A la lecture des articles sur les boulangers, on comprend qu'il s'est agit de la première profession de commerçant bien structurée dans les villages et le bourg de Séné. Ensuite viendront les bouchers charcutiers. Les deux premiers volets de ces articles consacrés aux épiceries ont montré que Séné comptait avec des marchands de toiles, les rouenneries, ancêtres des voileries modernes et des merceries apportant tout le nécesaire aux nombreuses couturières de la paroisse. Epiceries, merceries sont d''abord une activité de femmes, parfois des soeurs associées, une femme veuve en situation d'attente, des femme âgés en complément de retraite. Ces commerces se transmettaient souvent au sein de la famille. Ce monde du "petit commerce" va être bouleversé par le développement de la grande distribution.
Avant la guerre, Pascaline LERAY [2/4/1898-23/12/1977], mariée à François LE DOUARIN, rachète l'épicerie "Janvier" à la famille Robino. Sur cette photo, elle porte la coiffe devant son commerce.
Dans les années 1950, elle refait la façade de son épicerie et accueille la première pompe à essence au bourg (lire Histoire de Pascaline LERAY et l'Histoire des garagistes).
Vers 1948, les soeurs QUESTER reprennent l'autre épicerie du bourg tenue par les soeurs SAVARY, qui était située près du forgeron DAUBER et de l'église. Elles sont pointées lors du dénombrement de 1962. Elles resteront épicières jusqu'en 1986.
Au village de Langle, dans les années 1960, Marguerite LE BARO, déjà épicière avant guerre, aidée de sa vieille tante Marie Louise LE GREGAM, tient l'épicerie située au 17 rue de Langle. "Les dernières années, l'épicerie était à l'enseigne SPAR" se souvient L. Le Doridour. "Elle cessera son activité au cours de l'année 1985. Elle y proposait de la mercerie, des fruits et des légumes, du vin," rajoute le Sinagot fin connaisseur de sa presqu'île.
Pendant quelques années, la rue de Langle comptait avec le café-épicerie "Chez Lucie" fermée vers 1955. Au 1 rue de Bellevue, la Café de la Pointe fut aussi un temps café-épicerie, tenu par Alice JACOB. Il ferma vers 1958. Tout comme l'épicerie de Margot toujours à Bellevue fermée vers 1963. L'arrivée des tournées des camions dépiciers ambulant a sans doute contribué à la réduction du nombre de cafés-épcieries.
Au village de Cadouarn, au 44 rue du Moulin, Marie LE FRANC, couturière en 1936, crée son épicerie-café en 1937 qu'elle tiendra jusqu'en jusqu'en 1972. "La partie à gauche de la maison, qu'elle détenait de sa mère, fut réhaussée d'un étage au début des années 1950 à l'emplacement d'un appentis. C'était son habitation et à droite son commerce de plain-pied" se souvient L. Le Doridour. Ensuite cette habitation restera comme café-débit de boissons.
Toujours à Cadouarn, Armanda LE GREGAM contina quelques années sa petite épicerie au n°3 rue des Algues. Noëmie DANET tenait une peite mercerie à Langle. Sur la presqu'île des femmes de pêcheurs étaient aussi des vendeuses de coquillages ou de crevettes, comme Célestine DANET ou Marie LE DORIDOUR.
Au bourg, Pascaline LE RAY part en semi-retraite. Elle cède l'épicerie du bourg mais conserve la vente de carburant. La pompe est déplacées rue de Bel-Air en face son logement. L'épicerie est reprise par Marius COSTA et Jocelyne JUBIN, épiciers charcutiers, puis Odette BRIERE.
A côté de ces "vraies" épiceries, pour rendre service à une population clairsemée dans ses villages, Séné compte encore avec des cafés-épiceries. En 1962, un café-épicerie à Kérarden est tenu par Mme LE DERF-M. Le GALLIC, à Montsarrac M. GIANNERINI tenait un café-épicerie; un autre à Kergrippe par M.QUESTER-Mme LE BIDRE; un autre encore à Cadouarn par M. LE MEITOUR.
Ce tissus d'épiceries et de café-épiciers etait complété par les tournées des commerçants des environs. Jean Richard se souvient : "à cette époque, la magasin de l'enseigne rennaise, l'Economique, située rue Saint-Vincent de Vannes, faisait des tournées avec une camionette dans le bourg et les villages de Séné".
Dans le film réalisé par Bernard MOISAN en 1964, on voit route de Nantes, une camionette COOP proposer son épicerie aux habitants.
Il y avait pour autant route de Nantes, à quelques pas de la station ANTAR, une épicerie qui deviendra ensuite un bar. A cet emplacement on trouve aujourd'hui le bâtiment Pôle Emploi. Non loin de là, la famille CORBEL-LE ROCH tenait son restaurant-bar-épicerie mitoyen de la station ESSO.
Un grand changement intervient en mai 1976. Séné accueille son premier supermarché à l'enseigne Intermarché. La patron du groupement, Jean-Pierre LE ROCH, a des liens familiaux avec la famille Corbel-Le-Roch qui tenait l'épicerie-auberge route de Nantes. Son cousin, Michel PENEL, qui deviendra conseiller municipal à Séné, est alors le directeur du magasin bien située entre la Route de Nantes et la rue du Verger, à l'emplacement du dépot de carburants de Pedrono.
En 1982, la Zone d'Activité du Poulfanc voit le jour. Le supermarché Intermarché déménage et accroit sa surface de ventes. A ses côtés les autres enseignes du groupement renforcent l'offre commerciale. On reconnait sur la photo aérienne daté d'avril 1985, à gauche, la construction de l'hotel du Rohu avec ses terrains de tennis. Le petite cube abrite le premier restaurant Restaumarché. Le long de l'avenue de Gelpolsheim, on devine l'emplacement de la station service.
Au bourg, Bernard SERAZIN reprend l'épicerie de Pascaline LERAY en 1972. Fin 1974, il démolit la vieille épicerie Janvier-Robino-Leray. Entre les mois de janvier et mai 1975, il reconstruit l'habitation telle qu'elle est encore aujourd'hui.. Dès 1974, il dispose d'un camion Peugeot rallongé avec une ouverture latérale.
"Je faisais des tournées et disposait dans mon camion, un Peugeot rallongé, pour la vente d'épicerie, de viande et de crèmerie. Une large offre pour me distinguer de mes concurrents. Car je n'étais pas seul pour visiter les villages de Séné. Il y avait le charcutier Le Magueresse de Vannes; le Familistère de la rue Thiers et la camion "L'Economique" de la rue Saint-Vincent. Je me suis gagné ma clientèle. J'avais une tournée du Bourg vers Montsarrac et une autre du bourg vers Port-Anna. Parmi mes clients, des clientes, pêcheuses à pied et je devais caler mes tournées sur les heures de la marée. Si la pêche avait été bonne, elles m'achètaient beaucoup. A partir de 1983, pendant la saison estivale, mon épouse tenait une épicerie à Sarzeau. Au total nous employons 25 personnes sur deux magasins. J'ai arrêté l'activité en 1993."
L'épicerie de M. SERAZIN résiste au développement de la grande distribution au Poulfanc. Elle adopte un temps le nom de SUPER MAG 56 pour contrer la création d'un centre comercial au bourg de Séné. Puis en juin 1989, l'enseigne VIVAL. L'activité cessera en 1993. De ces années à battre la campagne sinagotes, ce natif de Saint-Marcel, restera épris de notre commune. Il s'est installé à Port-Anna à la retraite. Son ancienne épicerie sera occupée par des restaurants successifs avant d'accuillir une agence immobilière.
L'arrivée de la Grande Distribution:
Séné, comme la France entière n'échappe pas au développement de la Grande Distribution. En février 1988, le nouveau Centre commercial des Lilas est créé place Penhoët à Séné. En octobre 1988, l'enseigne COMOD ouvre son magasin. Vers 1990, le centre commercial accueillera la boulangerie de Claude GERGAUD de Cariel et pendant quelques temps une poissonnerie.
Au Poulfanc, route de Nantes, à l'emplacement même de l'ancien Intermarché. le groupement Les Mousquetaires ouvre en juin 1993, un magasin de hard discount NETTO.
Son concurrent allemand, n'est pas en reste. Profitant d'une législation accomodante, l'enseigne de hard-discount, LIDL ouvre un magasin presque mitoyenne du NETTO en janvier 1994.
En lisière de Séné, un nouveau centre commercial est crée à Vannes dans le quartier de Tohannic qui accueile l'enseigne CHAMPION.
A la suite du rapprochement des Comptoirs Modernes avec le groupe Carrefour, le supermarché COMOD au bourg adopte l'enseigne SHOPI.
Plus tard, le groupe Carrefour, qui a fusionné avec son concurrent Promodès, rationnalise le nom de ses enseignes. Le supermarché Champion de Tohannic adopte le nom respectif de CARREFOUR Market et le SHOPI de Séné bourg prend le nom CARREFOUR contact en octobre 2011.
Le développement des commerces continue au Poulfanc, sur un axe très passant. En juin 2003, au Parc de Rohu, Route de Nantes, l'enseigne de produits surgelés PICARD ouvre un magasin à Séné.
Entre mai 2013 et avril 2014, Séné a compté même avec un U-DRIVE de l'enseigne SUPER-U.
En mai 2022, un nouveau supermarché "hard-discount" de l'enseigne allemande ALDI s'intalle route de Nantes dans l'extension de la ZAC du Poulfanc, dites Les Quais de Séné. Séné comptait alors 3 discouters: NETTO, LIDL et ALDI.
Les nouvelles formes de consommation:
En 2018, de nouvelles cellules commerciales sont disponibles au pied des nouveaux immeubles du quartier "Coeur de Poulfanc". Patrick RENARD ouvre un magasin spécialisé dans les produits surgelés BIO, LE RENARD GIVRE. Un bail sans doute élevé, l'absence de parking font que l'entreprise ferme au bout de 18 mois. A l'automne 2021, il sera remplacé par l'agence de la Caisse d'Epargne qui déménage du bourg vers la Route de Nantes.
Surfant sur l'engoument du "manger local", plusieurs agriculteurs et artisans ouvrent en 2019, l'enseigne LE LOCAL BIO au n°7 de la rue d'Alsace après avoir été un temps situé rue d'Irlande.
La zone d'activité du Poulfanc ne cessera de s'agrandir pour accueillir de nouveaux commerces. En avril 2017, un nouveau projet commercial "Les Quais de Séné" accueille ses premières enseignes dans de nouvelles cellules commerciales.
Ces dernières années des "épicerie" d'un nouveau genre se sont établies à Séné au Poulfanc,. Courant 2020, DAY by DAY avait ouvert près de la Banque populaire et proposait des produits en vrac, sans emballages, une nouvelle manière plus "écolo" de remplir ses placards. En janvier 2023, ce magasin fermait au Poulfanc.
Au 3 rue de Lorraine, en face les ateliers d'Emmaüs, la COOP des VENETES propose une nouvelle manière de consommer.
Depuis novembre 2022, Le Cellier d'Alba offre un choix d'épicerie fine sur la place Penhouët au bourg.
Pour autant, comme un peu partout ailleurs, l'essor des grandes surfaces a fatigué une part des consommateurs. Si des camions-magasins visitaient les villages de Séné après guerre, Séné a-t-elle accueilli des marchands ambulants qui dressaient leur étals sur la place du bourg? C'est à la rentrée 1995, qu'un marché extérieur voit ou revoit le jour à Séné. Il se tient Place Floresti. En avril 1998, on compte une édition le vendredi matin et le dimanche matin.
Le 30 avril 1999 a lieu le premier marché avec ses exposants proposant des produits BIO, le vendredi en fin d'après-midi.
A partir de 2003, une association est fondée et gère ce marché BIO désormais situé Place de l'Eglise.
En janvier 2023, la marché BIo de Séné fêtait un peu à l'avance ces 25 ans.
Demain, le nouveau quartier "Coeur de Poulfanc" forte de ses nouvelles populations pourrait accueillir Route de Nantes, un nouveau marché, à quelques pas de la Maison des Habitants?