spatules en mémoire de la déportée Marceline LORIDAN IVENS (1919-2018) née Rozemberg. La voie 3 en raccordement sur la rue Lucie AUBRAC, en l'honneur de la résitante Germaine TILLION (1907-2008).
Dans le quartier de Limur deux nouvelles voies ont été nommées. La voie 1 en raccordement sur la rue de Limur, en mémoire de la résistante du réseau Overcloud, Yvonne LE TAC (1882 – 1957)née Manière.
Au sein du réseau Overcloud, figurait également la résitante sinagote Marie Augustine LE BRUN née à Bézidel [1919 Séné - 2006 Vannes], étrangement oubliée...
La voie 2 en raccordement sur La rue Yvonne LE TAC, fut nommée du nom de Agnès DE LA BARRE DE NANTEUIL (1922 – 1944), déportée pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Etrangement, on a oublié que Louis ENIZAN [1926-1945], "Mort pour la France" et sa soeur Anne Marie ENIZAN [1922-1945] "Morte en Déportation", avaient pour parents Marie Anne LE DRESSAY de Moustérian et Isidore ENIZAN, enfant de l'assistance, garçon de ferme à Mousterian chez les LE DRESSAY. Une plaque au cimetière rappelle leur destin tragique.
Les arts sont finalement peu cités ; on compte certes 9 noms d’écrivains ou poètes, et un musicien, le barde breton GLENMOR mais aucun artiste peintre. les peintres FRELAUT et MERIEL-BUSSY qui on peint de multiples scènes de la vie sinagotes ne sont pas honorées dans la commune.
Bien sûr un Conseil Municipal peut choisir de nommer une rue en consultant une encyclopédie ou encore la liste nationale des personnalités féminines récemment éditée à leur attention...
Wiki-sene met à la disposition des décideurs locaux, le portrait de nombreuses personnalités locales d'intérêts et le site recèle, pour qui veut s'y pencher, de nombreuses "suggestions" pour qui doit nommer la voirie communale.
Réponse du Quizz Prix Nobel de la Paix à Séné:
Cassin - Briand - Dunant -Passy - Schweitzer - Buisson -Renault - Bourgeois - Jouhaux
Article daté du 3 septembre 1933 repris et complété par des informations d'autres articles et des éléments d'état civil.
SENE Au village des "Sinagots" deux patrons pêcheurs liquident une vieille rancune.
Dans le petit village de Cadouarn, situé sur le bord du Golfe du Morbihan, deux patrons pêcheurs, Pierre ALLANIOUX et Lucien CLERO, se rencontrant au bas du chemin qui descend du village, ALLANIOUX, dont les instincts batailleurs étaient connus de tous ses voisins, sans aucune discussion, sauta à la gorge de CLERO et le terrassa. CLERO réussit au bout d'un moment, à prendre le dessus et, s'étant dégagé de l'étreinte de son adversaire, fou de colère, frappa à coups de poing et à coups de pieds chaussés de sabots, à tort et à travers. Pierre ALLANIOUX, atteint à la tempe droite, expirait quelques minutes plus tard. CLERO alla immediatement se constituer prisonnier, regrettant son acte involontaire.
Nouveaux détails.
Samedi soir, vers 17 heures (nous sommes le samedi 2 septembre 1933), CLERO qui, outre son métier de pêcheur, élève des huîtres aux environs de l'ïle de Boëd, située en face de la presqu'île, revenait de ses parcs et regagnait la maison familiale. Mais, au lieu d'y accéder directement, comme à son habitude, il voulut faire le tour par la ruelle principale pour prendre sa femme qui se trouvait chez des amis. Chemin faisant, près de la côte, il rencontra Pierre ALLANIOUX, qui revenait de Vannes où il avait touché une petit héritage et où, aussi, il avait fait de nombreuses libations.
[Avec sa femme et sa belle-soeur, ils avaient visité l'armateur qui leur avait remis le montant d'un petit héritage, bien mince, puisqu'il s'agissait de quelques centaines de francs. En descendant de l'autobus qui les ramenait au bercail, ils semblaient en état d'ébriété]
ALLANIOUX l'interpella au passage et lui demande de l'argent pour boire. Julien CLERO voulut passer son chemin sans répondre, mais l'ivrogne ne l'entendait pas ainsi et vit, là, l'occasion de montrer sa force. Il sauta à la gorge de CLERO qu'il serra comme dans un étau, et tous deux roulèrent à terre sur le bord du chemin où se trouve une petite mare desséchée.
ALLANIOUX eu d'abord l'avantage et CLERO suffoquait; mais bientôt, ce dernier réussit à se dégager de l'étreinte de son adversaire et, aveuglé alors par une colère qui semble quelque peu légitime, il se vengea à coups de poing et à coups de pieds, frappant à tort et à travers.
"Assez, Julien" cria ALLANIOUX, et CLERO se releva, prêt à s'en aller. Il fut alors stupéfait de voir que sa victime ne bougeait plus, [il perdait son sang en abondance d'une blesure à la tête], il était mort. Affolé, CLERO, regrettant d'avoir frappé si fort, se rendit au bourg où il raconta à l'adjoint la scène qui venait de se passer, le priant d'alerte la gendarmerie.
La victime
Pierre ALLANIOUX [13/01/1879 - 2/09/1933, est pensionné de la Caisse des Invalides pour une blessure contractée au Tour du Parc, pendant la guerre] comme nous le disions plus jaut, était mal considéré par ses voisins.[ Il est bien recensé lors du dénombrement de 1931 au village de Cadouarn avec son épouse.]
Il s'enivrait souvent, et avait l'ivresse méchante. Les rixes auxquelles il a pris part sont nombreuses, et si, depuis des annés, il a donné des coups, il lui est arrivé d'en recevoir aussi. "Cela devait finir ainsi", nous disait un pêcheur qui ne semblait pas regretter outre mesure la disparition de celui qui était un peu devenu la terreur du village. Sa femme [Angèle Marie LE FRANC] se livre à la boisson; sa fille [Lucienne divorcée LE GOINVEC] est encore en ce moment interdite de séjour, à la suite d'une condamnation encourue pour avoir trempé, il y a quatre ans, dans le meurtre de LE GREGAM. Pierre ALLANIOUX qui, lui aussi, était patron pêcheur, était âgé de 54 ans.
En liberté provisoire
Julien CLERO est âgé de 48 ans, il est marié et père de quatre enfants [comme le confirme le dénombrement de 1931]
Le bourg entier s'accorde pour donner sur lui les meilleurs renseignements. Depuis avant 1914, il était harcelé par sa victime d'aujourd'hui, et il dut fuir bien souvent pour éviter le dénouement qu'il regrète si amèrement à l'heure actuelle. Le Parquet [qui s'est rendu sur place] après interrogatoire, l'a laissé en liberté provisoire.
Le docteur Franco, médecin legiste s'est rendu dimanche matin, au village de Cadouarn, pour pratiquer l'autopsie de la victime. Pierre ALLANIOUX portait des blessures à la tête et à la jambe gauche. Après un examen minutieux, le praticien a conclu que la mort avait été déterminée par une blessure à la cuisse gauche, profonde de 7 à 8 centimètres et faite, sans doute, avec un instrument pointu et tranchant, tel qu'un couteau. La section de l'artère fémorale aurait déterminé une violente hemorragie et peut-être une embolie. La mort dut être presque instantannée.
Cette découverte laisse à penser quer CLERO qui affirmait ne s'être servi que de ses poings et de ses pieds, aurait sorti un couteau de poche pour se défendre.
Le jugement de cet affaire eut lieu le 26 août 1933 et aboutit à un non-lieu reconnissant que Julien CLERO avait agit en légitime défense.