Petites histoires
- CHAPELAIN, condamné à la relégation
- Chez les MAHE, les 3 garçons seront instituteurs
- Un briquetier à Séné, 1881
- La foire de Saint-Laurent, par l'Abbé LE ROCH
- Les marins sinagots à la TV, 1980
- Le cabanon de l'artiste BOISECQ à Barrarach
- La faillite d'AVROUIN-FOULON, 1858
- Le saltimbanque diffuse la variole, 1869
- Les DANO, damnés de la terre de Cantizac
- L'amer Saint-Antoine à Boëdic, 1865
- KERIO, Léonie et leur triplées 1927
Archéologie
VESTIGES DE L'OCCUPATION ROMAINE, par l'Abbé LE ROCH
2. L'ANTIQUITE
Sur la voie romaine Nantes-Vannes-l'Aberwrach, qui passait sur le territoire actuel de Séné, s'embranchent bon nombre de voies secondaires qui rejoignent toutes le Golfe: par exemple celle qui partait de Vannes, passait par Séné, desservait Gornevez, Moustérian, Auzon, quittait Séné à Montsarrac, rejoignait Le Hézo (le bras de mer était plus étroit que maintenant) : axe qu'on a continué à utiliser au Moyen-Age.
L'artisanat, sans doute établi plus tôt, reste actif pendant la période romaine poteries (trouvées en 1891 près de la Grotte de JeanII), morceaux de tuiles à rebord (à Montsarrac, Bellevue, Dolan, St Laurent, Moustérian, Michotte), carreaux de dallage (à Kerdavid), restes de murs romains (à Auzon), briques (à Méniec). Ces vestiges en constituent la preuve.
Dès le IVème siècle, et peut-être avant, existe le vocable SENAC, nom de la bourgade et des habitants, qui fait au pluriel SENAGO. Le suffixe vient bien du -ACUS latin, non de l'-ACOS celtique.
Existence de voies romaines vers le Golfe, vestiges d'habitations gallo-romaines aisées, vocable gallo-romain imposé : autant d'indices de l'existence d'une colonie d'estivants galle-romains assez nombreuse.
VESTIGES DE L'OCCUPATION ROMAINE A SENE
Quelques années après là démolition de l'ancienne église paroissiale, en 1885, Ernest RIALLAN parcourait le territoire de la connnune à la recherche des traces laissées par les Romains. Il a consigné ses découvertes dans une brochure imprimée en 1886 et que nous avons sous les yeux. Voici ce qu'il a trouvé :
a/ au BOURG
"L'ancienne église paroissiale de Séné, dont l'époque était conjecturale, a été démolie en 1877 et remplacée par une autre plus vaste. Le cimetière qui l'entourait a été reporté en dehors du bourg. M.GUYOT, JOMARD et moi avons relevé dans le sol autour de l'église neuve, près de ses murs, principalement des côtés sud et est, de grands et de menus fragments de tuiles romaines ayant leur rebord. Il était impossible de les confondre avec d'autres fragments de briques modernes qui parsèment aussi le sol et proviennent de la construction récente. Le presbytère touche à l'église; le jardin qui y attient et en dépend, et surtout sa partie Est contient une grande quantité de fragments de tuiles à rebord, de tuiles de recouvrement et de briques romaines. On les rejette hors du jardin dans un terrain vague ou chemin. Nous avons remarqué des briques de même origine et des pierres brûlées dans le mur Sud de ce jardin, le long d'une venelle.
Il paraît donc certain que la chapelle primitive de Séné a été construite sur les ruines d'une habitation romaine et que les chapelles qui lui ont succédé ont été édifiées sur le même emplacement.
Nous avons observé, à quelques pas du cimetière nouveau, dans un chemin et au bord de la route du Bourg à Vannes, un monolithe qui nous a paru être un ancien menhir et dont la partie supérieure a été taillée en forme de croix. Sa hauteur est de 1,80 m. La largeur aux bras de la croix est de 55 centimètres. Cette croix romane est toujours à sa place ( voir Photo ci-contre)
b/ à KERLEGUEN et KERARDEN
A Kerléguen, village situé sur le sommet d'une colline et siège d'une ancienne seigneurie, nous avons trouvé dans le sol rocheux d'une cour de ferme et devant la maison de Marie Jeanne LE DUC, des fragments de "teguloe" (tuiles) avec rebord et quelques autres de briques romaines. Les débris de teguloe avaient encore le crochet caractéristique prouvant leur authenticité. Là aussi, il y a eu un habitat romain, mais il en reste à peine quelques vestiges.
A l'entrée Nord du village de KERARDEN, situé à 500 m de KERLEGUEN au sommet d'un grand plateau, nous avons constaté la présence de nombreux fragments de tuiles à rebord et de briques romaines. Il y en a dans le sol, parmi les pierres, devant la maison de M. NOBLANC et celle voisine de M. DORIOL.
Il s'en trouve davantage encore à l'autre extrémité du village dans le sol devant l'habitation de François QUESTER. On en voit aussi dans les chemins de ce village qui s'étend en longueur. M. QUESTER, en labourant un champ nonmé OVERTIN, à plusieurs centaines de mètres au Sud-Est du village, près d'un marais et d'un bras de mer et compris dans une grande pièce appelée PENAVAL, y a trouvé et ramené à la surface plusieurs fragments de tuiles à rebord et de briques. Il les a conservés et ramenés chez lui alors qu'il avait beaucoup d'autres pareils qui rougissent le sol devant sa porte.
Cette butte dominant le fond du golfe a dû être occupée par des postes romains et même par des villa et constructions importantes.
c) à MOUSTERIAN.
Les lieux nommés Moustoir, en breton MOUSTOER, sont nombreux dans le Morbihan. Ces noms indiquent qu'il y a eu dans ces lieux des monastères détruits probablement par les Nonnands au IXe ou Xème siècle.
Celui de MUSTERIAN (Moustér-Yann) a vraisemblablement occupé la place d'un établissement romain. En effet, dans un endroit nonmé "LEUR-GUER: aire du village", cadastré Section G n° 633, joignant au Nord le village de MOUSTERIAN, ancienne seigneurie, et dont une partie s'appelle CALAFRE, on a extrait des tuiles à rebord et des briques romaines mêlées à de la cendre. On sait qu'au départ de l'armée romaine d'occupation, au Ve siècle, leurs établissements ont été brûlés.
d) à CANIVARC'H.
En juillet 1885, on démolissait dans ce village un très vieux mur menaçant ruine et formant le côté Est d'une maison habitée par M.ROZO, cultivateur ; On trouva dans ce mur, une hache préhistorique en pierre, appelée "CELTOE", que les habitants gardèrent quelques jours. Elle était posée à plat à l'intérieur du jambage de la seule fenêtre de la chambre principale, au rez-de-chaussée, à environ I m de hauteur au-dessus du sol, 20 cm au-dessus de l'appui de la fenêtre et 20 c:m dans l'épaisseur du mur.
Ce celtoe de 12 cm de long, 4 cm 3/4 de largeur au tranchant et d'un peu plus de 30 cm d'épaisseur, était en diorite, de forme régulière, un peu massive, et avait reçu un beau poli. Il était assez bien conservé. Seuls, le bout de la pointe était cassé et le tranchant très émoussé comme par percussion.
Evidemment, ce "mèn-gurun : pierre de tonnerre" comne l'appellent les paysans, avait été placé dans ce mur avec intention, sans doute comne préservatif de la maison et de ses habitants, gens et bêtes, contre une foule de malheurs : maladies, fléaux du ciel, surtout la foudre, maléfices de tout genre.
Cambry, dans son ouvrage "Voyage dans le Finistère", rapporte que les Bretons enchâssent un silex dans les murailles de leur maison pour la préserver du tonnerre ; et J. Miln, dans ""Fouilles à CARNAC", dit qu'on avait coutume à CARNAC, à la fin du siècle dernier encore, de mettre une hache en pierre dans la cheminée pour la même raison.
On n'avait pas encore trouvé, dans nos campagnes, de celtoe placé et maçonné dans le mur même d'une habitation et près de la fenêtre par où beaucoup de mauvaises choses peuvent entrer. Le fait de la découverte de CANIVARC'H paraît avoir été le premier de ce genre constaté dans la contrée.
N.B. A propos de la présence des Romains à SENE, il est bon de noter qu'un encroit du bourg se nomme encore COR-CASTEL ou le Vieux Château et qu'une partie de la voie romaine de VANNES à NANTES passe au VERSA et à SAINT-LEONARD.
LE MYSTERE DES FOURS A AUGETS ET DES DEPOTS D'AUGETS
Cette question dont on parle depuis la fin du siècle dernier a fait couler beaucoup d'encre et de salive. Nous résumons ici ce qui en a été dit, espérant intéresser les habitants de SENE qui possèdent, sur le territoire de leur comnune, plusieurs gisements d'augets inventoriés par différents spécialistes.
Ces fours rudimentaires et très anciens que l'on a trouvés en grand nombre sur le littoral atlantique depuis la Vendée jusqu'aux rives de l'Odet et particulièrement dans le Morbihan: pourtour des îles du Golfe, BELLE-ILE, GROIX, côtes de QUIBERON, d'ERDEVEN, de PLOEMEUR (environs de KERROCH et du FORT-BLOQUE), toujours en bordure de la mer, servaient à la cuisson de petites auges d'argile travaillées à la main, des augets, dont l'usage pose une énigme, de même que l'identité des utilisateurs.
Creusés dans les dunes, les fours présentent une forme rectangulaire de dimensions variables, allant de 1,5O m à 3 m de longueur, de O,5O m à 1,50 m de largeur, de 80 cm à lm de profondeur. Leurs parois sont verticales et constituées d'argile enveloppant souvent des galets. Des voûtures et des entretoises d'argile cuite portatit des encoches ou parfois des barres, permettant le soutien des augets pendant la cuisson.
Les augets, de dimensions et de formes également variables (cylindriques, tronc-prismatiques dans le Morbihan) résultent du pli.age d'une galet.te très fine. Certains fours pouvaient en contenir jusqu'à 150.
Les débris de ces petites poteries, examinés au carbone 14, font remonter les dates de leur fabrication de l'an 300 à l'an 50 avant Jésus-Christ. Les lieux d'implantation des fours se situent toujours en bordure du litt~ral dans les terrains sabtonneux. Des endroits de stockage d'augets ont été repêr ês entre les fours et la mer. On n'a relevé aucune trace d'habitations à proximité des gisements, sauf en un seul endroit, mais la preuve n'a pas été faite d'une concordance des dates, les ruines retrouvées pouvant .être très postérieures à la fabrication des fours à augets. Le combustible utilisé dans les fours était le goémon séché.
Disons tout de suite que la thèse retenue jusqu'à preuve du contraire est la fabrication ou le transport du sel marin par les habitants de nos côtes. On sait qu'avec la pêche à bord des sinagots, la grande ressource de SENE au temps jadis fut l''industrie du sel, bien avant la culture maraîchère, surtout celle du chou-pomne.
Ces augets ont-ils été des salines primitives?...
A la suite de ces généralités, voyons quelles ont été les. découvertes faites successivement sur le territoire de SENE.
Dès 1886, M. RIALAN signalait le four à augets de MONTSARAC, situé sur la lande appelé "er Bill".
En 1902, M. H. QUILGARS, un spécialiste de la presqu'île guérandaise, relevait celui de MOUSTERIAN en même temps que de nombreux autres. découverts dans les parages : à ARRADON, BADEN (île longue), CRACH (Rosnarho), l'ILE AUX MOINES (près Kergonan) , au HEZO, à PENESTIN, à SAINT JACQUES en SARZEAU, sur l'îlot de MOUCHIOUSSE ...
Le Commandant BAUDRE découvrait lui-même trois petits foyers dans l'anse de MORIAC près de CONLEAU, en 1939, à la pointe de BROUEL en l'ILE AUX MOINES en 1938, à ILUR en 1948.
Etudiée et débattue depuis le début du siècle, la question des fours à augets fut posée en 190:! devant la société polymathique du Morbihan par M. QUILGARS, Divers savants et chercheurs se sont intéressés à ce problème dans notre dépattement.
En 1948, le Docteur LE PONTOIS de VANNES mettait au jour à la pointe Nord-Ouest de l'ancienne île du PESCHIT (Pesked?) près de MONTSARAC en SENE, un ancien four à augets assez bien conservé.
"Ce gisement, êcrit-il, mis à jour par un progrès récent de l'érosion marine, occupe la tranche d'une minuscule falaise de quelques décimètres de hauteur et est découvert sur une tranche presque horizontale. Les augets sont très fragiles pour être extraits autrement qu'en délitant avec un filet d'eau la terre végétale qui les englobe. Les fragments constituent presque la totalité du gisement, mais l'érosion horizontale montre en coupe, une pile, couchée sur le côté, d'augets emboîtés les uns dans les autres. De plus, le rocher mis à nu, au voisinage et au contact du gisement, a été soumis à l'action du feu, et ce rocher se prolonge , au-dessous du niveau des hautes mers des grandes marées actuelles".
Le commandant BAUDRE et M. Yves ROLLANDO qui ont reconnu ce gisement donnent quelques explications sur la question des augets et de leur emplacement. M. ROLLANDO fait remarquer qu'au point de vue géologique, l'ancienne île du PECHIT est constituée dans sa régidn sud-ouest par une crête de gneiss, adaptée à la structure armoricaine. Elle se prolonge en direction nord-ouest par une plate-forme rocheuse située presqÜe au niveau des hautes mers actuelles (0,40 m),
Cette situation a permis aux tempêtes de suroît de regagner temporairement l'ancienne plature et de déblayer la mince couche argilo-terreuse du gisement, A l'Est, dans une 'petite anse, les gneiss passent à des mécachistes très délités, tandis que le sol s'abaisse graduellement vers les marais septentrionnaux. Il ajoute que la hauteur de ces vestiges gallo-romains découverts : Le Péchit ,0,40m; Ilur 1,40 m; au dessus des hautes marées permet d'affirmer que pendant une partie de la période gallo-romaine et au IVème siècle, la mer n'avait guère dépassé son niveau actuel.
Au sujet de l'utilisation des augets, les deux savants admettent sans toutefois s'y rallier absolument, l'hypothèse admise par M. QUILGARS, à savoir qu'ils avaient pu servir à la récolte du sel. Ils constatent qu'il n'a pas été trouvé d'augets ni de fours en dehors du littoral, au contact de la mer et que si les augets ne servaient pas à récolter le sel, ils étaient pour le moins fabriqués et utilisés par une population maritime vivant des produits de la mer.
En ce qui concerne leur âge, bien qu'au voisinage on ait parfois relevé des silex néolithiques, des briques à rebords et des poteries grises, on peut admettre qu ils datent de l'époque gallo-romaine ...Il y a lieu de noter le nombre reospectable de briquettes à gros éléments qui accompagnent les dépôts de MOUSTERIAN.
Les constatations faites à MOUSTERIAN, à ILUR aussi bien qu'à MONTSARRAC paraissent indiquer que le mode de cuisson suivant a été utilisé : four en plein air, c'est-à-dire à ciel ouvert, les augets étant déposés sur un lit de briquettes reposant elles-mêmes directement sur le sol rocheux qui a conservé des traces de l'action du feu. Le gisement de MONTSARAC est particulièrement intéressant en ce qu'il recèle d'assez !:>eaux spécimens d'augets.
Dans le bulletin mensuel ce la société polymathique du Morbihan de juillet 1964, le Docteur J. LEJARDS qui habitait SENE a résumé, en reprenant le titre de l'importante communication d'Henri QüILGARS en 1902, les découvertes et l'étude faites sur ce sujet. Yves COPPENS avait déjà dressé, en 1954, l'inventaire de ces installations industrieiles proto-historiques, mais, en l''espace de dix ans, l'inventaire de ces instatiations s'était enrichi de deux nouvelles stations sur le territoire de SENE :
-une de 6 fours, à la pointe sud de l'île de Boëd ;
-l'autre, simple dépôt, à CADOUARNE.
En outre, les installations de MOUSTERIAN qui, à l'époque, ne relevaient que 3 fours, en comptaient en 1964, neuf dans la tranche de la falaise, sans compter trois autres mises à jour sur le dessus de cette falaise et une treizième découverte en 1964.
Dans son étude des stations connues en 1963 sur la commune de SENE, le Dr LEJARDS ne fait que frôler le problème de l'utilisation de ces augets. Il croit que leur appartenance à l'industrie du sel ne fait plus de doute, Il signale :
A - les stations de CARIEL et d'ER BILL ou MONTSARAC dont ~l ne reste plus aucune trace, la mer les ayant détruites.
B - la station du Peschit, découverte par le Dr LE PONTOiS en 1948, étudiée par le Commandant BAUDRE et Y. ROLLAND en 1949, puis par Y. COPPENS en 1954. Attaquée par la mer, elle était également en passe de disparaître. Voici la description que le Docteur LEJARDS en fait :
"Située sur une micro-falaise de 40 à 50 cm de hauteur, eile mesure de 5 à 6 m de développement dans le sens Nord-Ouest - Sud-Est, c'est-à-dire parallèlement à la côte. Elle paraît avoir été installée sur des terrasses à 3 niveaux différents. Le niveau inférieur, encore atteint par les hautes mrs, n'est plus représentée que par une zone circulaire de 0,60 m de diamètre, faite de gneiss fendillés e rougis par le feu avec, épars aux alentours et parmi les fissures de la roche des fragments d'augets. Environ 1,50m en arrière, une terrasse argileuse, présentant des traces nettes de cuisson, se développe à environ 30cm au¬dessus du niveau du précédent, sur cette terrasse, une couche d'environ 7 cm d'épaisseur faite de nombreux fragments d'augets mêlés de terre. Ce niveau peut être suivi sur 40 cm de largeur environ.
Une troisième terrasse argileuse lui succède qui présente sur 4 à S cm d'épaisseur de nombreux débris d'augets, intimement mélangés à de la terre végétale. La largeur moyenne de cette dernière terrasse semble d'environ 2,50 m. Les trois niveaux n'ont rien livré d'autre que des fragments d'au~ets et des morceaux informes d'argile mal cuite".
C - La station de CADOUARNE.
C'est une station de minime importance, située dans la petite falaise qui s'étend face à l'île de BOEDE, à gauche du chemin joignant le village de CADOUARNE aux installations ostréicoles, environ à 150 m vers le gué dit du moulin. La station c'est visible que comme une mince ligne de débris d'augets s'étendant sur environ 2 m de long à 25 cm sous la surface du sol cultivé et à 60 cm au-cessus de la plage actuelle. Cette station n'est fourni que des fragments d'augets, à l'exclusion de tout autre objet.
D - La pointe sud de l'île de BOEDE.
Elle est riche de 6 fours disposés en un groupe de trois et trois fours isolés : une fosse en auge avec de nombreux fragments d'augets; une fosse triangulaire remplie d'argile ; une troisième de même forme contient des briques, des plaques de schiste et des augets.
E - Le complexe industriel de MOUSTERIAN.
Il ne s'agit plus ici d'une station d'augets, ni même d'un four, mais d'une véritable usine de poterie comprenant 12 fours actuellement connus. Un treizième découvert par le Dr LEJARDS en 1964 à proximité, contenait des augets à faces parallèles n'ayant subi qu'un début de cuisson; ils étaient de teinte noire. Dans le voisinage, débris d'augets et morceaux de charbon ont été recueillis. Une superficie d'environ l a 50 ca, contigü à la zone des fours, est délimitée par les vestiges de substructions de murs en grosses pierres ! Sur le pcan cadastral, elle s'étend sur les par~ celles n•s 530, 3-1, 34 et 35 de la section G, la majeure partie se trouvant sur la parceile n° 531 appartenant à M. LE BRETON commerçant à VANNES. Les augets les plus nombreux sont tronc-prismatiques, en terre cuite très fine.
Quelques fragments appartiennent à des augets parallélépipédiques en forme de cornets d'après Y. COPPENS, dans les "annales de Bretagne 1 953", p. 360). Deux exemplaires existent intacts au musée de CARNAC. Ce sont des augets à faces parallèles. Enfin, deux fragments d'augets à fond semi¬circulaire. On a trouvé dans le même lieu des vases.
Comparaison des différentes stations entre elles.
Il est probable que les stations aujourd'hui disparues de CARIEL et d'ER BILL étaient comparables sinon identiques à celles du PESCHIT et de C.ADOUARNE. Le Dr LEJARDS voit dans ces stations, les lieux d'utilisation des augets fabriqués dans les installations plus complexes de MOUSTERIAN et de la pointe de l'île de BOEDE. Ces deux dernières comportent en effet un grand nombre de fours qui semblent avoir eu des spécialisations diverses pour la fabrication de tel ou tel type de poterie. La zone qui entoure les fours serait le premier dépôt de ces produits à leur sortie des fours.
Les stations plus modestes de CADOUARNE et du PESCHIT ne donnent que des augets tronc-prismatiques. Au PESCHIT, ces augets semblent avoir été disposés sur trois terrasses bien nivelées, se présentant en gradins et recouvertes d'argile plus ou moins cuite.
Problème de datation exacte de la civilisation industrielle des augets de terre.
On n'a jusqu'à ce jour que trois certitudes :
1° Il n'y a dans ces stations absolument rien de gallo-romain...
Aucun vestige de cette période n'existe dans cette partie de la commune de SENE. Par contre, le dolmen ruiné de GORNEVEZE, voisin d'ER BILL et l'ensemble mégalithique de la côte.
2° La poterie assez jolie a été faite sans le seccours du tour et est d'origine indigène, faite pour un usage local. Sa grossièreté contraste avec la finesse et la bonne qualité des augets qui durent servir à L'exploitation comme emballages des pains de sel.
3° Tous ces fours ont été abandonnés précipitamnent, en catéstrophe pourrait-on dire. Tous les fours de MOUSTERIAN étaient encore plein de leur charge...A BOEDE-sud, un seul des 6 fours était vide, les 4 autres étaient dans le même état que ceux de MOUSTERIAN. Il a falluu un grand cataclysme naturel ou social pour provoquer un tel abandon précipité.
Trois hypothèses ont été émises :
a) Celles du Dr FROMOLS et RAKOWSKI = installation gallo-romaine. Abandon précipité du aux premières invasions saxo-normandes datant de ia fin du IIIème siècle de notre ère ... Mais, une poterie si abondante, industrielle et commerciale aurait été faite au tour et surtout dans une "usine" si importante que celle de MOUSTERIAN. De plus, les poteries gallo-romaines auraient utilisé, après trois siècles d'occupation (-56 à +450), la technique romaine comportant l'emploi de la brique pilée.
b) Si nous datons l'abandon de ces fours de la fin du Ier siècle avant l'ère chrétienne, le cataclysme social l'ayant provoqué nous paraît ne pouvoir être que l'invasion des "civilisateurs" de CESAR, l'orgueilleux pro-consul qui devait difficilement tolérer dans la "Pax Romana : la paix romaine", la survivance d'une civilisation indigène aussi peu "barbare" que celle des Vénètes.
c) Reste à envisager l''hypothèse du cataclysme naturel : séisme ayant entraîné l'effondrement de ces points du golfe et ayant si gravement endomnagé ces installations qu'elles furent totalement et définitivement abandonnées, A quelle époque fixer cette catastrophe naturelle? Sûrement avant la fin du IIIème siècle puisqu'en certain6 points des constructions gallo-romaines sont sous-jacentes à certaines installations d'augets.
A l'occasion d'une conférence faite le vendredi 22 mai 1970 au Palais des Congrès de LORIENT, par M. GOULETQUER de RENNES, docteur ès-sciences, attaché au Centre National de la Recherche scientifique et au laboratoire d'Anthropologie préhistorique sur le thème" des fours à augets du littoral", M, MANSION a avancé une autre hypothèse sur les hommes constructeurs de ces fours et sur l'usage possible des augets. Il a en effet relevé des coïncidences curieuses dans les dates et les faits rapportés par le conférencier.
1 - Une hypothèse sur les hommes.
Les lieux d'implantation des fours et des stocks d'augets, l'absence de traces d'habitations à leurs abords laissent planer peu
de doutes sur l'état des hommes qui ont construit et utilisé ces ouvrages. Ces hommes n'étaient pas des indigènes ou habitants du pays ; vraisemblablement ils venaient de la mer. C'étaient des marins qui vivaient sur leurs pateaux, ne descendant sans doute à terre que pour la recherche de l'argile et sa cuisson. Il est même possible qu'ils n'aient pas pris contact avec les populations vivant en ces lieux. Les fours retrouvés sont éloignés des lieux habités et le combustible qu'ils utilisaient semble indiquer qu'ils ne se sont pas enfoncés dans les terres, même à quelques kilomètres, y ramasser le bois pouvant alimenter leurs foyers.
Quels peuvent donc être ces marins qui ont fréquenté nos côtes entre les années -300 et - 50 ? On sait de façon certaine que les Carthaginois et les Tyriens sont descendus sur nos rivages à ces époques reculées, Ils allaient chercher en Grande-Bretagne, en longeant les côtes atlantiques, l'étain absolument indispensable à la fabrication du bronze. Rien d'étonnant donc à ce qu'ils fassent escale sur notre littoral qu'ils avaient exploré dès 460 avant J.Christ (flotte d'HANNON), Le fait que la construction et l'utilisation des fours aient cessé vers l'an -50 apporte un élément favorab le à cette hypocnese. C'est en l'an -56 que les Romains s'installèrent en Armorique, après leur victoire navale sur les Vénètes au large du Golfe. Les Romains étaient les ennemis des Carthaginois et des Tyriens, et ceux-ci cessèrent alors de fréquenter nos côtes.
2 - Une hypothèse sur l'usage des augets.
Les augets ou débris d'augets recueillis ne présentent aucune trace d'utilisation sur place, fait qui vient à l'appui d'une idée lancée par M. MANSION dé leur usage dans un autre lieu et pour une autre denrée que le sel. Ces petits récipients d'argile cuite étaient de dimensions et de formes variables n'excédant pas les suivantes: longueur et largeur de l'ouverture 140mm x 76; longueur et largeur du fonds: 100 rmn x 43 - hauteur environ :38 mm pour la forme rectangulaire.
Ces ustensiles de forme réduite étaient-ils bien destinés à la fabrication et au transport du sel marin ? De toute évidence, si la thèse des honnnes venant de la mer est retenue, celle du sel est à êliminer. Ils en avaient à profusion à leur disposition dans leur pays d'origine car ils n'étaient pas sans avoir observé le phénomène nàturel de l'évaporation de l'eau de mer. Et puis, le sel s'obtient sur de grandes surfaces et se transporte dans des récipients plus grands que des centaines de petits godets d'argile.
Mais pourquoi ces navigateurs qui se rendaient en Grande Bretagne, à des milliers de kilomètres de leurs ports pour y trouver un métal qui leur était indispensable : l'étain, ne se seraient-ils pas arrêtés sur nos côtes où ils savaient trouver l'argile à l'état presque pur, pour y fabriquer les augets qu'ils stockaient tout près de la mer et pour les embarquer dès la fabrication terminée?
Arrivés sur la côte Sud de la Grande Bretagne , où l'on a aussi trouvé quelques fours à augets, ils auraient fondu le produit
de leurs prospections et versé l'étain en fusion dans les augets, L'étain fond à 228°C, température que ces récipients d'argile pouvaient facilement supporter. Il est très facile à démouler, n'adhérant pas aux parois du récipient qui le contient. Obtenant ainsi des lingots d'étain, ils les auraient transportés avec ou sans les augets laissés sur place, à TYR ou à CARTHAGE ... Quant aux augets retrouvés sur les lieux de stockage ou dans les fours, ils auraient été abandonnés là peut-être parce qu'il s'agissait d'une mauvaise fabrication, peut-être aussi parce qu'une tempête ou un ennemi avait poussé les marins à un départ précipité.
En dépit des nombreuses et diverses hypothèses qui ont été formulées, on pense généralement que les augets et fours à augets de SENE et d'ailleurs sont en rapport avec l'industrie du sel (fabrication ou préparation au transport). M. Yves COPPENS considère l'industrie des augets comme une industrie gauloise ou vénète qui a dûse poursuivre sous l'occupation romaine, mais qui n'a aucun rapport avec cete civilisation.
Cependant, le De J. FROMOLS écrivait à ce sujet le 28 avril 1953: "la tecnnique de la fabrication des augets, leur forme rectangulaire, l'extrême minceur des parois qui se joignent à angle aigu et indiquent la fabrication au moule, leur cuisson à haute température, tout cela est typiquement romain et conforme à la technique gallo-romaine des 1er et 2ème siècles de notre ère". (Bulletin Société Polymathique du Morbihan 1953-54 - Procès-verbal p.32).
La voie reste ouverte aux recherches et aux discussions et chacun est libre de se faire une opinion à propos des mystérieux augets.
LA PREHISTOIRE DES CELTES, par l'Abbé LE ROCH
1. LA PREHISTOIRE DES CELTES
Séné s'illustre par une liste impressionnante de monuments mégalithiques dans la Préhistoire, par cet insoluble problèrne des augets dans la période celtique.
Cinq dolmens ruinés à Boëd (découverts en 1878), entourés d'une enceinte de gros blocs, et qui furent sans doute couverts d'un tumulus ; un lech abîmé à Michotte ; un lech en forme de pyramide, de 1,15 m de haut, près de Bindre
un lech hémisphérique à Balgan ; quatre dolmens à Auzon (déjà disparus en 1884) ; un dolmen à Gornevéze; Voilà un bilan dont toute commune ne peut se vanter!
Plus intéressants, ont été découverts, à la suite de fouilles dans une butte, une hache en fibrelithe, des éclats de silex, des fragments de poteries, et, d'un autre côté, deux blocs de terre cuite dont l'un percé de deux trous parallèles; on y a encore trouvé des tessons de poteries néolithiques, gauloises et gallo-romaines.
Ainsi, malgré de mauvais entretiens et la perte de plusieurs vestiges, on constate une vie assez intense sur le territoire de Séné, pendant la Préhistoire : c'est encore confirmé par la question des augets.
On a découvert des fours à augets et des piles d'augets à fleur de terre, en plusieurs endroits de la commune. L'auget est une petite poterie de terre très fine (remarquable pour l'époque), de forme cubique, évasé vers le haut. De quelle époque sont-ils? A quoi servaient-ils? D'où venait cette technique?
On a pensé que les augets étaient gallo-romains : Mr le Dr Lejards soutient au contraire qu'ils sont antérieurs à l'invasion romaine, ce qui serait plus vraisemblable. La question reste ouverte.
On a trouvé des augets dans le Finistère, dans le Morbihan, en Loire¬Atlantique, en Vendée même, et toujours près de la côte. Ils sont donc liés à une activité maritime. On a avancé qu'ils servaient à ramasser le sel, ou, moins probable, à conserver le saumon. La question est encore posée.
Problème complexe, d'autant plus qu'on en a découvert une quantité importante un peu partout ; d'autant plus qu'on parle d'augets à cornets, qui ne sont pas précisément des augets ; d'autant plus qu'on trouve des fours où la dernière cuisson n'a pas été otée : pourquoi? L'invasion romaine aurait-elle arrêté la fabrication?
La lumière n'est pas encore faite!
Pour nous, une certitude : la présence de l'homme dans ce fond du golfe de nombreux siècles avant Jésus-Christ.
DOCUMENTS : LA PREHISTOIRE A SENE
Nous reproduisons dans ce bulletin, un document presque centenaire tiré du Bulletin de la Société Polymathique de Vannes et relatif aux monuments anciens de la commune de Séné :
FOUILLES EXECUTEES LES 12, 13 et 14 DECEMBRE 1878 à
L'!LE DE BOED et au DOLMEN DE GORNEVEZE en Séné
A/ ILE DE BOED
1. Le premier monument visité se trouvait dans le pré dit Le Fozic, cadastré sous le numéro 730 de la Section H de Cadouarn en Séné et appartenant à l'époque au Capitaine Allain. Le monument placé à 3,65 m du rivage et orienté du Sud au Nord, avait une longueur de 12 m sur 7,50 m de large ; son point culminant s'élevait à 1 ,20 m au-dessus de la surface de la prairie. C'était un monument préhistorique bouleversé, dont les débris reposaient sur le roc et le sol naturel. Dans cet amas de terre, de pierres, les chercheurs firent malgré tout une petite récolte d'objets variés : un "celtae" ou hache préhistorique en fibrolithe, des éclats de silex et des fragments de poterie, des morceaux de briques romaines, deux blocs de terre cuite, un quartz, des morceaux de charbon avec traces de l'action du feu sur plusieurs pierres, C'était une tombelle d'assez grandes dimensions, dont la destruction devait être assez récente,
2. Dans une lande située à l'est de la maison neuve de l'île, portant le numero 639 de la même Section H du cadastre et appartenant à M. du Bodan, on voyait un groupe de DOLMENS ruinés dont un encore recouvert de sa table et muni d'une partie de sa galerie ; un autre, à 10 m du premier, qui laissait apparaître les sormnets des supports de sa chambre.
Dans le premier, les fouilleurs eurent la bonne fortune de trouver : deux monnaies romaines, des fragments de briques et de poteries romaines. Le second présentait une chambre rectangulaire de 3,50 m sur 2 m, parfaitement dallée de pierres plates de moyenne dimension. Son exploration procura : des éclats de silex, des fragments de poterie gauloise et de briques romaines.
B/- DOLMEN DE GORNEVEZE
Entre le village de Gornevez et le bord de la mer qui en est très rapprochée, dans la propriété de M. et Mme Penvern, se trouve un dolmen ruiné qui dut être de très grande dimension à en juger par sa partie postérieure qui subsistait seule vers -1845. Il était recouvert d'une table de 4 m. de longueur sur 2,30 m. de largeur. Ce monument a été remis en valeur il y a quelques années. Il se voit du bord de de la route du village. Ce dolmen, au siècle dernier, se trouvait dans un pré dit"Boh-Iliz" (=bois de l'église), portant le numéro 495 de la section H de Cadouarn et appartenant, en 1878, à Mr Charles du Bodan.
Le Dolmen en question est une chambre carrée, recouverte d'une grande table et dont les supports qui restent ne montrent aucune trace de signes gravés. La chambre fut vidée par les chercheurs jusqu'au sol naturel, mais ils n'y rencontrèrent que des débris d'objets modernes. Elle avait déjà été fouillée par une foule de curieux. D'après les gens du village, le dolmen avait même servi, au corrnnencement du XIXème siècle, d'habitation à un pauvre tailleur étranger qu'un vieillard affirmait y avoir vu pendant de longues années et qui dut y mourir. Pour donner à sa chambre une hauteur suffisante, le tailleur se vit obligé de vider le monument.
Malgré tout, les spécialistes purent recueillir, au milieu des débris, des fragments de briques et de poteries romaines, des morceaux de chaux, et même deux pièces métalliques en fonte provenant sans doute de la marmite brisée du pauvre tailleur.
NOTE.- Les tumulus à l'Est de l'île de Boëd avaient déjà été fouillés en 1867 par MM. de Cussé et Louis Galles et avaient donné:
un silex taillé, ébauche d'une pointe de flèche un petit anneau en verre
des fragments d'un grand vase en terre brune
tous objets exposés au Musée de la Société Polymathique de Vannes.
Bezidel Inrap fouilles archéologiques
Texte écrit à partir d'un article de l'Inrap, enrichi (texte en gras) et illustré.
Le site a été prescrit par l'Etat en vue de fouilles, c'est à dire que l'Etat a rendu obligatoire la réalisation de fouilles préventives. Le promoteur a pris à sa charge leur réalisation. Après un appel d'offre, l'Inrap a été sélectionné pour mener les fouilles archéologiques. Un décapage du sol sur environ 50-70 cm a consisté à enlever la terre végétale de ces anciens champs de la famille Guyodo de Bézidel [lire article sur la ferme de Bézidel], pour mettre à nu le sol au niveau de la roche.
AUX PORTES DE DARIORITUM
Les Gallo-Romains s’installent sur le site de Séné du Ier au IVe siècles de notre ère. Occupant le versant d’un petit relief, le site est distant de 2 km de Darioritum, chef-lieu de la cité des Vénètes, desservi par plusieurs voies dont l’une, la voie de Namnetum à Darioritum (de Nantes à Vannes), passe à seulement 700 mètres au nord du site, quartier actuel du Versa, en amont du ruisseau le Liziec.
La fouille étant toujours en cours, le statut du site reste à préciser. S’agissait-il d’une simple ferme ? D’un établissement rural plus important situé entre la villa et la ferme ? Ou encore d’un habitat groupé ?
Faustine la Jeune (Faustina Minor), de son nom latin Annia Galeria Faustina, ( v. 125/130 – 175),
est une impératrice romaine, épouse de Marc Aurèle.
Quelques objets en bronze – fibules (agrafes de vêtement), monnaies ( une sesterce à l'éffigie de l'impératrice Faustina, une pièce celte vénète, clefs (de portes ou de coffres) – témoignent d’une certaine aisance des habitants (ou un lieu de passage) et semblent indiquer des relations économiques avec Darioritum, véritable carrefour d’échanges et lieu de pouvoir, ou bien en lien avec un flux commercial en provenance de la presqu'île de Rhuys via le passage de Saint-Armel, dont on peut penser qu'il était déjà actif.
VESTIGES D’OCCUPATION ET D'ACTIVITÉS
Les traces exhumées sont majoritairement des fossés, formant un réseau complexe qui délimite de grandes parcelles, des enclos qui se sont agrégés ou restructurés au fil du temps.
Après le décapage du sol, une prise de vuie aérienne a permis de mettre à jour ce maillage de fossées et de voies.
Ces fossés apparaissent en sombre sur le relevé aérien. La terre y a été retourné et lorsque ce hameau gallo-romain a été déserté, ces ruisseaux, ont été comblés pour donner des champs qui ont été mis en culture. Ne subsiste que les fondations des bâtiments, les trous des poteaux des murs et charpentes., le sol humanisé par les actvités (rue, chemin, forge, pavage).
Des enclos semblent s’implanter en fonction de chemins. Un chemin recouvert de pierres et caillous a été révélé au nord du site. Converge-t-il vers la voie romaine au nord du Poulfanc ou chemine-t-il vers Moustérian, Montsarrac et la passage? Ces chemins étaient délimités par des fossés et sans doute reliés à des axes plus importants. A l'abandon du village, les talus on enseveli les chemins.
À l’intérieur des parcelles, les archéologues étudient de nombreux trous de poteau, emplacement des poteaux soutenant les murs et la charpente,.dessinant les plans de maisons, d'annexes et de greniers construits en matériaux périssables (bois et terre ou torchis) et couverts pour certains de tuiles romaines (tegulae).
Deux constructions maçonnées, implantées en vis-à-vis, ont également été mises au jour mais leur fonction n’est pas encore déterminée. Plusieurs zones d’activités domestiques et artisanales ont été reconnues.
Au sud, un atelier de forge a été repéré par la présence d'une surface de terre sombre, sur laquelle des analyses ont mis en évidence la présence de déchets caractéristiques tels que des battitures (parcelles de métal qui jaillissent sous le marteau du forgeron) ou des scories (résidu solide provenant de la fusion de minerais métalliques, de la combustion de la houille), déchets issus du travail du métal, tandis qu’une zone de carrières a été détectée au nord, dans un affleurement rocheux.
La découverte d’un peson en terre cuite témoigne d’une activité de tissage, et des fragments de meule en pierre d’une activité liée au traitement des céréales (mouture). Et pourquoi pas déjà la présence d'un moulin à vent sur la butte de Bézidel ? Bien plus tard, la butte de Cano avait un moulin à vent [lire article sur les meuniers].
UNE OCCUPATION QUI PERDURE AU MOYEN ÂGE ?
L’hypothèse de la pérennité de cette occupation au Moyen Âge est suggérée par la découverte, lors du diagnostic, de fragments de poterie attribués au haut Moyen Âge (entre le Ve et le IXe siècles). En outre, la fouille a révélé d’autres fossés, recoupant ceux de la période gallo-romaine, qui semblent indiquer une réoccupation des lieux à cette époque.
Dans la partie nord du site, des trous de poteau attestent la présence de constructions, et plusieurs vestiges de fours ou de foyers ont été repérés. Il pourrait s’agir d’une ferme ou d’un petit hameau médiéval, signalant un fort ancrage d'occupations humaines dans ce secteur, ce que les archéologues pourront confirmer ou infirmer à l’issue des recherches sur le terrain, puis au centre de recherches.
Bien plus tard, deux fermes s'établiront non loin de ce site gallo-romain. La ferme de Bezidel qui donnera le hameau actuel, un peu à l'ouest de ce site et la ferme de Quenfaux qui sera rejointe par la château de Limur, aujourd'hui disparue.
Faustine la Jeune (Faustina Minor), de son nom latin Annia Galeria Faustina, ( v. 125/130 – 175), est une impératrice romaine, épouse de Marc Aurèle.
Plus...
Mégalithes à Séné
Séné conserve quelques monuments mégalithiques témoins de l'établissement d'habitants 3 000 à 5 000 ans avant notre ère.
L'île de Boëde est le siège d'un cairn à deux dolmens; un ou deux autres dolmens auraient disparu à Boëde. Aujourd'hui la brousaille recouvre ces vestiges difficilement accessibles pour qui s'aventure sur l'île de Boëde.
Il aurait existé un dolmen ruiné il y a soixante-dix ans à Ozon.
Le dolmen de Gorneveze (4500 à 2000 avant Jésus Christ) est toujours en place dans le village du même nom, à l'entrée de la presqu'île de Langle, tout près du rivage. Il a été fouillé en 1878. Il était déjà bien figuré dans le cadastre de 1841.
L'ensemble de ces vestiges est inventoriés dans le cadre de la demande de classement au Patrimoine Mondial de l'Unesco qui permettra à Séné d'être un commune citée par l'UNESCO.(Voir le pdf ci-joint pour 'lensemble des sites du Morbihan).
Saunerie et four à augets
La côte de Séné recèle des vestiges de l'industrie primitive d'extraction du sel de mer comme un peu partout sur le littoral du Golfe du Morbihan.
Avant de développer les salines dans les marais au XVIII°siècle, les habitants du littoral du sud Bretagne ont développé le séchage de saumures (eau concentré en sel) dans des fours à bois qui recevaient des godets, des petites auges d'env. 10 cm de long et quelques cm de haut, remplies de saumure. On parle dans ce cas de sauneries.
Cette technique remonte à la seconde période de l'âge de fer dite La Tène [ env.-450 à -25 avant JC] qui 'achève avec la conquête romaine. Les gaulois ou celtes (nos ancêtres les Venètes) maitrisaient cette technique de récupération du sel utile à la conservation des viandes et des poissons.
Les augets sont des petits récipients de terre, colorée, en forme de prisme, qui sont destinés à recevoir la samure au-dessus d'un foyer.
Cet exemplaire est visible au musée Archéologique de Vannes.
A Séné, on en a trouvé six fours à Boède, plusieurs à la pointe du Peschit, à Moustérian où existaient des lieux de stockage du sel, au gué du Moulin, à Cariel. Ces augets étaient empilés dans le four et maintenus séparés par des "tortillons" que l'on a retrouvé en nombre.
Il est plus probable que pour économiser le bois, on utilisait une saumure concentrée en sel produite dans les marais du littoral naturellement ou bien dans des cellules comme pour les marais salants.
Un autre hypothèse est l'extraction du sel à partir de sables littoraux qui se déssèchent au soleil. Dans ce cas, le sel de cuisine ou chlorure de sodium se dépose au dessus du sable alors que les autres minéraux dits sels déliquescents, dont le chlorure de magnésium restent enfouis. On récupérait le mélange sable/ sel qui brille au soleil et on le lavait à l'eau de mer pour récupérer des saumures qui étaient réduites en sels dans le four à augets. On récupère non pas des cristaux de sels mais une masse aqueuse concentrée en sel qui est mise à "ressuyer" pour éliminer le reste de sels déliquescents. Au bout de quelques mois, le sel s'est cristallisé.
Cette industrie de la saunerie cotoyait une production de briquettage qui produisait les augets et les autres ustensiles utiles au fonctionnement des fourneaux à sels.
Cette extraction utilisait san doute beaucoup (trop ?) de bois pou rproduire à la fois la poterie et pour faire évaporer le la saumure.
Elle est tombée dans l'oublie pendant le moyen supplanté par d'autres formes d'extraction de sel.
Ce n'est qu'au XVIII° que les Guérandais on réintroduit l'extraction du sel à Séné en développant les marais salants sur tout le littoral de la commune. Lire article les Salines.