Le nord de la commune a toujours été traversé d'est en ouest par une voie de circulation. Voie romaine puis route Royale, route nationale qui aujourd'hui Route de Nantes. Faubourg de Vannes, cet axe a de tout temps vu passé charrettes, voitures, camions et automobiles, autant de clients pour les auberges, charrons, garages et hoteliers (lire histoire des forgerons et des garagistes de Séné).
Sur cette vieille carte [1771-1785], un établissement est figuré à l'intersection de la route Royale et du chemin qui mène de Bohalgo à Cano et ensuite au bourg de Séné. Il s'agissait certaineemnt d'un relai de poste. Le descriptif que nous avons des bâtiment (voir vente ci-paèrs de 1877) montre une écurie attentante à une auberge. L'actuel Suroit aurait donc été un relais de poste à quelques lieues de Vannes.
Le cadastre napoléonnien de 1810 montre trois constructions, à l'intersection de ce qui deviendra la Route de Nantes et la rue du Poulfanc. Nous disposons du relevé du cadastre de 1845. A l'angle de la rue du Poulfanc et de la route de Nantes, dès cet époque, il y avait des bâtiments.
La confrontation de ces relevés du cadastre et la vue aérienne de l'Institut Géographique National, nous amène à dire que l'actuel bar Le Suroit, est une des plus vieux établissements de restauration de Séné, datant d'avant la Révolution.
Le dénombrement de 1841 nous livre le nom des premiers aubergistes qui tenaient ce lieu sur ce carrefour connu alors par le nom de "La Ville en Bois" : Jean Marie LAUTRAM et son épouse Louise GUYOT, emploient les beaux-parents et pas moins de 5 adultes, traduisant une grande fréquentation de l'établissement. Bien sûr la route apporte son flux de charettes mais aussi, la présence de la forge Tréhondat apporte de la clientèle pour laquelle on sert à boire et à manger. Les jours des Courses de Cano, le public emprunte ce carrefour qui conduit à l'hippodrome.
Dans les années 1860, Marie Angèle OLICHON de Séné [1840-6/12/1896] épouse Marc LE PAUTREMAT [19/2/1839 Surzur- 25/8/1876, ST-Léonard-Theix], forgeron. A la naissance de leur aîné, Pierre Marie LE PAUTREMAT (26/4/1867), elle indique être débitante à Saint-Léonard. Après le décès de son mari, elle épouse en seconde noces Pierre Marie TATARD dans les années 1875.
A la naissance François Henri (19/7/1878) lui déclare l'activité d'aubergiste et elle de débitante, tous deux résident au Poulfanc. Le dénombrement de 1886 nous présente cette famille recomposée établie au Poulfanc. Les Tatard ont repris l'auberge du Poulfanc sans doute plus fréquentée que celle de Saint-Léonard. Cette annonce notariale, lors de la succession Le Pautremat, donne une description de l'auberge. Les bâtiments ont encore de nos jours la même configuration.
Après le décès de Mme Olichon en 1896, l'auberge du Poulfanc est reprise par M. BAUDET et son épouse Anne Marie LE BRUN, comme nous l'indique l'extrait de naissance de leur aînée, Marie Joseph, née le 1/10/1897 à Séné.
Le dénombrement de 1901, nous confirme que les patrons de l'auberge sont Marc Marie BAUDET [3/1/1867 Ploeren - 16/7/1907 Séné] et son épouse Anne Marie LE BRUN [5/1/1875 Elven - ??]. Marc BAUDET décède à Séné et Mme LE BRUN se remarie à Séné le 13/1/1909 avec un chiffonnier de Lanfains (Côtes du Nord), installé à Séné avec sa mère veuve, Mme Béloeil et sa soeur Rosalie. Marc Louis RAULT [31/1/1881 - 29/5/1916] sera mobilisé et décèdera à Cumières pendant la guerre de 14-18. Son nom fut rajouté en 2018 au monument aux morts de Séné.
Le dénombrement de 1911, nous indique que l'auberge a changé de gérant. Françoise DUVAL [11/6/1872 - 8/6/1913 Séné], épouse de Louis Marie MARTIN [5/2/1866 Sulniac - ?] est cabaretière au Poulfanc. Après son décès, son mari sera aubergiste comme l'indique les dénombrements de 1921 et 1926. En 1921, il perdra tragiquement sa fille Marie Anastasie lors de la catastrophe des Batignoles.
Le dénombrement de 1926, l'auberge est tenue par Louis Marie MARTIN. Pierre Marie MORIO, le jeune forgeron mécanicien qui a repris la forge Tréhondart vit avec son épouse à l'auberge.(Lire article sur l'historie des forgerons) ainsi que Mme Beloeil, veuve Rault et sa fille, Rosalie.
L'explication nous est donné par Mme Michelle ROBIN, actuelle propriétaire des murs du SUROIT qui se rappelle que le batiment en retrait de la route était une écurie pour les chevaux des voyageurs. Cette généalogie nous amène à penser qu'avant guerre, la famille Rault confie la gérance de l'auberge à M. MARTIN et sa femme Mme DUVAL. M. MARTIN sera toujours aubergiste en 1921 et 1926.
Marie Françoise s'est mariée à Jean Baptiste ROBIN. Leur fils, également Jean Baptiste et son épouse ont géré l'auberge, plutôt un bistrot après guerre (1939-45). Par héritage, la bar a échu à leur fille Michelle ROBIN, épouse LENORMAND.
Après guerre, le bistrot est tenu par Jean Baptiste ROBIN et son épouse Mme Marie Louise BOTTEREL.
Après son décès, sa fille, Mme Michelle ROBIN continue quelques années à servir les clients. Dans les années 1960, la bar avait même un epompe à essence comme beaucoup sur la Route de Nantes (Lire Histoire des Garages).
Ensuite, le bar est géré par M. & Mme GUELO. Viendront à sa suite M. BERTOLOTTI puis PEDRONO, qui gère aussi l'époque le bar-tabac du bourg de Séné (Lire histoire des buralistes à Séné).
Depuis 1994, Mme Marie Louise LHEUREUX a ouvert un restaurant qui propose à une clientèle d'habitués, d'ouvriers et d'artisans, des repas le midi. Tenace, elle a réussi à conserver son lieu de travail...
En novembre 2019, la décision est tombée. Le bar-restaurant LE SUROIT ne sera pas démoli dans le cadre du réaménagement du quartier. Le plus ancien des café-restaurant de Séné peut témoigner encore du temps où charrettes, charrons et charretiers animaient la carrefour de la Ville en Bois..