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Guerre 39-45

jeudi, 20 août 2020 15:16

Marie Augustine LE BRUN, Résistante

Le Service Historique de la Défense dresse la liste des résistants ayant eu leur dossier validé par les Autorités. On peut en faire une extraction par le lieu de naissance. Malheureusement, on n'aura pas dans ce groupe, d'éventuels Sinagots, ayant vécus à Séné mais non natifs de notre commune. Cette liste comporte 32 noms de natifs de Séné, reconnus résistants. Parmi eux, les deux Frères LE GREGAM, martyrisés par les Allemands et déclarés "Morts pour la France" [lire article dédié].

Si on prête bien attention, parmi ces 32 patronymes, figure le dossier : GR 16 P 348256 LE BRUN ép. SYLVAIN, Marie 15.11.1919 Séné Morbihan FRANCE Homologué FFC. Il s'agit bien d'une femme, Mme LE BRUN mariée à un certain SYLVAIN. Que sait-on de Mme LE BRUN, née à Séné le 15/11/1919. On commence par consulter en mairie son acte de naissance et sa présence sur le relevés du dénombrement aux Archives du Morbihan.

1921 Bezidel famille LE BRUN

Une enfance marquée par la Grande Guerre... 

Marie Perrine Julien LE BRUN

Marie Augustine LE BRUN, est née à Bézidel à Séné, le 15/11/1919. La famille LE BRUN est pointée lors du dénombrement de 1921. Son père Julien Marie Alban LE BRUN [6/6/1885-11/4/1927] natif d'Elven, a été mobilisé lors de la Grande Guerre. Malgré les soins apportés par son épouse, Marie Perrine LE BIGOT [25/4/1891-1965], il décède de la tuberculose et sera reconnu "Mort pour la France". Son nom figure au Monument aux Morts de Vannes. Les LE BIGOT étaient cultivateurs à Bohalgo, Vannes, non loin de Séné. Vers 1910, ils s'établissent à Kernipitur à Séné. Perrine LE BIGOT est la soeur de deux soldats Sinagots dont les noms sont inscrits au monument aux morts de Séné : Jean Marie LE BIGOT [18/111888-29/10/1918] et François Pierre Marie LE BIGOT [22/11/1897-6/9/1918].

LE BIGOT family

Un père Poilu de 14-18 mort de la tuberculose, deux oncles morts pendant la Grande Guerre, Marie LEBRUN sait depuis son enfance, ce que sa famille a fait pour défendre son pays. Son heure à elle va bientôt arriver.

1927 LE BRUN Marie ADOPTEE

De ces années à Séné, son fils Lionel se rappelle un souvenir de famille:" mon grand-père n'a eu que deux filles à son grand regret. Il aimait suivre les épreuves de saut hippique qui avaient lieu à l'hippodrome de Cano, non loin de la ferme de Bézidel et amenait avec lui Marie Augustine qu'il considérait comme son "garçon"."

Vers 1925-26, la famille doit quitter Bezidel et trouve une ferme en métayage à Kerhon commune de Saint Nolff. Marie est scolarisée à l'école Saint Joseph de Saint Nolff. A la mort de son père, en 1927, Marie Augustine alors âgée de 8 ans, est "Adoptée par la Nation", en tant que fille de soldat mort à la guerre. La famille vient s'établir sur Vannes à Bilaire au nord de la gare ferrovière. Marie est scolarisée à l'école Sainte Marie rue Châteaubriand à Vannes. Vers 1933, elle obtient son certificat d'études et dévient apprentie couturière rue de Strasbourg. Elle obtiendra un prix de couture. Après son apprentissage, elle se met à son compte.

Ferme Bilaire Vannes IGN

Avant guerre par l'entremise d'une amie, elle va danser sur Lorient dans les soirées organisées par la Marine. Elle y fait la connaissance d'André Désiré SILVAIN, [3/10/1918 Ciré d'Aunis-17- 8/1/2005 Vannes], son futur époux, qui suit une formation à l'Ecole de Marine et accomplit son service militaire. La famille SILVAIN est originaire de Picardie. Pendant la première guerre mondiale, elle a fuit l'avancée allemande, si bien qu'André naît en Charentes Maritimes où la famille est réfugiée. Comme son frère aîné, engagé dans la marine, André s'engage dans la Royale.

Quand la France déclare la guerre à l'Allemagne nazie qui vient d'envahir la Pologne, Marie Augustine à tout juste 20 ans. Elle passe et obtient son permis de conduire. Elle souhaite s'engager comme ambulancière pour s'occuper des blessés au front. Cependant, la "Drôle de Guerre" et la "Débacle" des Armées françaises font changer le court des choses. Son fiancé est à Toulon au sein de la Gendarmerie de la Marine. Les Britanniques attaquent la flotte française à Mers El Kébir du 3 au 6 juillet 1940 [deux marins de Séné meurent lors de ce bombardement, lire article dédié]. Après l'Armistice, André SILVAIN est embarqué sur un croiseur au large d'Alexandrie en Egypte et rentre sur Toulon où la Marine française demeure à quai.

1ère occasion de s'engager dans la résistance : L'Opération Savannah.

Depuis l'Armistice de la France, le Royaume-Uni lutte seul contre l'Allemagne. Londres et le sud de l'Angleterre résistent au "Blitz". Les observations de terrain menées par la Royal Air Force indiquent que l’une des escadrilles de bombardiers allemands a la particularité de servir de « pathfinders » (« éclaireurs ») dont la mission est le marquage des cibles au moyen de fusées éclairantes ou bombes incendiaires permettant d’orienter les escadrilles conventionnelles vers les cibles à atteindre. En s’appuyant sur les renseignements glanés en France occupée par des agents de terrain, l’Air Ministry (Ministère de l’Air britannique) est en mesure d’identifier l’escadrille allemande comme étant la Kampfgeschwader 100 stationnée sur l’aérodrome de Meucon situé au nord de Vannes dans le Morbihan. L'opération est montée par le Deuxième Bureau du commandant Dewavrin et par le Special Operations Executive : il s'agit d'abattre les équipages (pilotes et navigateurs) de l'escadrille Kampfgeschwader 100, qui selon les renseignements, se rendent à l'aérodrome de Meucon, en groupe dans des autocars...

L'équipe est formée de cinq soldats français de la première CIA, Compagnie d'Infanterie de l'Air, des Forces Françaises Libres, FFL : Capitaine Georges BERGE [3/1/1909-15/9/1997] , commandant la compagnie, chef d’équipe; Sous-lieutenant de réserve Jean PETIT-LAURENT [3/12/1918-21/8/1989); Sergent chef Jean FORMAN [37/3/1915-17/11/1981] ; Sergent Joël LE TAC [15/2/1918-8/10/2005]; Caporal chef Joseph RENAULT [7/12/1916-12/2/1942 disparu en mer].

1950 Elven parachutage

  • Dans la nuit du 15 au 16 mars, l’équipe des cinq soldats français embarque dans un bombardier Whitley, en emportant avec elle deux conteneurs d'armement léger et un « piège routier » spécialement conçu pour sa mission. À minuit, elle est parachutée près d'Elven, aux environs de Vannes, sous couvert d'un raid de bombardement léger sur l'aérodrome. Le parachutage « blind » fut effectué de nuit et les 5 parachutistes français furent largués dans la campagne à l’ouest d’Elven du côté du Lenn et de Tréhuilan, à 8km de la Dropping Zone prévue.
  • Elven Stèle Savanna Goh Iliz
  • (Une stèle sera érigée non loin de leur atterrissage sur la route d'Elven à Questembert).  Les 5 para se regroupent et prennent contact avec le vicaire d’Elven, l’abbé Jarnot et deux paysans, les frères François et Luis Renaud, qui organisent un gîte et une cache d'arme à Kerprado. Lorsque le réseau Overcloud qui succède à cete mission Savannah, tombera, François RENAUD sera déporté en Allemagen dont il reviendra à la Libération. À l'aube, les hommes enterrent leur équipement (parachutes et uniformes). PETIT-LAURENT et BERGE sont envoyés en reconnaissance. Ils montent les vieux vélos fournit par l'abbé Jarnot et les frères Renaud. Après deux jours de surveillances et de recherches, PETIT LAURENT et BERGE reviennent et rendent compte que les informations qu'ils ont recueillies ne concordent plus avec les renseignements parvenus à Londres : la plupart des militaires allemands logent maintenant dans de nouvelles baraques construites sur l’aérodrome, ou quittent Vannes où il logent à l'Hotel du Commerce et de l'Epée, rue du Mené, le matin, en voiture individuelle. Afin d'être convaincu de l'impossibilité de cette mission, BERGE renvoie PETIT LAURENT à nouveau en mission d'observation. Mais il ne revient pas ni le lendemain ni le surlendemain.  BERGE décide d'abandonner le coup de main, mais il veut mettre à profit leur présence en France : chacun ira dans la région de France qu'il connaît le mieux et y recueillera le plus grand nombre de renseignements. Tout le monde se retrouvera, dans quinze jours, sur la plage de Saint-Gilles-Croix-de-Vie (Vendée) où un sous-marin attendra pour ramener l'équipe en Angleterre. Joseph RENAULT reste en Breagne; Avec l'aide de l'abbé Jarnot d'Elven, il met en sécurité les explosifs non utilisés et réussit à se faire engager à l'aérodrome de Meucon;  Joël LE TAC part à Saint-Pabu où réside sa mère, Yvonne LE TAC (résistante qui sera déportée). Georges BERGE va prendre des contacts près de Bayonne et Jean FORMAN fait de même sur Paris.
  • Le 30 mars, BERGE, FORMAN et LE TAC sont au rendez-vous fixé. BERGE explique que RENAULT reste dans son pays. PETIT LAURENT manque à l'appel, il s'en expliquera à la Libération. Tous trois passent plusieurs nuits de veille infructueuses dans les dunes, à quelques kilomètres au N/O de la ville. Dans la nuit du 4 au 5 avril, le sous-marin Tigris est là, au large de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. La mer est mauvaise. Les marins mettent à l'eau deux canoës, qui se retournent immédiatement. Avec le troisième, un marin anglais, Geoffrey Appleyard, réussit à atteindre la plage, charge BERGE et FORMAN et regagne le Tigris. Joël LE TAC doit rester sur la plage puis décide de regagner Paris en train pour rejoindre son frère Yves.
  • Le 8 avril Yves et Joël LE TAC quittent Paris pour Vannes.  Ils se rendent chez les frères RENAUD à Elven puis décident de faire un nouveau repérage près de l'aérodrome de Meucon et à Vannes dans l'espoir de mener à bien l'opération. 

1941 Savanah secret

Lors de ce repérage, Yves et Joël LE TAC se rendent dans une ferme au nord de Vannes. Le dossier 16 P 295515 consultable au Service Historique de la Défense, SHD, à Vincennes, contient le rapport de Joël LE TAC faisant mention de la contribution de Marie LE BRUN.

1er essai SAVANNAH : A l'arrivée à Vannes, [le 8 avril] nous nous dirigeons immédiatement vers le lieu où doit s'exécuter l'attentat, pour faire des reconnaissances. Nous reconnaissons le terrain comme étant très favorable à cette action. Nous attendons une grande partie de la nuit et revenons vers Vannes sans avoir vu de cars, seulement, de temps en temps, une voiture de la Luftwaffe ou un motocycliste.
Nous demandons l'hospitalité à des paysans qui nous donnent les renseignement désirés, le ou les cars, ont changé de route. Ils passent désormais par la route nationalle N.167, allant à Locminé puis à Meucon, prennent la route N778, allant à Saint Jean Brevelay, à 2 km de Meucon et prennent à droite, le chemin ..qui se dirige vers l'aérodrome.
Nous renonçons à exécuter le coup et nous chargeons une persone contactée de faire l'enquête nécessaire.

Lionel SILVAIN, se souvient de ces évènements racontés par sa mère: "Un soir de printemp 1941, alors que ma grand-mère, (Marie Perrine LE BIGOT), prépare une bouillie de farine de blé noir, on frappe à la porte de la maison à Billaire. Deux jeunes gens, affamés, demandent l'hospitalité. Il s'agit des frères LE TAC". Les résistants ont frappé à la bonne porte d'une famille éprise de sa Nation. Ils vont manger et dormir et convaincre Marie Augustine de les aider dans leur repérages.

2ème essai SAVANNAH : Nous revenons le 22 avril à Vannes où nous recevons le rapport de la personne contactée. Par celle-ci, grâce à ses relations parmi le personnel des hôtels où habitait l'escadrille, nous pouvons établir que le seul moment possible de la nuit pour l'attentat est au retour de l'escadrille.
L'aller s'effectue en effet en plein jour (nous sommes en avril).  Quant au retour, l'opération manque de surteté, le voyage s'effectuant à 4 heures du matin approximativement, parfois même à 5 heures, et le jour se levant seulement à 7 heures. Nous décidons de tenter l'opération et nous fasions le reconnaissance. Nous avons songé à un moment à placer l'engin en deux segments dans les rails du petit train départemental traversant le chemin mais l'aérodrome ne se trouvant qu'à & km, nous choisissons le croisement de la route nationale N.778 et du chemin comme lieu d'opération. Vers 4h, au lieu du ou des deux cars attendus, nous apercevons quatre cars excortés d'une voiture et de deux motos. Nous renonçons alors, H.1, la personne contactée à Vannes et moi à l'exécution du coup.

LE TAC Le breton de Montmartre

Dans son livre intitulé "Joël LE TAC, le Breton de Montmartre", Franck Renaud retranscrit le témpignage de Joël LE TAC et de cette rencontre. "En fin d'après-midi, le duo des LE TAC reprend à pied la route de Vannes. Mais le couvre-feu approche et il reste encore de la distance à abattre. "Nous sommes arrivés près d'un hameau fait de deux fermes et de leurs dépendances. Dans la cour, il y avait une grande et belle jeune fille d'environ 18 ans. Nous devions nous arrêter et stopper momentanément notre marche, sans regretter pour autant la petite halte que nous avions effectuées un peu plus tôt dans un minuscule auberge de campagne. On nous avait servi une succulente omellette. Au moment de ma déportation, elle a "alimenté plus d'une fois mes rêves d'affamés".

LEBRUN Marie 1

La jeune fille de la cour s'appelle Marie LE BRUN. Yves et Joël LE TAC comprennent en un tour de main qu'elle déteste les Allemands. Ils apprennent aussi que les "as" de la Luftwaffe sont bien transportés en car vers l'aérodrome. Mais l'itinéraire a été modifié...Sans donner plus de détails qu'il n'en faut sur leur activité, les deux frères lui demandent de les héberger dans la grange. Elle accepte et ils s'endorment côte à côte, dans la douceur du foin, écrasés par une vraie fatigue. Au petit matin, Marie LE BRUN leur apporte deux grands bols d'un lait brûlant et de larges tartines de pain beurrées. Les estomacs calés, ils saluent la jeune fille et s'en vont pour Vannes. Le train vers Nantes. Puis la ligne avec terminus à Paris. Retour au bercail pour les deux frères. Mais ils sont bien décidés à tenter une nouvelle fois l'opération Savanna si l'information obtenue en dernière minute se confirme. D'ailleurs, avant de quitter la Bretagne, il sont chargé Marie LEBRUN d'aller à la pêche aux informations.

Vannes Hotel Epée

Pendant une quinzaine de jour, Marie LEBRUN va observer les aller retour des pilotes entre l'Hotel du Commerce et de l'Epée à Vannes et l'aérodrome de Meucon.

Yves et Joël LE TAC reviendront le 22 avril à Vannes. Leur informateur a bien travaillé : les aviateurs utilisent effectivement un nouvel itinéraire. "Nous pouvons établir que le seul moment possible de la nuit pour l'attentat est au retour de l'escadrille", écrira Joël LE TAC dans un rapport daté du 10 septembre 1941. Les deux frères effectuent une ultime reconnaissance pour envisager le modus operandi et le dispositif à adopter pour les charges explosives. Là au lieu du ou des deux cars attendus, nous apercevrons quatre cars escortés de deux voitures et de deux motos". Du coup, les LE TAC renoncent et décident de rentrer à Paris. 

Paraclub1943

Lionel SILVAIN complète ce récit par celui que lui racontait sa mère : "d'entrée de jeu , ma mère est sollicitée pour particper à ces repérages qui vont s'étaler sur une quinzaine de jours (entre le 8 et le 22 avril). Elle part à vélo avec les LE TAC à Meucon près des ruines romaines faire des comptages d'avions en évitant les patrouilles canines allemandes. Marie LEBRUN se rend à l'Hotel du Commerce et de l'Epée où sa cousine qui y travaille lui dit que les officiers ne sont pas rentrés d'une mission aérienne, que les portes des chambres sont scellées. Il semble bien que la nuit précédente, les avions bombardiers allemands ont été détruits par les chasseurs anglais équipés de tout nouveau radar qui leur permettent de voler la nuit...[vérifier ce témoignage]

En parallèle, tout au long de cette période de répérage sur Vannes, Marie LEBRUN recherche activement des contacts pour constituer un réseau de résistants qui s'avèreront utiles pour la suite...

La base de Meucon restera active ....pendant la guerre. Le 13 octobre 1941, trois pecheurs de Séné, dont deux femmes, secouraient les pilotes Allemands, qui venaient de s'abimer entre l'Île d'Ars et l'Île de Boed . (Lire article dédié).

2° engagement au sein du réseau Overcloud...

Si l'opération Savannah n'a pas aboutit, elle fut pour autant la première opération aéroportée de parachutistes français sur le sol national occupé. Quelques semaines plus tard, alors qu'une première tentative a échoué pour des raisons techniques, l'opération "Joséphine" est à nouveau envisagée en juin 1941 sous le code mission Joséphine B. Cette fois, des Français avec à leur tête Joel LE TAC réussisent à faire exploser un central électrique de Pessac en Gironde, qui alimente près de Bordeaux la base de sous-marins allemands. Raymond CABARD, l’adjudant Jean FORMAN, le sergent André VARNIER, rejoints par Joël LE TAC parviennent à faire exploser la centrale dans la nuit du 6 au 7 juin 1941. Le 28 août Joël LE TAC est à Londres.

En octobre 1941, alors qu’il est promu sous-lieutenant, Joël LE TAC doit constituer une organisation clandestine articulée autour de l’action subversive. Le projet de mission OVERCLOUD prévoit l’infiltration en Bretagne du sous-lieutenant LE TAC et de son opérateur-radio, Alain de KERGORLAY [1920-2008] Le 14 octobre 1941, les frères LE TAC et de KERGORLAY débarquent sur la côte de Saint-Pabu et rejoignent à Paris, la secrétaire du réseau, Christiane FRAHIER [1918-1942] Tous les quatre ils décident de gagner la Bretagne et s’installent près Vannes, secteur dans lequel Joël LE TAC avait pu s’assurer d’un soutien local lors de l’opération SAVANNAH. [Il s'agit de la ferme de la famille LEBRUN à Bilaire]

Joël met à contribution ce temps passé dans la région vannetaise pour élaborer les modalités de structuration du réseau. Ainsi, il met sur pied dans la région de Vannes des groupements relativement cloisonnés

1941 De Kergolay Bilaire ferme

(Déclaration de Alain de KERGOLAY lors de son audtion à la Libération). De son côté, le radio de KERGORLAY s’efforce de contacter Londres avec son poste-émetteur. Le 30 octobre 1941, le premier message de la mission OVERCLOUD est transmis sous l’indicatif de Joël LE TAC, JOE depuis une ferme morbihannaise confirmant de fait, l’activation du réseau. 

Sur le plan des transmissions, le réseau OVERCLOUD ne compte qu’un poste radio à l’automne 1941 qui émet de façon très irrégulière ce qui suscite l’agacement des services londoniens renforcé par le fait que l’opérateur Alain de KERGOLAY présente de sérieuses difficultés de chiffrage des messages à destination de Londres. De surcroît, le poste OVERCLOUD est fréquemment la cible des tentatives de détection par les véhicules allemands de goniométrie ce qui contraint l’opérateur-radio à interrompre immédiatement ses émissions en cours.

Au courant de novembre 1941, l’équipe se rend à Rennes afin de consolider les relations avec les embryons de résistance, les organiser, définir leur rôle respectif et enfin les incorporer à l’organigramme du réseau. Quant à l’opérateur-radio de KERGOLAY, il reste vraisemblablement sur Vannes à la ferme de Bilaire.

Lionel SILVAIN se souvient: "une cousine à ma mère, Lucienne habitait non loin de chez nous rue de Strasbourg. Elle voit circuler dans le quartier un véhicule monté en goniométrie qui essaie de réperer les émissions radio. Sa demeure et les maisons voisines sont fouillées. Les Allemands ne poursuivent pas la route vers Bilaire. La configuration des lieux à l'époque ne laisse pas penser qu'il y a plus loin d'autres habitations. Si bien que de KERGOLAY a le temps de fuir avec son équipement et sa radio."

De KERGOLAY sera arrêté par les agents de l'Abwehr allemande et accepte d'émettre, mais il se garde bien d'utiliser les clés d'identification garantissant l'authenticité des messages transmis.(Source Histoire de Résistance en France, Noguières, R. Laffont). Ainsi Londres apprend que son radio est tombé. 

Moureaux FOTO

Le 31 décembre, un 2° radio, Pierre MOUREAUX arrive de Londres pour remplacer de KERGOLAY. Pierre Laurent MOUREAUX, né à Nancy le 13/4/1920, se trouve au Pays Basque quant le Général de Gaulle lance l'appel du 18 juin. Le 19 juin il embarque à Bayonne sur un navire belge le Léopold II et gagne l'Angleterre à Falmouht en Cornouailles. Etudiant, il parle allemand et anglais. Le 6 decembre 1941 il accoste près de Saint-Pabu en Bretagne et rejoint le réseau Overcloud.

Le 4 janvier, les frères LE TAC gagnent Londres lors de l'exfiltration de 5 résistants qui veulent rejoindre les FFL. Le 25 janvier 1942, Les frères LE TAC et Joseph SCHEIMAN débarquent sur Saint-Pabu. Yves LE TAC et SCHEIMANN vont sur Rennes, Joël LE TAC va sur Paris.

Dans le livre intitulé "Des Anglais dans la Résistance" de l'Anglais Michael R.D.FOOT et de J.L. CREMIEUX-BRILHAC, les auteurs avancent une explication à l'origine des arrestations des agents d'OVERCLOUD : "les Allemands avaient arrêté un étudiant, dénoncé par La Chatte, l'agent double française Mathilde CARRE [30/6/1908-30/5/2007] comme faisant partie du réseau Interallié, et avaient trouvé dans sa poche le schéma du réseau Overcloud. Ils avaient donc infiltré l'organisation bretonne et attendaient le retour des deux frères LE TAC pour lancer leur coup de filet".

Dans le dossier au SHD côte GR 28P2/25, le témoignage de Poumeau de Lafforest:

1942 Arrestation Overcloud

Début février commence alors une vague d'arrestations des membres du réseau OVERCLOUD. Le 2 février MOUREAUX est arrêté à Rennes. Il sera emprisonné en France à Angers puis Fresnes avant d'être déporté en Allemagne d'où il reviendra en décembre 1945.

Le 5 Joël LE TAC est arrêté. Il sera conduit à Angers puis Paris et la prsion de Frênes avant d'être déporté avec ses parents. Une quinzaine de membres du réseau tomberont. La plupart seront fusillés. 

Le 27 janvier, Christiane FRAHIER [3/10/1918 Tours - 12/12/1942 Saint-Germain en Laye] est également arrêtée par la Gestapo et incarcérée à la prison de la Santé à Paris. Christiane est la fille du receveur percepteur de Montreuil, Adrien Frahier. Elle est a obtenu son brevet d'infirmière et par le l'anglais. Elle rejoint le réseau Overcloud en novembre 1941. Après son arrestation, elle y est interrogée et soumise à des conditions de détention terribles. Condamnée à mort, elle est conduite malgré tout à l'Hôpital La Pitié. Ces geôliers la relachent quelques jours avant son décès à Saint-Germain en Laye le 12/12/1942.

FRAHIER citation

Elle sera reconnnue "Mort(e) pour la France" et déclarée membre des Force Françaises Combattnates au grade de Sous-Lieutenant à titre posthume le 23/3/1950. Depuis 1945, une place honore sa mémoire en la ville de saint-Germain en Laye.

FRAHIER6Christiane

Tel aurait pu être le sort de Marie LEBRUN. Sa "chance" fut d'avoir conserver son vrai nom et de n'avoir pas adopté un nom d'emprunt. Elle ne sera pas retrouvée par les Allemands. 

 
1952 LEBRUN atestation OverCloud

Lionel SILVAIN, son fils complète: "après la disparition du réseau Overcloud, ma mère va continuer à faire du renseignement; elle a fait également du transport d'armes pour les maquisards autour de Saint-Marcel après des parachutages. On y passe toute la garde-robe du soldat LE BRUN, dont les costumes, chemises et chaussures habillent les parachutés et les maquisards". Un jour en gare de Rennes ou de Redon, avec une autre femme résistante comme elle, elles transportent dans une valise des armes. Elles décident de confier leur valise à des officiers allemands avant de passer les contrôle de la gendarmerie française. Elle récupère ensuite leur valise".

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1953 LEBRUN atestation OverCloud

Après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord le 8 novembre 1942, la France est totalement occupée par les Allemands. Pour ne pas passer sous le contrôle de l'Occupant et pour ne pas rejoindre les Forces Navales Françaises Libres, les FNFL constituées autour de De Gaulle en Afrique du Nord, la flotte française de Toulon se saborde le 27 novembre 1942.  

1943 Mariage publication

André Désiré SILVAIN est muté en tant qu'agent maritime à Pornichet, ce qui lui évite le STO. Il épouse sa fiancée à Vannes le 30/10/1943 à Vannes. Au cours de leur repas de noces, les jeunes mariés organisent une quête en faveur des prisonniers comme nous l'indique cette coupure de presse.

1943 Mariage Quete Prisionniers

Marie Augustine tombe enceinte et sa grossesse est compliquée. En août 1944, alors que Vannes est libérée nait leur garçon, Lionel SILVAIN (1/8/1944) à la ferme de Billaire. Son père André SILVAIN est toujours gendarme maritime. Après la Libération, la jeunne famille vit chez la grand-mère. De 1948 à 1951 André SILVAIN s'engage à nouveau dans la marine dans une mission à Diego Suarez à Madagascar. Victime d'un accident avec un véhicule militaire, il sera amputée d'une jambe. De retour en France, il bénéficie d'une pension. Il passe un concours et décroche un poste de secrétaire aux Inscriptions Maritimes à Vannes. Sa femme, s'occupe de son jeune garçon et continue à confectionner, couper, assembler des tissus pour des vestes, pantalons, chemises et autres robes de mariées.

1948 Decoration Medaille Lebrun

Le 2 juin 1948, Marie LEBRUN reçoit la distinction accordée aux résistants. Le 21 septembre 1949, elle reçoit la Médaille d'Argent de la Reconnaissance Française.

1953 Lebrun carte

LEBRUN Marie 4

Elle entretiendra le souvenir de son engagement pendant la résistance avec d'autres résistants dy Pays de vannes. A la retraite de la grand-mère Marie Pierre LE BIGOT [1891-1965], puis après son décès, la famille peut demeurer à la ferme, alors que les terres sont relouées.  Peu à peu, le métier de couturière rapporte moins. André SILVAIN part à la retraite au début des années 1970. Il décède à Vannes le 8/1/2005.

Marie Augustine LEBRUN, native de Séné, décède à Vannes le 20/11/2006 à l'âge de 87 ans.