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Cer article reprend mot pour mot et avec les illustrations d'origine, l'histoire des Vénètes telle qu'elle fut raconté par l'Abbé Jospeh LE ROCH dans le bulletin paroissial de Séné.

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2.- L'ANTIQUITE

Un Génocide : L'extermination des Vénètes par Jules César,

en l'an 56 avant l'ère chrétienne.

COMMENT PERIRENT EN MASSE

LES VENETES D'ARMORIQUE....

Il est, dans l'antiquité gréco-latine, trois peuples qui ont connu le même destin tragique et se sont vus, dans les mêmes conditions rayés de la surface de la Terre et des lumières de l'Histoire. Ce sont, les Troyens, les Carthaginois et les Vénètes. Trois, sous les coups des Grecs ; Carthage et Vannes sous ceux des Romains ... Pour toutes les trois, la chute fut soulignée par le même acte des vainqueurs : la destruction à ras du sol et la dispersion des survivants sur les divers marchés d'esclaves de la Méditerranée.

Et pour les trois peuples, l'horreur de la suppression méthodique fut aggravée par un raffinement de cruauté : ce sont les vainqueurs, et les vainqueurs seuls, qui ont écrit l'histoire des vaincus.

Par conséquent, un drame sur un drame. Imaginez le compte-rendu d'un procès criminel de cour d'assises raconté par les seuls témoins à charge, voire même par les seuls auteurs et complices du crime.

Telle fut l'affreuse aventure que vécurent Troyens, Carthaginois et Vénètes et dont ils moururent à la fois de mort physique et de mort intellectuelle.

L'affaire des Vénètes est pour vous une question de famille : ces gens là étaient de notre sang, ils parlaient la langue celtique qui, aujourd'hui réfugiée en Bretagne française et en Cornouaille anglaise, était alors celle de tous les Gaulois nos aïeux, et ils sont morts pour avoir, à l'Ouest des Gaules, préféré la liberté à l'asservissement, la vie et la mystique des Celtes à l'administration, sous chaines dorées, et au polythéisme matérialiste de la Paix Romaine.
Ceci se passa voici quelque deux mille trente ans. Ces vaillants armoricains du Morbihan, descendus dans la mort collective, personne ne pleura sur leur tombe géante ni ne célébra leur sacrifice, pour cette raison tragique qu'en ce pays vaincu il ne resta personne. Ainsi le voulut le dur, le froid, le sec César.

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Cette férocité eut sa cause en ceci : envahisseur du pays de la Petite Mer, Jules César, accoutumé à être toujours le Victorieux, sentit là, avec épouvante, chanceler à la fois sa fortune et celle de Rome. Il eut peur, et trop visiblement, pour son orgueil et sa sécurité. Donc, des ennemis, qui avaient vu César trembler, n'avaient plus le droit de vivre à la lumière du jour. A ce crime, une seule expiation : la mort pour tous, sans distinction d'âge, ni de sexe. Et pour mieux sceller à jamais l'immense tombe du peuple Vénète, c'est César lui-même qui, parlant en témoin oculaire à charge, s'est donné à lui-même seul le droit d'écrire, pour la postérité, l'histoire, vue à sa façon, de ces jours de terreur, de ruine et de mort.


Depuis deux mille ans, c'est dans les "Commentaires de César", intitulé: "La Guerre des Gaules", que les écoliers apprennent ce chapitre de l'histoire de France, leur pays. Chapitre jugement qui accuse et, sans aucune contrepartie, qui rend un arrêt, de partialité tout-à-fait criante.

Martyrs, le mot n'est pas trop fort. Et ce qu'il y a de plus curieux, c'est que les pièces du procès de réhabilitation de ces martyrs se trouvent dans les écrits mêmes de l'homme qui a ordonné, conduit et raconté le massacre. César a cru régler le sort sanglant du peuple qui lui avait tenu tête. Or, pour trouver la vérité et rétablir la Justice, c'est en lisant entre les lignes de cette tragique et partiale oraison funèbre, que l'on peut ressusciter le drame véritable.

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Le Morbihan ou petite mer intérieure

Parmi les tribus gauloises, ce fut vraiment une des plus nobles que celle de ces Armoricains si merveilleusement logés d'une manière amphibie dans les îles, sur les côtes et dans les méandres du Morbihan. Une petite mer qui n'était peut-être pas absolument pareille à ce qu'elle est aujourd'hui ; là-dessus, archéologues, géographes et océanographes ne sont pas d'accord. Il est fort possible que la violence et la force des marées alternatives, certains séismes et des glissements de vasières aient modifié plus ou moins partiellement la physionomie de la région dans les détails. Mais, dans l'ensemble, le texte descriptif de César s'applique fort bien à ce dédale marin dont Gwen la Blanche, devenue
l'actuelle Gwened : Vannes, aurait été la capitale, régnant sur les villes de tout le pays desservi par les vaisseaux des chefs d'escadres Vénètes.

Villes et Vaisseaux Vénètes

Seulement, tout de suite, une précision s'impose. Les mots "villes" et "vaisseau" ne doivent point tromper et faire surgir dans l'imagination les cités auxquelles nous sommes accoutumés et les navires dont les silhouettes nous sont familières. Les villes Vénètes étaient de simples bourgades fortifiées, que leur installation sur les unes ou les autres des centaines de terres émergées du golfe, rendait à peu près inexpugnables. En effet, .en ces gites ressemblant aux constructions des époques lacustres, il n'y avait jamais assez de profondeur d'eau pour que des navires ennemis, surgis de la haute mer, puissent remonter jusqu'à accoster ces bourgs insulaires établis sur des promontoires. Par contre, il y avait toujours trop d'eau, remplacée à marée basse par des vases molles, pour que des envahisseurs venus de la terre puissent approcher à pied sans se noyer ou s'enliser". Quand aux vaisseaux, ces bâtiments étaient de grandes et solides hourques tenant admirablement la mer, coulant peu, très bien voilées en peaux souples et que la solidité de leurs coques en chêne permettait d'échouer sans aucun mal sur la vase. C'était un peu le genre des sinagots actuels qui sont leurs descendants.

Les habitants.

Quant aux habitants, c'étaient vraiment "les fils de la mer". Le mot signifie tout en vérité. Vivant comme les gros oiseaux marins, qui nichent sur des cailloux ou rochers semi-émergés et planent ou plongent le reste du temps pour rapporter la pêche au nid, les Vénètes ont été certainement parmi les plus admirables matelots de l'Antiquité. On peut placer leur installation dans le Morbihan vers les années 1000 ou 800 avant le Christ. Et pendant le demi-siècle qui va de l'an 600 aux années 56 et 54 avant le Christ, ils furent littéralement les Rois de la Mer.

Jusqu'où sont allés les capitaines Vénètes ?... Il est impossible de le dire, puisque les documents écrits ou graphiques n'existent pas. Mais, sans se tromper, on peut être sûr qu'ils battirent l'estrade à travers les mers septentrionales, remontèrent la Manche et la Mer du Nord, connurent la Norvège, les Détroits et la Baltique d'où ils tiraient l'ambre jaune. Certains pensent qu'ils ont fait mieux encore et prononcent le nom de l'Amérique. A ce haut-fait rien d'impossible. Les drakkars vikings qui touchaient régulièrement l'Islande, le Groenland, Terre Neuve et le Labrador vers l'an 1 000 n'étaient pas plus forts que les sinagots Vénètes des origines. Ces pêcheurs de Paimpol qui, vers 1 430 et 1 450, allaient régulièrement à Terre Neuve et Jean Coëtanlem de Saint Pol de Léon qui, subventionné par Louis XI, passa au Canada vers 1485 - 1490, un bon demi-siècle avant Jacques Cartier, n'avaient pas des bateaux plus forts non plus.

L'amitié de cordiale confiance qui unit longtemps les Vénètes aux caboteurs Carthaginois venant charger régulièrement de l'étain aux Sorlingues est caractéristique : "qui se ressemble s'assemble". Or, ils se ressemblaient beaucoup en tant que matelots finis et explorateurs hardis, les Vénètes et les gens de mer de Carthage. Ils se ressemblaient tellement que lorsque l'amiral punique Himilcon vint à mourir au comptoir carthaginois installé en l'actuel Sarzeau, il voulut être inhumé en terre Vénète ; son tombeau est encore là, à la butte 'de Thumiac qui porte témoignage de cette lointaine amitié.

Ils tenaient si peu à la terre, ces Vénètes, que les hommes n'y demeuraient que le temps d'escaler, de se ravitailler et de repartir ; si peu, que lorsque de l'Est arrivèrent des rumeurs inquiétantes concernant des soldats étrangers qui auraient pénétré sur le sol gaulois, les Vénètes n'y prêtèrent que petite attention. A ce qui se passait sur la pleine terre, ils préféraient ce qui se passait sur la pleine mer où ces envahisseurs, des terriens montés à pied de l'Italie, seraient bien incapables de les suivre.

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Cette indifférence ne fut point particulière aux Vénètes. Le caractère celte est ainsi fait que l'individualisme l'emporte toujours sur le raisonnement. Si, dès la première minute, les tribus ou nations gauloises avaient fait bloc contre les légionnaires de César, la Gaule n'aurait jamais été conquise. Au lieu que le Proconsul, aussi fin diplomate que bon homme de guerre, a vaincu en détail des tribus dont chacune, par égoïsme et jalousie, se réjouissait du malheur des armes arrive a sa voisine, sans comprendre que ce serait son tour le lendemain. César dans -son ouvrage "La guerre des Gaules" constate lui-même que ces di visions lui ont livré le pays tout entier en lui permettant d'y introduire des ferments de discorde, grâce aux éléments actifs de sa "Cinquième colonne", et de créer partout l'aide adroite de nombreux "collaborateurs". Naturellement, il n'emploie pas ces mots modernes, mais il expose les faits de telle manière que nous n'avons qu'à transposer les termes pour retrouver les mêmes périls que nous avons connus en des temps plus récents.
Ce fut ainsi que le Proconsul procéda vis-à-vis des Vénètes.

Le guet-apens :

La troisième année de la campagne des Gaules au cours de leurs déplacements rapides à travers le pays les Romains arrivèrent aux frontières de l'Armorique. Et César députa auprès du Sénat de Vannes des envoyés, chargés d'une mission aux termes assez alambiqués qui se résumait finalement ainsi : le Général romain offrait aux Vénètes son amitié, à la condition que ceux-ci accueillissent des troupes romaines qui s'installeraient autour du Morbihan. C'était en fait une proposition d'occupation militaire librement acceptée. Comprenant l'astuce diplomatique, et persuadés que la grande forêt centrale de Bretagne formait sur leurs arrières une protection efficace, tandis que la flotte était toute prête à embarquer tous ceux et celles qui voudraient reculer devant l'approche des légions, les Vénètes refusèrent tranquillement cette offre vraiment un peu trop claire.

Alors, César en fit une deuxième : les troupes de Publius Crassus, campées en Anjou, avaient besoin de ravitaillement; et la récolte en Armorique avait été fort belle. Les Vénètes consentiraient-ils à recevoir des marchands ro­mains qui viendraient acheter chez eux sur place, céréales et bestiaux? Ceci, avec un échange d'otages, dont la présence, de part et d'autre, assurerait la loyauté de la tractation. L'offre fut acceptée. Des Vénètes partirent pour le camp angevin de la septième légion, tandis que Titus Silius et Quintus Vélanius allèrent s'instal­ler, en matière de garants chez les armoricains. Peu après, César exigea le retour de ses envoyés, tout en imposant aussi le maintien des otages armoricains d'Angers. C'était un traquenard, un piège tendu sous les pieds des Vénètes. La querelle éclata aussitôt ; c'est ce qu'escomptait César. Apprenant que leurs compatriotes, d'otages étaient devenus des prisonniers, les armoricains retinrent les deux Romains par représailles ; et le Proconsul les accusa immédiatement d'avoir violé de droit des gens. En vain, les Vénètes affirmèrent-ils qu'ils laisseraient repartir les deux Romains aussitôt qu'on leur rendrait leurs amis. César fait la sourde oreille et arrêta tous les Vénètes qui se trouvaient en Anjou pour leurs affaires et, à marches forcées, jeta son armée sur l'Armorique.

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Confiant dans sa force, le Romain croyait n'avoir à faire qu'une simple promenade militaire; il fut vite détrompé. Et lui-même explique dans ses "Commentaires" que les légionnaires, empiégés dans les vasières qu'ils voulaient franchir à pied sec, se voyaient exposés sous la pluie de projectiles lancés des remparts, englués dans la boue molle où ils étaient noyés par le retour des rapides marées montantes. Arrivaient-ils par hasard à escalader un rempart? Les légionnaires voyaient toute la population sortir par la face opposée, s'embarquer sur les navires et cingler vers une Île voisine, en ne laissant aux assaillants que des maisons vides, encerclées par le flot.
La promenade militaire devenait une guerre d'usure avec des pertes cuisantes, tandis que les soldats maugréaient contre tout : les pluies, les brumes les changements de marées, les tempêtes et même les "pierres levées" qui leur semblaient des dieux inconnus et maléfiques.
Tenace cependant, César parvint juqu'à Dariorigum ou Dartoritum qui est devenu Locmariaker et y installa son camp. Véritable camp de la Misère dans la boue, le froid, le vent du large, les ouragans d'hiver ...

En fait, le Proconsul, pris au piège ne pouvait plus ni avancer, ni reculer ; il se sentit perdu. Si à ce moment, les autres tribus gauloises étaient venues à l'aide des Vénètes, César et ses troupes ne seraient pas sortis vivants de cette souricière et la Gaule eut été sauvée de la Romanisation.
Malheureusement, les intrigues romaines avaient fait tache d'huile.

Des tribus du Centre, aucune ne bouge et, au contraire, les tribus de la côte sud de la Loire, jalouses des Vénètes, commirent le crime inexpiable de se mettre au service de César pour lui fournir les seules armes capables de combattre les Vénètes : des bateaux et des marins.


Le combat maval

Pendant que lui et ses fantassins grelotaient dans la boue de Locmariaker, César avait envoyé chez ces tribus, de la Loire à la Bidassoa, Décimus Brutus avec ordre de rallier des navires, de les encadrer de galères romaines montées de la Méditerranée et de venir le délivrer, le sortir de l'impasse. Conduite par des pilotes 8antons et Pictons, cette flotte disparate arriva un beau matin en face du goulet du Morbihan, et aussitôt, manqua de périr sous les yeux de César qui, cette fois, eut réellement peur. Car, en ordre de bataille, l'escadre des plus gros navires Vénètes, hauts sur l'eau et de pesante masse, se déploya en traversant le goulet du Morbihan et se rua sur les divisions de Brutus. Devant cette sortie imprévue, l'Amiral romain, perdant la tête, commençait à jeter ses navires à la côte, aux pieds de César, préférant s'échouer que comtattre. Et l'armée romaine, serrée autour de ses aigles et de son chef, eut le sentiment qu'elle était perdue sans recours.

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Mais à ce moment, la mer trahit les Vénètes marins au profit des terriens de Rome et de leurs auxiliaires, traitres à la cause gauloise. Le vent tomba il se fit calme plat. Les grosses hourques vénètes ne pouvaient manoeuvrer qu'à la voile ; elles se mirent à dériver par le flanc. Décimus Brutus alors, reprenant courage et ayant sous ses ordres dix navires contre un des Vénètes, les jeta successivement à l'abordage de chacune des citadelles flottantes immobilisées, dont, avec des faux emmanchées ; il parvint à trancher les cordages et à abattre le gréement.

A partir de ce moment, et malgré la défense enragée des équipages Vénètes qui ne pouvaient, faute de vent se porter au secours les uns des autres, ce fut un égorgement sans nom. Les légionnaires romains, embarqués sur les vaisseaux de Brutus, attaquèrent séparément chacun de ces pauvres navires comme des radeaux. Se mettant à vingt contre un, ils massacrèrent les équipages vénètes les uns après les autres, sous les yeux horrifiés des populations accourues sur la côte de Sarzeau, tandis que, de l'autre rive du goulet, montaient les acclamations et les sonneries de trompes des fantassins de César. Toute une suite d'heures atroces. Navire pris après navire pris, le feu achevait l'oeuvre des glaives ; morts, mourants, blessés et survivants brûlaient ensemble comme des torches, cependant que les égorgeurs romains, passant aux bâtiments, poursuivaient sauvagement leur atroce besogne, toujours écrasant sous le nombre chaque équipage ainsi assailli séparément.

Quand enfin le soir tomba, la grande flotte Vénète de deux cent vingt voiles, massacrée et incendiée en détail, n'existait plus et les buccins, autour de la tente de César, sonnaient le salut aux vainqueurs, cependant que les derniers des vaisseaux vénètes achevaient de brûler et de couler tas avec leurs équipages de morts et de mourants.

Le Proconsul s'était jugé perdu ; il avait eu peu. Ses soldats avaient leur Général inquiet et tremblant. Aussi César fut-il impitoyable aux survivants du peuple vaincu. Et il eut le triste courage de résumer en ces termes son verdict de vainqueur impitoyable dans ses "Commentaires", où il parle toujours de lui à la troisième personne : "César fit mourir tout le sénat et vendit le reste du peuple à l'encan".

Epouvantable vengeance à froid contre les vieillards, les femmes et les enfants de ceux qui auraient été •les vainqueurs de la Louve Romaine si le vent ne les avait pas trahis et livrés à leurs adversaires, au moment où ils allaient sauver la Gaule en abattant le conquérant, pris au piège de sa propre conquête. Et tandis que les corps des marins vénètes s'en allaient rouler aux abimes de l'Atlantique, les tristes survivants de ces familles décimées et de cette nation rayée de la vie gauloise partaient en longues colonnes lamentables vers l'Italie, où les trafiquants d'esclaves allaient les disperser aux enchères sur tous les marchés de chair humaine, épars de Rome à Babylone.
Sous le grand soleil d'été, sous les brumes froides d'hiver, le pays vénètes n'était plus qu'un désert. En fait, la Gaule, divisée contre elle-même, était dès lors perdue. Car, il ne faut pas s'y tromper, la défaite des Vénètes contenait en germe, malgré le sursaut de Gergovie la capitulation d'Alésia, de même que dix huit cents ans plus tard, la défaite de Trafalgar allait contenir en germe, malgré le soleil d'Austerlitz, la défaite de Waterloo.

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Cet article reproduit mot pour mot la nécrologie de Marguerite LAYEC [ 7/2/1907 St Gildas - 2/9/1977 Vannes], parue dans le bulletin paroissial de Séné, à l'initiative de l'Abbé Jospeh LE ROCH. 

Le Roch Nouvelles Breves

2 SEPTEMBRE : DÉCÈS DE MLLE MARGUERITE LAYEC, ENSEIGNANTE A KERANNA, CATÉCHISTE ET ORGANISTE DANS LA PAROISSE DE SENE DEPUIS 1930.

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Après un mois seulement de maladie, s'éteignait une figure bien chère à toutes les familles de SÉNÉ: Mlle MARGUERITE LAYEC, enseignante à l'école de KERANNA de septembre 1930 à juillet 1973, catéchiste en 1974 et 1975, organiste à l'église jusqu'au 30 juillet dernier. Très nombreux, les Sinagots, jeunes et anciens (3 générations) se sont relayés pendant près de 3 jours à l'oratoire près du presbytère, pour veiller sur celle qui les éduqua pendant de si longues années. Une foule, celle que l'on retrouve au jour de la Toussaint, a voulu l'accompagner jusqu'à sa dernière demeure, au cimetière même de SÉNÉ. Dans son homélie, Monsieur le Recteur s'est essayé de retracer la vie si remplie de Melle MARGUERITE.

Pierre disait à JESUS : "Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre"; JESUS lui répondit : "En vérité, je vous le dis : personne n'aura quitté, à cause de moi et de l'Evangile une maison, une famille sans qu'il reçoive déjà le centuple en sa vie et, dans le monde à venir, la vie éternelle. " Mes Frères, à voir votre très nombreuse assistance autour du corps de Melle MARGUERITE, n'est-ce pas cette parole du CHRIST réalisée aujourd'hui à SÉNÉ? C'est en effet la très grande famille de ses amis, de ses anciens et anciennes élèves, réunis autour de sa famille propre, une très grande famille qui continue aujourd'hui à l'entourer, comme elle l'a toujours fait depuis tant et tant d'années, et qui est là pour demander au SEIGNEUR, que Melle MARGUERITE reçoive cette récompense, assurément méritée par tous les vrais disciples qui ont mis leur vie au service du CHRIST dans leurs frères. Cette récompense ici-bas, de vivre longtemps, ensemble, et , un jour, la Vie Eternelle.
Vous les parents de Mlle MARGUERITE, et vous, chers paroissiens de SÉNÉ, ses nombreux amis et ses anciennes élèves de l'école de Kéranna, oui c'est bien l'affection, la sympathie, la reconnaissance qui vous réunit cet après-midi comme les frères et soeurs d'une grande famille, à l'occasion des oèques d'une amie de famille. 

Née en février 1907 à Saint-Gildas de Rhuys, Mlle Marguerite a passé toute sa vie au service de l'enseignement chrétien. Tout d'abord institutrice à l'école de Sérent, où elle resta 5 années, c'est ici, à Séné, qu'elle consacra pour ainsi dire toute sa vie. Arrivée à Keranna en Septembre 1930 elle ne devait quitter notre école, pour prendre une retraite bien méritée, qu'en Juillet 1973.

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Le 21 octobre de cette année 1973, beaucoup d'entre vous étaient réunis autour d'elle dans cette église pour une messe d'actions de grâces, à l'occasion de ce dépàrt en retraite.

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Et le Directeur de l'Enseignement Catholique, Mr. l'abbé MOULLAC,disait ceci :

" ...Malgré tous vos mérites, je ne vais pas, Mlle MARGUERITE, prononcer votre  panégyrique [discours à la luange de quelqu'un] , votre simplicité naturelle, votre modestie seraient blessées si je m'attardais à vanter le bel exemple de fidélité de travail et de dévouement que vous donnez. La présence nombreuse de vos anciennes et anciens élèves, celle de leurs familles et de tous vos amis, leurs prières ferventes, adressées au Seigneur à toutes vos plus chères intentions, attestent suffisamment combien ils ont conscience de vous être redevables de leur éducation, et comment ils entendent vous en garder une profonde reconnaissance" .

Et après une réunion dans la joie, à l'école, Mlle MARGUERITE vous remerciait de votre reconnaissance, et elle terminait oar ces mots "A Séné j'ai vécu, à Séné je mourrai. .. "
Nous ne pensions pas que, quatre ans après, son souhait devait se réaliser : revenir parmi ses sinagots ... les rejoindre, mais à travers la mort ... et dans la prière ... et reposer enfin au milieu d'eux, au cimetière de Séné, près des prêtres, des religieux, des enseignants, (ici, je pense à quelqu'un qui, comme elle, donna le meilleur de sa vie à Séné, Mr. Aimé CAPPÉE).
A mon tour, je ne ferai pas le panégyrique de Melle MARGUERITE. Il y aurait tant à dire, non seulement pour ses 47 années données à l'enseignement chrétien, mais aussi pour tout son dévouement à la cause des jeunes, les Bruyères d'Arvor, du théâtre, du chant, de l'orgue (elle était encore à son poste, ici, le 30 juillet dernier), son dévouement à visiter les familles, les malades aussi bien chez eux qu'à l'hôpital ou dans les cliniques. Chacun de vos coeurs se remémore ce que Mlle Marguerite a fait pour son éducation chrétienne ... et cela durant trois générations. Restée fidèle à sa foi, à l'enthousiasme, à l'esprit de service de ses débuts, Melle Marguerite a eu le mérite non seulement d'avoir duré, mais aussi de n'avoir jamais dévié.


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En hommage à Mlle. MARGUERITE, voici deux photos qui la rappelleront combien sa vie a été intimement mélée à celle des SinagotsCi-dessus à Lourdes en 1952, entourant: M. l'Abbé PERON, alors vicaire de Séné, et Mlle Marguerite :

Ier rang en haut, à partir de la gauche : Mme Lucienne PENRU, Mme LODEHO, Mme DORIDOUR, Mme Vve DORIDOUR, Mlle LE FRANC, Jean LE MEITOUR, Emile NOBLANC du Goanvert

2ème rang: Mme Pascaline DOUARIN, Mme LE RAY, Mlle Alphonsine NOBLANC, Mlle Philomène SAVARY, Mlle LAYEC, Mme Emile NOBLANC, Mme Léon GREGAM de Montsarrac

3ème rang : Soeur Sophie BARO, Mme PIERRE, Mlle MIRAN, Clothilde BOCHE, L'abbé PE­RON, Mme PIERRE, Mlle DORIDOUR, Mlle MIRAN, Soeur PIERRE.

Et c'est ensemble que nous prierons à cette messe pour elle ... que nous demande­rons au Seigneur, par l'intermédiaire de Notre Dame, Saint Patern, Sainte Anne de nous guider comme elle, aux sentiers de vie, et de nous ouvrir un jour sa maison .

Un an plus tard, paraissait dans le bulletin paroissial cet autre article en souvenir de Mlle Marguerite :

SOUVENONS-NOUS !

Voici un an déjà déjà. que nous a quitté Ma­demoiselle LAYEC , mieux connue sous le prénon de Mlle MARGUERITE.. Parmi nous elle a vécu, connaissant et aimanttous. Son don d'elle-même aux autres dans l'enseignement, ses multiples services, ses visites aux familles sinagotes, sa présence dans le domaine musical à la paroisse lui ont valu l'estime de tous.

Elle a désiré rester parmi ses Sinagots en partageant leur champ de repos éternel. Ayons parfois pour elle une pensée, une prière ou une fleur. Car, savez-vous qu'elle a dédié à tous ses amis dans les années 50, surl'air de "La Paimpolaise" ce chant, dont nous sommes les heureux héritiers, et que voici  :

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Un autre article parut à son sujet :

Marguerite Layec est née en février 1907 à Saint-Gildas de Rhuys et est morte à Vannes le 2 septembre 1977. Elle est enterrée dans le cimetière de Séné.

D'abord institutrice à Sérent pendant cinq ans, elle vint ensuite à l'école Sainte-Anne en septembre 1930 où emme restera jusqu'à sa retraite en 12/9/73 soit 43 ans. Tout en étant enseignante et catéchiste à l'école, elle assumait la fonction d'organiste de la paroisse et s'occupait des loisirs des jeunes filles. En classe où elle enseignait avec tout son savoir de pédagogue, elle apprenait aussi à ses élèves à mieux connaître Dieu, le Seigneur. Elle préparait les filles à la 1ère communion, aux processions de Fête-Dieu ou l'on jonchait le sol de pétales de fleurs. Elle apprenait également le chant aux enfants et avait formé une chorale qu'elle accompagnait à l'harmonium. Avec ses anciennes élèves devenues grandes, elle préparait des séances récréatives : rondes de petits, danses rhytmiques des moyennes, ballets et pièces de théâtre pour les autres. Le dimanche, avec les jeunes filles, elle organisait des visites pour mieux connaître la Bretagne. Les jeunes filles ont formé les Bruyères d'Arvor puis la Jeunesse Agricole Chrétienne Féminine, JACF, toujours sous la conduite de Mlle Marguerite, aidée alors par l'abbé Poëzivara. Elle rendait visite aux familles sinagotes et accueillait les nouveaux arrivants. Elle a composé "la chanson de Séné" sur l'air de la Paimpolaise et a laissé un excellent souvenir dans le coeur de plusieurs générations de Sinagots.

 

 Le complément de wiki-sene : "Nul ne guérit de son enfance" Jean Ferrat.

L'examen de son acte de naissance recèle peut-être le "secret" de Marguerite Pauline LAYEC. Lorsqu'elle nait le 7 février 1907 à Saint-Gildas de Rhuys, elle est la fille de Marie Ernestine LAYEC, sa mère et de son père, Jean Marie Eugène QUATREVAUX [5/71877-10/11/1915], capitaine au long cours.

1907 LAYEC Marguerite mention

Cependant, une mention marginale indique que par un jugement du 3 juillet 1907, le Tribunal Civil de Vannes, reconnait à M. Quatrevaux, sa non-paternité sur cet enfant, né d'un adultère, sans doute était-il en mer...

Marguerite Pauline QUATREVAUX, prend dès le nom de jeune fille de sa mère, et devient Marguerite Pauline LAYEC. Sa mère divorcera et se remariera le 21/2/1911 avec Jean Louis LE TEXIER [1880-1976] dont elle aura un fils, Jean [1912-2014]. M. Jean Marie QUATREVAUX se remariera avec Jeanne Angèle DURAND le 25/8/1913 avant de disparaitre en mer en novembre 1915. Il étati à bord du vapeur Boileau au départ de Swansea avec une cargasion de charbon et à destination de Nantes. Aucun sous-marin n'a revendiqué avoir coulé le Boileau. Jean Marie Quatrevaux ne fus pas déclaré mort poour la France.

Cette identité tourmentée est sans doute à l'origine du célibat de Mlle Marguerite et de son dévouement pour les autres.

 

 

En fouillant sur le site Gallica-BnF et avec quelques mots clefs de recherches bien choisis (on ne divulguera pas lesquels) on finit par trouver, avec un peu de chance et d'attention, les références d'un livre de l'écrivain, Eugénie-Caroline Saffray, dite Raoul de Navery [Ploërmel 21/09/1829 - La Ferté-sous-Jouarre 17/05/1885].

Raoul de Navery BNF Gallica

Ce recueil intitulé Récit consolants, publié en 1860, rasemble des nouvelles et des anecdotes, dont une, nous dresse le portrait d'un marin sinagot. Découvrons qui il était. [Texte original enrichi et illustré].

Les habitants de Dinan ont pu remarquer en se promenant dans les rues de la ville, un matelot aux allures martiales, dont la poitrine est toute constellée de décorations. Ce noble champion de nos armées navales se nomme Julien TREHONDART [12/3/1816-5/2/1859]: c'est un enfant de notre vieille Bretagne, né à Séné, près de Vannes, comptant 33 ans de navigation [mousse à l'âge de 9-10 ans], 11 au services de l'Etat, et 42 ans d'âge. [texte écrit en 1858 à son retour de Crimée]
Fils aînée d'une pauvre veuve chargée de neuf enfants, Julien TREHONDART voulut de bonne heure aider sa mère et il embrassa la carrière maritime.

Sa mère, Marie NOBLANC [16/9/1787-16/12/1848] était mariée à Julien TREONDART [12/10/1784-20/6/1832] et la famille vivait de la pêche à Montsarrac. Après son mariage en le 20/1/1814, elle eut 8 enfants, dont deux morts en bas âge.

En 1835, à 20 ans, il était reçu maitre cannonier à bord de la Jeanne d'Arc; en 1836, il passait en la même qualité à bord de Vénus, commandant Dupetit-Thouars, faisant preuve en tous lieux d'un ardent courage.

Navire Le Vénus : Une frégate de 52 canons type Vénus (1823 - 1846) construite à Lorient à partir de février 1820. Mise à flot le 12 mars 1823, elle participe la même année au blocus de Cadix. En 1824, elle fait campagne au Sénégal, en Guadeloupe et à Saint Pierre et Miquelon. En 1825, 1827 et 1828, elle est aux Antilles. En 1828, elle part de Brest à Toulon, puis est à Navarin et dans l'archipel grec, et rentre à Brest l'année suivante. En 1830, elle retrouve la Méditerranée pour l'expédition d'Alger, armée en flûte. Refondue en 1824, elle effectue du 29 décembre 1836 au 29 juin 1839 un voyage autour du monde (Valparaiso, Callao, Honolulu, Kamchatka, San Francisco, Marquises, Tahiti, Australie, Bourbon, Ste Hélène) sous le commandement du CV Abel Aubert du Petit-Thouars (1793–1864). De retour en France, elle servira comme école des apprentis canonniers à Toulon (1840-41), avant d'être condamnée en septembre 1846, elle sert alors de ponton-dépot de charbon à Gorée sous le nom d'Utile. (Caractéristiques : 52 x 13 m ; 10 nds ; XVIII.24 + XXII.caronades.24 + II.18).

[vérifier aux SHD de Lorient si Trehondart est de cette expédition]

Quand la guerre d'Orient éclata (en 1853)  Julien TREHONDART était déjà décoré de trois médailles de sauvetage (deux médailles d'argent et une médaille d'or, décernées en 1845, 1846, 1851), récompenses conquises au péril de sa vie, en retirant plusieurs individus des flots et des flammes.[incendie dans des bateaux équipées de chaudières à charbon]  Il s'embarqua pour la Crimée avec trois de ses frères, courageux comme lui, dont deux sont morts aux tranchées à ses côtés, devant Sébastopol.

Sur sa fiche d'inscrit maritime, on note qu'il effectue plusieurs mission sur des navires de la marine impériale. Il embarque en mars 1854 sur l'aviso vapeur Le Tonnerre; puis sur le Liamone; il est ensuite sur la corvette Le Chaptal et sa dernière mission est effectué sur Le Donawerth.

Donawerth navire

Le Donawerth

Les registres de l'état civil de Séné font apparaitre 3 garçons Trehondart : Julien,  Pierre Marie [21/9/1817 - marié en 1847 - ??] et Jean Marie [6/10/1824-26/4/1859] décèdé à bord de La Sané le 11 mars 1856 sans doute de maladie et son corps jeté à la mer....(Lire l'article sur la guerre de Crimée). Pierre Marie a dû être mobilisé en Crimée ( aller véfieri au SGD de Lorient).

Julien TREHONDART s'est battu comme un lion : il a reçu onze blessures, a deux fois été prisonnier. Il est rentré il y a huit mois en France avec la croix de la Légion d'Honneur, la Croix de l'Ordre de Medjidié, la croix d'Isabelle d'Espagne, la croix de Saint-Grégoire Le Grand, une ceinture d'honneur en or et ses trois médailles. Les quatre frères Tréhondart [il ne serait que 3 selon l'état civil de Séné], nous a-t-il dit, possédaient entre eux vingt-quatre décorations. C'était une famille de héros.

1859 Trehondart Legion

Trehondart decoration

Les décorations : la Légion d'Honneur est stipulée sur son acte de décès. Le sultan Abdulmécit 1er créa la Croix de Mejjidié largement isnpiré de la Légion d'Honneur Française. La croix Isabelle d'Espagne, la Catholique est un ordre institué en Espagne en 1815 par Ferdinand VII, pour récompenser ceux qui avaient défendu ses domaines d'Amérique.[rechercher ]. L’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand est une décoration accordée par le Saint-Siège (Vatican), à titre civil ou militaire. Fondé le 1er septembre 1831 par le pape Grégoire XVI en l'honneur du pape Saint Grégoire. [rechercher] Ces deux décorations pourraient être liés aux sauvetages auxquel TREHONDART s'est illustré...

A la fin de la campagne de Crimée, il reprend la navigation sur la Victoire Rosalie avant de "rentrer au  pays de Séné" où il devient pêcheur sur l'Impératrice Eugenie.

Un des regrets de TREHONDART est de ne pas savoir lire. "Ah s'écriait-il un jour en présence d'un des plus célèbres officiers de la flotte, si j'avais su lire et écrire comme vous, monsieur, j'aurais voulu devenir amiral comme vous!..."

1859 Trehondart noyade

Julien TREHONDART se maria à Séné le 20 juillet 1841 avec Julienne LE GREGAM [27/152/1819-25/9/1880] dont il eu au moins 3 enfants : Pierre Marie (1842), Jeanne (1844) et Louise (1847).  L'article ci-dessus nous relate que lui et sa fille Marie Jeanne TREHONDART [5/6/1844-9/3/1859] périent en mer à cause d'un coup de vent le 31 janvier 1859 près de La Garenne et Montsarrac. Le corps du père fut retrouvé le 5 février près de la Garenne et celui de sa fille, le 9 mars près de Brouel.

Si Julien ne savait pas lire, il ne savait non plus nager comme un grand nombre de marins de cette époque.

 

 

 

 

Cassini Boed Boedic

Les géographes savent figer le temps sur leur cartes. Au temps de Cassini, on trouve sur l'île de Boëd une chapelle et sur la côte nord plusieurs oeillets de salines sont figurés.

Cependant, la présence humaine sur cette terre date du temps des mégalithes. En effet, sur l'île de Boëd, autrefois rattachée au continent, furent élevés des dolmens dont il nous reste quelques vestiges (Lire article par Archéologie). On peut voir au Musée Gaillard, une hache en fibrolite retrouvée sur Boëd.

Hache polie Fibrolite Séné

Boed 1680 1700 St Vital

C'est sans doute pour effacer ces rites druidiques de la mémoire des habitants, que fut érigée sur Boëd une petite chapelle. Cette carte datée de 1771-1785, le situe par un carré rouge comme elle indique l'emplacement des mégalithes par deux croix rouges, l'une sur la butte du Petit Bout et l'autre à l'ouest de l'île.

1771 1785 Boed Peit Boul

Etymologie : Le vice-amiral Antoine-Jean-Marie Thévenard [Saint-Malo 7/12/1733-Paris 9/2/1815] donne une étymologie aux mot boëd dans ses Mémoires Relatifs à la Marine Tome II édité en l'an VIII.

Boed Boedic Etymologie

Voici ce que dit, dans son dernier ouvrage publié en 1847, François-Marie Cayot-Délandre (13/3/1796 Rennes-7/9/1848 Vannes) de la Société Archéologique du Morbihan, à propos de la chapelle et des vestiges de mégalithes: 

De ce point de la côte du Morbihan à l'île de Boued, qui fait partie du territoire de Séné, il n'y a qu'une fort petite distance, qu'on peut franchir à marée basse en passant sur une digue ou chaussée établie pour faciliter les communications entre cette petite île et le continent. Une antique petite chapelle ogivale se voit de loin sur cette terre dépouvues d'arbres; elle n'offre aucun intérêt sous le rapport de l'art; elle est remarquable seulement par sa position au milieu des monuments druidiques, dont les vestiges, malheureusement très incomplets, suffisent cependant pour témoigner de l'importance qu'ils durent avoir.
Au nord-ouest de la chapelle et sur le sommet pierreux d'un mamelon, se voient les débris d'un dolmen placé au centre d'un cromlech, dont le cercle est encore assez bien tracé pour qu'on puisse le distinguer. La position de ce monument sur un monticule dont le pied est battu par l'océan, indiquerait seule l'importance de ce coin de terre sour le rapport de l'exercice du culte druidique; mais cette importance s'accroit encore par la présence d'autres monuments du même genre placés à l'extrémitié opposée de l'île, au sud-ouest de la chapelle, où se trouvent deux mamelons, dont le plus rapprochés présente un dolmen bouleversé, et l'autre trois monuments de même espèce, pour ainsi dire contigus, mais dans un état de ruine complète.

1801 Boed cadastre

Le relevé du cadastre napoléonnien de 1810 montre une multitude de parcelles traduisant une longue présence humaine et des successions de propriétaires. Pourtant, l'île ne compte qu'une métairie et les ruines de l'ancienne chapelle Saint Vital. (Lire article dans Eglises é chapelles). Au nord est de l'île, plusieurs oeillets de marais salants.

1841 Boed famille

Lors du dénombrement de 1841, on ne recense aucun paludier sur Boëd, indiquant que les salines sont entretenuent par quelqu'un du continent. 

François LE FRANC, né à Boët, et son épouse Jeanne LE GUILLANTON, sont établis dans la 1ère métairie de l'île de Boëd.

Boet Lefranc.ppg

En consultant les registres de l'état civil, on peut reconstituer la généalogie de François LE FRANC. Ainsi, son père Louis LE FRANC, natif de Cariel, s'est marié en 1781 avec sa première femme, Perrine LE FLOCH, tous deux habitant Séné sans plus de précision. Leur premier enfant, Jean LE FRANC qui nait à Boëd le 28/5/1782, permet d'éstimer que les Le Franc s'établirent sur Boëd au plus tard vers 1781-82 et que leur venue sur l'île n'est pas liée à la Révolution Française.

1810 LE FRANC Pierre Marie

Son frère, Pierre Marie LEFRANC, est "arrivé au corps" le 23/11/1808 au sein du 75° Régiment d'Infanterie de Ligne de la Grande Armée de Napoléon 1er. Il moura de fièvre (typhoïde?) à Palencia en Espagne en 1810.

1845 Boed batis

Le relevé cadastral de 1845, précise le contour des oeillets des marais salants et situe à nouveau la chapelle et la métairie occupée par les Le Franc. La comparaison des dates de naissances de leur deux derniers enfants morts en bas âge, Patern LE FRANC en 1848 et Patern LE FRANC en 1855, permet de dire que la famille Le Franc quitta l'île de Boed pour s'installer à Moustérian comme cultivateur. 

1ère maison, métairie de cultivateurs : Louis LE FRANC [1782-1831] ->François LE FRANC [1831-1855]->

1844 Boed paludier

Paludier breton

Entre 1848 et 1860,  les tables annuelles des registres d'état civil incluent l'indication du village de naissance ou de décès. Ainsi est-il plus aisé de repérer la famille de Julien MONFORT [8/01/1815-1/05/1904] et Marie Vincente LE GALLIC [1817-24/6/1875], établis comme paludiers sur l'île de Boët. La naissance d'un enfant mort-né le 1/08/1839, nous apprend qu'ils étaient originaires du village du Gohavert. Leur premier enfant nait sur l'île de Boët le 13/11/1840, (après le passage de l'officier en charge du resencement),  et leur septième enfant, Jeanne Marie nait à Boët le 3/5/1853. De cette époque doit dater la constructionde la 2° maison sur Boëd, occupée par des paludiers et ensuite par des cultivateurs.

1859 RICHARD Pierre Paludier Boet

On repère également l'acte de naisance de Vincent Marie RICHARD né le 13/7/1859 et dont les parents, Pierre RICHARD et Michelle LE LAN, sont paludiers à Bouet. Leur autre enfant Michelle RICHARD nait à Billerois alors que ses parents sont journaliers sur les salines. Ils reprendront donc les salines de Bouet au départ des Monfort. Michelle épouse le 10/9/1882 Pierre Marie LE RAY mais elle déclare déjà la profession de cultivatrice, confirmant l'arrêt de la saliciculture à Boëd.

2° maison : salines de Boëd : les Monfort (1840-1855) puis les Richard (1855-1880)

1901 Boete

Le dénombrement de 1901 indique la présence de 2 familles de cultivateurs établis sur Boëd : la famille MALRY x Savary qui emploie leurs neveux, Jeanne Louise et Arsène MALRY et la famille LE RAY x Richard.

La généalogie de Vincent Marie MALRY nous renseigne sur la date d'arrivée des Malry à Boëd. Lui (16/4/1859 Boët) et son frère Jean Louis MALRY (3/06/1857 Boët) sont nés sur l'île. Leur soeur Julienne Marie, quant à elle nait à Vannes le 1/2/1854 comme l'ainé de la famille Jean Marie le 1/7/1852. Ainsi,, leurs parents, Patern MALRY [4/1/1828-14/1/1879] et sa première épouse Marie Vincente BOTHEREL [8/9/1824-17/1/1871], originaires de Vannes, s'installent comme cultivateurs sur l'île de Boëd à la suite du départ des Le Franc vers 1855.

1911 Boet Malry Arsène

1906 MALRY Arsène MORIO

Au décès de Vincent Marie MALRY, son neveu, Arsène Louis Marie MALRY [18/4/1882-7/10/1915] reprend l'exploitation. En 1906, lors de son mariage, il est sur Boëd et lors du dénombrement de 1911, il est pointé aec son épouse et son fils. Arsène MALRY, Mort pour la France, décèdera à Tahure pendant la guerre de 14-18. (lire page Centenaire)

1ère maison, métérairie de cultivateurs :

Louis LE FRANC [1782-1831] ->François LE FRANC [1831-1855]->Patern MALRY [1855-1879]-> Vincent Marie MALRY [1880- ca1905 ]-> Arsène MALRY [ ca1905-1914]

La généalogie de Pierre Marie LE RAY [ 9/9/1846-24/5/1911] nous renseigne sur la date de leur établissement à Boëd. Lors de son mariage, le 10/9/1882, sa future épouse, Michelle Marie RICHARD [23/8/1856 -? ]déclare être cultivatrice à Boëd. Leur 1er enfant, Ange Mathurin LE RAY [11/6/1883-31/12/1902] nait sur l'île où il décède enfant. 

2° maison : les Monfort (1840-1855), paludiers puis les Richard (1855-1880), paludiers puis les Le Ray, cultivateurs.

1906 Boed Gouello

En 1906, Frédéric GOUELLO, gardien des parc à huîtres, vit également sur l'île dans la tour de Ténéro (Lire l'histoire complète de la Tour Tenero). On retrouve ces 3 familles au dénombrement de 1911. 

1921 Ile Boete

Après la première Guerre Mondiale, il n'y a plus de gardien sur la tour de Tenero. Edouard LACROIX, ancien paludier de Michotte et son fils, Célestin LACROIX [11/11/1891627/05/1930] cultivent les terres de Boëd, comme nous l'indiquent les dénombrements de 1921 et 1926.

1931 Boed

Le dénombrement de 1931, montre que Mme Marie Rose GUILLEMET, après le décès de son mari Célestin, continue de cultiver des teres à Boëd. La métairie de son beau-père est quant à elle reprise par Jean Marie LE VAILLANT [8/6/1877-1934].

LE VAILLANT métaire

1936 Boed

Les dénombrements de 1931 et 1936, nous indiquent que ce sont les LE VAILLANT qui travaillent les terres de Boëd mais aussi Boëdic. Mme DREAN veuve LE VAILLANT [2/12/1878-29/12/1962] et ses enfants Marie Thérèse, Julien Marie et Marie Josèphe sur Boëd; Joseph Julien Marie, Anne Marie sur Boëdic avec un domestique.

1936 Le Vaillant

Le 20 octobre 1936, Mme Jeanne Marie DREAN, veuve LE VAILLANT, marie le même jour à Séné, quatre de ses quatre enfants (Lire article sur les noces).

VAILLANT Germaine néee Suzineau 2

La barque à la rame était le moyen de gagner le continent à marée haute. A marée basse, un gois réapparait sur l'estran et permet de gagner l'île à partir de Cadouarn, pour des promenades ou accéder à la plus belle plage de Séné. Avant guerre, il y avait un deuxième pasage à marée basse pour les charettes aujourdh'ui perdu dans la vase comme il existait un gois qui permettait de rleier les deux îles Boëd et Boëdic.

Boed gois

Gois piéton entre Cadouarn et Boëd

1771 1785 SENE Boed Gois

Franchir le passage n'était pas anodin pour une population qui ne savait pas nager et à cause des vasières où l'on pouvait s'enfoncer. Plusieur noyades en témoignent : 

1790 PIERRE Louis Bouette

Ainsi le 5 juillet 1790 est inhumé à Séné, Louis PIERRE [1/01/1780-4/07/1789], noyé le jour précédent au passage de l'île de Bouëte.

1845 PALUD Jeanne Boed

Le 21 mai 1845 on retouve le corps de Jeanne PALUD [3/10/1798-21/5/1845], femme de Jopseh NIO, noyée à l'île de Bouët.

En 1939, Julien Marie LE VAILLANT |18/3/1913 -5/06/1939] qui vit sur Boëd rend visite à son frère Joseph qui demeure sur Boëdic. En rentrant, il s'envase sur un passage qui relie les deux îles à marée basse. On retrouvera son corps au Badelle lendemain.

Après guerre, l'île a accueilli d'autres constructions puisque en plus des 2 métairies agricoles, il existe aujourd'hui sur l'île 3 autres habitations (lire page Découvertes-Balades).[rechercher les dates de construction]

Boed métaire maison plage

Dans les année 19xx, le Conseil Général du Morbihan achète 32 ha de terres sur la point du "Peti Bout" sur un total de 48 ha que compte l'île de Boëd. Cette partie orientale de l'île constitue un "espace naturel sensible" malheureusement dans un état écologique médiocre.

DSC08133

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A contrario de sa grande soeur, l'île de Boëdic n'a révelé aucun vestige de mégalithes après des fouilles.

Cassini SéIles Boed Boedic

La carte de Cassini témoigne de la présence sur Boëdic d'une chapelle.

1771 1785 SENE Boedic

Cette vieille carte datée de 1771-1785, confirme la présence d'une chapelle à l'extrémité nord-ouest de l'île comme une "Maisson de Boëdic".

Rollando (Séné d'Hier et d'Aujourd'hui) nous dit qu'en 1655-1656, un procès est enregistré par le Présidial de Vannes [retrouver le document aux AD] pour un différent entre le sieur de Boëdic, le noble homme Rolland BONNEFOY sieur de Couedic et de Kergoual,  Substitut du Procureur du Roi au siège des eaux et forêts de Vannes, et Guillaume Yhanno, au sujet de dégradations commises en la chapelle et principale maison de Boëdic, ainsi qu'au jardin de la maison. Plus tard, les terres de Boëdic appartennaient à l'abbé Ragat de Vannes (1723) puis au chevalier de Moncant (1723-1742).

1889 06 Boedic Moines

Cet article de presse, certes daté de 1889, laisse entendre au lecteur que l'île aurait abrité des moines et une petit "monastère". La présence de moines à Boëdic est donc plus que certaine avant la Révolution.

1810 Boedic cadastre

Le cadastre de 1810 ne mentionne plus la chapelle. Il semble qu'après le départ des moines, le batiment fut transformé en poste de garde des douaniers, à l'entré du goulet de Conleau, point stratégique pour guetter les bateaux allant vers le port de Vannes. Cette vieille chapelle sera dotée d'un four à pain avec une cheminée. (Lire article dédié "Petit Patrimoine). L'île compte également une belle demeure, surmontée d'une tourelle qui lui vaut le nom de château. Plus à l'est, la maison du fermier qui aurait abrité les moines.

En repassant patiemment les actes sur les registres de l'état civil, on finit par trouver une certaine Mathurine LE PORT décédée sur l'île de Boedic, le 7/06/1803. Avec l'aide de site de généalogie, on arrive à raccrocher cet enfant mort en bas âge à la famille de François LE PORT [26/9/1769 Grand Champ - 6/02/1863 Vannes] marié à Séné le 15/10/1796 avec Mathurine TATIBOUET [11/4/1777 Arradon - ??], tous deux cultivateurs sans que l'on sache si ils sont déjà établis à Boëdic. Toujours les registres, nous indiquent qu'ils auront plusieurs enfants tous nés à Boëdic : Jacques (11/5/1797), François (7/4/1799), Louise (12/4/1800) Mathurine (25/8/1802), Mathurine (7/06/1803) indiquant que sa soeur est morte en bas âge et Julien Jean (29/09/1809).

La famille LE PORTxTatibouët laisse place aux cultivateur Mathurin LE BIHAN [9/4/1781 Arradon - 11/2/1849 Arradon] et son épouse Françoise LE CALO [21/6/1781-5/03/1859 Moréac] qui met au monde un enfant, Vincent Marie [25/10/1812 Boëdic -22/02/1884 Kerguen Arradon] puis son frère Mathruin Joseph (21/1/1819) à Boëdic. Les Le Bihan restèrent sur Boëdic entre 1812 et 1820.

1844 Boedic

Le cadastre de 1844 montre tout près de la métairie un grand jardin cloisonné de 8 parcelles de terres. La douceur du climat à Boëdic explique sans doute la permance d'un jardin (potager) sur ces terres insulaires à quelques encablures du port de Vannes, attesté dès 1655 (voir c-dessus) et qui perdurera jusqu'au jardinier ROPERT (dénombrement de 1926).

1841 Boedic

Le dénombrement de 1841 nous donne le nom du jardinier, en fait une jardinière, en la personne de Mme Perrine LE CORF [20/1/1794-28/5/1876 Vannes], veuve de Jean Baptiste JEFFRO ou JEFFRAU [1803-29/7/1840 Boëdic]. Mme veuve JEFFRO, entretient le grand jardin de Mme Marie Louise Joséphine QUIFISTRE DE BAVALAN [1836-26/10/1886 Berric], (dont le père fut maire de Vannes entre 1830-32), propriétaire de l'île avec son mari oseph de GOUELLO du Timat [Bath, 22/9/1811- oct/1881 Vannes] (Source Camille Rollando). La famille JEFFRO est installée à Boëdic depuis au moins la naissance de leur fille Marie Josèphe JEFFRO [30/11/1831 Boëdic -12/11/1867 Vannes_H].(Louise le 14/2/1835).

1857 LE GUILLE Boedic

Cet acte de naissance de de Jeanne Marie LE GUILLE [21/8/1857] indique que son père Julien LE GUILL [1822-1904] et son épouse Marie Jeanne LE ROHELLEC, sont les jardieniers à Boëdic. Un autre LE GUIL, Jean Pierre était le grand-père de P'tit Jean, le passeur de Conleau [lire histoire des passeurs]

En 1863, une bande de copains érige la statue du moine Saint-Antoine. [Lire article Chronique-Petites Histoire) rappellant le passé monacal de l'île.

En 1873, la Société des Régates de Vannes organise pour la première fois une petite course autour de l'île de Boëdic le 2 juin, lundi de Pentecôte. Le programme est annoncé dans le Journal de Vannes du 24/5/1873 :

"Les canotiers vannetais remercient les souscripteurs qui se sont intéressés à leur oeuvre. Leur bienveillant concours permettra de distribuer bon nombre de prix aux vainqueurs. Des musiciens amateurs se sont gracieusement joints aux canotiers pour égayer la fête. Au programme : départ de Vannes à neuf heures, annoncé par l'artillerie des régates. Les mucisiens, placés à bord d'un des bateaux de plaisance, exécuteront à deux heures. Le retour aura lieu vers sept heures du soir. Les bateaux se formeront en ordre au Pont-Vert pour faire leur rentrée dans le port. La musique jouera. Les personnes désireuses de se rendre à Boëdic trouveront, dès neuf heures, au quai, de nombreux bateaux pour les y transporter. Les canotiers prendront à la chaussée de Roguédas, les amateurs qui voudriaent passer à Boëdic."

Les régates dites de Boëdic perdureront jusqu'aux années 1890 avant de se fondre avec celles de Conleau. (Lire articles sur l'histoire des Régates de Vannes").

1885 04 25 Boedic noyade LE GUIL JF

Cet extrait d'acte de décès nous indique qu'en 1885, Jean-François LE GUIL, natif de Berric est jardinier à Boëdic aux côtés de son frère Julien LE GUIL. C'est leur père François LE GUIL [1792-1865] qui est veur prendre la succession des Jeffreau comme jardinier à Boëdic.

1888 03 22 Boedic vente

Lors de la succession des Quifistre de Bavalan, l'île de Boëdic est mise en vente en mars 1888 et sera achetée par Louis PANCKOUKE. Louis Fleury Arthur PANCKOUCKE [6/8/1831 Meudon - 23/2/1893 Paris], est éditeur de presse, dont le Journal de Vannes, petit-fils de l'éditeur de l'Encyclopédie de Didérot,. Il est aussi propriétaire du manoir de Roguédas qu'il a racheté en 1867 à la famille Avrouin-Foulon qui a fait faillite.(Lire article Faille Avrouin-Foulon). A sa mort, son fils Charles PANCKOUKE en hérite.

Boedic chapelle cheminée

Cette photographie NB a l'avantage de réunir sur une seule vue, à gauche le "chateau" près de la cale de Boëdic, au centre le manoir et à droite l'ancienen chapelle, flanquée de son four à pain sur son aile nord.

Boedic COLOR batis

Vue de l'île de Boëdic depuis Roguedas en Arradon. Carte postale David-Vannes

Plan des Ponts et Chaussées datant de 1897 représentant la cale de lîle de Boëdic

Vers 1897, la cale de Boëdic est rallongée de 2.6 m sans que l'on sache dater sa première construction. M. Passot, plus tard, y fera d'autres travaux.

162550673

La famille PANCKOUKE est à l'origine du joli manoir de Boëdic, construit avant la fin du XIX°siècle.

1901 Boedic

Au dénombrement de 1901 et à celui de 1906, la famille BRUNEAU est installée comme cultivateur à Boëdic.1911 Boedic Benvel

En 1911, c'est la famille BENVEL qui cultive les terres de Boëdic. En janvier 1919, les frères PASSOT, industriels parisiens achètent l'île .

1928 Garage PASSOT

Narcisse Emile PASSOT et son frère Pierre Emile PASSOT dirigent un garage à Paris. Il réhabilitent la chapelle en 1923-24, (Lire article dédié aux chapelles de Séné). Leur autre frère, Narcisse Marie PASSOT, abbé y célèbre quelques messes, comme en témoigne cette vieille carte postale. Les passeurs de Conleau assurent le transport des fidèles.

1924 Boedic messe

22 Ile Boedic

1926 Boedic

Au dénombrement de 1921, la famille LE GAL est établie sur Boëdic. Elle est encore présente en 1926 aux côtés de la famille ROPERT qui est jardinier sur l'île. Leur fils, Pierre ROPERT se distinguera durant l'été1944 dans la résistance.

1936 Boedic

Courant des années 1930, la famille LE VAILLANT qui cultive des terres à Boëd, travaille également une propriété à Boëdic, comme nous l'indique le dénombrement de 1936.

Camille Rollando nous donne les propriétaires successif de l'île :

5/1936 Marc BOYER

10/1940 : LE HIR et MARCHAL

5/1941 J.M. LE GUILLOU

1962 Boedic

En 1947 ou 1949 Bernard et Paul Claude GOUPY, originaires de la Mayenne, achètent l'île et s'installent comme ostréiculteurs. Paul-Claude est pointé par le resencement de 1962. Bernard, vit sur Conleau. Très bricoleur, il avait construit une petite centrale électrique avec une éolienne qui alimentait une série de batteries. En récoltant l’eau de pluie, les Goupy pouvaient ainsi vivre en autarcie.

Goupy Bernard St Antoine

Bernard GOUPY derrière la statue de Saint-Antoine.

Le cinéma débarque à Boëdic...

1979 Le Cavaleur Nicole Garcia

1979 Le Cavaleur estran

1979 Le Cavaleur manoir

En 1979, le réalisateur Philippe DU BROCA tourne quelques scènes du film "Le Cavaleur" avec Jean Rochefort.

13 03 Boedic Metzner1b

En 2011, les héritiers de Beranrd GOUPY décédé  en 2007, vendent l'île de Boëdic à Olivier METZNER [1949-2013-Séné). L'avocat entreprend une large rénovation des différents batiments de l'île. En mars 2013, maître METZNER décide de mettre fin à ses jours. Il est retrouvé noyé au bord de l'île.

 Longère Boëdic Travaux

Longère dites "le château" avant et après sa restauration

Manoir Boedic 2

Manoir de Boëdic

Boedic metairie

Métairie de Boëdic

Latouche Christian FIDUCIAL

Depuis 2015, l'île appartient à Christian LATOUCHE, homme d'affaires français à la tête du groupe FIDUCIAL.


boedic restaurée

 

 

Bulletin bandeau Haut

3. DU MOYEN-ÂGE A LA REVOLUTION

Séné continue bien d'exister au Moyen-Age. Des Seigneuries s'y établissent, vassales du Comte de VANNES ( Cantizac, Quentifiac, Surzon, Lestrénic ). Mais du Vème siècle jusqu'à la RévolutioN, l'histoire de Séné se confond surtout avec celle de la Paroisse.

Dans Son "Histoire du Diocèse" (P. 50), l'abbé LE MENE écrit que Saint Patern, ayant été moine, était toujours resté attaché à l'ordre monastique. Il éleva donc un ermitage à une petite distance de sa ville épiscopale, entre Trussac et Conleau. Mais, on peut avec autant de raison supposer que ce fut à Séné, village gallo-romain qui portait a lors le nom de Sénac. (1) "C'est là que le saint évêque aimait à se retirer dans les moments disponibles que lui laissaient la prédication de l'Evangile, l'administration des sacrements, la prière publique et la visite du Diocèse".

C'est pour cette raison que l'église paroissiale de Séné se trouve placée sous le vocable de Saint Patern, premier évêque de Vannes en 465, et que son vitrail principal, au centre du chevet, le représente. Pour expliquer ce fait, il faut supposer que ce territoire, probablement démembré à une date inconnue de la vaste paroisse de Saint-Patern de VANNES, portait, avant son érection en paroisse, au lieu choisi pour siège du nouvel établissement, une chapelle déjà sous le vocable du Saint.

D'où deux hypothèses : Si la paroisse de Séné est un démembrement de la paroisse de Saint-Patern de VANNES, son érection serait antérieure au XIème siècle, Si elle constituait une section ou trève de cette paroisse, elle serait postérieure.
Bien plus tard, la Paroisse de Séné fut annexée au Chapitre de la Cathédrale de VANNES par une "bulle" du pape Nicolas V du 23 septembre 1451, mise à exécution le 22 janvier 1453 par l'évêque Yves de Pontsal. Les Recteurs ne perdirent point leur titre pour devenir des "vicaires perpétuels", mais ils virent, à partir de cette date, les chanoines recueillir les deux-tiers des gros fruits de la Paroisse. Il fut établi que l'autre tiers leur serait laissé, ainsi que la jouissance du presbytère pour leur tenir lieu de. "portion congrue" ou part de bénéfice. Outre ce tiers des dîmes levées à la 33ème gerbe dans toute l'étendue de sa paroisse, le Recteur de Séné percevait seul les "novales" à la 36ème gerbe, et même sur les sels. Ce dernier privilège continua beaucoup à augnenter ses revenus. Aussi, vers le milieu du XVIIIème siècle, abandonna-t-il son tiers de dimes ordinaires pour se contenter d'une pension annuelle de 300 Livres. Sur le territoire de Séné, il n'y avait que peu de terres défrichées ; par suite, la grosse dime n'avait qu'une médiocre importance. Les"novales" la surpassaient de beaucoup. Mais les salines formaient, avec la pêche, une des principales ressources de la fortune de la Paroisse, surtout depuis que, pour fournir à l'entretien du bas-choeur de la Cathédrale, le roi avait, en avril 1721, afféagé au Chapitre une étendue considérable de terre à Brouël, sur le bord du Golfe du Morbihan. A partir de 1725, on y fit plus de 3000 ''oeillets" de salines. Quand le tout fut en plein rapport, les revenus annuels du Chapitre s'en trouvèrent augmentés de 20.000 Livres environ. Alors, aussi, malgré quelques protestations du contraire, les recteurs de Séné devinrent d'assez riches "bénéficiaires".

En plus de l'église paroissiale St-Patern, trois chapelles s'élevaient sur le territoire de la Paroisse vers le milieu du XVIIIème siècle :
1.Celle de Saint Laurent, sur le bord de la route de Nantes. Depuis la "bulle" de 1451, les oblations qui y étaient recueillies appartenaient exclusivement au Chapitre, chargé par suite de son entretien. Aux Rogations, la procession du Lundi se rendait à Saint-Laurent et un Chanoine y célébrait la messe.
2. La chapelle de Saint-Sébastien, sur une hauteur auprès de la maison noble d'AUZON, a disparu vers le milieu du XIXème siècle.
La richesse de Séné sous l'ancien régime, c'est le ramassage du sel et la pêche. Toute une série de marais salants s'établissent sur la côte Est. Les premiers apparaissent dans les années où Pierre Le Nevé fut recteur. Les pêcheurs font la loi sur tous les autres pêcheurs du Golfe, et vont pêcher en mer, jusque sur les côtes de Belle-Ile ; il n'y a absolument aucun renseignement sur la nature de leurs tateaux. Les fameux "sinagots'', solides bateaux noirs à deux voiles carrées rouges, qui, au dire de certains, sont du type de ceux qu'utilisèrent les Vénètes contre César. Contentons-nous de dire qu'ils sont employés par nos pêcheurs sinagots bien avant la Révolution ; on ne peut rien affirmer de plus. Ce qui est certain , c'est que sous l'ancien Régime et encore un peu par la suite, bien que cet état de choses disparaisse peu à peu, les pêcheurs constituent un ensemble assez riche, nombreux dans Séné, assez conscient de leur force et s'imposant aux autres pêcheurs du Golfe, comme aux paysans de Séné.

Les cultures ne sont pas très riches ; la plupart des terres sont défrichées depuis assez peu de temps ; tout le Nord de la paroisse est couvert de landes. Pourtant les femmes sinagottes, surtout celles des pêcheurs, sont réputéesêtre très travailleuses.

Les Sinagots ne semblent pas sortir de cette relative aisance, malgré la construction ou l'entretien de leurs nombreuses chapelles : Saint Vital (à Boëdic), Saint Sétastien à Montsarrac, Saint Laurent dans le petit village qui porte son nom. Il faut y ajouter la chapelle du chateau de Limur, actuellement désaffectée, et celle d'Auzon, démolie et remplacée au XIXème siècle par une chapelle Notre-Dame. Les sanctuaires sont donc nombreux et attestent l'enracinement d'une foi robuste.
Mais le trésor religieux de Séné ne serait pas complet si nous ne disions rien des croix en particulier de celle de Montsarrac, vieille de quatre siècles sans doute, mais restaurée au XIXème siècle, et celle de St Laurent, monolithe de 4 mètres de haut.

Enfin le trésor de l'église St Patern entre autres merveilles, possède un beau calice du XVIème siècle en venneil, et une plaque de cuivre repoussée également du XVIème siècle.
Ce patrimoine religieux est donc très important, et pendant des siècles les sinagots ont su y consacrer une part de leurs richesses.
Au XVIIIème siècle, l'un des recteurs de Séné; Pierre Le Nevé, acquiert en 28 ans de ministère sur la paroisse, une profonde réputation de sainteté ; il se fait aimer et admirer de tous ses paroissiens, des plus rudes comme des plus simples. Comme dit M. de Galzain, la cure de Séné, n'est pas une sinécure ... A sa mort (20 novembre 1749), et à plus de deux siècles de distance, on ne l'a pas oublié.

( 1 ) . Séné paraît avoir été englobé assez longtemps dans le centre gallo-romain de VANNES et n'avoir été occupé par les Bretons que tardivement. Le nom même de Sénac évolué en Séné alors qu'il aurait dû demeurer figé, le prouve, de même que celui d'un certain nombre de villages qui ne se sont pas bretonnisés...D'ailleurs, et nous l'avons déjà dit, on trouve sur le territoire de la commune de nombreux vestiges gallo-romains : briques à rebord, tuiles romaines, fours à augets...

La Guerre de Sept Ans (1756-1763) a beaucoup affaibli en hommes et en matériel la Marine Française, et en particulier la marine bretonne, où périssent bon ombre de Sinagots.
Les marins (pêcheurs) de Séné sont fortement éprouvés par cette guerre et par des tempêtes de mer comme le coup de vent de Noël. Ils oublient un temps leur mépris pour ce qui n'est pas sinagot et s'associent aux marins de l'ïle d'Arz dans une supplique qu'ils adressent en 1772 à l'évêque de Vannes. Ils expliquent à Monseigneur BERTIN les pertes qu'ils ont subies dans la guerre et dans les tempêtes, lui montrent qu'il ne peuvent se relever aux-mêmes et lui demandent, en comparant leur sort à celui de Marseille, qui "doit son opulence à la dévotion" du Coeur de Jésus, qui les protègera désormais de ces calamités. L'évêque de Vannes leur donne cette permission (11 décembre 1771), confirmée par une bulle du pape Clément XIV (8 février 1772).le roch mer flot
Nous donnons ici le document de 1772 rédigé par les marins de Séné en accord avec ceux de l'ïle d'Arz. Nous sommes sous Louis XV et depuis la Guerre de Sept-Ans, la France ne s'est pas remise des blessures infligées par l'Angleterre. Séné aussi a connu cette grande misère.

Le roi de France est Louis XV [15/02/1710-1005/1774]; Le recteur de Séné en 1772 est Guillaume JALLAY  [Xx/xx/xx-1750-1789-15/12/1789].

SUPPLIQUE DES MARINS A MONSEIGNEUR L'ILLUSTRISSIME ET REVERENTISSIME EVEQUE DE VANNES

Monseigneur,

Supplient très humblement les soussignés disant qu'ils espèrent d'une association en leur faveur. Quelque rigoureuse que soit par elle-même notre condition, les calamités publiques ont beaucoup aggravé notre joug. Nous avons perdu nos navires, nous avons langui dans les prisons d'Angleterre. Si quelques-un de nous ont dérobés à la faveur des ennemis, ce n'a été qu'après avoir soutenu de critiques combats. Le retour à la paix a flatté nos expérances; mais en devenant plus tranquilles, nous ne sommes pas devenus plus riches.
Nous ne pouvons nous rétablir : nos pertes ont été trop considérables, elles n'ont pas intéressé le public à entrer dans notre négoce. le commerce de ce pays-ci autrefois si florissant n'est plus fort étendu. Dans ces tristes conjonctures, la religion nous fournit une ressource.
Le Rédempteur de tous les hommes a dit dans l'Evangile : "Lorsqu'il y a en quelques lieu deux ou trois personnes assemblées en mon nom, je suis au milieu d'elles". Sur ce principe, nous voudrions réunir nos voeux pour nous rendre propice l'Être Suprême. Selon l'expression de l'écriture, sa volonté est le Trésor d'où sortent les ventes? Nous désirons l'établissement d'une association pour nous assurer les suffrages de l'Eglise. Les services que nous rendons au public, aux missionnaires qui passent chez l'étranger, sollicitent pour nous notre grâce.
Nous pourrions recourrir directement au Divin Coeur de Jésus; Marseille doit son opulence à cette dévotion; mais une circonstance nous détemrine à l'Association du Très Saint-Enfant-Jésus. Presque chaque année vers la fin de dcembre, nous sommes alarmés par un coup de vent vulgairement appelé "le coup de vent de Noël". Les tempêtes sont nécessaires. Si l'Océan était toujours tranquille, la corruption de ses eaux infecteraient l'univers. Ordinairement nous leur résistons; mais celle dont nous parlons est si furieuse que nous n'osons sortir du port. Si la nécessité nous y oblige, nous nous voyons sans cesse enlevés dans les airs sur la cime d'un flot écumant, ou précipités dans les abymes affreux. La fête de la Nativité du Sauveur dilate tous les coeurs chrétiens par la foi, mais elle resserre les nôtres par la tristesse : son seul souvenir nous fait frémir.

Vos suppliants, Monseigneur, désirent d'honorer ce mystère particulièrement pendant l'année pour obtenir quelques part aux bénédictions particulières que le Ciel répand en cette sollenité, et pour prévenir les malheurs dont nous sommes continuellement menacés sur un élément qui tôt ou tard doit servir de tombeau à la plupart d'entre nous. Ce considéré, qu'il plaise à votre Grandeur, Monseigneur, d'ériger, en l'église paroissiale de Séné l'association du Divin Enfant Jésus, d'assigner pour article principal une communion par an en quelqu'église que ce soit et la récitation des actes des trois vertus théologiques pour exercice quotidien, laissant le reste à gences communes aux fidèles de l'un et l'autre sexe sans aucune exception. (On observe qu'il n'en coûtera rien à personne pur être associé).
Ce faisant vous nous donnerez, Monsiegneur, lieu d'espérer de ramener l'abondance dans nos ports, pour la consolation des pauvres, et de parer nos autels des riches étoffes de l'Etranger, de vivre avec honneur, de soutenir nos familles, et de nous assurer une heureuse vieillesse. Enfin, vous nous procurerez des grâces précieuses pour arriver au port du salut.

Ainsi signé : Jos. BENOIST, de Séné; Jul. BENOIST, de Séné; Guill. LE FRANC; Ge. LE FRANC: Mat. ROLAND; Joseph LE FLOCH; Patern PRIOL, LE FLOCH, ancien fabrique; Marc LE ROUX; François THOMAS; Jul. EVENO; Jul. BOUCHER, fabrique en charge de Séné; Joseph LE FRANC, de l'île d'Arz; Julien CALVE, de l'ïle d'Arz; Joseph NERO, de l'ïle d'Arz; Julien DREANO, de l'ïle d'Arz.

le roch cormoran

 LA CONFRERIE DE L'ENFANT JESUS  A SENE (1772)

Dans tous les temps de péril et d'angoisses, l'homme élève sa pensée vers Dieu et parfois il en reste des traces durables.

Cruellement éprouvée et mutilée dans la terrible guerre 1870-1871? la France, par la voix de ses représentants, fit un voeu national, en jettant les bases de la Basilique dont la masse imposante doit du haut de Montmartre dominer la capitale, se consacra au Sacré-Coeur de Jésus.

Cent ans auparavant, d'humbles marins de Séné et de l'Île d' Arz aussi, en de pénibles circonstances, cherché un refuge près du divin Maître.
Nous sommes en 1771. Louis XV est sur le trône et la Guerre de Sept Ans, qui vient de finir par le honteux mais nécessaire Traité de Paris, a laissé de profondes blessures à la richesse nationale comme à celle des particuliers.
Au début des hostilités, en 1755, sans déclaration de guerre, plus de 300 vaisseaux marchands sont capturés par l'Angleterre, et dans le nombre, nous en aurons la preuve tout-à-l'heure, beaucoup étaient bretons.

La France n'a plus qu'un seul vaisseau de guerre ; on s'empresse de construire des navires de tous rangs et de toutes grandeurs, et 12.000 hommes, parmi lesquels beaucoup de nos compatriotes, débarquent à l'île Minorque et sous la conduite du Duc de Richelieu, emportent la place presque inattaquable de Port-Mahon. Mais l'heure des désastres arrive: la Prusse triomphe à Forbach, l'Angleterre a fait des conquêtes prodigieuses dans les Indes, a entièrement ruiné notre commerce en Afrique et s'est emparé de presque toutes nos pessessions d'Amérique.

Pauvres marins bretons et français, la paix signée, c'est à peine s'il vous reste le droit d'aller pêcher la morue sur les côtes de Terte¬Neuve, et par moments éclatent, au grand détriment de notre marine marchande sur toute l'étendue de l'Océan Atlantique, de redoutables et périodiques tempêtes dont le contre-coup se fait particulièrement sentir sur la côte sud de Bretagne et dans le Golfe du Morbihan. La plus terrible de toutes se nommait "le coup de vent de Noël". C'est pourquoi les marins de Séné et de l'Ile d' Arz sollicitèrent et obtinrent l'érection dans l'église paroissiale de Séné d'une Confrérie pour les fidèles de l'un et l'autre sexe en l'honneur et sous l'invocation du Très Saint Enfant Jésus.

Malheureusement 20 ans s'écoulaient à peine que la tourmente révolutionnaire survenait à son tour, et parmi les institutions que son souffle emporta se trouva la pieuse Confrérie qui nous intéresse aujourd'hui, car son souvenir a complètement disparu de la mémoire des hommes et nulle trace n'en reste ni aux archives de l'évêché ni dans les registres paroissiaux de Séné. Cependant, en 1893, a été retrouvé un exemplaire imprimé, probablement unique, contenant la demande faite par les Sinagots et les marins de l'Ile d' Arz, son approbation par Mgr Bertin, évêque de Vannes '11 Décembre 1771), la Bulle du pape Clément XIV (8 Février 1772), le permis d'imprimer donné à Vannes par Mgr Bertin (6 Mars 1772) et enfin l'expédition signée à Rennes (3 Mars 1772) de deux noms : N.de Lanjuinais et H. Arot.

SUPPLIQUE DES MARINS à Mgr BERTIN ( voir chapitre précédent)

APPROBATION de Mgr BERTIN

vannes eveque charles bertin

Charles-Jean de BERTIN (Périgueux-30/10/1712 - 23/09/1774-Plescop)

est un ecclésiastique français qui fut évêque de Vannes de 1746 à sa mort.

Charles Jean de BERTIN, par la permission de Dieu et la grâce du Saint-Siège Apostolique, évêque de Vannes, conseiller du Roi en ses conseils, vu la requête ci-jointe, nous louons et approuvons le pieux désir des suppliants et voulant autant qu'il est en nous soutenir et perpétuer la bonne oeuvre qu'ils se proposent, nous avons érigé et erigeons dans l'église paroissiale de Séné en ce diocèse, pour les personnes de l'un et l'autre sexe, une association sous l'invocation de l'Enfant Jésus, parce que :
1°-Chaque confrère et soeur fera au moins une communion par an, outre la communion pascale ; et attendu que plusieurs marins se proposent d'entrer dans la dite association et que leur état ne leur permettrait pas de la faire toujours commodément dans l'église paroissiale de Séné et que même cela leur serait souvent impossible , nous leur permettons et à tous frères et soeurs de la dite association qui ne sont pas de la paroisse de Séné de la faire dans toute église catholique.
2°-Tous confrères et soeurs feront une fois par jour les actes de foi, d'espérance et de charité.
3°-Ils diront tous les jours une fois un Pater et un Ave, et trois fois "Domine, sal vum fac regem" pour la précieuse conservation du Roy et de la famille royale. Autorisons lesdits associés à se pourvoir en Cour de Rome pour obtenir les indulgences en faveur de la dite association.
Donné à Vannes sous notre seing, le sceau de nos armes et le contre-seing de notre secrétaire ordinaire, l'onzième jour du mois de décembre mil sept cent soixante-onze.
Ainsi signé à côté du sceau :
Charles-Jean, évêque de Vannes
et plus bas : par Monseigneur Chauvaux, secrétaire.

BULLE
De notre Saint-Père Le Pape CLEMENT XIV du NOM Pour Mémoire à Perpétuité

Ayant appris que dans l'église paroissiale de Séné, diocèse de Vannes, est ou doit être instituée canoniquement une pieuse et dévote Confrérie pour les fidèles chrétiens de l'un et l'autre sexe en l'honneur et sous l'invocation du très saint Enfant Jésus (non cependant pour des personnes d'un art spécial), les confrères et soeurs de laquelle ont coutume ou l'intention d'exercer plusieurs oeuvres de religion et de charité.

Afin que la dite Confrérie prenne de jour en jour de nouveaux accroissements, nous confiant en la miséricorde de Dieu tout-puissant et sous L'autorité de ses bienheureux apôtres saint Pierre et saint Paul, accordons miséricordieusement en Notre Seigneur à tous et à chacun des fidèles de L'un et de l'autre sexe qui vraiement pénitents et confessés entreront ci-après en la dite Confrérie, le premier jour de leur association , s'ils reçoivent le très Saint Sacrement de l'Eucharistie, indulgence plénière et rémission de leurs péchés.

Nous donnons et octroyons aussi à tous les confrères et soeurs de la Confrérie qui y sont maintenant enrollés, et qui y feront chacun en son temps, étant pareillement vraiement pénitents et confessés et repus de la sainte communion, si cela peut se faire, ou tout au moins contrits à l'article de la mort, invoqueront dévotement le très saint nom de Jésus de coeur, s'ils ne le peuvent de bouche, pareillement indulgence plénière et rémission de tous leurs péchés. De plus nous accordons aux mêmes confrères et soeurs qui sont ou seront à l'avenir de la dite Confrérie lesquels vraiement pénitents confessés et repus de la sacrée communion visiteront dévotement tous les ans l'église, chapelle ou oratoire de la dite Confrérie le jour de la fête principale de la dite association, jour que les dits confrères ne pourront choisir qu'une fois seulement et qui sera approuvé par l'Ordinaire depuis les prermières vêpres jusqu'au coucher du soleil du dit jour, et là prieront Dieu avec piété pour la paix et la concorde des princes chrétiens, pour l'extirpation des hérésies et pour l'exaltation de l'Eglise notre Sainte-
Mère, pareillement indulgence plénière et rémission de tous leurs péchés.

En outre, nous concédons aux-dits confrères et soeurs qui, véritablement pénitents et confessés et repus de la sacrée communion, visiteront dévotement par chaque année l'église, chapelle ou oratoire de la dite Confrérie quatre jours chômés ou non chômés ou dimanches, jours aussi que les confrères choisiront une fois seulement et qui sera approuvé par l'Ordinaire, et là feront les mêmes prières que dessus pour chacun des dits jours, sept ans d'indulgence et autant de quarantaines. Enfin toutes les fois que les confrères et soeurs de la dite Confrérie assisteront aux messes et aux autres services divins qui se célèbreront dans l'église, chapelle et oratoire susdits, ou aux assemblées publiques ou secrètes de la dite Confrérie, ou qui recevront chez eux les pauvres, qui réconcilieront ceux qui sont ennemis, ou tâcheront de le faire par eux-mêmes ou par le moyen des autres qui accompagneront les corps des défunts confrères et soeurs ou autres à la sépulture, ou qui accompagneront quelque procession que ce soit pourvu qu'elle soit approuvée ou qu'elle par la permission de l'Ordinaire, ou qui accompagneront le Très Saint-Sacrement de l'autel dans les processions ou quand on le porte aux malades, ou enfin qui l'accompagneront en quelque lieu ou en quelque manière qu'on le porte, ou bien qui en étant empêchés, entendant là cloche sonner à cet effet, réciteront une fois l'oraison dominicale et la. salutation angélique, ou même réciteront cinq fois les mêmes oraisons et salutations pour les âmes des défunts confrères et soeurs, ou qui ramèneront quelque dévoyé ,au chemin du salut, ou qui enseigneront aux ignorants les commandements de Dieu et les vérités nécessaires au salut, ou qui exerceront quelque oeuvre de religion ou de charité nous leur remettons miséricordieusement en Notre-Seigneur Jéus-Christ, de l'autorité et teneur ci-dessus, pour chaque fois qu'ils feront quelques unes des di tes oeuvres de piété, soixante jours de pénitence à eux enjointes ou autrement par eux dûes par quelque manière que ce soit. Nous permettons aussi d'appliquer par manière de suffrage aux âmes des didèles chrétiens décédés dans l'union de Dieu dans la charité les indulgences susài tes tant pour la rémission des péchés que pour la remise des pénitences. Les présentes valables pour les siècles futurs à perpétuité. Or, nous voulons que, si on a concédé aux dits confrères et soeurs quelqu' autre indulgence perpétuelle ou pour un temps non encore expiré, les présentes lettres soient révoquées et déclarées de nulle valeur, et si aussi la dite Confrérie est jointe à quelque achi confrérie ou le serait ci-après ou le devient par quelque moyen que ce puisse être, que toutes les lettres apostoliques obtenues auparavant ne servent de rien à la dite Confrérie, et pour dès à présent les déclarons nulle.

Donné à Rome à Sainte Marie-Majeure l'anneau du Pêcheur, le huitième jour de février mil sept cent soixante-douze, de notre Pontificat, la troisième année.

Charles-Jean de BERTIN, par la permission de Dieu et la grâce du Saint-Siège Apostolique , évêque de Vannes, conseiller du Roy en ses conseils, vu le bref d'indulgences écrit au revers, permettons de le faire imprimer publier et mettre en exécution selon la forme et teneur et désignons pour gagner les indulgences plénières la Nativité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, fête principale de la di te Confrérie, jour auquel nous permettons l'exposition du très Saint-Sacrement. Quant aux indulgences de sept ans et d'autant de quarantaines, nous fixons le premier dimanche de Carême, la fête de la Très Sainte Trinité, la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie et la fête de Saint Martin, archevêque de Tours.
Donné à Vannes, l'an du Seigneur mil sept cent soixante-douze et le sixième jour de mars.
Ainsi signé à côté du sceau épiscopal : Charles-Jean, évêque de Vannes
Et plus bas : Par ordre de Monseigneur, signé Chauvaux, secrétaire.

EXPEDITION DE LA BULLE

Nous soussigné, expéditionnaire juré en Cour de Rome, domicilié de Rennes : attestons que le Bref écrit au revers est vrai; originairement et légitimement expédié en ladite Cour de Rome.
Donné à Rennes l'an du Seigneur 1772 et le troisième jour de mars. Ainsi signé à l'original : N de LANJUINAIS.....A. AROT

Suivent les actes de foi, d'espérance et charité et la prière pour le Roy (Domine, salvum...).

 

 

 

 

 

 

 Après ces années de guerre, la France réapprend à vivre. La Société des Régates de Vannes renait une nouvelle fois le 17 juillet 1919. Au sein du nouveau bureau de la société on retrouve des anciens membres, aux côtés de personnalités pas encore citées dans ces articles:

Eugène LEBERT, [1857-1939] Ingénieur en retraite des Ponts & Chaussées, Président;

Maurice SEVENO et LE CALVE, vice-présidents;

Maurice VERGE, [18/6/1882 -  ] fils du banquier Auguste VERGE,

André Marie BUGUEL [2/11/1891-9/01/1987 Arradon], Notaire, secrétaire, propriétaire de Izel, remplacé par LE NEDELLEC en 1923 

1919 07 SRV regate

En 1919, on trouve des coupres de presse relatant les régates de l'Île aux moines du 24/8/1919 pour lesquells la Compagnie Vannetaise de Navigation dépêche un vapeur pour amener le public sur l'île.

En 1920, on note les réagates de Conleau. Cette m^me année, la SRV propose à la ville de Vannes d'abandonner le terrain rue du Commerce au Port au profit d'une parcelle à Conleau pour y établir un "centre d'instruction nautique". Un terrain de 390 m² sera loué à la Société des Régates ...en 1944!

1920 05 Conleau SRV

La SRV oregnaise les réagetes de Conleau le 5/5/1921. L'annéee 1922 est plus riches en évènement nautiques avec les réagtes de Conleau le 25 mai, celles de Port Navalo les 16 et 17 juillet et celles de l'Île aux moines le 24 septembre.

La calendrier des régates de 1923 compte avec les courses à Conleau le 10 mai, à l'ïle d'Arz le 25 juin, à Port Navalo les 14 et 15 juillet, à l'ïle aux Moines le 15 août et à Arradon le 3 Septembre.

Cet article daté de juin 1924, montre la répartition des subventions allouées par le Conseil Génral du Morbihan aux différentes Sociétés de Régates. On note que celle de Vannes organise les régates de Conleau et de Port Navalo. L'Île aux Moines ou Arradon ont leur propre société de régate.1924 06 Regates subventions

Les sociétés de régates se coordonnent au sein des Sociétés du Sud Breton afin de caler le calendrier des régates. Celles de Conleau se tienent le 1er juin, celles de l'ïle aux Moines le 22 juin, les régates internationalles de Port Navalo sont le 6 juillet et celles d'Arradon le 3 août. La SRV a été entendu, la Cie Vannetaise de Navigation affrête deux bateaux pour ces régates.

Cet article de novembre 1925, nous donne une aperçu des membres de la SRV de l'époque.

1925 11 SRV bureau

 Emmanuel NORMAND [29/2/1880-18/2/1970], fils de l'ancien président, est à son tour Président;

CANET, Docteur,

GLAY, docteur,

Le calendrier de 1926 est plus riche avec des régates à Conleau le 13/5, à Port Navalo le 11/7, à l'ïle d'Arz le 8/8, à l'Île aux Moines le 15/8, en Arradon le 29/8, à Houat le 5/9 et à Larmor Baden le 12/9. Cette même année; la SRV done une fête à la mairie de Vannes.

1926 04 festival regates

 

 

 

 

1941 08 regates vanne

 

1944 01 Regates Conleau terrain

 

 

 

Il faut avoir le sens de l'observation pour le repérer sur les vieilles cartes postales montrant la butte de Bellevue à Séné. Bellevue maison plage

Il apparait sur la plage de Barrarach, non loin de la cale du passeur.

Bellevue maison estran

Barrarach maison Boisecq

Vous le voyez? Oui, il s'agit d'une construction, d'un cabanon à un étage établi sur la plage de Barrarach !

Mais diable comment cette construction a-t-elle pu être édifiée à même le rivage?

Chapelle Bellevue Statue

Jean RICHARD se souvient : "M.Boisecq est arrivé d’Algerie en 1952 , un artiste peintre  et sculpteur ,c’est lui qui a fabriqué la statue de Saint-Pierre qui orne la Chapelle de Bellevue. Il a construit lui même son cabanon , où il demeurait . Les enfants de la presqu’île l’ont aidé à confectionner les parpaings,qu’il posait lui même , à l’estime! Cela amena les gamins à appeler le cabanon, "le fil à plomb". Le cabanon fut démoli vers 1962 quand il fut décidé de construire la zone de Barrarach !"

Cabanon Boisecq 1

Jean-Paul PIERRE faisait partie des gamins de la presqu'île qui "aidèrent" l'artiste dans son projet : "Nous étions Lulu MOREL (Lucien Morel), Jean-Jacques MORICE, (le fils d'Ernestine), Chantal MORIO, la fille de la patronne du café de la Pointe, à l'aider à faire les parpaing."

1962 Morio Le Roy Cafe La Pointe

Bosiecq café La Pointe

En effet, le peintre sculpteur fut logé un certain temps au café de la Pointe, aujourd'hui disparu, avant "d'aménager" son logis sur la plage. Sur cette photo, au premier plan, on le voit assis devant le café.

Passeur Barrarach

Sur cette autre cliché, il vient de débarquer sur la cale de P'tit Jean à Barrarach.

1944 01 Boisecq Sculpteur

Fils du minotier Boisecq à Vannes, Salomon Alfred Jospeh Marie BOISECQ [17/4/1911 - 31/5/2002], il est le cousin de la sculptrice Simone BOISECQ [1922-2012].

Boisecq family

general de sonis 1c

Après des études au lycée Saint-François-Xavier à Vannes, il embarque sur le trois-mats Général de Sonis entre 1927-1929. Attiré par la mer, il suit des cours à l'Ecole d'Hydrographie en vue de devenir lieutenant au long cours. En 1931-1933, il est au Levant (Syrie-Liban).

De retour en France, il épouse Madeleine ANDRE en 1933. Il aura 6 enfants. Il se lance dans la peinture, l'aquarelle et la sculture. Il se définisait qomme Statuaire, Artiste Peintre.

Pendant la 2° guerre mondiale, il est engagé volontaire lors de la Campagne de France. En juin 1940 il a le grade d'aspirant puis de sergent. Il sera cité pendant la Campagne de France. Après l'armistice, il participe à la création du réseau de résistance HECTOR. Il sera reconnu actif dans ce réseau des FFC, Forces Françaises Combattantes du 1/2/1941 au 31/7/1944. Il sera lieutenant en décembre 1943 au sein du groupe Heurtaux, faisant du renseignements et des relevés  topographiques, tantôt, basé en Morbihan, en Île et Vilaine et Côtes du Nord. Ensuite il est membre des l'ORAF, Organisation des la Résistance des Armées Françaises. Dans le civil, ilest de 1940 à 1943, Contrôleur des Réfugiés à la Préfecture du Morbihan puis de mars 1942 à aout 1944, il se déclare Artisite Peintre Sculteur et vit à Renes. Le 28 août 1944, il s'engage dans le Transport Militaire Automobile pour les Populations Civiles , les TMAPC. Après le débarquement, il rejoint l'armée française et aux côtés des Américains, il combat jusqu'en Allemagne et participe à la libération du camp de Dachau.

Après guerre, on le retrouve à Vannes, au n°3 Place de la république; , puis à Paramé. Il devient Secrétaire de la Société Nouvelle des Beaux-Arts vers 1955. Puis il reviendra en Morbihan et s'établira quelques temps à Séné. Ses différentes aquarelles, eux-fortes et peintures montrent qu'il a voyagé en France et à l'étranger avant de revenir s'établir sur Vannes, où il décède en 2002. 

Boisecq Statue pierre rene rogue

Parmi ses oeuvres locale, notons une statue à la cathédrale de Vannes et différentes oeuvre avec pour inspiration le Golfe du Morbihan et Séné.

BOISECQ peinture 4

Boisecq peinture 2b

Boisecq eau forte Régate

Boisecq eau forte estran

Au Domaine de la Rochevillaine, on peut voir un très grand tableau représentant la bataille des Cardinaux qui eut lieu non loin de l'Île Dumet le 20 novembre 1759. L'industriel  Henri DRESCH, qui acquis l'île et constuisit le domaine à Billiers, était incollable sur cette épisode de la Guerre des Sept-Ans [1756-1763]. A sa demande, Salomon Alfred Boisecq peignit en 1966, cette représentation de la bataille navale qui est désormais exposé dans le manoir des Cardinaux.

Cardinaux Boisecq.

 

FRELAUT La Laveuse à la fontaine

La laveuse à la fontaine - Jean FRELAUT

De tout temps il a fallu lavé le linge salle. A des époques où l'eau courante à la maison n'existait  pas, il fallait aller au lavoir du village, souvent un lieu de rencontre entre les lavandières.

Lavoir Langle

A Séné, il est évident que la fontaine de Langle était également un lieu pour le lavage du linge. Le grand bassin de pierre en contrebas de la fontaine servait surement aux lavandières des villages de Langle ou Cariel.

1844 Lavoir barrarach

Non loin de Langle, près du village de Barrarach, il y avait un lavoir comme l'indique le cadastre de 1844. Il était alimenté par une source, la fontaine de Barrarach.  Marielle D. se souvient: "Je ne peux pas être plus précise car j’étais petite. J’accompagnais ma grand-mère quand j’étais en vacances à Bellevue et les moments au lavoir étaient intéressants car elle y retrouvait ses copines et ensemble elles échangeaient les derniers potins. Le lavoir était le premier réseau social !". Le point d'eau est toujours visible dans le jardin de la maison sise à cet endroit.

FRELAUT Les lavandieres

Les lavandières - Jean FRELAUT

Il nous reste également le vestige d'un autre lavoir à Séné mais "il faut le savoir" pour imaginer qu'on y lavait du linge.

1844 Fontaine St Patern

En descendant le sentier qui part de l'église Saint-Patern au bourg vers les rives du Golfe du Morbihan, il existait une fontaine, dite fontaine de Saint-Patern, comme nous l'indique le relevé cadastral de 1844.

1841 Bourg blanchisseuse

1841 Cadouarn Blanchisseuses

Au dénombrement de 1841, il y avait une blanchisseuse installée au bourg en la personne de Julienne CALO. Au village de Cadouarn, Marie Josèphe CHELLET était lingère et Jeanne Lefranc, blanchisseuse.

Lavoir St Patern

Aujourd'hui à son emplacement, on peut voir deux alignements de blocs de pierres polis par le temps qui interrogent le randonneur. On peut trouver une réponse en comparant ce site avec des scènes figées sur de vieilles cartes postales.

Lavoir Arradon Pont Vert

Ainsi ces lavandières d'Arradon sont regroupées autour d'une mare. A l'aide d'une brouette, elles ont améné leur linge. A genoux, les jambes repliées et protégées dans un caisson de bois, elles frottent leur linge sur des pierres disposées sur les rives de la mare.

Lavoir pierre 1

Cet autre lavoir, mieux conservé, permet d'imaginer le fonctionnement du lavoir. Les pierres de lavages délimitent le bord d'un bassin.

Lavoir pierre Jules Breton

Lavoir pierres reconstitution

Cette peinture de Jules Breton lève les derniers doutes. On y voit des lavandières près d'un ruisseau d'eau douce à son "embouchure" vers la mer salée. Cette reconstitution, montre des lavandières à genoux dans leur caissons de bois, rincer le linge dans le basin et le frotter sur les pierres de lavage.

Au point d'eau douce de la fontaine de Saint-Patern, entre les deux alignements de pierres de lavages, il devait y avoir une mare, une retenue d'eau pour les lavandières qui frottaient leur linge et le rinçait périodiquement. Les Sinagotes se faisaient face, appuyées sur les pierres, avec entre elles, un petit ruisseau d'eau ou une mare rudimentaire pour retenir l'eau pour le lavage du linge. Afin de rendre moins pénible leur labeur, elles pouvaient discuter entre elles. Les jours où l'eau ne coulait pas, elles pouvaient puiser au fond du puits l'eau douce nécessaire aux lessives.

Didier DAUBER, le fils du forgeron se souvient; "La retenue d'eau était juste à côté des pierres , elle était ronde et fermée par le dessus par une plaque circulaire en métal . Au retour de la lessive, on pouvait faire sécher le linge ; on remontait le petit sentier et il y avait un espace d'où partait , sur la gauche ,un sentier menant à Coffornic, planté de poteaux métalliques entre lesquels étaient tendus des fils pour accrocher le linge. Voilà mes souvenirs vieux de plus de soixante ans."

Avec le temps, la fontaine de Saint Patern qui affleurait en bas du talus a été fermée par une dalle de béton qu'on peut voir aux cotées des pierres.

Pour lever les doutes, il faudrait faire quelques fouilles entre les pierres pour voir si on ne retourve pas de trace d'un ancien lavoir.

1910 Laveuses lavandieres Etang du Duc

Cette autre vieille carte postale montre des femmes, au début du XX°siècle, en train de laver du linge sur les rives de l'étang au Duc à Vannes. En effet, il faut de l'eau douce pour que le savon agisse. On peut penser que sur le territoire de Séné, qui comporte plusieurs mares, les femmes sinagotes utilisaient ces "bassins" naturels pour aller laver et rincer le linge. Il y avait-il des pierres disposées sur le bords des mares pour frotter le linge, aujourd'hui sans doute disparu sous la végétation et les talus.

Lavoir bretonne genoux

Dans son documentaire intitulé La Grande Histoire de la Bretagne, Frédéric Brunnquell montre cette scène de la lessive au lavoir.

Le lavoir de Poul Mor au Versa:

1965 Versa Poul Mor

Petit garçon, Louis Le Boulicaut, aujourd'hui habitant du Versa, vivait dans un logis étroit rue Briand à Vannes. Il avait l'habitude de venir les jeudis et les dimanches voir sa grand mère au Versa. Il se souvient qu'après guerre, il allait jouer dans le ruisseau du Liziec avec ses camarades. Les enfants en pataugeant dans l'eau soulevaient de la vase qui troublait l'eau des lavandières installées plus en aval. Ces lavandières allaient laver le linge dans un lavoir improvisé au lieu-dit Poul Mor, sur la rive du Liziec. Sur cette photo aérienne du Versa de 1965, on distingue au bord du Liziec, entre les arbres une tolle ondulée sous laquelle les lavandières se protégeaient du soleil et de la pluie.


1962 Versa blanchisseuses

Au dénombrement de 1962, Germaine POIRIER, veuve de Alexis GUILLEMOT déclare la profession de blanchisseuse.Jeanne CELARD, veuve CHAPELAIN, dite Janon, était la patronne des blanchisseuses. Ces blanchisseuses, se souvient Louis Le Boulicaut avaient des lissiveuses chauffées par du bois. 


1964 Lessive cour de ferme

Plus tard viendra le temps des lessiveuses à la maison alimentées par l'eau du puits, avant l'arrivée de l'eau courante, de la chaudière, de l'électricité et de la machine à laver.

1990 01 Pressing Poulfanc

Plus récemment, on a vu apparaitre des pressings au Poulfanc. Accompagnant le développement du centre commercial Intermarché, PRESCOR propose un service de pressing vers1990. En 1994, le commerce est repris sous le nom de Pressing du Poulfanc.

1994 04 Pressing Poulfanc Inter

En novembre 2001, il est repris par la Sarl KANNDI d'Isabelle LE GUILLY, d'abord sous le nom de LIGNE BLEUE, puis sous le nom de PRESSING DU POULFANC.

2003 01 Pressing Poulfa

Bien que chacun de nos foyers dispose d'une machine à laver, on a vu apparraitre des laveries proposant de laver des linges encombrant (dessus de lit, couettes) dans des machines à laver de grande capacité tout comme elles permettent à de jeunes étudiants ou de jeunes travailleurs de laver leur linge quand leur appartement ne dispose pas de la machine à laver.

2019 Laverie ARZE

La première laverie était installée derrière le tabac-presse du Poulfanc, la Laverie du Poulfanc fut active de  janvier 2005 à novembre 2019.

2022 Kerwash

En juilet 2022, KERWASH gérée par Pascale MAESTRE ouvrira une laverie automatique. Désormais, sur le parvis du centre Intermaché, LAVERIE REVOLUTION propose un ensemble de machines à laver.

2023 Inter Laverie Poulfanc

 

 

 

Depuis l'Ancien Régine, les receveurs généraux des finances étaient de véritables banquiers qui faisaient des avances considérables au Trésor à l'aide de fonds qu'ils empruntaient au public, ou qu'ils se procuraient par des opérations ou des spéculations plus ou moins hasardeuses. [source : infobretagne]

1819 Morbihan Almanach

Cet extrait de l'Almanach de 1819 montre que le receveur général chapotait l'administration financière du département qui comprend des receveurs et des percepteurs.

Charles Gratien AVROUIN FOULON [2/05/1790 Beaumont lès Tours - Nantes 22/8/1860] succède en 1816 au poste à Jospeh François DANET, qui fut révoqué à la Restauration de la monarchie. En effet, on constata alors un déficit énorme dans ses caisses. Deux arrêts de 1816 de la Cour des Comptes le constituèrent en débit pour les exercices 1811 et 1812 d'une somme globale de 126.883 fr. Puis, le 24 juin 1817, le ministre des finances établissait le dit Joseph François DANET débiteur de 1.263.553 fr, dans son compte courant avec le Trésor arrêté, en capitaux et intérêts, au 31 décembre 1816.

Contrainte fut décernée contre lui, et, à la requête de l'agent judiciaire du Trésor, on procède en juillet et août 1818 à la saisie immobilière de ses immeubles. Antérieurement, un arrêt de la cour d'assises du 15 juillet 1818 l'avait déclaré contumax et condamné à une peine afflictive et infamante. Il ne purgea pas cette contumace, et le directeur des Domaines fut chargé de le représenter en qualité d'administrateur légal de ses biens.[source : infobretagne]

Charles Gratien AVROUIN FOULON, durant sa carrière de plus de 40 ans en Morbihan, fut également un grand acheteur de biens, comme le montrera la liquidation de son patrimoine.

1854 08 Avrouin Foulon mairie vannes

En août 1854, le conseiller municipal de Vannes devient conseiller général du Morbihan à Saint-Jean Brevelay. A la mort du maire de Vannes, il est nommé second adjoint du nouveau maire Lallement. La ville de Vannes organise les premières régates. Son fils Jules AVROUIN-FOULON [5/2/1829-5/1/1908]  est le trésorier secrétaire parmi les commissaires des régates.

1858 Avrouin Foulon faillite Journal de Toulouse

La crise financière de 1857 (sourdce Jean Marc Daniel)

Déroulement de la crise mondiale de 1857.
24 août 1857, début de la crise: faillite de l'Ohio Life Insurance and Trust Company.
4 octobre: les actions des compagnies de chemin de fer ont perdu depuis le début de l'année 30% de leur valeur à Wall Street; début d'un "bank run" aux Etats-Unis; fermeture des banques jusqu'au 11 décembre.
12 novembre 1857: la banque d'Angleterre suspend la convertibilité de la livre.

La crise de 1857 résulte de la conjonction de ces deux principaux phénomènes:
1-la baisse soudaine de rentabilité des mines d'or californiennes;
2-la baisse du rendement financier des actions des compagnies de chemin de fer, laquelle ne tardera pas à affecter lourdement l'industrie sidérurgique.

Répercussions en France :
Les actions du crédit mobilier passent de 1.487 Fr. en mars à 670 Fr. en décembre.
Les taux d'escompte variable d'ajustement grimpent.Le taux de référence à 4%; loi du 3 mars 1852; loi du 9 juin 1857; le taux culmine à 10% en novembre 1857; il redescend à 5% fin 1857. Il descend à 3.5% en 1863.
10 juin 1857 : Charles de Germiny devient Gouverneur de la Banque de France.
14 janvier 1858: attenta d'Orsini contre Napoléon III.

Ce rare article de presse, daté de décembre 1858, évoque la fin de carrière d'AVROUIN FOULON, sans doute victime de la crise financière.

"Nous reproduisons, d'après le Journal de Nantes, la nouvelle suivante, dont nous lui laissons la responsabilité : La ville de Vannes est dans la plus grande des consternations. Son receveur général a été déclaré le 9 de ce mois [décembre 1858] en faillite, et d'office. Il avait été mis le 1er de ce mois en retraite. La passif approche de 4 millions; le déficit dépasse 2 millions. Le receveur général est malade à tel point, que l'on ne peut obtenir de lui aucune espèce de renseignements. "La ville de Vannes sera compromise pour plus d'un million".

L'Abeille de Lorient confirme le fait en ces termes : Une nouvelle qui produit une très grande sensation dans notre ville nous est parvenue avant-hier : c'est la faillite de M. Avrouin Fouilon, receveur-général de notre département dont le remplaçant a été nommé. Si l'on en croit les avis reçus, le passif de cette faillite s'élèverait au chiffre énorme de 4 millions, tandis que l'actif serait évalué à deux millions seulement. Sur tous les points du département, cette nouvelle causera l'étonnement le plus profond, tant était grande la confiance que la maison Avrouin inspirait. A Vannes, l'émotion causée par ce sinistre financier a été d'autant plus vive que rien ne pouvait laisser prévoir un semblable désastre. Il y avait quarante-deux ans que Avrouin était receveur général du Morbihan.

On ne connait pas encore d'une manière certaine les causes qui ont pu déterminer cette faillite. Ch. Gousset.

1859 Avrouin SENE débiteur

La consultation de la cote U3686 aux Archives Départementales montre plusieurs centaines de requerants, essentiellement de Vannes, floués par cette faillite et qui déclare des sommes variables. Quelques Sinagots seront victimes de cette fiallite à l'image du douanier Josset.

1858 Avrouin Légion dHonneur

Effectivement, le receveur, qui faisait partie des notables de Vannes qui avaient accueillis l'Empereur le 15 août lors de sa visite à Vannes, compte parmi les promus de la Légion d'Honneur.

1858 Avrouin Retraite

Avant la promulgation de sa faillite qui parait sans doute évidente, les autorités mettent en retraite le vieux receveur et nomme son successeur. Début janvier 1859, le Préfet prend les chose en main afin de limiter les conséquences de la faillite sur la population, comme le décrit cet article du Journal de Toulouse.

1859 01 Faillite Avrouin

La première annonce de vente aux enchères retrouvée sur le sites des Archvies du Morbihan, porte sur des chevaux le 19 janvier 1859 : un cheval de selle, deux chevaux de voiture, quatre chevaux de trait, Amazone, petit cheval de selle, montrant que l'ancien receveur s'adonnait aux courses en voque déjà à l'hippodrome de Cano à Séné.

Le lundi 21 février 1859, c'est au tour du mobilier d'être vendu aux enchères dont des voitures et calèches. tableaux et gravures. Un autre lot comporte des embarcations, dont les bateaux La Perle et l'Hirondelle, qui participaient aux Régates de Vannes. La chute de la maison Avrouin entrainera la suspension des régates de Vannes pendant 8 ans.

Le 22 mars 1859, est mis en vente le château de Roguédas en Arradon où la famille Avrouin Foulon recevait les officiels lors des Régates de Vannes. Le château sera acquis par l'imprimeur Panckoucke."Batterie de cuisine, cristaux et porcelaines, rideaux, tentures et tapis; meubles en acajou, anitques et modernes, ameublement Louis XV, tableaux, glaces, pendules et candélabres; lits garnis et quantité de linge de lit et de table.

1859 08 Avrouin Cantizac

Les Avrouin détenaient également les moulins du Hezo, de Campen et le petit moulin à vent de Cano à Séné. Le moulin de Cantizac et de Cano furent rachetés par le meunier Joseph GACHET qui les exploitait.

A ces biens, s'ajoutait les terres à Séné à Cantizac, 17 ha, la maison du meunier et les terres jouxtantes pour 36 ha, des propriétés à Kerhuilhieu, 72 ha, Keravelo, 56 ha, la Poussinière, 20 ha.

AVROUIN FOULON mettait aussi en fermage des terres à La Chenaie, Keroyer et Keravelo en Arradon comme d'autres parcelles de terres au Hézo.

Charles Gratien AVROUIN FOULON détenait également des salines sur Séné : saline grande de Michote, 50 oeillets, saline petite de Michotes, 104 oeillets, saline de Misentrets, 60 oeillets, saline de Misentrets-Michot, 29 oeillets, salien de Misentrets 100 oeillets et saline de Grand Brouel 111 oeillets pour un total d'environ 45 ha. La vente des ses salines permis à des Sinagot d'en devenir les propriétaires [à investiguer - article à venir sur les paludiers].

 

1859 01 Avrouin faillite

1859 Avrouin condamnation

Charles Gratien AVROUIN FOULON sera condamné pour banqueroute à deux ans de prison. Vu son grand âge et son état de santé, on lui permettra de quitter la ville. Il décède à Nantes le 22 août 1860.

 

 

 

 

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