Les peintres à Séné
Trafford KLOTS entre Rochefort en Terre et Séné
Contrairement à Pont-Aven ou au Faouët, les rivages du Golfe du Morbihan n'ont pas séduit un grand nombre de peintres jusqu'à très récemment. Nous ne disposons pas d'un nombre important de tableaux, d'huiles ou d'aquarelles s'inspirant de la petite mer et encore moins de Vannes ou de Séné. Aussi il convient de s'attarder sur les rares artistes qui ont posé leurs chevalets sur les côtes Vénètes.
Aux côté des Jean FRELAUT qui illustra plusieurs aspects de la vie des Sinagots on doit citer également le peintre américain Trafford KLOTS qui nous a légué des tableaux peints sur les rivages de Séné.
Biographie:
Trafford KLOTS nait en 1913 à Rome où ses parents séjournent. C'est le fils du peintre américain Alfred KLOTS [Saint-Germain en Laye 25/7/1875 – 17/2/1939] qui voyagea en Europe avant de se poser à Rochefort en Terre.
Ce peintre et son père sont issus d'une famille américaine de Baltimore, état du Maryland, côte ouest des Etats-Unis, qui pratiquait le commerce de la soie. Le père révéla très tôt son talent artistique. Ce jeune peintre suivra l'essentiel de sa formation à New York avant de venir vivre à Paris en 1901. C'est alors qu'il tombe amoureux de la Bretagne. Il achète le Château de Rochefort en Terre ou plutôt ce qu'il en reste.
Le château est en ruines et seules les écuries avaient été transformées en habitation au XIX° siècle. Par étapes successives, il le fera revivre et il deviendra son château en Bretagne. En 1918-1919 il ouvre sa demeure à la Croix-Rouge américaine, ce qui en fait un centre de convalescence pour soldats, ce qui lui vaudra de recevoir la Légion d'honneur après la guerre. Mécène volontaire, Alfred s'intéresse également à la mise en valeur du patrimoine local. En 1913, il institue un concours annuel qui fera du village l'un des plus fleuris de France. Cet américain adopté par les Rochefortais locaux est décédé en 1939 à Bali.
Trafford KLOTS est le fils du portraitiste Alfred Partridge KLOTS et Agnes Boon KLOTS.Trafford Klots a passé beaucoup de temps en Europe avec ses parents, notamment le village médiéval de Rochefort-en-Terre en Bretagne où ils établirent une colonie d'art. De 1927 à 1929, il fréquenta l'école des Roches et écrivit à ses parents ses études et ses activités, mais il n'était pas très érudit, et ces lettres comme celles écrites de Gilman L'école de Baltimore, 1929-1932, a décrit sa piètre performance dans tout sauf dans l'art. En 1932, il s'inscrit à la British Academy à Rome, et entre 1933 et 1935, étudie à Londres à la Shaw School. Après avoir quitté Gilman en 1932, Trafford s'inscrit à l'automne 1932 à la British Academy à Rome, et à de 1933 à 1935, était un étudiant à l'école Shaw à Londres.
Pendant une grande partie de sa jeunesse, il était à Rochefort-en-Terre avec ses parents et après la mort de son père en 1939, a poursuivi le travail de promotion de la région comme une colonie d'artistes. Il se consacre également à la peinture.
En 1940, lorsque la guerre éclate, il crée le Fonds américain de secours aux Bretons, avant de s'engager comme officier dans l'armée américaine. En 1944, de retour à Rochefort en Terre, il retrouve intact le Château et ses collections sauvées grâce au dévouement du gardien. Trafford Klots sera fait chevalier de la Légion d'honneur par la France. Après la Seconde Guerre mondiale, Trafford Klots et sa femme, Isabel [16/1/1917-8/8/2013] ont restauré la propriété de Rochefort-en-Terre et ont travaillé ensemble à cet effort jusqu'à sa mort en 1976.
Depuis 1987, le Château est une propriété du Département du Morbihan. En 1989, après la mort de Traford, sa femme, a créé l'Alfred & ; Programme de résidence d'artiste à la mémoire de son mari et de son beau-père. Le programme est administré par le Maryland Institute College of Art. En mai 2007, le Maryland Institute College of Art a organisé une exposition mettant en vedette les participants au programme de résidence d'artiste du Château Rochefort en Terre. Des documents documentant la vie de Trafford Klots sont dans la Maryland Historical Society.
Trafford KLOTS, témoin de la vie des Sinagots:
Squalle senne : Bourrasque: une vue du littoral de Séné
Fishermen coming in at Sene
Retour de pêche à Séné: on identifie la cale du Badel
Port Anna
Pêcheurs faisant sécher leur filets : on identifie le village de Cadouarn
Workman on the pier:
on reconnaitla cale de saint-Armel avec en fond la côte de Moustérian
Arthur MIDY, et le pardon du Pont Lisse
Très peu de peintres se sont intéressés à Séné avant la démocratisation de la peinture.
Parmi ces artistes, on citera Jean FRELAUT ou André MERIEL-BUSSY. Le peintre Arthur MIDY s'est également attardé dans les années 1920 à Séné. En 1923, alors que Mériel-Bussy loge chez les Robino au bourg, Arthur MIDY vient également explorer les terres sinagotes et logea à la même enseigne.
Lors de cette halte à Séné, il a peint un pardon de femmes de Séné à la coiffe blanche, en procession sur le Pont Lisse, là où quelques mois avant ou après, passa l'enterrement d'un enfant cher à Mériel-Bussy. Cette huile sur toile est un rare témoignage de la ferveur chrétienne des Sinagotes. Ce tableau offre une vue du Pont Lisse autour de 1923-24. On y reconnait l'église Saint Patern, les anciens oiellets du marais de Languersac.
Ce tableau n'est pas sans rappeller le Pardon à Saint-Cado de Louis Marie DESIRE-LUCAS peint en 1909, là aussi sur une digue de pierre.(Huile sur toile 201,5 x 300cm - Musée des Beaux-Arts de Quimper).
Arthur MIDY nait le 18 mars 1877 à Saint-Quentin dans l'Aisne, au sein d'une famille modeste; son père est menuisier et sa mère est ménagère. Il est repéré alors qu'il n'a encore que treize ans. Sa ville natale lui attribue alors une première bourse d'études de 240 francs puis, trois ans plus tard, une seconde de 800 francs lui permettant de suivre, à Paris, les cours des Beaux-Arts, ce que confirme sa fiche de matricule.
Parallèlement, il s'inscrit à l'Académie Julian. Il n'a alors que 17 ans. Quatre ans plus tard, le jeune homme terminera 4°e sur 400 de la première épreuve éliminatoire du prix de Rome. Artiste précoce, mais aussi artiste extrêmement fécond, Arthur Midy peint sans relâche. En 1905, il a 28 ans, il découvre Le Faouët, certainement par l'entremise d'un autre peintre, le Britannique Claude Marks. La petite commune du centre-Bretagne est alors un point de chute incontournable pour de nombreux artistes français. Cette découverte pourrait aussi être appelée un coup de foudre. Arthur Midy est conquis, tout simplement. Il finira même par s'installer dans la commune, en achetant une maison dans la périphérie du bourg. Il installe son atelier dans le centre où il travaille d'après modèle ou à partir de croquis rapportés des environs.
Le 15/11/1906, il se marie à Paris V° avec Marie Berthe Clarisse BENOIT, artiste peintre comme lui.
Durant l'entre-deux-guerres, il étend son inspiration au Finistère et à tout l'Ouest du Morbihan. Son ami Henri Alphonse Barnoin le rejoint au Faouët.
Il participe aux expositions du Salon des Artistes Français de 1897 à 1928 et il reçoit en 1914 une médaille d'argent. Il y croise certainement son cadet Mériel-Bussy primé en 1923. Il voyage aussi dans le Nord de l'Italie.
En 1914, c’est lui et David-Nillet qui inaugureront le premier Musée du Faouët, qui à l’époque se résume à une salle de la Mairie.
Pendant la Grande Guerre, le peintre est mobilisé en tant qu'infirmier. En 1921, Arthur MIDY est nommé expert auprès de la commission de restitution des œuvres d’arts saisies en France par les Allemands. C’est comme cela qu’il rencontrera Émilie Maïer, qui deviendra sa deuxième femme en 1938.
En 1923, il vient à Séné et peint son Pardon qui sera exposé au Salon des Beaux-Arts de Lorient où le peintre exposera régulièrement. Durant toutes ses années, il passe progressivement de la peinture académique à la touche franche et frémissante, portant de plus en plus d’attention à la vibration de la lumière et aux couleurs. Il peint beaucoup sur le motif, sillonnant la campagne à bicyclette. Son œuvre est d’une grande richesse ethnographique. Il peindra un peu partout dans le Finistère et le Morbihan.
Il épouse en secondes noces le 25/11/1938 à Lorient Emilie Elise MAIER [26/2/1893 Manheim-8/3/1944], femme d'origine allemande. Le couple loue une maison au Faouët sur les arrières du bourg. Arthur Midy a son atelier au coin des rues de Quimper et du Carant du Four, face à l'école des Soeurs.
A quelques mois de la Libération, il est assassiné par des résistants en mars 1944 avec sa femme et un agriculteur Pierre CEO [à rechercher]. On reprochait au peintre, de s'afficher trop ouvertement avec des Allemands des troupes d'occupation.
« Quelques éléments du rapport des RG au lendemain de l'attentat :
– meilleurs relations entre les Midy et les Séau ;
– marché noir avec les troupes d'occupation pour Séau ;
– esprit collaborationniste et mauvaise considération pour les Midy;
– dénonciation pour tous. (...)
Très tôt, la maison Midy est apparue aux yeux de la population comme une maison particulièrement accueillante, non seulement aux officiers en garnison au Faouët, mais à ceux de tout le secteur. (...) les restrictions n'ont pas cours chez les Midy (...) Arthur Midy en rajoute en exposant dans son atelier un tableau représentant un officier allemand (...) ses affaires prospèrent depuis que les Allemands sont là (...) le « magot » qu'il a fait mettre en sécurité chez le greffier de paix de la localité paraît confirmer la soudaine prospérité de son commerce de toiles (...). Très tôt, ce couple apparaît aux Faouétais comme adepte convaincu de l'ordre nouveau. (..) par exemple le mot d'ordre de la BBC demandant aux Français de rester chez eux le jour de l'an 1941(...). Il n'y a qu'un homme à emprunter à cette heure-là les rues désertes du Faouët : Arthur Midy. (...) Le temps est venu où l'on ne plaisante pas avec ce genre de choses. Comme publiquement souhaiter la victoire de l'Allemagne et se vanter de mettre en prison qui il veut. Non significatifs pris isolément, ces gestes, ces paroles, ces actes font naître la certitude que ce couple est potentiellement un couple de collaborateurs. »
Plusieurs musées conservent de ses oeuvres:
• Musée des Beaux-Arts de Quimper :
-Le Vieux Buveur
-La Fontaine Sainte-Barbe au Faouët
• Musée du Faouët :
-Effet du soleil, un jour de foire [au Faouët] (vers 1913, huile sur toile)
-Vieux Breton place des halles Le Faouët
-Réparation du toit de la chapelle Saint-Fiacre
-Femmes au marché du Faouët
Séné inspire Jean FRELAUT
Le peintre-graveur Jean Frélaut (1879-1954) est à son époque un artiste représentatif du paysage breton, s'il en est. Issu d'une famille morbihannaise, il choisit de se fixer à Vannes où il a vécu sa jeunesse plutôt que de rechercher à Paris les vanités d'un succès mondain. Pratiquement toute son œuvre s'inspire du Morbihan. Ses milliers de dessins et aquarelles, ses mille quatre cent trente-quatre gravures et ses quelque six cents peintures y puisent leur beauté. Peintre de la sincérité et de l'émotion, Jean Frélaut a aussi excellé dans l'estampe et l'illustration de livres (Le Pèlerin des sept saints, La Brière, Les Fables de La Fontaine). Le musée de la Cohue possède plusieurs de ses toiles importantes : La Procession de Belz, Paysage de Luscanen, Le Champ de blé, Le Champ de courses, L'Enterrement.
Il est aussi connu pour avoir illustré de ses gravures les pages du roman "Le Grand Meaulnes" d'Alain Fournier.
Quelques oeuvres ayant pour inspiration la commune de Séné et son littoral :
LE VILLAGE DE SÉNÉ ; LA MAISON DU BRACONNIER. 1912. Eau-forte et pointe sèche. 109 x 226 et 47 x 161. D. 124 et 125. Très belles épreuves sur vergé, signées et annotées à la mine de plomb. Infime déchirure en pied à la première. Petites marges normales. Ens. 2 p.
VILLAGE DE LANGLE. 1927. Pointe sèche et burin. 220 x 280. F. 297. Très belle épreuve sur vergé, numérotée et signée à la mine de plomb. Toutes marges. Tirage à 75 épreuves
COURSES DE CANO ou le Champ de Courses (Visible au Musée de la Cohue de Vannes)
Ce tableau a figuré dans plusieurs expositions à Paris, en 1924 et 1930, à Rennes en 1959 et à Vannes en 1995. Jean Frélaut, artiste vannetais (1879-1954), dans une vision colorée et dynamique, met en scène les courses hippiques qui, depuis 1843, attirent les badauds et parieurs près du village de Cano, entre Séné et Le Poulfanc. Les costumes bretons et les coiffes se mêlent aux uniformes bleu horizon, aux ombrelles et aux canotiers. C'est l'histoire de toute une société de l'époque que l'artiste nous transmet dans cette œuvre;
LE CORPS DE GARDE A L'ANGLE. 1912. Pointe sèche. D. 126. Très belle épreuve sur vergé, signée et datée à la mine de plomb puis annotée " 5e état ". Petites marges normales. Tirage définitif à 20 épreuves. Ex-coll. E. Lafon (Lugt 877a) et L. Delteil (Lugt 773). Ils'agit du corps de garde de douaniers sur la butte de Bellevue au dessu sde Port-Anna.
PETIT PORT DE SENE. 1913. Eau-forte et pointe sèche. 120 x 199. D. 133. Très belle épreuve sur vélin, non signée, d'un tirage postérieur à celui de la Gazette des Beaux-Arts. Toutes marges.EGLISE DE SENE Vers 1920. Dessin, aquarelle et pierre noire sur vélin blanc, [308 x 237], signé en bas à gauche à la pierre noire.
On reconnait la butte de Bellevue avec la guérite de douaniers au sommet, à gauche la cale de Barrarach et au loin l'île de Boëdic. Au premier plan la plage de Conleau et sa petite cale.
Plusieurs représentations de l'église de Séné vue depuis l'actuelle rue des écoles
Un Sinagot peint au fond de l'anse de Locmiquel .
Plusieurs représentaitons de maisons de pêcheur à Séné.
Lire aussi l'article sur les régates de Conleau.
BOMPARD et MAHUAS, deux peintres lorrains à Séné
Parmi les peintres ayant posé leur chevalet à Séné, sur les rives de la petite mer, deux peintres originaires de Lorraine: Pierre BOMPARD et Alexandre MAHUAS.
Pierre BOMPARD [28/6/1890 Verdun – 13/6/1962 Paris] nait à Verdun. Selon son acte de naissance, son père est capitaine en retraite et sa femme, ménagère. Il est élève de l’Académie Julian, puis aux Beaux-Arts. Il participe dès 1911 au Salon des Indépendants dont il intégrera le comité aux côtés de Paul Signac et Paul Sérusier. Lorque la guerre éclate, il est mobilisé. Il est évacué le 6 novembre 1914 de Moiremont pour keratite aux deux yeux. Dirigé vers l'hôpital temporaire de Clamecy (l'école) par train sanitaire. Evacué sur l'hôpital militaire de Boiurges. Sorti le 12 décembre 1914. Il sera réformé le 9 février 1915.
Société des artistes peintres indépendants. Le comité de 1916.
Debout : Pierre Bompard. Raphaël Diligent. André Lhote. Luc Albert Moreau. Manguin. Camoin.
Assis : Carlos Raymond. Alexandre Urbain. Paul Signac. Paul Sérusier. André Leveillé.
En 1924 il expose au Salon des Tuileries. Il reçoit alors de nombreuses commandes de grandes décorations murales comme celle de l’Hôtel Lutetia à Paris et s’illustre dans les décorations des salons sur le thème de la mer et des navires.
Il exécute des paysages bretons et des scènes de la vie des marins. Il expose en 1926 à la rétrospective des Indépendants les toiles « Le débit à Doëlan », « La sardinerie de Doëlan », « Paysage » et « Pêcheurs à Doëlan".
Il se marie avec l’artiste peintre Marie Juliette Giraudeau à Paris le 15 décembre 1927.
Il est nommé Peintre officiel de la Marine (P.O.M.) en 1936, il fait son entré dans le dictionnaire des peintres, le "Bénézit" en 1948. il décore la rotonde du Collège de France de deux allégories de la Physique et de la Chimie et il expose au Salon d’Automne dont il devient membre du comité en 1938.
Dans le Morbihan, il a décoré le grand salon de la préfecture de Vannes d'un tryptique en 1948 représentant, le chateau de Josselin, la cathédrale de xxxx et le Passage entre Saint-Armel et Séné. Il reprendra plus tard ce thème avec une autre vue du Passage.
En tant que Peintre Officiel de la Marine, il effectue plusieurs embarquements. Au court de l’année 1957, il voyage durant onze mois en Polynésie française où il peint de nombreuses aquarelles. Il remarque l'état d'abandon dans lequel se trouve la tombe de Paul GAUGUIN. Il se propose alors pour la restaurer. À ses frais il édifie un monument funéraire en pierres volcaniques rouges et noires. Celui-ci se trouve toujours cimetière de Atuona sur l’île de Hiva Oa aux Marquises. Il décède à Paris en 1962 et il est inhumé à Verdun, sa ville natale.
Alexandre MAHUAS (2/6/1877-5/4/1959), peintre et aquarelliste est natif de Vannes. Son père est commerçant et sa mère ménagère. Sa fiche de matricule nous indique qu'à 20 ans, il est installé à Paris où il déclare l'activité de dessinateur. Il est réformé du service militaire à cause d'une fracture au tibia droit causée par un cheval. Il s'installe alors à Lunéville. Ancien combattant de la Grande Guerre. Il se marie avec Fernande Grobellec. Avant la 2° guerre mondiale, il a beaucoup exposé au Salon de Nancy avant de revenir sur Vannes.
Le littoral de Séné a inspiré l'artiste comme le montre cette série d'aquarelles.