Les livres suivants citent l'oeuvre d'André MERIEL-BUSSY :
wiki-sene reprend ici un article du site : http://www.infobretagne.com/sene.htm
ETYMOLOGIE ET HISTOIRE DE SENE
Séné dérive d’une forme romaine.
Séné est, semble-t-il, un démembrement de la paroisse de Saint-Patern. Le nom primitif est Senac, qui signifie, semble-t-il, l'ancienne propriété rurale.
En 1393 des indulgences sont accordées à la paroisse de Séné par le Saint-Siège pour la chapelle Saint-Laurent : " Cupientes igitur ut capella Sancti Laurentii sita infra metas parrochialis ecclesie de Sene, Venetensis diocesis, congruis honoribus frequentetur et etiam reparetur … Datum Avenione III nonas junii, anno quintodecimo (3 juin 1393) " (Archives du Vatican).
Au Moyen Age, le territoire de Séné compte plusieurs de seigneuries, qui dépendent du duc de Bretagne ou des chanoines du chapitre de Vannes. Séné est érigé en commune en 1790.
Note : Séné forme une presqu'île, bornée au nord par Saint-Patern, à l'est, par la rivière de Noyalo, au sud et à l'ouest par le golfe du Morbihan. En 1891, sa superficie est de 2079 hectares ; mais anciennement elle était plus considérable, puisque les îles de Boéd et de Boédic n'en étaient point séparées par la mer ; l'affaissement graduel du sol a noyé toutes les parties basses de la côte. En 1891, la population est de 2918 habitants, dont une partit cultive la terre et l'autre se livre à la pêche. Les bateaux de pêche de Séné, nommés sinagots, sont excellents voiliers et pointus aux deux extrémités. Le bourg, très irrégulièrement bâti, est à 5 kilomètres de Vannes. De la période celtique il reste plusieurs vestiges. On peut citer à Gornevez un beau dolmen déjà fouillé ; à Boéd un groupe de dolmens ruinés, où l'on a trouvé des briques et des monnaies romaines ; à Boéd, encore un tumulus bouleversé, qui a donné un petit celtae et des fragments de silex, de poteries et de briques (Bull. 1878. p. 121) ; au même lieu les débris d'un dolmen, placé au centre d'un cromlech. On peut mentionner encore quatre dolmens et plusieurs autres ruines auprès de la chapelle d'Auzon, un celtae trouvé près de Montsarrac, et un autre découvert dans le jardin du presbytère, etc... De la période romaine, il reste une partie de la voie de Vannes Nantes, passant au Versa et à Saint-Léonard. Dès le VIème siècle, les Bretons ont occupé ce territoire et s'y sont maintenus depuis. Parmi les noms de villages, il faut remarquer celui de Moustérian, qui pourrait bien rappeler un ancien établissement monastique (J-M. Le Mené).
PATRIMOINE de SENE
l'église Saint-Patern (1878-1886), édifiée sur les plans de l'architecte Deperthes. Elle est consacrée le 25 septembre 1877. De style roman-gothique, l'édifice qui remplace un ancien sanctuaire situé jadis à l'Ouest de l'actuel édifice, est non orienté et mesure 45 mètres sur 30 au transept. On y conserve une belle croix en fer forgé de 1766 (oeuvre, semble-t-il, d'Eustache Roussin) et un calice en vermeil du XVème siècle, avec une inscription à la base nous apprenant qu'il a appartenu à Jérôme d'Arradon. La croix en fer forgé est ornée en son centre d'une monstrance où devait se trouver la relique de la Vraie-Croix. Le calice, an argent doré, porte les armoiries d'Isabeau d'Ecosse, duchesse de Bretagne (de 1422 à 1499) : il s'agit de l'oeuvre de Jean Pigeon qui y a laissé son poinçon d'orfèvre et aurait appartenu à Jean Le Petit, vicaire d'Arradon, en 1517. La peinture intitulée "Portrait du recteur Le Nevé", oeuvre du peintre Lhermitais, date du milieu du XVIIIème siècle. On y trouve des ex-voto (maquettes de bateau surtout) ainsi qu'une statue de saint Cornély du XIXème siècle (patron des laboureurs) et d'une statue de saint Isidore (patron des bêtes à cornes) ;
Nota : La paroisse de Séné est sous le patronage de saint Patern, évêque de Vannes ; tout porte à croire qu'elle est un démembrement de la paroisse épiscopale ou tout au moins une section de la paroisse de Saint-Patern ; dans le premier cas, son érection serait antérieure au XIème siècle, dans le second, elle serait postérieure. L'église paroissiale, démolie en 1877, était une simple croix latine sans ornements, avec une tour carrée au sud. La nouvelle église, construite de 1878 à 1880, sur les plans de M. Deperthes, est en style ogival, avec deux bas côtés, des vitraux peints dans les fenêtres, deux grandes roses dans les transepts, et une belle tour carrée au bas de la nef. — On conserve à la sacristie un calice en argent doré portant l'écusson de Bretagne et celui d'Isabeau d'Ecosse. On peut voir aussi le portrait de Pierre Le Nevé, recteur de Séné, mort en 1749, en odeur de sainteté. Les chapelles de la paroisse sont : — 1° Saint-Laurent, près de la route de Nantes ; fenêtres ogivales et meneaux rayonnants. Sur le bord de la route se trouve une croix monolithe de quatre mètres de hauteur. — 2° Saint-Sébastien, près du manoir d'Auzon, remplacée récemment par une chapelle neuve, dédiée à la sainte Vierge. — 3° Saint-Vital, dans l'île de Boéd ; elle ne sert plus au culte et ne tardera pas à disparaître. Les chapelles privées étaient celles de Boédic et de Limur. Quant aux chapellenies, il y avait : — 1° Celle de la Conception de Notre-Dame, fondée par le prêtre Olivier Boule à l'autel de la Vierge, et chargée de deux messes par semaine ; — 2° Celle de Saint-Jean-Baptiste, fondée en 1656 par le prêtre Jean Bertin, à l'autel de ce saint, et chargée aussi de deux messes. Les dîmes de cette paroisse ayant été unies à la mense capitulaire par ordonnance épiscopale du 22 janvier 1453 (N. S.), conformément à une bulle de 1451, le recteur n'en eut plus qu'un tiers pour sa part. Mais à partir de 1725, le chapitre ayant établi de nombreuses salines sur la côte, son sort s'améliora considérablement, et en 1756 son revenu net, casuel compris, était évalué à 700 livres. Séné était du territoire et de la sénéchaussée de Vannes. En 1790, il fut érigé en commune, du canton et du district de Vannes. Son recteur, P. Coléno, refusa le serment en 1791 et disparut en 1792. On y vendit nationalement les salines du chapitre pour 303,975 livres, puis la dotation des chapellenies, le pourpris de Lestrénic, la terre de Cantizac et diverses autres propriétés appartenant à des communautés de Vannes. Séné prit sa part au mouvement réactionnaire et religieux pendant la persécution. En 1801, il entra dans le canton de Saint-Patern (aujourd'hui Vannes), et y est toujours resté depuis (J-M. Le Mené).
la chapelle de Saint-Laurent (XIVème siècle), modifiée et restaurée au XVème siècle, en 1515, 1645, 1678 et aux XVIIIème et XIXème siècles. Elle aurait servi de point d'accueil de saint Vincent Ferrier venu prêcher à Vannes en 1418. Il s'agit d'un petit édifice rectangulaire avec une chapelle au Nord ouvrant par une arcade en tiers-point dont les moulures pénètrent dans la muraille. Elle est éclairée de fenêtres du XVème et du XVIème siècles et surmontée d'un court clocheton de pierre. Elle date du XIV-XVème siècle, mais a été très restaurée au XIXème siècle. A la fenêtre du chevet un fragment de vitrail représente la Crucifixion. La chapelle abrite quelques vieilles statues : saint Vincent Ferrier, saint Laurent, saint Pierre, saint Mathieu, saint François Xavier et une Pietà ;
la chapelle de Boëdic, située au Nord de l'île de Boëdic. Elle est de forme rectangulaire et possède deux fenêtres au midi. Son pignon à l'Ouest est dominé par un petit clocheton ;
la chapelle Notre-Dame (1846), située à Kerarden. Elle a été reconstruite au XIXème siècle, près du manoir d'Auzon, sur l'emplacement d'une ancienne chapelle dédiée à saint Sébastien ;
la chapelle Saint-François-Xavier (XVIIIème siècle), située à Limur et édifiée par Noël Bourgeois à l'entrée de l'ancien château. Elle est dédiée à saint François-Xavier par une fondation en date du 22 mars 1749 ;
l'ancienne chapelle Saint-Vital (XVème siècle), située jadis au Sud-Ouest de l'île de Boède ou Boëd ou Bouette. De forme rectangulaire, elle mesurait environ 8 mètres sur 4 mètres. Le cintre légèrement brisé de la porte occidentale reposait sur de courtes colonnettes cylindriques engagées aux chapiteaux grossièrement sculptés. Dans la muraille était encastré un vieux bénitier sculpté. En 1908, elle était déjà en ruine. Une statue du saint a été réinstallée au portail de l'église paroissiale de Séné. Les femmes de l'île allaient jadis à la chapelle "pour y tourner le sabre du saint dans le sens des brises favorables" ;
la croix de la Brassée ou croix de Jean II (XIXème siècle). On raconte qu'elle aurait été élevée par un sabotier qui aurait tué un loup sur le lieu en 1823 ;
la croix de Gornevez (XVIIIème siècle), située à l'intersection de la route de Langle et de la route de Gorneveze ;
le calvaire de Montsarrac (XVème siècle) ;
la croix située près de la chapelle Saint-Laurent ;
plusieurs autres croix sont à mentionner : Cadouarn (datée de 1635 et située route de Vannes), Bel Air, Le Poulfanc, Bellevue, Kerranna disparues comme celles de Botspernen, du Poulfanc ou celle d'Arcal transférée à Vannes ;
la maison ancienne (XVI-XVIIIème siècle), située rue des Vierges ;
le manoir de Lestrénis ou Lestrenic (XVIIème siècle), restauré au XIXème siècle. Il est aussi surnommé "Saint-Laurent". Ancienne possession des ducs de Bretagne. Cette propriété est vendue en 1450 par Jehan de Vannes au duc Pierre II. Certains écrits prétendent aussi que le château a été édifié par Pierre II en 1431. Abandonné, ses ruines sont rasées en 1614 et Louis XIII donne ses pierres aux Capucins de Vannes afin de pouvoir édifier leur couvent de Calmont-Haut. Le manoir est cédé en 1634, sous le nom de Saint-Laurent, aux jésuites du collège de Vannes. L'édifice est vendu comme bien national en 1793 à un négociant de Lorient. Il devient, par la suite, la propriété successive des familles Bastide, Boulard et Eudon de Rohan Chabot (depuis 1975) ;
l'ancien manoir de Balgan, propriété de la famille Jégou de Séné, puis du vicomte Olivier II de Rohan (en 1316). Le 22 décembre 1316 "Guillaume, fils de Jégou de Séné, donne au vicomte Olivier II de Rohan son manoir de Balgan avec toutes les terres et appartenances, et tout le bois d'environ et d'après le dit manoir, en la paroisse de Séné, en échange de terres à Quenet Ysac et aux environs". On mentionne Jehan Derian en 1427. L'édifice a aujourd'hui totalement disparu ;
le manoir de Boédic. Siège d'une ancienne seigneurie de l'île de Boédic. Il possédait une chapelle privée ;
le château de Bot-Spernen (1850), édifié par le comte de Castellan. Il est vendu vers 1916 à la famille de L'Ecochère, puis en 1922 à la famille Bruneau, et enfin à la famille Bérard. Vers 1939, il devient la propriété successive de l'évêché de Vannes, de la famille Oberthur (imprimeur à Rennes), de la famille Hirglair, puis des Augustines de la Miséricorde de Jésus (en 1957 et jusqu'en 1983) et de la famille L'Haridon ;
le château de Cantizac. Siège de l'ancienne seigneurie de Quentifac ou Cantizac appartenant à la famille Coetlagat (en 1400 et en 1530), puis à la Visitation (en 1714). On mentionne Guillaume de Coetlagat en 1424, Renault de Coetlagast en 1464 et Prigent de Coetlagat en 1481 ;
le manoir de Limur. Siège d'une ancienne seigneurie appartenant successivement aux familles Limur, Bourgeois (au XVIIIème siècle) et Chanu. Il possédait autrefois une chapelle privée, aujourd'hui disparue ;
les manoirs de Canivarh et Cano ;
la maison de pêcheur (1660), située au n° 47, rue de Bellevue, Langle ;
la tombe de la famille de Limur (XVIII-XIXème siècle). Il s'agit du nom de l'ancienne famille Chanu ;
la caserne de douanier (XVIIIème siècle), située à Bilherbon ;
le moulin à eau de Cantizac, et les moulins à vent de Canneau (ou Cano), de Cadouarn ;
A signaler aussi :
le dolmen de Gornevez (4500 à 2000 avant Jésus Christ) ;
les anciens dolmens de Boède, d'Ozon ;
le cairn situé sur l'île de Boède ;
le four à augets de Moustérian (époque gallo-romaine) ;
le nord de Séné est traversé par la voie romaine de Vannes à Nantes ;
ANCIENNE NOBLESSE DE SENE
Les seigneuries de Séné étaient :
1° Auzon, vers le sud, aux Garlot, aux Guymar...
2° Balgan, au nord-est, vendue en 1312 à Olivier de Rohan.
3° Bararach, vers la pointe de Langle.
4° Bézidel, au nord.
5° Boédic, île, vers l'ouest.
6° Cano, au nord-est, aux Bigaré.
7° Canivarh, vers l'ouest.
8° Cantizac, aux Coetlagat dès 1400, à la Visitation en 1714.
9° Falguérec, aux Bodrual en 1530.
10° Gornevez, au sud-ouest.
11° Gouavert, près du bourg.
12° Keravelo, vers le nord.
13° Kerbiscon, au nord-est, aux Bourdin, la Restrée.
14° Kerléguen, au sud-est.
15° Kernipitur, ou Quenipitur.
16° Limur, aux Bourgeois en 17... puis aux Chanu.
17° Lestrénic ou Saint-Laurent, aux ducs de Bretagne et en 1634 aux Jésuites.
18° Moustérian, au sud.
19° Le Ranquin, aux Jonchet en 1790.
20° Le Versa, au nord.
Il est bon de noter aussi qu'un endroit du bourg se nomme encore Coh-Castel ou le Vieux-Château (J-M. Le Mené).
Lors de la réformation de 1427, on comptabilise la présence de plusieurs nobles à Séné : Jehan Rolland (au bourg de Séné), Ollivier Mahé et Amelle de Lesthuou (Falguérec), Guillaume de Coetlagat et Guillaume Le Guitart (Cantizac), Jehan Le Franc et Jehan Pezron (frairie du Passage), Jehan Derian (Balgan), Guillaume Le Douraier et Ollivier Lorbelous (Cano).
A la "montre" (réunion de tous les hommes d'armes) de Vannes du 8 septembre 1464, on comptabilise la présence de 3 nobles de Séné :
Benoist LAYEC (400 livres de revenu) : excusé ;
Pierre BOURDIN (70 livres de revenu) : porteur d'une brigandine, comparaît armé d'une vouge et d'harnois de jambes ;
Renault de COETLAGAST (700 livres de revenu) : porteur d'une brigandine, comparaît en archer ;
A la "montre" (réunion de tous les hommes d'armes) de Vannes du 4 septembre 1481, on comptabilise la présence de 3 nobles de Séné :
Prigent de COETLAGAT : comparaît en homme d'armes ;
Pierre BOURDIN : porteur d'une brigandine, comparaît armé d'une jusarme ;
François LAYEC et son fils Amaulry : comparaît en archer ;
Le territoire de notre commune Séné est une presqu'île coudée entre les rivières de Vannes et de Saint Léonard, avec une pointe aujourd'hui nommée Port-Anna, hier Bellevue ou Langle. Cette géographie particulière a dessiné des rétrécissements sur chacune des deux rivières, le passage de Montsarrac à Saint-Armel et le goulet de Conleau entre la presqu'île de Langle à Séné, le village de Moréac en Arradon et l'île de Conleau à Vannes. Ces deux étroits canaux d'eau salée étaient prédisposés à accueillir des embarcations pour en assurer la traversée régulière et offrir aux populations un raccourci maritime.
Carte de 1882 : la digue de Conleau figure ainsi que les "Gois" pour atteindre Boëdic et Boëd, tout comme le Pont Lisse et la cahute de garde de Barrarach.
Yannick ROME raconte dans son livre intitulé "Le passage de Saint Armel à Séné" l'histoire d'une communication maritime entre Vannes et la Presqu'île de Rhuys passant par le territoire de Séné. Le passeur permet un raccourci pour les laboureurs et les éleveurs se rendant à Vannes les jours de marché. Conscientes de l'importance du service rendu, les autorités sous l'Ancien Régime et jusqu'à aujourd’hui vont organiser l'activité de passeur sur le Domaine Maritime qui sera soumise régulièrement à adjudication.
Mais qu'en est-il de l'autre "passage" du goulet de Conleau? Qui furent les "petits passeurs" de Langle? Que peut-on apprendre des archives à leur sujet ?
De la digue à la cale...
S'il est difficile de dire à quand remonte les premiers passeurs de Barrarach, nous avons cependant une trace de la construction de la cale en bas de la butte de Bellevue.
Source Inventaire DRAC : Un rapport des Ponts et Chaussées de 1885 signale l´existence à la Pointe de Barrarac´h d´une mauvaise cale en pierres sèches construite par les habitants. Deux inscrits maritimes assurent la traversée et entretiennent sommairement l´ouvrage pour le passage des piétons de la presqu´île de Séné vers l´île de Conleau et Vannes.
Dans l'ouvrage intitulé "LA BRETAGNE CONTEMPORAINE" illustré par des dessins de Félix Benoist, un des auteurs qui visitent notre commune écrit : "Le touriste qui préfère l'aspect d'un beau site à celui de vieilles ruines, devra se rendre, par le bourg de Séné, au village de Gornevez et à la chapelle d'Ozan, au sud-est du bourg. De là, prenant la direction de l'ouest-nord-ouest, par les villages de Cadouarn et de Langle, on arrive, en face de Moréeac et de Conlo, à une colline formant promontaoire et du sommet de laquelle l'oeil embrasse tout le basin de Vannes e une grande partie du Morbihan. On descend à la côte par un escalier creusé dans le flanc nord de la montagne, et l'on trouve, à l'extrémité d'une jetée, un petit bateau qui vous transporte à la côte du Grand Conlo" qui nous indqiue qu'il y avait une activité de passeurs sans doute épisodique entre Bellevue et Conleau.
En 1895, la cale est entièrement remaniée et restaurée pour une dépense totale de 3 900 francs, dont les deux tiers financés par l´Etat, 1 000 francs par le département et 300 francs par la commune, et prend alors sa forme actuelle. En 1968, afin de permettre le chargement du fret vers l´île d´Arz, le service des Ponts-et-Chaussées construit une nouvelle infrastructure quelques dizaines de mètres plus à l´est, et abandonne cette cale.
De l’autre côté du goulet, à partir de 1876, les nouveaux propriétaires de l'île de Conleau, François ROUILLE et Jean Baptiste PAVOT font faire réaliser une digue en dur afin de faire de Conleau une destination touristique. [Lire l'article sur l'histoire de Conleau]
Conleau n'est accessible alors qu'à marée basse et le lieu arboré offre une belle plage connue sous le nom de Grenouillère.
Une piscine d'eau de mer est aménagée; Un café est construit sur la promenade ainsi qu’un casino à l’emplacement actuel de l’Hôtel le Roof et du Café de Conleau. Près de la petite cale, on construit un bistrot, l’actuel « Corlazo ». On installe sur les bords de la plage des cabines de plage. Les régates se développent de part et d'autre du goulet. On construit une estacade en bois qui sera remplacée plus tard par la cale en pierre toujours présente, pour permettre aux voyageurs de débarquer à toute heure
Vue de Conleau avec le nouveau café, les cabines de plage et sur l'eau dans sa barque un passeur ou une passeuse ?
Dès lors, cette digue qui rattache Conleau au continent, offre aux Sinagots du fond de la presqu'île de Langle, une possibilité de raccourci pour aller jusqu'à Vannes pour peu qu'un bateau les fasse passer sur l'autre rive.
Dans l'autre sens, ces aménagements amènent des visiteurs à Conleau. Ces derniers peuvent être tentés de gagner la butte de Bellevue ornée de sa patache des douaniers, de sa croix et offrant un beau point de vue sur le goulet de Conleau.
Pour améliorer la desserte entre Langle et Conleau, une vraie cale est contruite en 1895, sous le mandat du maire Jean Marie LE REBOURS, ancien adjoint qui succédait à François SURZUR démissionnaire pour raison de santé, élu républicain, sans doute l'initiateur du projet.
L'inventaire des monuments de Bretagne dresse une description de la cale : "L´ancienne cale du passage de Barrarac´h mesure 38 m pour une largeur de 2,5 m. L´ensemble est réalisé en beaux moellons de granite soigneusement assemblés. Elle a subi une réfection sur une trentaine de mètres et son extrémité a été exhaussée d´un mètre. Un escalier de trois marches a été aménagé au musoir et un terre-plein de 5 m de côté a été accolé à la cale pour servir de lieu de dépôt pour les marchandises."
La construction de la cale de Barrarach va accélérer le cours des choses et permettre aux marins de Séné et de Vannes d'organiser un service de passage entre les cales de Moréac, de Conleau, de Barrarach et vers les îles de Boëdic et d'Arz...
Les Loiseau et Ridan, bateliers à Séné...
La consultation attentive du dénombrement de 1886, permet de repérer une famille qui déclare l'actvité de batelier. La famille de Joseph LOISEAU est installée à Langle. Né à Elven le 1er janvier 1821, il est descendu sur la côte et a épousé le 24 août 1856, Françoise LE FRANC, né le 19/11/1829 à Langle au sein d'une famille de pêcheurs. Les "Loiseau" seront passeurs à Séné pendant trois générations.
Malheureusement le dénombrement de 1886 est incomplet. Celui de 1891 nous donne le noms de deux autres familles de "bateliers".
A Cadouarn, Perrine NIO a perdu son mari, Vincent Pierre LE MAY et à la naissance de sa fille Zélie en 1888, la mention enfant posthume est indiquée sur l'acte de naissance. Le couple était pêcheur et pêcheuse à Cadouarn. La veuve va changer d'activité comme nous l'indique le dénombrement de 1891. Elle est batelière à l'âge de 37 ans. Cette nouvelle activité semble plus adaptée à la charge de cette jeune veuve avec 3 enfants. Au dénombrement de 1901, elle et ses filles désormais grandes sont toutes pêcheuses.
Une autre famille de bateliers vit à Moustérian en 1891. Les Ridant ou Le Ridan seront passeurs pendant trois générations : Mathurin RIDANT, sa fille Marie Julienne RIDANT et la cousine de sa fille Pascaline MIRAN, épouse de P'tit Jean.
La consultation de la presse numérisée des Archives du Morbihan permet de retrouver des articles de presse où les noms des premiers passeurs apparaissent. Ainsi, ces articles de 1896 et 1897 nous indiquent que l'essor de l'activité de passeurs concerne tout le Golfe du Morbihan. Les débuts sont parfois tragiques car ces marins ne savent pas tous nager !
Les Morio défendent leur activité...
Un autre article du Courrier des Campagnes daté du 15 mars 1896, relate un savetage au crédit du passeur dénommé Morio.
Au dénombrement de 1886 à Séné, une famille MORIO est recensée. Jean Louis MORIO ne déclare pas encore l'activité de passeur. Il faudra attendre le dénombrement de 1901 pour que le métier de passeur soit revendiqué.
Jean Louis MORIO est né le 5 février 1849 à Montsarrac. Son père est marin et sa mère ménagère. Il se marie le 13 avril 1873 à Séné avec Marie Anne LHOTE, née à Baden le 28/09/1848, et installée à Montsarrac comme tailleuse.
Jean Louis MORIO était le frère de Sylvestre Louis MORIO, engagé dans la marine, et qui fit le tour du monde sur l'Astrée. En 1896, à l'âge de 47 ans, Jean Louis est donc passeur à Barrarach.
Cet article du Nouvelliste du Morbihan, daté du 21 mai 1899, nous rapporte une rixe entre les familles MORIO et LE GUIL qui se disputent la clientèle. La concurrence est rude sur le goulet de Conleau ou pas moins de 14 passeurs et passeuses sont en activité. Un autre compte rendu publié dans le Progrès du Morbihan, indique que Marie Julienne RIDANT fut témoin de la scène.
Une cale en dur est annoncée pour remplacer l’appontement de bois à Conleau dès mai 1899 et sera sans doute construite courant 1901.
Rivage de Bellevue, en face Conleau, un passeur à gauche avec trois passagers
Cependant il va perdre "sa charge" en cette fin du XIX°Siècle......
Un article du journal L'Arvor daté du 19 mai 1899, nous rapporte une rixe entre les familles MORIO et LE GUIL qui se disputent la clientèle.
Au delà de l'anecdote, le second article qui commente le procès qui s'en suivit, nous informe de l'origine de la rivalité en les Morio et les Le Guil.
On comprend que le propriéraire de l'ïle de Conleau a retiré à Jean Louis MORIO et ses deux enfants, le soin d'assurer le passage entre les deux rives. Quel était la réglementation de l'époque de cette activité de transport sur le Domaine Maritime? Les Morio sont amers car ils ont été remplacés par les Le Guil établis sur l'île de Boëd. Le journaliste ajoute que 14 passeurs (parents et enfants) cohabitent entre Conleau et Langle.
Photo : Passage de Conleau à l'Angle
Les Le Guil s'imposent comme passeurs...
François LE GUIL [1792-1865] natif de Berric s'est établi avec sa famille comme jardinier pour le compte du propriétaire de l'île de Boëdic. Il vient à Séné avec ses 3 garçons : Julien [1822-1904], Jean-Pierre [1832- ] et Jean-François [1825-1885] qui se noiera en traversant à la barque le chenal entre Langle à Boëdic.
Vers 1897, Charles PANCKOUKE, propriétaire de l'île de Boëdic fait contruire une cale en dur. Julien Marie, un des enfants de Jean-Pierre LE GUIL sera passeur pour relier notamment Böedic à Conleau.
Au dénombrement de 1901, on retrouve la famille de Jean-Pierre LE GUIL installée au bourg de Séné. Cependant leur fils Jean Marie, né le 17/05/1878, qui finit son service militaire et Julien Marie, né le 2/04/1873, qui est installé comme passeur à Conleau ne figurent pas sur le resencement.
En effet c'est Julien Marie LE GUIL, né le 2/04/1873, qui se lance dans l'activité de passeur au retour de sa conscription vers 1894-95. Il croise tous les jours ou presque Marie Françoise LOISEAU, de 7 ans son ainée, née le 4/02/1866 à Séné. La fille du vieux passeur Joseph LOISEAU [1821-1895] a soulagé son père ces dernières années et finit par le remplacer à son décès en 1895. Elle n'a pas vu les années passer. Chacun sur son canot, on se croise, on discute. Les deux passeurs de Séné finissent par s'épouser le mardi 1er mai 1900. Le muguet a dû fleuri cette noce maritime. Le jeune couple s'établira à Conleau comme nous l'indique le dénombrement de 1901.
Le jeune couple s'installe dans une barque aménangée, un "camping-boat", près du cabaret de Conleau, l'actuel bar Le Corlazo.
La communauté de passeurs cohabitent cahin caha comme en témoigne cet article de presse daté de mai 1900 et celui de L'Arvor de d'août 1905. Les familles Loiseau, Morio, Le Guil exercent le métier de passeurs entre Conleau et Langle.
Courant août 1905, François Marie LOISEAU récupère sur son canot « Travailleur » deux personnes qui allaient se noyer. Il reçoit en septembre 1906 une récompense du Ministère de la Marine. Le "Travailleur" fut le dernier sinagot construite par Julien Marie MARTIN, charpentier de marine à Kerdavid.
Cet autre article du Phare de Bretagne, daté de novembre 1905, semble confirmer que le propriétaire de l'île de Conleau, à cette époque M. Laporte, autorise le passeur à accoster sur son île. Julien JAN sur son cotre "La Victoire" est aussi passeur entre l'île d'Arz et Conleau.
Cet article de presse indqiue de Jeane Louise LE BLOHIC [12/1/1854 - 1906] était passeuse entre Conleau et Séné et se noya dans le goulet. Le dénombrement de 1906 nous indique que le couple LE GUIL LOISEAU s'est installé à terre au plus près de la cale de Barrarach. En effet, les voilà parents d'un petit garçon, Jean Marie née le 16/02/1903.
Au village de Langle, Marie Mathurine LE DRESSAY [28/4/1879-22/5/1963] déclare l'activité de passeuse. Elle confirme cette profession lors de son mariagge le 14/1/1908 avec Alexis LE DORIDOUR, veuf depuis le 26/12/1901 de Louise MORIO.
Un autre couple de passeurs vit non loin au village de Langle. Il s'agit de François LOISEAU et de sa femme Marie Louise LE ROY qui déclare l'activité de passeuse. François et Vincent sont les enfants de Joseph Pierre LOISEAU. Ils ont chacun épousé une fille de Patern LE ROY. Vincent à épousé Jeanne Marie le 11/10/1887 et François, Marie Louise, le 25/101898.
Rixe à Conleau, LE GUIL cogne dur...
Cet article de L'Arvor daté d'avril 1906 nous apprend que LE GUIL cogne dur. Il écoppe d'une amende 16 francs pour s'être bagarré avec M. Jamet manoeuvre chez Laporte, le propriétaire de l'île de Conleau. A la faveur de cet article, on notre que Jean Louis MORIO est toujours passeur et qu'un certain Jan, est également passeur.
On ne sait lequel des frères LE GUIL a cogné. En effet, Jean Marie est aussi passeur à Conleau. D'ailleurs, il est victime d'un vol en mars 1907 comme le rapporte le journal Le Courrier des Campagnes.
Cette même année, Jean Marie LE GUIL épouse le 21 octobre 1907 Marie Josèpje MORICE qui déclare le jour de son mariage le métier de passeuse.
Marie Jo MORICE est la fille de feu Jeanne Louis LE BLOHIC [1/1/1854-12/9/1906, épouse MORICE Pierre Louis, qui était déjà passeuse à Conleau. Cette dernière se noya en traversant le goulet comme nous le relate cet article de presse.
L'article qui suit relate le sauvetage du patron Aimé BOQUET et de son fils grâce à l'inverventioncourageuse des passeuses Marie Josèphe LE GREGAM et Jeanne Marie DANET de Séné.
Au dénombrement de 1911, Julien Marie LE GUIL et sa femme Marie Françoise LOISEAU déclarent l'activité de passeur et passeuse. Son frère, Jean Marie LE GUIL déclare le métier de marin aux cotés de sa femme Marie Josèphe MORICE. François LOISEAU déclare l'activité de passeur aux côtés de sa femme Marie Louise LE ROY. Jean Vincent NOBLANC [12/4/1840 - xx], le mari de la sage-femme Elmina LE DOUARIN déclare l'activité de passeur à Cadouarn.
Ce dénombrement confirme l'activité de passeur de Jean Pierre MIRAN et de son épouse Marie Julienne RIDANT qui sera connue sous le surnom de "Comenon".
Pour ses 95 ans, en 1969, le bulletin paroissial, Le Sinagot, fera un article sur la doyenne de Séné. Elle décèdera en janvier 1973 à tout de même près de 100 ans !
« C’est aussi l’âge de notre doyenne, à Séné, Mme Vve MIRAN, de Canivar’ch. Bon pied, bon œil, elle a bien l’intention de franchir les 5 années qui la sépare de ses 100 ans ! « Si Dieu le veut ! » comme elle dit. Et pourtant, Dieu sait si cette brave Sinagote en a vu de toutes les couleurs depuis près d’un siècle ! Ayant effectué durant 52 ans le métier de « passeur » à Conleau (le passage, dit-elle, coûtait alors 1 sou ! mais …il y avait les palourdes ! ») Elle pourrait dire long sur la vie pénible des Sinagots du début du siècle…Faudrait-il conclure comme la chanson… : »Le travail, c’est la santé ! En tous cas, tous les Sinagots vous souhaitent un BON ANNIVERSAIRE, Madame Miran, et une BONNE SANTE ! ».
A la veille de la Première Guerre Mondiale, plusieurs familles vivent de l'activité de transport maritime. Le métier de passeur n'est pas sans danger comme nous l'indique cet article du Courrier Morbihannais d'aout 1913 ou Julien LE GUIL faillit perdre la vie.
Les cinq Marie rament sur leur canot.....
Après guerre l'activité de passeur et passeuse reprend comme nous l'indique le dénombrement de 1921. Les femmes constituent le principal effectif de la profession bien ancrée à Séné.
Marie Josèphe MORICE, 43 ans, épouse LE GUIL Jean Marie déclare être passeuse; Marie Françoise LOISEAU, 55 ans, et son marie Julien LE GUIL sont tous deux passeurs à Barrarach; Marie Louise LE ROY, 51 ans, dit être passeuse et son époux François LOISEAU dit être pecheur, tous deux vivent au Meniech; Marie Julienne RIDANT, 47 ans et Jean Pierre MIRAN sont tous deux passeurs et vivent à Canivar'ch. La benjamine, Marie Louise DANET, 35 ans, déclare être passeur aux côtés de son marie Francis MORIO marin.
La communauté des passeurs de Langle est endeuillée au début de l'été 1923. Julien Marie LE GUIL tombe à l'eau et meurt sans doute d'hydrocution. 10 ans plus tôt déjà il faillit mourrir noyé.. Sa veuve Marie Josèphe et P'tit Jean continuent leur métier...
Au dénombrement de 1926, on retrouve à peu près le même effectif de passeurs et passeuses. Pascaline MIRAN en épousant le 13/09/1927 Jean Marie LE GUIL, rejoindra la communauté de passeurs de Langle à Conleau. Bien que mariée à Louis LOISEAU depuis le 20/04/1914, Marie Josèphe LE GREGAM ne déclare pas encore l'activité de paseuse mais de pêcheuse.
Photo :Pascaline MIRAN mariée LE GUIL sur sa barque
En novembre 1931, François Marie LOISEAU qui exerce l'activité de passeur tombe à l'eau comme nous le rapporte cet article de presse. Il décède le mois suivant. Son frère Vincent, âgé de plus de 70 ans, exerce encore l'activité et accompli encore un sauvetage comme nous l'indique cet article de presse de 1933 et en 1935.
Photo : passagers débarquant à la cale de Conleau
Joseph LEROY
René Dosité NOBLANC
Emile Morin a reconnu Jean-Louis Loiseau dit « Grillu » sur cette carte postale
Emile Morin a reconnu Marie Jo Loiseau sur cette photo
C’est la famille de Vincent LOISEAU qui perpétuera l’activité de « batelier » initiée par leur aïeul Joseph Pierre LOISEAU. En premier lieu, la belle-fille, Marie Josèphe LE GREGAM [1890-1990] qui finira centenaire, épouse de Louis Marie LOISEAU [né le 4/10/1888] dit "Louis Ho" à bord du canot « Mon Rêve »; Jean Louis LOISEAU [1891-1977], son frère surnommé "Grillu" à bord du misainier « Liberté » grand rival de son cousin Joseph LEROY [1888-1981] dit « Desbins », si bien qu’on les surnommait « Pôle Sud » et « Pôle Nord » (Source C.Rollando). René NOBLANC assurera également pendant sa retraite de marin, l’activité de passeur.
Mme Joncour, institutrice à Bellevue, ses deux enfants,
les grands-parents de Quimper sur la barque de Louis Marie Loiseau,1942
Le développement des transports rendra moins nécessaire un service régulier entre Langle et Conleau. Dès les années 1920, un bus relie la presqu’île de Langle à Vannes. Après guerre, les Sinagots se dotent de voitures automobiles….
L’activité de passeur survit grâce aux régates mais celles-ci se déplaceront sur l’Ile d’Arz puis vers Port Navalo. Le tourisme prendra le relais.
Dès lors, le métier de passeur ne sera plus qu’un complément pour des pêcheurs de la presqu’île et le métier se « motorise ». Ainsi Emile NOBLANC [1916-1981], fils de René NOBLANC, fera le passeur à la rame entre Barrarach et Conleau et des trajets en mer sur son bateau « Mon rêve » puis sur « L’En Avant », entre l’île d’Arz et Conleau, notamment pour transporter les marins de commerce.
Le métier s’éteindra avec la disparition de la troisième génération de passeurs et passeuses dans les années 1980.
Parmi les plus « célèbres » passeurs, Jean Marie LE GUIL [1903-1983] dit P'tit Jean depuis la cale à Barrarach dite cale à P'tit Jean, et sa femme Pascaline MIRAN [1903-1983] continueront de nombreuses années l'activité de passeur à la rame, notamment avec leur misainier "Geneviève et Denise" du nom de leurs deux filles.
La ville de Vannes a nommé une "petite rue" Jean Marie Le GUIL dans le quartier de Conleau en mémoire du "petit passeur". Lors du recensement de 1961, l'employé retiendra comme profession, navigateur côtier !
Texte de Joseph LE ROCH, recteur de Séné 1968-1980
Une médaille pour 50 ans de bons et loyaux services...je l'ai rencontré sur la route de Port-Anna, à l'heure où, au foyer, l'épouse prépare le repas...
Béret sur les yeux, caban, sabots, il avait cette démarche "chaloupée" de ceux qui passent plus de temps à bord d'un bateau que sur "le plancher des vaches". Silhouette familière, non seulement aux Sinagots, mais à de nombreux Vannetais, à d'anciens groupes de grand Séminaristes ensoutanés -prêtes maintenant..et pas bien loin de Port-Anna !- dans lesquels j'étais "agrégé". Qui, en effet, de près ou de loin, ne connaît pas "P’TIT JEAN", le passeur de Conleau? Depuis 53 ans - c'est du précis - sa vie s'est pratiquement passée à Conleau.
S'il a connu les SINAGOTS" à voiles brunes et, pendant quelques années, franchi régulièrement aux beaux jours le goulet pour promener le touriste sur le golfe, il s'est surtout contenté de relier la rive vannetaise à Moréac en Arradon, ou Port-Anna en Séné...Juste en face la Plage? Cela n'a rien d'un voyage au long-cours, et les seuls écueils du trajet ne sont constitués que par les nombreux yachts amarrés à cet endroit. Il pourrait l'accomplir les yeux fermés. Mais, seul maître de la plate avec son chargement de passagers, en a-t-il parcouru des milles, toujours à force de rames !...
Jean Marie LE GUIL, né à Conleau le 16 février 1903, a connu les grands espaces que seuls les océans peuvent offrir. Embarqués à Brest pour le service militaire, il a séjournée trois ans en Chine et au Japon, à bord du croiseur-cuirassé "Jules Ferry". Souvenirs à goût d'aventure. Usés et que l'on ne raconte plus..., sauf à la fin d'un copieux repas de familial ou de rares fois en compagnie des gars "de la classe". Qu'on ne se trompe pas !, ce sympathique passeur, il a succédé à son père. C'était bien ainsi ! Vous comprenez : j'ai soixante sept ans, et je continuerai à faire le passeur, tant que je pourrai. Qu'est-ce que je ferais à la maison ? J'étouffe entre quatre murs. Je ne gagne pas d'argent. Juste pour mes frais. Mais ça me fait plaisir. Je vois des tas de gens? Ils me connaissent. Et j'ai mes copains. Tant que je pourrai tirer sur les rames !..
Notre compatriote vient de recevoir la "reconnaissance" de sa fidélité à "la mer" : un diplôme : "LE MINISTRE DE LA MARINE MARCHANDE A JEAN MARIE LE GUIL, MATELOT, EN RECOMPENSE DE SES BONS ET LOYAUX SERVICES", et une médaille au ruban tricolore. On les lui a remis il y a quelques mois. Il en est fier à juste titre. Mais qu’importent les honneurs ! Ceux-ci n'empêcheront pas notre ami de rejoindre fidèlement son poste, et de toujours rendre service : FELICITATIONS ! Mr Jean LE GUIL, Pardon ! P'TIT JEAN : Tu nous donnes une rude leçon de courage et de fidélité !
Documents :
Coupure de presse : Archives du Morbihan.
Extrait de dénombrement ville de Séné : Archives du Morbihan
Extrait de dénombrement ville de Vannes en 1901 – Archives municipales
Carte géographique 1882 : Institut Géographique National
Plan de Conleau : service du patrimoine – Ville de Vannes
Bibliographie :
Passeur, Passages et passagers du Golfe du Morbihan Camille Rollando avril 1999 Société Polymathique
Le Passage de Saint-Armel Séné
Yannick Rome - Liv Editions
Le passage de l’Île aux Moines
Guillaume Mongeon, - Editions Cheminements.
La Pays de Séné – Emile Morin - Editions Sutton
Le Golfe du Morbihan, Album de Gens de Mer
Edition Hengoun.
Il y en a des marins de Séné disparus en mer ou morts pour la France, à toutes les époques. Les familles de pêcheurs de Séné, les fils de maîtres de cabotage établis à Séné, étaient des recrues prédestinées à servir dans la "Royale" avant de rentrer au pays.
Il a est ainsi de Vincent Marie NOBLANC [17/12/1842-5/12/1863]. Son acte de décès est plus long que les autres dans le registre des décès de l'année 1864. On s'y attarde, on a envie d'en savoir plus sur les circonstances de sa mort.
On apprend à la lecture de l'acte de décès, que Vincent Marie NOBLANC est décédé dans le naufrage de la chaloupe de la frégate La Couronne à Cherbourg le 5 décembre 1863. L'administration de Napoléon III fonctionne bien. L'acte a été transcrit le 14 janvier 1864 à Séné. Que s'est-il passé ce jour là à Cherbourg ?
Vincent Marie NOBLANC était né à Moustérian le 17 décembre 1842 dans une famille de pêcheurs. En 1855, à l'âge de 13 ans, il commence le métier de pêcheur comme nous l'indique sa fiche d'incrit maritime. En 1863 il passe sous les drapeaux d'abord à Lorient puis sur Brest et Cherbourg. Il embarque quelque temps sur le Saône puis il est affecté le 18/09/1863 sur la frégrate La Couronne, vaisseau école des canonniers et timoniers.
La Couronne est le premier Trois Mâts dont la coque est cuirassé de fer. Il fonctionne à la voile et à la vapeur, une chaudière à charbon alimentant un moteur.
Dimensions 80.85 x 16.70 x 7.80 x 9.70 (C) m
Déplacement 6.428 T
Vitesse12.77 n
Effectif 570 h - en école de canonnage : 1.200 h
Propulsion :
Vapeur : machine horizontale à bielles renversées Mazeline (2 cylindres : d = 2,08 m ; c = 1,27) - chaudière Indret 8 corps 32 foyers950 chn, 2900 chi - 1 hélice à 6 ailes de 5.80 mcharbon : 650/1000 t
Voilure : 1621 m² (3 mâts carré)
La poursuite des recherches sur la presse numérisée par les Archives du Morbihan permet de retrouver un article de presse d'époque qui éclaire sur les circonstances du naufrage. Le nom de Vincent Marie NOBLANC apparait bien dans la liste des marins noyés et inhumés à Cherbourg.
Journal de Vannes du 12 décembre 1863 : "Un évènement affreux vient d'attrister la ville de Cherbourg. Le mercredi 2 décembre, à trois heures du matin, l'Argus, navire du commerce de Granville, s'échoua à l apointe N.O. de l'île Pelée. Le temps était horrible. En entendant les cris de désespoir de l'équipage, le commandant de la frégate cuirassée la Couronne, mouillée dans le nord de l arade, fit mettre à la mer le grand canot du bord monté de dix-huit hommes et commandé par M. Fernand de Besplas, lieutenant de vaisseau. No sbraves marins se portèrent avec un dévouement admirable au secours de l'Argus, et, après des efforts inouïs, parvinrent à le relever.
Pendant qu'ils en opéraient le sauvetage, le drirecteur des mouvements du port envoya sur les lieux le petit vapeur de rade la Navette, qui donna la remaoruqe à l'Argus et au canot de la Couronne. Il était huit heures du matin, lorsqu'un coup de vent furieux et instantané se déclara, cassa les remorques et rejeta au large le navire de commerce et le canot de La Couronne. La mer était terrible, acune force humaine ne pouvait lutter contre elle. Le canot, emporté par le vent et par le courant près du Cap Levi, se brisa sur les rochers de Fermanville; M. le lieutenant de vaisseu de Besplas, qui commandait, et les marins qui le montaient ont péri, à lexception de trois d'entre eux qui avaient été mis à bord de l'Argus. L'équipage de ce navire a été sauvé; M. Deslandes, son capitaine a seuil péri.
En apprenant cet événement, S. Exc. le ministre de la marine a envoyé l'un de ses aides de camp, M. Dumas, auprès de M. de Besplas, père du jeune officier, qui habite les environs de Mantes, pou rlui exprimer toute la part qu'il prend à sopn malheur. M. le contre-amiral de La Roncière le Noury, chef d'état-major du ministre, est parti hier au soir pour Cherbourg.
Cet événement affreux a produit la plus profonde impression, et la ville entière doit assister aux obsèques de l'officeir et des marins victimes de leur courage et de leur dévouement. M.le lieutenent de vaisseua de Besplas était un officier d'un grand mérite et d'un coeur excellent. Sa mort excitera, dans la marine, les regrets le splus vifs et le splus profonds -- A. Renauld."
On apprend que le 2 décembre 1863, le navire de commerce, L'Argus, s'est échoué sur l'ïle Pelée, en baie de Cherbourg à cause du temps exécrable qui régnait sur la Manche. Afin de sauver son équipage, le commandant du navire de la marine impériale, La Couronne, qui se trouve au mouillage en baie de Cherbourg, donne l'ordre à une chaloupe de porter secours.
18 marins courageux prennent la mer avec une chaloupe qui parvient à hauteur de L'Argus. La Navette, un vapeur du port de Cherbourg, (la SNSM de l'époque), se porte également à sa hauteur. Le vapeur met à la remorque la chaloupe et L'Argus. On comprend que l'équipage de L'Argus, à l'exception du capitaine Deslandes, monte sur le vapeur ainsi que 3 des marins de la chaloupe. Le sauvetage semble réussi, quand la tempête fait céder les remorques et la chaloupe comme L'Argus sont rejetés au large. Entre temps, le capitaine Deslandes est monté sur la chaloupe avec 15 autres marins. Ils luttent contre une mer en furie, dérivent et leur chaloupe finit par se briser sur les rochers du cap Levi.
Les archives du département de La Manche ont retrouvé dans le fonds du Tribunal de Commerce et maritime de Cherbourg, un rapport du nommé Lubert, second du sloop "L' Argus".
La lecture de cet acte nous apprend que 'L'Argus était parti du Havre à destination de Granville avec diverses marchandises dans sa cale. Le 1er décembre, il atteint Barfleur puis dans la nuit, il tente de gagner le port de Cherbourg. Vers 11 H du soir, un épais brouillard l'empêche de voir les feux et à 1 H du matin, il s'échoue sur l'île Pelée où il reste accroché jusqu'à 9 heures du matin (2 décembre).
Les secours viendront; l'équipage sera sauvé; le capitaine de L'Argus a participé au sauvetage de son équipage et est monté sur la chaloupe, liant son sort à celui de la chaloupe dans la tempete...
15 des marins dépêchés par La Couronne perdront leur vie au large du cap Levi, dans la chaloupe qui portait secours à L'Argus. Parmi ces marins, Vincent Marie NOBLANC, marin de Séné âgé de 21 ans. Comme l'indique son acte de décès à Cherbourg, son corps ne sera retrouvé que le 5 décembre, date officielle de son décès.
Le Petit Journal 9 décembre 1863 : Nous avons annoncé avant-hier, d'après une dpêche particulière de Cherbourg, que les obsèques des courageux naufragés de la Couronne avaient eu lieu samedi avec une grande solennité. Les journaux de Cherbourg nous apportent des détails sur cette triste cérémonie.
Les corps avaient été déposés dans une des alles de l'hôpital de la Marine transformée en chapelle ardente. Le cortège parti de l'hôpital à onze heures et demie, est arrvié à midi à l'église de la Sainte-Trinité. Il se composait des clairons de l'infanterie de marine, d'un peloton de gendarmerie maritime; d'une section d'artillerie maritime, d'une compagnie des équipages de la flotte, d'un demi-bataillon d'infanterie de marine avec le drapeau etla musique du régiment; de M. de Barmon, capitaine de frégate, second de la Couronne, et M. Boucher-Rivière, aide-major général; du clergé de toutes les paroisses de la ville.
Puis venaient les dix-huit cercueils, recouverts du pavillon tricolore et portés par des marins de la flotte et parmi eux le cercueil du lieutenant de vaisseau de Besplat, sur lequel étaient déposés les insignes de son grade et se décorations;
Un clergé de deuil, composé des aumôniers de la flotte et de la marine; M. le capitaine de vaisseau Penhoat, commandant la Couroone, et son état-major; M. l'amiral Roze, majoir général, préfet maritime par interim; M. Bordez, sous-préfet; M. Asserlin, président du tribunal; M. Ludé; maire, précédant un immense cortège d'officiers appartenant aux différents corps de la marine; l'état-major du navire confédéré le Georgia; M. Théologue, colonel du 18° de ligne, et tous les offciers de son régiument, etc..
Des détachements d'artillerie et d'infanterie de marine et des équipages de la flotte, sans armes. La marche était terminée par un demi-bataillon d'infanterie de marine. des troupes de toutes armes formaeinr la haie, et sur tout le parcours du cortège se pressait une foule silencieuse, tête nue, les larmes aux yeux. Depuis huit heures du matin, la frégate cuirassée la Couronne tirait un coup de canon de demi-heure en demi-heure. Tous les navires de l'Etat et les bâtiments de commerce, en rade et dans le port, avaient leur pavillon en berne et leurs vergues en pantenne.
Après le service funèbre, le cortège s'est remis en marche dans l'ordre qeu nous venons d'indiquer jusqu'au cimetière. La population en rangs serrés témoignait de sa douleur par son attitude consternée. Au moment où les cercueils ont été déposés dans la terre, M. le contre-amiral Roze, majour général de la marine, qui remplissait les fonctions de prefet maritime par interim, a prononcé le dicsours suivant:"
Deux autres discours ont été prononcés; l'un par M. Barlez, sous-préfet, l'autre par M. le capitaine de vaisseau Penhoat. Après les dernirs honneurs militaires rendus aux victimes inhumées côte à côte, la foule vivement impressionnée s'est retirée silencieusement.
Voici, d'après la Vigie de Cherbourg, les noms des victimes du naufrage de l'embarcation de la frégate la Couronne, dont les cadavres ont été retourvés et inhumés le samedi 5 décembre.|[figure Noblanc Vincent Marie]. Il rste encore à retrouver les corps de treize marins, dont voici les noms. [ ]. Deux matelors seuls ont échappé au désastre, le snommés Olivier et Rebillard, qui après avoir trouvé les meilleurs soins chez les habitant du hameau de Percy, où ils avaient été d'abord recueillis, ont pu être transportés à Cherbourg. Ces matelots sont maintenant hors de danger. La population de Cherbourg, vivmeent émue du triste spectacle de ces obsèques, a spontanément ouvert une souscription pour venir en aid eaux familles des malheureuses victimes du devoir accompli.
Quand l'historien local discute avec les anciens de la presqu'île, à la recherche de vieux faits divers à raconter, on se rappelle l'histoire d'une rixe entre voisins qui a mal tourné dans les années 30. Un certain GREGAM ou LE GREGAM qui aurait été tué par un étranger à Séné en marge d'une beuverie familiale chez les ALLANIOUX. Il n'en faut pas plus pour partir à la recherche de documents pour authentifier ce récit et bien sûr le relater précisement.
En consultant la presse ancienne numérisée par les Archives du Morbihan, en utilisant les mots clefs "Allanioux" ou "Gregam", on finit par trouver des articles d'époque qui nous relatent la rixe qui survint à Cadouarn en 1929.
Cet autre article daté de juin 1929, nous livre d'autres détails sur les circonstances de la mort du Sinagot.
Enfin, cet article d'octobre nous donne un compte rendu du jugement au Tribunal de Vannes.
Afin de dresser le récit précis de cette mort tragique, on commence par établir l'identité des protagonistes en consultant les registres d'Etat Civil et on se déplace aux Archives du Morbihan pour consulter le compte rendu de l'audience du 9 octobre 1929.
Que nous apprennent ces documents ?
Le 28 avril 1929, un dimanche selon le calendrier, une réunion de famille a lieu chez Pierre Marie ALLANIOUX [13/01/1879-2/09/1933] et sa femme Angèle LE FRANC.
Les "ALLANIOUX" comme nous l'indique le dénombrement de 1921, sont un couple de pêcheurs qui vivent à Cadouarn et ont pour voisins la famille LE GREGAM et PIERRE, également pêcheurs.
Leur fille Lucienne Marie ALLANIOUX, âgé de 24 ans, est revenue vivre chez ses parents. Elle s'est marié en 1924 à Séné, avec Maxime LE GOUEVEC, aussi tout au long de la procédure, est-elle appellée ALLANIOUX femme LE GOUEVEC, jusqu'au divorce obtenu par ce dernier le 23/01/1930. Maxime LE GOUEVEC, son époux, natif de Clichy, comme nous l'indique son acte de mariage, était alors livreur rue de Roulage à Vannes. Comment le couple s'est-il séparé?
Ce dimanche 28 avril 1929, Maxime n'est pas là. Lucienne ALLANIOUX, vit avec son amant, un certain André Julien GUILLARD, militaire, né le 9/02/1900, à Gravigny dans l'Eure, où il se marie le 29/06/1921 avec sa Madeleine Geneviève Saint-Gilles.
La fiche de matricule nous dit que André Julien GUILLARD, à l'âge de 20 ans, exerçait la profession de charretier. Durant sa conscription, il participe à la "Campagne en Pays Rhénans" (l'occupation de la Rhur par les Français). En janvier 1924, le soldat GUILLARD s'engage dans les armées et rejoint l'Indochine en novembre 1925 où il contracte une maladie. Il est réformé par le Commission de Réforme de Vannes en février 1929. Il perd son épouse le 21/04/1927.
Resté à Vannes, par hasard, le militaire, veuf, y fait la connaissance de Lucienne ALLANIOUX, dont le juge au cours du procès dira d'elle qu'elle est "une ivrognesse qui se livre à la prostitution".
Ce dimanche 28 avril 1929, les convives ont bu, un peu trop. ALLANIOUX, père, a trouvé un poignard dans la poche de GUILLARD et l'accuse de vouloir attenter à sa vie. Sa fille tente en vain de lui arracher le poignard. Les 3 protagonistes se retrouvent devant leur maison. Lucienne ALLANIOUX grandement éméchée, commence à jeter des pierres sur les voisins accourus, alertés par le bruit et les cris.
Julien Marie LE GREGAM [22/02/1883-15/05/1929], est marié à Marie Mélanie LE FRANC depuis 20 ans. Il est le père de 5 enfants, dont le dernier Paul.
Il rentre chez lui et reçoit un projectile. Une bagarre éclate entre GUILLARD et LE GREGAM au cours de laquelle il est blessé par un coup de pierre sur le crane. Il décèdera selon le registre d'Etat Civil retranscrit à Séné, le 15 mai à l'Hôpital de Vannes, des suites d'une meningo-encephalite, infection de sa blesure au crane, selon l'autopsie pratiquée par le Docteur Monnier.
Le témoignage de Julien BOUQUET [25/02/1900-6/03/1971] qui parvint a stopper la rixe, sera accablant pour Lucienne ALLANIOUX. Comme nous l'indique sa fiche de matricule, BOUQUET est entré dans les Douanes après sa conscription dans la marine.
Il est ce jour-là sur Séné où réside sa soeur Marie Anne BOUQUET [29/04/1903 - ] qui s'est mariée à xxx Ange Marie LE GREGAM. Sa soeur fera partie des plaignants lors du procès.
Parmi les autres passants agressés par les couple ALLANIOUX-GUILLARD, figure leur voisin Julien PIERRE [2/11/1868- ]
Le Tribunal correctionnel de Vannes condammera Lucienne ALLANIOUX, femme LE GOUEVEC à 4 ans de prison et 10 ans d'interdiction de séjour dans le Morbihan, peine qui sera confirmée en appel, où s'est pourvu André Julien GUILLARD.
Malgré le témoignage de BOUQUET, GUILLARD s''obstinait à ne pas reconnaitre les coups sur LE GREGAM. Sa peine fut ramené à 1 an d'emprisonnement et son interdiction de séjour fut levée. Etabli à Vannes, il se remarie le 16/07/1930 avec Mme Marie Philomène BUREL, veuve depuis 1929. Maxime LE GOUEVEC, une fois obtenu son divorce de Lucienne ALLANIOUX, seremariera en septembre 1930. Quant à Lucienne ALLANIOUX, elle refera sa vie en 1956.
Epilogue : en aout 1930, Pierre Marie ALLANIOUX sera condammé à 8 jours de prison pour avoir effrayé le petit orphelin, Paul LE GREGAM. Il aura une fin de vie tragique (lire article).
La presse numérisée des Archives du Morbihan recèle des informations intéressantes sur le passé de Séné. La recherche par des mots clefs judicieux permet de trouver des articles qui illustrent la vie des Sinagots au siècle dernier. Ainsi, cet article de l'Avenir du Morbihan daté du 11 décembre 1926.
Il nous apprend la naissance de triplés chez la famille Kério du village de Langle à Séné.
Le journaliste indique que la famille compte désormais 13 enfants. Le bonheur semble régner au sein de cette famille nombreuse, dont le chef vit de la pêche, comme la plupart des habitants de Langle de l'entre deux guerre...
Marie Hyacinthe KERIO, est né à Plumergat le 5/06/1886. Les Kério sont originaires de Grand Champ et se sont établis à Séné à la fin du XIX°siècle. Ses parents étaient agriculteurs à Gornevez, comme nous l'indique le dénombrement de 1901.
Après l'école, le jeune Hyacinthe choisira de devenir pêcheur. Il débute mousse le 24 mai 1902 sur son premir canot la "Belle Rose" puis le canot St Patern et le canot St Cado. Il devient novice sur le "Margarita" et enfin matelot en juin 1905 sur le Rouanez er Mor. Il effectue sa concription de juin 1906 à avril1910. Il passe par les 3° et 5° Dépôts et officie sur le Couronne, le Charles martel et le Henri IV. A son retour il s'établie au village de Cadouarn.
A Séné, il est patron de la chaloupe Fleur de Marie.
Léonie LE DORIOL nait à Cadouarn le 21/09/1887. Comme nous l'indique le dénombrement de 1911, c'est l'ainée d'une famille de 8 enfants. Son père est marin pêcheur et sa mère marchande de poissons. A la veille de son mariage, âgée de 24 ans, elle aide sa mère comme son frère ainée travaille avec son père à la pêche.
A son retour du service militaire, Hyacinthe épouse Léonie à Séné le 9 mai 1911. Le jeune couple fonde une famille. Les registres de l'état civil et les sites de généalogie nous indiquent que la famille KERIO a cependant perdu deux enfants en bas âge, pendant la guerre de 14-18 : Hyacinthe [1915-1915] et Ferdinand [1916-1917]. Son statut de père lui évite sans doute des postes très exposés pendant la guerre. Il est affecté dans les Bataillon des Patrouilles de la Loire et de la Bretagne et il est démobilisé en juillet 1919.
Léonie Le Doriol
La famille KERIO apparait au complet au dénombrement de 1926 établie au village de Langle. En 1925, Hyacinthe fait construire un nouveau bateau de pêche auquel il donne le nom de "Léonie ma chère"!
A la veille de la naissance des 3 jumelles, la famille compte déjà 7 enfants et non 10 comme le rapporte le journal. Les autres enfants sont sans doute des domestiques. La situation particulière de cette famille nombreuse interpelle une lectrice abonnée au Nouvelliste. A la veille de Noël, la Baronne de Lagatinerie adresse un courrier au journal que celui-ci relaie avec un gros titre mobilisateur :
En effet, cette naissance de triplés n'est pas anodine pour l'époque. Avant les progrès de l'hygiène et de la médecine, il arrivait souvent que les jumeaux ne survivent pas où qu'un seul d'entre eux arrive à l^'age adulte. Quel sera le devenir des trois jumelles Kerio ?
Mais le bonheur familial des KERIO va être terni par un drame quelques semaines plus tard...
"Après le joyeux carillon du baptême des trois jumelles, ce fut le glas funèbre qui tomba sur la campagne de Séné" Ouest Républicain
Cet autre article du Ouest-Républicain, nous apprend la mort de Mme KERIO. Léonie, la mère courage, qui a accouché 10 fois entre 1912 et 1926, ne se remets pas de la naisance de ses 3 dernières petites filles. Epuisée d'avoir tant donner la vie, elle décède le 2 février 1927 à l'âge de 40 ans !
Comment le pêcheur KERIO, devenu veuf à 41 ans, va-t-il faire pour concilier la pêche et s'occuper de ses 10 enfants ?
La grand-mère Le Doriol est mise à contribution. La solidarité familiale va prendre le relai mais pas qu'elle !
Cette situation familiale ne laisse pas insensible le journal Ouest Républicain qui lance une souscription auprès de ses lecteurs, comme nous l'indique l'article suivant qui nous apprend que la famille KERIO, non seulement éleve ses enfants, mais a accueilli également un neveu orphelin ! Le jeune Ange PIERRE [1910-1992] a perdu son père en mer [lire le récit des marins charbonnier PIERRE] et sa mère, Marie Julienne KERIO, la soeur de Hyacinthe.
L'article est bien écrit et le résultat ne se fait pas attendre. Les dons affluent d'un peu partout dans le Morbihan. Le 12 mars 1927, L'Ouest Républicain rend compte à ses lecteurs du résultat de la souscription qui rapporte 2479 francs.
Mais je journal ne s'arrête pas là !
Le 7 avril 1927, dans ces colonnes, le journal relate une viste faite aux orphelins KERIO.
Lire l'article complet ci-dessous qui décrit très bien le quotidien d'une famille de pêcheurs à Langle.
Le journaliste revient voir la famille KERIO pour informer les donateurs du "bon usage" qu'a été fait de leur argent.
A la faveur de cet article Marie Hyacinthe KERIO remercie les donateurs :
"Et Dieu aidant, de les voir tous grands un jour à venir".
Les années ont passées. Le sort des jumelles KERIO est tombé dans l'oubli. Que sont-elles devenues. Le bon lait acheté pour les allaiter a-t-il fait d'elles des enfants en bonne santé, arrivés à l'âge adulte ? Que sont devenues les trois jumelles de Léonie ?
Les registres d'état civil de Séné,on l'espère, vont nous donner des indications sur leur vie ? Leurs naissances sont bien inscrites : trois KERIO à la queue leu leu, nées le 4 décembre 1926.
Les extraits de naissance comportent bien des mentions marginales. Elles ont vécu. Toutes sont arrivées à l'âge adulte. Les dons des souscripteurs, la mobilisation de Ouest Républicain, la solidarité familiale, le labeur de Hyacinthe KERIO ont bien oeuvré.
On ne sait si l'ordre d'inscription à l'état civil respecte leur venue au monde...
Adrienne Marie Célestine s'est mariée à Pluneret, le 18 août 1947, avec Albert Louis LE LAN et par la suite elle a été adoptée par la famille Bauché de Sainte Anne d'Auray le 22/07/1953.
Marie Thérèse s'est mariée à Pierrefitte, département de la Seine (aujourd'hui Seine-Saint-Denis), le 16 avril 1950 avec André Aristide René MAURICE.
Léonie Marie Ange a épousé à Vannes, le 11 avril 1947, Guy Jean ALKERMANN.
Quant à Hyacinthe KERIO, son souhait de voir grandir ses enfants a été exaucé, Le marin veuf se remariera le 14 mai 1955 avec Anne Louise METAIRIE. Il décèdera le 25 avril 1970 à Dangam, à l'âge de 84 ans.
La consultation méthodique des registres de l'etat civil peut se révéler interessante pour "l'historien local", notamment les régistres de décès. On guettera les mentions marginales ou les transcriptions d'un jugement laissant présager une mort particulière et peut être un récit à raconter.....
Tel est le cas de l'acte de décès de Louis Sylvestre MORIO que l'on peut consulter sur le site des Archives Départementales du Morbihan.
On y apprend que ce marin de Séné, Louis Sylvestre MORIO est mort en novembre 1870 alors qu'il était sur le bateau "Le Sybille", armé à Toulon. On a envie d'en savoir plus. Qui était-il ? Quel a été son périple ? D'où venait Le Sybille.
La consultation de son acte de naissance nous indique qu'il est né le 2 janvier 1847 au village de Montsarrac dans une famille de pêcheurs. Il a 23 ans lors de sa disparition sur le Sybille.
La Sybille ayant été armée à Toulon, on s'adresse au Service Historique de la Défense de Toulon pour solliciter quelques données sur ce navire et le marin MORIO. Celui-ci communique des pièces qui précisent les informations de l'acte de décès.
Ainsi, le journal de bord du Sybille nous indique que Sylvestre MORIO est mort le 9 novembre 1870 à l'hôpital de bord du navire et que sa dépouille fut immergée en mer le lendemain à 6 heures. On note qu'il ne faisait pas partie de l'équipage du Sybille mais qu'il était sur le bateau en tant que passager.
Le journal des mouvements du Sybille nous relate le périple effectué par ce navire. Il est parti de Toulon en janvier 1870, a fait escale aux îles Canaries avant de traverser l'Atlantique et d'atteindre le port brésilien de Bahia. Ensuite, il a gagné Nouméa en Nouvelle Calédonie. Sur sa route du retour vers la métropole, La Sybille fait une longue escale à Papeete à partir du 17 juillet 1870 jusqu'au 4 août.
Un autre document du Sybille nous indique qu'avant d'embarquer à Papeete, le marin sinagot MORIO était en poste sur un autre navire, l'Astrée. C'est à Tahiti que MORIO change de bateau le 4 août 1870 pour gagner la France plus rapidement. On pressent que son état de santé le pousse à rejoindre la Métropole au plus vite.
Jusqu'en 1870 la France vit sous le Second Empire. Louis Napoléon Bonaparte après son coup d'état de 1852 est devenu le 2° Empereur des français. En septembre 1870, la défaite de Sedan face aux Prussiens scellera la fin du régime. Les lois de l'époque condamme nombre de citoyens au bagne. La Sybille avait dans ses soutes environ 200 bagnards à destination de la Nouvelle Calédonie. Le bagne de Nouméa abritait alors environ 2.600 bagnards.
Mais notre Sinagot n'était pas marin sur le Sybille. Il avait embarqué sur un autre navire, l'Astrée.
Quand a-t-il embarqué sur l'Astrée et que faisait ce bateau à Papeete en août 1870 ?
Cette fois rendons nous au SHD de Lorient consulter la fiche d'inscrit maritime de Louis Sylvestre MORIO.
Celle-ci nous indique que dès l'âge de 10 ans, le jeune Sylvestre MORIO est embarqué sur le Sainte Anne pour du "bornage". (à expliquer). Le jeune Sinagot a très tôt le goût de la mer !
A partir de février 1865, à l'âge de 18 ans il embarque sur le "Sylvestre Marie". Il reste fidèle à ce bateau jusqu'en mai 1868 quand il doit effectuer sa conscription de marin. La fiche d'inscrit maritime porte une précieuse mention.
"Levé à sa demande le 19 mai 1868 bien qu'ayant deux frères au service". On comprend qu'à l'âge de 21 ans en 1868, Sylvestre MORIO a deux frères déjà engagés sous les drapeaux. Il peut donc ne pas effectuer sa conscription. Cependant le jeune marin a soif d'aventure. Depuis l'âge de 10 ans qu'il a les pied sur un pont de bateau !
Il s'embarque sur l'ASTREE le 1er Juin 1868 au départ de Lorient.
Que nous apprend Internet sur la frégate l'Astrée ?
Frégate l'Astrée
La frégate mixte l’Astrée a été sortie de l’anonymat par la découverte, dans une malle familiale, d’un journal personnel du lieutenant de vaisseau Ange Edmond Bourbonne par son arrière petit fils Louis Bienvenüe. Ce journal était accompagné d’un album de plus de 100 photos d’escales qui se sont révélées avoir été prises, pour la plupart, par Paul Emile Miot.
Mise sur cale à Lorient en 1845 sur plans de l’ingénieur Legrix, l'Astrée ne fut mise à l’eau que le 24 décembre 1859: entre temps, sa coque avait été rallongée de cinq entre-axes de sabords (16,40 m), son avant et son arrière modifiés (plans Sollier), pour recevoir une machine à vapeur de 600 chevaux nominaux et ses 6 corps de chaudières. Dotée d’un puits d’hélice et d’une hélice relevable, sa coque en bois est habillée de plaques de cuivre dans ses oeuvres vives; elle a un gréement de frégate complet (gréement dormant en torons de fil de fer zingué), elle fut armée en transport de troupes en 1862 lors de la guerre du Mexique (Lorient – Fort de France – Vera- Cruz et retour).
De 1863 à 1866 elle fit partie de la station navale du Brésil et de la Plata (Capitaine de vaisseau Jouslard, contre-amiral Chaigneau). A Rio de Janeiro elle reçut l’empereur du Brésil Pedro II (gravure de Lebreton).
De 1868 à 1871, elle porta le pavillon du contre amiral Georges Cloué, commandant la station navale du Pacifique. Celle-ci se composait de la frégate mixte Astrée, des avisos La Motte-Picquet et d’Entrecasteaux et du transport la Mégère.
L’Astrée était commandée par le capitaine de vaisseau Peyron, futur contre amiral et ministre de la marine. Le capitaine de frégate Miot était chef d’état-major de l’amiral. Il s’était déjà distingué lors de campagnes à Terre-Neuve en faisant de la photographie. Il en laissera des collections (Musée de l’Homme de Paris, Archives du Canada, Archives de la marine de Vincennes, collections particulières Jean-Yves Tréhin, Serge Kakou, Louis Bienvenüe).
Après escales aux Canaries, à Saint Vincent du Cap Vert, à Montevideo, elle passa par le canal de Magellan et les canaux latéraux de Patagonie, où elle s’endommagea la quille et l’étrave sur une roche. Suivent ensuite des escales sur les côtes d’Amérique du Sud. Au Pérou, à Callao, on répara les dommages sur le dock flottant. C’est ensuite Panama, San Francisco (visite de l’amiral américain Farragut). L’etat major visite le fort d’Alcatraz et ses canons géants. On fait escale ensuite à Esquimalt Bay (île de Vancouver, Colombie Brittanique), puis c’est à nouveau San Francisco, et enfin Papeete.
Notre "aïeul" sinagot Sylvestre MORIO, a donc fait tout ce long périple, débarqué lors de toutes ces escales et visité tous ces ports ! C'est sans doute le premier Sinagot avoir mis pied à terre en Afrique, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en Océanie. Quel voyage !
L’Astrée y séjourne trois mois à Papeete. Paul Emile Miot prend de nombreuses photos. Bourbonne devient le « tayo » d’Ariiaué, le futur Pomaré V « …en connaissant mieux mon nouvel ami, je découvris chez lui un bien grave défaut, mon cher tayo est un ivrogne, plusieurs fois nous l’avons ramené couché dans le fond de la voiture… » Visite et séjour à Atimaono, à la plantation Steward. Cloué complète l’hydrographie de la côte entre la Pointe Vénus et Papenoo, on précise les contours du « Banc de l’Artémise », où Laplace endommagea sa frégate en l’échouant, en avril 1839.
Pendant le séjour de l’Astrée se place l’épisode « La Roncière » : «Le Commissaire Impérial La Roncière, demi-frère de l’amiral La Roncière Le Noury, convaincu de détournements et turpitudes diverses, est évincé et lui et ses complices sont embarqués sur la frégate à voiles l’Alceste le 17 novembre 1869 pour être jugés en
France » (*).
L’Astrée reviendra encore à Tahiti, en revenant des Marquises. Elle séjournera à Papeete du 22 juin au 1° septembre 1870. Aux Marquises le "reporter" MIOT prend des photos :
C'est ici que s'arrête le voyage de Sylvestre MORIO sur l'Astrée. Lors de cette escale à Papeete, il embarque le 4 août sur la Sybille pour regagner la France. Déjà deux ans que le marin sinagot fait son tour du monde. L'Astrée quant à elle continue son périple...
L'Astrée au mouillage à Papeete :
Pendant le second séjour, Papeete reçoit la corvette russe Almaz (Diamant), la corvette américaine Resaca, la frégate à voiles Sibylle, les avisos d’Entrecasteaux et La Motte-Picquet. Le transport la Mégère part pour la France, le transport à voiles le Chevert arrive de San Francisco et annonce à la colonie l’état de guerre entre la France et la Prusse. Le 15 août 1870 l’Astrée reçoit la reine Pomaré. Le même jour a lieu une course de pirogues. L’Astrée quitte définitivement Tahiti le 1° septembre 1870.
Elle navigue le long des côtes d’Amérique du Sud, dans une inaction qui pèse sur l’équipage, sans rencontrer de navire de guerre prussien ni sans arraisonner de navire marchand. Elle rentre en France le 21 janvier 1871 depuis Valparaiso, passe le cap Horn, relâche à Dakar et arrive à Lorient le 8 avri 1871.
Elle est définitivement désarmée le 27 du même mois. Elle figure encore sur la liste de la flotte de 1877 à « bâtiments maintenus provisoirement auxquels on ne travaillera qu’au fur et à mesure des besoins ».Elle est rayée des listes à la fin de la même année et restera comme ponton, rasée, la guibre enlevée révèlant une étrave droite, jusqu’à sa démolition en 1923. Depuis 1913, elle s’appelait « ponton magasin n°2 », son nom ayant été donné à un sous-marin. Elle servit à Lorient comme ponton-caserne et comme poste d’armement de la direction du port.Elle a une importante voie d’eau en 1911.
Elle est vendue à M. Ferrand, de Vannes, pour la somme de 96.213 f. Le 17 février 1923 elle quitte Lorient pour St Nazaire, remorquée par l’Audax, pour sa démolition définitive.
Louis Sylvestre MORIO, à l'âge de 21 ans a préféré faire le tour du monde que de rester à Séné. Il contractera sans doute une maladie lors de ce long périple autour du monde.
Des photographies de l'Astrée témoigne de ce voyage. Est-il sur une de ces photographies ?
Maire de Séné de la Révolution à 1870
Sous l’ancien régime, à Séné, le recteur était l’officier de l’état civil qui enregistrait les baptêmes, les mariages et les sépultures dans sa paroisse. Après la Révolution, le gouvernement a repris ces fonctions qui ont été dévolues aux maires des nouvelles communes.
Le recteur en poste à Séné avant la Révolution était Guillaume JALLAY :
« Guillaume Jally, de Saint Patern, heureux au concours du 10 février 1750, fut pourvu par le pape,le 23 mars et pris possession de sa cure le 11 mai. Décédé au presbytère à l’âge de 73 ans, le 14 décembre 1789, il fut inhumé le 15 dans le cimetière, auprès de son prédécesseur (Pierre Le Nevé). Jusqu’à la construction de l’église, on voyait encore sa tombe. »
Source Camille Rollando.
Jallay assure une dernière sépulture le 28 décembre 1788. Avant la nomination d’un nouveau recteur à Séné, plusieurs curés ou prêtres assurent l’intérim, si on se réfère aux signatures en bas des registres paroissiaux. On note les noms de LE BAIL, MOGUEN, LE PRIOL et LE GUEZEL .
A partir de janvier 1790, le nom de Pierre COLENO apparaît en tant que recteur.
«Pierre Coléno, de Billers et curé de Plescop. pourvu par l’évêque le 17 décembre 1789, il en prit possession le 18. Sans que nous sachions ce qu’il devint pendant les mauvais jours, il disparut en septembre 1792. Maintenu à la tête de sa paroisse après le Concordat, il prêta serment entre les mains du Préfet le 15 octobre 1802. Il mourut en 1822. »
Source Camille Rollando.
Les signatures en bas des actes paroissiaux indiquent que Pierre Coléno est assisté d’autres ecclésiastiques comme Le Bail, Tual, Le Toullec.
Le 2 août 1792, Pierre Coléno est encore recteur.
Le 30 Août un certain Julien Le Dû, qui deviendra maire, et Pierre Coléno signent ensemble un acte d’état civil.
Le 30 août 1792 on note que Marc BENOIST signe un acte en tant que maire de Séné.
LISTE DES MAIRES DE SENE DE 1792 à 1870
Marc BENOIST : 9/1792 – 12/1792 [8/10/1750 - 20/06/1813] Laboureur - Moustérian
Julien LE DU : 1/1793 à 7/1800 [ 27/05/1749 - 26/08/1826] Laboureur - Bourg.
Vincent LE LUHERNE : 7/1800-9/1804 [5/04/1759 Kerbiscon - 18/05/1832 Surzur] Laboureur - Kerbiscon
Gervais EVENO : 11/1804 – 6/1807 [15/07/1754 - ] Laboureur - Kernipitur
Guillaume LE CLAINCHE : 7/1807 – 12/1814 [3/10/1763 Elven - 30/11/1814 Séné] Laboureur - Saint-Laurent
Vincent MAIGRO – 1/1815-9/1815 [28/01/1773 - 5/8/1849 Vannes ] Aubergiste - négociant - Brigadier
Hyacinthe LAURENT : 9/1815-4/1824 [6/03/1778 - 24/04/1823] Laboureur à Kernipitur.
Joseph LE RAY : 1/1825-9/1830 [19/09/1768 - 29/12/1849] Laboureur Michotte
François CALO 9/1830 – 2/1835 [25/09/1789 - 25/08/1856] Paludier. Kerfontaine
Vincent ROZO : 2/1835 – 3/1844 [ 25/07/1796 - 19/03/1844] fournier (boulanger). Cariel
Pierre LE DOUARIN : 5/1844 – 8/1848 [1/07/1806 - 14/02/1854 ] Gouavert - Laboureur
Mathurin LE DOUARIN 8/1848 – 5/1871 - [6/01/1803 - 2/05/1871] Laboureur - Ozon
La Révolution - 1ère République - Directoire
Une histoire des maires et des municipalités ne peut vraiment commencer qu’avec la Révolution, puisque c’est le 14 décembre 1789 que la première loi municipale est votée. Désormais, toutes les assemblées d’habitants, quelle que soit leur importance, ont la même organisation municipale, avec un maire et des conseillers élus à leur tête. Le 22 décembre, 44 000 municipalités sont mises en place en France (autant que de paroisses). En 2017, on répertorie 35416 communes en France dont 126 outre-mer.
Certains dirigeants révolutionnaires (les constituants) auraient préféré des regroupements de communes, cependant, les représentants des communautés villageoises les obligèrent à respecter chacune des anciennes paroisses. On doit parler désormais de « communauté d’habitants » et non de paroisse, mais les habitudes étant là, l’usage du nouveau terme fut certainement long à être tout à fait adopté. La nouvelle législation consacre la démocratisation des nouvelles municipalités, certes limitée par les règles étroites du suffrage censitaire* qui reste de règle, car pour être électeur, il faut payer un impôt au moins égal à trois journées de travail (soit environ 3 livres). Les plus pauvres sont, par conséquent, écartés : autant dire que les électeurs ne sont pas nombreux dans les communes. L’électeur est déclaré « citoyen actif ». Les élus doivent payer un impôt au moins équivalent à dix journées de travail. Les membres du conseil étaient divisés en deux échelons : les notables, dont le nombre variait de 6 à 42 suivant la population de la commune, et les officiers municipaux, aux nombre de 3 à 21. Ces officiers composaient le corps municipal, élément actif et permanent du conseil général de la commune. L’agent municipal (ou maire) est, en principe, élu pour deux ans (les changements politiques étant souvent répercutés automatiquement jusque dans les communes) et il ne pourra être réélu qu’après une attente de deux ans. Il existait aussi un procureur de la commune, élu dans les mêmes conditions que le maire, chargé de requérir l’exécution des lois. Le corps municipal pouvait siéger en tribunal de simple police : dans ce cas, le procureur syndic remplissait les fonctions d’accusateur public. Il avait, par ailleurs, voix consultative dans toutes les affaires. Cette organisation fonctionna jusqu’en 1795.
Pendant la Terreur, les conseils municipaux comme les districts se montrèrent les organes actifs du gouvernement révolutionnaire, aussi la constitution de l’an III les supprima-t-elle et ne laissa, dans chaque commune rurale, qu’un agent municipal avec son adjoint.
1790 : Les premières élections municipales eurent lieu en février 1790. Le maire fut ensuite immédiatement installé après le grand rite de la prestation de serment. La loi du 19 avril de 1790 stipule : « Lorsque le maire et les officiers municipaux* seront en fonction, ils porteront pour marque distinctive, par dessus leur habit, une écharpe aux trois couleurs de la nation, bleu, rouge et blanc, attachée d’un nœud, et ornée d’une frange couleur d’or pour le maire, blanche pour les officiers municipaux, et violette pour le procureur de la commune ». En 1791, les gardes champêtres font leur apparition, et à partir de cette date, et au moins jusqu’en 1851, maires et officiers de la garde nationale feront régner la loi - bien souvent « leur loi »
Le maire est un roturier, les nobles se cachent à l’étranger, et ceux qui sont restés sur leurs terres cherchent à se faire oublier. Les bourgeois prennent maintenant leur place. La « maison commune », où « mairie », n’existe pas vraiment encore dans les villages et il faudra attendre 1884 pour qu’elle soit obligatoire. Le lieu de réunion et de délibération du conseil municipal est le plus souvent l’auberge.
21 juin 1791 La fuite de Louis XVI s’arrête à Varennes.
1791 : Le premier renouvellement des municipalités a lieu en novembre 1791.
Avec les dangers extérieurs et intérieurs, un nouveau régime s’installe et la révolution se radicalise en septembre 1792 ; le roi est déchu et la république proclamée.
1792 : Le second renouvellement a lieu en novembre 1792, le suffrage universel* est désormais la règle. Le serment est le suivant : « Je jure d’être fidèle à la nation et de maintenir de tout mon pouvoir la liberté, l’égalité ou de mourir à mon poste ». Le maire prend de plus en plus de pouvoir : délivrance de « certificats de civisme », de « certificat d’indigence » permettant d’échapper à certains impôts, mais il est très rare qu’il meure à son poste... De ce fait, il est respecté, il est obéi, mais soulève parfois la colère et la haine. C’est lui qui lit les textes de loi, soit en chaire à l’église, juste avant la messe, soit devant la porte de l’église à la sortie de la messe. Ses rapports avec le curé se dégradent au moment de planter l’arbre de la liberté, celui-ci prenant bien souvent l’emplacement d’une croix....
xxxxxx VVVVVVV : 02/1790-8/1792
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Marc BENOIST : [8/10/1750 - 20/06/1813] Moustérian - Laboureur 9/1792 – 12/1792 = 3 mois
Marc BENOIST qui signe un acte d'état civil et appose la mention "maire" en septembre 1792. Il est le fils d'un charpentier de marine de Moustérian. Il épouse à Saint-Patern à Vannes le 20/10/1787 Marguerite OILLIC. Sur son acte de décès, il est mentionné la profession de laboureur et une demeure à Moustérian. Son arrière petit-fils, Eugène BENOIT, sera également maire de Séné à la Libération.
Un renouvellement a lieu durant l'An II, soit fin 1793.
En décembre 1793 (frimaire an II suivant le calendrier républicain*), un décret rend l’école obligatoire, gratuite et laïque dans chaque commune. Néanmoins, les petites communes ne sont pas suffisamment riches pour acheter ou construire une maison pour l’école, comme pour la mairie d’ailleurs. Les « communautés d’habitants » deviennent désormais « communes » et un « agent national » est nommé par le gouvernement pour surveiller les élus. Cette charge d’agent national restera jusqu’en avril 1795.
Début 1795 (an III de la République), le renouvellement des municipalités suit la chute des conventionnels et l’arrivée des thermidoriens. Ces derniers, par la constitution qu’ils instaurent le 22 août (5 fructidor) de la même année, enlèvent toute influence des municipalités en les regroupant dans des municipalités cantonales. Chaque commune élit dorénavant un agent municipal qui participera à la municipalité cantonale. Les maires passent dorénavant sous l’autorité des « présidents des municipalités cantonales», les seconds étant élus par l’ensemble des hommes du canton. Le président des municipalités cantonales est assisté d’un «commissaire du Directoire », nommé par le pouvoir central. Les parents d’émigrés sont exclus du pouvoir local.
Julien LE DU : [ 27/05/1749 - 26/08/1826] Laboureur - Bourg. 1/1793 à 7/1800 = 7 ans
Le premier acte de Julien LE DU est daté du 16 nivôse An I, soit le 5 janvier 1793. Il signe en tant qu’Officier Public de la Municipalité de Séné.
Par la suite sa signature évolue pour adopter les terme de Secrétaire et greffier à partir de mai 1800.
Julien LE DU est né le 27 mai 1749 au bourg de Séné. Il se marie le 17 février 1784 à Noyalo avec Françoise Le Lagadec. Il décède au bourg de Séné en 1826.
Consulat et 1er Empire 1799-1815
Le coup d’état du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799) amène Bonaparte au pouvoir. Celui-ci maintient provisoirement les municipalités de canton et les élus doivent prêter un nouveau serment : « Je jure d’être fidèle à la République une et indivisible, fondée sur la liberté, l’égalité et le système représentatif ». Cependant, trois mois plus tard (le 28 pluviôse an VIII = 17 février 1800) une nouvelle loi municipale est instaurée et change complètement le système d’instauration des maires. Cette nouvelle loi allait dans le sens de ce que réclamaient les paysans qui tenaient à avoir dans leur commune leur propre conseil municipal et leur maire, mais elle devenait beaucoup moins démocratique puisque l’élection du maire, appliquée en 1790, était supprimée à partir de la constitution du 22 frimaire an VIII (13 décembre 1799), celui-ci est dorénavant nommé. Maires et conseillers deviennent donc des fonctionnaires de fait (sans rétribution), choisis sur une « liste de confiance », par le Premier consul* pour les communes de plus de 5 000 habitants, par le préfet pour les autres. La « liste de confiance » est établie dans chaque commune par élection. Elle comprend le dixième des électeurs. C’est le retour des notables : la « liste de confiance » devient d’ailleurs très vite une « liste de notabilité ». Cependant, dans les petites communes, au-dessous de 1 000 habitants, ce sont en majorité des paysans, bien que les notaires soient recherchés par les préfets pour leurs capacités à la rédaction et à l’élocution. Néanmoins, le maire ne peut pas être totalement ignorant et doit au moins savoir lire et signer.
La seconde grande loi municipale (celle du 28 pluviôse = 17 février 1800) classe les communes en cinq catégories : au-dessous de 2 500 habitants, de 2 500 à 5 000 habitants, de 5 000 à 10 000 habitants, de 10 000 à 20 000 habitants, au-dessus de 20 000 habitants. L’appellation de maire revient, il remplace celui d’agent municipal*. Le maire est assisté d’un adjoint. Les officiers municipaux* deviennent des conseillers municipaux.
Le 17 ventôse an VIII (8 mars 1800) un arrêté oblige les municipalités en place à faire l’état du mobilier et des registres communaux. En mai-juin, maires et conseils municipaux des entités communales de moins de 5 000 habitants sont nommés par le préfet. Le maire, nommé pour trois ans, prête serment devant l’ancien agent municipal* et l’adjoint prête serment devant le maire.
À compter du 2 pluviôse an IX (22 janvier 1801) le maire est chargé seul de l’administration de la commune et les conseillers ne sont consultés que lorsqu’il le juge utile. Le maire exerce ce pouvoir absolu jusqu’en 1867.
Vincent LE LUHERNE : [5/04/1759 Kerbiscon - 18/05/1832 Surzur] Laboureur - 7/1800-9/1804 = 4 ans
Vincent Le LUHERNE signe un premier acte le 9 juillet 1800, soit le 20 messidor de l’An VII.
A partir du 4 brumaire de l’An XII, soit le 26 octobre 1804, son adjoint Le Bras signe les actes.
Il est né le 5/04/1759 à Kerbiscon à Séné où son père est laboureur. Il se marie à Saint-Avé le 9/02/1781 avec Perrine LE BERRIGAUT. Il décède à Surzur au village de Lambré le 18/05/1832.
Gervais EVENO : [15/07/1754 - ] Laboureur - Kernipitur - 11/1804 – 6/1807 = 3 ans
Gervais EVENO signe un premier acte en tant que maire de Séné le 17 brumaire de l’An XII, soit le 8 novembre 1804. Il restera en poste jusqu’en juin 1807. Il nait au village de Kernipitur et son père est laboureur. Il se marie le 24/02/1778 avec Françoise LE CLAINCHE.
(acte de décès pas trouvé !)
Guillaume LE CLAINCHE:[3/10/1763 Elven - 30/11/1814 Séné] Laboureur - St-Laurent - 7/1807 – 12/1814 = 7 ans
Guillaume LE CLAINCHE succède à Eveno. Natif d'Elven, il devient Sinagot par mariage avec Laurence Le Brec le 18/08/1789. Il décède le 30 novembre 1814 à l’âge de 51 ans. « L’adjoint faisant pour le maire », Vincent LE LAN assure l’intérim.
Vincent MAIGRO – 1/1815-9/1815 [28/01/1773 - 5/8/1849 Vannes ] - 1/1815-9/1815 = 8 mois
Il est né au sein d'une famille de cultivateurs de Cano comme nous le confirme son acte de naissance qui indique que son parrain était Vincent LE LUHERNE, ancien maire de Séné . Les registres de l'état civil montrent que Vincent MAIGRO commence à signer des actes en janvier 1815 jusqu'en septembre 1815. Il sera le dernier maire de Séné sous le règne de Napoléon.
Il se marie avec la Vannetaise Marie France Le THIESE [20/11/1793-14/1/1830] dont il aura plusieurs enfants. Lors de la naissance de Felix Victor (19/1/1812-28/10/1838) qui deviendra brigadier au 11° régiment de Chasseurs à Bourbon Vendée (La Roche sur Yon), il déclare la profession d'aubergiste au bourg. Quand nait son fils Philippe (25/5/1814), il déclare la profession de négociant en vin et en tabac et réside au bourg. Puis viendra Vincent (14/4/1818) et Anne Marie (12/10/1824). Il est alors cabaretier au Poulfanc, puis Marie [ca 1829 -25/6/1850]. Quand son épouse décèede en 1930, il est brigadier aux Ponts & Chaussées. Lors du mariage de sa fille Elisabeth en 1840, il déclare être retraité militaire; A son décès il est mentionné qu'il est sous-officier en retraite.
La Restauration 1815-1830
Lors de la première Restauration* (avant le retour de Napoléon de l’île d’Elbe, le 1er mars 1815), Louis XVIII ne touche pas à l’institution municipale napoléonienne. Les nouveaux préfets s’empressent de désigner des maires royalistes. Cependant, avec le retour à l’Empire (les Cent-Jours*), paraît le 20 avril 1815 un décret réinstituant, pour les communes de moins de 5 000 habitants, la vieille loi de décembre 1789, c’est-à-dire l’élection au suffrage censitaire* des maires et des conseillers. Les élections ont lieu en mai 1815 et les maires, ainsi élus, n’auront que quelques jours de pouvoir puisque le mois suivant voit la défaite de la Grande Armée à Waterloo, l’exil de Napoléon à Sainte-Hélène et le retour de Louis XVIII.
C’est le début de la seconde Restauration*. Les maires écartés en mai sont rétablis dans leur fonction, mais le renouvellement est fixé à l’année suivante : 1816. Le pouvoir instaure la nomination des maires et des conseillers municipaux. L'entrée en charge donne lieu à une cérémonie d'installation
Hyacinthe LAURENT : [6/03/1778 - 24/04/1823] Laboureur à Kernipitur - 9/1815-4/1824 = 9 ans
Hyacinthe LAURENT est nommé maire de Séné. Son acte de mariage daté du 26 pluviose An X (16/02/1802) nous indique qu'il est laboureur à Kernipitur, sa femme Marie Jeanne Boursicaut est du village de Saint-Laurent. Il décède le 24/04/1823 à Kernipitur et l’adjoint Dagoral assure l’intérim.
Son père Mathurin était natif de Locminé et s'est établi à Séné où tous ses enfants sont nés. La famille Laurent donnera par trois fois un maire à Séné.
Joseph LE RAY : [19/09/1768 - 29/12/1849] Laboureur Michotte - 1/1825-9/1830 = 5 ans et 8 mois
Joseph Guillaume LE RAY nait dans une famille de laboureur à Michot. Pendant le mandat de Vincent LE LUHERNE, il est son adjoint. Ses premiers actes d’état civil en tant que maire apparaissent en janvier 1825. Il s'est marié le 22 Vendimaire de l'an VI soit le 17 octobre 1797 avec Marie lE ROUX. Son dernier acte de décès est daté du 24/09/1830.
Révolution de 1830 - Monarchie de Juillet 1830-1848
En effet, la Révolution de 1830 s'accompagne d'une épuration massive. Le nouveau régime craint de ne pouvoir compter sur le dévouement d'hommes liés à la Restauration. Ainsi, des préfets et des sous-préfets sont destitués. Le ministre de l'Intérieur, envoie des commissaires dans les départements. Ils reçoivent l'ordre de remplacer provisoirement tous les maires.
François CALO [25/09/1789 - 25/08/1856] Paludier - Kerfontaine - 9/1830 – 2/1835 = 4 ans et 5 mois
François CALO est nommé par le préfet dans l'attente des nouvelles élections. Ses premiers actes signés datent de fin septembre 1830. Qui est-il ?
Les archives du Morbihan nous apprennent que François CALO ou Caloch est né au bourg le 25 septembre 1789. Son père Pierre et sa mère Marie PALUD sont paludiers. Il se marie le 18 février 1813 à l'âge de 24 ans avec Marie Richard, fille de paludier installée à Michot. Lors de son décès à l'âge de 68 ans le 25/08/1856, il etait toujours paludier à Kerfontaine.
La loi sur l'organisation municipale du 21 mars 1831 transforme profondément la vie politique communale : les conseillers municipaux sont désormais élus. Le conseil municipal est renouvelé par moitié tous les trois ans. A titre transitoire, pour les élections municipales de 1834, le sort désigne la moitié des conseillers sortants.
Pour voter aux élections municipales, il faut être âgé d'au moins 21 ans et faire partie des contribuables les plus imposés aux rôles des contributions directes de la commune. La liste des électeurs est dressée par le maire, assisté du percepteur et des commissaires répartiteurs et mise à jour, chaque année, entre le 1er janvier et le 31 mars. Les contribuables sont inscrits par ordre décroissant en fonction du montant de leur imposition. La liste est affichée. Les conseillers municipaux sont choisis parmi les électeurs communaux et doivent être âgés d'au moins 25 ans. Ils sont élus pour six ans.
Cependant, le nouveau régime monarchique prévoit que le maire et l'adjoint des communes de moins de 3000 habitants sont nommés par le préfet au nom du roi. Ils sont obligatoirement choisis parmi les membres du conseil municipal. Ils doivent être âgés d'au moins 25 ans et résider dans la commune, ils sont nommés pour trois ans.
1831 : Lors des premières élections municipales de la Monarchie de Juillet, qui ont lieu en novembre 1831, François CALO reste maire de Séné.
1834 : Aux élections de1834, une moitié de conseillés, tirés au sort parmi ceux élus en 1831, sont renoluvelés. François CALO est à nouveau désigné maire.
Quelle décision prend le préfet en février 1835 ? Vincent ROZO succède à François CALO qui décèdera en 1854 au village de Kerfontaine.
Vincent ROZO : [ 25/07/1796 - 19/03/1844] fournier (boulanger). Cariel - 2/1835 – 3/1844 = 9 ans et 1 mois
Vincent marie ROZO nait au village de Cariel. Son père est fournier, c'est à dire boulanger. Lors de son mariage avec la fille du charpentier Mlle ROZO, il est également fournier à Cariel.
1837 : Elections d'une moitié de conseillés, Vincent ROZO est reconduit par le Préfet dans sa fonction de maire.
La loi sur l'administration municipale du 18 juillet 1837 définit les attributions des maires et des conseils municipaux. Le maire administre seul la commune. Il agit sous l'autorité, sous la surveillance de l'administration préfectorale. Il propose le budget. Il gère les propriétés de la commune. Il souscrit les actes de vente et d'acquisition. Il passe les adjudications des travaux communaux. Il dirige les travaux communaux. Le maire est chargé de la police dans sa commune et peut prendre des arrêtés et nomme, avec l'approbation du conseil municipal, le garde champêtre. Le conseil municipal vote le budget. L'achat, la vente, l'entretien et l'affectation des propriétés communales doivent faire l'objet de délibérations. Même chose pour les travaux à entreprendre : démolitions, grosses réparations, constructions. Le conseil municipal examine chaque année les comptes du maire. Il donne en outre son avis sur les questions relatives au culte et à la bienfaisance. Les séances des conseils municipaux ne sont pas publiques. Les délibérations se prennent à la majorité des voix. Elles sont inscrites, par ordre chronologique, dans un registre coté et paraphé par le sous-préfet et sont signées par tous les conseillers présents à la séance. Les délibérations sont contrôlées par l'administration préfectorale.
1840 : Elections d'une moitié de conseillés. Le Préfet reconduit Vincent ROZO.
1843 : Elections d'une moitié de conseillés. Le Préfet reconduit Vincent ROZO qui décède le 19 mars 1844. Son adjoint René Marie Simon assure l'intérim de mars à mai 1844, date des prochaines élections. Sur son acte de décès, on peut lire que sa fonction de maire a été inscrite par son adjoint.
Pierre LE DOUARIN : [1/07/1806 - 14/02/1854 ] Laboureur - 5/1844 – 8/1848
Pierre LE DOUARIN est nommé par le Préfet et signe ses premiers actes dès mai 1844. Il nait en 1806 au village de Gressignan, il se marie le 7/10/1828 avec Marie COURET et décèdera au village de Gouavert en 1854.
1846 Elections municipales en 1846 pour la moitié des conseillers. Pierre LE DOUARIN est reconduit par la Préfet.
Révolution de 1848 - 2° République 1848-1852 - Second Empire : 1852-1870
La II° République est proclamée le le 25 févier 1848. Le décret du 3 juillet 1848 ordonne le renouvellement intégral de tous les conseils municipaux. Pour voter, il faut avoir 21 ans et être domicilié depuis au moins six mois dans la commune. Pour être élu conseiller, il faut avoir 25 ans et être domicilié dans la commune ou, à défaut, y payer des impôts. Les dimanches 30 juillet et 6 août 1848 ont lieu les premières élections municipales au suffrage universel. Le maire et l'adjoint ne sont plus nommés par le préfet mais choisis par le conseil municipal et pris en son sein.
Mathurin LE DOUARIN 8/1848 – 5/1871 - [6/01/1803 - 2/05/1871] Laboureur - Ozon
1848 Après les élections d'août 1848, Mathurin LE DOUARIN est élu par le Conseil Municipal. C'est le demi-frère de Pierre LE DOUARIN, l'ancien maire.
Que sait-on de lui ?
Il nait le 17 nivôse de l’An XI, soit le 6 janvier 1803 à Séné comme nous l'indique son acte de naissance. Son père est sa famille sont laboureurs au village d'Auzon.
Au cours de son mandat, un fait divers tragique nous rappelle qu'il y avait un moulin à vent à Cadouarn. On peut lire sur cet article que le jeune Félix Terrrien, dont l'acte de décès figure bien au régistre de Séné, a succombé à ses blessures en jouant près du moulin de Cadouarn en ce mois de juin 1851.
Mathruin LE DOUARIN restera maire pendant la très courte II° République [24/02/1848 - 2/12/1852]. Il sera maire de Séné lorqu''est organisée la première élection du Président de la République au suffrage universel direct. Louis Napoléon Bonaparte est élu lors du scrutin des 10 et 11 décembre 1848 dès le premier tour. Mathruin LE DOUARIN restera maire de Séné pendant toute la durée du Second Empire proclamée le 2 décembre 1852.
1851 Les élections municipales de 1851 ont été ajournées. La loi du 7 juillet 1852 ordonne le renouvellement intégral de tous les conseils municipaux. Le maire et l'adjoint ne sont plus élus par le conseil municipal mais nommés par le préfet qui peut les choisir en dehors du conseil municipal. La Deuxième République avait fait des maires et adjoints des représentants du peuple, ils redeviennent des fonctionnaires, des agents de l'Etat. En les nommant, le régime entend mieux les contrôler et les soumettre à son autorité.
1852 Les élections municipales ont lieu en août 1852. Dans les communes qui comptent moins de 2500 habitants, le scrutin se déroule sur une journée, un dimanche. Les conseillers municipaux sont élus au suffrage universel. Chaque conseiller jure, en levant la main droite, d'être fidèle au président et d'obéir à la Constitution.
La loi sur l’organisation municipale du 5 mai 1855 abroge la loi du 21 mars 1831, le décret du 3 juillet 1848 et la loi du 7 juillet 1852. Dans les communes de moins de 3000 habitants, le maire et l’adjoint sont nommés par le préfet, au nom de l’empereur. Ils doivent avoir au moins 25 ans et être inscrits, dans la commune, au rôle de l’une des quatre contributions directes, c’est-à-dire qu’ils doivent être imposables. Ils ne perçoivent aucune rémunération. Le maire et l’adjoint peuvent être pris en dehors du conseil municipal. Ils sont nommés pour cinq ans.
Les conseillers municipaux sont élus au suffrage universel. Ils doivent avoir au moins 25 ans. Les conseils municipaux sont renouvelés intégralement tous les cinq ans. Les élections municipales se font au scrutin de liste. Il s'ensuit des élection à l'été 1855.
1855 : nouvelles élections
1860 : nouvelles élections
1865 : nouvelles élections :
En novembre 1870, après la défaite de Sedan et la proclamation de la III° République, Pierre Marie LAURENT, petit-fils de Hyacinthe Laurent lui succède.
Mathurin LE DOUARIN décèdera Séné au village d'Ozon le 28/05/1871.
Quand il accède au poste de maire en 1907, lors des élections partielles qui suivirent le décès de l'ancien maire Louis LAURENT, Joseph LE MOUELLIC ne savait pas que son mandat durerait 12 ans...
Comme d'autres maires de Séné, il n'était pas natif de la commune mais de Saint-Aignan près de Pontivy où il nait en 1866, au sein d'une famille de laboureurs. Sa fiche de matricule nous indique qu'il fit sa conscription en novembre 1887 pendant trois ans, au terme de laquelle il devint caporal instructeur, après avoir fait l'Ecole Militaire des Andelys.
Son acte de naissance mentionne la date de son mariage, à Theix, le 10/09/1901 avec Marie Cécile LE CORNO. Sur son acte de mariage, on lit sa profession de brigadier de gendarmerie en poste à Elven. Il a 34 ans.
Au dénombrement de 1906, il vit au Poulfanc en Séné avec sa femme et deux enfants nés à Elven en 1902 et à Vannes en 1904. L'examen des actes de naissance de ses enfants indique qu'il est toujours brigadier.de gendarmerie. Par contre, le dénombrement de 1906 reproduit ci-dessous, nous indique qu'arrivé à Séné, il s'emploie au négoce de cidre. La famille emploie une jeune domestique, Mlle ROZO.
Joseph LE MOUELLIC a donc quitté la gendarmerie. Cette information est indiiquée dans sa fiche de matricule. Il est mis à la retraite proportionnelle le 12/05/1903. L'acte de naissance de son 2° garçon en 1904 mentionne bien qu'il quitté la gendarmerie et vit rue Saint Nicolas à Vannes.
Un article daté de 1907, pendant la campagne électorale, nous donne les raisons de cette démission alors qu'il n'a que 47 ans. Joseph LE MOUELLIC a des convictions! Alors que la loi de 1905, dite de séparation de l'Eglise et de l'Etat, entre en vigueur, le brigadier Le Mouellic, catholique, ne se voyait pas expulser les "Congrégations".
Il doit donc trouver une nouvelle activité pour compléter sa retraite. C'est à Séné, entre 1904 et 1906, qu'il s'établit négociant en cidre sur la route de Nantes au Poulfanc.Le Mouellic est un Sinagot fraichement installé loin du bourg et pourtant il va devenir maire !
Il bénéficiera lors de la campagne électorale du soutien affiché et revendiqué du journal L'Arvor" qui est fier d'avoir fait le maire, comme le montre cet article du dit journal.
Avec le soutien de la presse, il vient de battre au scrutin majoritaire à deux tours, Joseph SEVIN, le fils du malheureux candidat battu par Gachet et décédé dans d'étranges conditions..(Lire article sur Gachet). Séné est un "petit village" et le fils SEVIN revait-il de revanche électorale ?
En avril 1907, avec le soutien de l'Arvor, Joseph LE MOUELLIC est élu conseiller muinicpal et devient maire de Séné. Aux élections municipales des 3 et 10 mai 1908, il est réélu.
Pendant ce mandat, une nouvelle école privée voit le jour, la future Ecole Sainte-Anne comme en témoigne cet article de presse daté de 1910.
Aux élections municipales des 5 et 12 mai 1912, Joseph LEMOUELLIC est réélu.
Cet article de presse de décembre 1912 restitue quelques décisions prises en conseil municipal et l'actualité du moment.
Perte de bestiaux : ce point laisse à penser à une épizzotie ou bien à une calamité agricole qui sévit en 1912.
Les Grandes Noces : elles rappellent que Séné eu pendant de longues années, à l'exceptiondes années de guerre, et jusqu'aux années 30, une tradition de grandes noces accompagnées de banquet.Lire article à ce sujet.
Conseil Muncipal : On choisit les répartiteurs des impôts. On révise les listes léectorales en vue des prochaines élections de 1916. Le conseil signale le mauvais état de la digue de Bilherbon. Cette digue qui délimitait un polder de terres agricoles, reliait la pointe du Bil à La Villeneuve et protégeait des terres aujourd'hui situées tout autour de l'ile Mancel. La digue se rompit 2 fois, en 1926 et 1937. On attribue une subvention à Mme Hervé, sage femme et on prend en charge l'assurance de l'Ecole de Langle.
La quiétude de Séné va être perturbé le 1er août 1914 avec l'Appel de la Mobilisation affiché en mairie. Lire les pages consacrées aux Poilus de 14-18.
Les premières classes sont mobilisées et rejoignent leur casernes, notamment le 116°RI de Vannes ou leur dépot à Lorient. 118 soldats de Séné, natifs ou domiciliés à Séné perdront la vie au front, en mer ou à cause d'une maladie contractée pendant le service. Une trentaine de soldats sinagots seront inhumés à Séné. Il s'est agit de soldats atteints de tuberculose qui "eurent la chance" de finir leur jours chez eux.
Pendant ces années de guerre, LE MOUELLIC ne célébra que quelques noces donc celles de soldats du front rentrés au pays pour épouser leur fiancées.
En 1916, le Gouvenement reporte sine die les élections. Joseph LE MOUELLIC, ne récule pas devant ses responsabilités. Il est reconduit en tant que maire de Séné.
Le glas a du sonner plusieurs fois au clocher de l'église de Saint Patern. Les registres des décès ont recueillis les détails sur les disparitions des soldats morts au front. Actes de décès signés de Joseph LE MOUELLIC. Comment parvenait l'information aux familles ?
En fin de son dernier mandat, Joseph LE MOUELLIC qui avait célébré tant de mariages mémorables, avait inhumé tant de poilus "Morts pour la France" aura a célébrer le premier centenaire attesté à Séné, le sieur François QUESTER qui fêta en avril 1919 ces 100 ans. Lire article dédié.
Retiré des affaires municipales, Joseph LE MOUELLIC continua avec ces enfants son négoce de cidre et il s'éteignit le 16 septembre 1933 au Poulfanc. Au dénombrement de 1931, on peut voir que sa fidèle domestique Mlle ROZO est toujours à son service.