L'histoire des boulangers de Séné : depuis les LE DIGABEL jusqu'aux MONDEJAR, Place de l'Eglise au Bourg.
La consultation des registres de l'état civil sur le site des Archives du Morbihan et celle des sites de généalogie permettent de retrouver des actes où figure parfois la profession des parents ou des mariés.
Ainsi l'acte de mariage de Sylvestre LE DIGABEL [17/7/1778-3/10/1835] le 31/1/1809 avec Guillemette LE DU, nous apprend que ce dernier, natif du village de Langle, est boulanger au bourg de Séné.
Pourtant, ses parents, Vincent LE DIGABEL et Elisabeth LOHER sont laboureurs à Langle. Nous sommes sous le 1er Empire et la Révolution a rabattu les cartes des professions. Il est sans doute devenu un notable à Séné puisqu'il épouse la fille du 2° maire de Séné, Julien LE DU.
Analyse : Comment le jeune LE DIGABEL est-il devenu boulanger au bourg?
Il se peut qu'à la Révolution le ou les fours situés au bourg de Séné, peut-être propriétés comme le moulin de Cantizac du Clergé ou de la Noblesse, aient été saisis et vendus par les Autorités Révolutionnaires. La famille LE DIGABEL se serait portée acquerreur d'un four.
Si les actes d'état civil et les dénombrements montrent la présence en ce début de XIX° siècle, de boulangers établis au bourg de Séné. Ainsi Bertran CALLOH [18/9/1792-26/12/1850], âgé de 25 ans, déclare cette profession lors de la naissance de ses jumelles Perrine et Marie le 6/2//1817. Mathurin LE ROUIC, 23 ans, boulanger, se marie avec Marie LE FRANC le 23/3/1817.
L'hypothèse de 2 fours au bourg de Séné est renforcée par la présence au dénombrement de 1841 de la famille LE PLAT, originaire de Theix, boulangers au bourg, comme les LE DIGABEL. Cette hypothèse semble crédible quand on consulte le cadastre de 1810. On note deux batiments avec une excroissance arrondie pouvant être l'âtre du four. Au débouché de l'actuelle rue de la Fontaine, là où existe toujours aujourd'hui la boulangerie Mondéjar, Place de l'Eglise, il y avait un four. Le deuxième four semble être à la place de l'actuel bar Le Séné Marin, là même où il y eut jadis un café-auberge tenu par les Robino...
Ces deux fours si près de l'église auraient pu avoir été des biens du clergé....
Au premier dénombrement connu à Séné en 1841, sous le règne de Louis-Philippe, son fils Jean LE DIGABEL [14/1/1813-23/8/1875] est boulanger aux côtés de son épouse Catherine Raud. Il décèdera, chose curieuse, à Fontevraud (49) le 23/8/1875 (Lire article dédié en Faits-Divers) .Entre temps il a assuré sa succession...
Sa fille Mathurine LE DIGABEL [21/11/1840-23/6/1918] déclare l'activité de lingère lors de son mariage le 9/8/1864 avec Jean Auguste ROBINO [13/2/1836 Sarzeau-5/2/1894-Séné], qui, quant à lui, est boulanger à Theix.
Les actes de naissance de leurs 2 enfants en 1867 et 1868 attestent la présence de Michel Marie LE GALLES et Marie Anne LAYEC, boulangers résidents au bourg de Séné.
Au dénombrement de 1886, la famille Robino est bien établie à Séné avec leurs nombreux enfants comme le confirme également le dénombrement de 1891 où néammoins apparait une autre famille de boulangers, mitoyens des Robino, les GUILLAS. Travaillaient-ils ensemble à fabriquer le pain dans le ou les fours des boulangeries du bourg Séné?
André GUILLAS [1818 Meucon - 14/10/1871 Bourg-Séné] déclare la profession de boulanger lors de la naissance de sa fille Marie Julienne en 1863. Il est le second mari de Marie Andrée LE GUILLANTON [18/9/1823 Vannes- ??] dont le premier époux, Yves Marie BOTHEREL [3/6/1818 Vannes - 10/4/1850 Séné Bourg] fut aussi boulanger à Séné.
SCHJERFBECK Helene 1862-1946 La boulangerie 1887
Cet état de fait perdure. Au dénombrement de 1901, 'on voit que Armand Jean ROBINO [18/7/1865-25/5/1913] a repris le fournil avec sa femme Marie Julienne LE DRESSAY.
Cet article de 1904 nous rapelle que les boulangers disposent d'un four à bois. Le dénommé Bigniau, est sans doute boulanger chez les Robino.
En 1906, les Robino emploient le boulanger Pierre Marie Perrono qui vit à Montsarrac, comme nous l'indique le dénombrement.
Armand ROBINO décède prématurément en 1913. Sa veuve, Marie LE DRESSAY, épousera en 1917 son beau-frère, Joseph ROBINO [26/1/1878-29/6/1939] qui sera mobilisé contre l'Allemagne du 11/9/1916 au 24/1/1919.
Ces deux vieilles cartes postales issues du livre d'Emile MORIN, l"Le Pays de Séné",donnent deux vues opposées de la rue Principale au bourg de Séné.
La première est prise "devant la pharmacie actuelle en regardant vers la mairie".
On voit au 1er plan à droite les Robino devant leur boulangerie. La façade blanche correspond à l'actuel café du bourg. Au second plan, comme l'explique Emile MORIN, la maison de la famille Simon qui sera détruite pour construire la nouvelle mairie vers 1924-26. (Lirer l'histoire des maires).
A gauche, la maison et sa cahute seront détruites pour élargir la rue. On reconnait à gauche la cheminée de l'ancienne bibliothèque du bourg.
La deuxième est prise "devant l'ancienne bibliothèque" et montre à gauche le café du bourg à l'angle de la rue La Fontaine. Sur sa gauche, l'ancienne épicerie de la famille Janvier, parents des Robino, qui sera détruite pour laisser place à une agence immobilière. A droite, un enclos devant la future bibliothèque, qui sera démoli et la masure qui sera également démolie.
Au second plan, l'ancienne boulangerie Robino avec devant une charette et un tas de fagots pour allimenter le four à bois.
Au dénombrement de 1926, la famille Robino "recomposée" s'active au fournil du bourg où elle emploie un ouvrier.
Photo collection Emile MORIN
Louis ROBINO [16/9/1900-22/8/1929] se marie le 7/9/1926 avec Eugénie QUESTER [26/2/1902-3/9/1979] et une belle noce a lieu à Séné qui rassemble 300 personnes. Cependant, Mme QUESTER perd son époux en 1929. Elle prend les reines de la boulangerie, épaulée par son ouvrier.
La fenêtre de droite de la vieille boulangerie est agrandie pour laisser place à un premier magasin pour accueillir les clients. Pour porter le pain aux familles qui résident dnas les nombreux villages de Séné, Mme QUESTER faisait les tournées de pains dans la commune en char à ban, se souvient sa belle-fille Mme NOBLANC.
Eugénie QUESTER, son jeune enfant Louis en 1935 avec
Aimée PELLEN née Le Corvec devant la boulangerie Collection Maggio.
Sous l'occupation Séné, ville cotière est fortement surveillée par les Allemands qui occupent plusieurs maisons de Sinagots. Le document ci-dessus nous indique que la mairie de l'époque autorise le boulanger Julien LE GLOAHEC [4/5/1875 Vannes - Séné] à circuler la nuit pour se rendre à la boulangerie de la veuve Robino au bourg. Le document n'est pas signé du maire,
Leur enfant, Louis Armand ROBINO [1929-22/06/2021], reprendra la boulangerie familiale avec son épouse Madeleine NOBLANC. Après la Libération, la boulangerie Robino fera les tournées pour vendre le pain dans les villages en estafette bleue.
On voit bien sur cette vue aérienne, la place de l'Eglise avec les deux maisons jumelles. A gauche la boulangerie et à droite la future pharmacie des voiles rouges.
Au dénombrmeent de 1962, il est bien répertorié en tant que boulanger avec sa mère. En 1963, la batisse de gauche, similaire à celle occupée aujourdh'ui par la pharmacie du bourg, est abattue pour construire une nouvelle maison et un nouveau fournil.
Photo 1965-Collection Maggio
En 1989, Louis ROBINO fait une réclame dans le bulletin municipal de l'époque.
Il cèdera le fond en 1989 à un boulanger, Michel LE GOFF qui restera 4 ans dans ces murs.
Par la suite la Sarl CRIAUD fera le pain au 22 Place de l'Eglise à Séné. En 1998, c'est au tour de Jean-Pierre et Catherine DUAULT de reprendre la boulangerie du bourg de Séné.
En 2006, Fabienne et Didier TARDIFF s'installent boulangers. Depuis septembre 2017, Patricia et Thierry MONDEJAR sont nos nouveaux boulangers au bourg de Séné.
Mention spéciale à la boulangerie Mondejar, qui a donné à de succulentes pâtisseries des noms de notre patrimoine.