Séné 14-18 Marine
- LE PORT, sous marinier sur le Thermidor
- NOBLANC, coulé par collision
- LE ROY marin torpillé par deux fois
- LE FLOCH disparu avec le Suffren
- JACOB disparu sur la route de l'étain.
- DANET et ROLLAND marins "charbonniers" torpillés en mer
- DORIOL, GUYOMAR disparus lors du blocus de l'Otrante
- LE DERF, LE FRANC, PIERRE, disparus avec le Gambetta
- LE DORIOL, DARON, LE PORT : la guerre de la poudre
Séné 14-18 Marine
LE PORT, sous marinier sur le Thermidor
Jean Louis Alexandre LE PORT : 11/11/1890 - 15/06/1918
Jean Louis LE PORT nait en 1890 à Séné au village de Montsarrac d'une mère ménagère et d'un père "maître de Cabotage". On ne sera pas surpris de voir le jeune LE PORT devenir mousse en mars 1906 sur la goëlette "Rachel". Il devient novice sur la goëlette Marie Céline" au mois de mai 1908.
On retrouve la présence de la famille LE PORT au dénombrement de 1911. Elle compte deux garçons.
Le jeune matelot est appelé sous les drapeau en décembre 1910. Il est affecté sur le "Brennus" puis le "Marceau" et le Condorcet en décembre 1911.
A partir de juin 1912, il est affecté à la base de sous-marins de Cherbourg entant que Quartier Maître Torpilleur. Au 1er janvier 1913 il intègre la 2° escadre légère de la 1ère Escadrille. Avant guerre la marine compte 3 Escadrilles et une vingtaine de sous-marins :
Son acte de décès mentionne qu'il était à bord du Thermidor lorsqu'il tombe malade. Le 16 février 1917 il est ramené au 1er Dépot et réformé n°1 le 2 mai 1917. On lui a diagnostiqué une tuberculose. Il se retire à Séné où il décède le 15 juin 1918 à l'âge de 28 ans. Il a été enterré au cimetière comme nous l'apprend le registre de la paroisse.
Les sous-marins Thermidor, Floréal et Ventôse dans un bassin du port du Havre (23 juillet 1913) photo gallica-BnF
THERMIDOR Sous-marin de haute mer type Pluviôse (1910 – 1919)
Chantier :
Cherbourg.
Commencé : 1906
Mis à flot : 03.07.1909
Terminé : 1910
En service : 13.07.1910
Retiré : 12.11.1919
Caractéristiques : 398 t ; 550 t.pl ; 700 cv ; 51,12 x 4,97 x 3,12 m ; 2 moteurs électriques 225 cv ; 2 chaudières à vapeur de 360 cv.
Symbole de coque : TR.
Armement : IV TLT carcasse de 450 + II TLT de 450 Drzewiecki.
Observations :
Q 057
26.08.1905 : construction ordonnée
13.07.1910 : armé pour la première fois
08.1914 : affecté à la 3ère escadrille de sous-marins de la 2ème escadre légère à Cherbourg
09.1914-01.1915 : séjours à Portsmouth dans le cadre des accords de défense franco-anglais
28.05.1915 : de Cherbourg au Havre pour la défense de la rade carénage à Brest
12.11.1919 : rayé
23.05.1921 : coque vendue à Cherbourg pour démolition à la Société d’approvisionnement métallurgiques et de matériel d’industrie pour 43 150 francs
NOBLANC, coulé par collision
NOBLANC Joseph Louis Marie : 16/01/1891 - 2/09/1916.
Comme nous l'indique son extrait d'acte de naissance, Joseph Louis Marie NOBLANC nait le 16 janvier 1891 au sein d'une famille de marins pêcheurs de Cadouarn. Au dénombrement de 1906, à l'âge de 15 ans il déclare lui aussi la'activité de marin pêcheur.
En effet, comme nous le livre sa fiche d'inscrit maritime (SHD à Lorient) il est mousse depuis août 1903 quand il était sur la canot "La Patrie".
Lors de la mobilisation, il est marin sur "La Foudre" depuis février 1912 et il y restera jusqu'en juillet 1916. Le Foudre navigue dans les Dardanelles et en mer d'Egée.
NOBLANC apparait-il sur cette photo datée du 25/04/1915 où l'on peut lire le nom du bateau?
En juillet 1916 il rejoint ensuite l'Escadrille de Patrouille sans autre précision.
Sa fiche "Mémoire des Hommes" comme son inscription maritime nous apprennent sa disparition alors qu'il est en patrouille à bord du "Providence" faisant partie de la 5° escadrille de Patrouille de l'Armée navale. Que c'est-il passé? Comment Joseph Noblanc a-t-il diusparu ?
Sur internet et notamment le forum page14-18 on trouve l'explication. Noblanc Joseph est embarqué sur le chalutier « Providence 1», patrouilleur auxiliaire naviguant en Méditerranée.
Ce bateau a été construit en Grande-Bretagne sous le nom de Beryl pour le compte de la Kingston Steam Company. Le 16 juin 1915, réquisitionné à Lorient, il est renommé Providence 1. Le 2 septembre 1916, il est coulé à l’ouest de la Sardaigne suite à un abordage avec le croiseur auxiliaire Gallia.
Parmi les 18 marins recenses disparus en mer le 2 septembre 1916 lors de l'abordage avec le croiseur auxiliaire "GALLIA", figure NOBLANC Joseph Louis Marie, en tant que Quartier-Maître Canonnier. Sa mort sera attestée par le jugement déclaratif de décès rendu le 14 mai 1917 à TOULON.
Par arrêté du Ministre de la Marine en date du 4 juin 1919 (J.O., 7 juin 1919, p. 5.933), les disparus furent inscrits à titre posthume au tableau spécial de la Médaille militaire.
La commandant du "Providence" a du s'expliquer devant les autorités sur la justesse de sa manoeuvre comme nous le relate cet article de presse et son honneur fut préservé.
Pour mémoire le croiseur auxiliaire qui éperonna le chalutier patrouilleur Providence eut un destin tragique créant un grand retentissement en France. Le croiseur auxiliaire GALLIA fut en effet torpillé le 4 octobre 1916 par un sous-marin ennemi, au large de San-Pietro (Sardaigne), alors qu’il transportait des troupes.
LE ROY marin torpillé par deux fois
LE ROY Patern Marie est né à Cadouarn le 11/12/1875 au sein d'une famille de pêcheurs comme nous l'indique son extrait d'acte de naissance.
Le dénombrement de 1911 nous indique que son père, sa soeur et lui déclarent l'activité de pêche.
En effet, depuis ses 13 ans le jeune Patern exerce comme mousse sur différents canots. D'abord ses débuts sur l'Etoile, La Bergeronnette; Le Même. A 20 ans, il effectue sa conscription au 3° dépot de Lorient, puis à Brest et Lorient entre 1895 et mai 1898.
Sa fiche d'incrit maritime nous raconte encore ses jours paisibles de mer avant la guerre. On le suit naviguant sur la Jeanne Cordonnière, le Si j'étais Roi, le Homécourt et le yacht Penn Duick du 17/07/1914 au 5/08/1914. Il est marin jusqu'en juillet 1915 sur le brick Eugène et Gaston (qui sera coulé par l’U 70 du KL Otto WÜNSCHE le 18/12/1916).
Son destin va vaciller en embarquant sur l'Iduna le 27/07/1915. Comme l'indique sa fiche le 28 octobre 1916 son bateau est "torpillé". En cherchant sur les forum on tombe sur des précisions de ce "torpillage":
L'IDUNA est une goélette française de 165 tx JB.
Le 26 Octobre 1916, IDUNA est à 50 milles au S 24 W de Start Point et fait route au S 45 E par fraîche brise de NW et mer très forte.
"Un sous-marin est aperçu, approche à 30 m et fait signe par pavillon d'avoir à quitter le navire. IDUNA met en panne et son équipage embarque dans le canot. Le commandant du sous-marin fait monter à son bord le capitaine et deux hommes qui seront gardés une heure trente. Le capitaine est interrogé en bon français par le second du sous-marin. Deux marins allemands munis de deux bombes montent dans le canot et se font conduire à bord d'IDUNA. Ils s'emparent de quelques vivres, puis placent une bombe dans la chambre arrière et une dans le poste avant. Ils regagnent leur bord et les bombes éclatent sept minutes plus tard. IDUNA coule aussitôt."
La goëlette Iduna est coulée le 26 octobre 1916 et les marins sont rapatriés à Southampton par un patrouilleur anglais.
Le sous marin assaillant est décrit par les rescapés :
"30 à 35 m de long. Pointu aux extrémités. Kiosque au milieu. Un canon fixe sur l'avant. A noter, l'étrave un peu faussée sur bâbord. Peinture gris clair récente. Commandant de taille moyenne, bien rasé, 30 à 32 ans. Second avec des cheveux blonds, environ 30 ans. Tous deux en vêtement de cuir. 27 hommes d'équipage, soit en laine bleue, soit en gris de chauffe."
Il sera identifié comme l'UB 19 du KL Walter Gustav BECKER.
Cependant après avoir échapé à l'explosion de l'Iduna, rentré à bon port en France, LE ROY embarque sur un autre navire , le Couronne et il disaprait en mer le 28/12/1916 comme le mentionne sa fiche d'inscrit maritime.
L'ouvrage intitulé "Les Navires des Ports de la Bretagne Provinciale coulés par des faits de Guerre" nous présente le "Couronne". On y apprend que le bateau était parti d'Oran en Algérie le 28/12/1916, sans doute avec une cargaison de blé (ou de vin) à bord et faisait route vers Lorient et Vannes.
Le "Couronne" croise sur sa route, très au large des côtes bretonnes, le 21 janvier 1917, le sous-marin allemand UC-16 d'Egon Von Werner. Il est torpillé et 11 marins de son équipage périssent en mer dont Patern LE ROY. Ne sachant pas cette date, on retiendra au tribunal la date de départ d'Oran.
LE FLOCH disparu avec le Suffren
Remerciement à Yannick ROME.
Le Suffren est un cuirassé français, mis à l'eau le 1899 et coulé avec son équipage le 26 novembre 1916, au large de Lisbonne. Il s'agit d'une amélioration de la classe Charlemagne. Il fut nommé en l'honneur de l'amiral Pierre André de Suffren.
En 1915, le Suffren est le navire amiral d'une escadre de quatre cuirassés français, commandée par le contre-amiral Guépratte, qui participa aux opérations navales dans les Dardanelles. Pendant l'attaque du Détroit des Dardanelles le 18 mars 1915, le Suffren fut gravement endommagé par l'artillerie ottomane qui causa des voies d'eau, rendant les canons inopérants. Le Suffren dut se rendre à Malte pour effectuer des réparations.
Après avoir participé aux opérations à Gallipoli et à Salonique, le Suffren faisait route vers Lorient pour se ravitailler lorsqu'au large des côtes portugaises, près de Lisbonne, il fut torpillé par un sous-marin allemand U-52, le 26 novembre 1916. Les dégâts qui lui avaient été infligés aux Dardanelles ne lui permettaient d'aller qu'à 10 nœuds, mais le mauvais temps réduisait encore sa vitesse à 9 nœuds ; de plus il était sans escorte au moment de l'attaque. La torpille atteignit les moteurs et le Suffren coula en l'espace de quelques secondes, emportant par le fond ses 648 membres d'équipage.
http://www.histomar.net/GSM/htm/suffren.htm
Les U 52 et U 35 en surface en 1916.
Parmi les hommes disparus ce 26/11/1916, figure Auguste Louis Marie LE FLOCH né à Séné le 27/05/1869 à Montsarrac. Sa famille n'est pas sinagote de souche et pour cause, le père, Edouard Le Floch est matelot des doaunes. De nombreux marins et soldats seront issus de cette profession. Nombreux seront à épouser des filles de Séné et finir leur jours à Séné. Les douaniers donnerons même un maire à notre commune.
A cause des mutations dans les douanes, la famille n'est plus à Séné au dénombrement de 1906.
Auguste Le Floc a été engagé volontaire.
Résidant à Larmor-Plage avant la guerre son nom figure au monument aux mort de Larmor-Plage.
Plus...
JACOB disparu sur la route de l'étain.
Une économie de guerre à besoin de beaucoup de matières premières, du charbon pour l'industrie et des armes, des métaux pour la construction navale et l'armerment et encore des denrées pour alimenter un pays en guerre. Le rôle de la marine marchande a été primordial pour faire tourner une économie tournée vers la guerre.
Le marin sinagot Célestin JACOB a péri en mer embarqué dans un navire de commerce à la précieuse cargaison. Qui était-il et dans quelles circonstances a-t-il disparu en mer ?
Célestin Joseph Marie JACOB : 28/01/1888 - 3/11/1916
Le monument aux morts de Séné compte 86 noms dont celui de Célestin JACOB.
Les registres des décès de Séné ne semble pas répertorier la mort de ce soldat dans leur pages qui vont de 1914 à 1930.... Comment dès lors retrouver sa trace et renseigner sur les circonstances de sa disparition ?
La consultation des tables décennales nous permet de retrouver un "Célestin Joseph Marie JACOB".
Son existence nous est confirmée par son extrait d'acte de naissance mais celui-ci ne comporte aucune mention marginale de son décès. Célestin Joseph Marie JACOB est né à Séné au village de Langle le 28/01/1888.
La consultation méthodique du registre du dénombrement de 1906 permet d'identifier la famille Jacob à Langle. La maman est épicière, le père et les garçons marins. La famille emploie une servante.
Mais est-ce bien notre "Poilu" ?
La consultation des fiches de matricule des archives du Morbihan nous donne une information supplémentaire, la date de son décès et son enregistrement dans la ville du Havre. Il n'a pas été retranscrit sur Séné. Aucune donnée sur sa conscription ou ses états de services.
Que c'est-il passé ce 3 novembre 1916 ?
L'absence de parcours militaire sur la "campagne d'Allemagne" laisse penser à un marin de marine marchande (voir autres cas Danet, Guyomar..).
En cherchant sur internet avec comme mot clef la date du 3 novembre 1916, on finit par trouver avec pas mal d'attention et de patience un site qui parle d'un navire disparu en mer à cette date, le PML1.
De fil en aiguille on apprend que le PLM1 est un bateau de la Société Nationale d'Affrêtement, filiale d'une compagnie de chemin de fer, basée au Havre, ville où a été enregistré le décès de Jacob Célestin.
La magie d'internet nous fait attérrir sur un site qui donne toutes les caractéristiques de ce bateau :
En cliquant sur les forums on finit par trouver les circonstance de la dispariton du bateau et sa mission.
Le PLM1 de la Société Nationale d'Affrêtement venait de quitter le port anglais dans les Cornouiailles à Penzance avec sans doute dans ses soutes de l'étain. La ville anglaise avant guerre est connue pour ses mines d'étain et ses fonderies. Le métal est précieux pour confectionner les conserves de fer blanc qui serviront à produire des aliments en conserve pour les soldats.
Le PLM1 a-t-il été torpillé ?
Un internaute emet l'hypothèse d'une disparition en mer dans la tempête . Il retrouve le bulletin météo de l'époque.
Enfin un autre abonné du forum 14-18 a retrouvé au Havre le compte-rendu du Tribunal :
Jugement rendu le 7 mars 1919 par le Tribunal civil du Havre et transcrit au Havre le 3 avril 1919 (Registre des actes de décès de la ville du Havre, Année 1919, f° 52, p. 6.090, acte n° 1.388).
« Attendu qu’il est établi par les pièces et documents versés au dossier que le vapeur P.L.M., immatriculé au Havre, numéro quinze cent soixante-et-onze, armé au Havre, parti de Penzance le trois novembre mil neuf cent seize à destination de Marseille avec un équipage de vingt-huit hommes, dont six officiers, a été perdu corps et biens au cours des violentes tempêtes qui ont sévi dans l’Atlantique et notamment dans le Golfe de Gascogne pendant le première quinzaine novembre mil neuf cent seize ; ... »
Parmi les hommes d'équipage disaprus on lit :
"JACOB Célestin Joseph Marie, né le 28 février 1888 à Séné (Morbihan) et y domicilié, Second mécanicien, inscrit à Vannes, n° 1.213. Fils de Jean Marie JACOB et de Prudence Marie NOBLANC. Célibataire. "
Célestin Joseph Marie JACOB avait 28 ans lorsque son navire le PLM1 ayant chargé de l'étain dans le port des Cornouailles de Penzance est pris dans une violente tempête et disparait en mer.
Son nom figure au monument aux morts de Séné.
Enfin la consultation de sa fiche d'Inscrit Maritime confirme ce décès en mer.
Pendant la guerre Célestin JACOB aura servi dans différentes unités.
DANET et ROLLAND marins "charbonniers" torpillés en mer
On se sera pas étonné de compter 16 marins nés ou domiciliés à Séné et "Morts pour la France" pendant la guerre de 14-18.
Parmi ces marins, il y avait des soldats et il y avait des marins de la marine marchande qui oeuvraient à l'effort de guerre. Les marins Danet et Jacob sont morts dans leur mission. Dans quelles circonstances et qui étaient-ils ?
Julien Marie DANET : 25/04/1890 - 16/02/1917
Il est né à Cadouarn le 25/04/1890, comme l'indique son acte de naissance, ses parenss sont alors pêcheurs.
Comme beaucoup de jeunes garçon de son âge; il devient mousse dans la marine. Son premier bateau en juin 1904 est le canot Joseph Louis Marie.
On le retrouve lors du dénombrement de 1906 avec ses deux soeurs et ses parents.
Son acte de décès au registre d'état civil de Séné nous apprend qu'il est à bord du cargo charbonnier le NIOBE alors que celui-ci est torpillé par un sous-marin allemand le 16/02/1917.
Le NIOBE est un navire auxiliaire construit par les chantiers Sunderland Shipbuilding, South Dock, Sunderland, en Grande-Bretagne pour le compte de la Société Navale Caennaise.
Mis à flot : 1905
Terminé : 01.1906
En service : 01.1906 (MM)
En service : 20.12.1915 (MN)
Retiré : 16.02.1917
Caractéristiques : 1 319 tjb ; 1 900 tpl ; 72,80 x 10,48 x 4,26 m ; 1 050 cv ; machine à triple expansion.
Armement : N.C.
Le cargo charbonnier à vapeur NIOBE effectue une traversée Cardiff – Bordeaux avec du charbon. Il est torpillé et coulé le 16/02/1917 dans le Golfe de Gascogne à 8 milles dans l’W de la bouée des Baleines par le sous-marin allemand UC 21 (OL Reinhold Satzwedel) par 46°14,4N et 001°48,7W.
Sur 32 hommes qui étaient à bord, 14 seulement ont pu être sauvés par un bateau bellilois. On compte une dizaine de disparus.
Sa fiche d'inscrit maritime porte une information complémentaire :
Le corps du matelot sinagot Julien Marie DANET, célibataire, âgé de 27 ans, est toutefois repêché près de La Rochelle en présence de l'agent d epolice auxiliaire et du garde champêtre. Il sera inhumé au cimetière de La Pallice à La Rochelle le 19/02/1917 comme l'indique son acte de décès.Son nom figure au monument aux morts de Séné.
Louis Pierre ROLLAND : 20/09/1889 - 17/07/1918
Le site "geneanet" nous donne une première piste sur une "ROLLAND Louis" natif de Séné et décédé lors du torpîllage du Saint-Georges.
La confrontation de ces données avec celles de l'état civil permet d'éliminer des homonymes et d'identifier Louis Pierre ROLLAND né à Séné le 20/09/1899 et non en 1889. Cette erreur permet d'avoir un doute sur les informations de geneanet qui malgré tout ouvrent une piste de recherches...
Le dénombrement de 1911 indique que ce Louis Pierre Rolland est le fils aîné de la famille rédidant à Bellevue. Le père Louis Marie qui était matelot des douanes est décédé.
Un autre site indique que ce bâtiment de marine, le Saint-Georges (1894-1918), ex-cargo Patrator racheté en 1917 par l'armement D. Hyafill d'Oran a été renommé Saint-Georges. Le Saint Georges est torpillé et coulé par le sous-marin U-60, à 15 milles au SW d'Hartland Point, lors d'un voyage au départ de Penarth ville près de Cardiff où il venait charger du charbon et à destination de Rouen.
Cependant un site spécialisé sur les sous-marins allemends précise que le St-Geroges fut coulé le 17/07/1918.
17 juillet 1918 : Alors qu’il allait de Penarth (Pays de Galles, Royaume-Uni) à Rouen avec un chargement de charbon, torpillé et coulé par le sous-marin allemand U-60 (Kapitänleutnant Franz Grünert), à 15 milles dans le Sud-Ouest d’Hartland Point (Devon, Royaume-Uni), par 50° 47’ N. et 04° 38’ W. Les survivants sont recueillis par le navire norvégien Dana. 11 victimes.
On cite aussi la liste des matelots disparus avec un certain Louis Rolland de Vannes, sans doute parce qu'il est "Inscrit maritime" à Vannes et non natif de Vannes. Son nom n'apparait pas au monument aux morts de Vannes.
Ce n'est que la consultation de sa fiche d'inscrit maritime à Lorient qui permet éclaire parfaitement. Louis Pierre ROLLAND en 1912 à l'âge de 13 ans commence sa vie de marin en tant que mousse sur le canot Saint-Louis à Séné. Ensuite il embarque sur la goëlette Ravissante puis sur l'Eugène Gaston. Il change de bateau pour des vapeurs et devien novice, soutier et ensuite chauffeur.
Louis Pierre ROLLAND est bien à bord du Saint-Georges au large du Pays de Galles lors de son torpillage. Il transportait du charbon à destination du port de Rouen. C'est dans cette ville que le tribunal statuera sur le décès du marin sinagot le 17/07/1918 âgé de 19 ans.
Son décès n'a pas été transposé à l'état civil de Séné mais le jeune Sinagot est bien inscrit sur la liste gravé du monument aux mort.
DORIOL, GUYOMAR disparus lors du blocus de l'Otrante
Parmi les Sinagots "Morts pour la France" on compte 16 marins disparus soit lors d'un combat naval soit à la suite d'une attaque d'un sous-marin allemand ou autrichien.
Tel est le cas des marins Doriol et Guyomar qui près de Corfou en Grèce à un an d'intervalle ont péri à bord de leur chalutier patrouilleur qui a sauté sur une mine déposée par un sous-marin.
Des marins de Séné qui savaient manoeuvrer leur chalutier se sont retrouvés du jour au lendemain, marin combattants...
Depuis le début des hostilités, les Alliés entretiennent un blocus du détroit d'Otrante entre l'Italie et les côtes albanaises et grecques, pour nuire à la marine austro-hongroise comme l'indique la carte suivante. C'est dans ces parages que le cuirassier Le Gambetta" sombrera également. Lire article.
Qui étaient ces deux marins de Séné et dans quelles circonstances leur bateau sombra dans le canal d'Otrante ?
François Marie GUYOMAR : 16/10/1885 - La Ginette 30/03/1916 :
Le chalutier "La Ginette" a été réquisitionné par la Marine et il sert de patrouilleur en Méditerranée. Ainsi des marins se retrouvent soldats sur des bateaux construits pour un autre usage.
La Ginette de 272 tx a été constuit par le chantier Duthie Torry, à Aberdeen, en Grande-Bretagne.
Mis à flot le 09.01.1913, il entre en service pour la Marine le 07.02.1915, réquisitionné à La Rochelle, pour des opérations en Méditerranée. Il participe notamment à l'évacuation de l’armée serbe du port de Durazzo (aujourd'hui Düres) en Albanie. Comme fait d'armes, il abat un avion à Valona (aujourd'hui Vlora) sur la côte albanaise en 1916. Lors d'un convoi où il incorpore sa 1ère escadrille de patrouille le 20.03.1916, le Ginette saute sur une mine posée par le sous-marin UC 14 commandée par KL Franz Becker, au large de Corfou en Grèce.
On dénombre ce jour-là 19 marins disparus, dont le matelot de 3° classe François Marie GUYOMAR âgé de 31 ans et 7 rescapés qui témoigneront.
François GUYOMAR était né le 16/10/1885 à Moëlan sur mer en Finistère. Ses parents étaient cultivateurs.
Comment expliquer sa présence sur le monument au mort de Séné?
Sa fiche de matricule nous indique qu'il fait sa conscription d'avril 1906 à avril 1907.
L'administration militaire annote également son parcours professionnnel dans l'administration des douanes.
Ainsi, François GUYOMAR change d'affectation dans les douanes qui le conduisent de Honfleur vers Valenciennes, puis Brest en 1912 en Bretagne, sa région natale. A partir de mai 1915 il est donc mobilisé et matelot sur la Ginette.
En observant de près la fiche de matricule on note au crayon de papier sa dernière localité de résidence à partir du 31/01/1913 : Quatre-Vents. Ainsi le douanier Guyomar a-t-il été affecté à Séné dans la caserne des Quatre-vents en 1913 après le dénombrement de 1911 où son nom n'apparait pas. A sa mort, c'est l'adresse du dernier domicile connu qui lui vaut son inscription sur le monument aux morts de Séné. Ce n'est d'ailleurs pas le seul douanier sinagot qui sera "Mort pour la France". Lire autre article.
Il semarie alors à Séné avec Marie Louise JACOB de Kergrippe le 16 septembre 1913.
Honoré Louis Marie DORIOL : 12/07/1881 - La Tubéreuse - 5/02/1917
Né au village de Montsarrac le 12/07/1881 dans une famille de marins comme nous l'indique son extrait d'acte de naissance et le dénombrement de 1906.
Sa fiche de matricule nous rappelle que sa classe ne faisait que 12 mois de conscription qu'il effectuera de nov 1901 a janv.1902.
Au dénombrement de 1911 on note que son père est veuf.
Matelot de 2° classe à bord du chalutier patrouilleur La Tubéreuse, Honoré Louis Marie DORIOL, disparait à lâge de 36 ans le 05-06.12.1917 : le Tubéreuse saute sur une mine mouillée par le sous-marin UC-38 (OL Hans Hermann Wendlandt) et coule devant Corfou dans le golfe de Patras en Grèce.
"Le chalutier TUBEREUSE a sauté sur une mine le 5 Décembre 1917 à 17h30 heure orientale. Il était à 4000 m de la porte du barrage Pappas – Tholge, dans le chenal de sécurité. Il a disparu aussitôt et seuls deux hommes ont pu être sauvés par le SCORPION qui se trouvait à proximité. Les deux survivants sont à l’infirmerie de la base de Patras"
Sa fiche d'inscrit maritime nous indique qu'il a été cité en 1922.
La TUBEREUSE était un chalutier japonais reconverti en patrouilleur. Photo de la Capucine chalutier similaire. Ce fait nous rappelle que le Japon était du côté des Alliés pendant la guerre de 1914-18.
Chantier : Kawasaki Dockyard, Kobé, Japon.
Caractéristiques : 212 t ; 31,09 x 6,4 x 3,43 m.
Armement : I ou II de 75 mm ou 90 ou 100 mm, I de 47 mm sur les unités plus petites. Parfois armement ASM.
Observations :
Chalutier Shinko Maru construit en 1911 au Japon.
06.1917 : acheté par la Marine française et renommé Tubéreuse. La France achètera 34 navires de pêche au Japon durant la guerre.
05-06.12.1917 : il saute sur une mine mouillée par le sous-marin UC-38 (OL Hans Hermann Wendlandt) et coule devant Corfou dans le golfe de Patras. Une semaine après, le 14 décembre 1917, l’équipage de l’UC-38 sera capturé après un combat contre les torpilleurs Mameluck et Lansquenet alors qu’il venait de torpiller le croiseur Châteaurenault devant l’entrée du golfe de Corinthe. Le 12, il avait manqué le croiseur D’Entrecasteaux employé pour l’occasion au transport des troupes entre Tarente et Itéa.
Le patrouilleur Tubéreuse est cité à l’ordre du jour :
Chalutier Tubéreuse : a sombré par l’explosion d’une mine au cours d’opérations à proximité d’un champ de mines connu
(J. O. du 24 février 1918).
LE DERF, LE FRANC, PIERRE, disparus avec le Gambetta
Merci a Yannick ROME.
De 1914 à 1915, basé à Malte, le Léon Gambetta opère en mer Adriatique, participant au blocus de la Marine austro-hongroise, dans la 2e escadre légère du contre-amiral Victor Baptistin Sénès.
Le 27 avril 1915, le croiseur Léon Gambetta, commandé par le capitaine de vaisseau André, mais à bord se trouve aussi le contre-amiral Sénès, est torpillé par deux fois par le sous-marin autrichien U.5 commandé par le commandant Von Trapp à l’entrée du canal d’Otrante en mer Adriatique à quatorze milles nautiques du cap Santa Maria di Leuca (Pouilles, côte italienne).
Le navire, venant de Malte, devait protéger les cargos chargés de ravitailler le Montenegro. Le bâtiment prend rapidement de la bande. Un seul canot peut être mis à l’eau. Les Allemands prennent une photo du bateau évacué.
Le canot est prévu pour 58 hommes, mais 108 marins parviennent à y prendre place, et comme le temps est beau, ils font route aussitôt vers la côte italienne. Il est 2 h. Le canot atteindra miraculeusement le village de Santa Maria vers 8 heures du matin. L’alerte aussitôt donnée, de Tarente et de Brindisi, des torpilleurs se portent sur les lieux du drame. Des 500 hommes qui se trouvaient à l’eau à minuit, ils ne retrouvent que 29 survivants épuisés (soit en tout 137 survivants). On ne retrouve aucun officier. Le capitaine de vaisseau André et l’amiral Senes sont parmi les 684 morts (dont 92 finistériens) parmi les 821 officiers et hommes d’équipage on dénombre 3 soldats nés à Séné mort en ce jour du 27 avril 1915.
La presse morbihannaise annonce la nouvelle.
Les secours parviendront à sauver 29 naufragés, et retrouveront ce jour-là 58 morts, dont l'amiral Sénès.
Les victimes seront enterrées solennellement à Castrignano del Capo, commune la plus proche du promontoire de Santa Maria di Leuca, en présence de survivants, de la population locale, et de représentants de l'état italien. Cependant les corps seront rappatriés en France après guerre. En souvenir de ce naufrage, une chapelle a été batie au cimetière municipal de Castrignano del Capo.
Dans la chapelle, il demeure des plaque au nom des 58 corps retrouvés. Un déplacement sur place le 23 avril 2023 a permis de lire ces noms et de repérer celui de Vincent Marie LE DERF, l'un des trois Sinagots péris lors du torpillage du Gambetta.
Pour le centenaire du torpillage du Gambetta une cérémonie solennelle eut lieu sur le port de Santa Maria de Leuca ou l'Association des Marins inaugura une pierre tombale en mémoire des disparus du Gambettta.
On peut voir sur youtube deux videos de cette cérémonie.
Qui était les trois Sinagots disparus en mer lors du torpillage du "Gambetta"?
LE DERF Vincent : 26/10/1877 - 27/04/1915
L'état civil de Séné nous apprend que Vincent Marie LE DERF est né au village de Kerarden le 26/10/1877. Au dénombrement de 1911 ses parents sont toujours domiciliés à Séné.
A l'âge de 25 ans il se marie à Lorient le 23/01/1902 avec Marie-Cécile Guillemot commerçante. Lui est Quartier Maître Torpilleur sur " Le Guédon".
Sa fiche de matricule ne nous renseigne pas sur ses états de service avant son embarquement sur le "Gambetta" où il officie également en tant que Mâître torpilleur. Son corps sera retrouvé par les sauveteurs de Santa Maria de Leuca. Porté au cimetière communal de Castrignano, il sera ensuite rappatrié en France. Son épouse étant de Lorient, on peut supposer qu'il fut inhumé fin 1915 dans un cimetière en Morbihan.
LE FRANC Vincent Louis Marie : 19/07/1895 - 27/04/1915
A sa naissance à Moustérian le 19/07/1895, le père de Vincent Louis Marie LE FRANC est décédé sans doute pendant la grossesse de sa femme,
Celle-ci, Marie-Anne née Le Franc va vivre chez ces parents comme l'atteste le dénombrement de 1911.
Trois générations cohabitent, les grand-parents maternels, la jeune veuve mère de son unique enfant Vincent Louis Marie.
Celui-ci entame sa vie professionnelle en octobre 1908 comme mousse sur un canot.
Sa fiche de matricule ne nous renseigne pas et seule la fiche issue du site "Mémoires des Hommes" mentionne sa mort lors du torpillage du "Gambetta" en tant que matelot de 3° classe. Information bien sûr annoté sur sa fiche d'inscrit maritime. Il est à bord du Gambetta quelques jours après la mobilisation, le 11/08/1914.
Ainsi, ce jour du 27 avril 1915, Marie-Anne perd son unique enfant célibataire qui allait avoir 20 ans. Son nom figure sur le monument aux morts de séné.
PIERRE Édouard Vincent Marie : 29/08/1896 - 27/04/1915
Pas étonnant que le jeune Edouard Vincent Marie PIERRE, né à Moustérian d'un père marin, s'engage à l'âge de 16 ans dans la Marine.
Sa mère ménagère a mis au monde en ce 29 août 1896 deux jumeaux Edouard et Julien Joseph.
Edouard sera tout à tour "apprenti marin" en septembre 1912, puis matelot canonnier de 2° classe en août 1913 et lors du torpillage il s'est hissé matelot canonnier de 1ère classe. Il n'a pas encore 20 ans quand il disparait en mer alors à bord du "Gambetta". Son nom figure sur la liste gravée du monument aux morts de Séné.
Quant à son frère jumeau ? Sa matricule nous indique qu'il s'est également engagé le 25/09/1912 dans la marine. Son destin ne sera pas dramatique. Julien Joseph Marie PIERRE - qui a sans doute été mobilisé - se mariera en 1922 et décèdera à Port Louis en 1973.
LE DORIOL, DARON, LE PORT : la guerre de la poudre
Pour faire la guerre, il faut des soldats, des mitrailleuses, des canons et de la poudre. La poudre est produite à partir de nitrates. Pendant toute la durée du conflit, le transport des matières premières, charbon, métaux et nitrates a été primordiale pour approvisionner les usines d'armements. Lire l'histoire des charbonniers Danet et Rolland ou "minéralier" que fut JACOB.
Les principaux gisements de nitrates se trouvent au Chili et les belligérant affrêtent des navires pour transporter la base de la poudre à canon.
Parmi ces marins, trois jeunes Sinagots, Pierre Marie LE DORIOL, Louis Jean Marie DARON et Pierre Marie LE PORT ont oeuvré à l'effort de guerre et sont disparus bien jeunes en mer pour ramener en France les précieux nitrates.
Pierre Marie LE DORIOL : 17/03/1897 - 29/10/1915. officiellment mine
Pierre Le Doriol est né à Séné, village de Kerdavid comme l'indique son acte de naissance. Son père est pêcheur et sa mère ménagère.
On retrouve la composition de la famille Le Doriol au dénombrement de 1911 avec 3 garçons et leur parents.
Sa fiche d'inscrit maritime nous indique qu'il embrasse la carrière de marin à l'âge de 13 ans comme mousse sur la Sainte Espérance et on le retrouve matelot sur ce même bateau en mars 1913. Après une semaine sur le Touraine - bateau dans le quel s'est noyé Le Gregam de Séné - on le voit à bord du Hoche comme matelot léger à partir de juin 1914. Il y fait un premier voyage vers Liverppol.
"Le Hoche" est un trois-mâts carré de 1941 tonneaux JB, lancé le 4 mai 1901 par les Chantiers de la Loire.
Il est armé à Nantes le 28/09/1915 et faisait route de Nantes à Valparaiso au Chili via Leith près d'Edimbourg en Ecosse. Il a disparu le 29 octobre au large de l'Ecosse entre Ipswich et Leith. Il allait sans doute charger au Chili du nitrate, indispensable minerai pour produire la poudre à canon.
Que s'est-il passé ?
Les cartes météo des 29 et 30 Octobre 1915 nous montrent qu'une violente tempête de SW devait régner sur la zone à cette période. On peut donc penser que le navire, probablement sur lest puisqu'il devait charger à Leith, aura connu des difficultés et fait naufrage par fortune de mer.
La presse de l'époque se fait l'écho de ce naufrage :
– Le Figaro, n° 303, 30 octobre 1915, p. 2 : Dépêches et nouvelles.
Inquiétudes. - La goélette Hoche, de Nantes, a été vue à la dérive, au large des côtes d'Écosse, puis a disparu. On craint qu'elle n'ait péri,
- Ouest-Éclair – éd. de Nantes – , n° 5984, 31 octobre 1915, p. 4 : UN NAVIRE FRANÇAIS PERDU.
LONDRES, 30 octobre. - La goélette française Hoche, de Nantes (il s'agit, sans doute, du long-courrier nantais), a été aperçu [sic] jeudi soir allant à la dérive au milieu de la tempête, à environ huit milles de la côte Est d'Écosse, entre Arbroath et Carnoustie. Les feux du bâtiment ont disparu à la nuit tombante, et, ce matin, de nombreux débris ont été aperçu [sic] sur le rivage. Quatre canots appartenant au Hoche, ainsi que des ceintures de sauvetage, ont été trouvées [sic] également sur la grève. On craint que le bâtiment n'ait été perdu corps et biens.
Le Hoche avait quitté Ipswich il y a quelques jours. L'équipage comprenait 23 hommes. »
Et une interrogation en raison de cette autre brève : le Hoche aurait-il été remorqué, avant ou après avoir été désemparé par la tempête, situation qui semble néanmoins fort peu probable ?
– Ouest-Éclair – éd. de Nantes – , n° 5988, 4 novembre 1915, p. 4 : NOUVELLES MARITIMES. – LA PERTE DU HOCHE. -
Le remorqueur Homer, qui conduisait le navire Hoche, est arrivé à Broughty-Ferry. Son capitaine signale que la remorque s'est rompue. Pendant le coup de vent, de nombreux débris ont été aperçus sur le rivage. Quatre canots appartenant au Hoche, ainsi que des ceintures de sauvetage, ont été trouvés également sur la grève. »
Ainsi le HOCHE était en remorque (comme sur cette photo prise dans un port de Hollande) et l'amarre du remorqueur Homer a cassé dans le mauvais temps. Il est parti en dérive dans la tempête et se serait perdu....
On a retrouvé quelques épaves sur la côte. Il y a fort a parier que ce fut une question de ripage de lest. Les voiliers étaient effectivement souvent remorqués pour de petites traversées. Les marins du Hoche victime d'une avari ont pu monter sur les canots de sauvetage mais le mauvais temps ne leur a pas permis d'atteindre terre et ils périrent en mer
Une autre source confirme le naufrage :
"Etat-civil de la mairie de Nantes, jugement du tribunal civil de Nantes du 18 octobre 1917.
Extrait...le 23 octobre 1915, le trois-mâts Hoche, immatriculé à Nantes f° 191 n° 568, quitta Ipswich à destination de Leith en remorque du remorqueur anglais Homer. Le navire, construit à Nantes en 1901, jaugeant 2 211 tonneaux, avait été armé administrativement à Nantes pour le long cours, le 24 septembre 1915, sous le n° 410. Dans la nuit du 28 au 29 octobre 1915, le Hoche se perdit corps et biens près d'Arbroath, alors qu'il était au mouillage à trois milles de terre. De nombreuses épaves recueillies à la côte le lendemain de sa disparition ont été reconnues comme appartenant au trois-mâts Hoche. D'autre part, depuis l'évènement, aucune nouvelle de l'équipage et des passagères n'est parvenue, et...les marins et les femmes qui les accompagnaient n'ont pas reparu à leurs domiciles respectifs..."
En première analyse, il semblerait que cela soit une fortune de mer qui a causé la mort de ses 32 hommes d'équipage du Hoche, dont le matelot Pierre Marie LE DORIOL qui disparait en mer à peine âgé de 18 ans.
Cependant pour d'autres éléments [à trouver] en sa possession, l'administration retiendra un fait de guerre parce que la zone était connue pour être parsemés de mines, ce qui permis d'indemniser l'armateur et de déclarer "Morts pour la France" l'équipage. L'annonce de son décès arrivera a Séné.
Ce n'est qu'en 1930 que le ministère de la marine accordera la mention "Mort pour la France" à Pierre Marie LE DORIOL ce qui lui donne le droit de figurer au monument aux morts de Séné qui n'a pu en tenir compte puisqu'il date de 1925.
Il faut donc rajouter son nom sur la liste gravée.
Louis Jean Marie DARON : 4/01/1900 - 31 juillet 1917 - Torpille U151
Louis Daron nait au début du XX°siècle ce 4/01/1900. Son père est marin de commerce et sa mère ménagère, c'est à dire mère au foyer.
La famille apparait au dénombrement de 1911 composée de 3 enfant autour de leur mère veuve depuis le décès de Mathurin Marie le 31/12/1905.
Comme son père, Louis Daron embrasse la carrière de marin. Sa fiche d'Inscrit Maritime nous fait découvrir son parcours de jeune marin. C'est à bord du canot le Printemps que le 4/01/1913 Louis Daron fait ses débuts de mousse à peine âgé de 13 ans. Au début du conflit il est à bord du Leopold. Le dernier bâteau répertorié est le Marie Céline où il est embarqué de mai à septembre 1916.
Malgré la mort de son frère (lire l'article sur les fusiliers marins à Dixmude), Louis Jean Marie DARON, travaille lui aussi à la victoire. En cet été de 1917, il est marin à bord du Madeleine II.
Ce bateau de l'armement Bordes traverse l'Atlantique pour ramener du nitrate du Chili nécesaire à la fabrication des explosifs. Comme tous ces navires qui approvionnent la France, il est une proie facile pour les U Bolt allemands.
Le 31 juillet 1917 le Madeleine est attaqué et coulé par le sous-marin allemand U155. Parmi les victimes le jeune Sinagot, Louis Jean Marie DARON à peine âgé de 17 ans.
C'est par décision du minsitre de la Marine qui sera déclaré "Mort pour la France en 1930.
Caractéristiques du MADELEINE II :
D’abord gréé en quatre-mâts carré, il fut finalement regréé en trois-mâts carré. Ce n’était pas un navire de grande marche, mais son port en lourd était avantageux par rapport à sa jauge. 3220 tpl 2709 tx JB 2340 tx JN Longueur environ 88 m Largeur supérieure à 12 m.
Capitaine Alexandre LEVEQUE né le 28/04/1884 à Pléneuf Inscrit à Saint Brieuc
La perte du MADELEINE II :
Le 6 Juillet 1917, le MADELEINE II quitte Le Verdon, à l'embouchure de la Gironde, pour Sydney sur lest, en convoi, escorté par trois patrouilleurs. Parmi les voiliers du convoi figurent également ALEXANDRE et MARTHE qui partent vers le Chili, REINE BLANCHE pour Adélaïde, tous de la compagnie Bordes, VERSAILLES et VILLE DE MULHOUSE, affrétés par le gouvernement français pour rapporter des céréales d’Australie et qui ont Melbourne comme port de destination.
Quand commence la Première Guerre mondiale, l'armement Bordes est constitué de 46 navires, 60 capitaines, 170 officiers et 1 400 matelots et maîtres. Il était le spécialiste du transport de nitrate entre le Chili et la France. La compagnie importait d'ailleurs la moitié du nitrate européen. Pendant le conflit, ses navires effectuèrent ainsi cent vingt deux voyages pour approvisionner les ports français, ce qui fut primordial pour l'effort de guerre. En effet, le nitrate était, à cette époque, un constituant des poudres pour les explosifs. Ces rotations auront donc une importance capitale pour le sort des armes. À noter que la compagnie avait été réquisitionnée par l'État début 1917, ce qui avait occasionné un changement de nom, l'armement Bordes devenant la Compagnie d'armement et d'importation des nitrates de soude.
La traversée se déroule sans encombre jusqu’à la latitude de Madère.
Rapport du capitaine Lévèque :
« Le Mardi 31 Juillet à 07H00 du matin, par 33°55 N et 22°50 W, j’ai été attaqué par un sous-marin ennemi venant du NE et signalé quelques instants avant par l’homme de vigie comme se dirigeant vers nous. Fait prendre aussitôt les dispositions de combat, mis en marche le moteur pour les émissions des appareils TSF, lancé, aussitôt l’attaque, le signal de détresse SOS suivi de notre position. Le trois-mâts est handicapé par le calme qui rend ses manœuvres lentes. Je noterai au passage le calme de mon équipage et le sang-froid des canonniers, en particulier du quartier-maitre Dinand, chef plein d’énergie de la pièce de bâbord qui parvint à encadrer l’ennemi, à le garder à distance et tira jusqu’au dernier obus restant sur le pont.
Au bout d’une heure et demie de lutte, après avoir tiré environ 200 obus, un projectile, atteignant la partie arrière de la chambre de veille et tombe sur les armoires à munitions. L’explosion tue et blesse tous les hommes assurant l’alimentation des deux pièces dont le feu diminue progressivement d’intensité, étant dans l’impossibilité de les pourvoir. Plusieurs autres obus tombent sur le pont, dans la mâture et le long du bord, blessant d’autres hommes. Un autre frappe l’avant bâbord, faisant une brèche à la flottaison. Ayant plus de la moitié de mon équipage hors de combat, étant moi-même sérieusement blessé à la cuisse gauche et étant couvert de brûlures, le feu de mes pièces étant de plus en plus éteint, décidé, après avis des principaux survivants, d’abandonner le navire dont l’arrière brûlait et que l’eau commençait à envahir. Il était 08h45 du matin. Mis à l’eau la baleinière de bâbord, celle de tribord étant indisponible, trouée par des éclats. Descendu les blessés en premier et quitté le navire avec vingt hommes. Les papiers du bord ont disparu dans l’incendie. Nous nous sommes écartés du bord. Le feu de l’ennemi, resté à distance respectable, cessa vers 10h00, quand le navire eût sombré. Le sous-marin s’approcha alors, mais changea brusquement sa route pour se diriger vers un vapeur dont on apercevait la fumée à l’horizon. »
Ce navire était le vapeur anglais SNOWDONIAN, 3870 tx. Il fut bientôt attaqué, car son appel de détresse fut reçu par le vapeur américain SANTA CECILIA, capitaine Forward, de la compagnie Nafra Line, de New York, qui faisait route vers Gênes. Un peu plus tard, il fut coulé à la position 33°44 N 22°22 W. A 13h00, le SANTA CECILIA recueillit les rescapés du MADELEINE II, et les premiers soins, sommaires car le vapeur n’avait pas de médecin, furent donnés aux blessés. Le 4 Août, ils furent transférés sur le chalutier MARACHI qui les débarqua le 7 Août à Casablanca. Le 30 Septembre 1917, le capitaine Lévèque et ses hommes furent cités à l’ordre du jour de l’armée. Le 14 Octobre 1917, un témoignage officiel de satisfaction fut accordé au navire et à son équipage.
Voici la liste des onze marins tués au cours du combat :
CARFANTON Lieutenant, DELEPINE Emile Second maitre, CHAUTEL Michel Charpentier
GERMAIN Joseph Mécanicien, BRIOT Jean Matelot, DARON Louis Matelot
FRELAUT Georges Matelot, MEHOUAS Joseph Matelot, MORVAN Yves Matelot
GUERIN Armand Mousse, ERRECALDE Victor Télégraphiste
Le sous-marin attaquant : C’était le grand sous-marin U 155 commandé du 19.02.1917 au 05.09.1917 par le Kapitänleutnant Karl MEUSEL avec à son bord 73 hommes d'équpage.
Il se rendit aux alliés le 20 novembre 1918 et fut exhibé sur la Tamise à Londres. Pendant le conflit, l'U 155 a coulé 43 navires pour un total de 120.441 t.
LE PORT Pierre Marie : 16/10/1886 - 19/09/1917
Pierre Marie LE PORT est né le 16/10/1886 en Arradon. Son extrait de naissance nous apprend qu'il nait de père inconnu et que sa mère est cultivatrice à Arradon.
Sa fiche d'inscrit maritime nous livre les débuts de son activité professionnelle à l'âge de 17 ans comme novice sur le canot l'Amiral Duperré à Séné en 1903 puis sur la Triomphante jusqu'en 1906 pour ensuite devenir sur ce bateau matelot. Cet Arradonnais fait la connaissance d'une Sinagote, Marie Céline DANET qu'il épouse le 4 avril 1910 comme l'indique la mention marginale de leur acte de naissance respectif et leur acte de mariage à Séné..
Pierre Marie LE PORT en uniforme de matelot
Photo collection L. Gerphagnon
Le jeune couple s'installe à Séné et on les retrouve au dénombrement de 1911. Comme de nombreuses familles, ils sont pêcheurs.
Marie Celina DANET, épouse LE PORT avec ses 2 filles
photo collection L.Gerphagnon
La fiche de matricule comme la fiche "Mémoire des Hommes" nous indiquent simplement que Pierre Marie LE PORT à l'âge de 31 ans est marin sur le quatre-mats "Blanche" comme quartier maître canonnier. Le bateau de commerce participe à l'effort de guerre en allant chercher des matières premières. Le voici en second plan amarré sur le port de La Pallice près de La Rochelle.
Le 4 mâts "Blanche" a été lancé au Havre le 29 novembre 1898. Il est spécialisé dans l’importation de nickel de Nouvelle-Calédonie. En 1912, il a été repris par l’armement Bordes qui lui donnait le nom de BLANCHE (3e du nom) en l'honneur de la fille de l’armateur A.D. Bordes. Longueur : 95,20 m, largeur : 13,80 m, 3 500 m² de voilure.
Le 12 septembre 1917, le navire quitte le port de La Pallice près de la Rochelle en convoi.
Le 19, à 300 miles des côtes, il est attaqué par un sous-marin allemand et après 2h30 de combat et malgré 180 coups de canon, il reçoit une torpille qui partage le bateau en deux qui coule immédiatement. On dénombre 15 rescapés qui ont pu atteindre une baleinière de sauvetage mais on dénombre 18 disparus engloutis avec la 4 mâts, dont Pierre-Marie LE PORT.
Le site internet sérieux qui répertorie les sous-marins allemands et les bateaux coulés nous livre une information importante. Le dernier trajet de la Blanche consistait à relier La Pallice à Iquique. Wikipedia nous relève que Iquique est un port du Chili spécialisé à l'époque dans l'exportaiton des nitrates naturels ou "salitres".