Avant la généralisation de la vaccination, la découverte des antibiotiques et les progrès de la médecine en général, les maladies infectieuses étaient un fléau. A Séné, ces maladies ont fait des ravages au sein des militaires et des jeunes conscrits, que cela soit le choléra pendant la guerre de Crimée, lle "vomito negro" ou fièvre jaune pendant la Campagne au Mexique ou bien la tuberculose pendant la 1ère Guerre Mondiale.
Avant la construction d'un réseau d'adduction d'eau, après guerre, il était encore fréquent de voir des épidemies de typhoïde dans notre commune.[lire article sur les Fontaines et Puits à Séné]
La population de marins qui parcourraient les mers du monde, était aussi propice à ramener dans la paroisse des maladies infectieuses comme la paludisme qui étaient encore endémique à Séné dans l'entre deux guerres.[lire article dédié].
Au cours du XIX° siècle avec l'essor de la marine marchande, les guerres, l'accroissement des échanges grâce au chemin de fer, les épidemies étaient fréquentes et les autorités soucieuses de leur population, oeuvraient au déploiement de mesures prophylactiques.
Dans le Morbihan, il existait un Conseil d'Hygiène, dont le secrétaire, Le docteur Alfred FOUQUET [Redon 2/10/1807- 24/06/1875 Vannes], rédigeait chaque année un "Compte-Rendu des Epidémies et Epizooties".
On retrouve sur le site Gallica BnF, ces rapports pour les années de 1861 à 1870. Ils nous renseignent notamment sur l'épidémie de variole qui sévit en 1870 à Vannes, à Séné et dans le Morbihan.
Les maladies infectieuses étaient fréquentes et variées : la variole [due au virus poxvirus, la diphtérie due au bacille de Löffler-Klebs],, la fièvre typhoïde (dotinentherie [due à une bactérie, Salmonella enterica ou bacille d'Eberth], la rougeole [due à un morbilivirus], la coqueluche [due à une bacterie du genre Bordetella], la scarlatine [due à une bactérie Strerptococcus pyogenes], les dysenteries [dues à une batérie Shigella ou une amide protozoaire] comme le rapporte ce tableau qui donne pour 1868 et 1869 le nombre de communes atteintes par les maladies infectieuses et le nombre de décès constatés en Morbihan.
Fort heureusement, ces maladies ont été aujourd'hui éradiquées grâce notamment au progrès dans la vaccination.
A la fin du 18ème siècle, un médecin de campagne anglais, Edward Jenner, fait une découverte importante : une maladie bénigne des vaches, la « vaccine », ressemble à la variole. Les fermières, en contact régulier avec le virus de la vaccine en raison de leur métier, ne contractent pas la variole lors des épidémies.
Jenner contamine une personne avec la vaccine via de petites incisions dans la peau. Puis s’efforce d’infecter son « cobaye » avec la variole, sans succès : celui-ci ne développe pas la maladie.
Le nom de « vaccination » est donné à cette opération. Elle connaît un succès retentissant en Europe et donne lieu à l’organisation de grandes campagnes antivarioliques. Le patient ayant reçu la vaccine après incubation produit ses propres anti-corps. On va lui prélever sur son bras quelques goutes de son sang et l'injecter par incision sur le bras d'un individu à vacciner. Ainsi "de bras en bras" les populations étaient protégées de la variole. Cependant, ces vaccins nécessitaient des rappels d'injection plus fréquent que de nos jours...
Vaccination aout 1905
Si durant les premières années de la décade, la variole était peu fréquente sur la canton de Vannes, comme nous l'indique cet historique établi par le Docteur FOUQUET, il y eut une forte épidemie de variole en 1870.
Le docteur FOUQUET écrit dans son rapport pour l'année 1869, que la variole causa 4 morts à Séné pour 52 cas répertoriés dans la commune.
Il donne l'origine un peu singulière à ce début d'épidémie :
"Au commencement de 1869, il n'existait ni à Vannes, ni à Séné, ni à Sarzeau, aucun cas de variole, quand, le 7 mai, un chanteur de rue, napolitain ambulant, nommé Baptiste Grand-Pietro, âgé de 16 ans et non vacciné, fut admis à l'hospice de Vannes pour variole confluente, qui devint mortelle le 16 mai.
[On retrouve son acte de dcès enregistré à Vannes, le jeune italien, natif de Marsicotevere, province de Potenza, sud de l'Italie, est âgé de 16 ans quand il est admis à l'Hôpital Civil et Militaire rue de la Loi, derrière la mairie, où il succombe de variole. Cet article de presse permet d'avancer qu'il était en France avec son jeune frère et sans doute ses parents, dont le snoms apparaissent sur l'acte de décès.]
Une soeur et plusieurs malades de l'hospice contractèrent alors cette redoutable affection qui ne tarda pas à se répandre dans toute la ville.
Les rapports incessants qui existent entre les habitants de Vannes et ceux de Séné, eurent bientôt créé entre eux une solidarité épidémique, funeste aux uns comme aux autres; car, si d'abord l'épidémie a passé de Vannes à Séné, cette même épidémie est revenue de Séné à Vannes, dans les derniers mois de l'année. Cette recridescence varioleuse, concentée d'abord dnas la rue de Séné à Vannes
[actuelle rue Monseigneur Tréhiou, qui était le voie principale pour aller à Séné en passant par la croix de Kernipitur, le Pont d'Argent pour franchir le ruisseau de Cantizac avant d'rriver en Séné],
a parcouru, au commencement de 1870, non seulement les divers quartiers de la ville, mais encore plusieurs villages de la commune où, en deux mois, elle a fait 30 victimes."
Dans le Compte-Rendu édité en 1871, portant sur l'année 1870, le docteur Alfred FOUQUET, fait le décompte des victimes de la variole dont la famille de saltimbanques napolitains aura été un maillon dans sa diffusion.
Sur Vannes, lors de la semaine pascale, on sortit les reliques de Saint Vincent Ferrier pour demander la fin de l'épidémie, comme nous le relate cet article de la "Semaine Religieuse", se souvenant ainsi de tous les mirales atrtibués au saint lors de la peste de 1453. [lire article dédié].
A Séné, on compta 45 cas dont 34 décès parmi lesquels, 15 hommes, 7 femmes et 12 enfants!
Dans ce même rapport, le docteur FOUQUET site le cas d'un Sinagt âgé de 22 ans qui succomba de la variole.
Ces précisions permettent d'identifier une victime parmi les 34 décès, en la personne de Pierre PIERRE [101/1850 Moustérian - 28/8/1870 Moustérian].
Mais pourquoi tant de décès alors que la vaccination était possible?
Cet article de presse signé du Docteur Alfred FOUQUET en donne la raison : les difficultés pour la population à se faire vacciner.et surtout à faire un rappel de vaccination.
Avec le début guerre franco-prussienne de juillet 1870, la défaite de Sedan le 1er septembre, la fin du Second Empire, Le Docteur FOUQUET a dû arrêter de rédiger ces Comptes-Rendus. Il décèdera en 1875.
Plus près de nous, en 1955, survint la dernière une épidémie de variole apparue en France qui fit 15 morts pour 74 cas répertoriés dans le département. A l'origine de cete épidémie, un militaire, porteur sain, qui revint d'Indochine. Le première victime ne fut autre que son enfant...Les anciens Sinagots se rapellent de longues files d'attentes pour aller se faire vacciner à Vannes. 5souvenir de Jean Richard).