Sources enrichies et complétées :
http://www.la-marine-marchande.com/evenement-mer-port-manech.htm
http://gede-de-le-havre.blogspot.fr/2016/11/ca-se-passe-au-havre_4.html
Merci à Madeleine pour son aide.
Incendie du pétrolier PORT-MANECH le 18 janvier 1965 en rade du Havre
Le lundi 18 janvier, Le Port Manech, armement SOFLUMAR, caboteur de 2800 tonnes de port en lourd, construit en Norvège en 1953 par le chantier Drammen Slip Verksted, ex Elisabeth Amlie, francisé en 1960, avait chargé 2500 tonne de super carburant aux appontements d'Orcher à destination de Caen.
Le pétrolier Port Manech dans l'avant port du Havre face à la C.I..M
Vers 21 h 30, au passage du sas Quinette de Rochemont, pour gagner du temps, le commandant avait libéré le pilote. Le temps était clair et la mer calme, légérement houleuse.
Le cargo U.S Lucile Bloomfield, en provenance de Southampton, faisait route pour entrer au Havre après avoir pris le pilote à l'entrée du chenal.
Le cargo Lucile Bloomfield entrant au Havre, devant le sémaphore et le quai des "Abeilles"
Le Port Manech, commandé part le capitaine René BERTHOLOM, était précédé dans le chenal par le cargo espagnol Picogris et suivi par le bateau pilote Francoyse de Grâce. Vers 21 h 37, le pétrolier approche des bouées A3-B3, le commandant décide de venir en grand sur la gauche pour traverser le chenal et faire route sur les bouées d'Ouistreham à l'entrée du canal de Caen. Il signale sa manoeuvre par deux coups de sifflet brefs qu'il renouvellera cinq fois.
Au même moment, le commandant et le pilote du Lucile Bloomfield qui viennent de croiser le Picogris, aperçoivent le Port Manech qui leur coupe la route. Malgré la manoeuvre désespére effectuée pour éviter la collision, le cargo aborde le pétrolier au niveau du château. Le choc est violent, l'étrave du cargo s'est enfoncée de plusieurs mètres.
"La fatalité voulut que le point d'impact se situât sur le flanc arrière droit, au centre même des citernes" expliquera un journaliste du Neuchatel.
Une explosion se produit, le pétrolier s'enflamme de l'avant du château jusqu' à l'avant du bloc dunette. Le feu se communique rapidement sur le Lucile Bloomfield, jusqu'à hauteur de la passerelle. Les deux navires se séparent. La mer est recouverte d'une nappe d'essence embrasée, elle enveloppe le Port Manech qui dérive.
Le commandant James William Webb, du Lucile Bllomfield, déclarerra plus tard" Immédiatement nous fimes un "arrière toute" pour tenter de nous éloigner du pétrolier, car l'essence s'était répandue sur l'avant et le feu avait pris à bord".
Le commandant René Bertholom du Port Manach organise l'évacuation, une partie de l'équipage est sur l'avant du navire, l'autre à l'arrière qui tente de mettre une embarcation à la mer. A bord, vingt-cinq officiers et marins ainsi que deux passagères autorisées non inscrites sur le rôle d'équipage.
"La collision a surpris toute le monde, j'ai juste eu le temps d'envoyer un bref S;O.S." déclarera l'opérateur-radio qui figurera par mi les rescapés".
Aussitôt l'alerte déclenchée par le sémaphore, plusieurs remorqueurs des "Abeilles" et le canot de sauvetage des "Hospitaliers Sauveteur Bretons" se porteront sur le lieu de l'abordage. Le bâteau-pilote Françoise de Grâce qui suivait le pétrolier met deux pilotines à la mer, assistées par le bâteau-pilote de Rouen, il ramènera à terre dix-neuf hommes et une femme, le bâteau-pilote de Rouen deux hommes, ils seront tous dirigés vers l'hôpital. deux sucomberont à leurs brûlures [François LE BOURVELEC et Mme Coupeaux], cinq seront portés disparus.
Sauveteurs et rescapés à bord du bateau Pilote "Françoyse de Grâce "- Photo collection Michel PEROT
Interrogés le 18 janvier 2015 par l'Actu.fr, deux marins du Havre qui officiaient sur le Françoyse de Grâce se souviennent. Michel Vigouroux et Michel Perot avaient 23 ans, à l’époque.
"Nous étions aux premières loges. Le personnel de quart a même vu l’abordage. Ce fut une chance pour le pétrolier », racontent les deux hommes. À bord du bateau-pilote, une petite douzaine d’hommes. Ils ont été rapidement mobilisés pour procéder au sauvetage de l’équipage du Port Manech. La plupart sortaient du lit. La peur n’a même pas eu le temps de s’exprimer. « Bien que nous approchions du bateau en feu à bord de petits canots équipés de moteurs à essence », précise Michel Vigouroux.
Trois, quatre rotations ont été nécessaires pour évacuer les rescapés du pétrolier et les conduire à terre. Michel Perot, le temps de ce voyage, avait pour mission d’encadrer les rescapés, de les rassurer. « Je me souviens des plaintes d’un jeune maître d’hôtel qui cherchait sa femme, membre de l’équipage également. Elle avait sauté à l’eau, gravement brûlée. Elle est morte sur le bateau-pilote de Rouen », regrette encore le retraité. 22 personnes, néanmoins, ont été sauvées, lors de cette nuit tragique."
Après avoir maîtrisé l'incendie le commandant du Lucile Bloomfield fera route vers le port. Par l'une de ces étranges coïncidences des évènements, c'était la seconde fois que le cargo Louis Bloomfield était impliqué dans une collision au large du Havre, la précédente s'étant produite 16 mois plus tôt, le 2 octobre 1963, entre lui et le cargo norvégien Ronda, sans faire de victimes.
Le Port Manech, tout en continuant de brûler, dérivera vers les falaises de La Hève près d'Octeville où il s'échouera.
Une version de a catastrophe est donné par un journal américain qui relève le mérite du capitaine du Lucille Bloomfleld qui réussit à dégager son navire et sauver son équipage et son bateau.
21 hommes et une femme sont ramenés à terre, 2 succomberont à leurs blessures. 5 seront portés disparus. Les corps de quatre marins portés disparus seront retrouvés à bord, dasn la salle des machines.
Parmi ces victimes, le maître d'hotel, Roger LE VEUT [ 2/10/1926 - 18/01/1965] et le deuxième lieutenant, François LE BOURVELEC [9/03/1928-18/01/1965], tous deux domiciliés avec leur famille à Séné, comme il est écrit sur leur acte de décès retranscrit et sur le dénombrement de 1962. Ils laissent chacun, une veuve avec des enfants à charge.
Le corps de Roger LE VEUX fut rendu par la mer le mardi soir sur les falaises de Dollemard à Sainte-Adresse. L'aide cuisinier René LOISIEL et la matelot Jospeh DUPONT témoigneront. Pris de panique par la vue des flammes, Le Veux s'engouffra dans une coursive où les flammes le rattrapèrent. Il réussit à se jetter à la mer, contre le vent et échappa à la nappe de carburant. Son corps montrait des traces de brûlures relate le journal LE HAVRE LIBRE : "Ses pieds, ses mains, ses avant-bras et son visage n'étaient plus qu'une plaie". Une fois à l'eau , il ne survécut à ses brulûres.
Le Lieutenant LE BOURVELEC pu être soigné à l'hôpital mais ne survécu pas à ses brûlures
Ironie de ce drame, LE BOURVELEC et LE VEUX étaient beau-frères.
L'épave qui contenait encore des milliers de litre d'essence, jugée dangereuse, sera dynamitée le samedi 13 février. Aujourd'hui, les restes de l'épave se trouvent toujours au bas des 534 marches qui descendent au site de l'ancienne base de l'OTAN.