Les dictionnaires sont bien utiles pour expliquer ce qu'étaient les vieux métiers d'autrefois...
Receveur buraliste. Préposé de la régie chargé de recevoir les déclarations des redevables et de percevoir les droits. Si l'on ajoute 8 676 facteurs ruraux, 1 000 agents de bureaux de distribution des lettres, et 8 840 receveurs buralistes des contributions indirectes, le personnel des finances se compose de plus de 80 000 agents (Vivien, Ét. admin.,t. 1, 1859, p. 176).
Cette définiton, extraite du dictionnaire en ligne du cnrtl.fr, reprend une citation, elle même extraite d'un ouvrage intitulé "Etudes Administratives" publié en 1859 et traitant de l'administration française de l'époque. Son auteur Alexandre François VIVIEN [3/7/1799-7/6/1854] eut droit à une 3° ré-édition posthume.
L'extrait page 176 donne les effectifs du Ministère des Finances de l'époque qui regoupe les agents des Contributions Directes, les Perceptions, les agents de l'Enregistrement et du Timbre, les agents des Forêts,les agents des Douanes dont de nombreux "actifs" étaient présents à Séné, les agents des Contributions Indirectes, les agents des Postes, de la Monnaie, les Facteurs Ruraux, les employées des Bureaux de Distribution des Lettres, les Receveurs Buralistes des Contributions Indirectes.
Aux côtés des paludiers qui produisaient du sel dans les marais salants à Séné, cohabitait l'administration des douanes. Suivant leur importance, les casernes abritaient un brigadier, un sous-brigadier qui encadraient plusieurs prépoasés des douanes. A la caserne des Quatre-Vents, officiait un receveur des douanes dont les tâches devaient être de payer les soldes des agents des douanes et de recouvrir les taxes sur la commerce du sel.
L'Administration Fiscale était également présente à Séné avec ses receveurs buralistes.
En 1861, le Receveur Buraliste des Contributions Indirectes de Séné est Gervais LAYEC comme l'indique sa mention sur l'acte de décès de son épouse Anne LE GARGAN [2/4/1809 St-Avé-19/9/1861-Séné]
Au dénombrement de 1841, Gervais LAYEC [31/10/1808-St-Avé- 4/3/1895 Vannes] déclarait déjà la profession de "marchand de tabac". L'Etat avait le monopole de la vente de tabac par le receveur buraliste. Lors de la naissance de son 4° enfant en 1849, il déclare la profession de "Débitant de Tabac". M. LAYEC décèdera à Vannes à l'âge remarquable de 86 ans. Le nom de "Receveur buraliste" semble apparaitre à partir du Second Empire [1851-1870]. Les mots buraliste et bureau de tabac sont parvenus jusqu'à nous.
Eb 1873, le bureau des débits de tabac est constitué pour assurer la gestion des parts des redevances sur les débits de tabac de première classe et emploie des receveurs buralistes de première classe.
En 1874, le receveur buraliste s'appelle Felix Louis RONDOUIN [ca 1817 Carentoir-17/5/1883 Séné] comme l'indique cette mention sur l'acte de décès du Sinagot Le Meut. La famille Rondouin nous a laissé de "belles" tombes au cimetière de Séné.
A son décès le poste de receveur buraliste de Séné sera occupé par la garde maritime. Jean Joseeph CHAMPETIER [27/12/1816 Chandolas - xxx] est un ardéchois devenu gendarme maritime. Marié à Brest le 19/2/1849 avec Marie Jeanne NICOLAS [17/7/1820 Guingamp - 24/8/1856 Nantes], il est veuf et père d'une fille mariée le 22/10/1873 quand il déclare être garde maritime à Séné. Il conservera la fonction de receveur buraliste à Séné jusqu'en 1885, date à laquelle son nom apparait comme témoin de mariages à Séné.
Vers les années 1890, le Receveur buraliste désigne un emploi souvent réservé aux anciens combattants, ou victimes de guerre, à la fois commerçant qui vendait du tabac monopole d’état, et qui perçevait les taxes sur les alcools et leurs transports (contributions indirectes).
Au dénombrement de 1886, on note que Mathurin SEVIN [21/12/1838-1/12/1901] ancien brigadier de gendarmerie à Cléguérec, est receveur buraliste à Séné. On connait bien Sevin qui sera un candidat malheureux aux élections muncipales de 1901 et mourra d'une étrange noyade la même année. A son décès un certain LAURE en poste à Radenac est nommé sur Séné comme l'indique cet extrait de Ouest Eclair daté de septembre 1902.
Le dénombrement de 1901, nous donne Vincent Marie COCARD, marin en retraite et marchand de tabac installé à Montsarrac. Le métier de receveur buraliste va se détacher de la vente de tabac au profit de comerçants.
Au dénombrement de 1906, Théophile Eugène LE BRAS [10/12/1860 Brest - xx ] est en poste à Séné. Natif de Brest, cet ancien maréchal des logis au 28° Régiment d'Artillerie de Vannes a épousé Marie Perrine JEHANNO [4/2/1858 Vannes- xx ] cabaretière à Vannes, veuve de Jean Marie LE FOL [21/12/1859 - 2/11/1892], cabaretier.
Dans l'annuaire du Morbihan de 1913, LE BRAS a sa mention aux côtés des personnages importants de Séné. Le Bras restera buraliste à Séné jusqu'au moins 1921 quand il est encore pointé lors du dénombrement. Si on s'attarde un peu on note que la vente de tabac est répartie entre le receveur buraliste et la cabaretier Jean Louis LE DOUARIN de Cadouarn.
En 1926, le recensement nous indique que Patern LE GUELZEC [28/12/1885-27/16/1950], est alors le buraliste de Séné.
Au recensement de 1931, il est secrétaire de mairie. Il semble que le poste de receveur buraliste ait été supprimé entre-temps. La mairie a embauché Le Guelzec après avoir remercié un certain Michel JOSEPH qui occupa ce poste quelques mois.
D'ailleurs, les bureaux du receveur buraliste étaient situés non loin de la mairie à l'actuel n°5 de la place de la mairie. Cette maison, fortement remaniée, fut le siège du receveur buraliste, puis à sa fermeture, il devint le café Allano, dans les années 1960, l'atelier du réparateur de vélo Balacon avant de devenir la siège de la première Caisse d'Epargne de Séné et aujourd'hui, une annexe de la mairie.
Après guerre, l'administration fiscale se ré-organise et la commune de Séné perdra son receveur buraliste. Elle n'accueillera pas de perception municipale comme d'autres communes.
Les bars-tabacs d'aujourd'hui, qui ornent leur carottes sont les "héritiers" de cette administation fiscale née sous Napoléon.
Lors de ce recensement de 1926, Jean Louis LE DOUARIN [11/8/1874-26/3/1948], installé à Cadouarn à l'emplacement actuel bar-tabac "Aux Joyeux Sinagot", déclare également l'activité de débitant de tabac. Sa fille, Marie Louise LE DOUARIN [16/10/1902-4/12/1973] épouse Jouan « Marie Lechat, reprend le bar-tabac d'env. 1932 à 1948. Ensuite, sa soeur . Véronique LE DOUARIN [3/7/1911-12/11/1990] reprendra le bar-tabac Les murs échoieront à son fils,Marc LE CLECH, dont le père Pierre LE CLECH fut facteur axiliaire à Séné.
A partir des années 1950, le bar-tabac de Cadouarn au n°51 Rue du Moulin, sera tenu ensuite par une succesion de gérants cafetiers-buralistes. Il prendra le nom de "LES JOYEUX SINAGOTS » en 19xx.:
Mme JUHEL (mère de Maurice) 1956 (2 ans); ??? LE REST frère de Simone LE REST; Simone LE REST (1929-2017) épouse d’André LE ROY; Guy et Françoise LE DEVEDEC;.
Jean Pierre CONAN repris le commerce en 9/2000. Depuis 9/2009, la bar-tabac de Cadouarn "Aux Joyeux Sinagots" est tenu par les buralistes Nathalie PILTE et Eric MAUNY. En mai 2022, Fatima et Georges CORREIA ont repris l'établissement du village de Cadouarn.
La cission entre les activté fiscales du receveur buraliste et la vente de tabac et cigarette affectera ausi le bourg de Séné. La bar des Robino tenu par "Tante Bélie" a du récupérer dans les années 1925-1930 la vente de tabac.Mme Maggio se souvient: "la Tante Bélie vendait du tabac "à la coupe" et aussi du tabac à rouler. Quand elle a arrêté, la vente de tabac a été confiée à l'Hôtel Restaurant Guillonnet et ensuite Marie-Claire a récupéré la vente de tabac.". L'actuel bar-tabac du bourg, Le Séné Marin" est l'héritier du receveur buraliste Gervais Layec.
Un troisème bar-tabac de Séné naitra au Poulfanc. L'ancien café de la Veuve Penru, puis de Lucien PENRU, deviendra un hotel-bar-restaurant sur la route de Nantes. Son héritier, le tabac-presse Arze, dispose d'une licence de buraliste officiellement depuis.
Au 1er juillet 2022, la famille Arze cède l'entreprise à la société Le Pourquoi Pas basée à Vannes de Lucie Brunet et Jean Charles Logeais qui reprend le tabac-presse Le Poulfanc.