Cette coupure de presse locale datée du 12 décembre 1915 sortie de la presse en ligne des Archives du Morbihan, informe les lecteurs de l'époque pendant le conflit, de la captivité de soldats morbihannais. Malgré la guerre, l'information est parvenue aux familles certes avec quelques mois de retard...
Parmi ces noms, Jean Marie MARTIN et Valentin TIFFON sont signalés comme ressortissants de Séné.....
Qui étaient-ils et dans quelles circonstances ont-ils été faits prisonniers ?
L'acte de naissance de Jean Marie MARTIN nous apprend qu'il est né à Cadouarn le 14/08/1881 au sein d'une famille de pêcheurs. Au dénombrement de 1906, il n'apparait pas au côté de ses parents et de sa soeur ainée. A 25 ans il a du quitté le giron familial...
Sa fiche de matricule nous indique qu'il est matelot lors de sa conscription autour des années 1901.
Son état civil nous informe sur son mariage à Séné le 4 avril 1910 avec Marie Pélagie LE MAY. Au dénombrement de 1911, le couple vit également à Cadouarn, alors parents d'une petite Marie Joséphine.
Jean Marie MARTIN est mobilisé et il est affecté au 91° Régiment d'Infanterie.
Sa fiche de matricule nous renseigne sur les circonstances de sa captivité. Il est fait prisonnier le 27/09/1915 sur le plateau de Beaulandre en Argonne, en fait le Bois de Bolante sur l'actuelle commune de Lachalade dans la Meuse. Il restera captif à Darmstadt jusqu'à l'armistice.
On retrouve sa trace au dénombrement de 1921 avec sa famille au complet.
Jean Marie MARTIN, ancien combattant de la guerre de 14-18, décèdera à Séné le 19/12/1958 à l'âge de 77 ans.
MARTIN et TIFFON fait prisonniers auront échappé aux combats dans la forêt d'Argonne. L'un capturé dans le Bois de Bolante et l'autre dans le village de La Harazée.
D'après un texte de Benoît Fidelin (Pèlerin).
Les combats de 1914 et 1915 menés dans les forêts d'Argonne ne permirent à aucun des deux camps une avancée territoriale. Des villages isolés, quelques prés et vergers pentus, les deux vallées de la Biesme et de l’Aire, le tout cerné par l’immense forêt hérissée de collines, irriguée d’eau douce et creusée de ravins profonds…
Comment cette enclave sauvage de l’Argonne a-t-elle pu devenir le théâtre d’atroces combats qui, sur un front de seulement 15km, coûteront la vie à 140 000 soldats français, soit 10% de nos morts de la Grande Guerre?
La faute aux états-majors qui, d’emblée, l’érigent en verrou stratégique dominant la route et la voie ferrée qui mènent par l’ouest à la place forte de Verdun. Reculant après la bataille de la Marne, les Allemands transforment le massif en forteresse et passent à l’offensive.
Sur un périmètre restreint et sous d’épais taillis qui laissent peu d’horizon à l’artillerie, à l’exception des mortiers de tranchées, les assauts d’infanterie ressemblent à des mêlées d’une folle violence. Ruées furieuses et contre attaques se succèdent en 1915 sans faire bouger les lignes.
Valentin Louis Marie TIFFON nait à Séné le 9 mai 1894 comme l'indique son extrait de naissance.
Ces parents sont alors paludiers et vivent au village de Gornevèze.
Au dénombrement de 1911, ils ont changé de profession pour celle de maçon et la famille compte 5 enfants, Valentin étant l'ainée de la fratrie. Sa fiche de matricule indique qu'il est cultivateur, journalier pour le dénombrement.
Comme sa classe de 1894, il aurait du faire sa conscription en 1914. Il n'a à peine 20 ans quand il est appelé sous les drapeaux comme l'indique sa fiche de matricule. Incorporé le 5/09/1914 il rejoint son corps d'armée en tant que soldat de 2° classe au 70° Régiment d'Infanterie.
Il est fait prisonnier à La Harazee en Argonne le 8/09/1915.
Ce jour là dans ce petit bourg de la Meuse, les combats font rage :
"Le 8 à partir de 7 heures, un bombardement d’une extrême intensité par pièces de tous calibres et par lance-bombes bouleverse les positions du 10e corps, tandis que le village de la Harazée et la vallée de la Biesme sont criblés d’obus asphyxiants. Vers 9 heures, les Allemands lancent une violente attaque d’infanterie de part et d’autre du ruisseau de la Fontaine-aux-Charmes; ils occupent trois lignes de tranchées et ne sont arrêtés qu’aux abords de la Harazée. Plusieurs contre-attaques exécutées dans l’après-midi ne parviennent à reprendre qu’une partie du terrain conquis par l’ennemi. En quelques heures, les Allemands ont enlevé nos positions sur un front de 1.800 mètres et une profondeur de 5oo à 600 mètres. Nos pertes s’élèvent à 72 officiers et environ 4.200 hommes ."
Le soldat Tiffon est quant à lui fait prisonnier et aura la vie sauve.
Il restera en captivité et sera rapatrié après l'armistice. le 10 décembre 1918. Il n'en a pas fini pour autant avec l'armée. Il change de régiment le 14/02/1919 puis encore le 28/04/1919. Il est définitivement démobilisé le 12/08/1919.
Il intègre les chemins de fer aux Batignolles à Paris.
Valentin Louis Pierre TIFFON s'établira sur Clichy La Garenne où il finira ses jours ces jour le 1/10/1963 à l'âge de 69 ans.