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Marins de Séné

dimanche, 29 octobre 2023 14:04

Sinagotes noyées en mer

Jeanne PALUD, pêcheuse de Cariel, noyée près de Boëd -1841

1845 PALUD Jeanne

On retrouve bien l'acte de naissance et de décès de Jeanne PALUD [3/10/1798-21/5/1845] dans les registres d'état civil numérisés sur le site des Archives du Morbihan. Un site de généalogie nous confirme que Jeanne était l'épouse de Joseph NIO. [1794-1865]. La famille aura 6 enfants; L'aînée, Joseph NIO [6/7/1820-14/2/1841] décèdera pendant son service militaire à l'hôpital de Lorient alors qu'il est affecté sur le navire Jemmapes. Trois autres de ses enfants mourront en bas âge: Vincent à 6 ans, Marie Françoise à 3 ans, Marie Jeanne à 19 mois. Pierre et Joseph arriveront à l'âge adulte et se marieront.

Jeanne TREHONDART, tombée à la mer aec son père Légionnaire -1859

1859 Trehondart Le Pays

Alors que l'ancien combattant de Crimée était sorti en mer pour une pêche aux huîtres, avec ces deux filles, Jeanne et  Françoise, lui et sa fille Jeanne TREHONDART [5/6/1844-9/3/1859] se noyèrent le 31 janvier 1859 près de La Garenne et Montsarrac. Le corps du père fut retrouvé le 5 février près de la Garenne et celui de sa fille, le 9 mars près de Brouel.

Marie Françoise DORIOL, périe en mer à Port-Navalo -1865

1865 DORIOL MARIE FRAN9OISE

En ce jour, le 29 janvier 1865, Vincent LE DORIOL est sorti en mer à l'entrée du Golfe du Morbihan, quand un chasse-marée entre en colision avec son bateau qui sombre au large de Port-Navalo. Si il a pu être sauvé, sa fille, Marie Françoaise, qui l'accompagnait pour cette sortie de pêche, se noiera. Son corps sera retrouvé près de Gavrinis en Baden. Elle était célibataire. Ces parents eurent au moins trois enfants. Vincent décédé à l'âge de 1 an, Marie Louise, et Marie Jeanne, décédée à l'âge de 20 ans des suites de son accouchement d'une enfant nommée Marie Vincente qui décèdera à l'âge de 2 ans.

 Marie Julienne PIERRE de Cadouarn, tombée à la mer entre les îles d'Arz et d'Ilur - 1865


1865 PIERRE Marie Julienne pecheuse Copie

 A la lecture des actes de décès de Marie Juliennne et Vincent Pierre, on comprend que le père marin pêcheur et sa fille âgé de 27 ans sont morts accidentellement en mer, entre les îles d'Arz et d'Ilur. Les corps furent retrouvés à deux dates distinctes, Marie Julienne, le jour de la noyade à Montsarrac et son père le 11 avril près du Rohu. Sa mère, désormais veuve, Mme Marie Françise MARTIN, avait perdu en bas âge 4 enfants. Seul, son fils ainé Patern se mariera.

Perrine BROHAN, pêcheuse de Kerdavid, noyée accidentellement -1865

1865 BROHAN Perrine pecheuse 2

Perrine BROHAN [19/5/1798-11/7/1865] avait épousé un marin de Kerdavid, Jean Marie LE GALLIC en 1823, dont elle a eu un enfant vivnat qui s'est mariée en 1836.

La jeune mariée Marie Anne MORICE se noit avec son époux - 1869

1869 penerf PlunianMorice

Marie Anne MORICE [21/2/1850-29/1/1869] venait juste de se marier le 10/1/1869 avec Vincent PLUNIAN [17/02/1844-29/1/1860] quand ils participèrent au large de Penerf à la pêche aux huitres sur leur chaloupe La Provence. Un fort coup de vent à jeté les chaloupes sur la côte de Betahon en Ambon et ils se noyèrent.

 Jeanne Marie PIERRE se noie à la Pointe d'Arradon - 1877

1877 PIERRE Jeanne Marie fille2

Cet acte de décès, repéré sur le site des archvies du Morbihan, nous indique que Jeanne Marie PIERRE [22/4/1860-5/1/1877] est décédée accidentellement à la mer en face la pointe d'Arradon. Un autre acte de décès précise qu'elle était en compagnie de son père Julien Marie PIERRE [22/7/1827-5/1/1877] qui périt le même jour noyé.

Marie Vincente CALO, tombe à la mer lors d'une pêche en fraude - 1879

1879 Cadero fraude Malry noyés

Tragique destinée que celle de Marie Vincente CALO [3/5/1835-24/11/1879] . A l'âge de 25 ans, cette jeune femme issue d'une famille de pêcheurs de Kerarden, se marie le 11/11/1860 avec Jean Pierre Le Barro [13/10/1817-14/5/1875] dont elle aura 3 enfants: Pierre Marie, Marie Louise et Louis Marie. Son mari décède en 1875.

Elle se remarie le 21/11/1877 avec Patern MALRY [4/11/1828-14/1/1879], déjà veuf de sa 1ère épouse. Il lui donnera 2 enfants, Patern et Louis Marie. Ce second mari se noie en janvier 1879 au large de Boëd. Veuve pour la deuxième fois, Vincente CALO a à sa charge, 4 enfants, Pierre Marie âgé de 16 ans, Marie Louise âgée de 14ans, Patern, âgé de 1 an et le petit Louis Marie qui décèdera à 3 mois en septembre 1879. 

Contrainte sans doute par la misère des temps, elle s'embarque aec François Louis CADERO et Julien LEFRANC, marins pêcheurs de Séné, pour aller pêcher en fraude des huîtres au large des îles Drenec. Repérée par la patrouille des gardes pêches de Béluré, l'embarcation tente d'échapper au contrôle et chavire. Le corps de Mme CALO, veuve Malry et veuve Le Barro, sera retrouvée près de la Pointe d'Arradon. Ses compères Cadéro et Lefranc se noieront également.

Louise LE ROCH, tombe à la mer - 1884

 1884 12 31 Arz noyage bateau chaux

 Ce jour du 27 décembre 1884, le marin patron Julien LE FRANC [8/3/1824-3/6/1891] transporte une cargaison de chaux vers Quiberon en compagnie de sa femme Louis LE ROCH [10/2/1833-27/12/1884]. Le chargement de chaux allourdit le bateau et rend les manoeuvres difficiles. Sans que l'on sache comment, son épouse tombe à la mer, non loin de la pointe des Lions de l'île d'Arz et personne ne parviendra à la sauver.

Marié le 14/7/1857, la famile accueille Marie Thérèse en 1858 qui se mariera, puis Marie Françoise en 1859 qui se mariera et Louis Marie en 1861 qui se mariera également. Par la suite, les époux Le Franc auront 6 enfants entre 1862 et 1879 qui décèderont tous en bas âge.

 Jeanne Louise LE BLOCHIC, la passeuse se noie à Conleau - 1906

1906 Morrice passeur noyée

 Jeanne Louis LE BLOHIC [1/1/1854-12/9/1906] s'est mariée le 21/10/1873 avc Pierre Louis MORICE. Ils seront les premiers bateliers et passeurs entre Bellevue et Conleau. Elle était la belle-soeur de Marie Josèphe MORICE, l'épouse de Jean Marie LE GUIL, autre couple de passeurs à Séné.

Joséphine et Héloise LE FRANC se noient dans le Golfe avec le jeune Alexandre - 1915

CLERO Séné peche noayde

 Ces deux articles permettent de connaitre comment LE FRANC Alexandre Louis Marie [15/01/1905 Kerdavid 27/05/1915] et sa soeur LE FRANC Joséphine Marie Louise [4/12/1899 Cadouarn 27/05/1915] périrent noyés au large du Logeo avec leur tante CLERO Marie Héloïse [13/11/1893 Cadouarn 27/05/1915].

L'article ne dit pas que la mère des enfants, Marie Mathurine CLERO [18/11/1879-17/03/1918] est décédée avant guerre et que le père des enfants, Alexandre LE FRANC est incorporé au 6° Régiment d'Infanterie Coloniale depuis janvier 1915.

Le grand-père CLERO Jean Marie, est quant à lui veuf et ses garçons sont mobilisés. Le corps de son petit-fils âgé de 10 ans sera retrouvé sur le rivage le 11 juin 1915. 

CLERO LEFRANC noyés

 

 

 

 

 

 

Les Marins de Séné sous le joug de la Monarchie aux 17e et 18e siècle

J’ai voulu explorer cette période de l’histoire maritime de Séné, car elle n’a jamais été traitée.

Le titre lui-même représente le contexte historique, c’est une période charnière qui débouchera sur la révolution française. La tutelle de l’état monarchique est de plus en plus lourde à supporter par le peuple, dont les marins de Séné.

Si la période moderne à partir du 19e siècle offre beaucoup d’archives, celles de l’ancien régime sont plus restreintes, la numérisation de celles-ci par les archives départementales du Morbihan et leur accès sur leur portail dédié, ont facilité néanmoins mes recherches.

C’est sur le site en ligne Gallica qu’on trouve l’archive la plus ancienne des inscrits maritimes de Séné, elle date de 1661. Sur l’inspiration de Colbert est créé le service des classes dans les différents ports et évêchés du royaume. Les sièges d’amirauté recensent tous les marins de leur ressort. On leur attribue un numéro de classe, afin de servir par roulement sur les vaisseaux du Roi. Jusqu’alors le recrutement des matelots sur les navires se faisait selon le système arbitraire dit de la presse, c’est-à-dire qu’un sergent accompagné d’hommes en armes venait prendre un ou plusieurs marins et les enrôlaient de force sur les navires.

Les marins de Séné feront des campagnes sur des navires livrant des combats célèbres : combat naval de la Hougue, blocus de Dantzig, combat naval de Pondichéry, etc. Certains auront pour capitaine des hommes célèbres : René Duguay-Trouin, de Coëtlogon, le chevalier de Ternay, Rochambeau etc.

Passé l’obligation de servir sur les vaisseaux du Roi, les marins de Séné vont choisir leur carrière, certains deviendront capitaines ou matelots au cabotage, navigant de Vannes à Nantes, Bordeaux, en Espagne, les ports de la Manche. Jean Le Franc fera même avec son équipage un voyage à Marseille. D’autres s’embarquent au long-court à la Compagnie des Indes de Lorient, sur les navires de commerce dont les négriers vannetais et nantais. D’autres pratiqueront la pêche sous différentes formes, ce sont eux qui subiront le plus la pression constante du contrôle des pêches exercée par l’amirauté de Vannes, les amenant parfois à la révolte, comme celle du village de Montsarrac.

Les nombreuses guerres en Europe, en Nouvelle-France, aux Antilles, aux Indes, vont faire subir aux marins de Séné de graves préjudices comme pendant la guerre de 7 ans avec l’Angleterre, certains seront emprisonnés sur les sinistres pontons anglais, de véritables sépulcres flottants.

Mais les marins de Séné ne se résignent pas, ce sont des hommes de caractère. L’amirauté de Vannes déclare même dans un de ses rapports qu’un certain Olivier le Grégam est une espèce de fou très vigoureux et craint dans son village de Montsarrac, et qu’il ne fait d’autres métiers que celui des pêches défendues. Certains matelots de Séné n’hésitent pas à faire le coup de poing sur le port de Vannes quand on touche à leur honneur.

L’ouvrage contient plus de 450 noms de famille des gens de mer de la paroisse de Séné, leur carrière de marin y est détaillée individuellement, le livre est également truffé d’anecdotes sur les difficiles relations entre l’amirauté de Vannes et les pêcheurs pirates de Séné.

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lundi, 01 janvier 2018 09:17

Les derniers péris en mer de Séné

 

1912 Jordic sinagots

Golfe du Morbihan, Retour de sinagos à la nuit tombante

Georges Pignon, dit Jordic -1912 23x16 cm coll. part.

Depuis la fin de la guerre, la pêche, le transport maritime se sont modernisés et les dernières opérations extérieures de la France n'ont pas entrainé la mort de marins sinagots.

En sollicitant la mémoires de anciens de Séné, on a ainsi fait remonter à la mémoire le noms des dernierq marins de Séné péris en mer .

Qui étaient-ils et que sait-on des circonstances de leur disparition en mer ?

1945 NOBLANC Célestin Ange Marie 

1947 PELLAY Albert

1954 PIERRE Vincent Marie

1958 JACOB Jean Célestion, ostréiculteur

1961 LE FRANC Guy, cabeteur sablier SAMOURAI

1965 LE BOURVELEC - LE VEUT , PORT MANECH

1967 LE ROY Alexis

1969 LE GREGAM Roland

1978 ILIOT Auguste Pierre

1979 LE MAY Joseph

1990 MORICE Jean Jacques

1954 Louis DORIOL

 

1945 NOBLANC Célestin Ange Marie [12/9/1874 - 22/1945]

Son acte de décès nous indique que le vieux marin pêcheur de Moustérian est décédé en mer près de Moustérian en ce mois de juillet 1945.

1947 PELLAY Albert [14/08/1927 - 11/03/1947]

L'acte de décès d'Albert PELLAY nous indique que son corps fut retrouvé sur la plage de Moustérian et semblait remonter à 2 mois, sans doute la date de sa dernière sortie en mer. Comment a péri ce jeune marin pêcheur de 20 ans né dans le Calvados et domicilié à Cadouarn chez ces parents?

1954 PIERRE Vincent Marie [26/3/1886-14/1/1954]

L'acte de décès indique que le pêcheur retraité à Bellevue, Vincent Marie PIERRE, âgé de 68 ans, est décédé "en mer à l'intérieur du Golfe du Morbihan".

1958 JACOB Jean Célestin [11/08/1915 - 2/01/1958]

La lecture de son acte de décès nous apprend que Jean Célestin JACOB était ostréiculteur à Bellevue et qu'il est tombé à l'eau dans le goulet de Conleau.

1961 LE FRANC Guy, cabeteur sablier SAMOURAI

voir article détaillé.

1965 LE BOURVELEC - LE VEUT , pétrolier PORT MANECH

voir article détaillé.

1967 LE ROY Alexis [2/04/1902 - 25/8/1967]

Alexis LE ROY eut sa barque coulée par un chalutier dans le chenal de Vannes patron Georges ALLANO. Un site de généalogie nous indique qu'il travaillait pour un sablier de la Compagnie des Vedettes Vertes. Son acte de décès localise sa mort au "Pont Verté, sans doute le lieu où son bateau a ramené le corps.

1969 LE GREGAM Roland [22/08/1947 - 15/11/1969]

Selon le souvenir de Jean RICHARD, Roland GREGAM s’est noyé en voulant récupérer son chaland qui partait à la dérive , il avait oublié de jeter l’ancre. En tobnant à l'eau, près de sa concession ostréicole à la pointe de Tascon, il est mort de congestion.

1970 ILIOT Auguste Pierre [19/11/1920 - 18/09/1970]

L'acte de décès de Auguste Pierre ILIOT, nous apprend que ce marin né à Lorient, marié à Fernande MORIO et résidant à Montsarrac est décédé en mer au large de Monrovia, capitale du Libéria en Afrique, alors qu'il était embarqué sur le M/S Thésée, qui ramenait sans doute du bois africain en Europe.

Un site spécialisé sur les navires de la marines marchandes nous donne quelques informations sur ce cargo vraquier exploité en grumier de la Société Navale Caennaise, SNC :

1970 iliot thesee3

A la SNC: 1958/1976
Sister Ship: Galatée 1 - Protée 2
Type: Navire vracquier exploité en grumier.
Construction: ATELIERS ET CHANTIERS DE BRETAGNE à Nantes pour le compte de la SNC.
Mise en service: 29/11/1958
Longueur Hors tout: 128.80m
Largeur: 15.23m
Creux Max: 8.70m
Port en Lourd: 7355Tpl-6.68m
Puissance: 5120cv
Vitesse: 13n
Par la suite: Vendu le 13/11/1976 à UNITED MARITIME CORP SA à Singapour. Renommé "Jakarta".

1979 LE MAY Joseph Augustin [24/7/1951 - 5/11/1979]

Ce marin célibataire de 28 ans sort en mer avec son bateau le Farewell. Selon le souvenir de Jean RICHARD, infatigable mémoire sinagote, le patron pêcheur LE MAY est parti à la pêche aux casiers à crabes. C'est en mettant à l’eau le cordage de casiers, que son pied se prend dans la corde et l’entraine dans l’eau. On retrouvera les casiers grâce aux flotteurs et le corps de Joseph LEMAY sera repêché en relevant les casiers.

1990 MORICE Jean Jacques [ 2/06/1943 - 27/09/1990]

De retour d'une sortie de pêche dans la rivière d'Auray, près de la cale de Langle, Jean Jacques MORICE, le fils de Ernestine MORICE [lire article dédié] tombe à l'eau se sa Marie Galante accidentellement et se noie.

1998 Albert TOLLANCE [ca1930 Locquenolé 29 - 27 avril 1998 Arradon]

Le 12 mai 1998, vers midi, un corps sans vie a été découvert dans le golfe face à Penboch en Arradon. Il a été formellement identifié dans la journée comme étant celui d'Albert Tollance, le président de l'Union des plaisanciers du Golfe, disparu dans la nuit du 27 au 28 avril. Son embarcation ayant été repérée vide de tout occupant devant l'île Boëdic, gendarmes, pompiers, bénévoles de la SNSM d'Arradon et hélicoptère de la protection civile avaient effectué des recherches toute la journée du 28 avril. En vain. Ancien combattant de la Guerre d'Algérie, retraité de la marine nationale, Albert Tollance s'était fixé à Séné dans les années 70. Il était très apprécié dans le monde de la plaisance pour son tempérament bien trempé et sa faconde.  Une messe fut célébré à Séné en son hommage, à l'initiative de ses amis plaisanciers dont il s'était fait le porte-parole. Natif de Locquenolé (29), après 15 ans de service dans la Marine, il avait trouvé un poste de directeur commercial. A la retraite, il choisit de s'établir à Séné. Son corps fut incinéré et son fils, marin également, eut la pénible tâche de disperser ses cendres au large de la statue du moine Saint-Antoine de Boëdic, à quelques encablures du lieu de sa noyade.

 

A préciser : 

Louis DORIOL [           - 1954]

Texte de Jean RICHARD

Louis DORIOL commandait le chalutier Khamsin ( vent du Sud ) quand il périt. Il commanda plusieurs bateaux dont le Charles De Gaulle , il laissa derrière lui une jeune femme et un petit garçon. Louis avait une trentaine d’années

Louis est né dans une famille de pêcheurs du village de Langle , un cousin de ma famille. Sitôt son service militaire effectué, il rejoint La Rochelle, grand port de pêche à la sortie de la guerre [Lire aussi le récit de Célestin ROLLAND] . Remarqué pour ses qualités de marins, il devint très vite et très jeune? patron d'un chalutier hauturier , il accède rapidement au top 10 des meilleurs patrons de La Rochelle .

Au retour d'une marée (15 j) son bateau LE kHAMSIN, rentre au port avec le pavillon en berne, signe d'un homme en moins à bord . Il s'agit de Louis le patron.

Les conditions de sa disparition sont tragico-comiques : En ce temps là, les wc du bord qu'on appelait, le trône ou le chalet de nécessité, se trouvait à la poupe du bateau ' l'arrière ', solidement relié à la coque le trône surplombait la mer, un orifice soigneusement percé dans le siège permettait l"accès direct à la mer.

Sur certains chalutiers, les plus récents , une petite guérite servait d'isoloir. Le trône était utilisé par tout l'équipage, au moins une fois par jour, chacun allait faire son offrande journalière à Neptune Dieu de la mer, un colis de coliformes fécaux . Il n'était pas rare que Neptune, en signe de gratitude, ordonne à une de ses vagues de venir lécher voire laver le derrière et le devant du généreux donateur. C'est par une nuit plus noire que noire que Louis se rendit sur le trône pour y déposer sa grosse commission, à peine avait 'il déposé son colis que Neptune, pour une raison inconnue ordonna à une vague du genre scélérate d'aller laver l'anus du patron. Louis surpris par la violence du lavement, fut éjecté de son trône il se retrouva détrôné et fut précipité à la mer. La mer le garda pour elle et le corps de Louis ne fut jamais retrouvé. Il est fort à parier que Louis à hurlé en tombant à la mer, son bateau était en action de pêche, aucun membre de son équipage n'entendit ses cris, couverts par le bruit des moteurs.

Bien plus tard une autre version viendra contre dire celle des WC. Le bruit courait que Louis était très exigeant pour lui même, mais pour son équipage aussi. Une altercation aurait eu lieu entre lui et un matelot pendant cette marée ...

Louis aurait pu être jeté par dessus bord par la suite .... cette version est restée sans suite.

 

En consultant les registres de décès de Séné, entre 1840 et 1990, on repère facilement la transcription des actes de décès de marins péris en mer lors d'un naufrage. L'acte y apparait souvent retranscrit sur une ou plusieurs pages.

Avec un peu d'attention on note la mention "décédé en mer" quand il s'agit d'un simple pêcheur de Séné qui n'a pas fait l'objet d'un jugement au tribunaL

Les Archives du Morbihan et la Bnf Gallica mettent également en ligne de vieux du Morbihan et le Ouest Eclair couvrant la même période. En recherchant avec des mots clefs judicieux, tels les noms de nos villages, Moustérian, Montsarac, Kerarden ou des noms de familles bien sinagotes comme DORIOL, NOBLANC, on peut trouver des articles de presse relatant une noyade d'un Sinagot.

Ainsi parvient-on à réunir une liste assez fournie de marins de Séné morts dans l'exercice de leurs activités maritimes.

Qui étaient ses "enfants de Séné" péris en mer ? Quelle était leur activité maritime ? Dans quelles circonstances ont-ils perdu la vie en mer ? Que nous apprennent ces destins dramatiques sur l'actiivté des marins de Séné?

Parmi ces marins de Séné, on dénombre environ 70 marins militaires, engagés ou accomplissant leur concription, péris en mer dans le cadre d'un conflit ou bien dans un hôpital militaire au cours d'un conflit ou en période de paix. Les maladies qui emportent nos marins en période de guerre traduisent des consitions d'hygiène lamentables à bord des navires : fièvre jaune au Mexique, choléra pendant la Guerre de Crimée, tuberculose pendant la Première Guerre Mondiale.

Bien sûr de nombreux marins perdirent la vie au cours d'un fait d'armes comme les différents torpillages de bateaux pendant la Première Guerre Mondiale. Parmi ces bateaux coulés par la Kaiserliche Marine allemande, 6 bateaux de la marine marchande.

Lire les pages dédiés à ces conflits et la pages sur les marins de Séné morts pendant la Première Guerre Mondiale.

D'autres marins militaires de la Marine Impériale ou Nationale, embarqués lors d'opérations extérieures, sont tombés malades en mer. Ils sont parfois soignés dans un hopital temporaire à l'étranger ou dans un hôpital maritime en métropole mais succomberont également de leur activité de marin. Lire les portraits de marins.

Signalons également l'explosion du IENA ou disparu le marin LE DORIOL et la collision due la FRAMEE ou fut englouti le marin sinagot MALRY. Lire articles associés.

Cet étude a permis de relever, plusieurs marins de Séné qui accomplissaient leur conscription et qui périrent en mer. Par expemple, le marin NOBLANC Albert Julien [4/06/1888 Kerarden 17/08/1910] disparu en mer dans l'Atlantique nord alors qu'il était à bord du VILLE DE DIJON.

1913 Noblanc Albert DIJON

Tout comme le marin PIERRE Alfred [12/01/1899 Kerarden 29/03/1914] dont un jugement établi sa disparition en mer alors qu'il était à bord du trois mâts AMIRAL CECILE.


1914 PIERRE Alfred Pierre Amiral Cécile

Sous le statut de militaires mais loin d'un conflit ouvert, des marins de Séné ont perdu leur vie en explorant de nouvelles contrées. Marins navigateurs, dans la lignée de La Pérouse, ils ont mis pied à Nossy Bé, à Tahiti ou à Port aux Français. Il s'appelaient MAHE, MORIO et LE FRANC. Lire articles associés. 

A côté de ces marins militaires, cette étude a recensé environ 70 marins pêcheurs de Séné morts dans leur activité professionnelle. La lecture de ces articles nous indique que les pêcheurs de Séné opèrent souvent à plusieurs bateaux en mor bihan ou mor bras, pour se porter secours le cas échéant.  Premiers utilisateurs de la mer à Séné, ils sont sans doute bien plus nombreux tout au long de l'Histoire Maritime de Séné à avoir péri en mer lors d'une pêche. Lire la page qui leur est dédiée.

18xx Théophile Deyrolles Pêche aux maquereaux

Théophile-Deyrolles-Pêche-aux-maquereaux Musée Quimper

De tout temps, les habitants de la Presqu'ile de Langle ont essayé de communiquer par bateau avec Vannes via Conleau et les îles du Golfe du Morbihan. Cette étude a permis de mettre en relief de simple habitant de Séné qui perdirent leur vie en gagnant qui Arradon, qui Vannes, qui l'Ile d'Arz.

Par exemple, le sieur Patern MALRY [4/01/1828-14/01/1879] a chaviré dans le bras de mer séparant Cadouarn et l'île de Boëd.

A la fin du XIX°siècle, les passeurs vont développer leur activté à Barrarach. Deux illustres "petits passeurs" de Conleau de la famille LE GUIL perdront leur vie dans cette activité de transport de passagers. Lire article sur l'histoire des passeurs de Conleau.

A plus grande échelle, le transport de passagers a donné lieu à des naufrages de paquebots qui ont marqué les annales du transport maritime. Ainsi en 1920, la marin LE FRANC disparait lors du naufrage de L'AFRIQUE . Lire article associé.

Cependant, cette étude sur les marins disparus en mer a mis en évidence que la majorité étaient des marins de commerce, simple matelot de tous âges, maitre de cabotage ou capitaine de cabotage. 

Lire également l'article dédié aux marins de Séné employés dans la marine marchande.

Militaires marins, marins pêcheurs, marins navigateurs, marins de paquebot, marins passeurs, marins de la marine marchande. L'activité maritime des marins péris en mer était variée.

LE DORIOL François Marie [5/03/1848 - 7/07/1873] est peut-être le premier et unique régatier de Séné a avoir péri en mer lors de Régates de Vannes à Conleau, alors qu'il concourrait sur son sinago le "DEUX FRERES", comme nous le raconte cet article de presse d'époque. Les Régates de Conleau" était une compétition de voiles à laquelle les marins sinagots participaient dans la catégorie "Sinago". Elle ruent leur heures de gloire à la fin du XIX°s et perdurèrent jusqu'avant la Première Guerre Mondiale. Il disparu le 6 juillet à 4H du soir et son corps fut retrouvé le lendemain.1873 DORIOL Regate deces

1873 Séné Regates Conleau

Les marins étaient également de tout âge, mousse et novices et on compte également des femmes pecheuses qui perdirent la vie en mer, le plus souvent dans le Golfe du Morbihan.

La disparition au large du Havre le 26 mars 1902 du sloop ETOILE DE MER eut une grand retentissement. LE GREGAM Célestin Vincent Patern [19/02/1884 Moustérian 26/03/1902],  novice âgé de 18 ans et  AUFFRET Auguste [18/05/1887 Moustérian 26/03/1902], mousse âgé de 15 ans, perdirent la vie, leur corps retrouvés furent enterrés au cimetière du Havre, comme le relate cet article de presse.

1902 04 Le gregam noyade

1905 Pierre Vaillant Le mousse

1905-Pierre-Vaillant-Le-mousse

Le novice LE DORIOL Sylvestre [20/12/1846 Montsarrac 29/08/1868]  embarqué sur le brick LOUIS XIV décéda à bord du navire, il avait 14 ans. Le navire "étant à la mer" son corps fut sans doute jetté à la mer.

1868 LE DORIOL Sylvestre BIS

Le novice ROBERT Maxime Marie [9/07/1857 Ranquin 7/02/1874] disparu lors d'une tempête dans la Manche au large de Camaret, sur le lougre MADELEINE FERDINAND. Il avait 17 ans.

Le novice DORIDOR Armand Vincent,[6/03/1872 Montsarrac 11/03/1891] quant à lui, perdit la vie à l'âge de 19 ans, au large de Penzance, dans le canal de Bristol, lors du naufrage du lougre ANNA BLANCHE qui disparu avec 5 autres marins pris dans une tempête.

1891 Presse Anne Blanche

LE BLOHIC Joseph Marie [17/03/1885 Langle 03/02/1904] disparu à l'âge de 19 ans dans le Golfe du Morbihan près de Port Navalo lors du naufrage du BALTIMORE.

Et pour mémoire, le jeune DARON Louis Jean Marie [4/01/1900-31/07/1917] qui sombra lors du torpillage du MADELEINE  qui transportait du nitrate pendant la Première Guerre Mondiale. Voir les pages sur la guerre de 14-18.

La mer a également emporté de jeunes mousses natifs de Séné dont le plus jeune avait 11 ans.

les mousses6

Joseph QUESTREBERT de Cadouarn [30/04/1825-4/02/1840] était à bord de L'AIMABLE PELAGIE en relache dans le port de Camaret. Un coup de vent a fait tombé le jeune mousse dans la douve de la tour de Camaret où il s'est noyé. Il n'avait pas 15 ans. Un article de presse rapporte les mouvements de bateau en septembre 1840. L'AIMABLE PELAGIE transportait des fut de vin depuis Bordeaux vers la Bretagne et y ramenait des futs vides comme l'HIRONDELLE.

1841 MARCADET Mousterian famille

1840 presse Aimable Pelagie

Joseph MARCADET [1830 ca -3/04/1841] était établi avec sa famille à Moustérian comme l'atteste le dénombrement de 1841. Dans la nuit du 3 au 4 avril 1841, l'HIRONDELLE sur lequel il était embarqué a fait naufrage sur l'île de Patiras dans l'estuaire de la Gironde, coimmune de Saint-Androny. le jeune mousse avait tout juste 11 ans.

LE MEUTE Louis Marie [4/11/1850 Ambon 30/10/1863] disparu en mer lors du naufrage du chasse marée LE SAINT VINCENT et son corps fut retrouvé à St Michel Chef Chef le 11/11/1863. Il avait 13 ans.

Auguste Marie LE DORIOL [24/10/1870 Montsarrac 15/10/1883] péri avec 4 autres marins de Séné lors du naufrage du LOUISE & LOUISA à l'âge de 13 ans.

LE FRANC Pierre Marie [17/09/1873 11/05/1889]  âgé de 15 ans qui décéda à bord du sloop JEANNE MARIE alors en Angleterre au port de Falmouth en Cornouailles.

Aimé Pierre Marie COCARD |22/11/1876 Montsarrac 10/03/1891] a péri en mer à l'âge de 15 ans lors du naufrage du SOUVERAIN au cours duquel 5 autres marins disparurent.

Célestin François Marie TREHONDART [13/05/1883-4/12/1896] a sombré avec la goélette GARIBALDI perdu "corps et bien" entre Saint-Nazaire et Plymouth. Il était âgé de 13 ans

AUFFRET Auguste [18/05/1887 Moustérian 26/03/1902] disparu avec le slopp ETOILE DE MER qui fit naufrage dans la Manche. Il est enterré au Havre. Il avait 15 ans.

PIERRE Joseph Marie [ca 1894 Canivarch 23/10/1908] âgé de 14 ans, était à bord du JEANNE D'ARC. Son corps fut retrouvé à Kerpenhir le 2/11/1908.

Réné Jean Marie NOBLANC [20/10/1913-10/07/1928] a péri en mer alors qu'il naviguait à bord de son bateau LA COUBRE au large de La Rochelle. Il n'avait pas encore 15 ans.

Il faut rajouter à cette bien triste liste, les noyades d'enfants : LE DORIDOUR Vincent Marie [3/11/1877 Langle 12/08/1884] à peine âgé de 7 ans;  LE FRANC Alexandre Louis Marie [15/01/1905 Kerdavid 27/05/1915] âgé de 10 ans, qui périt lors du chavirage de la chaloupe amené par sa soeur Joséphine et sa tante Marie Héloïse CLERO.

1884 LE DORIDOUR 7 ans

1880 Alfred Guillou La relève des casiers

La relève des casiers 1880 Alfred GUILLOU Musée de la Compagnie des Indes

Ces recherches n'ont pu mettre en évidence que des femmes, épouses ou filles de pêcheurs, perdirent la vie au cours d'une peche en mer.

 

Mousses, novices, femmes, jeunes marins ou marins retraités, la mer a emporté un grand nombre de Sinagots au cours des dernières décennies. 

A la lecture de ces articles de journaux et de ce dénombrement des naufrages et autres noyades, on s'aperçoit que la deuxième moitié du XIX°siècle concentre la plus grande proportion de péris en mer. C'est l'âge d'or de la marine marchande et la période pour la marine française de grands voayges et de la constitution d'un Empire Colonial. Nombreux furent les marins à payer de leur vie l'essor maritime français.

Les maires de Séné de la III° République établissaient même dans la table annuelle, la liste des Sinagots péris en mer !

1890 SENE Disparus en mer

Cet article de 1891, présente une statistique sur les "évènements de mer" au cours de l'année 1889. L'administration dénombre 241 bateaux naufragé dont 178 navires sombrés ou brisés et 63 échoués. Le naufrage du VENDEE est cité au cours duquel le marin de Séné, Hervé, périra (Lire article). On note le lourd tribu des marins allant a Terre Neuve.

1891 Presse stattisque naufrage

Par le passé, il etait fréquent en Bretagne de réaliser un ex-voto pour rendre grâce à Dieu quand un bateau était sorti indemme d'une tempête. Notre église saint-Patern est orné sur ces murs de deux ex-voto.

Henri Royer LEx voto 1898 musée Quimper

Henri Royer L'Ex-voto-1898- Musée-Quimper

Le Saint Louis semble dater de 1976, sans que l'on sache précisement le modèle de bateau reproduit. L'Ange Gardien représente un trois mats. Un autre ex-voto du nom de Ange Gardien est également présent à l'église de Houedic. 

SENE ex voto  ex voto sene

La liste suivante rassemble les noms des marins disaprus, le nom des navires péris en mer recensés à ce jour sur la période 1840-1940.

[ insérer liste]

Fort heureusement, les progrès dans la sécurité des marins iront grandissant aussi bien dans la marine marchande que chez les marins pêcheurs. Depuis la dernière guerre mondiale, le nombre de marins à Séné est allé décresendo et notre commune aujourd'hui ne compte guère que quelques marins pêcheurs ou ostréiculteurs qui travaillent désormais en toute sécurité.

Le relai a été pris désormais par les marins plaisanciers qui sont nombreux dans notre commune à naviguer sur leurs bateaux à voile ou à moteur mais également sur de vieux gréments restaurés et de vieux Sinagos afin de perpétuer la tradition maritime de Séné.

Que peut-on faire pour garder le souvenir de ces marins de Séné, mousses, novices, matelots, maître de cabotage, marins pêcheurs et pêcheuses qui ont péri par le passé dans le cadre de leur activités maritimes ?