Histoire des boulangers établis sur Kerarden : des Rolland aux Benoit
A la recherche des boulangers de Kerarden dans les registres de l'état civil, on finit par en trouver un, et de fil en aiguille, on arrive à établir une généalogie des fourniers puis des boulangers. Car bien souvent, la charge de fournier sous l'ancien Régime, ou le four, véritable patrimoine, se transmettait par héritage.
Ainsi, avant la Révolution, un certain Jean ROLLAND {15/2/1721 - 5/11/1790] est attesté fournier en 1746 à la naissance de son fils Guillaume.
Son autre fils Nicolas ROLLAND [9/7/1754 - 24/8/1828] est attesté fournier également le 22 ventose de l'an XII, soit le 13 mars 1804.
Le fils de ce dernier, Pierre ROLLAND [16/4/1791 - 22/6/1847] apparait quant à lui lors du premier dénombrement comme boulanger à Kérarden. On se rappele qu'il subsiste à Kerleguen, un four à pain en pierre qui étaient construit sur le pignon d'une maison (lire article dédié). Etait-ce le lieu où les Rolland cuisaient le pain des villageois?.
Au dénombrement de 1886, on ne parle plus de fournier mais d'un boulanger à Kérarden en la personne de Michel BENOIT [13/10/1846- ]. Comment est-on passer du fournier Rolland aux boulangers Benoit ? [continuer les recherches].
La population à Kerarden s'est développée au cours des dernières décennies suite à l'implantation de l'usine de potasse des Frères La Gilardaie sur La Garenne dans les années 1855. Une nouvelle église a même été construite dans les années 1845.
En 1886, Michel BENOIT emploie Pierre Perrono, boulanger domestique et Françoise Cloerec, domestique gagiste. Le dénombrement de 1891, Emile Régnart remplace Perrono et Mlle Cloarec est toujours au service des Benoit.
Perrono a fondé un foyer et sa famille vit à Montsarrac. Les dénombrements successifs montrent qu'il travaille pour les boulangers Benoit de Kerarden.
Au dénombrement de 1901, un autre boulanger, Guillaume Chaperon, travaille avec BENOIT, son épouse est cabaretière dans un bistrot mitoyen de la boulangerie.
Le dénombrement de 1906, nous permet d'envisager une boulangerie florissante avec Michel BENOIT, âgé de 60 ans, qui s'apprête à passer la main à son fils, Eugène BENOIT, marié à Marie Anne MORIO. Son autre fils, Julien, et un autre boulanger, Louis LE GAL constituent l'équipe du fournil.
Au dénombrement de 1911, une précision de l'agent du recensement lève le doute sur la localisation de la boulangerie. Le boulanger Benoit est bien inscrit au sein du village de Kerleguen. Le four de pierre encore visible aujourd'hui à Kerleguen fut donc le siège de la première boulangerie de Kerarden-Kerleguen.
Pendant la guerre de 14-18, Eugène BENOIT, bénéficie d'un sursis d'appel car il est "fournisseur de pain de troupe à Vannes". Ce service est supprimé et Eugène BENOIT travaille chez un boulanger à Pontivy. Il rejoint ensuite "l'entreprise de pain de troupe de Sainte-Anne d'Auray. Jusqu'à l'Armistice, il reviendra à Séné refaire du pain.
Après guerre, Eugène BENOIT reprend la boulangerie familiale comme l'indique le dénombrement de 1921 avec semble-t-il un changement d'adresse. La nouvelle boulangerie de Kerarden daterait de cette époque. Cachées dans un garage attenant au 31 rue de la Croix à Kerarden, il reste quelques briques rouges de l'ancien four qui devait ressembler à celui illustré dans cette photographie avec des plaques en fonte pour réfermer le foyer.
A partir des annes 30, les Benoit héritent des Morio le four de Cariel et continueront à pétrir et cuire le pain sur la presqu'île.
La famille Benoit s'illustrera sur Séné en donnant le 1er maire à la commune pendant la Révolution, Marc BENOIT et quelques décennies plus tard, à la Libération, Eugène BENOIT [4/10/1879 - ] sera élu maire. Son fils Eugène Claude BENOIT perdra la vie pendant la Campagne de France de la 2° Guerre Mondiale (lire article dédié); Lucienne BENOIT sa fille sera boulangère à Cariel et ses noces laisseront un souvenir mémorable à Séné; Marie Emilie sera résistante pendant l'Occupation (lire son portrait) et enfin, Célestine deviendra Centenaire en 2007 à Séné (lire article dédié).