Depuis l'Ancien Régine, les receveurs généraux des finances étaient de véritables banquiers qui faisaient des avances considérables au Trésor à l'aide de fonds qu'ils empruntaient au public, ou qu'ils se procuraient par des opérations ou des spéculations plus ou moins hasardeuses. [source : infobretagne]
Cet extrait de l'Almanach de 1819 montre que le receveur général chapotait l'administration financière du département qui comprend des receveurs et des percepteurs.
Charles Gratien AVROUIN FOULON [2/05/1790 Beaumont lès Tours - Nantes 22/8/1860] succède en 1816 au poste à Jospeh François DANET, qui fut révoqué à la Restauration de la monarchie. En effet, on constata alors un déficit énorme dans ses caisses. Deux arrêts de 1816 de la Cour des Comptes le constituèrent en débit pour les exercices 1811 et 1812 d'une somme globale de 126.883 fr. Puis, le 24 juin 1817, le ministre des finances établissait le dit Joseph François DANET débiteur de 1.263.553 fr, dans son compte courant avec le Trésor arrêté, en capitaux et intérêts, au 31 décembre 1816.
Contrainte fut décernée contre lui, et, à la requête de l'agent judiciaire du Trésor, on procède en juillet et août 1818 à la saisie immobilière de ses immeubles. Antérieurement, un arrêt de la cour d'assises du 15 juillet 1818 l'avait déclaré contumax et condamné à une peine afflictive et infamante. Il ne purgea pas cette contumace, et le directeur des Domaines fut chargé de le représenter en qualité d'administrateur légal de ses biens.[source : infobretagne]
Charles Gratien AVROUIN FOULON, durant sa carrière de plus de 40 ans en Morbihan, fut également un grand acheteur de biens, comme le montrera la liquidation de son patrimoine.
En août 1854, le conseiller municipal de Vannes devient conseiller général du Morbihan à Saint-Jean Brevelay. A la mort du maire de Vannes, il est nommé second adjoint du nouveau maire Lallement. La ville de Vannes organise les premières régates. Son fils Jules AVROUIN-FOULON [5/2/1829-5/1/1908] est le trésorier secrétaire parmi les commissaires des régates.
La crise financière de 1857 (sourdce Jean Marc Daniel)
Déroulement de la crise mondiale de 1857.
24 août 1857, début de la crise: faillite de l'Ohio Life Insurance and Trust Company.
4 octobre: les actions des compagnies de chemin de fer ont perdu depuis le début de l'année 30% de leur valeur à Wall Street; début d'un "bank run" aux Etats-Unis; fermeture des banques jusqu'au 11 décembre.
12 novembre 1857: la banque d'Angleterre suspend la convertibilité de la livre.
La crise de 1857 résulte de la conjonction de ces deux principaux phénomènes:
1-la baisse soudaine de rentabilité des mines d'or californiennes;
2-la baisse du rendement financier des actions des compagnies de chemin de fer, laquelle ne tardera pas à affecter lourdement l'industrie sidérurgique.
Répercussions en France :
Les actions du crédit mobilier passent de 1.487 Fr. en mars à 670 Fr. en décembre.
Les taux d'escompte variable d'ajustement grimpent.Le taux de référence à 4%; loi du 3 mars 1852; loi du 9 juin 1857; le taux culmine à 10% en novembre 1857; il redescend à 5% fin 1857. Il descend à 3.5% en 1863.
10 juin 1857 : Charles de Germiny devient Gouverneur de la Banque de France.
14 janvier 1858: attenta d'Orsini contre Napoléon III.
Ce rare article de presse, daté de décembre 1858, évoque la fin de carrière d'AVROUIN FOULON, sans doute victime de la crise financière.
"Nous reproduisons, d'après le Journal de Nantes, la nouvelle suivante, dont nous lui laissons la responsabilité : La ville de Vannes est dans la plus grande des consternations. Son receveur général a été déclaré le 9 de ce mois [décembre 1858] en faillite, et d'office. Il avait été mis le 1er de ce mois en retraite. La passif approche de 4 millions; le déficit dépasse 2 millions. Le receveur général est malade à tel point, que l'on ne peut obtenir de lui aucune espèce de renseignements. "La ville de Vannes sera compromise pour plus d'un million".
L'Abeille de Lorient confirme le fait en ces termes : Une nouvelle qui produit une très grande sensation dans notre ville nous est parvenue avant-hier : c'est la faillite de M. Avrouin Fouilon, receveur-général de notre département dont le remplaçant a été nommé. Si l'on en croit les avis reçus, le passif de cette faillite s'élèverait au chiffre énorme de 4 millions, tandis que l'actif serait évalué à deux millions seulement. Sur tous les points du département, cette nouvelle causera l'étonnement le plus profond, tant était grande la confiance que la maison Avrouin inspirait. A Vannes, l'émotion causée par ce sinistre financier a été d'autant plus vive que rien ne pouvait laisser prévoir un semblable désastre. Il y avait quarante-deux ans que Avrouin était receveur général du Morbihan.
On ne connait pas encore d'une manière certaine les causes qui ont pu déterminer cette faillite. Ch. Gousset.
La consultation de la cote U3686 aux Archives Départementales montre plusieurs centaines de requerants, essentiellement de Vannes, floués par cette faillite et qui déclare des sommes variables. Quelques Sinagots seront victimes de cette fiallite à l'image du douanier Josset.
Effectivement, le receveur, qui faisait partie des notables de Vannes qui avaient accueillis l'Empereur le 15 août lors de sa visite à Vannes, compte parmi les promus de la Légion d'Honneur.
Avant la promulgation de sa faillite qui parait sans doute évidente, les autorités mettent en retraite le vieux receveur et nomme son successeur. Début janvier 1859, le Préfet prend les chose en main afin de limiter les conséquences de la faillite sur la population, comme le décrit cet article du Journal de Toulouse.
La première annonce de vente aux enchères retrouvée sur le sites des Archvies du Morbihan, porte sur des chevaux le 19 janvier 1859 : un cheval de selle, deux chevaux de voiture, quatre chevaux de trait, Amazone, petit cheval de selle, montrant que l'ancien receveur s'adonnait aux courses en voque déjà à l'hippodrome de Cano à Séné.
Le lundi 21 février 1859, c'est au tour du mobilier d'être vendu aux enchères dont des voitures et calèches. tableaux et gravures. Un autre lot comporte des embarcations, dont les bateaux La Perle et l'Hirondelle, qui participaient aux Régates de Vannes. La chute de la maison Avrouin entrainera la suspension des régates de Vannes pendant 8 ans.
Le 22 mars 1859, est mis en vente le château de Roguédas en Arradon où la famille Avrouin Foulon recevait les officiels lors des Régates de Vannes. Le château sera acquis par l'imprimeur Panckoucke."Batterie de cuisine, cristaux et porcelaines, rideaux, tentures et tapis; meubles en acajou, anitques et modernes, ameublement Louis XV, tableaux, glaces, pendules et candélabres; lits garnis et quantité de linge de lit et de table.
Les Avrouin détenaient également les moulins du Hezo, de Campen et le petit moulin à vent de Cano à Séné. Le moulin de Cantizac et de Cano furent rachetés par le meunier Joseph GACHET qui les exploitait.
A ces biens, s'ajoutait les terres à Séné à Cantizac, 17 ha, la maison du meunier et les terres jouxtantes pour 36 ha, des propriétés à Kerhuilhieu, 72 ha, Keravelo, 56 ha, la Poussinière, 20 ha.
AVROUIN FOULON mettait aussi en fermage des terres à La Chenaie, Keroyer et Keravelo en Arradon comme d'autres parcelles de terres au Hézo.
Charles Gratien AVROUIN FOULON détenait également des salines sur Séné : saline grande de Michote, 50 oeillets, saline petite de Michotes, 104 oeillets, saline de Misentrets, 60 oeillets, saline de Misentrets-Michot, 29 oeillets, salien de Misentrets 100 oeillets et saline de Grand Brouel 111 oeillets pour un total d'environ 45 ha. La vente des ses salines permis à des Sinagot d'en devenir les propriétaires [à investiguer - article à venir sur les paludiers].
Charles Gratien AVROUIN FOULON sera condamné pour banqueroute à deux ans de prison. Vu son grand âge et son état de santé, on lui permettra de quitter la ville. Il décède à Nantes le 22 août 1860.