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Fermes et Maisons

vendredi, 23 octobre 2020 18:31

Kergrippe et le Ballyshannon

Le nom de Kergrippe à Séné évoque de nos jours les zones d'activités de la commune, qui abritent le bâtiment des Services Techniques de la commune, la station d'essence Total et le garage Renault ainsi qu'un grand nombre d'artisans installés à l'entrée nord du bourg de Séné. La nouvelle zone d'activités dite de Kergrippe III nous rappelle qu'avant d'accueillir des artisans, Kergrippe n'était que prairies et paturages...

La carte de Séné datant de la fin du XVIII°siècle nous présente une énigme : que voulait signifier le cartographe par les abréviations Eab de Ke Grine? Veut-il faire référence à un Etablissement situé à Kergrippe?

1771 1785 Kergrippe

Le lieu-dit,  aujourd'hui situé à l'intersection de la route de l'Hippodrome, de la route de Kernipitur et de la rue de la Croix Neuve, était jadis le carrefour de chemins vécinaux, dont celui qui allait de Vannes au Passage de Saint-Armel. En effet, cet axe était important sous l'Ancien Régime. Les paysans de la presqu'île de Rhuys prenaient le bac entre Saint-Armel et Montsarrac et gagnaient ainsi tout droit le marché de Vannes, en évitant le bourg de Séné, d'ailleurs très réduit à l'époque. L'autre chemin, partait du bourg et allait vers le nord jusqu'à la route Royale, l'actuelle route de Nantes. Il se peut que cet établissement fut une auberge, un débit de boissons propice à la restauration des voyageurs...Cependant, une parcelle de terre est figurée par un beau quadrilatère, faisant pencher plutôt vers l'hypothèse d'une ferme avec des terres attenantes mises en valeur.

1810 Kergrippe

 Le cadastre napoléonien de 1810 montre 2 bâtiments éloignés du carrefour où il serait plus judicieux d'installer un débit tenu par un cabaretier.1845 Hergrippe

Quant au cadastre de 1845, il montre toujours ces deux bâtiments avec leurs dépendances, confirmant la présence d'une ferme tenue par des cultivateurs. Cet extrait du cadastre montre également les canaux édifiés en aval de l'étang de Cantizac qui avaient deux fonctions : drainer les paturages entre Cano et Cantizac et amener de l'eau à l'étang pour la pisciculture.(Lire histoire de Keravelo et Cantizac).

1841 Kergrippe famille

Cependant, le dénombrement de 1841, nous indique que c'est une famille de paludiers qui loge à Kergrippe. Pierre RICHARD [12/7/1803-3/12/1878]  et son épouse Madeleine LE LAN [16/9/1810 - 25/1/1856] vivent à Kergrippe avec leur quatre enfants. Les actes de naissance de leurs 8 enfants montrent que la famille était avant établie à Cano. Puis ils s'installèrent à Michotte où les parents décédèrent, libérant leur habitation de Kergrippe pour des cultivateurs.

Dans la 2° maison, la famille de François DANET [22/2/1782-24/8/1863] et son épouse Yvonne LEMEUT [14/7/1792-6/4/1857], dont les deux extraits de décès indiquent Petit Kergrippe comme lieu d'ultime demeure. A cette époque existe la ferme de Kergrippe et une maison plus petite non loin.

Kergrippe Petit

Il s'agit certainement de la maison qui se trouvait à ce carrefour, juste à gauche en partant vers la Croix Neuve, comme nous le rappelle cette vieille photo extraite du livre au Pays de Séné, d'Emile MORIN. L'acte décès de François DANET, indique la profession de cabaretier après celle de laboureur. Effectivement, cette petite maison sera le siège d'un débit de boissons...

1861 04 Kergrippe ventes

En avril 1861, la ferme de Kergrippe fait l'objet d'une vente, par son propriétaire qui la loue à un métayer, Marc LE PORRO. La famille de Marc LE PENRU et son épouse Marie Josèphe ROLLAND [6/9/1824-131/1884 Kergrippe] lui succèdent. Leur premier garçon, Pierre Marie, nait à Kergrippe en 1855 et leur dernier, Mathurin également en 1866.

1901 06 Kergrippe maison

Les dénombrements de 1886 et 1891 sont difficiles à exploiter. Celui de 1901 nous indique la présence de 3 familles sur Kergrippe.
1901 Kergrippe

Marie Julienne HERVIO [13/1/1870 - ???], fille des cultivateurs de Kernipitur Julien HERVIO et Marie Anne HAYS, célibataire, est cultivatrice à Kergrippe. Vient-elle d'acheter la ferme comme l'indique l'annonce ci-dessus? Elle emploie un garçon de ferme, Pierre Marie OILLIC né à Saint-Nolff le 26/4/1875. Après le mariage de sa patronne, le 26/9/1904 avec Joseph Marie LE PODER, cultivateur au Petit Tohannic, celui-ci va reprendre l'exploitation de Kergrippe.

Dans le deuxième logement, on retrouve un membre de la famille Le Penru, Bertand Marie LE PENRU. Cette généalogie ci-dessous nous indique sa parentée.

 Kergrippe Le Penru Oillic

Enfin, la famille Pierre Marie LE BREC tient un débit de boissons. Déjà, lors de la naissance de leur enfant, André LE BREC, son épouse Marie Philomène LE MENE, déclarait l'activité de cabaretière, qu'elle continuera à exercer jusqu'à la Première Guerre Mondiale. La présence de 7 personnes logés chez les Le Brec, laisse entrevoir une grande maison et non la petite chaumière occupée jadis par les Danet.

Kergrippe LE BREC

De cette époque daterait, la 3° construction à Kergrippe, à savoir une longère au croisement qui deviendra plus tard le bar le "Ballyshannon" reconverti depuis en des logements.

Kergrippe Debit Le Brec

Dans son livre intitulé Le Pays de Séné, Emile MORIN nous en donne une vue qui doit être assez fidèle à ce que dut être cette bâtisse après sa construction à la fin du XIX°siècle..

1970 Kergrippe

Jusqu'aux années 1970, on ne comptera à Kergrippe que ces 3 bâtiments: la ferme du Grand Kergrippe vers Kernipitur, la chaumière vers la Croix Neuve, et la longère vers le bourg, comme nous le montre cette vue aérienne de1970. 

1906 Ferme Kergrippe

A dénombrement de 1906, la chaumière est occupée par la famille Jacob qui y résidera jusqu'aux années 1960.

Kergrippe JACOB EDY1906 07 Kergrippe Incendie

Cet incendie en juillet 1906, rapporté par le journal Le Morbihannais, nous indique que leur maison était à l'origine couvert de chaume qui sera remplacé par des ardoises (voir photo ci-dessus). Le petit fils, Roger Olivier EDY se distinguera pendant l'Occupation par ses actions dans la Résistance. En 1906, les Le Brec sont les autres cabaretiers de Kergrippe. Les cultivateurs sont les familles Le Penru et Oliic.

1911 Kergrippe

Au dénombrement de 1911, on retrouve les familles Jacob et Oillic-Penru à Kergrippe. Les nouveaux cabaretiers sont les Guhur-Le Goff de Locqueltas. Il semble que leur bailleur ou eux même mettent en vente le débit de boissons l'année suivante, comme l'indique cette coupure de presse. La fiche de matricule du soldat GUHUR nous indique qu'il gagna en octobre 1912 une ferme de Campen à Vannes.

Kergrippe GUHUR1912 Kergripe debit

Kergrippe ferme

1921 Kergrippe familles

Après guerre, les cartes sont rabattues. Au dénombrement de 1921 et de 1926,  Pierre Louis HERVIO et sa femme Marie Louise GARJEAN, ont repris les terres qu'ils devaient louer aux Le Penru-Oillic. Leur ancien métayer, Pierre Marie OILLIC, est revenu de la guerre et l'ancien Poilu a trouvé un contrat de fermage au Petit Pargo comme nous l'indique cet extrait de sa fiche de matricule.

1919 OILLIC fermeier Pargo

 Le débit de boissons de Kergrippe est désormais gérée par Marie Mathurine DANION [8/10/1874 Séné - 39/4/1963 Séné] veuve de Jean Marie LE GUENNEC [3/3/1871 Séné - 11/10/1916] ancien préposé des douanes alors en poste à Plouhinec. Après son décès, Marie DANION est revenue dans sa commune natale où l'activité de cabaretière lui laisse du temps pour s'occuper de ses 3 enfants à charge. 

1931 Kergrippe

Au dénombrement de 1931, si les Jacob restent cabaretier au Petit Kergrippe, Mme Veuve Le Guennec a laissé place à un nouveau couple de cabaretiers, en la personne de Felix QUESTER et Jeanne Marie LE BIDRE. On retrouve encore au dénombrement de 1962, cette même configuration familiale et professionnelle à Kergrippe. Le bar occupe la partie nord de la longère, côté rue de Kernipitur.

1962 Kergrippe

Kergrippe Bar Ballyshannon

Le bar-café le "Ballyshannon" : il tire son nom du jumelage de Séné avec le ville de Ballyshannon dans le Comté de Donegal en Irlande. L'établissement dans le style bar irlandais restera actif de  1980 à 1980. 

Kergrippe Ballyshannon

Ballyshannon est une ville du comté de Donegal en République d'Irlande. Située sur le fleuve Erne, au fond de son embouchure. Elle se trouve à mi-chemin entre l'océan Atlantique et la frontière entre l'Irlande et le Royaume-Uni, c'est-à-dire environ 5 km de part et d'autre, au milieu du corridor de Donegal. À l'est de la ville, le cours de l'Erne est interrompu par une digue, l'Assaroe Falls, qui forme en amont le lac Assaroe.

Ballyshannon Lac Assaroe

Après sa fermeture vers 1995, un restaurant, Le Zocalo, occupera les lieux pendant quelque temps.

1995 11 resto ZOCALO Kergrippe

A partir des années 1980, la croissance démographique de Séné nécessite la création de la première zone d'activité à Kergrippe sous le mandat de Francis POULIGO. En 1986-1987 sont construits des ateliers Municipaux, derrière le café; viendra ensuite la zone de Kergrippe II, qui accueillera le garage de M. Monnier (Lire histoire des pompistes], un vétérinaire, un plombier, etc. La vieille chaumière des Jacob sera démolie en 1989 pour améliorer la visibilité du carrefour.

1991 06 Kergrippe

La longère qui accueillait le Ballyshannon laissera place a des locations saisonnières puis à plusieurs logements au n°1 de la route de l'Hippodrome.

2020 IGN Kergrippe

Depuis 2012, la commune a établi la 3° tranche dite de Kergrippe III, dans le but d'accueillir de nouvelles acitvités sur la commune.
Kergrippe III

samedi, 17 octobre 2020 15:56

Kernipitur Bras et Bihan

Les terres de Kernipitur à Séné et de Tohannic à Vannes échoient à la famille LE MINTIER de Lehellec par le mariage de Odile de QUERHOENT [1804-22/7/1863] avec Annibal Ange LE MINTIER [24/1/1779-13/3/1858]. En ligne directe, ces champs, prairies et landes parviennent à Charles Marie, puis Xavier et enfin Thérèse LE MINTIER. De son union avec Jacques AYMER de la Chevallerie, les fermes de Kernipitur échoient à cette famille originaire du Poitou, toujours propriétaire foncière sur Séné et Vannes. 

Aymer Le Mintier blason

Les Le MIntier et Aymer détenirent ou détienennt encore des biens sur Vannes et Séné.

Vers 1830, Le Mintier de Léhellec acquiert le Château de Limoges à Vannes qui passe par mariage en 1944 à la famille AYMER de La Chevalerie. A cette époque la famille détient environ 250 ha entre Calmont, Tohannic et Kernipitur en Séné. Le château de Limoges est vendu en 1962 par Michel Charles AYMER et son épouse par Thérèse Marie Constance LEMINTIER de Léhélec, à la Société du Drézen (Soeurs de la Charité de Saint-Louis). En ruines, il fait l'objet d'un projet immobilier pour des logements. 

Une autre branche de cette famille dont la noblesse remonte au Moyen-Âge, les Le Mintier de La Motte Basse sont toujours propriétaires du Manoir de Kérino avec sa chapelle à Vannes depuis 1929, suite au mariage, le 3 avril 1929, d'Henriette Aymar de La Chevalerie avec Christian Le Mintier de La Motte-Basse [1/7/1894-12/7/1944]. Ce dernier fut à tort dénoncé à la Libération et déclaré Mort pour la France. (Source Memorial GenWeb)

Officier de la Légion d'Honneur - Croix de Guerre 1914-1918 – Croix de Guerre 1939-1940 – Il entre dans la Marine en 1911 - Il est le commandant du contre-torpilleur Lynx et protège la sortie du cuirasse Strasbourg lors de l'attaque britannique à Mers-el-Kébir - Il commande les marins-pompiers de Marseille (13) avant d'être mis en congé d'armistice en 1944 - Un maquis s'est installé dans la forêt de Boquen au Gouray (22) - Dénoncé, il doit évacué le 9 juillet 1944 pour la forêt de La Hardouinais à Merdrignac (22) - Une personne du Gouray (22) désigne la famille LE MINTIER DE LA MOTTE-BASSE comme responsable de la délation - Une trentaine de maquisards arrive au château vers 22 heures le 11 juillet 1944 - Ils emmènent sous la menace de leurs armes Christian LE MINTIER DE LA MOTTE-BASSE, son épouse Henriette AYMER DE LA CHEVALERIE, sa soeur Alberte LE MINTIER DE LA MOTTE-BASSE épouse DE PÉTIGNY DE Saint-ROMAIN et leur bonne alsacienne Gertrude BAUMGARTEN - Ils sont enfermés au presbytère du Gouray (22) et rejoints par la comtesse collaboratrice du P.N.B. Charlotte COROLLER épouse CHASSIN DU GUERNY domiciliée au château de La Saudraie à Penguily (22) et son fils François - Ils sont emmenés dans la forêt de La Hardouinais à Merdrignac (22) - Ils sont amenés par un résistant et deux parachutistes pour être jugés (sauf la bonne) par un tribunal militaire du maquis de Boquen, avec des hommes en uniforme, dont les deux parachutistes - Après un interrogatoire de plusieurs heures, ils sont condamnés à mort - Christian LE MINTIER DE LA MOTTE-BASSE, son épouse Henriette AYMER DE LA CHEVALERIE, sa soeur Alberte LE MINTIER DE LA MOTTE-BASSE épouse DE PÉTIGNY DE Saint-ROMAIN et Charlotte COROLLER épouse CHASSIN DU GUERNY sont exécutés par coups de feu à la tête selon le rapport de Gendarmerie - Les corps sont enterrés dans une fosse commune faite dans un taillis à La Fenderie dans la forêt de La Hardouinais et retrouvés le 26 juillet 1944 à 14 heures - Acte de découverte du corps dressé le 30 juillet 1944 à Merdrignac (22) - Les corps sont identifiés par son beau-frère André MIRCHIER et ramenés au Gouray (22) pour inhumation .

Les Le Mintier de Léhélec acquièrent en 1836 le Domaine de Toahnnic suite à sa vente par Jean Baptiste Bouczo de Kercado à Annibal LE MINTIER de Léhélec. Charles Marie LE MINTIER De Lehellec, fut propriétaire de 1858 à 1859 des Manoirs de Kermain et Rosvellec.

Cassini Kernipitur

Les premières cartes de Casini figurent la plupart des lieux-dits de Séné qui deviendront des villages et quartiers de notre commune, dont le Grand et le Petit Queunepitur.

1771 1785 Quernepeuteu

Etymologie : Kernipitur (le grand et le petit) : Quennepentur (1536); Quenepulur (1522); Quenpetun (1735-1876); Quenpetune (1736); le petit Kernepeti (1742); le petit Quenepetit (1745); Petit Quenepetu (1745); Quenepetu (1751); Quenpetun (1778); Quenpellun (1782); Kernipetur Bihan/Kernipetur Bras (1841); Kernipitur (1841) Keripitur (1901).
Pour la notation Quene voir Cantizac. S'il s'agit d'une hauteur, on peut reconstituer : krec'h + pentir, "la hauteur du promonteire" ou "du bout de la terre". A moins qu'il ne s'agisse d'un kêr.

Cette autre représentation datant d'avant la révolution montre le chemin qui allait de Vannes à Saint-Armel en passant par Keravelo et ensuite le bourg de Séné pour atteindre la Passage. Il séparait les deux fermes.

1810 Kernipitur

Le cadastre napoléonnien est plus précis. On distingue deux bâtiments au Kernipitur Bras et un seul au Kernipitur Bihan accolé d'une annexe. Le relevé de 1845 indique une fontaine au Grand Kernipitur, une autre au Petit Kernipitur qui compte également avec un lavoir[lire article sur les lavoirs]. Le cadastre indique également l'emplacement initial de la croix de Kernipitur aujourd'hui visible plus au nord à Vannes. [Lire article sur les Croix et Calvaires de Séné].

1845 Kernipitur

Le premier dénombrement de la population de Séné réalisé en 1841 indique la présence de deux familles à Kernipitur. A l'ouest, la famille LAURENT-Lagadec emploie deux servantes, un pâtre et un garçon de ferme. A l'est, la famille HERVIO-Guillerme déclare un garçon de ferme et deux domestiques.

1841 Kernipitur

Kernipitur Petit

Les Hervio sont orginaires de Meucon. Jules HERVIO et son épouse Yvonne TATIBOET deviennent fermiers de Kernipitur Bihan. La famille y restera jusqu'à la Première Guerre Mondiale sur 4 générations comme l'indique cette généalogie.

Kernipitur Hervio genea

Kernipitur Grand

Les Laurent sont originaires de Locminé. Mathurin LAURENT (ou Lorans) [10/6/1742-13/8/1789 Séné] vient s'établir comme cultivateur sur les terres de la famille de KERHOENT. Son fils Hyacinthe LAURENT [6/3/1778-24/4/1823]  deviendra maire de Séné de 1815 à sa mort, tout comme son arrière petit-fils, Pierre Marie LAURENT [20/10/1836-6/2/1896].[lire histoire des maires de Séné]. La famille Laurent donnera également un éclésiastique, Frère Vitalien [26/3/1896-21/10/1973] (Lire article dédié).

Kernipitur Laurent genea

Lors du dénombrement de 1906, la structure des deux fermes reste similaires : les fermiers sont entourés de leurs enfnats et emploie garçons de ferme et domestiques.

1901 Kernipitur

Après guerre, le dénombrement de 1921 nous indique que les Hervio sont remplacés par la famille LE BIGOT-Caudal qui laissera la place à la famille d'Armand GICQUEL [24/8/1890 Ploeren-13/3/1954] et son épouse Jeanne Marie ROPERT. Leur fils André GICQUEL sera également cultivateurs. Aujourd'hui la demeure et les annexes de Kernipitur Bihan, sont toutjours propriété de la famille Gicquel.

1928 Kernipitur

Quant aux Laurent, Jeanne Marie LAURENT s'est mariée en 1921 avec Jean Marie SUZINEAU qui laisseront l'exploitation des terres pendant la deuxième guerre mondiale aux LE GALLIC originaires de Cressignan. Eugène LE GALLIC [10/6/1902-12/1/1973] puis son fils Albert LE GALLIC [1934-2019] seront cultivateurs à Kernipitur Grand. Aujourd'hui les batiments sont reconvertis en habitations.

1965 IGN Kernipitur

2020 IGN Kernipitur

La confrontation de ces deux vues aériennes, l'une de 1965 et l'autre de 2020, montre un Kernipitur le Grand pas trop bouleversé au cours des dernières décennies. L'es nouveaux logements se sont positionnés le long de la route laissant ainsi la ferme originelle esseulée près de sa vieille fontaine et de son puits.

Quant à Kernipitur le Petit, l'ancienne ferme s'est fait rattraper par la station d'épuration de Tohannic et le centre de tri et surtout la création de bassin de rétention des eaux de curage du port de Vannes, dont la salinité altère la santé des chênes avoisinants.

 

 

 

 

lundi, 12 octobre 2020 18:23

La Poussinière

La vie sinagote s'est constituée autour des fermes qui sont devenues au fil du temps des villages ou des quartiers du Séné actuel. Entre le village de Saint Laurent avec sa chapelle et son manoir et le château de Limur, il y avait avant la Révolution une ferme qui prendra le nom de La Poussinière hérité de son premier propriétaire, Charles Louis POUSSIN [13/2/1749 Rennes - 9/10/1804 Rennes]. Vers 1794, il  commença a défricher cette lande. Fils du Procureur de Rennes Jean Gilles POUSSIN, il fut Conseiller du roi (1785). Il épouse en 1779 à Vannes Marguerite JOUET [1755-1789]. Lieutenant civil et criminel du siège présidial de Vannes (1785) puis juge au tribunal civil du Morbihan (an VIII) et enfin juge au tribunal spécial de Rennes.

Pendant la Révolution il fut inquiété par les autorités. Lors de son incarcération il adressa une lettre aux administrateurs du département : « Vannes le 20 germinal an 2 de la République {9 avril "1794) Citoyens administrateurs, permettez -moi de vous exposer la situation vraiment critique où je me trouve seul à la tête d'un défrichement assez étendu en la paroisse de Siné, je me verrai forcer d'abandonner une entreprise pour laquelle j'ai fait depuis plusieurs années bien des sacrifices, ce qui a fait vivre une assez grande quantité d'ouvriers, si j'étais obligé de rester en arrestation au petit couvent. Je n'ai même pu me procurer un seul valet de labourage à cause de la réquisition de sorte que je ne puis travailler ma terre que par le moyen de journaliers, ce qui est bien plus dispendieux. Consentez citoyens que des journaliers ont besoin d'être conduits et que je ne puis les diriger, qu'autant que vous me permettrez de retourner à ma campagne. J'y resterai en état d'arrestation si vous le jugez à propos. Mon unique objet étant d'y surveiller les travaux d'agriculture que la saison rend si précieux. Le mauvais temps n'a pas encore permis d'ouvrir la terre que je destine à l'ensemencement des mils et avoines, et cependant la saison prête (à) ces travaux. Je vous prie de considérer qu'ils ne peuvent être faits qu'en ma présence. Je pourrai joindre à cette considération plusieurs raisons également propres à vous déterminer à me laisser au moins pendant quelque temps veiller à mes affaires domestiques. Je n'ai malheureusement personne en ce moment sur qui je puisse me reposer, à qui confier les clefs de mon appartement constamment occupé par des militaires. J'attends citoyens administrateurs, de votre justice et du sentiment intime que vous avez de mon patriotisme depuis 1788 que vous recevrez favorablement la pétition de votre concitoyen Poussin.

1771 1785 Poussinière

Sur cette carte datant de la deuxième moitié du XVIII° siècle, la ferme de La Poussinière est figurée sans être nommée à l'intersection d'une allée venant du château de Limur et de la route qui reliait le bourg de Bohalgo à celui de Séné, future rue du Poulfanc. Les tables décennales consultables sur le site des Archives du Morbihan pour les années après la Révolution [1792-1802], indiquent le lieu de naisance/mariage/décès des personnes. Cependant, le lieu-dit La Poussinière n'y apparait pas.

1810 Poussiniere cadastre

La cadastre napoléonnien est plus précis et nomme la ferme La Poussinière. Deux bâtiments sont figurés : le corps principal de ferme, toujours visible aujourd'hui et une annexe qui deviendra un gite. Sa position toujours au bout de l'allée venant de Limur confirme la représentation précédente.

Poussinière 2

Poussinière 3

1840 Poussiniere cadastre

Le cadastre de 1845 est encore plus détaillé et confirme le nom de La Poussinière. L'agent cadastral a figuré un étang au nord de la propriété (toujours visible rue de la Mare) et les murs d'enceinte de la propriété. On voit que dans l'allongement du bâtiment principal, une longère a vu le jour s'étendant jusqu'à la rue du Poulfanc.

Poussinière 1

1841 Poussiniere

A cette époque, nous sommes depuis 1830 sous la Monarchie de Juillet avec Louis Philippe 1er, Roi des Français, la ferme de la Poussinière est habitéê par l'ancien Capitaine de Cavalerie, Louis BOUZEREAU de BELLEMAIN et son épouse, Françoise Marguerite Adélaïde Marie DEBELLON, comme nous l'indique le 1er dénombrement de la population à Séné réalisé en 1841.

1831 Bouzereau Pologne

On retrouve sur Gallica BnF, la trace d'un "Bouzereau de Bellemain". En 1831, il participe en Pologne aux journées de l'Insurection de Novembre contre l'occupation russe, mouvement inspiré par la révolution de 1830, à Paris.

1848 Presse Bouzereau Bellemain

Cet autre source, datée de 1848, semble indiquer, que le militaire a pris sa retraite et s'est adonné à l'agriculture, d'abord à Séné puis à Paris où il est membre d'une Société d'Agriculture. Le document qui suit donne le détail de la vente aux enchères des propriétés de l'ancien Receveur du Morbihan, AVROUIN-FOULON, qui fit faillite en 1859. On en déduit que l'ancien cavalier vendit la propriété de La Poussinière au banquier.

1859 Poussinierre vente

L'acte de publicité notariale donne une bonne description du bien : sur plus de 20 ha, des terres labourables, de la lande, des prairies, une pièce d'eau et des batiments, le tout pour 35.000 frs.

Quelques actes d'état civil montrent que la propriété était habitée par de humbles familles de cultivateurs : FARAUD-Le Cavil; VEILLOT-Huchon. On sent là des noms de journaliers non natifs de Séné placés à La Poussinière par le banquier Avrouin-Foulon. Qui fut l'acheteur de la Poussinière en 1860?

1868 PENPENIC Séné

Il y eu une vente aux enchères et la famille PENPENIC se porta acquerreur. En 1868, on retrouve cet extrait de naissance de Marie Philomène PENPENIC, à La Poussinière à Séné, où ses parents demeurent. La famille Penpenic, originaire de Saint-Avé a eu de nombreux enfants nés dans cette commune, à l'exception de Philomène qui permet de dater leur arrivée à Séné courant 1867. On peut penser à plusieurs années de procédure avant de prendre possession de la ferme...

1886 Poussinière PENPENIC

Jean Louis PENPENIC [1/7/1828-12/12/1910 Séné] s'est marié à St-Avé (9/2/1855) avec Françoise Mathurine KERNEUR [1/3/1834-3/8/1870 Séné]. Il perd son épouse en 1870 qui lui aura donné 6 enfants dont 1 mourra en bas âge. La famille Penpenic va demeurer à la Poussinière jusqu'aux années 1960, presque cent ans. Ces 3 articles de presse retrouvés sur le site des Archives du Morbihan relatent des faits divers à La Poussinière: un incendie de fourrage 1887; un vol de choux-fleurs 1897; une rixe au café du Poulfanc 1901; un accident de la route, 1906, sans doute le 1er attesté à Séné ayant entainé la mort d'un enfant de 3 ans, Auguste LEFRAND.1887 La Poussiniere incendie

1897 Penpenic poussiniere
1901 Trehondat tribunal

1906 Poussiniere enfant mort accident auto

En 1906, la Société d'Agriculture de Vannes décerne un prix à M. Joseph MAHE, ouvrier agricole logé à la Poussinière. Son fils, Auguste MAHE [7/11/1890-19/11/1914] sera un des premiers Sinagots à perdre la vie durant la 1ère Guerre Mondaile.1906 Poussinire jardnier Ste Horticole

1921 Poussinière PENPENIC

Le 24/9/1884, une des filles Penpénic, Marie Marguerite PENPENIC [23/8/1862- 1928] se marie avec Jean Pierre GUYODO [2/1/1852-27/6/1903]. En 1921, leur fils Pierre Marie [18/1/1887-1940] s'est installé à La Poussinière. Les deux familles Penepenic et Guyodo et une famille d'ouvriers agricoles cohabiteront à La Poussinière dans les 3 logements et ce jusqu'aux années 1960.

En 1936, Marie Josèphe LE BELLER, veuve de guerre, et Charles Aristide Joseph LEGRIS, [27/10/1892-14/3/1954], son second époux, déclarent la profession d'aviculteurs à la Poussinière...

1936 LE GRIS Aviculteur Poussinière


IGN 1965 Poussinière

A partir des années 1960, les terres vont peu à peu laisser place à des pavillons. Les anciens bâtiments toutefois demeurent encore de nos jours. Celui en limite de la rue du Poulfanc abrite un gîte de vacances. Le corps principal de la ferme et sa longère sont des maisons d'habitation. La Poussinière passe ensuite alors en totalité chez les Guyodo qui l'occupent toujours aujourd'hui et louent un gîte aux vacanciers.

case philo logo

 NAM0995

IGN 2020 Poussinière

 

 

Bezidel batisse

Il faut aller chercher l'ancienne ferme de Bézidel, au fond de son impasse, cachée derrière les dernières constructions dans ce quartier limitrophe de Tohannic et de Bellebat en Vannes.

Le promeneur découvrira une longère et si il est curieux, il dénichera un vieux puits et un ancien four à pain. (Lire pages sur le petit patrimoine de Séné).

Cassini Bezidel

Le lieu-dit Bézidel est occupé depuis de nombreux siècles. La carte de Cassini l'indique comme les autres lieux-dits de Séné. Camille Rollando dans son livre "Séné d'Hier et d'Aujourd'hui" dresse une ébauche de l'histoire de la noblesse installée propriétaire de Bezidel que l'on peut aujourd'hui affiner avec les informations des sites de généalogie.

Rollando Bezidel

Bezidel gene noblesse

On comprend que la métairie est acquise en 1659 par la Jacques COUSTURET, Sieur de bellebat à la famille de Guillaume GUIMARHO, chamoine de la cathédrale de Vannes, sieur de Saint Cado et seigneur de Kerprovost en Belz-Auray. Bezidel passera par mariage à la famille Le Sénéchal qui la vendra à Noël BOURGEOIS et finira au sein de la famille CHANU de Limur. (Lire histoire du château de Limur).

Sur la vieille carte de 1771-1785, la ferme de Bézidel, sans être nommée, apparait entre Limur et Toannic.

1771 1785 SENE Bezidel

L'ensemble des familles nobles de Séné subissent les contre-coups de la Révolution. La ferme de Bezidel est sans doute nationalisée puis vendue à des laboureurs. Elle apparait lors du relevé du cadastre de 1810 : la longère et une annexe.

1810 Bezidel

Au dénombrement de 1841, la famille Beauché (qui deviendra Boché) occupe les lieux. Son père, Vincent Michel BAUCHE [1764-1811] avait pour épouse Anne GUILLOUZIC qui décèda à Bézidel en 1833, attestant une arrivée entre 1810-1830.

1841 Bezidel famille

Le cadastre de 1844 précise l'emplacement du batis à Bezidel : un trosième batiment a été élevé. Le four à pain n'est pas encore construit.

1844 Bezidel

En septembre 1876, M. BAUCHE reçoit une prime pour "Bonne tenue des ferems et cultures" décernée par la Société d'Agriculture de Vannes. En 1883, M. BAUCHE reçoit une prix au concours agricole d'Elven.

1876 Bauché Bezidel bis

1883 Bauché prix Bezidel

En 1884 la ferme de Bézidel est mise en vente, soit plus de 27 ha de terres..

1884 Bezidel vente

Au dénombrement de 1886, François BOCHE [1838-1890], fils de Jean Pierre BOCHE, et sa famille sont recensés à "Limur" sans que l'on sache exactement si ce terme inclut le lieu-dit Bézidel.

Un incendie a lieu en 1888 pendant la moisson et le récit nous décrit un peu l'agriculture à Séné à cette époque.

1888 Bezidel Incendie ter

Cet article de 1890 nous indique le nom du nouveau propriétaire à Bézidel : la famille Criaud. Au concours du Comice Agricole de Vannes, il reçoit un prix.

1890 Bezidel Criaud prix

Au cours de l'année 1897, Louis CRIAUD se fait "remarquer" dans la presse locales pour son souci de l'état de la voirie, sa prime lors du Comice Agricole à Vannes et le prix remporté par son cheval aux Courses de Cano.

1897 BEZIDEL Criaud dynamique

Louis CRIAUD [26/03/1838 Prinquiau-22/06/1902 Séné] est originaire de Prinquiau en Loire-Atlantique. En 1900 il est encore primé au Comice. Après son décès en 1902, son fils Louis reprend la ferme et se marie avec Eugénie CRIAUD. En 1903 il reçoit un prix agricole. La famille est recensée en 1906.

1906 BEZIDEL Criaud fermier

Les CRIAUD quittent la ferme de bezidel et sont remplacés par la famille LE BRUN Julien, originaire d'Elven [6/6/1885-11/4/1927] qui a épousé en 1913 à Séné, Marie Perrine LE BIGOT, fille d'un cultivateur de Kernipitur. Ils sont pointés lors du dénombrement de 1911 à Bézidel.

1921 Bezidel famille LE BRUN

Après guerre les LE BRUN sont à Bézidel comme le confirme cette coupure de presse et le dénombrement de 1921 ci-dessous. Au sein de la famille LE BRUN-LE BIGOT est née en 1919, Marie Augustine LE BRUN, qui rejoindra la résistance pendant la seconde guerre mondiale (Lire article).

1919 Bezidel LeBrun vol

A leur côtés, la famille de Pierre Marie GUYODO x Josephine LE FRANC. L'extension de la longère daterait de cette époque. En 1931, le fils André GUYODO x CORIGNET Marie Josèphe sont à Bézidel. Les LE BRUN ont repris une ferme à Billaire en Vannes.

Vue aérienne de Bézidel en 1952.

1952 Bezidel Bois Lisa Limur

Vue aérienne de Bézidel en 1965

1965 Bézidel ign

Photo aérienne de Bézidel actuellement.

Bezidel IGN